Le billet dur de J.R.

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Alléluia ! C’est enfin revenu ! Mais quoi ?

Cette boule au ventre avant chaque rencontre. Ce manque atroce quand les Bleus imposent une trêve internationale. Ce doute vertigineux quand l’arbitre lance les hostilités. Ce ricanement de possédé quand Lucas dribble nos dernières illusions, cette tristesse insondable quand Javier ne figure toujours pas sur la feuille de match, cette prière démente quand Cavani s’approche de la surface, ce tourbillon philosophique quand j’essaye de comprendre la stratégie d’Emery, cette rage quand je vois Angel refuser tout contact avec l’ennemi, lâcheté intolérable…

Mon PSG ressuscité, celui de la victoire pas acquise, celui des passes ratées, des actions avortées, des replis défensifs poussifs, celui qui attise la haine des commentateurs, qui entend les bouchons de champagne péter les soirs de défaite un peu partout dans les chaumières de France.

Et je réapprends à haïr en toute liberté

À Toulouse, quand nous humilions le football, quand Thiago Motta passe à l’ennemi, quand Canal+ explose de joie sur le deuxième but, j’ai les poings serrés, l’insulte généreuse, je martyrise mon canapé qui pleure sur ses accoudoirs désormais en miettes. Je revis !

Et je réapprends à haïr en toute liberté. Suis-je le seul à constater l’acharnement médiatique, la valse incessante de critiques faciles, subjectives qui s’abattent sur les miens à chaque nouvelle rencontre ? De L’Équipe (journal + chaîne télé) à la cryptée, c’est du flingage en règle, de la mauvaise foi totale, de la vengeance à peine déguisée.

Cavani a les meilleures stats d’Europe en ce début d’année ? On remarque surtout ses ratés ! On reparle sans cesse de sa prestation frustrante contre Arsenal. De son incapacité à marquer quand il lui faut d’abord contrôler. Je revois ces quelques idiots à la sortie du Parc réclamant son départ au micro des journalistes. Exigeant plus, exigeant mieux ! Petits bourgeois sans histoire, sans passé…

Eux qui ne sauront JAMAIS remporter
trois Ligues Europa de suite

Emery tente des choses, brouillonne, tatônne, placardise Hatem, s’entête. Il est nul, pas à sa place, et il parle français comme une vache espagnole. Non stop, on ricane, on se moque, on montre du doigt cet accent impossible, ces phrases sans fin et incompréhensibles (Jardim, même combat !). Voilà où on en est. Emery, en trois mois, est déjà condamné. Paris est à six points de Nice, Paris est qualifié pour les huitièmes en LDC et Paris a déjà tout foiré.

Les entraîneurs français grognent, gloussent même pas sous cape, eux qui ne sauront JAMAIS remporter trois Ligues Europa de suite. Le Guen s’acharne, ils s’acharnent tous. Emery a quand même servi à une chose : Il a démontré à quel point Blanc, ce n’était que de l’auto-gestion. Et que, sans Ibra, notre équipe de salariés surévalués se dévoile capricieuse, ingérable, moyenne.

Quand Paris joue sur Canal, on entend les deux commentateurs et l’inutile en bord de pelouse passer leur match à trouver des solutions pour l’équipe adverse. De témoins privilégiés, ils glissent vers autre chose, ils deviennent presque des supporters, des entraîneurs adjoints, des partiaux, des convaincus. C’est irritant et c’est évidemment jouissif.

Un ultra, c’est un fidèle,
un disciple, un apôtre

Quand on parle du retour des ultras au Parc, les mêmes qui hurlaient au loup il y a des années, à l’aube du plan Leproux, se déclarent ravis de cette initiative. Le bal des faux-culs, le défilé des girouettes ! C’est quoi un ultra ? Un chanteur ? Un G.O. ? C’est quoi ? Un ultra, c’est un fidèle, un disciple, un apôtre. Il veut pouvoir se déchirer les cordes vocales chaque week-end, il veut pouvoir élaborer ses propres tifos, dénoncer les choses qui le dérangent sans qu’un stadier lui prie de rentrer chez lui pour toujours. Avec humour, décalage, parfois violence. Là, quoi ? C’est la parade chez Disney, des figurants déjà soumis. On nous parle de 150 mecs. Les Choristes en somme.

Des ultras qui ne pourront pas brailler contre le prix des abonnements, la mocheté des maillots (on en parle de notre logo qui est presque devenu invisible ???), la politique du Club. Le Parc n’est pas une MJC. C’était autrefois, malgré les débordements, malgré la mort même, le lieu de la liberté dans toute sa furie. On peut ne pas être d’accord, bien sûr. Mais qu’on ne vienne pas me vendre ce petit cheptel de chanteurs amateurs comme les ambassadeurs de notre foi ! La blague !

Comme une fenêtre ouverte sur la légende

Contre Lille, l’autre soir, j’ai eu peur. Peur de la défaite, peur de voir Nice s’envoler, peur qu’Antonetti sauve sa peau. Que ce fut long, tendu, désagréable, stressant. Que ce fut bon ! Contre Bâle, le pion de Meunier, sublime, inespéré, improbable, valait bien le miracle de Coridon face à Porto, le pointard de Leroy (Laurent) contre le Bayern, la tête d’Antoine… C’était mon Paris, agaçant, décevant, en réaction, capable de tout et même du meilleur. C’était comme une fenêtre ouverte sur la légende.

Hier soir, j’entends ça: “De toutes façons, le PSG, même médiocre, va remporter tranquille le championnat…” Alors, c’est ça ? On est bon, on est nul mais on gagne à la fin ? Je n’en suis pas persuadé. Ce n’est pas le problème. Si les Aiglons vont jusqu’au bout, ils l’auront mérité. Et si l’om et lyon restent à la porte de l’Europe, cela suffira à mon bonheur. Comme avant, quand la chute des autres était notre seul trophée possible.
Le temps décidera.

Détestez-nous, moquez-vous, croisez les doigts pour que tous les Dupraz de l’hexagone parviennent à nous plier. Continuez à vous prosterner devant Rudi Garcia et son match à ZÉRO tir au Parc. Lui et sa bande ont été héroïques, nous simplement pathétiques. Ok.
Pendant ce temps-là, l’Angleterre se charge d’apprendre à Ibra, chaque jour un peu plus, le sens du mot: “humilité”.

Pendant ce temps-là, ma foi se réactive.
Pas de doute, je revis.

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