Pilorget, la résurrection

par

De son air détaché mais néanmoins fier comme Artaban,
notre redac’ chef
adoré nous balance comme ça,
« Jean-Marc Pilorget devrait nous écrire un billet sur le site prochainement
et cela de manière régulière… »
.
QUOUUUA ? LE Jean-Marc Pilorget ? On parle bien du recordman du nombre de matchs joués sous nos couleurs adorées ? « Oui, lui-même ».


Pour les plus jeunes, que vous ne connaissiez pas Artaban, bon passons, mais Monsieur Jean-Marc Pilorget vous n’avez aucune excuse.
Alors si vous allez, de suite, confus et honteux sur le net, je suppose qu’on vous parlera surement de son record de matchs avec le PSG, de son penalty victorieux en 1982, (contre le Saint-Etienne du roi Platini) qui permettait de déflorer le palmarès du club.
Une première Coupe à 12 ans, dont une des plus belles (LA plus belle ?) finales de Coupe de France, cela marque les esprits et c’est bien normal.

Mais pour moi Pilorget c’est d’abord cet article dans un programme de match avec cette photo en noir et blanc qui le présentait, lui en compagnie de Justier et François Brisson, comme les futurs mousquetaires du PSG. Un peu les Kimpembé, Rabiot, Nkunku d’aujourd’hui… Ou pas.

Et c’est ensuite et surtout ce terrible accident de voiture quelques mois avant l’EURO 84 en France auquel il aurait du participer et qui sera gagné par la France du roi Platoche. Ce maudit accident qui aurait pu lui couter la vie, ou l’handicaper à vie. Mais après 18 mois , une éternité dans une carrière, il est prêt à redémarrer la saison avec son club, où le nouvel entraineur, Gérard Houllier, n’hésitera pas à lui faire une confiance méritée comme titulaire.

Pilorget Virage PSG
Young Jean-Marc (c) Panoramic

Tout ceci pour nous amener à LA rencontre qui restera à jamais gravée dans ma mémoire dès qu’on me parle de notre légendaire numéro 4.
Ce match marquant (dans mon souvenir) le retour de Pilorget au Parc après son terrible accident. Un an et demi après…
Je vais vous parler d’un PSG-Bordeaux, mais pas n’importe lequel, pas celui de 1999 ou le Parc chantait aussi « allez Bordeaux » mais pour d’autres raisons que ce soir de juillet 1985.

Pour visionner le résumé du match PSG vs. BORDEAUX du 30 juillet 1985 cliquez ICI

En effet, à l’époque, Il arrive souvent que des Bordelais se retrouvent un peu partout dans le Parc, et même à Auteuil. Comme c’est le cas d’ailleurs pour ce match.
Nous sommes le 30 juillet 1985, les Boulogne Boys naîtront officiellement quelques semaines plus tard et les seuls supporters organisés sont à Boulogne et nulle part ailleurs.
Fait très rare à l’époque, surtout en pleine période estivale, le Parc est plein, moi je suis en Auteuil rouge, ce match compte pour la quatrième journée du championnat, mais c’est déjà le sommet du championnat.

Pilorget Virage PSG
Jean & Joël face à face en 1985 (c) Panoramic

D’un côté Bordeaux, qui est l’équipe au top en France, championne en titre, des internationaux à tous les postes (de mémoire l’équipe devait ressembler à quelque-chose comme :

Dropsy (un des meilleurs gardiens d’Europe)
Thouvenel (le mec jouait avec des lunettes ! Et pourtant c’était un des meilleurs en France à son poste)
Battiston (a survécu à Schumacher (non pas le skieur), pour devenir titulaire en équipe de France)
Specht (champion avec Strasbourg, loin d’être une saucisse…Ok c’est nul, on ne peut pas toujours être au top)
Tusseau (un jeune défenseur ultra prometteur, le plus cher de l’époque)
Girard (le boucher gardois, violent et mauvais joueur, oui c’est bien lui qui est devenu l’entraineur que vous avez détesté particulièrement en 2012)
Rohr (si le boucher cité précédemment ne vous avait pas cassé la jambe, le teuton dégarni s’en chargeait avec un sourire sadique)
Tigana (aujourd’hui on dit Ngolo Kante. Deuxième au ballon d’or en 1984 derrière sa Majesté Platini)
Giresse (la classe, le talent, deuxième au ballon d’or en 1982)
Lacombe (meilleur buteur français de l’histoire en ligue 1)
Reinders (prototype de l’avant centre allemand de 2 mètres, pas mauvais de la tête, bourrin, grosse moustache et nuque longue)
Entraineur : Jacquet, ancien grand joueur stéphanois (futur sélectionneur de l’équipe de France –dernier match France 3-0 Brésil – 1998)

Pilorget Virage PSG
Bordeaux vs. Juventus en 1985 (c) Panoramic

Des Girondins qui manqueront de peu la consécration européenne cette année-là en Coupe des Champions (ancêtre de la Ligue des Champions), éliminés en demi-finale par la Juventus de Turin de Platini (et oui encore lui). Malgré la défaite 3-0 en Italie à l’aller, presque tout un pays (médias compris, les temps changent..) croit à l’exploit au retour. Bordeaux l’emportera 2-0 au retour au terme d’un match qui restera dans l’histoire des perdants magnifiques du foot français, un match qu’ils auraient du remporter plus largement… pour se retrouver en finale contre Liverpool.

Qui sait alors, peut-être que la tragédie du Heysel n’aurait jamais eu lieu… Bref on ne le saura jamais et je m’éloigne du sujet…
Pour finir de présenter ce Bordeaux, ils gagneront cette année la Coupe de France en finale contre le petit OM à peine remonté de deuxième division. Une coupe om Bordeaux nous aura éliminés de très peu en demi-finale. Ah ce penalty de Rocheteau sur le poteau…
Bref vous l’avez compris, on peut parler d’ogre bordelais qui se déplace au Parc. Le match parfait pour savoir ce que ce Paris là a dans le ventre.

En face, un PSG très séduisant et leader du championnat, qui a gagné ses trois premiers matchs (10 buts marqués, 3 encaissés)
La compo du PSG est celle qui nous mènera à notre tout premier titre de champion, après avoir battu le record d’invincibilité en première division.
Cette équipe qui sentimentalement restera pour moi à jamais la plus belle.
Je ne vous ferai pas l’affront de vous la présenter, tout le monde doit la connaitre. Même les plus jeunes. Après tout google est votre ami.
Non ? Bon OK si vous insistez…

Pilorget Virage PSG
Luis Attaque ! (c) Panoramic

Bats (le meilleur gardien du monde qui éliminera cette même année un des plus beaux Brésil en Coupe du monde)
Bibard (solide défenseur en provenance de Nantes, l’un des meilleurs clubs français)
Pilorget (enfant du club, enfin de retour sur les terrains)
Jeannol (un défenseur qui vient de Nancy où il a du travailler ses coup-francs avec maître Platini ? et oui encore lui)
Lowitz (il éclatera cette saison)
Poullain (merveilleux milieu de terrain qui aurait mérité lui aussi une autre carrière internationale, mais les places étaient chères)
Luis (capitaine métamorphosé, élu je crois, meilleur joueur du championnat cette année là)
Sušić (génial meneur de jeu, est-il utile de présenter la légende ?)
Vermeulen (Hollandais trop souvent blessé dans mon souvenir, mais qui répondra toujours présent quand il jouera)
Jacques (attaquant qui lui aussi apportera sa contribution au titre)
Rocheteau (LE meilleur attaquant du club, avec les monstres que sont Pauleta, Ibra, Cavani) , dribbleur, buteur, également meilleur buteur du championnat, une star, une icône)
Entraîneur : Houllier, prof d’anglais en provenance de Lens (futur sélectionneur de l’équipe de France – dernier match France 1-2 Bulgarie – 1993)

Pilorget Virage PSG
Le PSG Champion de France 1986 (c) Panoramic

Tout cela pour vous dire simplement que dans ce match de titans, je me souviens d’un grand match, et d’un PSG qui va s’imposer 1–0, mais peu d’autres souvenirs du match en lui-même, à part le but du match. L’action du but est claire dans ma tête comme si c’était hier.
Début du match, après quelques minutes, centre de la gauche de Vermeulen et qui est là au deuxième poteau pour envoyer le ballon de la tête dans le but de Dropsy ? Jean-Marc Pilorget ! Le Parc explose.
L’enfant du club qui marque le but du match pour son retour 18 mois après son accident de voiture.

On sent que tout le monde est tellement heureux pour lui. Ce n’est plus un clin d’œil du destin, c’est presque beau comme un conte de fée, ils se marièrent et eurent beaucoup d’autres matchs et d’émotions.
Ce match en tout cas restera un des plus marquants de cette saison et fera partie de ceux qui enverront le PSG vers ce premier titre tant attendu.
L’histoire est belle et a donc marqué à jamais le gamin de 10 ans que j’étais.
Monsieur Pilorget, bienvenu chez Virage.


J.J. Buteau

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