Humeur

De la Corogne


Te revoilà, aux confins de mon intestin, toi qui tenaille et me cisaille, toi qui racle et m’irrite, qui empêche, vipère, le transit salutaire de mon mérite de supporter.
Je voudrais te chier pour t’oublier, te laisser emporter par la chasse d’eau bénite, t’imaginer rapportée prestement au tas que tu mérites, ce tas mélancolique et colère, celui de nos pensées adultères, celles que l’on doit taire, tu sais, celles qui sentent Francis Llacer.

Mais tu es là, comme une vieille peur qui me travaille, comme le malin du fond de mes entrailles, et tu entailles avec entrain la maille de mon coeur, gros en taille comme ton aigreur.

Te voilà donc de retour, ma douleur, tu n’as pas changé. Ton souvenir est dur mais il est doux de te voir revenir car, pour nous, tu es le signe de l’amour pieux, de l’amour preux, de l’amour bleu blanc rouge blanc bleu.

Alors fais-moi guérir enfin de l’ambition, libère-moi du poids de la déraison, soulage-moi de cette relation d’amour feint avec cette ligue de gentlemen extraordinaires, fin ramassis de mercenaires enfin finis, lie ordinaire des gens ultras.

Comme un mauvais scénario hollywoodien, hier nous a rappelé que les vauriens perdent toujours à la fin. Olympien football qui rassemble l’amoureux avisé et l’injurieux emmailloté dans la certitude que les gentils ne connaissent jamais la faim. Mais nous, amoureux humiliés, savons que nous aimons les méchants.
C’en est délicieux d’évidence, on est Parisien en football comme on est vent dans un saule, pleureur un jour, pleureur toujours. Seul Paris sait piétiner comme ça notre amour.

Tradition retrouvée, nous revoilà, nous et nos ballerines. Payons, unis, la redevance de la honte et marchons munis de la défiance dans la défaite qui toujours nous raconte.

Paris, humain, tout le monde te hait enfin. Moi, crétin, je t’aime maintenant comme jamais.

Noé anobli de nullité

Au champ du déshonneur

Il existe forcément une explication à ce naufrage catalan. Et de toute façon, il faut écrire au coeur de la tempête.


Un PSG qui a d’abord joué la trouille aux tripes, peut-être aussi avec une certaine arrogance planquée bien profond, là où l’homme a déjà vendu la peau de l’ours. Peur et ego aveuglé, un paradoxe, notre paradoxe. Paris sera toujours Paris.
Un arbitrage orienté (Piqué qui ne voit pas rouge, un ou deux pénos oubliés, Suarez qui plonge). Cela ne suffira pas à calmer cette tristesse éternelle qui me ronge, salope tenace, que seul le temps parviendra à étouffer, un peu. Tu joues le Barça à domicile, tu sais que l’homme au sifflet ne va pas t’aider. Tu dois combattre et marquer sans lui. Tu n’as pas combattu et tu n’as pas marqué assez.

Il y a ce défilé de zombies proprement hallucinant : Trapp, hier, c’était Edel, en moins gros. Marquinhos et Silva, les restos du coeur, Marco avait pris le maquis, Rabiot avait préféré laisser son maillot à sa frangine, Lucas Moulox, Draxler invisible, Meunier tu dors… Et ce sont Aurier et Krychowiak qui entrent pour blinder l’affaire ! Seul Cavani est monté au front comme il fallait. Un poteau, certes une passe décisive qu’il aurait fallu faire et un but, ce but formidable, qui nous a peut-être tué finalement. À voir nos joueurs célébrer la victoire, j’ai senti que la malédiction était en marche. On est allé là-bas pour en mettre un. Voilà. On en a pris, pardon, donné six.

Nous venons de tout détruire

Le scénario était écrit, c’est une évidence. Cet ultime coup-franc, ce but d’apocalypse à la dernière seconde, ils ne viennent pas de nulle part. Ils viennent de la Corogne. Ils indiquent que notre passé, notre histoire, n’ont pas abdiqué. Paris ne gagne pas les matchs qui comptent. Paris ne sait pas franchir les caps. Paris est un marin d’eau douce. Emery a déclaré que nous venions de rater une magnifique opportunité de grandir. Non. C’est pire que ça. Nous venons de tout détruire.

Il y a une autre raison, celle-là bien plus sale, impardonnable. Paris n’est pas la France. Et la France, hier, a sorti le champagne. De marseille à la salle de rédaction de l’Équipe, les bouchons ont sauté, les yeux ont brillé, les traîtres ont célébré. Le doigt d’honneur de Jérémy Mathieu (qui ??? Un blond vénitien qui ne sert à rien et qui ne sort pas les jours de pluie), la jubilation en direct de dugarry sur l’After Foot ou du rugbyman pro-barça éric blanc sur l’Équipe 21, beaucoup en avaient rêvé, beaucoup ont fêté notre chute avec une joie absolument décomplexée. Je ne vois qu’une formule pour décrire ces comportements hallucinants : intelligence avec l’ennemi.

La couverture de l’Équipe (“Gonflés à Bloc”) était une honte. Les plumitifs ne s’en contenteront pas. Je n’ose même pas imaginer comment ils nous crucifient ce matin. Je m’en fous. Il faudrait que les Parisiens s’achètent un honneur et qu’ils décident de ne plus jamais dépenser 1,50 euro pour ce torchon apatride. Ces gens-là n’aiment pas le foot (dans quel autre pays sérieux souhaiterait-on en Une la défaite de l’une de ses équipes en coupe d’Europe ?), ils n’aiment que les bénéfices. Punissons les, un peu, ces prophètes de malheur. Juste pour le symbole. Qu’ils sachent…

La grande valse des valises

Si Paris reste Paris, devinons maintenant notre futur proche. Noircissons le tableau. Emery saute. Pas champion, ni en France, ni en Europe, la messe semble dite. Nasser devrait suivre, pas loin. Là-bas, là où les esclaves bâtissent des stades climatisés, on ne digèrera pas cette humiliation. Il va falloir couper des têtes. Ça ne posera pas de problème. On sait faire. Nos stars, elles, vont vouloir aller gagner ailleurs. Cet été, ça va être la grande valse des valises. Qui voudra venir jouer dans un club qui n’a pas su être brave ? Qui a préféré piétiner l’Histoire plutôt que de l’écrire ? Qui ? Je ne vois pas. Le chéquier ne suffira pas, plus. Tant mieux. C’est le destin des châteaux de sable : crever à la première vague.

Je revois mardi soir cet enfant napolitain en larmes dans les tribunes, quand le Real met fin aux espérances de son équipe. Je n’oublierai jamais mon fils, ce matin, quand il m’a serré très fort et qu’il m’a dit : “Papa, c’est pas grave, Paris va gagner après”. Je ne pardonnerai JAMAIS que ce match se soit joué sans Javier.
Sans Javier putain !
Une soirée sacrée, tu as Dieu sur le banc et tu t’en passes.
Sacrilège. Motta, Kimpembé auraient peut-être amené, l’un cette expérience salutaire, l’autre cette insouciance virile, nous permettant de mieux résister. Peut-être.
Mais Javier !

Paris est toujours ce cimetière indien

En voulant jouer petit pied, on a tout détruit, oui.
Un grand club ne meurt jamais. Un grand club gagnerait tous ses derniers matchs de la saison pour démontrer que la défaite n’est pas acceptable, en tout cas pas une fin en soi. Je crains que Paris appartienne à une autre catégorie : celle des faux colosses aux vrais pieds d’argile. Hier à 20h45, nous étions l’avenir. Ce matin, nous ne valons pas mieux qu’Arsenal. Laurent Blanc a dû souffler au coup de sifflet final, dans son canapé, se dire qu’après tout, ce n’était pas que de sa faute. Peut-être.

Paris est toujours ce cimetière indien. C’est aujourd’hui une certitude. On ne perd pas un tel match comme ça, en passant. Hier soir, ça relevait de la magie. Littéralement. Ça ne pouvait en être autrement. Contre un barça moyen, un Messi moyen. On a tout fait en 180 minutes, tout ! On a tout donné à l’aller, tout offert au retour.
On a surtout honoré le vide.

Seul avantage à tout ça : le tri qui va s’opérer. Les fidèles vont pleurer et remonter à l’assaut. Les autres vont passer leur chemin, aller s’abonner ailleurs. Se chercher une nouvelle quête à trahir.
Toujours ça de pris.
Allez Paris, Allez Paris, où tu es nous sommes là, tu ne seras jamais seuls, car nous deux, c’est pour la vie.
Le PSG en fait n’existe pas. Nous si.
Nous sommes le PSG.

Le droit d’y croire

Mardi 14 février, 23h. La télé vient de s’éteindre. J’étreins une dernière fois mon frère, qui m’a accueilli pour ce match d’anthologie (le croirez-vous ? Ma copine m’a fichu dehors le temps d’une soirée). Je le remercie, et m’excuse encore pour l’amende qu’il recevra pour tapage nocturne.


Putain. On vient d’éclater le Barça, 4 à 0, à domicile, sans encaisser de but face à eux, avec une défense partiellement composée d’un puceau au niveau européen.

Je ne vais pas dire que je ne l’avais pas vu venir (souvenez-vous, hommes de peu de foi mon dernier article), mais honnêtement, je n’avais pas imaginé que notre équipe empêcherait cette armada offensive, qui a mis l’Europe à genoux plus d’une fois, de marquer au moins un but.

Alors ce 14 février au soir, quand je regagne mon lit et que j’étouffe un relent de bière avant d’embrasser ma chère et tendre, je suis confiant. Oui, le 8 mars prochain, le PSG vaincra, Barcelone ne verra pas le jour, onvalétaper.

A l’heure où j’écris ces lignes, 2 jours nous séparent de ce qui peut être la confirmation de notre plus bel exploit européen, ou l’humiliation la plus totale que nous puissions subir.

Et je flippe.

Je flippe parce que, comme après avoir gagné le premier round face à un boss de fin de jeu vidéo, on se dit que le pire est à venir, que cette équipe qui est capable du pire est surtout capable du meilleur, et qu’elle le montre souvent.

Je flippe parce que je sais que ma journée sera rythmée par cette rencontre qui m’attendra le soir, par ce match qui parait si indécis, alors qu’on pourrait considérer que tout est joué d’avance.

Ces collègues qui se foutent du foot

Je flippe parce que mon club est imprévisible, que Bucarest en est la preuve, mais que Chelsea 2013 aussi.

Je flippe parce que je sais que je subirai une journée éprouvante, sous les railleries de ces collègues qui se foutent du foot, mais qui prennent un malin plaisir à instiguer le doute par des phrases anodines, et qui s’amusent de me voir suer à grosses gouttes au fur et à mesure que l’échéance approche.

Mais j’y crois.

J’y crois parce qu’il n’est pas concevable que le match aller ait été le fruit d’un hasard, d’un alignement des astres.
J’y crois parce que j’ai vu Barcelone tenter de jouer son jeu, et même y parvenir parfois, sans toutefois parvenir à franchir notre courageuse arrière garde.

J’y crois parce que, comme à l’aller, c’est au tempérament des joueurs que tout va se jouer, c’est la hargne que nous mettrons dans nos tacles, dans notre pressing, dans nos passes et nos frappes qui nous permettront de vaincre.

J’y crois surtout parce que nos héros nous ont montré qu’ils avaient pris la mesure de l’enjeu, que leur mentalité avait évolué et que cet ogre ne nous faisait pas plus peur qu’un petit poucet.

Nous leur devons cet espoir

Oui, l’exploit barcelonais est possible. Il faudra craindre, il faudra trembler, il faudra crier, peut-être même douter en plein cœur du match, si le score nous est de moins en moins favorable.

Mais il ne faudra pas oublier que malgré ce doute qui nous étreint, ils sont capables de tenir une nouvelle fois, ou mieux encore, de faire chuter à nouveau le géant catalan.

Il ne faudra pas oublier que dans toute cette agitation, toute cette ferveur, ce tourbillon émotionnel qui nous submergera lorsque nos joueurs toucheront leur premier ballon, nous leur devons cet espoir presque incroyable de réaliser enfin une performance européenne majeure.

Nous le leur devons, parce qu’ils nous ont donné le droit d’y croire.

Nous voulons qu’ils perdent

Cher Lionel, nous, supporters dissidents et amoureux du Paris Saint-Germain (1970-2010), te demandons ton aide et plaçons notre foi en ton génie. Il y a 20 jours, tu as foulé la pelouse d’un stade sacrifié et d’un club usurpé. Puisses-tu, au retour de ce huitième, nous apporter le parfum de vengeance, la jouissance de l’humiliation.


Sur toi nous comptons plus que sur le cannibale et le boys band qui t’accompagnent. Dans un monde idéal, touché par la grâce, tu en planterais 4, en donnerais 3. Dont un, ô combien symbolique, pour ce bon Lucas Digne. L’humiliation serait telle qu’elle provoquerait colère et remue-ménages jusqu’au palais princier. Le mauvais impact marketing plus que la déception romantique. Al Thani commencerait à douter, les footix à déserter. Une honte que le foot business ne saurait accepter, et dont il saurait encore moins se remettre.

La dérision virale, les sarcasmes répétés, l’atteinte durable à l’image effraieraient le client. Et dans quelques mois, n’arrivant pas à relancer la machine économique, voyant les stocks de maillots s’accumuler dans les entrepôts asiatiques et américains… Al Thani demanderait à Al-Sayed et Al-Khelaïfi de préparer la vente du club. En 90 minutes, cher Lionel, tu accomplirais ce que la dissidence que nous formons mettra des mois voire des années à réaliser. Rien qu’avec une balle. Quel comble pour QSI…le génie sportif et artistique boutant hors du Parc les fossoyeurs de ce club, aussi désintéressés du jeu qu’apôtres d‘un foot-spectacle aseptisé pour consommateurs aveuglés…

Nous comprenons bien que le collectif que tu as magnifié durant tant d’années n’est plus aussi rôdé qu’il a pu l’être, avons conscience que ton lieutenant Andrés commence peut-être à fatiguer…. Mais nous pensons aussi que tu n’as pas montré toute l’étendue de ton talent à l’aller, que tu aurais pu mieux faire. Nous croyons donc toujours en toi pour terrasser l’imposture qui nous prive de notre passion.  Néanmoins, nous concevons qu’après avoir côtoyé les sommets si longuement, les motivations sportives puissent s’effriter et qu’une certaine usure mentale puisse te gagner. Laisses-nous donc te donner d’autres raisons d’exceller. Laisses-nous t’expliquer ce que tu défendrais à travers la mission que la dissidence parisienne souhaite te confier.

La rencontre entre deux logiques

Toi qui es né en Argentine, qui évolues depuis très jeune en Espagne, sais que le football est un sport qui dépasse largement le cadre sportif, c’est un fait social comme on dit. En plus d’être une entité sportive et économique, un club de foot recouvre donc aussi une dimension culturelle : une histoire, des supporters, des couleurs, des symboles… Il ne peut être considéré comme un produit qui s’affranchirait de l’affect, de la passion et de la mémoire. La logique des propriétaires et dirigeants qui ont kidnappé notre club est peu romantique et rejetable en soi dans la mesure où, obnubilée par le profit et le tout marketing, elle en vient à dédaigner l’histoire et à entrevoir un objet culturel uniquement comme un vecteur de valorisation économique.

Mais, rejetable, elle l’est encore plus parce qu’elle s’applique à un club de foot, qui plus est un club attisant les passions et la ferveur comme l’était l’ex-PSG, comme l’est Lens, St-Etienne…. Car il s’agit là de la rencontre entre deux logiques, deux systèmes de valeurs différents et difficilement acceptable l’un pour l’autre : l’attrait d’un public plus aisé, discipliné et contrôlable contre le brassage social, l’indépendance et la liberté supportériste ; un public docile et gavé contre le droit à la critique et à la revendication ; la consommation contre la ferveur immatérielle. Vois-tu Lionel, nous ne sommes pas opposés à la rationalité économique : tout supporter souhaite que son club soit bien géré. Le problème intervient lorsque l’aspiration au contrôle social et les visées économiques – parfois sous-couvert d’impératifs sécuritaires – surpassent tout et entraînent les pires excès : fichage illégal, mesures arbitraires et discriminatoires, atteinte à la liberté d’expression, tarifs inaccessibles, surexploitation markéting, disneysation du club, appropriation commerciale exclusive et illégitime du patrimoine culturel et supportériste, etc…

En outre, tu dois aussi savoir Lionel, que ce n’est pas seulement nos fossoyeurs que tu punirais en brillant demain soir. Nous condamnons et rejetons QSI, EL-Khelaïfi et l’équipe dirigeante actuelle car ils ne respectent pas les droits des supporters et sont les orchestrateurs des mutations dramatiques qui ont contribué à dénaturer notre club et notre stade. Mais ils ne font malheureusement que s’inscrire dans une évolution plus globale du foot moderne. Celle où les mesures dîtes sécuritaires s’avèrent rapidement être des instruments au service d’ambitions avant tout économiques. Celle où la sélection du public se fait par l’argent – parfois la discrimination – , et tant pis si le supporter de banlieue HLM sans histoire n’a plus les moyens de venir. Il aurait de toute façon encore moins eu le portefeuille pour acheter les chaussons PSG collection hiver, la peluche Germain…

Le public n’aime pas la contradiction

Toi qui possèdes le charisme d’une huître, tu changerais de dimension en t’attaquant à QSI et à ce football moderne affadissant et des-humanisant. Celui où le stade devient une vitrine publicitaire géante qui doit rapporter à tout prix, un centre commercial connecté afin que les consommateurs que nous sommes puissent se mettre en scène ou se divertir au cas où ils trouveraient le spectacle peu à leur goût. Dans ce foot moderne, le stade doit aussi attirer les touristes, les maillots doivent être vendus dans tout le pays, et, mieux encore, sur tous les continents. Gloire aux footix. Il y a quelques semaines, alors que nous marchions près de notre ancien Parc, nous observions nombre de touristes français et étrangers sortir surchargés de la boutique PSG, enchaîner les selfies devant les tribunes… Nous sommes involontairement et égoïstement gênés. Nous leur en voulons de leur en vouloir. Ces touristes ne font rien de mal. Mais, pour la plupart, où est la passion ? Où est la connaissance de l’histoire du club ? Connaissent-ils ne serait-ce que Valdo, Pauleta, Dahleb ? Savent-ils qu’autrefois un Kop et un Virage ont fait la gloire de ce stade ? Doit-on les informer qu’un maillot de Stéphane Pichot vaut bien plus que celui d’Ibra ?

Bon ok Lionel, nous admettons qu’il y a comme une contradiction, un certain frein à cette nouvelle stature de héros justicier dans le sens où ton club et ton stade sont aussi pourris que les nôtres du point de vue de ce que nous venons d’énoncer. Mais ne t’en fais pas, le public n’aime pas la contradiction, la nuance. Il n’y verra que du feu. Et puis, nous ne doutons pas que tu seras à bloc et prêt à rayonner sur ce jeu que tu domines si l’on te dit qu’exploser ce pseudo PSG provoquera chez nous euphorie et plénitude, que cela t’adjugera une place toute particulière dans notre petit cœur triste et amère. Pour nous qui avons perdu notre lieu de culte, tu redonnerais ainsi un peu de foi, ré-enchanterais un peu notre monde.

Car la logique QSI et les changements qu’elle a causés sont en effet d’autant plus dramatiques qu’ils s’expriment dans ce lieu sacré qu’est le stade de foot. Pour nous autres, le Parc a longtemps constitué un refuge contre certaines évolutions sociétales, faisant perdurer des valeurs et processus en voie de disparition par ailleurs : mixité sociale, culturelle, esprit critique, artisanat (si si), collectivité, loyauté, intensité du moment présent. Le Parc n’était pas un lieu où l’on allait parce ce qu’on en avait vaguement entendu parler, parce que c’était branché, parce que mettre une vidéo de soi en tribunes sur les réseaux sociaux vous faisait gagner 50 amis imaginaires.

Le stade de foot n’est qu’un reflet

Non, on allait au Parc parce que l’on aimait, parce qu’on était passionné, sans arrière-pensée. La plongée communiante, jouissive et totale dans l’instant présent plutôt que le calcul horriblement égocentrique d’un selfie où le terrain et le stade ne constituent qu’un arrière-plan, un décor de valorisation narcissique. A ce paraître répugnant, nous préférons l’authenticité de notre Parc des Princes. Là où peu importait que celui avec lequel on fraternise soit beau ou moche, riche ou pauvre, qu’il ait passé la journée au comptoir, qu’il soit ringard, « qu’il  sente le bédo, le renfermé ». Celui où l’appartenance et la ferveur collective dépassent tout.

Cependant, ne soyons pas nombrilistes à notre tour. Le stade de foot n’est qu’un reflet des changements sociétaux à l’œuvre, et s’il en est peut-être la victime la plus tragique, il n’en est surement pas la seule. J’ai lu, il y a longtemps, qu’en sélection Tévez t’avait fait découvrir et aimer OASIS. As-tu déjà assisté récemment, au concert d’un groupe de rock un tant soit peu médiatisé ? L’expérience est désolante. Le public se prend en photo et filme pour faire savoir qu’il y était plus que pour son souvenir personnel, il applaudit parce qu’il le faut, il râle à la moindre bousculade, se plaint de la sueur que vous lui projetez en secouant la tête un peu trop ardemment… Il vient au concert comme il va voir un blockbuster au ciné, pour se divertir plus que pour aimer et vibrer.

En ce sens, on pourrait presque affirmer que les dirigeants qui ont pris en otage notre club ne sont pas complètement responsables : ils ne font qu’exploiter pleinement ces mutations sociétales qui donnent la priorité à l’image, à la consommation, au divertissement permanent, à l’assouvissement instantané et suffisant. On pourrait presque affirmer qu’ils ne sont que des hommes d’affaires opportunistes profitant du manque d’exigence, d’idéalisme et de révolte de la société. On pourrait… mais nous ne le ferons pas. Car ces dirigeants ne font pas qu’exploiter ce que nous considérons comme des dérives affligeantes de la société moderne. Ils créent les conditions idéales à leur épanouissement, les valorisent et les accélèrent. En même temps, pourquoi feraient-ils l’inverse : l’image et la consommation hébétée rapportent bien plus que la ferveur et la contestation.

Ces derniers îlots collectifs d’authenticité

Le PSG-post 2010 n’est pas seulement dramatique parce qu’il n’est plus le PSG et qu’il nous oblige à mettre en sommeil notre passion. Il l’est aussi parce qu’il enterre un stade qui constituait l’un de ces derniers îlots collectifs d’authenticité et d’idéalisme. Un lieu qui n’était pas encore complètement submergé par la recherche exclusive et liberticide du profit. Un abri romantique où l’homme n’est pas qu’un consommateur creux et narcissique, où le voisin de tribune est lui aussi amoureux et passionné. Ne te méprends pas, Il ne s’agit pas ici de présenter une vision idyllique, angélique de notre Parc des Princes. Tout ne fonctionnait pas bien, loin de là. Des choses étaient condamnables, détestables, et devaient changer. Mais il n’empêche, sans être parfait, c’était quand même bien mieux. Et on ne saurait nous faire croire que certaines des évolutions du Parc sous QSI répondent à de malheureuses nécessités sécuritaires.

De même, Il serait naïf et trop facile d’imputer les abus et illégalités de la politique menée envers certains supporters aux seules dérives autoritaires d’un directeur de la sécurité qui agirait en solo. Le président de cette chose qui se fait appeler Paris SG, tout aussi pantin qu’il puisse être, sait très bien ce qui se passe dans son club aujourd’hui, comme il l’a toujours su au cours de ces dernières années. Nous ne sommes pas dupes, et mieux encore, nous n’oublions rien. La rancune et la revendication ne peuvent s’adoucir tant que les auteurs des injustices commises ne se sont pas retirés…

Brave Lionel… A la lecture de cette lettre, tu trouveras peut-être que nous sommes un peu reac’. Et bien tu n’as pas tort, nous le sommes. Mais nous assumons. Nous ne sommes pas réac’ par idéologie, par systématisme. Une multitude de progrès modernes doivent être appréciés et loués dans bien d’autres pans de la société. Mais parfois on peut aussi s’arrêter et observer que certaines choses étaient simplement mieux avant. Alors nous sommes peut-être un brin aigris, on te l’accorde. Mais n’avons-nous pas de bonnes raisons de l’être ? Et après tout, l’aigreur n’est-t-elle provoquée par ce qui caille, par ce qui pourrit ? Devons-nous renoncer et arrêter de dénoncer, de nous battre, sous-prétexte « qu’ainsi va le foot moderne » et qu’on ne pourrait rien y faire ? Un constat cynique ne peut servir d’excuse pour tolérer l’inacceptable et éviter de se bouger. Et bordel, depuis quand doit-t-on espérer pour entreprendre ?

Nous préférons Aliou Cissé et la ferveur

Un autre argument que tu pourrais entendre consistera à balancer que ne sommes que des pisse-froids, jamais satisfaits, que nous ne savons pas ce que nous voulons. Que QSI est une chance. Que pour être compétitifs au plus haut niveau, il faut des propriétaires riches et prêts à investir ; que pour intéresser ce type de propriétaires, il faut un club bien propre qui puisse s’exporter à l’international, qui puisse être vendu worldwide, un stade bon enfant et sans fronde, qui puisse attirer le touriste et le consommateur aisé au détriment des franges les moins favorisées. Si tant est que cela soit vrai, vérifié en permanence. Que le succès sportif passe nécessairement par ces compromis… Alors dans ce cas, il ne peut être assené aux dissidents d’ignorer ce qu’ils veulent ou de tout vouloir : nous choisissons sans hésiter le milieu de tableau, l’approximation technique, la médiocrité footballistique, la crise de novembre, les taupes, la coupe de la ligue, nous optons pour le supportérisme populaire, nous préférons Aliou Cissé et la ferveur, nous préférons l’indépendance et la liberté.

Et pourtant, enfin débarrassée de son caïd de récrée suédois, cette équipe de football est belle. Cet uruguayen fou et passionné chevauchant aux quatre coins du terrain, ce Laurent Leroy des terres australes aurait davantage eu sa place dans notre stade. Il aurait mérité mieux que la versatilité ignorante et gâtée d’une partie de ceux qui aujourd’hui l’acclament.
Oui, cette équipe est belle…Mais ce club n’est pas le PSG, ce stade n’est plus le Parc des princes. Les noms demeurent mais ils sont vides et insignifiants. L’âme a été volée, le blason marketé, la mémoire méprisée… Et dire qu’aujourd’hui encore, ces destructeurs de culture et de liberté, ces cyniques économiques possèdent et dirigent tranquillement l’ex-institution qu’ils ont bafouée et dont ils ne seront jamais dignes…. Alors Léo, sois sympa et fais nous-rêver. Défonce-les.

Supporters parisiens dissidents – Paris SG (1970-2010)

Bad, Bad, Bad Gones

Rouge et Bleu, Villes lumières, un Parc en guise de stade, détestés de toute la France, ça en fait des points communs pour des gens qui ne s’aiment pas. Les lyonnais nous expliquent en 15 leçons, tout ce qui nous sépare.


Parce que le Parc c’est un peu comme un sex shop de banlieue , les mecs ils se cachent avant de rentrer , bandent mou à l’intérieur et ressortent discret fissa.

Parce que nous ne nous sommes jamais remis de ne plus être la capitale des Gaules.

Parce que même moi, je suis aussi vieux que votre club.

Parce qu’avoir comme proprio du stade Anne Hidalgo ça fait pas trembler les filets.

Parce que Jean-Michel, il pense qu’une Playstation fait tic-tac alors que Nasser, il doit jouer à la XBox.

Parce que les ultras du PSG sont des fachos alors que nous à Lyon, capitale européenne de l’extrême droite, non.

Parce que Maribor et le Real de Madrid.

Parce que ce sont finalement deux visions différentes du foot. Tradition (obligation ?) de formation à l’OL, embauche de stars pour Paris.

Parce que les filles au Parc c’est comme la Ligue des Champions, une fin de non recevoir.

Parce qu’avoir comme ennemi juré l’OM c’est comme avoir Le Pen / Melenchon au second tour.

Parce qu’il n’y pas de vrais parisiens au Parc, que des ex-mecs d’Auxerre, Dijon, Caen et pas mal de Stéphanois.

Parce qu’oublier qu’on a un centre de formation, c’est vraiment con.

Parce que Sergueï Semak.

Parce que Sakho Auteuil vs Sarko Boulogne.

Parce qu’il n’y a qu’une seule équipe qui peut porter du rouge et bleu : « This Town Ain’t Big Enough For The Both Of Us ».

Pas Si Grave

Un regard décalé sur l’actualité des hommes, du ballon rond par un amateur de foot qui n’aime pas le foot tant que ça !


Pour être honnête, on ne pensait pas de notre vivant, (pas plus que de connaitre Donald Trump président des Etats Désunis de l’Amérique profonde), trouver une trace de compassion chez José Mourinho, le Kanye West du football moderne, hormis dans ses autoportraits flagorneurs. Le voir ainsi rendre hommage à Claudio Ranieri lors d’une conférence de presse nous fit presque reprendre espoir en l’espèce humaine, dans un domaine, le foot professionnel, où chacun est devenu le joujou fragile et hors de prix de quelques industriels qui pensaient encore il y a 3 ans que Platini était une marque de pâtes italiennes.

Il suffisait juste de garder N’Golo Kanté

L’entraineur italien s’est donc fait virer récemment de Leicester par un homme d’affaires thaïlandais, Vichaï Srivaddhanaprabha, dont le patronyme, reçu en cadeau par le roi du pays des massages, est gage de prospérité et de réussite. Mais pas vraiment de clairvoyance. Virer le meilleur entraineur du pays, juste après un titre aussi phénoménal qu’inespéré, avec une équipe d’inconnus encore plus inconnus que ceux de l’AS Monaco, alors qu’il suffisait juste de garder N’Golo Kanté, voilà donc une drôle de façon de remercier quelqu’un pour le seul titre majeur du club. On espère désormais qu’il descende en D2, juste pour montrer au patron de King Power que le foot reste avant tout un juste équilibre humain plus que financier et que les bonnes surprises sont encore possibles, quand on a une équipe soudée et sans pression (l’Atletico en 2014, l’Islande en 2016, ce genre de bonheur trop rare…).

Dans ce monde sans foi ni loi, les prostituées thaïlandaises viennent, en sus, détendre les footballeurs professionnels le samedi soir, alors que les footeux du dimanche sont toujours obligés d’économiser leur RSA pour aller se déniaiser à Pattaya où les filles sont plus vulgaires mais moins regardantes sur le look et la syntaxe, avant de ramener des maillots fluos et des maladies phosphorescentes pour illuminer le quartier.

Ranieri fut d’ailleurs du renouveau de Monaco, remontant de Ligue 2, et qu’il propulsa 2ème du championnat 2014 avec 80 points, avant de s’en aller comme un Prince (cette blague est une obligation éditoriale), déjà déçu par un président milliardaire, pour entrainer l’équipe nationale grecque. C’est dire l’ampleur de sa détresse. Sur les cendres de son travail, Monaco enflamme aujourd’hui la scène européenne, flamboyant et claquant plus de buts que les Real, Barça ou Bayern, avec Valère Germain titulaire !

Paris is no longer Paris !

De quoi donner des regrets au PSG pour les millions claqués dans Krychowiak ou Jesé ! Mais Draxler arrivé au mercato d’hiver (cette hérésie sportive et commerciale où les plus courageux vont jouer en Inde ou à Dubaï pour mettre « leur famille à l’abri », à l’heure des frimas hivernaux où certains migrants cherchent à venir en Europe pour protéger la leur des guerres, de la famine ou des dictateurs à moustache), a mis, en bon allemand bien peigné, un peu d’ordre dans tout ça !

Après deux matchs impeccables face à Barcelone et Marseille, équipes de lions à l’allure d’éléphants d’Afrique (lourdes et sans défenses), le PSG a bien préparé son élimination annuelle en quart de finale de Ligue des Champions. Faire autant d’éclat pour au final se faire battre sur le fil par la Juve ou…Monaco (soyons taquins jusqu’au bout), c’est aussi frustrant que de voir arriver l’équipe de Moonlight après l’annonce de l’Oscar pour La La Land, le grand favori ! Mais les monaquois sont devant, arrivent en finale de la Coupe de la Ligue et sont toujours en course pour la Coupe de France…
Alors croisons les doigts pour éviter à Unaï le même sort qu’à Claudio, les banquiers ayant une patience encore plus limitée que leur compétence footballistique.

Mais si, comme le dit Donald, qui s’y connait en géopolitique, « Paris is no longer Paris », alors on peut enfin rêver à l’exploit. Et envisager un mois de mai un peu plus doux. Et s’il doit y avoir élimination du danger, c’est dans les urnes que cela se passera ! En attendant profitons des affaires en terrasse, et à côté du nouvel album des Enfoirés et de l’Eurovision qui approche, tout ça n’est vraiment Pas Si Grave.

Le debrief de Tudo

Tudo était au parc hier soir, comme pratiquement à chaque match, entouré de ses potes. Difficile de supporter sa voix qui porte, ses hurlements, ses cris, mais sa passion est contagieuse. Il tenait à nous raconter sa soirée,
sans doute l’une des plus belles de sa vie.


Je vous laisse à vos supputations. Je vous fais une supposition. Je dois être en train de rêver. Et dans mon rêve, tu sais il y a plein de gens qui me disent, vous allez vous faire étriller, laminer et que sais-je d’autre.

Même beaucoup de mes frères doutent un peu, un peu beaucoup. Moi, je reste cet éternel optimiste, je parie 2-0. Toute une journée d’attente, la boule au ventre. Un tour au bar pour une bière entre frères. Voilà le match qui commence enfin.

Dans cette tribune où transpire la passion, il n’est pas de chanson que je ne chante. Il n’est pas une seconde où le doute m’habite. Au fond des buts il est allé chercher le ballon, Ter Stegen, après cette merveille de coup franc de l’Ange revenu des profondeurs des ténèbres. Il n’y a pas plus belle manière de fêter son anniversaire ! Et encore plus belle par un doublé. Les ailes déployées pour prouver sa valeur, Angel était déjà l’homme de ce match, par sa débauche d’énergie, le peu de déchets dans son jeu, et la grinta propre aux sud-américains qui illuminait son visage.

Chanter, et ne pas s’arrêter

Mon pronostic était déjà effectif, quand Draaaxxllaaa, la fusée allemande a transpercé les filets catalans sur une passe millimétrée du nouveau maître du jeu. Mais le match n’était pas encore fini. Chanter, et ne pas s’arrêter. Tel était le crédo. Chanter pour Paris, le Paris SG.

Julian est une perle, et son arrivée fait beaucoup de bien à l’équipe, et surtout à Di María. Mais, je parlais du nouveau maître du jeu. La passation de pouvoir se fait en une action. Iniesta, le meilleur au monde à son poste, selon moi. Conduite de balle parfaite, enfin presque, parce que sur un tacle dont il a le secret, le petit hibou récupère délicatement la balle dans les pieds du maître jusqu’alors. Ç’en était fini du règne de Monsieur Andrés. Les pieds de l’enfant de Pescara sont faits d’or, pour faire des passes décisives, quand la balle il caresse.

Les larmes aux yeux

Paris pousse, Paris marche sur Barcelone. Nos joueurs sont des guerriers tout en solidarité, ils sont métamorphosés. Barcelone est pris à la gorge, le coup de grâce est proche… J’aime mon rêve, et je ne veux pas me réveiller quitte à ne pas aller au boulot. Le match se poursuit, et je vois un Rabiot a.k.a Louis XIV au sommet de son art. Je vois un Meunier qui n’a pas dormi, bien au contraire, mais quel match ! Et Mon Soldat le Plus Valeureux alors ? Capitaine du soir, Mon Capitaine. Le bateau Paris SG te sera à jamais reconnaissant. Tu montres l’exemple en tout.

Saluez Kévin et son arrêt alors qu’on mène juste d’un but. La révérence pour la jeunesse puissante de Kimpembe. Si le 3 novembre 2015, Rabiot s’est révélé au monde, le 14 février 2017, le monde a connu Presnel. Ce jour doit être béni, c’est aussi l’anniversaire du Matador, El Único Matador. Un tir, un but. Merci, au revoir.

Mon DIEU ! Je rêve ! Mon Paris Saint-Germain est en train de corriger le grand Barça quatre buts à zéro. La tribune gronde, je suis immobile sur ce quatrième but incroyable. Les larmes aux yeux. Je n’ai pas vécu 93 contre le Real, me disais-je, ni 95 contre ce même Barça, mais je suis en train de vivre 2017.

Mon DIEU, faites que ce rêve devienne réalité.
Allez Paris SG !

Photo (c) Christian Gavelle

Effrontément Alph

Alors que tu fonces enfin vers ton firmament, tu frimes un peu et te voilà au fond, la tête farcie d’idées faibles, d’idées fables, d’idées faites.

Te voilà défait, Alphonse, tu es une farce, la tête fourrée dans ton foin, affaibli, enfoncé, effaré, effacé au profit du francophone fumiste alémanique. Mais tu finiras bien par le fumer, fais moi confiance.

Car vois-tu, je t’ai bêtement abîmé en pensée, dans la débâcle, de ma tribune abattue, alors que tu bavais, bramais probablement, vraisemblablement brisé. Mais n’oublie pas que Borelli brouta bien lui-même ce glorieux gazon. Que ce fut pour d’autres raisons, n’est pas l’horizon que se fixe cette oraison en herbe. Borelli brouta pour l’amour du Parc. Borelli laboura l’herbe pour Jean-Marc.

Pilorget parlons-en, justement. Le plus capé, tu pourrais l’être, si pour nous tu captes, plaques, bloques, claques, des ballons, des beignets, si tu parades enfin pour le Parc, si tu prouves qu’Unai avait raison en début de saison, si tu persistes à chérir ton blason, si tu parviens à hisser ton blase au Panthéon Panamite.

Hier soir Aréola était en roue libre, minable larbin laissant l’horrible rôdeur de Préville le braquer. Laissé larmoyant, laminé, ligoté à ses limites, Aréola s’arrête là. Comme un énième raté surmonté d’une crête et surnommé la crotte. Aréola ne lèvera plus de Ola, l’oligarchie n’en veut plus, quel gâchis, même Olmeta s’en lamente. Est-ce là ce que tu veux ? T’arrêter là ?

Alors fonce Aréola. Que fronce ton front sous la sueur, que se forge ta force sur notre ferveur. Fais-toi plus fort car tu n’as le droit que d’honorer nos couleurs, fier, debout et rageur.
À jamais dans nos coeurs, la gloire d’être alors foncièrement parisien t’auréolera Alphonse.

Nonobstant Noé

Le billet dur de J.R.

Vous l’attendiez toutes et tous, il est de retour, avec son légendaire mauvais esprit, sa colère contenue, et son inébranlable foi. Le combat continue pour J.R.


“Cavani, il loupe trop. Et puis, s’il monte sur Bernardo Silva, y’a pas but”.

Voilà le genre de phrases bien connes que j’entends régulièrement depuis le départ du grand pantin suédois. Là, ça se passe dans un TGV qui m’emmène à Marseille. Lendemain de match nul face aux Monégasques. Je lis la presse quotidienne, encore agacé par cette égalisation atroce en toute fin de partie et ce jeune homme, par dessus mon épaule, qui multiplie les remarques désagréables à l’encontre de notre héros uruguayen.

Il regrette l’absence d’un vrai 9, évoque même Lacazette comme solution viable, préférable, bref il symbolise à lui seul cette nouvelle race de supporters parisiens, trop gâtés, trop bourgeois, pas assez fidèles, obsédés par le rendement, les statistiques, l’efficacité…

Des prières imbéciles, des trahisons prophétiques assumées

Cavani est évidemment notre nouveau Messie, notre tueur de surface, notre guide vers la lumière. Celui qui va bientôt effacer les records de Zlatan et donc, effacer pour toujours son passage au Parc des Princes. Le jeune homme insiste cependant: “Tu verras, contre Barcelone, il va foirer les deux-trois occasions et Paris passera encore à la trappe…” On en est là. Des paroles creuses, des mots de circonstance, des positionnements pathétiques, des prières imbéciles, des trahisons prophétiques assumées…

C’est ainsi, en 2017 et c’est absolument détestable. Cavani manquera peut-être l’impossible contre la bande au nain argentin. Peut-être. Il faudra alors l’aimer encore plus. Bien sûr. Je lui rappelle Madar, Pouget, tous nos attaquants dégueulasses, tous nos vendangeurs historiques. Il dit que ça n’a rien à voir, que Cavani est un frein, un moindre mal, une frustration, à peine une doublure. Je rétorque qu’il y a aussi la possibilité qu’Edinson crucifie le Barça à lui tout seul et nous envoie en quart et qu’alors, il aura l’air bien con avec ses certitudes de nouvel abonné… Il ricane, me traite presque d’aveuglé. Je ne réponds pas, j’ai appris, en trente ans de passion, à laisser parler les ânes et les résistants de la dernière heure. Les aigreurs passent, la foi, elle, se moque bien des tirs non cadrés, des dribbles poussifs, des pointards désespérés, elle est là, ancrée, solide, éternelle. Je me lève et me dirige vers le wagon restaurant, sans même me retourner. La journée va être longue. Évidence.

Triste époque. La leur, la vôtre,
pas la mienne

Les crétins ne sont pas les seuls à me mettre la haine. Il y a aussi toutes ces informations qui surgissent dans ma télévision et qui me confirment qu’ici, ce n’est plus vraiment Paris. Jaune. Jaune. Jaune. La couleur de notre futur maillot extérieur si j’ai bien compris. Nos Qataris rêvent tellement de remplacer le Barça qu’ils en sont à imiter leurs goûts vestimentaires douteux, voire ignobles. L’année prochaine donc, nous évoluerons en jaune en déplacement. Hérésie. Xavier, le grand chef de Virage, se moque de moi quand je lui avoue mon dégoût. Il me balance les photos des maillots ratés du PSG. Je ne les avais pas oubliés, non, mais jaune, putain !!! J’entends déjà les rires marseillais, les moqueries méritées. J’ai déjà mal aux yeux. Car je sens que ce jaune sera fluo, en tout cas voyant, de chantier, brûleur de rétines… Je devine que des milliers de couillons vont se précipiter pour l’acheter. Ils vénèrent déjà Hanouna, écoutent de la Trap alors, un nouveau maillot à gerber, ils vont valider sans attendre, aucun doute. Triste époque. La leur, la vôtre, pas la mienne.

Un supporteur se doit d’être au moins un peu conservateur. S’il ne veut pas tout perdre. Notre logo, amputé, déjà presque effacé, on s’attaque désormais aux couleurs. Et que diront les convaincus quand le Parc ne sera plus assez grand, quand on nous expliquera pourquoi le PSG mérite mieux, ailleurs?

Les légendes ne sont pas
des choses linéaires

Laissons les hommes tout détruire. Nous n’y pouvons rien. Contentons nous du retour de notre génie. Ben Arfa ne marque pas, plus, et Javier, en une passe, règle le problème en terre bretonne. Il est là, enfin, il est là et il va tout éclairer. Ou bien se blesser dès le prochain match. Les légendes ne sont pas des choses linéaires. Elles dessinent des chemins secrets, d’abord illisibles, qui, un jour, même lointain, prennent tout leur sens (au moment où j’écris ces lignes, un ami m’apprend que Javier ne sera pas du voyage à Dijon samedi. Mesure de précaution après une alerte musculaire. Dieu est facétieux…). Javier n’est pas parti en Chine, comme le souhaitait Nabil Djellit sur le plateau de L’Équipe Type. Il est resté, avec nous. Je redoute cet été. Je crains le pire. Je prie.

Contentons nous des promesses de Draxler. De ce sublime contrôle et de cette balle piquée sur Costil, sosie soldé de Giroux. Notre Teuton, lui, a beau ressembler à Thauvin, on a presque déjà envie de l’aimer.

Contentons nous enfin de cette image presque furtive de Ronnie dimanche soir, dégainant l’écharpe “Ici, c’est Paris” avant le coup d’envoi, de ce sourire qui excite les dentistes du monde entier et ravive des souvenirs indélébiles dans le coeur de ceux qui n’ont pas encore abdiqué. PSG4LIFE.

Unai Emerveille

J’entends partout marmonner qu’Unai ennuie.
J’entends partout demander qu’Emery s’en aille.


À ce que les ignares émérites s’unissent unanimement, rien d’étonnant.
Les journaux s’impatientent aussi vite qu’Hatem s’emballe puis s’empale. L’inarrêtable immobilisme benarfiste n’est pas ce qui nous occupe, mais une manière d’aborder ce qui fait qu’Unai m’émerveille.

Lorsque Hatem croit bon de s’amuser comme s’il était au Parc à thèmes, son entraîneur l’enterre.
Quoi que le Parc attende son nouveau totem depuis le départ du dernier tsar à grandes tatanes, ce totem n’est pas Hatem, ce totem c’est Emery (merci pour la liaison).
Unai ne veut pas de tsar. Unai ne veut pas de star. Unai s’attire la vindicte en tâtonnant, mais Unai ne cède jamais rien au virevoltant terrasseur de rein.

Emery déclare qu’Hatem est chèvrisant, Hatem clame qu’il vendra sa peau chèrement.
Unai ne ménage ni la chèvre ni le chou. Quand Laurent, chevrotant face aux plus grands émoluments, finissait toujours par faire chou blanc.

Le grand Blanc aux dents limées a fait du PSG un roi parmi les français, un bouffon parmi les vrais.
Le petit basque fera loi comme il l’a fait trois fois en Europa, comme le font toujours les rois dont rien n’entame la foi.
Le grand Blanc n’était qu’un maton intérimaire, le petit basque sera un patron autoritaire qui saura faire de l’éternel dauphin le plus cruel des requins européens.


Et, qui sait ? Le mérite en reviendra alors à Unai, peut-être crierai-je même à Hatem le méritant, un mardi ou un mercredi, que je l’aime, lui aussi.
Aimer Emery, c’est aimer Paris. Si vous avez tout de suite cru à Raí, vous devriez déjà croire à Unai.

Croyez-moi, Emery nous émerveillera.

Noé ânonnant