Besoin de personne Virage PSG

Besoin de personne

par

Jouir mardi et haïr dimanche. Paris sera toujours Paris :
illisible, imprévisible, décevant, rarement au rendez-vous.
Capable du pire que le pire.


Nous avons probablement terrassé un Barca moribond. Oui. Je m’en branle. Dans dix ans, dans mille ans, je reverrai encore ces quatre buts, la rage et l’impuissance de Piqué, la crise de nerf d’Alba, la passe inventée de Marco, le contre idéal sur le dernier pion (draxler, Icardi, Danilo, Draxler, kyky, PUTAINNNNN !!!) et le coup franc de Leandro. Cette semaine, comme d’habitude, j’ai alterné les visions. J’ai tangué entre « sur notre lancée, on va dérouiller Monaco, foutre la chiasse à Lille et Lyon et croire plus que jamais au titre de champion de France (vous savez, ce trophée qui n’intéresse pas les néo supporters…) ». Et « on va retomber dans nos travers, trottiner et perdre au Parc et replonger dans notre brouillard. »

Bingo ! L’indigence affichée hier soir est juste phénoménale. Il y avait tout. C’est à dire rien. Pas capables d’aligner trois passes, deux tirs cadrés (un record depuis l’arrivée des mécènes et leurs gazoducs !), même Navas n’y était pas. Et nous n’avons bien sûr aucune excuse. La fatigue, la décompression, les absents de marque, l’éternelle subjectivité de Buquet et sa tronche de gendarme dépressif, non, décidément, nous ne pouvons nous cacher derrière aucun arbre, aucune larme. Monaco a fait exactement ce qu’il fallait faire pour nous plier. La guerre des entraîneurs n’a pas eu lieu. Pendant que Mauricio préférait préserver Marco qui avait apparemment ressenti une gêne, et donc, assumer que ce soir, le milieu ne serait pas la clé et que cette rencontre était en somme une formalité, presque un décrassage, Kovac, lui, modifiait son système habituel, demandait aux siens de courir, presser haut. Certes, il garait un bus. Il a eu raison. Sa victoire est nette et sans bavure. Indiscutable.

Le coach teuton savait qu’en gagnant, il s’offrait une vraie chance d’aller au bout. Nous, en prenant trois points, nous enchaînions, accélérions la pression et faisions de Monaco (presque) une mouche dans le rétroviseur. Mais non !!! Bien sûr que non !!! Trop beau comme scénario. Pas assez montagne russe. Pas assez parisien ! Hier soir, c’était parfait dans la désillusion et la frustration : collectif coupé en deux et défaillances individuelles à chaque poste, aucun rythme, aucune solution, déchet technique total, aucune occasion, arbitrage sens unique, erreurs grossières et sanctions immédiates, coaching frileux. Parfait ! Les nombreux gros plans sur Neymar et Di Maria rendant la chose encore plus insoutenable. Si j’étais Mohamed Henni, ce sont vingt télés que j’explose. Au minimum. Nous n’avions pas le droit d’encore trébucher quand les choses deviennent sérieuses. Pas le droit de gâcher mardi. Ces deux matchs n’ont évidemment rien à voir, il serait stupide même de les lier mais force est de constater que nous ne parvenons que rarement à enfiler deux prestations impeccables.

La remontada n’effacera jamais le 4-0 de l’aller. Seuls nos ennemis ou les supporters parisiens trop gâtés pour être honnêtes peuvent prétendre le contraire. Mais reconnaissons tout de même qu’avec ce 0-2 lamentable, la trique est devenue une demie molle. Le PSG n’a aucune considération pour les paliers de décompression. Nouveau choc thermique. C’est usant. Il y a comme une fatalité. Je l’écris encore : Paris, c’est Sisyphe. On expie un truc. Quoi exactement ? Je ne suis qu’un fidèle. Je n’ai pas la réponse. Je ne peux que prier. Et prier encore. Que faire d’autre ? Écrire une millième fois ce qui déconne chez nous ? Tenter de trouver des solutions ? Paco m’envoie un texto. Le texto que je redoutais un peu. Le voici : « Et voila que tu te dis « mais avec cette presta le retour contre les catalans c est pas gagné ». La remontada 2. Nous y avons tous pensé au coup de sifflet final, non ? Nous ne pouvons pas insulter le football à ce point sans convoquer nos putains de fantômes, impossible. Voilà le résultat de notre performance pitoyable. Le doute, le gros rat dans nos cervelles de moineaux ! Once again !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Ça s’arrête quand ?

J’aimerais bien être dans la peau d’un supporter du Bayern juste une saison. Ressentir cette assurance qui tombe rarement dans l’arrogance. Cette capacité à coulisser à onze et à ne quasiment jamais chuter les soirs d’importance. Juste pour me reposer un peu. Souffler. Mon fils monte d’habitude se coucher après une défaite déçu, voire triste. Là, il était en colère. Simplement et purement en colère. C’était la première fois. Je lui ai rappelé nos années de sécheresse, sans trophée ni Clasico victorieux ni génie sur la pelouse. Je m’en suis encore voulu de l’avoir mis là dedans. Je m’en veux toujours dans ces moments là. Je dois pourtant avouer que tout au fond de moi, Je suis irrécupérable. Je suis un croyant. Il est trop tard je crois.

J’ai transmis le virus à mon fils. Ma femme m’en veut. Elle se trompe pourtant. Cette appartenance là, si elle se confirme, fera de Jules un passionné. Ça n’a pas de prix. Je ne lui ai jamais dit d’aimer le PSG, comme tous ces glands qui poussent leurs mômes à réussir là où ils ont échoué. Jamais. Jules a vu son père vivre intensément sa passion. Et il a voulu essayer. Je ne lui ai jamais menti. Toujours répondu franchement à toutes ses questions. Il se peut qu’il décroche un jour. Ou qu’il me tape un coming out. « Papa, j’aime plus le foot. Papa, je suis pd. » tant qu’il ne devient pas un South Winner ou un Yankee, j’accepterai et je l’aimerai. Je n’ai aucun remord.

Le PSG est une épopée hors norme. Un trip garanti. Si tu en acceptes les descentes et les gueules de bois, tu vas vivre des moments éternels mon fils. Tu vas rencontrer des gens formidables que tu n’aurais jamais connus sinon. Voir Neymar effacer la réalité, Antoine crucifier Madrid et Pedro Barthez. Tu pleureras avec Raí et explosera de joie avec Simone et Rodriguez. Tu t’approcheras du Parc, tu entendras les kops déjà en action et ton cœur adoptera un autre rythme. Celui de la conviction. Les autres pourront bien te juger, te mépriser, ne pas comprendre, cela n’aura pas la moindre importance : tu en seras. Et ce sera à toi, rien qu’à toi. Y’a bien des parents qui mettent leurs gamins dans le pognon, la propriété, la compétition ou le travail. Moi, c’est le PSG. Ça te permettra peut-être mon fils de ne pas devenir trop tôt un… adulte.

Si j’écris ces lignes, c’est évidemment par pur égoïsme. Je ne peux ni remonter le temps et refaire le match, ni arrêter d’aimer ce putain de Club incontrôlable. Et il faut que j’évacue. Pas le choix. J’aurais bien arrosé au M16 quelques pigeons mais je n’ai pas de M16… Demain, tout sera de nouveau flou, incertain, fragile. Un peu douloureux. Au cœur d’une France qui compte déjà les jours nous séparant du match retour. Tic toc, tic toc. The final coutdown. Europe. Comme Macron, le PSG aurait tout intérêt à prendre plus soin de la France. À ne pas se focaliser uniquement sur les grandes oreilles. Je vais encore bégayer mais c’est en respectant la Ligue 1 que l’Europe nous respectera. Encore faudrait-il que notre Président en soit un, de Président. Nasser est une nounou. Un impresario. Leo est toujours aux abonnés absents. Tribunes vides, silence radio, le PSG navigue loin des bassesses de ce monde. Titanic avec un gros nez rouge. Comme si de rien n’était. Ou presque. Dans ma télé, Obraniak compare le PSG à Cendrillon. Il y a de ça. Imaginez : le Barca passe et nous terminons quatrième. Derrière Monaco. Ce soir, il ne manquait que Stéphane Guy pour que le cauchemar soit complet. Dors mon fils. Rêve. Il y aura d’autres aventures. Dormez tranquilles Parisiens.

PSG4LIFE


Jérôme Reijasse

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