Humeur

Cavani c’est Paris !

« Cavani c’est Paris », ce tifo accroché à une grille de sécurité entre le Parc
et le périphérique ce week-end est peut-être la plus belle chose que j’ai vue
depuis le but de Pastore contre Chelsea ou cette banque
en train de brûler un samedi hivernal de frustration populaire.

L’époque n’est plus au consensus. La neutralité a crevé et c’est une excellente chose. Choisir son camp. Et puis identifier les ennemis. Pacte d’honneur.
Cavani n’est pas encore Pauleta mais pas loin. Il a beaucoup marqué. Mais il ne faut jamais oublier d’où viennent les ballons. Pedro devait presque les inventer, Edi n’a presque qu’à les propulser au fond. Pauleta en 2019 n’affolerait même pas les compteurs, il les rendrait obsolètes.

Cavani est des nôtres. Nous l’aimons parce que nous savons. Nous l’aimons parce qu’il ne triche pas. Je crois qu’il nous aime pour les mêmes raisons.
Il doit rester. Il devrait terminer sa carrière au Parc, un soir d’été précoce, après une défaite anecdotique contre Brest ou Rennes. Nous perdons toujours à l’heure de dire adieu. Il pleurerait devant les deux kops. Et le Parc chanterait en boucles son hymne. Et Cavani deviendrait alors immortel.

Les quelques phrases qu’il a offertes au micro samedi soir, devant Auteuil, étaient impeccables. Elles disaient tout. Il reste. Il veut rester. Quand, dans l’obscurité trouée par ces milliers de lucioles téléphoniques, avant le feu d’artifice (équivalent au budget de Guingamp) et la remise du trophée, les ultras ont chanté son nom, c’était… C’était de la fraternité, exactement.

Il a été sifflé, réduit, relativisé, déconsidéré. Cavani, c’était un moindre mal, une parenthèse, un bouche trou. César du meilleur second rôle…
Meilleur buteur de notre histoire. Et nous l’aimons pour bien plus que ça encore.
Samedi dernier, je croise l’un de ces sempiternels petits comptables des tribunes, ces supporters qui préfèrent les calculatrices au romantisme, qui, les yeux dans les yeux, avec l’arrogance du couillon convaincu, déclarent qu’il « faut le vendre, Cavani. Plus qu’une année de contrat. On a déjà foiré Rabiot. Y’a le Fair Play Financier en plus. Non, faut qu’il parte ». Ils en parlent comme d’un chien qu’on hésite à oublier sur une aire d’autoroute.
Le pragmatisme à l’heure des fidélités tenaces…

Choisir son camp, oui.
Cavani dit encore autre chose. Que son avenir ne dépend malheureusement pas que de lui. On a compris.
On a d’autant mieux compris le sous-entendu quelques heures plus tard quand la tortue Ninja a dévoilé son vrai, et unique, visage.
L’année dernière, j’ai fait une overdose de Marvel. Ce n’était plus possible. Marre des super-héros. J’ai abandonné.
Marre de Kylian Mbappé.

Dans un grand Club, une telle déclaration correspondrait non pas à une déclaration de guerre mais à une éviction sans regret. Zidane déposerait la valise avec les 400 millions en grosses coupures à Nasser et rideau.
C’est un crachat, un coup de pression, un plan de carrière, une provocation, une vanité, c’est un cyborg qui s’exprime. Un putain de cyborg qui a déjà signé pour tourner les dix prochaines franchises. C’est un enfant américain, Kylian. Capricieux et férocement individualiste. Ce que mon grand-père appelait les tennismen du football. Il ne me fait pas rêver. Il ne sourie plus. Il n’est pas triste. Juste déjà passé à autre chose. C’est un génie, un monstre, un phénomène, oui. Un super-héros!

Mbappé veut quoi ? Plus de responsabilités. Le brassard ? Mieux. La place d’Edi. Il a entendu le Parc chanter. Il est sûrement vexé. C’est lui qui devrait avoir sa chanson. Voilà comment il pense, notre Mozart de Bondy.
Perdre Mbappé, c’est perdre beaucoup.
C’est aussi Neymar qui élimine les mains dans les poches son rival principal. C’est Nasser qui vacille encore plus. C’est la promesse d’une nouvelle aventure tumultueuse.

Kylian préfère collectionner les trophées que les coeurs, c’est son choix. Kylian est champion du monde et ce n’était qu’une étape, c’est lui qu’il l’a dit à peine la Croatie terrassée. Kylian veut toutes les médailles, tous les records, il ne sera jamais rassasié, Kylian. Il veut dévorer Cavani, le PSG avant de digérer le Real ou un autre club.

Ce n’est pas lui qui doit encore progresser, non, c’est le PSG qui doit démontrer toujours plus d’ambition. Kylian, comme Dembélé contre Liverpool, qui foire le quatrième but en fin de rencontre, a oublié de foutre le troisième à Manchester. Kylian a oublié qu’il n’avait pas tué quand il fallait tuer. Il a encore oublié d’offrir son premier triplé à Di Maria. Kylian n’a en revanche pas oublié que s’il avait tiré tous les pénaltys cette année, il aurait pu ravir à Messi une nouvelle et immonde statuette dorée. Kylian a l’analyse partisane. Ce n’est plus jamais lui le problème. Comme sur le terrain, il va vite, trop vite. Son franc-parler des débuts, sa lucidité en faisait un gamin plutôt captivant, en tout cas attachant. Ouais, la tortue ninja. Rigolotte et impitoyable devant les cages.

Je me suis demandé hier soir s’il aurait fait la même déclaration avec un dernier match au Parc et comment le Parc aurait réagi à l’annonce de son nom.
Il voulait sa chanson. Il serait, je l’espère, parti sous les sifflets.
Que les Parisiens qui feront le déplacement à Reims fassent le taf…
Mes petits supporters comptables cités plus haut doivent trembler dans leur maillot Air Jordan à 150 balles à l’heure qu’il est: « Oh non, Kiki va partir, oh non !!! ». Hahahahahahahaha. Tremblez les frileuses! J’ai un scoop pour vous : Il y a de grandes chances pour que Neymar nous quitte un jour également. Si, si. Aimerez-vous moins le PSG s’il devait s’affaiblir ? Hein ? Moi, c’est la seule question qui m’intéresse dans l’absolu.

Mbappé commet ici il me semble sa première erreur de parcours. Il va gâcher quelque chose.
Il peut aussi rester encore quelques années. Perfectionner ses rares mais réelles lacunes. Apprendre à aimer et être aimé. Pas uniquement par les enfants et les touristes. Par les siens aussi. Mais j’exprime là un sentiment qui n’appartient plus à ce monde.

Son attitude de boudeur indécrottable pendant toute la partie contre Dijon !
Non, Kylian, non, tu m’as gavé.
Va illuminer d’autres cieux. Va séduire les maternelles et les sponsors. Stan Lee est mort, il ne pourra pas t’aider. Je ne m’inquiète cependant pas pour toi. Cette époque est la tienne.

Retrouvez également le portrait du Matador par Benjamin Navet en cliquant ICI

Photo (c) Panoramic


Jérôme Reijasse

Champi8ns Atmosphère ?

C’est une impression bizarre qui plane sur nous en ce moment.
Bien sûr nous sommes aux lendemains d’une finale de coupe de France perdue face aux Rennais, avec un scénario particulièrement propice
à nous pourrir une humeur déjà bien maussade.


Cette compétition a une place particulière dans l’histoire du PSG, avec cette coupe dont nous sommes le plus grand collectionneur. Elle aurait pu donner du baume au cœur au peuple rouge et bleu mais finalement ce n’est pas le sujet. Les divers « experts » ne manqueront pas d’analyser le bilan du PSG et surtout de déverser tout leur fiel retenu jusqu’à présent.

Le sujet, c’est les supporters. Blasés, submergés par la morosité, honteux, trahis, humiliés, déconcertés… Il faudrait peut être réfléchir à un néologisme, tant il paraît difficile de trouver l’adjectif qui convient.
Une chose est sûre, nous avons été empêchés !
Empêchés de fêter le titre de Champions dignement. Ou plutôt normalement, au Parc avec nos ultras !

Revenons presque 3 semaines en arrière, après l’obtention d’un huitième titre de Champions de France. Une habitude qui pourrait laisser de marbre une partie des supporters obnubilée par la Ligue des Champions. Une très bonne habitude pour les plus passionnés d’entre nous qui n’occultent pas la régularité et le travail nécessaire pour obtenir ce titre là, ou pour les coupes, même celle aux grandes oreilles qui reste plus aléatoire. Le championnat c’est la base, le pain quotidien ! Ce qui nous nourrit là où une LDC vient juste flatter les papilles.

Nous avons été Champions sans jouer puisque le dauphin lillois a fait match nul, hypothéquant ses chances de continuer à rêver d’un titre qu’ils n’auraient pas eu de toute façon.
Pourtant s’il y a eu quelque chose de bizarre dans l’atmosphère, à l’approche du match contre l’AS Monaco censé entériner ce nouveau sacre, ce fut le manque d’enthousiasme.

Bien sûr il y a la Ligue des Champions et la faible concurrence au niveau national (et sûrement une multitude d’autres raisons) qui pourraient expliquer cet état de fait, après de longs débats qui ne mettraient personne d’accord.
Par contre il y a un point qui ne souffre aucun débat et qui mérite d’être expliqué : la fête au Parc a été gâchée.
C’est pourquoi je fais délibérément l’impasse sur « l’ambiance générale », pour me concentrer sur celle du Parc pour le match du titre.

On ne peut pas présumer de ce qu’aurait fait le CUP s’il avait été présent. Une chose est certaine : nous n’aurions pas eu ce silence sinistre mais un stade en vie. Il faut quand même rendre hommage aux quelques supporters de la tribune Boulogne qui ont donné de la voix.
Mais le fait est que le cœur du Parc des Princes était absent, et quel que soit le contexte, il paraît impossible de fêter un titre dignement sans ce cœur…

J’en viens donc à l’explication de ce billet : le huis clos de La Tribune Auteuil bleu. Cette tribune étant fermée suite à l’utilisation de fumigènes en son sein.
Tribune dans laquelle réside une très grande partie des groupes qui constituent le CUP, puisqu’on y trouve de gauche à droite LCC, LPA, les Nautecia et les Parias Cohortis. La K-Soce Team étant, quant à elle, située en tribune Auteuil rouge, et bien que n’étant pas visée par le huis clos, elle était, par solidarité et cohérence, absente aussi ce soir-là.

C’est une sanction décidée par la commission de discipline de la LFP. Celle-ci est indépendante de la LFP. Il est donc important de bien différencier les deux.
En effet, ce n’est pas la LFP qui décide et choisit ce type de mesure. Il y a bien-sûr de nombreux exemples qui permettent de questionner l’influence que peuvent avoir certains dirigeants de la Ligue sur cette commission. Mais ça ne remet pas en cause ce qu’est cette commission de discipline

Les règlements de la commission sont disponibles ici

Ce qui est le plus inquiétant, c’est la personnalité de son président, dont l’impartialité et le respect des procédures sont remises en cause par une interview accordée au quotidien l’Equipe. (NDLR : article du 21 novembre 2017 – cliquez ici)

À la lecture de celle-ci, on est en droit de se demander si le PSG (avec quelques autres clubs) n’est pas spécifiquement visé…
Un traitement particulier rendu possible par la liberté que prend la commission avec les règlements de la LFP.
La commission est habilitée à sanctionner les clubs, et ne peut en aucun cas le faire à l’encontre des supporters, en particulier les groupes organisés. Le constat est que de plus en plus de huis clos partiels visent des parties de stade correspondant à des groupes bien précis. Une situation ambiguë dont la principale conséquence est la multiplication de ces mesures (auxquelles s’ajoutent les fermetures de tribune « visiteurs »).

Sans remettre en cause le fait de sanctionner l’utilisation des fumigènes qui est interdite par la loi, il est indéniable que l’image qu’elle donne est déplorable et contraire à ce que devrait être un match de foot : une fête.
En imposant une telle mesure, la commission de discipline de la LFP sort de son rôle. Elle s’octroie un pouvoir de pression inacceptable sur certains clubs et leurs supporters.
La LFP donne une très mauvaise image et exacerbe les tensions avec les supporters. Cela nuit au dialogue et aux travaux qu’elle met en place avec eux, du fait de la confusion existante avec sa commission de discipline.

Les mesures collectives se substituent aux poursuites individuelles, sanctionnant une majorité de supporters qui ne se sont rendus coupables d‘aucune faute. Dans le cas présent, on parle de milliers d’abonnés du virage Auteuil sanctionnés pour quelques dizaines de fumigènes. La question de l’efficacité de ces mesures ne se pose plus, car après des années d’application, l’utilisation de fumigènes, ou tout autre engin pyrotechnique, n’a pas été endiguée. Il est utile de préciser que la définition des engins pyrotechniques par la LFP, englobe un « gloubiboulga » de choses qui n’ont rien à voir les unes avec les autres : fumigènes, bombes agricoles, cierges incandescents… C’est donc inopérant et contre productif.

Le PSG étant un des clubs les plus visés…
L’association Nationale des supporters, dont les associations parisiennes ADAJIS et CUP sont membres, se battent ensembles afin que cesse cette hérésie. On leur souhaite de réussir rapidement pour que notre prochain titre soit fêté dignement.

Stop aux sanctions collectives, stop aux huis clos.

Photo (c) Panoramic


Ignatius Reilly

Pearl Harbor à la Beaujoire

Viragiennes, Viragiens, Mon rédacteur en chef est talentueux.
Sachant la difficulté que j’ai à trouver du temps pour écrire des articles qui ne seront lus que par ma mère, il a trouvé un très bon moyen de me motiver. Il me provoque.


Car je ne peux pas croire que l’article publié sur Virage, de la plume (talentueuse) de Jean Miflin n’ait pas été écrit pour me titiller et me donner envie de répliquer.
A le lire, donc, la défaite contre Nantes serait calculée, par un entraîneur avide de pouvoir, qui aurait sciemment placé 11 plots sur le terrain dans le but d’obtenir plus de pouvoir.
Ainsi, la stratégie de Tuchel, ce serait de faire Hara-Kiri pour montrer qu’il a raison. Mon collègue se trompe. A la Beaujoire, Tuchel et le PSG n’étaient pas des kamikazes.
La Beaujoire, c’était Pearl Harbor. Et Paris était la flotte américaine.

Découvrez l'article de Jean Miflin "HARA-KIRI A LA BEAUJOIRE" en cliquant ICI

Etant en radical désaccord avec Jean Miflin, je vais reprendre ses arguments, en commençant par citer le passage qui m’a, sans doute, fait le plus tiquer :
« Même avec un effectif très allégé, des solutions assez simples auraient été salvatrices.
Draxler est un ailier gauche, un 10 ou même un 9 et demi. Pourquoi l’aligner si bas en laissant Nkunku (8 de métier) plus haut ? Pourquoi ne pas laisser la chance à des jeunes qui avaient envie plutôt que des divas déçues de ne pas avoir droit à quelques jours de repos ».

Sait-on seulement quel est le vrai poste de Draxler ? Vendu comme un ailier pouvant jouer 10, il a joué une demi saison en ailier gauche avant d’être expérimenté en milieu central (où il aura finalement le plus joué sous nos couleurs) et, cette saison, d’être le couteau suisse de Tuchel. Il revient de blessure, a joué un match indigent, en position d’ailier gauche, contre Lille. Et on voudrait lui donner les clés du jeu ?
Il a été placé à son poste « préférentiel », c’est-à-dire celui où il a le plus de repères.
Si on le fait monter, on fait redescendre Nkunku ? Christopher – je sais pas quoi faire du ballon – Nkunku au cœur du jeu et de la récupération ? Sachant que j’ai du mal à me souvenir d’une seule bonne action de sa part contre Nantes, je ne peux l’imaginer orientant notre jeu à la place de Draxler (qui ne fut pas brillant, ne nous mentons pas).
Quant à « laisser la chance aux jeunes », on parle de jeunes de la réserve, pas des derniers espoirs du centre de formation (exception faite de Güclü, à qui la chance fut laissée, du reste).

Le problème n’est pas que les divas soient déçues de ne pas avoir droit à quelques jours de repos, le problème vient du fait que nos divas tirent plus la langue que des adolescentes sur des photos pour paraître cool.
Ils enchaînent les matches, sans jamais souffler (Kehrer revient de maladie, Kimpembe enchaînait encore, Alves n’aurait jamais dû tant jouer cette saison…).
Notre infirmerie ressemble à notre équipe type, notre effectif est l’un des moins garnis parmi les grands d’Europe, mais on vient accuser Tuchel de jouer avec ses troupes alors qu’il essaie de monter des équipes un tant soit peu cohérentes.

L’entraineur aurait donc « manigancé la défaite pour avancer ses pions en interne ». Outre le caractère gratuit de l’accusation, qui ne repose sur aucun élément factuel, on voit mal en quoi la défaite aurait été manigancée. Paris a mené au score sur la belle inspiration d’Alves et seul le mental de nos joueurs (et le manque de profondeur de banc) sont responsables de la défaite. C’est peu dire que Kehrer est au fond du trou (on y reviendra) ou que Kurzawa n’est pas un défenseur. Ce sont les principaux responsables de la défaite hier puisqu’ils ont failli sur les phases défensives où ils étaient attendus.

J’en viens aux questions sur le recrutement de Tuchel. Kehrer et Choupo-Moting seraient donc « ses choix », qui seraient limités. Rappelons donc que Choupo a été une occasion de renflouer le banc de touche sans débourser un centime, ni créer de vagues dans le vestiaire. J’appelle ça de la bonne gestion.
Rappelons encore que, l’été dernier, nous avons dépensé une quarantaine de millions d’euros pour faire venir Kehrer et Bernat. Nous n’avions pas les moyens de réellement nous renforcer. Devions-nous faire l’impasse sur ces deux joueurs, quand on regarde le nombre de matches qu’ils ont joué ? Choupo était-il censé jouer autant ? Certainement pas. Mais les blessures ont eu raison de l’effectif.

Sur Kehrer, il est aisé de le jeter aux orties après son match face à Manchester et ses performances depuis. C’est oublier un peu vite l’épaisseur qu’il a (vite) prise dans les grands rendez-vous en première partie de saison et même sur le match aller à Old Trafford.
Non, l’allemand n’est pas une chèvre, c’est un jeune défenseur. Il joue beaucoup trop en ce moment, c’est indiscutable, il aurait dû passer la fin de saison sur le banc et attaquer en forme l’an prochain. Mais, Guess What ? Notre charnière centrale est blessée. Notre infirmerie ressemble à celle d’Arsenal, époque Wenger. Peut-être des ajustements sont-ils à faire au niveau des préparateurs physiques. Ou peut-être enchaîne-t-on trop les matches avec un effectif insuffisant, qui sait ?

Quant à Paredes, le peuple parisien semble oublier sa jurisprudence Raí. On condamne sans attendre un joueur en pleine adaptation physique et tactique et qui est arrivé au mercato de janvier. Ce mercato où on se tourne vers les clubs pour récupérer les invendus des étalages, les joueurs déjà éliminés des compétitions européennes ou en conflit avec leurs entraîneurs. Les seconds couteaux ou les trop vieux…
Pouvait-on espérer mieux, avec le budget qui était le nôtre, que Paredes ? Thiago Mendes ? Doucouré ? Gueye ?

« Kehrer + Paredes, c’est plus que De Ligt ». Soit. Mais si Tuchel avait pris De Ligt, aurait-il fait une saison aussi superbe que celle qu’il accomplit à l’Ajax, son club formateur et dans lequel il n’est pas barré par la concurrence qu’aurait constitué Kimpembe, Silva et Marquinhos ? Peut-on, honnêtement, penser que De Ligt aurait fini titulaire dans notre club après trois mois ? Rappelons que Marquinhos, lors de sa première année, était loin d’être aussi indiscutable qu’aujourd’hui.

Nous sommes au moins d’accord, avec mon collègue, sur un point : « quand on laisse le club perdre pour servir son intérêt personnel c’est qu’on met celui-ci au-dessus de tout ».
Qui a vu ses intérêts préservés, toute la saison ? Est-ce l’entraîneur humilié en Europe, obligé de bricoler semaine après semaine ? Ou est-ce le directeur sportif qui, sans pression, peut proposer des pipes au mercato (Renato Sanches, sérieusement…), négocier des deals pour le moins douteux (coucou Giovanni !) et n’a pas apporté un joueur vraiment indiscutable depuis son arrivée (qu’on ne vienne pas me parler de Neymar ou Mbappé, Henrique ne les a pas découverts) et qui, pourtant, est toujours en poste ?

Tuchel est sans doute loin d’être irréprochable, mais il a l’honnêteté de l’admettre. Voilà un coach qui dira en conférence de presse « la première mi-temps, elle est pour moi » (Lille). Un coach aimé et respecté de ses joueurs (Laurent Blanc vous manque ?) avec une vraie sensibilité footballistique et une patte tactique.
Depuis des années, on a changé de coach tous les deux ans, pour un résultat sensiblement équivalent. La direction, elle, demeure. Cherchez l’erreur…


Rabiot Jacob

À Paris, rien d’impossible

Voilà deux semaines que la question me traverse l’esprit…
Et si Paris perdait tout
? Et si cette année devenait l’année la plus irréaliste du PSG ?


Paris peut il perdre en Ligue des Champions au Parc des Princes face à la réserve de Manchester United, après avoir gagné 0-2 à Old Trafford ?
Paris peut il se faire éliminer au Parc des Princes par Guingamp, dernier du championnat, en coupe de la ligue ?
Paris peut-il perdre en finale de la Coupe de France contre le Rennes de Ben Arfa ?
Paris peut-il perdre le championnat après avoir eu 20 points d’avance à 8 journées de la fin ?

Ces deux dernières questions, il y a encore deux semaines, je vous les aurais posé en rigolant… Aujourd’hui je ne rigole plus.

Les 3 derniers matchs de Paris sont alarmants. Si certains de nos titulaires ne reviennent pas à temps, je ne vois pas comment cette équipe pourrait battre Rennes en finale… Oui Rennes, ce club d’éternels loosers… Ce club est pour moi à ce jour favori. Nous n’avons plus d’attaque, plus de défense, des gardiens en plein doute.
Rennes a montré notamment en Europa League qu’il savait élever son niveau, Rennes à su me faire vibrer en Europe cette saison et pour la première fois depuis l’arrivée de QSI, nous ne serons pas favoris pour une finale…

Et le championnat vous allez me dire ? Mais non impossible…
Ne pas battre Strasbourg au Parc… Bon OK.
Perdre à Lille à 10 contre 11 OK.
Perdre à Nantes ? Ah non quand même ! Ah si…
Monaco au Parc ? Un Monaco revanchard et métamorphosé peut il venir gagner au Parc ? Je le pense oui.

Bon ensuite le PSG va à Montpellier… La coupe peut-être perdue… Une série de défaites historique… Vous nous voyez gagner contre cet adversaire qui ne nous réussit pas souvent ? Non je n’y crois pas. Nouvelle défaite…
Paris reçoit Nice. Bon là pas d’histoire. Quand même, vous ne voyez pas Nice s’imposer au Parc ? Et pourquoi pas un scénario rocambolesque comme en 2008 ? Quand ça va pas… ça va pas.

Antépénultième journée. Paris se rend à Angers. Equipe solide, redoutable de la tête sur coups de pieds arrêtés… Notre gros point faible. Défaite.
Avant dernière journée. Paris a tout préparé. Dijon vient jouer sa peau au Parc, mais les stars sont de retour à Paris. Le champagne est au frais.
Scénario maudit, les stars rechutent, Paris domine mais manque de chance. Dijon obtient un pénalty sur leur seule incursion du match dans la surface d’Aréola. 0-1. Pas de feu d’artifice.
Le titre se jouera à Reims.

Mais vous allez me dire encore faut-il que Lille gagne tous ses matchs !
Déjà ce week-end à Toulouse ! Bon Ok ils devraient y arriver…
Ensuite Lille reçoit Nîmes. Les crocos n’ont plus rien à perdre ni à gagner… Vous les voyez faire un résultat dans le nord ? Non…
Ensuit le LOSC va à Lyon. Le Lyon de City ou le Lyon en plein doute comme actuellement ? Lyon termine en roue libre, le LOSC assure sa participation à la LDC.
Au suivant…. Bordeaux déjà en vacances se rend à Lille. Aucun espoir.
Lille reçoit Angers. Festival de Pépé face à son ancien club.
Dernière journée, Lille va à Rennes. Déjà Européen grâce à leur victoire en coupe. Lille s’impose facilement. A Rennes on attend la fin du match entre Reims à Paris. Le match à pris du retard, à cause des blessés et des multiples appels à la VAR.

Un nul suffit à Paris, il reste 6 minutes à jouer… Paris perd 3-2… plus que 6 minutes pour éviter la pire des catastrophes… à côté, tout ce qu’on a déjà vécu n’est rien par rapport à ce qui pourrait se produire…
Dernière seconde, tel un Diané en 2008, Choupo s’arrache et glisse du bout du pointu un ballon qui s’en va mourir derrière la ligne tout doucement… Alaixys Romao a beau tenter un sauvetage désespéré, le ballon a bien franchi la ligne !

Paris est champion à la dernière seconde, le terrain est envahi par tout le banc, les parisiens exultent, s’embrassent, mais mais… l’arbitre fait signe, appel à la VAR !
L’arbitre refuse le but, l’ancien marseillais a d’après l’arbitre empêcher le ballon de franchir entièrement la ligne… Echauffourées, MBappé frappe l’arbitre, bagarre générale dans le couloir… Lille est champion et Paris a tout perdu.

Alors ? Possible ou pas ?

Crédit Photo (c) Panoramic


J.J. Buteau

Hara-Kiri à la Beaujoire

Hier soir à La Beaujoire, le regard des joueurs traduisait un réel agacement.
Débarqués en terre nantaise avec une carence offensive évidente,
les acteurs ont été alignés dans un schéma déséquilibré
laissant des boulevards en défense.


Abandonnés par les talents de l’équipe et desservis par une tactique suicidaire, on peut facilement comprendre les joueurs… Tuchel s’est servi d’eux, une nouvelle fois, pour avancer des arguments dans la lutte qu’il mène en interne avec son DS.
Non content de son effet, il en a rajouté une couche en les rendant seuls responsables de l’indécente préstation…

Je partage totalement le sentiment de trahison ressenti par l’effectif ainsi que celui des spectateurs nantais qui me disaient être écœurés par le manque de respect montré par le PSG à leur encontre.
Ce match acte pour moi le divorce entre les intérêts du PSG et ceux de Tuchel.
3 éléments me poussent à souhaiter un départ très prochain :

Même avec un effectif très allégé, des solutions assez simples auraient été salvatrices.
Draxler est un ailier gauche, un 10 ou même un 9 et demi. Pourquoi l’aligner si bas en laissant N’Kunku (8 de métier) plus haut ? Pourquoi ne pas laisser la chance à des jeunes qui avaient envie plutôt que des divas déçues de ne pas avoir droit à quelques jours de repos ?

Il semble évident que l’entraîneur a manigancé cette défaite pour avancer ses pions en interne mais pourquoi s’acharner sur les joueurs qu’il a sciemment laissés se perdre ? Au delà de ce point, peut-on envisager de lui laisser le recrutement ? Ses hommes, Kehrer et Choupo-Moting ne ratent jamais la moindre occasion pour montrer leurs limites. Le prix du premier interpelle réellement : dans la balance, Kehrer + Paredes, c’est plus que le prix demandé pour De Ligt…

L’addition des deux points précédents amènent a un diagnostic évident : quand on laisse le club perdre pour servir son intérêt personnel c’est qu’on met celui-ci au dessus de tout… C’est pour moi une faute professionnelle indélébile…

Nous serons champions dès dimanche avec une armada retrouvée et, sous l’impulsion de Neymar, nous gagnerons une énième coupe de France mais il ne faudra pas que cela efface ce qui a transparu hier…

Concluons sur une note positive : Pochettino et (dans une moindre mesure) Conceçao ont soulignés hier que la transition du terrain au banc peut être très rapide pour des personnalités fortes.
Notre entraîneur des U19 en a une.

Crédit Photo (c) Panoramic


Jean Miflin

R.I.P Michaël Youn

Ça ressemble à quoi la vie d’un supporter parisien
un mois d’avril du nouveau millénaire ?
Un dimanche soir après un PSG-Strasbourg,
match nul, globalement.


Il est 23 heures. 2-2. Kehrer qui évite le pire d’une tête élastique dans un Parc même pas aigri, juste repus, gras, en mode sieste bourgeoise. Ambiance de rien. Mollesse coupable. Il fallait gagner pour être officiellement champion de France, ce pays bientôt américain… Mais non. Égalité. Choupo marque avant d’offrir à notre histoire un nouveau geste impossible, lorsqu’il prive Nkunku d’un but. Choupo qui sortira sous les sifflets. Sifflets minables, certainement déclenchés par ces mêmes supporters en mode digestion mentionnés plus haut.

Ces enfants gâtés, qui ne veulent que de la victoire, du beau football et des scores fleuves. Choupo, c’est Edel, c’est Bernard, c’est ce joueur limité que le Parc décide d’aimer à vie, pour des raisons obscures et magiques. Siffler Choupo, oui, c’est l’esprit petit bourgeois qui frappe à la porte. C’est idiot, déplacé. Bref. Les strasbourgeois ne gagnent pas, presque malgré eux… Laurey renifle et s’en contente. Auteuil aurait pu lui chanter quelques saloperies, juste pour que, depuis son banc, il les entende. Prochaine fois.

Nous serons champions dimanche prochain. Ou la semaine d’après. Ce soir, ça ne servait à rien. Paris est champion. Et c’est normal. Et c’est bien triste. On bande mou les mecs !

Tuchel a commis quelques erreurs ce soir. Tant mieux, il n’en devient que plus humain. L’arbitre l’expulse pour rien. L’arbitre est une midinette. Comme toujours depuis que Paris convoque des stars sur sa feuille de match. Il a envoyé Thomas dans les tribunes. Sa façon à lui de lui demander un autographe. Groupie contrariée. Petit chef ridicule également.

Thomas qui apprend le sens du mot déontologie à Paganelli en direct, quand il croise le blondinet lilliputien portant un maillot de Strasbourg. Je dis à Paco et Xavier que le PSG devrait boycotter officiellement le Willow d’Avignon (et Tallaron et Guy tant qu’on y est !). Entre Evra qui nous crache à la gueule au Parc et l’autre qui défile avec le maillot alsacien ! Il nous faut durcir le ton.

Stephane Guy a été une nouvelle fois absolument écœurant d’anti parisianisme. Peut-être était il également vexé, en employé dévoué de canal +, que notre Allemand ait préféré préserver Mbappé. Un soir de titre possible !!! Scandale ! Outrage !!! Tuchel leur a gâché leur kermesse médiatique. Bravo !

Si j’étais le coach, j’enverrai les jeunes à Lille, je regarderai Pepe réussir un hat-trick, j’écouterai avec jubilation Aulas hurler au complot, « Paris fausse le championnat ! ». Ah ah ah je leur manquerai de respect comme ils nous manquent de respect depuis trop longtemps. Si je n’avais que ça à foutre, je tenterais de convaincre tous les supporters parisiens sérieux de rendre leur abonnement à canal en y joignant ce simple message : « je reviendrai quand Stephane Guy pointera au chômage ». J’engagerais ces mêmes supporters à ne plus jamais acheter l’équipe. Qu’ils déposent enfin le bilan et que le silence les emportent, tous.

Paris joue sans 5 de ses pointures et c’est à peine mentionné. Ce qui permet d’ailleurs à Ménès ce soir de dire, et sans rougir : « Pas sûr que le PSG ait été champion s’il avait eu cette équipe toute l’année ». Paris est paraplégique depuis plusieurs semaines, continue quand même à gagner et ce soir, je n’entends que les ricanements suite à l’action surréaliste de Choupo. Ils ricanent en groupe, comme à l’école, comme au travail, comme à la guerre. Sur l’équipe télé, ils se la repassent en boucles et pouffent.

Ce soir, j’ai vu une passe sublime de Paredes, j’ai compris que si Paris avait atteint les quarts, le Barça nous aurait détruit en marchant, j’ai accepté l’idée que d’atteindre les 100 points en L1 était finalement une coquetterie un peu conne. Je le sais : depuis vendredi, la saison prochaine, l’om va certainement la vivre en enfer. La Var, à chaque nouvelle journée de championnat, confirme que les hommes qui veulent confier leur destinée à une machine sont soit des couillons, soit des despotes.

Et il y a Neymar, en fourrure, lunettes de soleil, dans une loge. Le mi-temps le mieux rémunéré au monde. Qu’il soit là le 27. Avec Edi. Avec Angel. Que les bretons aient eu honte d’y avoir cru, ne serait-ce qu’une minute. Parce que, messieurs les siffleurs, messieurs les éternels insatisfaits, je vais peut-être vous l’apprendre : gagner une coupe de France n’est pas quelque chose d’anodin. Vraiment non.

C’est, quoiqu’il arrive, un nouvel épisode de cette tragédie cosmique que nous écrivons tous à notre manière. En zappant, j’aperçois Yuri Berchiche dans les gradins du Parc. Et Lo Celso à la télé. C’est étrange mais ça me fait du bien. Comme de tomber sur un pote. Ah, Breaking News. Laurent Blanc serait lyonnais l’année prochaine. Tentera-t-il un 3-5-2 contre Dijon ? À suivre…

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Crédit photo (c) Panoramic


Jérôme Reijasse

L’identité PSG

Je pars d’un constat : cela fait quelques années qu’au niveau européen,
l’équipe 1ère n’y arrive pas
. Est-ce que quelque part, il n’y a pas un manque d’identité. Est-ce que cela peut venir de ça ? C’est une réflexion, je me pose la question.

J’ai envie de parler de l’identité PSG, particulièrement au niveau de la formation. Le centre de formation, c’est là où doit battre le cœur du PSG. Il y a quand même depuis quelque temps des garçons qui apparaissent au plus haut niveau : Alphonse Areola, Presnel Kimpembe en équipe de France, champions du monde. C’est magnifique. Pour moi, Presnel Kimpembe a tout pour être un titulaire indiscutable à Paris, au même titre que l’est Kylian Mbappe.

Maintenant, quand on regarde la formation. Autant l’équipe professionnelle domine la Ligue 1, autant chez les jeunes, ce n’est pas le cas*. Il y a quelque chose qui m’interpelle. Au niveau des éducateurs, il y en a très peu qui ont joué au PSG. Est-ce une volonté du club ? Sûrement. Depuis cet été, il y a Thiago Motta, qui fait ses classes avec les U19. A court terme, il sera amené à diriger une équipe 1ère d’un grand club. C’est un grand entraîneur en devenir.

Hormis Thiago Motta, c’est peut-être un peu vintage de dire ça mais : l’amour du maillot, est-ce ça veut toujours dire quelque chose ?

L'identité PSG Pilorget Virage PSG
Thiago Maestro (c) Panoramic

Je ne sais pas comment cela se passe, mais quand je vois l’organigramme de la formation, je me dis : où sont les anciens joueurs ? Il y a eu Jean-Luc Vasseur qui était resté des années (2002-2011), Antoine Kombouaré, Laurent Fournier avec la CFA… Il n’y a pas, comme on le voit dans la plupart des grands clubs, beaucoup d’anciens pros qui sont à la tête des équipes de jeunes. Ils contribuent à animer l’esprit club.

Attention, je ne dis pas mettre des anciens pour mettre des anciens. Le critère n°1, c’est la compétence. Mais je me dis qu’à un moment, cette identité club, elle doit s’inculquer, se transmettre dès le plus jeune âge. C’est peut-être ce petit supplément d’âme en plus, qui préservera, renforcera l’identité PSG, qui n’y est peut-être plus vraiment, ou plus comme avant.

Quand je dis formation, je ne parle pas uniquement de la CFA, je parle des U15, U17, U19… Une identité, cela ne se crée pas en un an. Aujourd’hui, un jeune au PSG : à 17, 18 ans, il doit être prêt à jouer en équipe 1ère. Il doit avoir appris à gagner. Son envie de gagner des titres avec le club, elle doit être plus forte que tout. Avoir le club dans la peau, cela transcende. Si 3-4 jeunes du centre de formation arrivent chez les pros avec cette rage, ce dynamisme. S’ils ont quelque chose dans le cœur, cette envie en plus… C’est bénéfique pour tout le groupe.

Je ne dis pas que le PSG gagnera la Ligue des Champions uniquement grâce à son approche de la formation, mais le PSG, c’est un tout. La formation, les supporters, les joueurs, les éducateurs, les bénévoles… Toutes ces choses mises bout à bout, c’est, peut-être, ce qui pourrait faire basculer Paris du bon côté.

L'identité PSG Pilorget Virage PSG
J.M. Pilorget, 4ème à droite, debout. PSG 1975. (c) Panoramic

Gagner la C1, ce n’est pas qu’une question d’argent. Ce n’est pas non plus un problème de coach puisqu’on a vécu des scénarios identiques, avec des coaches différents. Le souci est ailleurs. La formation ? Certains vous diront que ce n’est pas une priorité. Un détail ? On sait que dans le football, cela se joue sur des détails. La formation, c’est plus qu’un détail. C’est un état d’esprit. Un esprit club. C’est l’identité PSG.

Je suis né à Paris, j’ai rejoint le PSG en 1974 à l’âge de 16 ans, c’était le tout début du centre de formation, rien à voir avec aujourd’hui (sourires). On était formés sur le tas, on était logés au foyer des immigrés d’Achères. J’ai un super souvenir de mon 1er éducateur au PSG, l’entraîneur de la réserve. Il m’a énormément apporté en très peu de temps. Jean-Louis Léonetti. Un ancien joueur du PSG, un mec hyper atypique, qui m’a transmis plein de messages d’une façon qu’il ne peut même pas imaginer. « Aies confiance en toi », « N’aies peur de rien », « Ce n’est pas parce que tu es jeune que tu ne peux pas percer ». Il avait perçu en moi une forte personnalité, il m’a dit « montre- la » dans le sens affirme toi, pas dans le sens de prendre la grosse tête. Son message, c’était : humilité et caractère. A 17 ans, on m’a lancé avec les professionnels (PSG-Reims), ensuite je ne suis plus ressorti de l’équipe. Jean-Louis, merci à toi.

Résumé du match contre Reims le 21 décembre 1975

*L’équipe réserve joue actuellement le maintien en National 2


Jean-Marc Pilorget

PSG4LIFE

Je n’ai pas honte d’avoir annoncé à Xavier, après notre naufrage mancunien,
que je n’écrirai plus sur le PSG. Je n’ai pas honte parce qu’à ce moment précis,
rien n’était plus vrai. Mon coeur saignait, mon fils pleurait, mes poings hurlaient leur envie de détruire ce souvenir douloureux d’une énième humiliation européenne.

Je savais que la mémoire jouerait son rôle de salope éternelle, que même dans dix ans, le temps d’un éclair, je repenserai à cette défaite terrible et qu’un serpent de glace lécherait ma colonne vertébrale. Que ce 1-3 impossible, ce pénalty offert par l’UEFA dans les ultimes minutes, ces textos de connards, dès le coup de sifflet final, se permettant de rire de ma déchéance, feraient office de nouveaux tatouages atroces. Textos que je n’oublierai pas, jamais, et qui appelleront, plus tard, quand j’estimerai le moment venu, des représailles. Il faut être une vraie chienne pour piétiner la passion alors même que les larmes coulent encore. Un sans coeur. Une bête contemporaine, qui respire à coups de tweeters assassins, de vannes cruelles, apathie des profondeurs.

La Ligue des Champions est morte, encore une fois. Elle n’en finit plus de crever cette pute. Année après année. Les trois jours qui ont suivi, je n’ai plus vécu. Téléphone éteint, télévision éteinte, âme en berne. Plus de fric, plus de taf et cette mascarade au Parc, en direct, avec mon fils qui a de l’espoir plein les yeux, avant la chute, ses tremblements, mes cris et mes pleurs, ma rage explosive, là, au beau milieu du salon, cette haine pour nos joueurs et leur suffisance, leur peur de puceaux, leur gastro des grands soirs réactivée.

Le samedi suivant, au réveil, je repense à cette discussion lors du dernier repas avec les fidèles de Virage, dans un petit restaurant du 19ème arrondissement. Quelques jours avant la catastrophe. La grande majorité des présents fanfaronnait, se demandait quel serait l’adversaire idéal en quart. Moi, toujours frileux, pas dupe, n’oubliant pas que le PSG est d’abord et avant tout un club maudit, je jouais la carte de la prudence : « Faîte gaffe les mecs, il y a quand même ce match retour au Parc à jouer avant de… ». Je rappelais l’importance de l’ADN en football. Qu’un club comme Manchester, même diminué, même sans Ferguson, ne tomberait pas sans lutter. Et qu’il allait falloir livrer un dernier combat, âpre, sanglant, malgré ce zéro% de chance de qualification pour les Reds, d’après les professionnels de la statistique.

Voilà. On y est, une nouvelle fois. Défaits, piteux, misérables, pathétiques. Avec ce goût de cendre dans la bouche, cette sensation vertigineuse que nous n’y parviendrons jamais. Je devrais avoir honte. Je veux quand même ici préciser une chose qui me semble primordiale : Je suis un homme de championnat. J’aime ces matchs souvent décevants, poussifs, ces rendez-vous hebdomadaires, ces week-ends franco-français. Peut-être une conséquence de mes nombreuses années passées en tribunes au Parc. Oui, Sedan, Toulouse, Montpellier et tous les autres sont et restent mes ennemis préférés. La LDC, c’est autre chose. Une kermesse entre riches. Avant, l’Europe, c’était une odyssée sans filet, quelque chose de sacré et de rare.

Aujourd’hui, c’est un concours de bite truqué, tronqué, avec la mafia catalane, munichoise et madrilène aux manettes. C’est l’Eurovision des footix, le désir médiatique de s’offrir en finale un affrontement Messi-Ronaldo. Du Marvel avec des crampons. Avec le VAR, cette invention résolument satanique, offrant aux favoris une garantie supplémentaire d’aller jusqu’au bout. Le bras de Kimpembé, le pénalty de Ronaldo, la simulation de Suarez… On ne prête qu’aux riches, évidemment. Aux vieux riches. Cette Europe moisie et sûre de ses privilèges. Qui préfèrera toujours l’argent occidental à l’oriental. Sale.
Il suffit de regarder ces dernières années les tirages au sort, qui reçoit au match retour, qui bénéficie des services zélés de l’assistance vidéo… C’est écœurant, prévisible, risible.

Je refuse d’abdiquer. La LDC reviendra l’année prochaine. Nous lutterons. Tuchel luttera, s’il reste. Il faut qu’il reste. Nos joueurs feront peut-être de grands matchs. Il leur faudra soumettre des clubs historiques pour rêver plus haut. Marquer beaucoup de buts pour empêcher l’arbitrage de jouer son rôle de fossoyeur coupable. Nous verrons bien. J’espère simplement que cette déroute aura au moins permis aux couillons parisiens obnubilés par la seule victoire, de comprendre que la LDC est un mythe, un leurre, un caprice d’enfant gâté. Il y a vingt ans, j’aurais tué pour être champion de France. De dérouiller l’om au vélodrome suffisait à mon bonheur. De battre Sochaux pour rester en Ligue 1 également. Et là, il faudrait que la LDC soit ma seule quête, mon unique désir ? Non.

Je manque peut-être d’ambition. C’est ainsi. Je ne suis pas un libéral décomplexé. Je crois que l’appartenance reste la valeur suprême. Aux étoiles sur notre maillot, je préfère les tifos impertinents déployés en tribunes, les chants fédérateurs, les vannes impitoyables, les fumigènes de brume, les passes géniales et inutiles d’un Pastore. Les larmes acides, les solitudes hurlantes quand l’échec frappe à ma porte. Cette volonté ardente de gagner la LDC chez les supporters de Paname relève avant tout d’une offensive marketing lancée par le Qatar depuis son arrivée, si on s’avoue les choses. Depuis quand le fric suffit-il à soulever la coupe aux grandes oreilles ? Depuis quand le supporter parisien ose-t-il péter plus haut que son cul ? Bien sûr, cette sensation de gâchis total ce mercredi soir terrible était bien réelle, elle me dévore encore à l’heure où j’écris ces lignes.

Mais elle est une muse trompeuse, une fausse piste, un aveuglement ridicule dans l’absolu. Dans ma télé, que j’ai finalement rallumée, des crampes au bide, j’entends un ancien pote de Tapie raconter des histoires d’arbitres corrompus, de bouteilles empoisonnées, de petits arrangements entre amis… Je me dis, en ricanant intérieurement, que si ça se trouve, Milan et Tapie ont peut-être échangé des mallettes à l’époque. Une étoile cousue sur un maillot, ce n’est pas que du sang, de la ferveur et de la sueur. C’est encore autre chose, quelque chose que moi, petit supporter anonyme, ne pourra de toute façon jamais maîtriser.

C’est en lisant la longue interview de Viola sur le site de Virage que j’ai pu dépasser ma douleur. Et accepter que toute cette merde, quoi que j’en pense, m’accompagnerait jusqu’à la fin. Parce que j’ai choisi, il y a longtemps. Parce que le PSG, même horripilant, décevant, frustrant, dégoûtant, même emmené par des joueurs mercenaires, apatrides, cyniques et cyborg, reste le Club que j’ai choisi d’aimer pour toujours. C’est aussi grâce à mon ami Paco que j’ai vaincu cette tristesse cannibale. Le week-end d’après le déluge, je l’ai aidé à déménager l’appartement de ses parents, en banlieue. Ces quelques heures loin du tumulte, ces quelques vannes échangées entre deux cartons, m’ont aidé, oui, à écraser la honte et la frustration. J’ai imaginé mon fils, après ma mort, retrouver mes maillots, mes écharpes, mes cartes d’abonné. Je l’ai vu ému, tendrement ému, se souvenant de tous ces matchs que nous avions traversés ensemble. Et j’ai compris que c’était ça qui importait. Pas les scores ni les trophées mais, je le répèterai encore et encore, l’appartenance. Ce choix viscéral, indiscutable, définitif. Et je me suis senti mieux.

Hier soir, Angel Di Maria a illuminé nos coeurs brisés. Une passe décisive après deux contrôles sublimes, un but en solitaire et formidable, un coup franc spatial. Mbappé, égoïste comme tous les enfants, aurait dû le laisser tirer le pénalty, lui offrir son triplé mais bon… « Balotelli est une salope » chantaient en choeur, goguenards, les kops. Et moi aussi, depuis mon canapé et devant le regard à la fois amusé et atterré de ma femme. Balotelli qui, apparemment, avait prévu de revêtir un masque de Rashford en cas de but et qui a exhibé cette étoile qui n’est pas la sienne avant de quitter la pelouse. Marseille ne jouera pas la ligue des champions l’année prochaine. Un peu grâce à nous. Stéphane Guy a encore passé une soirée épouvantable, malgré ses commentaires partisans et son ironie de comptoir. Je m’en contenterai. PSG4LIFE.

NB : J’allais oublier: Evra, Evra, on t’encule.

Photo (c) Panoramic


Jérôme Reijasse

D’amour et de tambours

Ne secouez pas cet homme, il est rempli de larmes. J’ai vu ton visage mon frère et pour la première fois je n’ai pas pu soutenir ton regard. Je l’avoue je n’ai pas pu ajouter ta peine à la mienne car la mienne débordait déjà. Mais dès demain je viendrai te relever en espérant que tu acceptes la main que je viendrai te tendre. Car dès demain je me réconcilierai avec la violence de ma déception, de ma désillusion, la violence de voir mon fils pleurer à Auteuil entouré de mes amis, la violence de l’espoir que j’avais mis en cette équipe.

Je crois que c’est d’ailleurs à l’intérieur de cet espoir que la violence se cache. Je ne laisserai plus personne me raconter des histoires, me dire que nous sommes les plus forts, que nous allons marcher sur l’Europe, que nous devons rêver plus grand. Je vais revenir à la base. Mon amour est une armure, mon ambition une robe de dentelle. C’est elle qui est salie, traînée dans la boue, déchirée, c’est elle qui me fragilise…

Mon armure, elle, elle encaisse les coups. Je souhaite revenir au plus simple appareil, l’amour d’être derrière son club quoi qu’il arrive. Ôter ce désir absolu de triomphe qui éparpille, cette coquetterie superficielle qui détruit. Se remettre la tête et le cœur à l’endroit. Se remettre à respecter le foot en acceptant les incertitudes d’un sport qui nous submerge d’émotions folles.

Je le sais depuis hier, espérer à tout prix que l’on gagne un jour la ligue des champions me fait perdre la tête, les fables me plongent dans un tourbillon précaire, les promesses me blessent. Je me trompe de chemin, l’important ce n’est vraiment pas la destination c’est le voyage. Chaque étape est marquée par le passage de gens qui s’invitent. Je les accueille et je les accueillerai avec plaisir mais je n’écouterai plus leurs histoires…

Je n’écoute à présent plus que mon cœur battre au rythme des tambours. Les cheiks, les chèques, l’échec ce sont des épisodes, des épiphénomènes. D’autres viendront et repartiront, leurs ambitions avec. La LDC viendra elle aussi un jour sûrement, je l’espère, en attendant je n’aurai qu’une ambition, aimer mon club d’un amour fou !

Ici c’est Paris les frères, jusqu’au dernier chant, jusqu’au dernier souffle.


Niro

Paris, c’est fini

Elles sont là, dans ma tête à battre mes tempes, ces deux mi-temps.
Impossible de dormir. Perdu d’avance. Il est une heure onze et je continue
à tourner en rond et dehors il pleut alors qu’on prétend que
c’est bientôt le printemps, le temps des amours.
Le mien s’éteint paisiblement. Comme en fin de vie. Dernier soubresaut dans la nuit et puis la ligne droite, tuuuuuut dans les oreilles comme une paire d’acouphènes.
PARIS, C’EST FINI.

Paris, c’est fini. Et dire que c’était le club de mon premier émoi, ce qui a fait que je suis moi. Moi qui dis aujourd’hui que c’est fini. Moi qui dis qu’après tout ça, après vingt ans à vingt mille lieues sous la merde, à penser, vivre, être PSG et surtout quand tout le monde était olympique… Lyon ou Marseille, c’est pareil, la culture win, south winners au bakchich malin et ligue de l’OL façon tapin sur twitter, qui gratte ses titres en vendant ses fesses à la bourse. La bourse, toujours la bourse, c’est ce qui nous aura encore manqué. Certaines sont molles, même si on voudrait croire que le problème c’est la chatte. Celle des autres, jamais la nôtre. De couilles donc, toujours pas. Et plus jamais. Car c’est là que le bas-résille blesse. Le tibia-péroné de Demba Ba est encore là. 
On a jamais su emballer. Et à la vérité, Paris ne me fait plus bander. C’est passé. Plus moyen de rallumer la flamme. Ce serait forcer la mi-molle. Paris m’a trompé une fois de trop.
Trompes-moi une fois shame on toi, trompes-moi deux fois, shame on… etc. 
Je n’avais que La Corogne à la bouche la dernière fois. Ce soir, comme tout le monde, je n’ai plus rien. Et tout est bien qui finit bien. Paris ne m’aura pas eu. Pas pour toujours. Paris ne m’aura pas fait vivre un lent cauchemar, une vie entière dans le noir à broyer les projets de départ par peur du vide. Maintenant je n’ai plus peur du vide que laissera Paris dans ma vie, plus peur de ce que j’ai moi aussi dit cent fois, que c’est justement dans ces moments là… Je n’ai plus peur de perdre le rythme, de perdre le fil, de perdre le contact. Je n’ai plus peur de débrancher cette passion sous amour artificiel. Plus peur de ceux qui diront qu’après tout il y a des choses plus graves, plus peur des plus hostiles qui disent toujours que ce n’est que du foot. Je n’aurai plus peur de ces buts assassins, avant chaque printemps, qui tuent nos petites fiertés comme on tire des lapins. Sans même avoir à forcer leur destin. Car le destin à vrai dire n’y peut rien. Paris connaissait déjà le sien. 
Et d’ailleurs ce n’est même pas un drame. Juste un énième coeur brisé par une bonne étoile en carton. Après ça, certains renoncent aux dames. Moi je renonce aux petits princes qui depuis des années n’ont plus d’âme. Le fameux coeur brisé avec les doigts, ces doigts planqués à bout de bras par Kim. Car le sort à voulu que ce soit lui qui nous condamne. Parfait, j’aime autant que ce soit un ami qui m’annonce la fin des temps. 
Vingt ans. D’une coupe du monde à l’autre. J’échangerais volontiers les deux contre un peu de temps additionnel au Parc pour dire Adieu. Je n’en ferai pas toute une histoire, la mienne s’arrête là. 
Désormais, je jubilerai en secret. En serrant fort contre moi le souvenir de Ronnie et Pauleta, le but et la moustache de Vampeta, la toute première frappe de Monsieur Okocha ; je retiendrai Rothen, Sorin et Laurent Leroy, je me souviendrai même d’Heinze pourquoi pas ; et puis de Robert, Christian et Jérôme Leroy ; je n’oublierai jamais Sakho, Mendy et Papus Camara. Et puis Partouche, Sankharé, Maurice et Arnaud, N’gog, Abriel, Ogbeche, Sakho et même Anelka… Tous ceux-là. Tous ceux qui ont grandi avec moi. Mes faux espoirs. Reste Presko, mais ce sera sans moi. Car si je continuerai à vénérer Diané, je ne donnerai plus mon temps à ce PSG. 
J’aurais voulu partir sur une victoire comme Carlo. Mais j’étais fait pour la défaite comme la bande à Marco. Simone n’est plus de la fête. Batman nous a oublié depuis belle lurette. Et de toute façon, tout ça c’est dans la tête.

Noé Pellissier