Portrait

El Flaco : un fanal dans le rétro

D’abord, tautologisons : tant qu’il n’est pas parti : il est encore là.
Creusons jusqu’au (soi-disant) saint-thomasisme : tant que je ne l’ai pas vu évoluer en grenat, il est encore là. Délestons-nous des ultimes sacs de sable qui nous empêchent, mongols fiers que nous sommes, de nous évader de la réalité :
tant qu’il n’a pas joué – et donc marqué – contre nous : il est encore là.


Le mec avec qui je réalise mes vidéos et lectures audio depuis plusieurs années s’appelle Pascal Pastore. Mais l’honnêteté me commande d’ajouter que c’est le chevalier Reijasse qui me l’a présenté.

Regarderai-je les matches de la Roma la saison prochaine ? Bien possible. Mon côté midinette.
Possible en revanche que je me prive d’un Roma-PSG à la télé.
(Au Parc, j’irai l’applaudir à son entrée.)

Pastore, c’était mieux que notre pasteur, c’était notre étoile du Berger. Il ne nous indiquait pas la direction à suivre mais d’où nous venions. El Flaco : un fanal dans le rétro.

Le Pasteur indique le chemin (c) Panoramic

C’est vrai, je l’aurais préféré la saison prochaine napolitain plutôt que romain. Ancelotti et Javier chez Lavezzi, Cavani et Maradona. Javier adoubé, protégé et célébré par la camora.
Ou alors sous les ordres d’un Bielsa.

Je vais pouvoir commencer à autopsier comme des reliques les matches que Cavani et Pastore ont disputé ensemble à Palerme. Y traquer les indices, les esquisses et les brouillons.

Si j’avais treize ans, serait-il mon joueur préféré ? Pas sûr. Javier, c’est un joueur pour les enfants déguisés en adultes, pas pour les futurs adultes que sont la majorité des enfants.

Le rideau se ferme sur l’artiste (c) Panoramic

Ah si Messi avait pesé pour le faire sélectionner… L’Argentine serait tout aussi éliminée, mais nous aurions eu trois desserts de plus à succuler dans la divine solitude de l’esthétisme sentimental.

Il a beau être arrivé dans les mallettes des Qataris, Javier Pastore a toujours incarné sous le maillot parisien le PSG d’avant, celui fragile et pluvieux des inconstants et glorieux anciens. A se demander si ce n’est pas le fantôme de Borelli qui en sous-main a tout réglé avec Palerme.

Les vrais chéris du public parisien – qui ne se trompe jamais. Un peu Verrati. Beaucoup Cavani – surtout si c’est contre Neymar le qatarien. Et Pastore à la folie. Pastore à Paris ! Pastore à Paris ! Pastore à Paris ! A part nous, qui pouvait offrir ça au monde réel libéral occidental : un public qui réclame qu’on garde un mec qui ne joue jamais, déçoit à peu près tout le temps et ne trouve pas sa place ? C’est notre honneur et ma fierté de supporter parisien. Pour ça que je nous aime.

Tout type qui a scandé une fois le nom de Javier Pastore est mon frère d’âme.

Amara Simba Likes This (c) Panoramic

Virage m’a demandé un onze type transhistorique qui m’a permis de les associer : Safet Susic et Javier Pastore. « Safet », prononcé avec l’accent d’el Flaco. « Javier », avec celui de Sarajevo.
C’est vrai que Diego a dit de lui qu’il était mal élevé ? Quel compliment.
Si j’étais un des entraîneurs que j’admire, ferais-je signer Javier Pastore ?

Tostao en veut à Ronaldinho de n’avoir pas gagné les trophées et certains matches clés qui lui auraient assuré une place de choix auprès du Roi. On ne peut même pas dire ça de Javier Pastore.

Rien non plus d’un auto-destructeur anarcho à la George Best.

Ce but éternel contre Chelsea… (c) Panoramic

Pastore n’est pas rebelle, il est beau.

N’imaginez surtout pas convaincre un dubitatif, un moqueur ou un franchement hostile. Pastore, c’est émotif, immédiat. Faut avoir quitté le rationnel, avoir vérifié que le ridicule tuait mais ressuscitait aussitôt le fervent qui n’a pas besoin de preuves puisqu’il croit. Nous croyons à l’existence de Javier Pastore et vouons un culte à ses passes aveugles, ses louches et ses petits ponts.

Des fois, je mate sur youtube son but contre Chelsea rien que pour réentendre le commentaire. Grisant comme la première minute d’une des versions live d’Eruption d’Eddie Van Halen – celle où il fait des ronds de fumée en bluesant beachboysement avant de se mettre à tappinguer et que je décroche.

J’ai beau chercher, je ne trouve pas un nom de joueur à qui le faire ressembler. Peut-être chez les Argentins jamais expatriés… La même « lenteur » que Riquelme ? Mais tellement plus de grâce, de sensibilité et de légèreté chez Pastore.

Comme toujours : l’essentiel n’est pas qu’il s’en aille, mais qu’un jour il soit arrivé.

Où il est question de grâce et de ballet (c) Panoramic

Javier « Indéfendable » Pastore. Même pas complètement artiste. Il n’en a ni l’ego, ni la détermination, ni les ambitions, ni surtout la cruauté. Un esthète. Un dandy. Un aphoriste qui ne se recueille pas. Pastore ne laisse pas de traces mais des souvenirs. Un agréable regret. Notre dernier fils à tous, nous les oldtimers, qui nous semble heureux tel qu’il est. Sans doute lui avons-nous rêvé des finales triomphales en club ou en sélection, parce que nous voulions être heureux grâce à lui aux yeux du monde, que celui-ci constate, admette et se soumette. En vieillissant on s’améliore et se satisfait de jouissances secrètes : l’incompréhension des non-esthètes et des adeptes de l’efficacité. Ceux qui veulent des titres, alors que nous savons qu’il ne reste en fait à la fin des fins que des instants. Les gosses se touchent encore un peu avec les scores et les ballons d’or, mais à part l’auteur, le journaliste et le chercheur, qui relit les bilans et les palmarès ?

Question de sondeur qui ne sera jamais posée : quel pourcentage de Pastoriens chez les adversaires de l’introduction de la vidéo dans l’arbitrage ?

Mille dollars que dans la vie Pastore dribble les incidents, les gêneurs et les obstacles avec la même grâce maladroite et déséquilibrée de l’un peu trop grand un peu trop maigre aux jambes caricaturalement arquées. Il y en a qui écrivent comme ils parlent, Pastore joue comme il vit. Ou le contraire.

Les Dieux du Stade (c) Panoramic

Le pire, c’est qu’il n’en fait jamais trop. Econome de son art il serait plutôt. Cherchant les trajectoires inédites, les angles inexplorées, il tente peu et réussit donc beaucoup, proportionnellement.

Pareil. On pourrait le supposer fils à sa maman capricieux. Mais c’est pas le genre à réunir la famille pour faire admirer son caca. Il a moins d’états d’âme que de regrets. D’où ce petit sourire triste qui rappelle effectivement Géraldine Maillet. Ibra le broyait, Neymar occupe sa bande de terrain. Même entre les deux, on ne lui a jamais laissé les clés du jeu. Bref, en 2007 ou 2008, nous l’aurions fait dieu.

Javier a un côté célinien aussi. Pas social ou politique. Stylistique, littéraire : Céline concédait ne pas pouvoir laisser la phase tranquille, Javier ne peut se résoudre au linéaire. Revoyez ses buts sous nos couleurs. A part les reprises consécutives à des centres ou passes empêchant par leur puissance le contrôle de trop… à chaque fois ou presque, d’un ultime déhanchement, d’une mini feinte de frappe il interdit à la balle d’aller tout droit, d’aller là où avec tous les autres elle va. Le une-deux académique se ferait, disons, du plat du pied, pour le un et pour le deux. Jamais vu Pastore ne pas glisser là-dedans un extérieur ou un talon. En changeant les courbes au gré de ses inspirations, il cachète et signe les actions.

Il y a un mec aux Cahiers du foot – il se reconnaîtra -, supporter de l’OM – y’en a des bien ? – et oeuvrant dans la communication, qui a décidé de se faire grand prêtre du « Pastorisme ». Entre newagisme inoffensif esthétisant et décroissance car la décroissance sera un business comme les autres. Je ne mésestime pas la dimension ironique que donne l’accent phocéen au concept. Mais ai eu du mal à résister au nom que ce garnement barbu s’est donné pour monter son église : « Monseigneur dit Flaco ».

Et puis, comme vous tous, je vais oublier de l’oublier.

A jamais parisien (c) Panoramic

Gregory Protche

Javier ou les promesses de l’aube…

Ah Javier… Quel joueur pouvait plus incarner le PSG ? Cette classe, cette technique, cette dégaine si particulière qui automatiquement vous fait comprendre que vous avez à faire à un artiste, que dis-je ! A un poète du ballon.


2011 Le PSG vient d’être racheté par QSI, les rêves les plus fous peuvent devenir réalité, le premier mercato est scruté de près par l’ensemble du football français, et le premier transfert à sensation sera celui de ce jeune argentin aux cheveux longs surnommé « el flaco » comme l’était en son temps Johan Cruyff en Espagne… Il n’y a pas de hasard.

Si on aime le football, on aime Pastore, si on aime le PSG et que l’on a connu les Dahleb, Rocheteau, Sušić, Ginola, Raí, Ronnie, on aime le beau, donc on aime Pastore, et on espère qu’il hissera sa légende parisienne aussi haut que celles de ses illustres prédécesseurs susnommés.

Ce moment de grâce au Parc face à Chelsea

Première titularisation face au TFC (comme Neymar 6 ans plus tard, il n’y a pas de hasard je vous dis) et début du festival. Deux passes décisives côté statistiques. S’en suivront 6 mois fantastiques avec en point d’orgue cette volée magnifique à la Mosson qui finira dans les filets du futur champion pour une victoire 0-3.

Les années suivantes ne tiendront pas toutes leurs promesses, à cause de blessures à répétitions, Javier alternera le génie et le pathétique parfois… Mais comment oublier ce but au Camp Nou qui aurait dû nous qualifier pour les demis en 2013 ? Que dire de ce moment de grâce au Parc face à Chelsea ? Ce slalom incroyable au milieu de la défense des blues pour un troisième but qui encore une fois aurait dû nous envoyer en demi…

Bien sûr impossible de détailler tous les moments de bonheur que nous avons vécus, tel le Phénix après chaque blessure, Javier renaît de ses cendres et revient pour nous montrer à quel point il est un joueur unique, comme lors de la mémorable fessée (1-5) au vélodrome ou pour son retour, il donnera une prestation de classe mondiale.

La ville lumière pour la ville éternelle

Sept ans après, et un palmarès long comme une file de touristes au pied de la Tour Eiffel un après-midi de juillet (5 titres de champion, 4 coupes de France, 5 coupes de la ligue, 4 trophées des champions), Javier a écrit son histoire d’amour avec le PSG, elle aurait pu être plus belle, mais on oubliera vite les blessures pour ne se rappeler que des moments jouissifs et intenses que nous avons vécus ensemble.

Si j’en crois les médias d’aujourd’hui, tu quittes la ville lumière pour la ville éternelle, sois heureux là-bas et continue d’être ce joueur si particulier qui n’aura laissé insensible aucun supporter du PSG. Nous ne t’oublierons jamais, et même sous un autre maillot ce sera toujours un plaisir de te voir jouer. Un seul mot me vient avant les larmes. MERCI.


J.J. Buteau

The Sound Of Silence

Je suis affalé dans mon canapé. Il est 23 heures et des poussières.
Voilà. Nous y sommes. J’y suis. Il part. Officiel.

C‘est écrit en toutes lettres sur cet écran de merde que je fixe comme un détraqué. Au même instant, certains supporters parisiens, en apprenant que Javier Pastore a embarqué pour le passé, vont se contenter de faire la soustraction imposée par le FDP de FPF. Et qu’ensuite, ils souriront, ils souffleront peut-être, satisfaits… « 60 – 20 millions, reste plus que 40 à trouver et on est bon » pensent-ils, ces petits trous du cul pragmatiques qui gèrent leur passion comme on fait tourner une supérette.

Javier n’est plus… Là. Javier ne me sourira plus, dans l’écran, après une passe éternelle. Javier ne saluera plus sa famille depuis la pelouse du Parc. Javier jouera sur Bein2. Avec un autre maillot. Il m’imposera de nouveaux rendez-vous télévisuels. La Roma. Elle lui ira bien, je le crois.

l’Histoire est une lessiveuse cannibale

Je sais qu’aujourd’hui, l’Histoire est une lessiveuse cannibale, tout efface tout. Rien ne reste, rien ne dure, rien n’existe. Suivant !
Javier Pastore est pourtant notre plus beau fantôme depuis bien longtemps. Sušić vient de lui faire une place sur le banc des immortels. Les nôtres d’immortels, depuis toujours: géniaux et décevants, beaux et mélancoliques, magiques et inutiles, seuls et au cœur même de notre flamme.

Le football va mourir un été hivernal de 2022. Le mundial se jouera dans un pays qui n’en a jamais été un, avec 48 équipes, autant dire l’Ecole des Fans. Et une assistance vidéo devenue évidemment omnipotente. Cette politique démoniaque égalitariste… Le football sera officiellement devenu cette chose prévisible et divertissante. Morale et rentable. Cet énième loisir qui ne comble plus rien.

Un camarade qui rejoint l’horizon

Le football va crever et Javier est parti.
Ce n’est ni injuste, ni incroyable.
C’est un camarade qui rejoint l’horizon . Un songe qu’un vent noir emporte.
Javier était l’empereur de nos paradoxes.
Javier était des miens.

« Boys don’t cry » chantait Robert Smith. Certes. Mais certains soirs, les hommes peuvent s’accorder une petite larme. En solitaire. Cette petite larme, rare, qui tarde à couler et qui semble brûler la joue. Cicatrice à la fois furtive et tatouée.
Javier.


Jérôme Reijasse

Unai Émérite

C’est un soir de finale d’Europa League, en mai 2016, que nous l’avons remarqué. Une époque, sans doute, où le public français considérait encore que cette compétition s’adressait aux ploucs. Séville FC contre Liverpool.
Consciencieusement, les chiens andalous avaient désossé l’équipe de Jürgen Klopp.
3-1, avec un but de Kévin Gameiro, un Coke énorme et même, oui,
un Grzegorz Krychowiak très bon. Sur le banc, ou plutôt à quelques mètres du banc en train de gesticuler, un homme, Unai Emery. Drôle de type en costard, cheveux gominés, air roublard, visage plein de tics et regard habité par une espèce de folie footballistique qu’on ne discernait pas derrière les lunettes Afflelou de Laurent Blanc.


En cette fin de saison 2015-2016, donc, Paris cherchait un vrai coach pour remplacer le placide Languedocien à la touillette. Les grands noms dont nous voulions, ou ne voulions pas, n’étaient probablement pas disponibles et ce fut Emery. Le choix semblait très bon, malin. Il laissait entrevoir la possibilité d’une construction, d’un jeu nouveau, d’une équipe à réaction. Quelqu’un qui, en tout cas, ferait mieux qu’un 3-5-2 improvisé et impotent face à Manchester City. Les débuts d’Unai Emery, d’ailleurs, furent très bons. Un 4-1 violentissime face à Lyon pour le Trophée des Champions. Ce PSG bronzé et modifié était porteur de folles promesses. On ne sait trop comment, mais, une fois le championnat commencé, tout le monde est pourtant tombé sur le Basque. Le recrutement un peu bricolé lui fut immédiatement reproché.

On a su depuis qu’Emery n’est pas intervenu sur ce mercato; qu’importe, tout était quand même de sa faute : Jesé cramé et davantage préoccupé par sa carrière de rappeur, le gras de Ben Arfa et, plus que tout, Krychowiak qui arrivait également de Séville (et qui a eu pour témoin de mariage Olivier Létang). La première saison d’Emery fut donc une saison d’adaptation. Adaptation à quoi ? A l’après Zlatan d’abord, qui, malgré ses défauts, avait quand même le mérite de motiver ses coéquipiers à la schlague. Sans doute aussi a-t-il fallu pour Unai Emery bousculer beaucoup de choses : le statut de pas mal de joueurs, les larmoiements auprès de Nasser et, bien sûr, le pépère 4-3-3 de possession, si cher à Verratti et son papa Thiago Motta. En coulisses, on apprendra un peu plus tard des bribes de ce qui s’est passé, l’impossibilité à faire sortir les sénateurs de leur ronronnement. Face à la presse, il y eut le merveilleux numéro des bouteilles d’eau. Rigolo, certes. Il n’empêche que sur le fond l’entraîneur avait raison : une vraie et saine concurrence était ce qu’il fallait à ce PSG.

L’humilité de l’Espagnol était magnifique

Partout, tout le monde a pourtant rapidement dit qu’Emery s’emmêlait les pinceaux. L’Equipe s’est lancé dans un hallucinant dézingage, les anciens joueurs devenus consultants affirmaient doctement qu’Emery faisait n’importe quoi. C’est comme ça et ce n’est pas très grave : Paris, sauf sous Laurent Blanc, a toujours été traité comme ça. Emery lui, par contre, a fait preuve d’une classe folle. Le mec arrive, rend hommage à son prédécesseur à la première conférence de presse et a, pendant la trêve estivale, appris à s’exprimer en français. Un français un peu hasardeux certes, avec un accent qui fait rire les beaufs. Peut-être fallait-il être immigré ou simplement un peu intelligent pour comprendre à quel point l’humilité de l’Espagnol était magnifique.

Magnifique, la première saison d’Emery ne le fut pas totalement. En championnat, pas mal de matches nuls, de tâtonnements et un Monaco au taquet empêchèrent la conquête du titre. En Champions League, il y eut, en poule, cette première période magique contre Arsenal, vraiment différente, offensive, rapide. La verticalidad tant attendue était enfin là. Celle qui, bien sûr, permit le premier acte magique de la tragédie barcelonaise. Le second continue de nous hanter et nous ne savons pas vraiment ce qui a déconné. Qui a eu les chocottes ? Qui a transmis sa peur ? Emery, en tout cas, a toujours dit aux joueurs d’aller de l’avant, de ne pas reculer. Dans ce drame, fait d’un millier de choses qui ont mal tourné et qui s’est joué à un poil de cul, il aurait, peut-être, pu faire une ou deux choses différemment, ce qui aurait changé le dénouement.

L’équipe s’est révélée incroyablement tueuse

Il a en revanche toujours eu l’élégance de ne jamais rejeter la faute publiquement sur ses joueurs. Le pire dans tout ça, c’est que la suite de la saison fut splendide. Une seule défaite en championnat et les deux coupes nationales remportées contre Monaco. La finale de la Coupe de la Ligue (4-1) fut une leçon, assénée méthodiquement par un PSG qu’on aurait pourtant pu imaginer en dépression. Celle de Coupe de France n’a même pas existé : Jardim avait mis sur le terrain une équipe de remplaçants, en vue de la Champions League certes, mais sans doute aussi un peu par frousse.

La deuxième saison, celle qui se termine, fut encore autre chose. Emery a été tranquille sur un point : on n’a parlé que de Neymar et de Mbappé. Pour ce qui est des affaires courantes — les matches de championnat à gagner, les poules de Champions League — le tacticien a fait, en toute discrétion, une saison phénoménale. Sous son règne, l’équipe s’est révélée incroyablement tueuse, sauf quand Neymar décidait de faire le kéké. Pourtant, il y avait quelque chose de bizarre là-dedans : comment imaginer qu’Emery puisse mener comme il le souhaite une équipe dans laquelle deux joueurs ont officiellement le droit de ne pas se replier défensivement ?

Sans caffeter, sans broncher

En février, la double fessée assénée aux Marseillais, en championnat puis en coupe, fut un régal. Les torgnoles contre Monaco également. Mais, dès la fin de la double confrontation contre le Real, tout le monde a pourtant su qu’Unai Emery n’allait pas être l’entraîneur du PSG la saison prochaine. Nouvel échec, aigre-doux en apparence mais bien plus profond que celui de l’année précédente, car tout semblait déconner dans le club : le président, les joueurs en roue libre. Et pendant ce temps qui assurait le service après-vente en conférence de presse ? Sans caffeter, sans broncher : Unai et personne d’autre. Dans ces deux années de cirque médiatique, le vrai Emery est apparu à de rares occasions : dans le livre de Romain Molina, El Maestro ; dans les interviews de So Foot ou celle, récente, de l’émission Transversales, toutes menées en espagnol. On y découvrait un type passionné, fin, intelligent qui, dans sa langue natale, parvenait à transmettre une flamme tout à fait différente

Le règne d’Unai Emery s’achève et tout le problème, justement, est qu’il n’aura pas pu être un vrai règne. Nous verrons comment les mêmes acteurs se comporteront avec Thomas Tuchel — qui a l’air de posséder d’ailleurs plein de qualités : obsessionnel, hypertacticien, intello, un peu marteau. Nous verrons comment l’entraîneur allemand réagira quand on lui demandera pourquoi Neymar part douze jours chez le dentiste au Brésil, pourquoi le penaltygate ou pourquoi Rabiot-veut-pas-jouer-6. En attendant, nous n’oublierons pas les deux années passées avec cet Hondarribitarra dont nous aimions ne pas comprendre certains choix tactiques (par exemple cette manie de faire rentrer un latéral en laissant sur le terrain le latéral qui était censé sortir — rien qu’en l’écrivant on s’y perd). Ce tacticien qui ne jurait, paraît-il, que par les livres de développement personnel mais dont nous lisions sur les lèvres ces “hijo de puta” hargneux durant les matches.

Edinson Cavani à sa vraie place

Mine de rien, sous Unai Emery, pas mal de joueurs seront devenus meilleurs : Kimpembe, Draxler, Lo Celso, Marquinhos, Nkunku, Meunier et même, malgré leurs jérémiades et ingratitudes, Thiago Silva, Di Maria ou Rabiot. Le triomphe d’Unai, c’est aussi d’avoir enfin remis Edinson Cavani à sa vraie place d’avant-centre, qui avec une modestie similaire a mis des douzaines de buts. Le regret, c’est qu’il n’ait pas pu assouvir notre fantasme : faire de Javier Pastore le vrai patron de l’équipe. Oui, mais Javier est blessé 360 jours par an, et malgré tout notre amour pour lui, El Flaco aussi chouine pas mal.

Quoi qu’il en soit, quand il entraînera la Real Sociedad ou on ne sait qui, quand il remportera, peut-être, une quatrième Europa League ou quand son équipe jouera, tout simplement, un football en mouvement et porté vers l’avant, nous lèverons notre verre a cet homme d’honneur : Unai Emery.


Basile Farkas

Un an au club !
Éverton et Souza | 2008-2009

Ils ne sont restés qu’un an, et ils ont marqué le club.
D’autres sont restés plus longtemps et on les a oubliés.
Par leur immense talent ou par leur médiocrité abyssale ils ont créé l’identité du PSG.

Un an se fut très court avec Šurjak, Weah, Leonardo, Dhorasoo, Kees Kist, Djorkaeff ou Sorin. Mais ça peut être aussi très long avec Edmilson, Geraldo, Goma, Dalmat,
Da Fonséca, Digard, Hellebuyck, Landrin, Ardiles ou Ouédec.

Pour d’autres comme Marcelo Gallardo ou Martin Cardetti on ne sait pas.
Qu’ils aient fait rêver, pleurer ou rire, ils ressemblent tous au PSG.

Éverton Santos | 2007-2008, n°19
Willamis Souza | 2007-2008, n°10


L’arrivée d’un joueur brésilien à Paris est toujours observé avec un certain intérêt, mais l’arrivée de deux brésiliens inconnus en même temps dans un club comme le PSG peut paraitre plus que suspect. Et nous n’avons pas été déçu.
Avec Éverton et Souza, le PSG se paie un duo à six millions d’euros.
Ramon et Pédro, Brock et Schnock, on aurait pu leurs trouver d’innombrables surnoms de duos, mais Everton se chargea lui-même d’inspirer ses coéquipiers qui le surnomme Jean-Claude Robigneau car il se comparait à Robinho.
Pour nous ils resteront à jamais associés au point même que pour beaucoup ils ne sont qu’une seule et même personne sous le nom d’Éverton Souza.

Si un transfert doit symboliser les années galères du club de la capitale, c’est bien le recrutement de ces joueurs brésiliens de seconde zone. Un recrutement qui fut réalisé bien-sur durant les dernières heures du mercato d’hiver en janvier 2008. Vous me direz qu’il ne pouvait pas en être autrement.

Danse avec les Stars

La saison 2007-2008 est sûrement une des pires de l’histoire du PSG, oui vraiment une sale saison, mais une saison à suspense. Comme beaucoup, je pense que le jour où ce club descendra en D2 il ne reviendra plus et n’existera plus. Cette saison là, on y est passé très très près.
En cet hiver 2007-2008 on s’ennuie ferme au Parc. D’ailleurs on s’ennuie sur tous les terrains de France.
On est presque au bout de l’hégémonie lyonnaise avec 6 titres d’affilé, on n’en peut plus. L’OM ne gagne plus rien, et le PSG se traine entre le maintien et la League Europa.
Depuis plusieurs années le club est au top de ses problèmes structurels, qui débordent inévitablement sur le terrain. Cette saison marque aussi la cassure définitive entre les supporters et la direction du PSG, qui se terminera par la mise en place du plan Leproux.

C’est vraiment pas la fête au club, avec un coach, Paul Le Guen arrivé en grande pompe et plein d’espoir mais qui n’assure pas, et une cellule de recrutement qui fait n’importe quoi. Sans oublier la spécialité parisienne, le changement de président en cours de saison.

Pourtant l’équipe type de cette saison se compose de quelques noms comme Mickaël Landreau, Bernard Mendy, Mario Yepes, Jérôme Rothen, Peguy Luyindula, et Pauleta qui doivent normalement amener le club dans les cinq premiers du championnat et une qualification européenne.

2008 a eu le numéro 10 qu’elle mérite.

Le très bizarre mercato d’été nous alertait déjà, pour la suite de la saison. Les arrivées de Didier Digard, Zoumana Camara, Marcos Ceará. Le retour de près de Fabrice Pancrate et la signature du premier contrat pro de Mamadou Sakho. À signaler l’arrivée d’Apoula Edel, les connaisseurs apprécieront.

En janvier 2008, Paris est 13ème du championnat après 23 journées avec seulement trois petits points d’avance sur Auxerre, premier relégable. Nous sommes au mercato d’hiver et avant le dernier jour le PSG ne recrute personne à part Guillaume Hoarau qui sera tout de suite prêté au Havre jusqu’à la fin de la saison pour on ne sait quelle raison.
C’est alors que la nouvelle tombe, deux brésiliens arrivent à Paris ! Ils ne viennent pas de n’importe où en plus, SC Corinthians et São Paulo FC, deux clubs Paulista mythiques avec une histoire et un palmarès à faire pâlir une jeune équipe comme le PSG. Everton signe pour quatre ans et demi, Souza pour trois ans et demi et hérite du numéro 10. Oui n°10 au PSG, c’est pas une blague ! Pas étonnant que Zlatan se soit moqué du passé du club.
Avec ces deux joueurs Paris cherchait surement à compenser les départs de Marcelo Gallardo et Pierre-Alain Frau, mais cette opération fit perdre au club énormément en crédibilité.

Le reste de la saison, Paris continue à vivoter dans le ventre mou du championnat, avec une descente en enfer qui s’annonce. Le PSG sauve sa place en L1 lors de la dernière journée en l’emportant à Sochaux 1-2 grâce à deux buts d’Amara Diané, et ne termine qu’à une piètre 16ème place à seulement deux longueurs du RC Lens premier relégable.

Les brésiliens et cette obsession du derrière

Heureusement que le PSG est une équipe de coupes, ce qui permet aux fans de se faire plaisir de temps en temps en coupe de France ou de la League. Paris atteint la finale de la coupe de France, et remporte la coupe de la Ligue, ce qui le qualifie pour la coupe UEFA.

Revenons à notre duo, je pense qu’il faut être allemand pour être sur de s’adapter à un club quand on est transféré au mercato d’hiver, malheureusement notre ami Éverton Souza est brésilien. Qui est-il ? D’ou vient-il ?

C’est Valdo qui sert d’intermédiaire au recrutement, pour lui Souza est une valeur sûre du championnat brésilien. Et c’est Alain Roche qui valide. Les deux Brésiliens ne sont pas les premiers choix, et ne valent pas leur tarif final, mais l’insistance du PSG dans les dernières heures du mercato fait grimper les prix.
Roche le dira plus tard : « On savait qu’on prenait des joueurs moyens. C’était dans la panique totale que la décision a été prise. Je pense que tout le monde la regrette ».

Dès le début nos deux lascars n’ont pas convaincu. Non désiré par le coach qui voulait un milieu droit, et même si Souza débute en tant que titulaire en février, Le Guen l’envoie rapidement chauffer le banc, et Santos en formation avec la réserve en CFA, sans avoir véritablement foulé la pelouse du Parc.

Ca(i)sse Noisette

Everton, 21 ans, n’a jamais fait d’étincelle aux SC Corinthians. Il n’est pas au top quand il arrive à Paris car il finit la saison d’été sur une blessure. Pourtant lors de sa première interview sur le site du PSG il se fait remarquer : « Je sais que les supporters sont très chauds ici, mais je suis préparé mentalement. Je viens de Corinthians, le deuxième plus gros club du Brésil avec 17 ou 18 millions de supporters dans le pays. Avec un public très chaud également ». Il poursuit avec cette fameuse comparaison : « Je suis un joueur rapide et technique. Sans avoir la prétention de me comparer à lui, mon style de jeu correspond à celui de Robinho, dans mon caractère, ma position et ma manière de jouer. Je bouge beaucoup côté droit, côté gauche. Je pense que mes qualités vont me permettre de m’adapter au championnat français qui est physique et laisse peu d’espace »
Motivé et prêt à affronter l’hiver parisien et les défenses françaises, il ne connaitra que la CFA.

Après son départ, Everton affirme haut et fort et il n’a pas vraiment tort, qu’il n’est pas le seul responsable de son échec parisien. D’après une interview réalisée par Foot Mercato, le brésilien pense que « C’est à cause de la situation du club, très critique à ce moment-là. On attendait de moi un rendement immédiat et je n’ai même pas eu le temps de m’adapter à la culture locale, à l’équipe ».

Quand à Souza, 28 ans, il déclare : « A Sao Paulo les latéraux aiment jouer vers l’avant et j’ai l’habitude de combiner avec le latéral. Cela correspond au profil de Cearà, donc nous devrions bien nous entendre. J’ai vu un match du PSG récemment. J’évolue sur le côté droit un peu comme Rothen sur le côté gauche ».
Dans la même interview, qui aurait dû nous alerter : « Alex et Aloisio, avec qui j’ai évolué à Sao Paulo, m’ont parlé de Paris et du championnat de France ».  Il y a mieux comme parrainage.

Le Rivaldo du pauvre

Le soucis est qu’après cinq saisons aux São Paulo FC, club de Raí, il a juste laissé l’image d’un joueur de devoir.
Pourtant, Souza a un CV qui parle pour lui. Vainqueur de la Copa Libertadores et de la Coupe du monde des clubs en 2005 et deux fois champion du Brésil avec São Paulo.
Dans l’absolu Williamis Souza n’était pas si mauvais que ça, avec une bonne condition physique et plutôt bon techniquement, il était même comparé à Rivaldo au début de sa carrière. il est arrivé au club au mauvais moment, sans temps d’adaptation, ce dont tous les joueurs brésiliens ont besoin en arrivant en Europe. Malgré quelques matchs avec l’équipe première, et une ou deux passes décisives il ne marqua aucun but avec le PSG.
Je pense que c’est un joueur qui aurait très bien pu réussir ailleurs en L1 à l’époque, dans une atmosphère plus pacifiée.

Même leurs vies privées n’a laissé aucun souvenir aux bars et boites de nuits parisiennes.
On aurait pu croire qu’en rejoignant leur compatriote Ceará dont ils étaient assez proche au PSG, on les aurait vu trainer dans les offices évangéliques, même pas. Vraiment curieux ces deux-la, en général un joueur brésilien à Paris est un joyeux fêtard ou un cul béni.

Jean-Claude Robigneau

Que sont-ils devenu ?
Prêté en fin de saison puis transféré définitivement à Fluminense, Everton joue encore en 2018 au Santa Cruz FC (Brésil). Entre temps il évolua au Japon, puis dans douze clubs différents dont quatre années dans la championnat coréen de 2011 à 2015 où il y deviendra un joueur majeur.

Souza quant à lui continua une carrière plutôt honnête dans de très bons clubs brésiliens comme le Grêmio de porto Alegre, Fluminense FC, Cruzeiro de Belo Horizonte et comme un pied de nez à Ceará le club de Fortaleza. Pur joueur du Campeonato Brasileiro, sans faire de bruit il réussit à être titulaire partout où il est passé, sauf à Paris.

Éverton et Souza ont très peu joué, mais ils ont réussi à marquer l’imaginaire collectif du club et donner du grain à moudre à tous ceux qui détestent le PSG.
À leur décharge, ils arrivent à Paris dans un climat météorologique et politique qu’il leur était impossible d’appréhender, et surtout ils n’ont jamais eu le temps ni l’occasion de montrer leurs qualités. Pris en grippe par les supporters et n’ayant aucun soutien de la direction du club, du staff technique et de leurs coéquipiers.
Tous les vrais supporters du PSG se rappellent de cette doublette, pour eux ils resteront à jamais liés comme un seul homme. Ce n’était pas le premier échec de la filière brésilienne de Paris, mais pour beaucoup le pire coup de l’histoire du club et le symbole du PSG de l’ère Colony Capital.

Éverton
Sélections – Buts : 0 – 0
Arrive de : SC Corinthians
Part pour : Fluminense FC
Achat : 2 M€
Matchs avec le PSG – Buts : 1 – 0
Revente : 0 M€
Palmarès avec le PSG : Coupe de la Ligue et Finaliste de la Coupe de France

Souza
Sélections – Buts : 0 – 0
Arrive de : São Paulo FC
Part pour : Grêmio
Achat : 4 M€
Matchs avec le PSG – Buts : 17 – 0
Revente : 2 M€
Palmarès avec le PSG : Coupe de la Ligue et Finaliste de la Coupe de France

Illustration signée Dashi


Jean Cécé

Diarra ohohoho, Diarra oh oho ho

Il n’est jamais trop tard pour bien faire…
31 janvier, dernières heures du mercato d’hiver, durant lesquelles se font les transferts les plus improbables, voire les meilleures affaires.


Je m’étais mis en tête d’écrire un bon de sortie dans le carnet de correspondance de Lucas Moura, ses 228 matches en 5 saisons pour le PSG, rappeler les quelques fois où il aura fait vibrer le supporter parisien, son « air dribble » sur Alessandrini ou ses 80 mètres ballon au pied des soirs de Classiqueau par exemple, mais globalement il aura surtout personnifié la frustration de ces nouveaux riches que nous sommes devenus
face à un tel potentiel si peu mis en pratique durant toutes ces années.

A la place, l’arrivée de LASSANA DIARRA, valeur sûre des transferts de mi-saison depuis 10 ans,
est porteuse de nombreux espoirs, et ce billet lui est donc consacré.

En effet, tu peux quitter Paris un jour, mais Paris ne te quitte pas, et c’est par un juste retour des choses que Lass, mon ptit gars du XXème, le gamin de la rue Julien-Lacroix, a enfin joué mardi dernier un bout de fin de match avec le maillot de son club local sur le dos. Rudy Haddad, son contemporain des années bellevilloises, doit se dire qu’il y a de la place pour un petit come-back au Parc….

Lassana Diarra, c’est 250 matches en dix saisons, étirées de l’Angleterre à l’Espagne en passant par le fin fond de la Russie et le Pôle Emploi, avant de jouer plus récemment une cinquantaine de parties supplémentaires en pour un premier club de Ligue 1 dont le nom m’échappe, et une pige on ne peut plus figurative de quelques matches au milieu du désert moyen-oriental. Mis autrement, c’est la conséquente expérience internationale mais néanmoins préservée d’un joueur de 32 ans qui a autant joué depuis ses débuts qu’un… Lucas Moura par exemple.

Claude Diarra

A noter toutefois que le globe-trotter Lassana, dont la moitié de la production journalistique qui lui est consacrée traite généralement de ses prétentions salariales ou de ses problèmes contractuels subséquents, quand ce ne sont pas ses pépins physiques juste avant une compétition avec l’équipe de France, a porté quelques maillots de grosses équipes, Chelsea, Arsenal ou ces fdp du Real Madrid pour ne pas les nommer. Il est surtout à créditer de quelques matches/morceaux de saisons de très haut niveau dans sa carrière, et il avait marqué les esprits à ses débuts en championnat de France il y a trois ans.

Un profil de jeu très similaire à celui de Claude Makelele, pour ne pas dire un profil tout court, même taille, même poste, même coupe de cheveux, eux qui se seront côtoyés ou succédés à Londres, Madrid, M*rseill*, et désormais à Paname. En définitive, seule Noémie Lenoir pourrait les différencier…

Lass tente le pari osé de l’exil

Latéral droit éphémère sous Mourinho à Chelsea, ce qui tendrait à mettre en évidence dès cette époque que c’était une buse et qu’il fallait bien boucher un trou sur le terrain, ou au contraire, que Lass démontrait déjà des qualités d’adaptation intéressantes, en plus d’une bonne vision du jeu. Tu me diras, ce trouduc de José l’a bien retentée par la suite avec Eto’o à l’Inter. Hey mais ces deux-là ont joué ensemble pour un gros paquet de billets à l’Anji Machaklalalatoïchtoï, putain c’est encore un coup de la kabbale des Illuminatis tout ça. Passons.

Un petit détour par Arsenal (j’avais espéré très fort qu’il y fasse un peu carrière à l’époque) et Portsmouth plus tard, Lassana Diarra arrive au Real Madrid en 2009 pour pallier à la blessure de … Diarra Mahamadou, l’ex-Lyonnais. 130 matches plus tard, un Diarra en ayant remplacé un autre, et sans doute parce que l’abus de Mourinho est dangereux pour la santé, Lass tente le pari osé de l’exil en Féderation Poutinienne.

Lassana Makelele

Deux clubs russes foireux et un an de chômage technique après ça, le monde du foot se demandait légitimement ce qu’il allait rester dans les chaussettes de ce joueur à son arrivée à la Commanderie en juillet 2015. Débuter en Ligue 1 à Marseille, bien des joueurs ne s’en sont pas relevés… Lassana Diarra a fait rapidement taire les détracteurs en empilant les prestations de qualité ++, et en particulier contre Paris, j’ai d’ailleurs le souvenir d’avoir parfois retenu ma respiration quand il montait presser/asphyxier le milieu de terrain adverse. Demandez à Marco Verratti ce qu’il en avait pensé à l’époque, ou à Didier Deschamps, qui en aurait bien fait un titulaire au dernier Euro… On passe l’épisode Al-Jazira qui n’aura duré que 5 matches, et nous voici en janvier 2018.

Un Lass’ de guerre, que le supporter que je suis est impatient, quitte à devoir m’assoir sur ma stricte politique anti transfuges marseillais, de revoir aujourd’hui au même niveau qu’à cette époque récente.

Tête dure, mais bon pied

En effet, le Paris Saint-Germain, dans sa quête de la Coupe aux grandes oreilles, et sa reconquête du titre en Ligue 1, a mis la main avec roublardise, et non sans une once de prise de risque, sur un sacré bonhomme. Tête dure, mais bon pied, et surtout très bon œil, son recrutement est une vraie valeur ajoutée au milieu de terrain rouge et bleu, vue la fragilité rédhibitoire de Thiago Motta, et le déficit de couillardise dans les grands matches de certains des dépositaires supposés de l’autorité au sein de cette équipe. Sans doute un bien meilleur garde du corps sur le pré que négociateur auprès de ses employeurs, son talent aura toutefois compensé des choix parfois douteux de carrière, et lui permet aujourd’hui de revêtir enfin le maillot de la capitale. En tous cas, nombre de ses désormais collègues l’auraient volontiers récupéré dès la fin de sa première saison phocéenne (Marquinhos, Motta, etc).

« Ah ouais donc on joue bien en jaune… »

Si son nouveau club a beau jouer dans des couleurs que même un non-voyant réprouverait, et que l’ambiance au stade a copieusement changé depuis les années où il jouait sur les hauteurs de notre colline parisienne, les attentes sportives également, et son arrivée répond à un besoin de remettre la gagne au centre du jeu.

On ne parle plus ici de Joga Bonito, de score fleuve ou de coup franc dans la lulu contre un promu, mais bien de Winning Dirty si besoin est. Face à des numéros comme Casemiro, Kroos prochainement, ou même des Gustavo, Seri ou Tielemans en championnat, l’heure est à l’impact, au harcèlement, à montrer qui est le papa. Comme lançait Sheryo dans un freestyle mémorable dans lequel il fit d’AKH sa chose, « Ici on fait pas d’ciné, tu testes, crois-moi tu gagnes trois mois d’rééducation chez le kiné ».

Ça veille au grain derrière

Quel beau complément il va pouvoir faire avec Rabiot, Verratti ou Lo Celso… Les laisser bosser leurs arabesques tout en sachant que ça veille au grain derrière. Se caler une mi-temps chacun à pleine balle avec papi Motta, et rendre dingues les joueurs d’en face. Et au pire, il pourra toujours nous servir de guide touristique à Santiago Bernabeu ou Stamford Bridge… Plus sérieusement, qu’il commence par se refaire les dents et une caisse pendant des rencontres de face B ces prochaines semaines, avant je l’espère qu’il soit un casse-tête pour Emery au moment de composer son onze de départ pour les plus gros matches.

Rentré d’un exil lointain et incertain, il pourrait nous dire comme son homonyme Sidy Lamine Diarra que « le printemps écourte le murmure ». Bref, que la Champions League ça reprend vraiment bientôt, et qu’il n’est pas revenu à Paris pour beurrer les sandwiches…

« J’te jure Flo, je vais signer au PSG »

« Les titis n’ont pas le temps de leur ville, les passants viennent de loin
Nous, dès qu’on veut profiter d’elle un peu la vie se complique
Courir sans la forme olympique, vous trace le regard oblique
À force de pression constante, la tension va s’estomper (*) »

Après tout, Lassana a porté le n°10 au Real et à l’OM, et ça même Zizou ne l’a pas fait, c’est dire. Il ne le portera vraisemblablement jamais au PSG, mais en même temps, a-t-il déjà eu de tels clients ?

Alors est-ce que je suis plus content qu’il soit enfin parisien après sa carrière mouvementée parce qu’il est né ici ? Parce que ça fout le seum aux supporters marseillais qui avaient enfin un bon joueur à se mettre sous la dent il y a deux ans ? Ou tout simplement parce que Lass’ des As au max, il vaut mieux l’avoir dans son équipe qu’en face ?

Trop tôt pour le dire, même si Paris a à l’évidence scoré le meilleur joueur gratos depuis longtemps, avec un CV certes atypique, mais qui rendrait envieux plus d’un pro. Encore un peu et ils se hisseront peut-être au niveau de la Juve en termes de recyclage/valorisation de joueurs majeurs sur le retour.

Entre ici Lassana Diarra au Panthéon du football français, et fais ce que tu sais faire de mieux, mais en mieux encore. Merci d’avance, bisous.

(*) encore un Diarra ! (Oxmo Puccino, Pam-Pa-Nam)


Jérome Popineau

Oh! Mi Matador

Goooool, Gol, Gol, Gol, Gol, Gol, Gol, Gol, Gooooooooool del Matador,
el nùmero nueve, Edinson, CAVANI, Edinson, CAVANI, Edinssssoonnnn, CAVANIIIIIIII !!!
La 157ème réalisation du buteur uruguayen sous le maillot parisien
le fait entrer DANS NOTRE LÉGENDE.


Meilleur buteur de l’histoire du Paris Saint-Germain Football Club, devant son ancien coéquipier, un certain Zlatan Ibrahimović. Il n’aura de cesse dans les mois à venir de prolonger son record le plus haut possible. S’il reste encore une saison de plus, gageons qu’il dépassera la barre des 200. Un sommet sur lequel il ne sera pas rejoint de sitôt. Le trône de notre olympe méritait bien cet hommage. Vamos !


Nous l’attendions avec impatience. Il est arrivé, enfin. Impérial depuis le début de la saison avec des doublés en veux-tu en voilà et mettant huit fois le ballon au fond du filet juste sur novembre pour se rapprocher du record, cette perspective imminente aura eu raison de l’efficacité de notre buteur. Deux petites finitions en décembre, un retour de vacances tardif, un seul but sur les six premiers matchs de janvier lui permettant d’égaliser le géant suédois, une histoire de tir au but à la mayo avariée déclenchant des sifflets impardonnables et un nouveau penalty-gate médiatique, un PSG – Guingamp en Coupe de France idéal pour atteindre cette 157ème réalisation mais une fébrilité désespérante malgré d’innombrables occasions… et nous voici arrivés à ce Paris St-Germain – Montpellier, le 27 janvier 2018, à la onzième minute, un décalage du génial Neymar Jr pour le Titi Adrien Rabiot qui, sur un plateau doré, offre à son avant-centre une finition millimétrée, une reprise du gauche à bout portant, simple, efficace. L’image est belle. Les symboles sont évidents.

Pedro Miguel reloaded.

L’Edi de Paris est une ode à la tolérance. Il ne fait pas toujours l’unanimité, mais il déclare ne pas s’en soucier. Je suis le premier à plaider coupable, me complaisant sans cesse à ironiser sur sa maladresse offensive et ses gestes ratés. Lui qui est devenu notre meilleur buteur nous crispe régulièrement par ses approximations sur le rectangle vert et notamment dans la zone de vérité. La raillerie apparaît aujourd’hui déplacée. Le supporter est ingrat, c’est bien connu. Je lui demande pardon. Je ne suis pas le seul à être parfois irrité par ses imperfections. Le supporter gâté en veut toujours plus. Il réclame le joueur parfait, alors qu’il a déjà le joueur unique. Dans nos travées du Parc des Princes, il a ses admirateurs, et donc aussi ses détracteurs. Aujourd’hui, face à l’évidence des statistiques, nous sommes de plus en plus nombreux à nous incliner. Le supporter est versatile. Cavani ne laisse pas indifférent. Le joueur est souvent facile à critiquer. L’homme n’est pas toujours évident à cerner. Son engagement sur le terrain égale sa discrétion en dehors. La réalité paraît bien plus probante. Qu’importe son image. Il incarne la simplicité. On le dit proche de la nature, peu sujet aux mondanités et à la vie citadine. On le prétend discret et isolé dans le vestiaire, loin des guerres de clans. Le gang d’Edi, c’est Cavani.

El Matador est un rôdeur qui attend sa proie

Accélération, tenue de route, confort, robustesse. Cavanissan.

L’actuel second meilleur buteur de l’histoire de La Celeste, derrière le mordant Luis Suraez, n’est pas calculateur. Il fonce et n’a cure des artifices. Son jeu en est l’illustration parfaite. A une touche, sinon on peut frôler la catastrophe. Sa technique n’est pas flamboyante, ses contrôles sont approximatifs, ses conduites de balle sont incertaines, ses dribbles sont prévisibles. Ses buts, il les marque à l’instinct, spontanément, sans contrôler. Il est direct et efficace. S’il temporise, il semble perdu. Renard des surfaces, il marque très souvent à bout portant. Son record en est l’exacte démonstration. El Matador est un rôdeur qui attend sa proie et l’exécute sans état d’âme. Du droit, du gauche, de la tête. Quelques penaltys, quand on lui laisse la possibilité de les tirer. Le portrait ainsi dressé n’est pas que flatteur. Edi n’est pas lisse. Il ne peut que diviser. Des moqueries et des éloges. La réalité comporte aussi sa part de réalisations admirables.

Ses buts ne sont pas qu’opportunisme

Heureux qui comme Edi.

Son premier but en rouge et bleu lors de sa première apparition au Parc des Princes, un Paris SG – AC Ajaccio aoûtien, est la preuve d’une incontestable technicité !! A y regarder de plus près, ses buts ne sont pas qu’opportunisme et pointus passagers. Le tueur impulsif est parfois capable de fulgurance artistique, presque poétique. Sur une belle passe d’Hervin Ongenda, oui les temps ont bien changé, il enchaina un contrôle du pied gauche avec un crochet du droit éliminant son défenseur et une frappe du gauche, depuis l’extérieur de la surface, qui vint se loger dans la lucarne d’un gardien corse impuissant. L’action fut de grande classe, presque un chef d’œuvre. Du moins un savoureux hors d’œuvre. Une belle promesse. Le début d’une longue série. La plus longue sous notre tunique divine.

Entier. Honnête. Bosseur.

Retour à l’état sauvage

Cavani se préoccupe peu des statistiques. C’en est presque un comble pour celui qui devient notre meilleur buteur. A bien y réfléchir, c’est logique. Edinson ne cherche qu’à inventer de nouveaux buts. Il veut juste marquer. Plus. Encore plus. Toujours plus. Il ne se cache pas. Il se montre comme il est. Entier. Honnête. Bosseur. Sans faux-semblant. Stoïque et perplexe face à deux brésiliens chapardeurs qui se chamaillent un coup franc, il en sort légèrement fâché et surtout contrarié. L’altruisme n’est pas toujours récompensé, surtout quand les astres s’en mêlent. Ses replis défensifs peuvent irriter, lui qui est notre joueur de pointe, mais il ne peut s’en empêcher. Il se sacrifie pour l’équipe. Sa générosité est naturelle, sans rien attendre en retour. L’enfant de Salto, ville frontalière avec l’Argentine, est un soldat avec lequel on peut partir à la guerre, le fusil sur l’épaule. On sait qu’il sera toujours là pour assurer nos arrières, tout en étant constamment au front, le premier à partir au combat. Point de soldat inconnu, notre reconnaissance lui sera éternelle.

Il prend la tête d’une sacrée liste

Le Shaman de Salto en pleine magie noire.

Il est difficile de dépeindre notre actuel adorateur de buts sans évoquer ses prédécesseurs. Il prend la tête d’une sacrée liste, à moins qu’il ne s’agisse d’une liste sacrée. Son dauphin, on l’a dit, n’est autre que sa sainteté Zlatan. Son humilité aura eu raison du record de Monseigneur Ibrahimović, roi de Suède, et en son temps, de France et de Navarre. On peut affirmer qu’il est son antithèse, sans qu’il y ait besoin de développer nos arguments. Ibragoal gardera toutefois un meilleur ratio à 0,87 but par match joué au Paris SG, une performance qu’Edigoal aura du mal à égaler (son ratio est actuellement de 0,69). Le record est toutefois détenu depuis bien longtemps par le maître ès Goleador, le bellâtre argentin Carlos Bianchi (dont vous pouvez lire une excellente interview sur Virage) avec 71 buts inscrits en 80 matchs, soit un ratio zlatanesque de 0.89 but par match. Ponctuons là l’instant mathématique.

Le record sonne comme une évidence

Cavanique ta mère !

Pour certains le record de Cavani sonne comme une évidence, rares sont ceux ayant joué dans une équipe si complète, si talentueuse, si spectaculaire, si tournée vers le but. Les comparaisons sont complexes. Les temps changent et le football avec. Le débat paraît infini. Le nombre de saisons et de matchs joués rajoutent aux complications de l’analyse. La vision de notre Panthéon est si belle, contentons nous du simple plaisir de l’énoncer. Voici nos dix têtes de liste, transgénérationnelles : Edinson Cavani. Zlatan Ibrahimović. Pedro Miguel Pauleta. Dominique Rocheteau. Mustapha Dahleb. François M’Pelé. Safet Sùsic. Souza Vieira de Oliveira Raï. Carlos Bianchi. Guillaume Hoarau. Je n’en ai vu jouer que la moitié. Je jalouse ceux qui les ont tous contemplés.

A jamais dans la mythologie parisienne

Et tout ça en restant poli. Record Zlatané.

Cette énumération est un parfait résumé du Paris Saint-Germain. Des paillettes et de la sueur. De la fantaisie et du labeur. Des buts d’anthologie et beaucoup de bonheur. La passion rouge et bleu a sa définition. Edinson Cavani en est l’absolue incarnation. Son coup franc sur la pelouse du Vélodrome, à l’ultime minute d’un Classico imperdable, mais très mal engagé, le fit entrer à jamais dans la mythologie parisienne. Son 157ème but en est la consécration. Paris, c’est Cavani.

Edi c’est Paris.

Edinson de Paris.

Benjamin Navet

Oh! Non Javier

L’heure sera-t-elle bientôt au recueillement ? Johnny n’y est pour rien. L’idole des jeunes et des moins jeunes s’en est allée et ce mois de décembre 2017 est déjà assez difficile émotionnellement,
alors pourquoi en rajouter ?


La flamme qui ravive le feu de notre passion depuis sept saisons, celle d’un Paris SG authentique, est annoncée sur le départ. Javier n’aurait pas la fibre Rock’n’roll ! L’attente est insoutenable. Partira ? Partira pas ? Certes le troisième maillot noir de cette saison aurait enfin sa légitimité. Quels visionnaires ces dirigeants ! Un maillot jaune, et pof Neymar arrive. Un maillot noir, et pof Javier s’en va. J’emmerde les symboles.

Triste perspective pour commencer cette nouvelle année. Putain de 2018, tu t’annonces déjà moche. Tu n’es pas encore là, je te déteste déjà ! Le premier et le dernier. N’était-ce qu’un slogan ? Cette belle promesse sonne-t-elle comme une résolution de janvier ? On peine à croire à l’intention, et au final elle n’est jamais tenue. Happy New Year ! What the Fuck… Allumer le feu, et jetez y tous ces journaux qui ne font qu’attiser des rumeurs infondées, enfin c’est ce que je m’efforce de croire, pauvre supporter aveugle que je suis. Oh non Javier, je veux aimer 2018.

Au commencement était l’élégance.

Sache que tu es celui qui me donne envie d’aimer ce PSG qatari, celui qui justifie les milliers d’euros que j’ai dépensés ces dernières années, celui qui réinvente le football romantique dans une ère trop marketisée, celui qui nous a tant manqué lors de ses nombreuses absences pour blessures mais qui a su renaître à chaque fois, nous redonnant l’espoir de lendemains enchantés, celui qui est déjà le 20ème joueur ayant le plus porté notre maillot et le 3ème étranger, derrière les mythiques Safet Sušić et Mustapha Dahleb, celui-ci, toi, Javier Pastore, veut quitter le Paris St-Germain ? Je n’en crois rien.

Les braves ne partent pas en janvier

On ne peut pas finir notre histoire d’amour sur ce Paris SG – SM Caen, triste soirée humide de décembre, un match comme mille autres, sans saveur ni émotion, un simple hors d’œuvre de Réveillon. Les braves ne partent pas en janvier. La seule sortie possible est un tour d’honneur en mai – le plus tard possible, nous ne sommes pas pressés-, le Parc scandant ses remerciements par amour, ovationnant l’artiste pour l’ensemble de son œuvre. Partir aujourd’hui reviendrait à laisser des milliers de pastoristes parisiens orphelins. Lors de PSG – Caen je n’ai vu aucun pot de départ, bien au contraire. Tu voudrais passer outre l’imploration de ton Parc dévoué te suppliant de rester parmi nous. Tu ne le veux pas. J’en suis persuadé. On ne peut finir ainsi. Aide-nous à braver ce supplice. Que la force soit avec toi. Grand Maître Javier, écoute la sagesse et reste dans ton jardin du Parc des Princes encore pour de longues années.

Heureux sont ceux qui ont le coeur pur.

Pour ma part, si tu t’en vas, une fois le choc passé, et il me faudra du temps pour le digérer, je peux te dire que les dommages seront collatéraux. Unai, je ne te pardonnerai jamais ce départ ! Il me faut un coupable, ce sera toi. Tu resteras à jamais celui qui a laissé partir Javier, qui n’aura pas su le comprendre et le retenir, le sublimer au lieu de l’enfoncer. C’est vrai, Nasser et Antero t’ont offert Neymar et Mbappé, Draxler et Rabiot ont confirmé, mais oublions les performances et les statistiques, Javier n’a pas un profil à la Football Manager, Javier est Pastore, un esthète du ballon rond, un des derniers joyaux libres du football moderne, une réincarnation du siècle passé, celui des meneurs de jeu libérés, à l’époque où le football était encore une distraction poétique et non un spectacle calibré.

Je ne te pardonne pas ces choix petit bras

Unai, je ne t’ai toujours pas pardonné la remontada d’un faible Barça, pour des raisons bien différentes de celles de la plupart de mes condisciples. Je ne te pardonne pas ces choix petit bras, cette fébrilité affichée dans tes changements, ce manque de vision brillante, cette audace qui parfois peut être victorieuse. Tu as fait le choix à la 55ème minute de faire rentrer le déficient Angel Di Maria à la place d’un Lucas titulaire, puis à la 75ème remplacer Julian Draxler par Serge Aurier, jouant ainsi avec cinq défenseurs, avant d’enlever Thomas Meunier pour le fantôme de Grzegorz Krychowiak. Le résultat on le connait tous, et chacun de ces choix ont été décisifs… Peut être avais tu oublié Javier, assis au fond du banc, au lieu de garder le ballon en milieu de terrain et d’ouvrir la voie à Edinson Cavani.

Les Caïn et Abel du nouveau testament parisien.

Des allégations gratuites d’un simple supporter, j’en conviens, l’issue n’aurait peut être pas été différente. Des faits avérés, j’en ai quelques uns. Javier, je n’ai pas oublié que tu étais l’unique buteur au Camp Nou le 10 avril 2013, lorsque le PSG de Zlatan avait déjà failli éliminer l’ogre Blaugrana. Tes blessures t’ont ensuite fragilisé, mais depuis quelques semaines tu es revenu. Unai peine encore à te faire confiance, du moins dans les matchs capitaux. Que deux changements à Munich, malgré la défaite, et toi encore sur le banc… Si Javier nous quitte cet hiver, mon verdict sera définitif et sans appel, peu m’importe les futurs résultats. Même gagner la Ligue des Champions ne me ferait pas t’amnistier. Unai, mon verdict est sans appel, tu seras mon coupable. Par chance pour toi, il ne s’agit que d’un avertissement, le crime n’est pas encore commis.

Ambassadeur de la magie parisienne

Fluctuat Nec Mergitur. Arrivé à l’été 2011, tu as connu ces jours terribles où notre ville a été ébranlée. Notre belle cité s’en est relevée. Nous avons gardé la joie et l’espoir. Javier, tu es parisien désormais, de cœur et d’adoption. Ces derniers mois tes blessures t’ont souvent éloigné de notre jardin et de nos yeux d’adorateurs. Jusqu’à maintenant, tu as toujours réussi à revenir, faisant de la devise de notre ville ta propre réalité. Paris, Ville Lumières, l’une des capitales artistiques mondiales. Les plus grands virtuoses d’hier et d’aujourd’hui y ont prodigué leur génie. Tu es l’un de ceux là, ambassadeur de la magie parisienne, unique au monde. Paris est une Fête. Tu en est l’un des principaux rouages. Le peuple parisien a adoubé ton talent depuis tes premières foulées. Il t’a parfois décrié, mais l’amour n’a jamais été un long fleuve tranquille. Le plus important est qu’il t’a toujours soutenu, comme on soutient ses propres enfants. C’est viscéral, ça ne s’explique pas. Javier, tu es un enfant de Paris. On a tous quelque chose en nous de Javier Pastore.

Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis.

J’écris ces lignes en ce week-end de Fêtes. Joyeux Noël ! Mais comment peut-il être joyeux en lisant la Une des journaux ? Ton agent joue avec nos nerfs, il a gâché la dinde. La manœuvre est évidente, je n’ose imaginer le contraire. Tu ne veux pas partir, mais tu veux plus de temps de jeu pour être sélectionné à la Coupe du Monde. Comment pourrions-nous t’en vouloir ? Nous mêmes n’imaginons pas l’événement russe sans ta présence dans l’Albiceleste. Alors tu mets la pression sur Unai et tes dirigeants. « Si je ne joue pas, alors je m’en vais, mais vous ne voulez pas me perdre alors vous allez me faire jouer« . El Flaco a faim. Logique. Mais risqué. Le football moderne n’a cure des états d’âme.

Comment vont-ils m’appeler si tu t’en vas ?

Javier, je te propose ce scénario. Tu restes avec nous. Ton heure viendra, c’est une évidence. Attention, spoiler… Un bond en avant. Au hasard, le 6 mars 2018, au Parc des Princes. Soirée de gala, match de légende, en mondovision. Bien sûr, tu seras remplaçant, Unai ne modifiant jamais ses onze titulaires pour les grandes occasions. Ca ne fait rien, l’homme du soir, le héros du peuple, le joueur décisif pour la qualification, ce sera toi. 75ème minute, tu rentreras sur la pelouse alors que les deux équipes seront à égalité sur les deux matchs, le Real Madrid qualifié grâce au nombre de buts à l’extérieur. C’est alors que l’ange Javier rappellera à tous les Galactiques, MCN et BBC que le football est un art et les émotions non feintes. Sur des airs de PSG – Chelsea, un certain soir d’avril 2014, tu écriras l’Histoire. La nôtre. La tienne. Neymar aura son ballon d’Or. Tu auras ta Coupe du Monde. Nous aurons vécu un bonheur intense. Que penses-tu de ce dessein ? On signe le contrat ? Pas celui de l’Inter, qui je le sais te rapprocherait de tes origines piémontaises, mais celui de ton destin rouge et bleu. Rappelle-toi: « Je suis le premier a avoir signé, je serai le dernier à partir« .

Et Dieu reconnaitra les siens.

Dans ma tribune du Parc des Princes, les habitués qui me côtoient m’ont donné un surnom. Devine lequel ? Ils m’appellent « Javier ». Peu connaissent mon vrai prénom, mais pour tout le monde je suis « Javier ». Ton premier apôtre, ton ultime défenseur. Comment vont-ils m’appeler si tu t’en vas ? Je ne veux pas me poser la question, l’idée ne m’est même pas concevable. Mercredi soir, après le match contre Caen, alors que tu saluais le Virage Auteuil qui scandait « Pastore à Paris« , mes voisins de stade me questionnaient sur ton futur possible départ. Ma réponse était aussi passionnée qu’affirmative: « Vous êtes fous, Javier ne partira pas. Javier est le Paris St-Germain. Il ne peut donc pas nous quitter, c’est impossible. L’idée ne lui a même pas frôlé l’esprit. »

Paris Saint Javier

 

Benjamin Navet

Top 10 Brazil

La seleçao d’Adrien Gingold, Nicolas Polly & Xavier Chevalier

Rai

RAí
Raí Souza Vieira de Oliveira. Son nom est un poème qui rime en A comme Amour.
Capitaine courage légendaire, il a tout gagné au club, a claqué 72 buts, dont 70 de la tête (au moins)… On oublie parfois qu’il a gagné la coupe du monde 94 avec le Brésil où il s’était fait piquer le brassard de capitaine par un certain Dunga.
Thiago Silva appréciera…

Thiago

THIAGO SILVA
C’est en payant sa place pour admirer certains joueurs qu’on peut les apprécier à leur juste valeur.
O Monstro en est le parfait exemple. Il ne se contente pas d’être le plus fort dans chacun des critères qui le caractérisent à l’écran. Il donne de la voix, replace ses coéquipiers, gère les temps forts et faibles de son équipe comme un véritable chef d’orchestre, un patron, un capitaine, unique.

Ricardo

RICARDO
A son arrivée en provenance de Benfica, Ricardo est déjà un défenseur mondialement consacré. Capitaine du Brésil pendant la coupe du monde 90, il va apporter la fameuse classe mondiale au sein du bloc défensif parisien. Impassable, intraitable quand il s’agit de défendre, c’est lui qui viendra s’élever de la tête au dessus de tout le monde, pour mettre enfin un terme à une bien trop longue domination marseillaise dans notre championnat. Tout sauf un hasard.

Valdo

VALDO
Si Paris aime le Brésil, c’est à Valdo « le fils candide », qu’il le doit. Car il avait dans ses pieds, l’essence même du football brésilien, tout en caresses, en feintes, en passes léchées. Un ballet constant qui laissait ses adversaires suspendus en l’air, sans gravité ou orientation. Ce but, hors du temps, face au Real Madrid de Ricardo Rocha, en est la parfaite illustration.
Et beaucoup tomberont éternellement amoureux de Paris ce soir la.

Ronaldhino

RONALDINHO
Pas de mot pour décrire le football de Ronnie, on le connait tous. Alors on va plutôt se rappeler de ce gars qui a réussi à combiner les pires dents avec le plus beau sourire de l’histoire du football post années 2000. Ronnie, c’était le jeu, la personnalisation même de ce pourquoi on aime le foot. Putain de génie va.

Maxwell

MAXWELL
La classe intégrale. Tellement élégant qu’on en passe les jeux de mots sur le café. Maxwell, le prototype du joueur de foot « à l’ancienne », intelligent, pertinent, réservé mais généreux, mixé avec ce qui se fait de mieux dans le football moderne : polyvalence, jeux sans ballon, vista. Le genre de type qu’on inviterait à diner. Un Monsieur.

Leonardo

LEONARDO
Il ne sera resté qu’une année finalement, mais l’attachement entre Paris et Leonardo durera bien plus longtemps. Peut être à cause de ce premier but lors de sa toute première apparition. Ou peut-être grâce à sa dernière partition parfaite face au Steaua Bucarest. Ou serait ce quand, de retour en tant que directeur sportif, il fera signer dans la même journée un géant et un petit hibou, qui viendront écrire les plus glorieuses pages de notre histoire. Surement un peu de tout ça en même temps.

Nene

NENÊ
Faut déjà se rappeler qu’à cette époque, le Brésil comptait un Nenê et un Kaká, c’est pas rien. Ce Nenê, il était chez nous, et quel régal ! Ses débordements, ses caviars, ce foutu pied gauche et ces merveilles de buts – c’est fou tout ce que Messi lui a tapé – et ce bon Dieu d’écarteur de narine nous ont sans doute sauvé plusieurs saisons à une époque où le PSG n’était pas si facile à supporter. Eternelle reconnaissance à ce gringalet sous-estimé.

Ceara

CEARÁ
Il a pasteurisé son couloir droit pendant 5 ans. Défenseur de l’Eglise Evangélique Latérale, Saint Marcos n’aura pas marché sur l’eau au PSG, mais il n’aura pas coulé non plus (Ceará Nec Mergitur). Il a prêché longtemps pour les centres parfaits, mais l’ère QSI l’a crucifié sur l’autel de l’efficacité. Paix à son âme.

Christian

CHRISTIAN
Il y a eu Christian André, Christian Perez, Christian Wörns, mais il n’y a eu qu’un seul Christian.
Il portait le numéro 7, avait une dentition parfaite et ne savait pas marquer ailleurs qu’à un mètre de la ligne de but.
C’était notre Rudi Völler à nous.

Un rien de Talal

Là, comme ça, en préambule, posons la célèbre question métaphysique du philosophe allemand Martin Heidegger :
« POURQUOI Y A-T-IL DE L’ÉTANT PLUTÔT QUE RIEN ? »

Ce serait certainement une première sur un site de supporters du PSG. Vous avez trois heures…
Mais, prenant le temps nécessaire à la réflexion, puis une longue inspiration, à cette question, nous, soutiens indéfectibles du PSG, pourrions répondre alors par une autre question : pourquoi y a-t-il TALAL plutôt que rien ?
Belle feinte.


Car pour répondre à cette question, il n’est pas nécessaire d’avoir été longuement en Sorbonne ou de s’être farci les œuvres de Kant, Descartes ou Nietzche (comme Ben Arfa). Pour ça, il faut avoir été plus loin, plus profond dans l’âme humaine : il faut avoir été supporter du PSG entre 2000 et 2004 et l’être encore aujourd’hui pour assumer fièrement l’héritage légué par le Talal ; lourd comme le fondement de Bodmer, chargé comme un pétard de Bernard.

Tonton du Bled

Par où commencer pour dire quelques mots de ce héros du folklore footballistique parisien, de cette espèce de Commandeur des années 2000, ce tentacule périphérique de la fin tragique de l’ère Canal+ ? Et bien, Talal, d’abord, c’est une arrivée précipitée, c’est un bouche-trou venu pallier les absences conjuguées de différents titulaires en défense. Et puis, avec le temps, petit à petit, il est devenu une erreur d’architecte : Talal est un pont inachevé, une route qui ne mène nulle part, une maison sans porte. Lorsqu’à l’époque on s’arrachait les cheveux devant ses matchs, aujourd’hui, les tempes ont blanchi et on préfère en rire pour ne pas en pleurer. Talal, Mesdames, Messieurs, il était chez nous et on en est pas peu fiers… parce qu’on n’a pas le choix.

Toujours à l’affût d’une gorge à tacler

Talal, son style inoubliable, C’était, dans ses fondements, un enthousiasme débridé allié à une confiance en soi sans limite. Conséquences : ciseau retourné au milieu de la surface, tacle double lutz piqué, tête plongeante sur la ligne de touche, High Kick circassien pour dégager un ballon, etc… Bref, Talal, une fougue de l’extrême au service de l’à-peu-près.
Talal aussi, la finesse d’un charcutier tchétchène. Bouche légèrement entrouverte, crampons dans les starts, œil fixé sur le lointain, il est toujours à l’affût d’une gorge à tacler. Et il en a rencontré beaucoup dans sa carrière. Tout ce qui est placement, anticipation, vitesse, agilité, non merci ; son truc, c’était droit à la cheville, en labourant la pelouse sur cinq mètres d’une glissade la plus spectaculaire possible. Pas mieux pour stopper l’adversaire et parfois personne, juste pour le style.

Pour ceux qui bougent, pas pour ceux qui s’chient d’ssus, Mafia Talal

Talal, son truc, c’était se jeter en désordre dans un tas de jambes, se rouler par terre, réaliser des acrobaties pour contrer une frappe ou empêcher un corner, pour répondre en fait au seul besoin existentiel qui l’anime : tacler.
Talal, défenseur au service de sa majesté le Roi du Maroc, c’était le James Bond du coup franc, l’homme à la frappe de moins. Il s’était convaincu d’en avoir une extraordinaire parce qu’il avait un jour marqué par hasard un coup franc lointain avec le Raja Casablanca… En conséquence de quoi, il nous a gratifié d’innombrables tentatives à 30, 40 voire 50 mètres, dont les ballons, à défaut des filets adverses, heurtaient parfois, au gré de leur trajectoire, de malheureux pigeons logés dans les hauteurs du Parc.

Là bas, un tacle c’est une œuvre d’art

Avec Eric Rabesandratana, son compagnon d’infortune, qui a beaucoup changé depuis, ils ont formé pour le pire et le meilleur LA charnière centrale du siècle, reléguant Carotti / Ngoty et Sakho / Camara dans les prisons turques de l’Histoire. Pour ça, nous ne les oublierons pas. Talal / Rabé, quand on y pense…

Jamais dans la tendance mais toujours dans la bonne direction

Et puis Talal, quatre ans et demi au PSG mais réellement trois. Le reste : Salonique et Sunderland, en prêt. Personnellement, je préfère Salonique… Cependant, la « finesse » de Talal a plu dans le championnat anglais. Plus tard, à Charlton, lui, le génial soliste du trop-plein, aura enfin l’opportunité de faire la démonstration de tout son talent. Là-bas, un tacle c’est une œuvre d’art, c’est beau. Très vite, mais peu de temps, il est devenu un joueur apprécié par un public d’amateurs rougeauds, chauves, aux bedaines proéminentes et pleines de bière, d’une grande politesse et s’exprimant dans un sabir incompréhensible. Bref un public d’amateurs anglais vivant à l’est de Londres, et dont les ancêtres fondèrent l’Empire britannique, tout en conquérant le monde.

Zlatan et Delon ont liké son profil

Et puis quand même, Talal c’était « Talal » justement, qui exigeait d’être appelé par son prénom et qui pour parler de lui invoquait sa personne : « Talal fait ci, Talal fait ça… » Zlatan et Delon ont liké son profil. On reste dubitatif face à ce personnage hors-norme, un peu showman, un peu fantasque, un peu footballeur, dont tout le monde finalement se rappelle avec une certaine tendresse. Un parfait parangon de modestie en tout cas, prêt à communiquer le bonheur d’être lui, le cœur sur la main, toujours de bonne humeur, disponible pour répondre aux journalistes. Bref, le professionnalisme incarné… de son point de vue bien entendu ; parce que du notre, l’avis général diverge, surtout lorsque Pochettino et Heinze jouaient, pendant que lui cirait le banc.

Le Dab des 90’s

Enfin, ce que nous savons, nous les supporters du PSG qui ont connu l’époque Talal, est que lorsqu’un guignol comme David Luiz s’est pointé, avec peu ou prou le même profil que Talal, certes pas le même CV, mais le même genre de guignol quand même, nous aurions pu l’accueillir alors avec ce mot d’un autre philosophe allemand, Karl Marx : « Tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois […] la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce ». 50 patates la réincarnation de Talal, une belle farce en effet ! Quant à savoir quel grand personnage historique s’est d’abord répété en Talal,… mystère.

Et c’est pour ça qu’il y a du Talal plutôt que rien.

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