Le billet dur de J.R.

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Vous l’attendiez toutes et tous, il est de retour, avec son légendaire mauvais esprit, sa colère contenue, et son inébranlable foi. Le combat continue pour J.R.


“Cavani, il loupe trop. Et puis, s’il monte sur Bernardo Silva, y’a pas but”.

Voilà le genre de phrases bien connes que j’entends régulièrement depuis le départ du grand pantin suédois. Là, ça se passe dans un TGV qui m’emmène à Marseille. Lendemain de match nul face aux Monégasques. Je lis la presse quotidienne, encore agacé par cette égalisation atroce en toute fin de partie et ce jeune homme, par dessus mon épaule, qui multiplie les remarques désagréables à l’encontre de notre héros uruguayen.

Il regrette l’absence d’un vrai 9, évoque même Lacazette comme solution viable, préférable, bref il symbolise à lui seul cette nouvelle race de supporters parisiens, trop gâtés, trop bourgeois, pas assez fidèles, obsédés par le rendement, les statistiques, l’efficacité…

Des prières imbéciles, des trahisons prophétiques assumées

Cavani est évidemment notre nouveau Messie, notre tueur de surface, notre guide vers la lumière. Celui qui va bientôt effacer les records de Zlatan et donc, effacer pour toujours son passage au Parc des Princes. Le jeune homme insiste cependant: “Tu verras, contre Barcelone, il va foirer les deux-trois occasions et Paris passera encore à la trappe…” On en est là. Des paroles creuses, des mots de circonstance, des positionnements pathétiques, des prières imbéciles, des trahisons prophétiques assumées…

C’est ainsi, en 2017 et c’est absolument détestable. Cavani manquera peut-être l’impossible contre la bande au nain argentin. Peut-être. Il faudra alors l’aimer encore plus. Bien sûr. Je lui rappelle Madar, Pouget, tous nos attaquants dégueulasses, tous nos vendangeurs historiques. Il dit que ça n’a rien à voir, que Cavani est un frein, un moindre mal, une frustration, à peine une doublure. Je rétorque qu’il y a aussi la possibilité qu’Edinson crucifie le Barça à lui tout seul et nous envoie en quart et qu’alors, il aura l’air bien con avec ses certitudes de nouvel abonné… Il ricane, me traite presque d’aveuglé. Je ne réponds pas, j’ai appris, en trente ans de passion, à laisser parler les ânes et les résistants de la dernière heure. Les aigreurs passent, la foi, elle, se moque bien des tirs non cadrés, des dribbles poussifs, des pointards désespérés, elle est là, ancrée, solide, éternelle. Je me lève et me dirige vers le wagon restaurant, sans même me retourner. La journée va être longue. Évidence.

Triste époque. La leur, la vôtre,
pas la mienne

Les crétins ne sont pas les seuls à me mettre la haine. Il y a aussi toutes ces informations qui surgissent dans ma télévision et qui me confirment qu’ici, ce n’est plus vraiment Paris. Jaune. Jaune. Jaune. La couleur de notre futur maillot extérieur si j’ai bien compris. Nos Qataris rêvent tellement de remplacer le Barça qu’ils en sont à imiter leurs goûts vestimentaires douteux, voire ignobles. L’année prochaine donc, nous évoluerons en jaune en déplacement. Hérésie. Xavier, le grand chef de Virage, se moque de moi quand je lui avoue mon dégoût. Il me balance les photos des maillots ratés du PSG. Je ne les avais pas oubliés, non, mais jaune, putain !!! J’entends déjà les rires marseillais, les moqueries méritées. J’ai déjà mal aux yeux. Car je sens que ce jaune sera fluo, en tout cas voyant, de chantier, brûleur de rétines… Je devine que des milliers de couillons vont se précipiter pour l’acheter. Ils vénèrent déjà Hanouna, écoutent de la Trap alors, un nouveau maillot à gerber, ils vont valider sans attendre, aucun doute. Triste époque. La leur, la vôtre, pas la mienne.

Un supporteur se doit d’être au moins un peu conservateur. S’il ne veut pas tout perdre. Notre logo, amputé, déjà presque effacé, on s’attaque désormais aux couleurs. Et que diront les convaincus quand le Parc ne sera plus assez grand, quand on nous expliquera pourquoi le PSG mérite mieux, ailleurs?

Les légendes ne sont pas
des choses linéaires

Laissons les hommes tout détruire. Nous n’y pouvons rien. Contentons nous du retour de notre génie. Ben Arfa ne marque pas, plus, et Javier, en une passe, règle le problème en terre bretonne. Il est là, enfin, il est là et il va tout éclairer. Ou bien se blesser dès le prochain match. Les légendes ne sont pas des choses linéaires. Elles dessinent des chemins secrets, d’abord illisibles, qui, un jour, même lointain, prennent tout leur sens (au moment où j’écris ces lignes, un ami m’apprend que Javier ne sera pas du voyage à Dijon samedi. Mesure de précaution après une alerte musculaire. Dieu est facétieux…). Javier n’est pas parti en Chine, comme le souhaitait Nabil Djellit sur le plateau de L’Équipe Type. Il est resté, avec nous. Je redoute cet été. Je crains le pire. Je prie.

Contentons nous des promesses de Draxler. De ce sublime contrôle et de cette balle piquée sur Costil, sosie soldé de Giroux. Notre Teuton, lui, a beau ressembler à Thauvin, on a presque déjà envie de l’aimer.

Contentons nous enfin de cette image presque furtive de Ronnie dimanche soir, dégainant l’écharpe “Ici, c’est Paris” avant le coup d’envoi, de ce sourire qui excite les dentistes du monde entier et ravive des souvenirs indélébiles dans le coeur de ceux qui n’ont pas encore abdiqué. PSG4LIFE.

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