Alain Cayzac

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Dans la pub comme dans le foot, ALAIN CAYZAC a tout connu ou presque.
Le co-fondateur de l’agence RSCG, dirigeant historique et ancien président du PSG nous a reçus dans ses bureaux parisiens, à quelques pas des Champs-Elysées.
Pour parler du Paris Saint-Germain, bien sûr, et aussi un peu de la vie. 

Alain, tout d’abord, comment allez-vous ? 

Concernant la santé, vous le savez peut-être, j’ai eu un AVC il y a 5 ans après une chute de vélo, idiote, comme toutes les chutes. J’ai eu 3 vertèbres fracturées, j’ai été opéré, je me suis remis et peu de temps après j’ai eu cet AVC, qui a été sévère, qui m’a laissé un bras gauche paralysé – il l’est toujours – et une jambe gauche… avec une béquille. J’arrive à marcher mais enfin ce n’est pas encore ça, ça ne sera jamais la folie (sourires). 

Donc, je me suis inventé une nouvelle vie, qui repose sur le fait de garder un maximum d’occupations, ce qui m’évite de gamberger. Une nouvelle vie dans laquelle j’essaie, je dirais, de penser différemment. 

De quelle façon, par exemple ?

J’essaie de ne pas trop penser au passé, même si j’imagine qu’on va y faire référence aujourd’hui, parce que le passé était plus beau que le présent, pour moi en tout cas. J’essaie de ne pas trop penser à l’avenir non plus. J’ai eu 80 ans le 2 juin. Donc le temps qui passe devient le temps qui reste. J’essaie de vivre dans le présent au maximum, ce qui me permet de garder le moral, l’énergie. 

J’essaie aussi de ne plus penser à moi. J’estime que « je n’ai plus d’avenir » dans le sens où désormais, je ne serai plus président du PSG un jour, je ne serai pas président de la République non plus… sauf surprise. Ce sont des exemples, mais je pense que maintenant ma mission c’est de transmettre aux autres, alors je pense aux autres avant tout.  

Ce qui m’intéresse, ce sont mes enfants, mes petits-enfants, ma femme, mes amis, ma famille, les gens que j’aime, et les autres au sens large. Le fait de penser aux autres, de s’oublier un peu, le fait de vivre dans l’instant, c’est ce qui me permet de tenir. 

Je m’occupe de caritatif, dans le domaine de la santé mentale notamment, auprès de bipolaires et de schizophrènes. Et puis, j’essaie de ne pas me plaindre. Parce qu’un jour, je parlais avec Jean-Paul Belmondo, il m’a dit : « Se plaindre, c’est impoli ». Il a raison. Donc je ne me plains pas. Il y a d’autres plus malheureux que moi. Pour répondre à votre question initiale, ça ne va pas mal. L’état général est bon. 

Alain Cayzac Virage PSG
Avec Raí © Icon Sport

Comment vivez-vous toute cette période relative au Covid ?

A certains moments, il y a eu un peu la peur, pas pour moi car je me dis que maintenant, il ne peut pas m’arriver grand-chose de pire (que son AVC, ndlr) mais plus pour les autres. Je suis vacciné depuis plusieurs mois. Avec famille et amis, nous avons essayé de vivre ces vacances d’été le plus normalement possible. En espérant que cette saloperie ne revienne pas à la rentrée. 

Lors des confinements, je me disais qu’il y avait plus malheureux que moi, parce que j’habite en banlieue et j’ai la chance d’avoir un jardin. J’ai même eu certains de mes enfants qui sont venus se confiner avec moi. Non ça, je n’ai pas à me plaindre. Aussi, comme je travaille pour une banque d’affaires – je suis dans ce milieu depuis 15 ans – nous avons énormément travaillé en visio. Finalement, j’ai quand même été assez occupé. Donc, aucun ennui.

Pensez-vous que votre accident a changé votre rapport au monde, à la vie ?

Oui, beaucoup. Mais… J’ai peur de faire un peu de philosophie de comptoir, je n’aime pas ça. C’est vrai que, avant mon accident, je me croyais invincible. A 70 ans, je jouais encore au foot avec mon équipe de la pub tous les lundis. Je sentais bien que j’étais moins rapide, même si je n’ai jamais été rapide (sourires). Mes amis m’’appelaient le « géostationnaire ». Evidemment je vieillissais, mais je ne m’en rendais pas compte. Pour moi, j’étais éternel. 

Et là, je suis passé vraiment tout près du départ, du départ fatal. Je me suis rendu compte qu’il y aurait forcément une fin, ce qui est d’une grande évidence (sourires). Aujourd’hui, je dis souvent à mes amis : « Je crois que je suis devenu moins con » (sourires).

Dernier point et ensuite on parlera d’autre chose. J’essaie de conceptualiser un peu ma maladie, ma nouvelle vie. J’appelle ça mon nouveau logiciel. Un peu moins maintenant, mais jusqu’à il y a 3-4 ans, je donnais pas mal de conférences dans des cabinets d’avocats, des entreprises diverses et variées où je racontais un peu ce qu’avait été ma 1ère vie et comment je gérais ma 2è vie, celle d’après mon accident. Je m’inspire aussi de gens comme Grand Corps Malade, dont je me sens assez proche, sans le connaître personnellement. 

Il m’arrive d’échanger avec Bernard Tapie, dont j’admire le comportement devant la maladie. Depuis mon AVC, je me rééduque beaucoup, encore aujourd’hui je fais 5-6 heures de rééducation par semaine. Evidemment, les progrès dans ce genre de maladie sont très lents. Mais au moins, j’espère ne pas perdre trop et continuer comme ça. Bernard Tapie m’a appris la vraie signification d’un mot apparemment banal : l’énergie. La différence entre le courage et l’énergie. 

C’est à dire ?

Courageux, on l’est tous plus ou moins. Et l’énergie, c’est autre chose. L’énergie, c’est aller au-delà de soi-même. C’est avoir un tempérament de sportif. Moi encore aujourd’hui, je fais des 500 mètres en béquilles avec mon kiné à côté qui ne me touche pas, et vous rigoleriez si je vous donnais les chiffres, c’est à peine plus de 1km à l’heure. Je fais les 500 mètres en, disons, 23 minutes. La semaine d’après si j’arrive à les faire en 22 minutes, je suis fou de joie comme un athlète qui préparerait les Jeux Olympiques, et qui gagnerait 1 dixième sur 100 m. 

Donc je tiens aussi beaucoup par l’énergie. Je me chronomètre sans arrêt, sur 10 mètres, 20 mètres je gagne 1 seconde. L’énergie, c’est d’en faire toujours un peu plus. Le courage c’est autre chose. Le courage, c’est normal le courage. 

Aujourd’hui, vous êtes toujours impliqué dans le PSG ? De quelle manière ?

Premièrement je suis un supporter du PSG ad vitam aeternam. On me proposerait 200 millions par mois, je ne pourrais jamais être dirigeant d’un autre club, quel qu’il soit. J’ai vraiment une passion profonde pour ce club. 

Alain Cayzac Virage PSG
Rencontre de présidents © Icon Sport

Deuxièmement, il m’arrive d’aller au Parc. 5 fois par an à peu près. J’y suis reçu merveilleusement bien, comme un ministre (sourires). Vraiment, Nasser al-Khelaïfi, Jean-Claude Blanc et toute l’équipe me réservent un accueil exceptionnel et facilitent ma venue car tout serait désormais compliqué pour aller en tribune sans aide. J’essaie de ne pas y aller pour les grands matches, je ne veux pas les emmerder car je pense qu’ils ont autre chose à faire que de s’occuper de moi les soirs de Ligue des Champions. Cela m’est égal, j’aime tout autant assister aux matches moins prestigieux. 

Et j’ai 2 occupations que le PSG m’a demandé de garder, que j’ai gardées avec plaisir. Je suis vice-président de la Fondation PSG, et président de l’AFJS (Association pour la Formation des Jeunes Sportifs de la Région Ile de France). Il s’agit du CFA Omnisports*. C’est toute la partie éducationnelle et scolaire des sportifs de haut niveau. 

Nicolas Anelka est passé par là, Mamadou Sakho, Kingsley Coman, Presnel Kimpembe aussi, qui est venu remettre les diplômes avec moi l’an dernier. Nous avons 150 apprentis actuellement, pensionnaires ou demi-pensionnaires, dont 35 jeunes footballeurs du PSG qui sont au centre de formation, pour la plupart à l’internat, avec des salles de cours et un amphi souvent utilisé par les pros, le tout au camp des Loges, juste à côté des terrains d’entraînement. Il y a aussi des basketteurs, des judokas, des rugbymen. Ceux-là sont logés à côté du Parc des Princes, dans les anciens locaux du PSG du temps de Borelli, là où se tenaient les conseils d’administrations, parfois très pittoresques, du PSG (sourires). 

Cette fonction prend du temps car le CFA est financé par la taxe d’apprentissage. Il faut trouver l’argent. Nous avons un très bon directeur général, qui était l’adjoint de Thierry Morin (ancien défenseur professionnel du PSG, puis directeur du CFA Omnisports, ndlr), qui s’appelle Jean-Marc Roudier. 

Vous parliez de l’importance, pour vous, de transmettre. C’est cette logique de transmission qui, aujourd’hui, vous anime au PSG ?

Oui. En plus, j’ai 4 enfants, et 6 petits enfants qui sont des malades du PSG. L’aîné de mes petits-enfants a 10 ans et il connaît mieux le PSG que moi (sourires). Sur l’équipe actuelle, parfois je lui dis : « Est-ce que l’entraîneur va mettre untel ? », il me répond du tac au tac : « Ah non non en cas de nouveau carton il serait suspendu, on ne peut pas prendre ce risque ». On s’appelle à chaque but du PSG, il habite Chambéry. Il a 10 ans, son frère qui a 2 ans de moins, est fana aussi. Donc ma famille et moi, nous sommes PSG, PSG, PSG. Et je m’en félicite. Et j’assume. Et je me fous de ceux qui n’aiment pas le PSG. Ils sont nombreux. Mais personne n’est parfait. 

Alain Cayzac Virage PSG
Avec son petit fils au Parc © Icon Sport

Comment est née votre passion pour le football ?

De façon très simple. Elle débute à l’âge de 4 ans. Mon père était président du club de football de Evreux AC, qui était en Division d’Honneur – puis CFA, et National après – (il a été président pendant 20 ans au total). Depuis tout petit, je tenais sa veste avec la main pour l’accompagner sur les terrains, je ne manquais pas un match de foot à Evreux. La pire punition par mes parents (c’est pour ça que j’ai correctement travaillé à l’école) était de me dire : « si tu as une mauvaise note là, si tu as une colle, tu n’iras pas voir jouer Evreux dimanche » (sourires).

Ensuite, quand j’ai eu 17 ans, je suis monté à Paris comme on dit, pour préparer HEC, donc 2 ans de préparation, puis HEC après. J’ai alors rencontré Bernard Brochand (au comité directeur du club depuis 1973), qui m’a mis un peu le pied à l’étrier au PSG. Jusqu’en 1987, j’étais comme on pourrait dire un « supporter privilégié » du club. J’étais proche de Borelli, Bernard Brochand, Daniel Hechter, Charles Talar. Une fois, j’ai même conduit Daniel Hechter à Evreux, en 1975, pour acheter un joueur qui s’appelait Berthaud, Dominique Berthaud, un numéro 6. Enfin, acheter est un grand mot : Daniel Hechter avait négocié sa venue pour zéro franc.

Qu’entendez-vous par « supporter privilégié » ?

Cela veut dire que tous mes amis cités plus haut étaient au PSG. Je suivais le club, mais sans être impliqué personnellement. J’avais beaucoup de boulot et puis ce n’était pas le moment. Quand je dis « supporter privilégié » c’est quand, par exemple, j’allais le dimanche matin échanger des ballons avec les pros, au camp des Loges. Avec mes enfants on se mettait sur le terrain et les pros qui avaient joué la veille étaient là, ils jouaient avec nous. On se faisait aussi des petits matches à la mort entre dirigeants. Et puis un jour on m’a demandé de rentrer (au comité directeur, ndlr) et je suis rentré (1987).

Vous n’avez pas dû rater beaucoup de matches au Parc ?

Non. Ceci dit je me souviens que je n’étais pas là le jour où ils sont montés en 1ère division (PSG-Valenciennes, 1974). Je me souviens où j’étais. J’avais probablement une grosse obligation pour mon boulot. 

Je me souviens aussi du soir de mon mariage, le 6 novembre 1976. J’étais au Parc avec ma femme pour PSG-Troyes. But vainqueur de Piasecki à la 81ème. Paris avait été mené. Et je crois me souvenir qu’il pleuvait… Et elle n’a pas demandé le divorce. 

Alain Cayzac Virage PSG
En tribune avec le regretté Charles Talar. Madame Cayzac est assise derrière son mari. © Icon Sport

J’ai été élevé dans la passion du football, à Evreux AC, devenu depuis Evreux FC 27 – dont je suis toujours président d’honneur – puis au PSG. J’ai joué au foot, à Evreux puis à Saint-Cloud, j’ai fait quelques matches en CFA même si je n’étais pas un grand footballeur. Je n’aurais pas été pro, j’étais un numéro 10 à l’ancienne « un peu » lent. Mon sport était davantage le tennis. J’y ai beaucoup plus joué qu’au foot (international junior de tennis, classé 0, ndlr). C’était mon sport de pratiquant privilégié. 

Vous avez fait HEC, vous avez mené une grande carrière dans l’univers de la pub, en cofondant notamment l’agence RSCG (Roux, Séguéla, Cayzac, Goudard). On a cette image très « pubard », les fameuses « chemises roses », dans la création du PSG, est-ce une image d’Epinal ?

Plutôt que pubards, je dirais show-biz. Et communication. Ce club a été créé par des gens du show-biz et de la com. Hechter, grand couturier par ailleurs, était dans le show-biz. Belmondo, qui a été un des fondateurs, aussi. Brochand était dans la com. Talar organisait des spectacles. Moi je suis venu, fils de pub. Denisot est un homme de médias connu et reconnu. Ce côté-là, c’est vraiment dans l’ADN du club. 

Le vrai point de départ du PSG, c’est Pierre Bellemare qui a fait une émission (Vous êtes formidables, sur Europe 1, le 1er février 1970, Pierre Bellemare lançait un appel pour relancer un grand club à Paris). D’ailleurs un jour, j’étais invité pour faire une émission d’Hanouna sur Europe 1. Il y avait Pierre Bellemare. Je lui dis : « Est-ce que vous savez, Monsieur Bellemare, que vous avez considérablement aidé à la création du club ? » Il ne s’en souvenait plus. Et en repartant, cela lui revient. Il me dit, tout sourire : « Ah oui c’est vrai, je ne m’en souvenais plus ». 

Il y a eu beaucoup de gens du spectacle. Et ce qui m’a plu, vraiment, c’est qu’au fil du temps, ce côté spectaculaire, communication – que je revendique, que je ne peux pas ne pas revendiquer – s’est parfaitement mêlé à une image plus populaire et c’est ce melting pot qui est l’ADN du club. Parfois, j’entends que l’on associe le PSG à un club « bobo ». Pour moi, ça n’a jamais été un club bobo le PSG. Un club de bourgeois ? Non. Je veux bien accepter cette image un peu m’as-tu-vu et turbulente, mais pas bobo, pas bourgeois. Un club à part, dirions-nous, « a special one ». Je prenais autant de plaisir à aller visiter les Supras dans leurs locaux de l’Est de Paris, que d’assister à un cocktail VIP au Parc des Princes.

Alain Cayzac Virage PSG
Aux côtés de Boat (à gauche) et Kalilou (à droite) des Supras © Icon Sport

Avez-vous l’impression aujourd’hui que cet héritage perdure ?

Ma réponse est indiscutablement : oui. Parfois, il y a des gens qui « s’étonnent » que je soutienne les Qataris. Je les soutiens, d’abord parce qu’ils sont très bons, et ensuite parce qu’ils ont su garder l’ADN du PSG. Jean-Claude Blanc est un grand mec de com et d’événements, Nasser Al-Khelaïfi un fin expert en stratégie et en image. Il y a toujours eu des stars qui sont venues au Parc, il y a des stars internationales qui viennent, de plus en plus, il y a des gens de banlieues, de quartiers aisés et d’autres populaires et c’est ça le PSG, c’est un tout. 

Comment avez-vous accueilli l’arrivée des Qataris au PSG, en 2011 ?

Je dirais gentiment que quand ils sont venus, je les attendais un peu au tournant. A leur arrivée, bien sûr, je leur ai conseillé comme tout supporter, de rester au Parc. J’ai eu raison, je crois. Comme j’étais un des seuls vieux de la vieille qui restait (Talar était toujours là mais il s’était un peu plus éloigné, Brochand était parti à Cannes). Parfois ils me consultaient, me posaient des questions et ils gardaient ce qu’ils voulaient. 

A titre d’exemple, je leur ai dit : « Si le PSG venait à jouer au Stade de France, je ne viendrais plus (ce qui n’aurait d’ailleurs pas changé la face du monde). Parce que ce ne serait plus le PSG ». Et le fait qu’ils aient gardé le Parc des Princes, qu’ils l’aient refait magnifiquement à l’intérieur, sous la houlette de « l’architecte » Jean-Claude Blanc, je trouve ça remarquablement intelligent. 

Je vais vous donner un autre exemple. Les dirigeants ont rapidement compris que Paris avait besoin de stars. Vous savez, Paris a toujours eu besoin de joueurs confirmés et prestigieux et de jeunes formés au club. Ils ont très vite compris. Le fait d’avoir fait venir Beckham (2013), c’est un coup de génie de marketing. Les gens me disent : « C’est de la com », comme si c’était un gros mot. Mais, il faut savoir communiquer. Avoir fait venir Beckham, Ibrahimovic, Neymar qui entame sa 5ème saison au PSG. C’est formidable. Aujourd’hui, Lionel Messi. 

Le club est incontestablement devenu une grande franchise mondiale. Grâce à beaucoup de choses mais en particulier, à ce genre d’initiatives qui dénote une bonne compréhension du club, et dans laquelle je me retrouve complètement. Des clubs qui ont une vraie image, forte, une vraie ADN, il n’y en n’a pas beaucoup. 

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Léo de Paris © Icon Sport

Que représente, pour vous, l’arrivée de Lionel Messi à Paris ?

La venue de Messi, magistralement gérée, est un coup de maître. Tout le monde du sport va avoir les yeux rivés sur notre club. (voir l’extraordinaire enthousiasme depuis son arrivée à Paris). C’est sportivement avant tout mais aussi économiquement et médiatiquement un événement considérable, dans la continuité de tout ce qui a été entrepris par les Qataris depuis leur arrivée pour faire gagner le club et le faire rayonner universellement. Les résultats sont déjà au rendez-vous, mais de plus belles victoires encore vont suivre.

A 20 ans, vous intégrez HEC de justesse, au 249ème rang (sur 250 admis) ? Sans HEC, pas de rencontre avec Bernard Brochand ? Et sans Bernard Brochand, pas de rapprochement avec le PSG ? Comment aurait-été votre vie sans cela ?

J’en joue un peu de ce chiffre, disons que je n’étais pas dans le haut du classement d’entrée. J’ai toujours été un littéraire dans mes études secondaires. J’étais bon en latin, en langues et en philo, et assez nul en maths et en physique. Pour intégrer HEC, j’ai fait une première année de préparation où j’ai eu une très mauvaise note en maths, puis j’ai tellement bossé ensuite que j’ai réussi à passer. J’ai donc intégré HEC de justesse mais mon grand fait d’armes en réalité est quand même d’avoir été le capitaine de l’équipe de foot d’HEC. Ma gloire à HEC, c’est le foot (sourires). 

A l’école, je rencontre la personne qui me fait rentrer au PSG (Bernard Brochand, ndlr). Le même qui me fait rencontrer mes futurs associés (Roux, Séguéla puis Goudard). Sans HEC, je n’arrive pas à imaginer qu’elle aurait été ma vie.

Avec quelques points en moins au concours d’entrée, qu’est-ce que j’aurais fait ? Depuis le secondaire, la pub m’intéressait. Est-ce que, si je n’avais pas fait HEC, j’aurais eu le loisir de faire la même carrière ? Je démarre chez Procter & Gamble, qui à l’époque ne prenait que des HEC. C’est cette école-là qui m’a donné une formation et une réputation pour intégrer la publicité après. Sans cela, mon parcours aurait été forcément différent.  

Moi, il y a 2 secteurs qui me passionnent. C’est la santé et l’éducation. Ce sont les 2 secteurs prioritaires pour moi. J’ai l’habitude de dire en plaisantant (mais pas tant que ça) que si j’étais président de la République tout puissant, je monterais les salaires des infirmières, des infirmiers et des médecins du triple, les instits et les profs aussi. Donc j’aurais peut-être été dans l’enseignement. Dans la médecine ? Comme ma sœur qui a été psychiatre ? Je n’aimais pas trop les opérations, le sang, donc je ne sais pas si j’aurais pu. 

Aurais-je supporté le PSG ? Habitant à Paris, je me dis que oui probablement, d’autant que j’ai toujours aimé les clubs et les hommes qui ont une vraie identité, qui viennent de quelque part. Comme disaient les Beatles : « On vient toujours de quelque part, nous on vient de Liverpool ». 

51 ans, c’est l’âge du PSG et ce n’est rien. Et quand on me dit : « Le PSG est en retard, il n’a pas encore gagné de Ligue des Champions ». Je dis l’inverse : « Le PSG est en avance ». 

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Un mercato royal © Icon Sport

Finaliste de la C1 l’an dernier, ½ finaliste cette année. Pour moi, non seulement ce n’est pas un échec, mais c’est une réussite. On est rentrés maintenant dans le cercle des grands européens. Je ne dis pas les meilleurs d’Europe, mais dans les 4-5-6 équipes qui comptent. C’est quelque chose d’énorme. Et c’est cette dernière année que l’on a consolidé notre statut. Nous sommes rentrés dans la cour des grands, Leo a réussi à intéresser les Donnarumma, Wijnaldum, Akimi, Sergio Ramos, Lionel Messi. Les Qataris ne sont là que depuis 2011. Ne l’oublions pas.

L’évolution du PSG, l’observez-vous uniquement sous le prisme du supporter, ou est-ce que vous vous l’attribuez, ne serait-ce qu’un tout petit peu, de par vos années d’implication dans le club ?

(Silence) J’y ai peut-être une part, une toute petite part, mais beaucoup d’autres ont une part. Borelli a une grosse part, Hechter aussi, et quelques autres, sans oublier les grands joueurs du départ qu’ont été Dogliani, Dahleb, Sušić, etc. Sans oublier non plus les supporters. 

En tout cas, j’ai été fier de participer à cette aventure. A quel pourcentage ? Peu importe. J’ai géré beaucoup de marques dans mon métier (la publicité) et le fait pour le PSG d’être passé d’une PME parisienne en 1970 – il n’y a rien de péjoratif quand je dis ça, c’était une petite entreprise qui jouait à Saint-Germain – à une grande franchise mondiale, c’est un grand succès de gestion, de développement et de préservation de marque. 

J’ai l’impression d’y contribuer, pas seul bien sûr, et modestement. Cette ADN communication-show-biz-peuple de Paris et des banlieues, cette cohabitation des différences, je ne dis pas que c’est de mon fait – pas du tout – mais je veux dire que, c’est tellement dans ma nature, qu’il y a une adéquation profonde entre ce qu’est le PSG et ce que je suis. 

J’ai souvent dit, au moment des élections : « On ferait un sondage au Parc, on aurait un échantillon représentatif de la population ». Des bourgeois, des mecs de droite, des mecs de gauche, des bobos, des pas bobos, une grande diversité de profils. Donc moi, cette religion des différences, c’est aussi mon credo ça. 

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Le Parc, la religion des différences © Icon Sport

Comment vivez-vous un match du PSG ?

Je ne peux plus venir au Parc autant qu’avant, mais je ne rate aucun match à la tv. Lors des matches du PSG, je ne dis pas un mot. Et je veux que personne ne parle autour de moi. Des copains très gentils me disent : « Tiens, on peut regarder le match avec toi ? » Je dis non (sourires). Je veux bien que ma femme soit là car je sais qu’elle ne me parlera pas. Mes fils, aussi, car je sais qu’ils sont pareils. Je déteste qu’on commente pendant les matches et que l’on dise : « Mais il est nul, pourquoi il n’a pas vu machin, et tout, et tout ». Moi c’est le silence. Je n’exprime rien, je ressens tout à l’intérieur, ce qui est encore plus épuisant. 

Une défaite, je vais la vivre comme une réelle souffrance. Quand j’étais président, quand Nice arrivait à marquer à 5 minutes de la fin (2008) et que cela risquait de nous envoyer en 2è division, c’était une grande douleur. C’était presque physique. 

*Le Centre de Formation d’Apprentis Omnisports Ile-de-France est une école qui a été fondée en juillet 1994 à l’initiative du Paris Saint-Germain, avec 2 objectifs : permettre à des jeunes disposant d’un fort potentiel sportif de pratiquer leur sport au plus haut niveau, et de leur assurer une formation les préparant à un métier dans le secteur sportif. 


Emilie Pilet
Xavier Chevalier

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