Antoine Bréard Virage PSG

Antoine Bréard

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Antoine Bréard est l’auteur de « PSG, 50 ANS, 50 MOMENTS » fraichement paru
chez Larousse. On est revenu avec lui sur la façon dont il a imaginé ce livre
qui raconte les petites histoires qui ont écrit la grande. 50 figures y dévoilent leurs souvenirs personnels liés au club. Entre anecdotes et coups de foudre,
il a souhaité mettre en avant l’humain plus que la performance.


Est-ce que tu as une histoire personnelle avec le PSG ?

En tant que journaliste de sport généraliste, je suis amené à traiter pas mal de disciplines, je dois donc garder le plus possible de distance avec les sujets. Et cela s’applique aussi au PSG, même si je n’en suis pas un « suiveur » habituel. Néanmoins, j’ai une réelle tendresse pour le club car quand j’ai été en âge de m’intéresser au foot un peu plus sérieusement, vers 12/13 ans, les deux grosses cylindrées de l’époque étaient le PSG et l’OM. Venant de la Marne, où on vivait dans le déclin du Stade de Reims, Paris c’était quand même autre chose.

Il y avait une connivence géographique déjà. Après quand je suis venu m’installer à Paris, pour mes études, j’ai rencontré quelqu’un qui est devenu un ami, et qui est fan pur et dur. A l’époque pourtant c’était les sales années où ça ne gagnait pas. Progressivement, il m’a emmené au Parc et j’ai pris un peu plus le virus… Au-delà de ça, à titre personnel, je suis vraiment attiré par les performances individuelles en tant que telles, parfois plus que par les équipes en elles-mêmes. J’apprécie l’intelligence sportive et je suis vraiment admiratif de ces sportifs capables de faire le bon geste, le bon choix au bon moment. Une passe en profondeur dans le bon timing ou un tir à 3 points sur le buzzer au basket, ça me rend fou !

Tu es donc un fan de Javier Pastore ?

Oui Javier c’est mon chouchou des dernières années. Car il est beau à voir jouer, car même si tout n’a pas été parfait, il a beaucoup donné. C’est ce que j’aime dans le football. Il n’y a pas que ça mais si tu dois avoir un joueur totem, il fait partie de ceux-là. Je me rappelle qu’avec mon ami on arrivait à avoir des places en bord de pelouse au Parc. Des fois tu le voyais passer et déclencher un transversale… Tu entendais le bruit du pied qui frappe le ballon, et tu voyais la balle qui arrivait là où elle devait arriver. Tu fais pffff… Quand tu es au Parc ou dans un stade, ça n’a rien à voir avec ce que tu peux voir à la télé. Devant l’écran tu vois autre chose : les ralentis, la dimension du terrain, les plans larges. Mais au Parc tu vois la précision technique des joueurs. Quand tu sais la quantité de travail que ça représente pour être un sportif de haut niveau et de ce que ça implique, c’est impressionnant. Ils se rendent les choses faciles car ça devient une habitude pour eux.

Antoine Bréard Virage PSG
Tous derrière et lui devant © Panoramic

Pour en revenir au livre, est-ce que c’est un projet que tu as proposé à l’éditeur ?

Les 50 ans du club était une évidence, d’autant que le PSG est le club le plus médiatique en France. Et je trouvais sympa de faire un livre sur le PSG. Comme je ne travaille pas souvent dans le foot, l’expérience était intéressante. Mais il fallait arriver avec un angle original pour ce livre. Aujourd’hui dans le livre de sport, il faut une façon de raconter les choses un peu différente. Je n’avais pas envie de raconter des trucs déjà racontés. Il fallait être au maximum au service de ceux qui ont vécu les choses. Dans ce livre je n’écris quasiment rien, c’est surtout du verbatim tiré d’interviews. Je voulais donner déjà de la quantité avec 50 interviews de personnalités liées au PSG.

Et offrir au lecteur un témoignage, le plus orignal et le plus honnête possible. Je me considère comme un passeur. Mon boulot c’est de mettre les gens en avant. Dans le livre, tu as des grandes stars, et puis tu as aussi des gens qu’on connait un petit peu moins, et qui racontent des trucs rigolos, des petits moments de leur vie aussi. Comme les frères jumeaux Brisson. Ce qui m’intéresse c’est l’humain. On a une vision des sportifs aujourd’hui sans aucune prise avec le réel. Ce sont des personnages quasi virtuels. Avec ce concept de 50 matchs racontés par 50 personnalités, tu es dans le concret.

On est sur un déroulé très chronologique. Tu avais une liste très précise de ce que tu voulais ou ça s’est fait en fonction des interviews ?

Il y avait les deux. C’est un peu la difficulté des livres « de somme ». C’est comme un légo. Il faut réussir à respecter une trame générale avec des matchs incontournables, et trouver le témoignage le plus pertinent sur chaque match. Parfois c’est facile comme lorsque tu demandes à Presnel Kimpembe quel match a été le plus marquant pour lui. Et il va te parler de PSG-Barcelone. Le premier grand match de Ligue des Champions qu’il a fait. Parfois, c’est plus difficile car il y a beaucoup de matchs très importants sur certaines années avec une équipe qui change moins comme au cœur des années 90.

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Presko de Paname © Panoramic

C’est pas trop frustrant de s’arrêter à 50 ?

Si évidemment. Car contrairement à ce que d’autres supporters d’autres clubs pensent, le PSG a une histoire. Et il y a beaucoup de choses à raconter. Même si ça ne fait que 50 ans. Son histoire est riche de ces hommes et de tous ces matchs. On aurait pu rajouter une vingtaine de matchs de plus. On aurait pu raconter le but de Charles Edouard Corridon contre Porto par exemple. Car c’est un but important pour lui. Plein de trucs comme ça. Mais il faut se tenir à ton concept de départ. J’aurais aimé avoir les Djorkaeff père et fils et leur faire raconter leur histoire commune avec le club. Mais au final j’ai écrit le livre que je voulais écrire. Et puis pour les joueurs qu’on n’a pas pu avoir, j’ai un peu détourné le truc en demandant à d’autres personnalités de raconter le joueur. Comme Jean-Luc Ettori qui nous parle de Georges Weah. Au final j’ai une galerie assez large de personnalités qui commence avec les débuts du club jusqu’à aujourd’hui. Je voulais que toutes les générations soient représentées.

Ce n’était pas trop difficile d’obtenir l’accord de joueurs récents comme Presnel ou Javier ?

Si c’est difficile même si au final ça s’est bien passé car ils ont compris notre démarche. Le PSG est un club très exposé, la communication est serrée de partout. Parfois c’est un peu à l’excès. Je me pose la question de savoir si contrôler autant la communication renforce ou non la performance du club et des joueurs. Pour suivre d’autres disciplines, je n’en suis pas persuadé. Après c’est sur qu’un joueur ne peut pas répondre à 15 interviews par jour. Ça dépend aussi de la personnalité du joueur et de son entourage. Après ça fait partie du jeu.

Il y a eu des moments un peu magiques durant ces entretiens ?

Oui avec Raì. C’est toujours un peu magique d’échanger avec lui. Pour le coup c’est le football de mon adolescence, c’était un joueur magnifique et il aime le club. C’était une forme d’achèvement  à la fois personnel et professionnel. Je ne suis pas du genre à mettre des croix sur tous ceux que j’ai interviewés. Mais quand tu es journaliste indépendant, ce n’est pas tous les jours faciles. Alors quand tu arrives à rencontrer ce genre de personnalités, tu te dis que tu es capable de faire des choses plutôt cools. Le casting du livre est assez relevé et j’ai réussi à faire des choses qui n’étaient pas faites ailleurs. Quand j’ai discuté avec Vincent Guerin, j’ai senti qu’il y avait encore de l’émotion quand il parlait du club. Tout comme Laurent Fournier ou Camille Choquier quand il me racontait les tout-débuts du club.

Antoine Bréard Virage PSG
Passion adolescente © Panoramic

Ce qui est difficile c’est qu’aujourd’hui on voit beaucoup d’anciens joueurs intervenir à la télé. lls sont un peu dans des rôles. Le plus difficile c’est de les faire parler de trucs plus personnels. C’est ça qui est super intéressant. Et tu sors au final enrichi d’histoires humaines. Par exemple avec Luis Fernandez, on a parlé de l’aspect humain qui est indispensable dans sa façon d’appréhender le collectif. Que ce soit avec ses partenaires ou quand il a entrainé. Il m’a dit des choses très touchantes sur la difficulté de créer une alchimie dans le sport de haut niveau. Sur une saison tu peux avoir une bande de mecs avec qui ça marche bien, et la saison suivante c’est fini parce que tu as des histoires perso compliquées. Ça peut foutre tout l’équilibre en l’air. Cette connaissance du haut niveau est très inspirante.

Qu’est ce que tu retiens de tous ces entretiens in finé ?

Je retiens que l’histoire du PSG est très riche. Ce club est extrêmement attachant par ces hommes. Aujourd’hui c’est effectivement une super structure économique et sportive. Qui va au delà de ce qu’on connaissait avant dans le sport français car c’est un autre mode de fonctionnement. Mais les hommes qui y sont passés, parfois en y étant restés pas très longtemps, ont marqué le club. Ronnie par exemple n’est pas resté longtemps, mais tout le monde parle encore de lui aujourd’hui. Les supporters, les anciens partenaires, les présidents. Les figures tutélaires de ce club peuvent être d’une sympathie et d’une bienveillance incroyable. Raì bien sur en est l’exemple le plus évident mais Presnel aussi. Je suis très content de l’avoir eu dans le livre car c’est un vrai parisien qui a grandi en regardant le PSG. Il a fait toutes ses classes au club. D’aucun dirait que ce n’était pas le plus talentueux de sa génération mais c’est lui qui est aujourd’hui professionnel. Je trouve que ça rend le club attachant. Je suis très attaché à la formation. Je trouve que si il y avait plus de jeunes issus du centre dans l’effectif pro, ça renforcerait encore plus l’identité du club. Comme c’était le cas au début des années 80 avec des Pilorget, des Fernandez…

Mais aujourd’hui c’est la compétitivité maximum, le club veut gagner la Champions League et il lui faut les meilleurs des meilleurs. Le foot a un peu changé. Malgré ça, le club reste tout de même une attache pour les joueurs. Je comprends l’amour que les gens ont pour le PSG. Ce livre me permet de mettre en lumière cet aspect. J’aime beaucoup l’entretien que j’ai eu avec Fred Musa (Ndrl : l’animateur de Skyrock), qui nous parle de Momo et de l’amour qu’il avait pour le PSG, de sa façon passionnée de supporter le club. J’avais vraiment envie de l’avoir dans le livre. Les supporters c’est une des clés du foot. On le voit aujourd’hui, jouer dans des stades vides ça n’a aucun sens, à part satisfaire les besoins télé. Ça ne remplacera jamais le fait d’aller en tribune, d’avoir cette ferveur. Je suis toujours impressionné par cette façon de soutenir son équipe, d’animer les tribunes avec des tifos, de se manger des milliers de kilomètres pour aller voir un match. Et je trouve que le PSG déclenche ça.

Antoine Bréard Virage PSG
Un Parc plein et des fumis, futur proche © Panoramic

Le PSG ça va au delà de la simple entreprise, on en est tous conscient, surtout en tant que supporter.

Oui. A la création du club il y a eu un côté très show-bizz. Et c’est ce qu’on peut lui reprocher. Et c’est encore le cas aujourd’hui. Mais il y a aussi un côté « à la bonne franquette ». Enrico Macias, qui ouvre le livre, a une façon de parler très enfantine quand il évoque le club. Ça désamorce pas mal la relation Paris-Province. Cette défiance continuelle qui existe. On entend souvent « Paris c’est un club en toc ». Car il n’a que 50 ans. Il faut bien commencer un jour ! Le club s’est construit au fil de ces histoires humaines, avec ces joueurs issus du centre de formation. Et il y a toujours des garde-fous qui restent, garants de l’identité. Des gens comme Alain Caysac qui est toujours dans les instances du PSG. Sa voix compte peut être moins qu’avant mais elle représente quelque-chose.

Il existe aussi une transmission chez les supporters comme à Saint-Etienne ou à Marseille, dans des clubs français plus anciens. Ou à Lens où tu vas au stade de père en fils. Les générations de supporters au Parc se succèdent. Les mecs des années 90 qui viennent toujours au Parc, sont accompagnés maintenant de leurs gamins. Je trouve que le terme utilisé par les américains « Dedication », pour parler de cette transmission est très adapté. Il est différent du dévouement. Il correspond plus à un principe d’appartenance qui est un socle important du supporterisme. Ces rituels liés au match du week-end. Se retrouver au Bistrot de la Reine avant le match, boire des bières, après le match aller aux 3 Obus pour debriefer, et se faire un restau avec les potes. Se rajoute à ça le fait qu’aujourd’hui tu vois de grands joueurs évoluer au Parc. Neymar, Mbappe, Cavani, car oui je suis aussi un Cavaniste…


« PSG, 50 ANS, 50 MOMENTS » disponible chez Editions Larousse

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Xavier Chevalier

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