Souvenirs

Peguy Luyindula Virage PSG

En léger différé #4

13.000 personnes au Parc un soir de Janvier. C’était il y a 9 ans. Il avait neigé. On rencontrait Aubervilliers. Ni Auteuil, ni Boulogne ne savaient ce qui les attendait
en fin de saison. C’était il y a une éternité. Karim était là.


Le foot a repris un dimanche 10 Janvier 2010. Je ne sais quelle température il fait sur ta plage, mais tout le sol autour du Parc était blanc neige. Quand on est arrivé, il n’y avait personne ou presque. À l’auto-radio ils avaient annoncé six milles personnes, mais dans le journal du lendemain j’ai su que nous étions 13 000. 13 000 sur 50 000… La faute à l’argent. Car oui, la fédération n’avait aucun poids face à cette vieille chamelle d’Eurosport et ses droits de diffusion. On a eu beau l’implorer, et même la menacer d’équipe B, cette sous chaîne avait bel et bien décidé que, coûte que coûte, nous serions ici, ce glacial soir d’hiver.

Alors nous voici contre Aubervilliers dans ce Parc désert. La coupe de France ça s’appelle. Dans notre tribune nous étions 16. Disons 10 de la Brigade Paris et leur tambour qui raisonne. Moi, Jerome, Vincent. Un handicapé et son ami, trois vieux et trois autres mecs. 21 en fait… Pour le reste Auteuil assez complet. Boulogne éparse. Et des grappes un peu partout. On a du offrir pas mal de places à Aubervilliers car la tribune visiteurs était comme pleine. Même si d’où j’étais on aurait cru des figurants ou des planches peintes.

On ne pourra dire cette fois que les banlieusards ont foutu le bordel. Personne bougeait. Faut dire que dès la dixième Peguy en mit un. J’ai pu en filmer la fin. Puis Erding dix minutes derrière. Et puis encore Peguy. Ça refroidit c’est vrai. Pourtant Steve Marlet était sur le terrain. Tu dois l’avoir dans tes grimoires, il aurait joué en ligue 1 puis en Angleterre. Maintenant il est à Aubervilliers et c’est un peu avec lui qu’ils ont essayé de nous déstabiliser par presse interposée toute la semaine dernière. »Incertain », il était… Et si en fait il jouait !? On était inquiet… Mais Steve n’a pas brillé.

Antoine Kombouaré Virage PSG
Casque d’or à casquette

Aubervilliers a joué crispé. À la fois trop respectueux et trop agressif. Une équipe de CFA2. Deux occasions en début de deuxième quand même. Ils seraient alors revenus à 3-2. Mais non, car Antoine avait bien prévenu. « Je déteste les professionnels qui se l’a racontent. J’ai dit à mes joueurs de faire un match plein et ce soir je suis fier d’eux, on a été rigoureux… Il fallait les respecter. » C’est ce qu’il put dire une fois qu’on a eu mis le cinquième… Rigoureux, nous on a pas été mieux. Mécaniques. Seul peut-être le quatrième but a été un peu joli.

Moi j’errais dans la tribune avec le nouveau numérique à Boukercha, d’où je regardais Boulogne faire des batailles de boule de neige. Entre eux, puis contre le virage d’en face en brandissant des drapeaux Français, et un peu sur la police en faction au bord du terrain. Le mec qui entonne les chants au mégaphone a même fini par chanter des trucs à lui pendant que tout Auteuil se retournait pour onduler bras dessus, bras dessous. Personne le reprenait mais ça n’avait pas l’air de gêner.

Nous divaguions tous dans le froid, comme si ce match avait lieu sur une télé sans son, au fond de la pièce… C’était génial, je ne me rappelle pas de tout mais j’étais heureux. Avec mes gants, je me souviens avoir envoyé quelques textos à Morad présent en présidentielle. « Pas mal çui-là » sur le quatrième…. « Çui-la » pour souligner qu’il y en avait plein, des buts. Et « Il a été gentil Maurice, il a pas fait de Panenka » pour le dernier sur pénalty… C’est pour ça qu’il m’a répondu « PD » en lettre majuscule. Il a joué dans cette équipe d’Aubervilliers, il en connait les types.

Jean-Eudes Maurice Virage PSG
Haïti Bob

Et puis j’ai vu cette fille de seize ans passer le match dans les bras de son ado, dos au spectacle. On devrait tous en avoir une comme ça, ça serait une bonne idée. Nous pourrions ainsi être Mi insulte, mi tendresse. Sankharé a heurté la barre puis raté un immanquable… Quelques changements, quelques cartons jaune… Giuly qui court seul sur les Village People à la mi-temps. Et Jérôme qui crie « T’es nuuuuuul le 13 !!!! » avec en fond Boulogne scandant « Colony démission !!! Colony démission ! »… Le speaker au micro et au tout début un énorme écureuil immense, en mascotte Caisse d’Epargne…

C’est tout ça qu’il s’est passé ce dimanche rare. Jusqu’à ce que deux stadiers gigantesques affublés du même trois-quart rouge horrible soient venus nous demander d’évacuer les lieux… car notre tribune ce soir n’a jamais été ouverte. C’est bien ça qu’ils ont dit… Jamais ouverte. Moi : « Oui, mais la porte là-bas est ouverte… » Eux : « Oui mais celle-là fermée… » Deux pareils inexpressifs, comme à la fin de Crésus avec Fernandel… « On est resté tout le match… L’autre là-bas il a un tambour, ça fait deux heures qu’il tape dessus… Vous nous avez pas vus ? » Aucune réponse… Toute façon, ça venait de siffler… Ils sont partis. Paris. Voilà mon ami… tu peux courir avertir tes contrées, qu’hier Paris a battu Aubervilliers 5-0. Au prochain tour nous jouerons contre Evian. Ils sont en National. Passionnant. La coupe de France ça s’appelle…

Réédition de l’article paru le 18 janvier 2010 et avec l’aimable autorisation du Gri Gri International

Crédits photos (c) Panoramic

PSG Aubervilliers 2010 Virage
La banlieue influence Paname

 

Karim Boukercha
Claude Makelele PSG Virage

En léger différé #3

C’était en décembre 2009. A une époque où notre milieu se composait
du vieux Claude et du jeune Clément. Une éternité pour certains,
une cicatrice pas vraiment refermée pour d’autres.
On vous fait revivre ces moments de gène
avec les récits d’époque de Karim Boukercha.

De ce match contre Lens rien à ajouter à rien. Dans le grand froid où ni nous, ni les joueurs n’avions envie d’être. Quelle sale horreur, dans les tribunes à me demander pourquoi. Pourquoi être là ? Ce mercredi soir avec ces gens à regarder ces mecs là. Aucune sensation, les pieds, les orteils, intenable…

C’est sur le chemin du retour dans la voiture que j’ai su… Sur les quais un peu avant la tour Eiffel, quand Jérôme continuait de raconter ce qu’il avait vu du match depuis la tribune présidentielle. Ses mots allaient vite. Et par pleins de phrases. « ... Non mais je vous jure, les mecs en ont rien à foutre, ils sont au téléphone !… J’étais entre Emmanuel Chain et Alexandre Devoise… Une horreur ! Avec des petites couvertures qu’on te met sur les jambes… et tous les cadres sup’ qui se plaignent s’ils en ont pas… Non, mais rien que pour ça, je veux jamais devenir riche, pour pas ressembler à ces mecs-là ! Ah non jamais putain !… C’est quoi le but ! ? Pourquoi y viennent ? Ils regardent même pas le match ! Et à la mi temps, ils ont beau être riches, ils se précipitent en loge comme des rats pour être sûrs de bouffer au buffet ; du foie gras dégueulasse et du champagne moisi... »

Claude Makelele PSG Virage
Le but du vieux

Sur les petits écrans en bout de siège, il a vu les deux pénalties non sifflés sur Peguy… « L’arbitre est sorti juste en dessous moi, j’lui ai crié : Eh gros cul tu les a pas vu les pénalty !!! »
Il a croisé et serré la main de Domenech aussi, puis raté le président car il était parti pisser. « Ouais, mais je m’en fous toute façon… Ah non mais j’te jure Karim, tu me dis tu payes dans ma tribune ou tu viens gratuit en présidentielle, je paye tout de suite !« . Il enchaina sur le but de Makelelé. « Vous allez voir le ralenti ! Il a même pas fait exprès ! Y’a que nous pour marquer des buts comme ça. Les otaries putains ! »

Claude Makelele PSG Virage
Claude et ses Claudettes

Puis sur Gervais Martel*, « Il était à quelques mètres de moi quand j’ai gueulé PAYSANS !!! J’l’avais même pas reconnu au début. Me suis dit c’est qui ce gros poivrot qui me regarde comme ça là ? On dirait Gervais Martel ! C’était bien lui putain ! J’ai tenu le regard ! Il s’en souviendra, la haine qu’il avait ! » Finissant sur l’égalisation, trois minutes plus tard. « Comme d’habitude ! On sait pas fermer un match ! Ils ont pas de couilles… Ils s’en branlent, c’est pas des joueurs ! Comme à chaque fois qu’on a l’occasion de remonter à la tête du classement ! Avec l’autre connard de Maoulida et ses banderoles de R’n’b de merde… des mots pour sa meuf, petite tapette ! Rentre danser le zouk avec Gervais Martel« .

PSG LENS 2009 Virage
La banderole cht’i, ou quand t’as plus de place pour caser un sponsor maillot

Les banderoles R’n’b de merde, ou bien même le zouk avec Gervais, c’est peut être pas de lui…
Mais de toute façon, sur ces choses-là, on se contredit pas. Les pensées s’emmêlent… Nos joueurs sont des vieux bourgeois dilettantes… ou des jeunes black qui se regardent courir… Sankharé ressemble à un Simpson, Maurice à Puff Daddy… Makelele fait peine à voir. On imagine Giuly tellement partout ailleurs, même dans un club échangiste, plutôt que sur un terrain de foot… Ceará va mourir. Chantôme joue toujours en arrière et Erding a du mal. Sessegnon diva… Hoarau… Rothen… Kezman… Antoine… Diané… Pancrate… Et le PSG roulait, roulait, roulait…

PSG LENS 2009 Virage
Mevlut fait la cour à Vedran

Mercredi 16 Décembre 2009, Paris a fait match nul 1 partout avec Lens. Dans le journal du même jour, notre goal Apoula Edel est soupçonné de s’appeler Ambroise et d’avoir beaucoup plus que son âge. Paris, mon feuilleton… je t’aime.

* Gervais Martel, le président du Football Club de Lens. « Les sang et or » puisque c’est comme ça qu’on les appelle.

Réédition de l’article paru le 22 décembre 2009 et avec l’aimable autorisation du Gri Gri International

Crédits photos (c) Panoramic


Karim Boukercha

It’s time to say goodbye to Napoli

Cette semaine, je l’ai attendue comme un dément.
Un personnage de Dostoievski, dans sa cave, qui tourne et tourne et tourne.
En attendant Naples et marseille. Il n’y avait plus que ça. Pour vous, les sociabilisants, les vivants, les bien portants, il existe la vie, le travail, l’espoir, les projets.

Pour moi, juste ces deux matchs. C’est ainsi. Le football peut parfois devenir la seule lumière.
La dernière drogue avant le néant. Naples d’abord. Mercredi, asphyxie, accélérations cardiaques, plein de clopes, chiottes et chiottes encore. Lecture de deux SAS. Et attente. Attente. Attente.
21 heures putain !!! Nos soldats défilent à l’écran. J’y ai pensé toute la journée.

Vais-je encore apercevoir dès la présentation des équipes en gros plan pendant les hymnes ces tronches de bileux, de flippés, de joueurs rattrapés par la gastro des grands soirs ? Rabiot blanc comme une merde de laitier ? Le PSG va-t-il une énième fois foirer le match crucial ? Trébucher en Europe ? Se retrouver en culottes courtes devant des millions de téléspectateurs ? Comme une malédiction. Quelque chose de (presque) déjà écrit ?

J’ai entendu toute la semaine les médias évoquer le contre-exploit en cas de défaite au Parc, j’ai croisé des gens qui parlaient de Naples comme de Guingamp, une formalité en somme, j’ai lu que les professionnels du pari en ligne donnaient Paris gagnant pépère. Froid dans le dos. L’arrogance des néo supporters de la Capitale trop habitués à écraser leur championnat, trop installés dans leur confort de nouveau riche, de futur blasé et/ou déserteur, quand le Qatar aura trouvé une nouvelle marotte soft power (2022?). Les fous, les naïfs, les cons !

Malgré l’égalisation jouissive et sur le fil de Di Maria, que dire ? Oui, cette malédiction est réelle. Paris a récidivé. Pas de pressing, boulevards, pas de milieu, pas les efforts, pas vraiment la technique. Pas envie ? Impossible, évidemment, nos stars savent que ces soirs-là sont les soirs qui comptent (en banque) vraiment. Et pourtant, depuis ma télé, ça peut ressembler à ça. Une certaine nonchalance, une équipe de joggers avec walkman. Contre les Italiens, je ne vois pas Paris avoir peur, être véritablement dépassé, comme il a pu l’être ces dernières années en C1. Non. Ils trottent, tranquilles presque. Ou alors, pire encore ! Nos joueurs se la racontent ! Ils pensent VRAIMENT que Naples, c’est Guingamp. Boum ! 0-1. Areola avance et recule sans musique et prend un lob. Voilà. C’est reparti. Mbappé rate un un contre un qu’un Ballon d’Or ne devrait pas rater pour être certain de gagner sa breloque dorée.

On n’y parvient pas, on est souvent moche. On est décevant, prévisible, agaçant, irritant, têtes à claques, paresseux, grosses chevilles et petites idées… Le PSG n’aurait jamais retrouvé le soldat Ryan. Le PSG a perdu son chemin sur la pelouse du Parc et avait oublié la boussole au vestiaire. Il faudra désormais ne pas perdre à Naples et gagner les deux dernières rencontres. Tout se complique. Ça en excite certains chez Virage. Jean Cécé jubile par texto. Il dit que c’est ainsi qu’on se dessine la route vers la finale. Avec des poules à la grenade tranchée par tranchée. Il a peut-être raison. Mais moi, au coup de sifflet final, je les maudis encore, dans mon salon, je les maudis en boucles. Ils ont si peu fait, nos héros, ils ont été si pâles, si médiocres. Je zappe un peu partout. Sur l’Équipe, ça ricane. Oui, certaines choses ne changeront jamais. Paris est incorrigible et l’Équipe indécrottable.

Je suis pourtant dès le lendemain matin positivement excité. marseille ! Deux fois. Contre la Lazio jeudi en Europa League (la coupe que Thauvin ne veut plus jouer) et puis chez eux, dimanche…
Les Ritals ouvrent l’om pendant 90 minutes, c’est absolument délicieux (le troisième but…). Il n’y a rien à dire. Fessée au vélodrome. Les joueurs sudistes ont beau prévenir sans attendre après la douche aux micros que dimanche, ils seront au rendez-vous, on voit déjà dans leurs yeux quelque chose qui ressemble à de la… Trouille, oui, c’est à peu près ça. Du fatalisme aussi. Garcia parle du public fabuleux et si fidèle, pas de cojones mais pas loin. Halloween avant l’heure. Il se déguise en espérant faire peur. Alors qu’il le sait, Rudy, dimanche, c’est Paris qui décidera du résultat. Lui et personne d’autre. Naples a tout fait pour écrire son Histoire mercredi. L’om, elle, pourra, au mieux, être un témoin assisté.

On y est. J’y suis ! Y seront-ils ? En championnat, il est bien sûr plus difficile de craindre le pire. L’angoisse d’avant Naples traverse mon cerveau a quelques reprises avant le coup d’envoi mais rien ne se fige. Ce soir, je redoute plus un arbitrage orienté et un manque d’engagement coupable de la part de nos joueurs. Quand j’apprends la composition des nôtres vers 20 heures (je m’étais imposé un black out toute la journée pour ménager ma haine et mon stress), je balance entre ricanements nerveux, textos affolés et incompréhension complète. Un petit vertige s’empare de moi, je dodeline sur mon canapé.

Je tente d’analyser les choix de Thomas. Il fait visiblement tourner. Choupo devant, sabre au clair. Un enfant en défense. Kylian et Adrien sur le banc. Le message semble clair : l’om, c’est la L1, il y a Naples dans deux semaines, 30 points sur 30, on ne prend aucun risque. Je me dis que Kylian paye sa petite prestation de mercredi. Je comprends mais je flippe quand même. Je ne veux pas perdre ce soir. Il ne faut pas.

Ça commence. Je tente évidemment l’expérience sur Canal + décalé, où Cazarre, son pote Toen et Laurent Weil commenteront en direct le clasico, en mode supporters. L’idée est admirable, excitante même. Ne plus se taper Guy et son pote de dézinguage systématique du PSG, entendre Cazarre bombarder de vannes alors que Paris crucifie pour la 369ème fois Marseille de suite ! Ouiiiiii. Mais en fait, non. L’idée était bonne, oui. Pas la réalisation. Virer Weil, l’homme qui JAMAIS n’osa démonter un film ! Et qui, ici, ne sert qu’à canaliser les débats. Un éducateur social en plein Kop de Boulogne en somme. Incongru, voire parfois même embarrassant. Il aurait fallu supprimer l’incrustation en bas à droite de l’écran. Simplement entendre la voix des deux protagonistes, comme dans un match lambda.

Bon, au final, Cazarre a tout niqué mais en même temps, il n’avait presque personne en face de lui. Et le football est (était) la chose la mieux filmée au monde. Faut arrêter de vouloir toujours balancer de nouvelles formes. Le football a-t-il vraiment besoin d’évoluer ? VAR, coupe du monde à 1200 participants, Chapron qui propose dans son livre plein de nouvelles lois du jeu, toutes plus connes les unes que les autres ! Il a fait quoi le foot pour se prendre des velléités de lifting intégral dans la gueule à longueurs de temps ?

Bref. Je finis donc le match avec Guy et Beye, en deuil après le deuxième but de Draxler dans un vélodrome qui a encore une fois démontré qu’il ne savait faire du bruit que les soirs de victoires. Garcia a gesticulé, Tuchel tirait la tronche, Guy a bien essayé de coacher marseille tout du long, rien n’y a fait. Paris a décidé du score final et Paris a gagné. En étant plutôt insipide, encore paresseux, dilettantes. Kylian était en fait puni. Il était arrivé en retard à la causerie. M’a rappelé ma scolarité. Anecdotique. Mais là, j’ai aimé un peu plus Tuchel. Punir le môme sacré le jour du clasico. Pas mal. Et quel camouflet pour la grande soirée de Canal… L’aurait-il fait le jour du match retour à Naples ? Pas sûr me dit un ami. Moi, j’aime à penser que si. La punition levée, Kylian est rentré et a marqué, après deux ballons touchés, peut-être même qu’un seul et trois minutes à peine sur la pelouse. J’ai encore plus aimé la polémique sur le but soi-disant refusé aux sudistes. Le faux bloc de Strootman et la simulation de Marquinhos. Ahahahahahahah. Encore !!!

Ils en sont là, les finalistes malheureux de l’Europa et Poulidor de la C1. Garcia a une nouvelle fois était frileux, petit épicier, à espérer un miracle, une improbable chatte. Aucun attaquant véritable au commencement. Payet et Thauvin, les deux doublures bleues, en stars de kermesse. 0-2. Terminé. Ménès s’énerve contre l’arbitrage. Contre l’injustice carrément ! Ce qui le classe directement entre Jean Moulin et Tartuffe. Ils ne parlent que de ça. Et évidemment, de la discipline selon Tuchel. Ils se demandent si le PSG est en train de devenir une vraie institution. Moi, je me demande juste quel modèle de télévision va briser Mohamed Henni, ce supporter marseillais qui aime Youtube et l’humour de répétition, dans sa prochaine vidéo ? Ça fait quoi ? Sept ans que Paris piétine l’om. Pfff. Canal parle de défaite encourageante. Je leur laisse. Je me contenterai de cette victoire sans panache et de Kehrer tentant d’attraper les couilles d’un marseillais, Ocampos il me semble, en bord de ligne pour l’empêcher de déborder. Neymar a subi quelques jets d’objets à chaque corner. Il y a eu un tifo bébête de jalousie sur notre C1 mais rien de grave.

Au moment où Paris est devenue cette équipe de Harlem Globe Trotters, marseille n’a plus qu’à faire comme tout le monde: Acheter son ticket et faire la queue. De voir Mbappé faire des selfies avec des mecs en tribune latérale fans de l’om, c’est ça, la réalité. Les enfants aiment les champions du monde et les marseillais sont des enfants. Une bonne fessée deux fois par an ne peut que leur faire du bien.

PROCHAIN ÉPISODE: Paris va-t-il honorer la malédiction la semaine prochaine à Naples? Rabiot arrivera-t-il en retard à son enterrement? Kylian mérite-t-il le Ballon d’or, de diamant, de saphir et de rubis? marseille va-t-il revendre Mitroglou pour racheter Mamadou Niang? Thomas Tuchel évite-il systématiquement la station de métro Stalingrad les veilles de match? Prend-il au moins le métro? À suivre…

Crédit photo (c) Panoramic


Jérôme Reijasse

En léger différé #2

Voici la suite des récits de Karim dans le Parc d’avant.
Celui de Colony. 13 décembre 2009, PSG contre Saint-Etienne
dans un Parc à l’ambiance glaciale…

Il a fait très froid ce dimanche d’hiver avec St Etienne… « Les Verts », sans Gomis leur panthère noire enfuie chez « l’ennemi », à Lyon. Le 17ème, contre nous, le 11ème brinquebalant… Je ne peux pas te parler des banderoles d’avant le match. Il a fallu que je coure, j’allais rater le début. Pourtant, au sol j’ai ramassé un tract de la Brigade Paris (BP) « Tifo bande » sur toute la tribune. Des Vikings, en passant par les Hoolicool, jusqu’à la BP… Les bandes seront enroulées à nos pieds, il suffira de les passer à son voisin. En oubliant pas de bien les tendre et surtout – pour une bonne animation – de bien prendre garde à tous le faire en même temps. Voilà.

Virage Auteuil Paris
Grosse équipe de physios à l’entrée du club

Mais ça n’est pas tout, le tract précise aussi que « la vermine n’est pas ici en terre conquise » car pour 27 affrontements, on les domine : 17 victoires, 9 nuls et une défaite. Sur le terrain ce fut encore une fois bien bizarre. Nous avons très bien joué pendant 39 minutes. Le temps de marquer trois fois, et pilonner « la vermine » de têtes, de tirs, de reprises et de plein d’autres choses encore. Pleuvèrent, les buts. Peguy d’abord, à la 11ème ! Puis Sessegnon, 13ème ! Et en enfin la tête de Melvut le Turc, à la 39ème !

Kombouaré l’avait bien dit dans le JDD. « Un début de match de folie ! »
Mais alors après… on aurait dit une nuit avec une fille dont on a plus envie et qui reste dormir. Quel ennui ! Et qu’est ce qu’ils sont mauvais à St Etienne. Aucune réaction, aucun orgueil. Ils alignent pas une passe, savent pas communiquer, sont lents, prévisibles… Alors imagine… Impossible d’allumer la télé, ou de faire semblant de dormir…. coincé dans le froid à attendre demain avec cette fille chiante. Quel calvaire.
Pour nous réchauffer, les supporters stéphanois ont bien essayer de nous montrer leurs seins. Explosant des fusées pour faire sortir les CRS… Mais rien à faire on avait plus envie.

Blaise Matuidi Virage Paris
Blaise jeune et vert

Dans les tribunes, il y a eu plusieurs sujets. La pub qui court sur tout le long du terrain pour les T90 Laser III… « Voici le moment où tu peux changer le cours d’un match. Que fais-tu ? Tu hésites ? Tu attends un toucher de balle pour donner une chance au défenseur de te prendre la balle ? Ou tu frappes tout de suite, persuadé que tu vas le mettre en pleine lucarne ? Les nouvelles chaussures T90 Laser III ont été conçues pour un finisseur à la frappe mortelle, qui fait confiance à son instinct et à son exécution parfaite… » C’est ce qu’ils disent sur le site. Elles sont noires et vertes. Sur le terrain trois de nos joueurs les portent. Puis Paranormal Activities. Qui ne fait pas peur. Mais qui fait peur si on a 14 ans…

Puis quoi d’autre dans ce long froid… Giuily s’est échauffé à la mi-temps pendant le challenge Orange. Il était aussi petit que les petits. Il est rentré en milieu de seconde… Rien de plus. La « Golden barre », personne encore pour gagner la Suzuki. Ils ont ajouté un bruit maintenant. Quand tu rates la barre, y’a Woody Woodpeker qui ricane… Plus le mec qui commente au micro comme au supermarché. C’est vraiment la fête foraine la mi-temps. On a causé de l’état de le pelouse… que si Johnny meurt, la pelouse sera contente. Ce genre de choses… J’oublais.

Peguy Luyindula Virage Paris
Oh Peguy sue !

Mais Armand a bien joué… Il semblait en forme. Il a fait deux, trois passes… Auteuil a allumé des fumigènes… Beaucoup… Aprés le match, Leproux va s’énerver. Un fumigène = 10 milles euros. Ce soir peut être 200 milles euros… Et des sanctions planent déjà sur le club, bientôt un match à huis clos. Boulogne soutient : « Le Parc est a nous, Colony on s’en fout... » Ou chante. Un bout de Marseillaise. Ou « O ville lumière« . Ou d’autres trucs…

Le froid toujours et tout le monde avec des capuches. Tiger Woods a trompé sa femme, parait que sa carrière est brisée… Quelques-uns de nos joueurs ont les gants qui portent son nom… J’ai les mêmes aussi… En plus avec les capuches, on s’entend pas… Obligé de regarder alors…
Notre goal, Apoula, fait un amorti, enchaine un jongle et un dégagement, la foule le plébiscite !

Ludo Giuly Virage Paris
Ludo et Goliath

Giuily rentre. Le stade scande ERDING ! ERDING ! ERDING ! Maurice rentre pour Sessegnon. Le stade applaudit un peu. Chantome rentre pour Peguy… Le stade ne dit trop rien…
Deux minutes de temps additionnel.
Sur Yahoo sport, ils ont achevé le résumé comme ça : « C’EST FINI ! Le PSG s’impose 3-0 face à des Verts apathiques, remonte à la 10ème place et revient à trois points des places européennes. Ultra-dominateurs en première période, les Parisiens se sont contentés de gérer en seconde. De son côté, Saint-Etienne continue de s’enfoncer au classement et flirte toujours dangereusement avec la zone rouge. »

C’est L’équipe du Dimanche… Par mail, Jérome dit « Je veux que notre monstre EDEL baise Nathalie Ianeta. » Mercredi, Paris joue contre Lens. Faire attention aux petits du challenge Orange.

Réédition de l’article paru le 15 décembre 2009 et avec l’aimable autorisation du Gri Gri International
Photos (c) Panoramic


Karim Boukercha

En léger différé

28 novembre 2009, PSG contre Auxerre. Karim y était. À l’époque il prenait des notes et des photos pendant les matchs. Il a accepté de vous faire revivre ce petit bout (pas très) glorieux de notre époque pré-QSI.

On a gagné. Pas mérité, mais on a gagné. 1-0, but de Clément quand plus personne n’attendait rien. Auxerre a pas très bien joué non plus. Et personne n’avait l’air de trop suivre le match. Un peu avant la rencontre, Auteuil a déployé deux banderoles. La première destinée à Colony Capital, qui voudrait racheter le Parc pour cinquante ans et le rebaptiser du nom qu’il voudrait, comme pour le stade d’Arsenal, l’Emirate Stadium… « Le Parc n’est pas une prostituée »… et la seconde pour nos joueurs, « Pas d’envie, pas de couilles, pas de talent, pas de jeu. Humilié au Vélodrome, vous avez souillés nos couleurs. REAGISSEZ ».

Y’a eu aussi l’éphémère (et poétique) « Colonik ta mère », mais tellement fine et illisible qu’on aurait cru qu’elle était écrite au stylo bic. Boulogne, eux, ont mis l’énorme JULIEN, lettres blanche au rouleau sur une longue toile noire..
De la première mi-temps pas grand chose à dire. Pas de jeu. Peu d’envie (plus qu’à Marseille), mais toujours pas de talent. Il s’est tellement rien passé que je peine à me souvenir.

À la mi temps, au challenge Orange (partir de trente mètres et marquer un but au gardien adverse), les Gobelins ont battu le Paris Football Club, 6 – 5. Mais le coeur du stade a penché pour les perdants car à 5 – 5, le dernier gamin du PFC a tenté un ciseau retourné (raté) alors que les Gobelins eux ont marqué et gagné « normalement ». Jérôme (*) a fait remarquer qu’on avait jamais vu de finale de ce trophée. Qui gagne quoi, quand et comment ? Personne sait… Un immense trou noir ce challenge Orange… À la Golden barre (trois supporters choisis par tirage au sort doivent toucher la barre transversale de 40 mètres), personne n’a gagné la Suzuki. Les mecs tiraient du pointu et ont passé leur temps à glisser, c’était dégoûtant à mater…

Neymar et Alves… Avant.

Pour la seconde mi temps… eh bien… Limite personne s’en souvient. Toujours pas de jeu. Restait à pas s’humilier… Les gens ont pas mal insulté Sessegnon. Makelelé peine vraiment à contrôler ses ballons… Armand… Peggy…. les autres… Jusqu’à ce qu’on marque ! Après avoir fait sortir Giuly pour faire rentrer Maurice. (Pas Florian hein, non un jeune. Noir. Comme tous nos jeunes). Et basculer en 4-3-3, qui nous réussit toujours mieux apparemment. C’est Sessegnon qui, malgré le fait qu’on l’ait insulté, a bien voulu faire un bon décalage pour Ceara, aka « le meilleur centreur du monde », pour finir par une tête de « Chien fou Clément » !

Le début de la fête, tu penses bien. Pas dans le jeu non, mais dans les tribunes, quand l’arbitre a sifflé un penalty contre nous pour une faute de Sakho à la limite de la surface (traduire dedans)… annulé instantanément par l’arbitre de touche. Alors les gens ont pu chanter ensemble, « Paysans, paysannnnns, paysannnnns !!! Oh Payyyysans ! ». Et Auxerre n’arrivait toujours à rien faire. À les voir courir partout comme ça, on ne pouvait s’empêcher de penser à tout le début de match, où ils trainaient pour aller chercher la balle, perdaient du temps, tombaient, miaulaient…

A l’hôpital… A l’hôpital…

Puis comme avec Paris, une bonne nouvelle est toujours suivie d’un fait divers, Coupet s’est fracturé la jambe juste sous nos yeux pour nous montrer à quel point il était maintenant des nôtres. Tout seul, pour récupérer une balle « perdue – dégagée » par « Gros cul – Armand« . (dixit mon voisin de stade). À la panique des joueurs, on a tout de suite su que c’était grave. Sakho ne pouvait regarder… Tous les autres gesticulaient. Seul Benoit Pedretti a été capable d’aller voir l’arbitre pour lui montrer que l’heure tournait… « L’os de Gregory Coupet est sorti de sa chaussette » (Sylvain Armand), et Benoit Pedretti en est à parler du temps qui passe. C’est pour ça que, comme Louis Nicollin, tout le stade, tel un seul homme, l’a puni en lui chantant longuement « Pedretti est une salope, Pedretti est une salope! ».
(Alors qu’on aurait pu lui chanter « Progéria ! Progeria ! Progéria ! Oh progéria ! »)

Benoît la caffeteuse

Pendant ce temps au bord du terrain, 200 kilos de cheesburger sautillent et font vibrer la pelouse en attendant de rentrer en jeu. Il s’agit de notre arme secrète… le gardien au deux sélections dans l’équipe nationale d’Arménie. Le mystérieux Camerounais Apoula Edel ! Une de nos plus belles trouvailles, adopté instantanément l’an dernier par les supporters, tous bords confondus…
Dix secondes plus tard un énorme bruit sourd retentit. C’est les gigantesques mains gantées d’Apoula Edel qui viennent de repousser le ballon en provenance du coin de corner…
Il reste quelques minutes a jouer… « Progéria ! Progeria ! Progéria ! Oh progéria ! »

Paris a gagné contre Auxerre un à zéro.

Big Beast Apoula

* Jérôme Reijasse, auteur de Parc (L’oeil D’Horus)

Réédition de l’article paru le 1er décembre 2009 et avec l’aimable autorisation du Gri Gri International
Photos Tribune (c) Karim Boukercha / Match PSG-AJA (c) Panoramic


Karim Boukercha

Collection PSG

On continue notre série consacrée aux passionnés collectionneurs du PSG.
Au tour de Nicolas, qui s’est constitué un trésor avec une collection incroyable
de places de match, dont certaines totalement improbables. Voici sa sélection.


Quelques mots pour commencer

Je vais au Parc depuis depuis 1986, où mon père m’a emmené voir un PSG/ASSE.
Je me souviens que je me faisais engueuler car je ne regardais pas le match mais le Kop…
Mon père gardait ce petit réflexe de souvenir avec les billets de match où nous allions et les mettait dans un tiroir.

Puis naturellement je me suis abonné tant à Boulogne qu’à Auteuil, et j’ai aussi fait des déplacements seul.
Alors j’ai commencé à regrouper les billets, et la collection s’est agrandie.
Je possède actuellement plus de 1800 billets de matchs différents du PSG.
Cette collection m’a permis de rentrer en contact avec énormément de personnes partout en France et même en Europe.
Cette collection essaie de retransmettre un infime morceau du match, matérialisé par le sésame d’entrée.
Trouver des billets qui trainent dans des tiroirs, des greniers, c’est aussi la satisfaction de compléter une collection retraçant modestement l’histoire de nos couleurs.

Ma collection est visible sur Facebook (cliquez ici)
Je suis bien-sur preneur de tout contact pour récupérer des billets de notre club afin de rassembler ses souvenirs sous une forme différente.

Sa sélection

Match opposant le PSG à METZ, le 13/08/1974. C’est le billet le plus ancien de ma collection.

Match opposant le PSG en coupe d’Europe aux Belges de Waterschei le 16/03/1983 avec un déplacement très massif des fans parisiens, une date importante.

Match particulier contre l’AJ Auxerre lors du tournoi indoor qu’organisait le Paris SG à Bercy. Tournoi qui rencontrait un fort succès a l’époque.

Match contre le Bayern Leverkusen dans le cadre du fameux tournoi de Paris qui a perduré pendant de longue années. Ce billet édité est particulier car le tournoi a été annulé au dernier moment au Parc des Princes. Ce match amical s’est finalement tenu à saint Ouen, véritable collector.

Déplacement du PSG à Istanbul en 1996, ces billets sont extrêmement difficiles à récupérer dans un pays ou peu de supporters parisiens s’aventuraient. On notera la faute sur le nom de notre club…

L’incontournable sésame pour rentrer dans le stade du roi Baudouin  lors de la victoire en Coupe des Vainqueurs de Coupes contre le Rapid de Vienne.

Match de coupe Intertoto en 2001  avec un déplacement exotique loin de Paris en République de Crimée.

Match organisé contre l’équipe de France police et mis en place par le ministre de l’époque et fan du PSG Nicolas Sarkozy. Match non joué suite aux incidents dramatiques aux abords du Parc. Billet introuvable.

Premier des match du PSG lors de ses tournées aux USA en 2010, grosse difficulté à retrouver ce genre de pièce.

Petit clin d’œil pour ce billet et la plus grosse victoire chez notre meilleur ennemi en 2017 !

Match de coupe de France contre les amateurs de Cote Chaude, match joué à Saint Etienne, avec une victoire 10 à 0 !

Match contre le Partizan de Belgrade lors du tournoi indoor à Bercy.


Xavier Chevalier

Le premier des derniers

2023. La Ligue 1 est pliée. Nantes, avec douze points d’avance à six journées de la fin, peut dormir tranquille. Le titre est pour les Canaris. Les experts exultent, les spécialistes applaudissent, les footix ravivent une nostalgie rance et tellement française. On parle de Loko, Touré, Suaudeau, même de Landreau, aujourd’hui directeur sportif du club de Loire-Atlantique.

Nantes vient au Parc le coeur léger. Une défaite ne ferait que retarder, un peu, l’échéance. Valdemar Kita prend la pose avec diverses célébrités. Son bronzage toujours plus orange permet à ses dents immaculées de briller sans complexe. Et puis, contre un Paris moribond, un Paris très Paris, le danger ne guette pas vraiment. Une routine. La messe est déjà dite.

Les Parisiens ont fait leur le ventre mou du classement depuis plusieurs années désormais. Les Qataris partis vers d’autres cieux, l’argent et les touristes de tribunes avec, l’équipe de la capitale a dû réapprendre à souffrir pour souffrir, à perdre pour exister encore. Ce soir, le PSG ne peut pas l’emporter. Ou alors, comme Strasbourg, en 2017, quand la bande à Neymar avait chuté en Alsace en refusant de jouer. L’exploit est possible parce que le football accepte l’exploit. C’est tout et ce n’est pas grand chose. David et Goliath…

Il sera le premier à rester. Pour la vie.

Avec l’une des pires attaques du championnat et une défense offerte, Paris ressemble à une victime idéale. Dans un Parc blindé de supporters agressifs (les coeurs brisés se moquent bien de l’objectivité et du fair-play), où les chants nantais sont systématiquement avalés, on assiste à un match fermé, où les Parisiens vendent chèrement leur peau. Sirigu parvient même à arrêter deux pénalties, généreux cadeaux d’un arbitrage partial qui ne se cache même plus. Hoarau, qui a rechaussé les crampons avec Gameiro (remplacé à la 75ème par Jean Kevin Augustin), pour tenter de sauver son Club de coeur de la relégation en 2020, rate deux occasions énormes mais aucun sifflet ne vient le sanctionner. Dans la tourmente, les coeurs parisiens ont toujours préféré l’ironie ou l’appartenance au suicide collectif.

Et puis, alors que le score est toujours vierge, à la 87ème minute, un homme, un seul, va bouleverser l’évidence et écraser les certitudes. Parti du milieu du terrain, il dribble, efface, vole, une plume le mec, arrive aux 18 mètres, s’arrête pour éviter un méchant tacle nantais, crochète encore avant de déposer le ballon en pleine lucarne, sans forcer, comme si la gravité n’avait jamais figurer dans le moindre dictionnaire. 1-0. Un silence de cathédrale et puis un séisme de magnitude 9. 45 000 âmes déchirent le voile de l’amertume et chantent avec des larmes et de la fierté dans la voix: “Pastore, Pastore, Pastore, il n’y a qu’un seul Pastore et c’est ici, à Paris !”. Il salue la tribune Boulogne, sourit comme un enfant, se retourne vers sa famille, il ne voudrait être nulle part ailleurs. Il est chez lui, il l’avait dit: “Je serai le dernier à partir.” Il avait menti. Il sera le premier à rester. Pour la vie.

Il n’est pas parisien. Il est Paris.

La partie est terminée. Paris a gagné, pour rien. Les Nantais l’ont mauvaise. Pascal Praud, l’entraineur, ne décolère pas en conférence de presse, il parle de faute professionnelle, préfère évoquer les deux pénos manqués que cette fulgurance divine argentine. L’Équipe met 6 à Javier Pastore, considérant “qu’une action de génie ne suffit pas à oublier les nombreuses passes ratées du milieu parisien…”.

Les supporters, eux, refusent de quitter le stade et chantent encore, pour les étoiles, pour ceux qui ne sont plus, pour cet homme qui a fait mentir la réalité en choisissant le coeur plutôt que les billets. Le romantisme aujourd’hui est une tare, quelque chose de presque inavouable. Une perte de temps. Javier Pastore se moque de ces contingences. On le disait fragile, sur courant alternatif, surestimé. On avait, au début, parlé surtout du montant de son transfert, on avait critiqué, souvent, ses absences répétées pour mollet capricieux, muscles aléatoires, mental boiteux.
Javier Pastore n’est pas parisien. Il est Paris.

 La poésie avant le rendement

Il a peut-être un peu grossi. Ses cheveux, noirs, luisants, ont un peu poussé et recouvrent sa nuque. Le regard, lui, est resté le même. Le regard d’un gamin qui, peu importe l’état de la pelouse, sait qu’il n’a qu’une mission : Aller là-bas, en face, aller là-bas et casser les lignes, pour la beauté du geste et rien d’autre. Pour le jeu. “Le plus beau but était une passe” écrivait Michéa. Voilà. Voilà tout Javier. La poésie avant le rendement, le ciel avant la terre, l’absolu avant les statistiques.

Il aurait pu signer à l’Inter, à Manchester (le bleu ou le rouge), à la Juve, au Bayern, à Madrid, partout. Mais non. Il n’a jamais dit pourquoi. Ce n’était pas nécessaire. Les plus fanatiques prétendent que le Parc des Princes a été construit pour lui et que, certains soirs d’hiver, si l’on tend bien l’oreille, on peut entendre le vent murmurer son nom, au détour d’une avenue abandonnée.

Javier Pastore est notre Histoire

Dahleb, Sušić, Ronnie, Pauleta, Cavani et Pastore. Les cinq premiers sont aujourd’hui des souvenirs, des statues, des tatouages. Javier, lui, respire encore, il s’échauffe encore, il se met au vert encore, il aime la balle, encore. On n’oubliera jamais ses chorégraphies solitaires, ses buts nonchalants, ses visions hallucinées, ses passes sniper, shrapnels de velours, ses ratés délicieux, ses sourires et cette voix d’une douceur de vertige.

2017. Javier ne partira pas. Ni cet hiver ni l’été prochain, jamais ! Tous ceux qui répètent qu’il est un poids financier, un espoir déçu et déchu, un fantasme pour idéalistes sont des ânes. Voire pire (connards, trous du cul, rabats-joie, traîtres, jaloux, baltringues, pragmatiques foireux, faites votre choix).

Javier Pastore est notre Histoire, toute notre histoire. On allume la Tour Eiffel pour Neymar ! Quelques milliers d’ampoules qui clignotent, en appuyant sur un petit bouton. Une kermesse de riches en somme. Javier, lui, a illuminé nos coeurs. A fait reculer les ténèbres. Avec lui, l’éternité pointe au chômage. Il ne nous manquera pas parce qu’il sera toujours là. Là où aucun agent, aucun président, aucun journaliste, aucune censure, ne parviendra à tuer la passion. Notre passion.


Jérôme Reijasse

One Two Three Viva Cavani

Tu n’aimes pas l’avion, tu le détestes même.
Tu aimes ta femme et ton fils, tu les adores même.

Et donc, tu cèdes. Et tu te retrouves à Marrakech, au coeur de la Medina,
en plein mois d’octobre, un lendemain d’égalisation miraculeuse
du GRAND CAVANI chez les sudistes.

Il fait chaud, le soleil dévore tes derniers neurones, ceux qui ont survécu à la trouille du vol d’à peine trois heures entre Paris, la Capitale du monde, et le Maroc, le pays du ballon d’or contrarié nancéien Youssouf Hadji, aussi celui de Marquinhos, d’après Julien Cazarre… Tu titubes et tu baves devant les douaniers locaux, le cachet que tu as avalé juste avant le décollage n’ayant pas tout à fait terminé sa course dans ton corps meurtri.

Alors que tu déambules dans ces ruelles d’un autre temps, t’attendant à croiser Indiana Jones derrière chaque tapis, chaque vélomoteur (là-bas, ils pullulent et roulent sans jamais freiner), tu te dis que l’attente ne va finalement pas être si longue que ça jusqu’à vendredi, date du PSG-Nice. Tout ici permet l’évasion, efface cette temporalité détestable que nous nous imposons à longueur d’années pour simplement raquer le trésor public.

Paris a écrasé certaines frontières

Ce match-là, tu ne le verras ni au Parc ni devant ta télé. Tu avais déjà assisté à certaines prestations des tiens depuis New York, Londres, Lisbonne et Barcelone. Là, c’est donc à Marrakech que tu prieras pour que la bande à Emery gratte trois points face aux Aiglons. À chaque appel du muezzin, même et surtout celui de 5h du mat, tu te dis que le PSG va gagner, que ton équipe va être grande. Et que Nice va vaciller, encore.

D’entrée, tu comprends que Paris a écrasé certaines frontières. Avant, à l’étranger, tu voyais surtout des maillots espagnols et anglais. Là, toujours mais aussi le nôtre (enfin, celui des Qataris, sans berceau et aux couleurs mutantes). À gauche, à droite, devant, derrière, partout, du sportswear PSG, des logos PSG en plâtre, des serviettes de bain PSG, du PSG à toutes les sauces et pour toutes les bourses. Mon fils, récemment inscrit au Red Star Montreuil, louche devant la panoplie Neymar jaune, maillot + short. Je refuse, par principe. Je me suis juré que plus JAMAIS je n’achèterai du merchandising PSG depuis que notre logo a été violé. Je suis fidèle. Je suis borné. Je suis incorruptible.

J’aurais même préféré Jallet

Mon fils me supplie du regard. Il ne fait même pas vraiment un caprice. Il se voit déjà dans cette ignoble tenue fluo. Je tente de lui expliquer la valeur du symbole, le sens de notre Histoire, la fidélité et l’honneur… Je craque. Faux cul comme tous les chevaliers qui piétinent leur serment, je laisse ma femme payer l’addition et me console en me disant qu’après tout, ces dix euros (environ 110 dirhams) n’iront pas dans les poches de nos Qataris chéris mais uniquement dans celle du faussaire qui a fabriqué cette contre-façon avec, je l’admets, un certain talent. Mon fils parade désormais au milieu de la foule marocaine, un énorme 10 dans le dos. Il est fier.

En 48 heures, des vendeurs insistants m’appellent à trois reprises Barthez. Ils pointent du doigt mon crâne rasé et ricanent comme des enfants. Je ne montre pas que ça m’agace. J’aurais même préféré Jallet. Barthez putain !

Avant tout ça, il y a Cavani

Un vieil homme charmant nous conduit dans les montagnes de l’Atlas. Nous devons aller admirer une cascade réputée. En chemin, nous passons devant une gigantesque pancarte vantant les mérites de la PSG Academy. J’en profite pour lui avouer mon amour pour le Club. Lui m’apprend qu’il s’occupe de Laurent blanc et d’Antoine Kombouaré dès qu’ils viennent à Marrakech, essentiellement pour taquiner la balle de golf. Il me décrit un Laurent Blanc sympathique et près de ses sous, qui lui avait quand même offert quatre tickets pour, si je me souviens bien, le trophée des champions que Paris avait joué là-bas il y a quelques années de cela. Il me parle de Neymar, de Mbappé, je lui dis qu’avant tout ça, il y a Cavani, bien sûr. Et Pastore. Il me regarde sans répondre, il n’a pas envie de me contredire. Un vieil homme charmant, oui.

Vendredi. J’y suis. Ayant accepté de suivre ma femme dans toutes ses visites touristiques, je lui demande de sacrifier sa soirée pour assister au match en ma compagnie. Elle accepte, bien sûr.

Nous retrouvons Karim, ami cher et supporter du PSG (même si la distance et les nouveaux enjeux économiques l’ont un peu éloigné de la passion brute), dans un bar en sous-sol situé dans le quartier moderne de Guéliz, fréquenté par la jeunesse de Marrakech un peu plus aisée que celle de la Medina. Il y a des tables de billard, des jeux vidéo, de la nourriture américaine, des photos de jazzmen et des maillots pas dédicacés de Diego Costa ou James Rodriguez au mur. Karim est ici chez lui. Il déplace les canapés pour que l’écran géant qui va bientôt nous offrir le match soit à la meilleure des distances, il demande aux joueurs de billard d’aller exercer leur talent un peu plus loin, bref, ici c’est Paris ! Ça va commencer.

J’en chiale à l’intérieur

À l’écran, Didier Domi s’est mué en consultant pour Bein. Des chiffres apparaissent, des statistiques, maladie contemporaine internationale. Je revois les buts contre l’om. Je trépigne. Ça y est ! En quelques minutes, je comprends que la messe est dite. En arabe. Paris enfonce Nice et Cavani s’envole. Mon fils exulte sur chaque but et la voix de Paganelli à la mi-temps est sans attendre recouverte par celle du traducteur. Quel bonheur de ne pas avoir à encaisser les saloperies anti-parisiennes récurrentes de Stéphane Guy et de ses sbires. J’imagine, au coup de sifflet final, qu’il s’inquiète des ratés de Mbappé. Je me dis que le PSG, c’est encore mieux sans ses détracteurs médiatiques.

J’avale un cheeseburger et voit Dante finir le travail en grimaçant. Nous rentrons à pied au riad de Karim, sublime demeure comme tombée d’un paradis oublié. La nuit nous enlace. Sur le net, tard, je découvre cette anecdote formidable de Cavani après la remontada. Quand il a inscrit sur les murs du vestiaire parisien ce simple mot : humilité. J’en chiale à l’intérieur. Je m’incline. Demain, avion, retour en France. Demain, nouveau cachet pour étouffer la peur. Demain, Marrakech ne sera plus qu’un souvenir mirage, un songe rouge. Indélébile. Comme Cavani. Comme Paris.

Blaise Majesté

Paris c’est petit, trop petit pour toi mon gars,
Mamadou l’a dit, t’es trop soin pour nous reunoi,
Tu m’as pas tout dit, t’es plus à l’aise, t’as le blues,
Je te comprends Blaisou, le vrai malaise est là,
L’amour du blason avant tout, mais ils sont guez,
Paris-Merguez, mal blaisé, blindé façon seiz’,
Et à l’heure du Brésil, on bâtit tout en glaise.
Dans un blizzard de blé, tu ne seras plus à l’aise,
Ne les laisse pas te la fourrer à la Ménèz,
À te foutre sur le banc, sur le flanc, tout blasé,
Les vrais amoureux, ici, sont toujours blousés.

Par trois fois, tu l’appelleras Blaisou, mon gars.

L’ablation du Blaise me brise, m’en voilà rabelaisien,
Sous le Blitz brésilien, je reste black-blanc-Blaise,
Les plus grands blazes du foot-business ne pèsent rien,
C’est l’odeur du pèze qui les rend si balaises,
Tu ne seras pas aux fraises, et toujours parisien,
Si tu choisis, grand prince, l’exil au Lexomil.
Ils blêmiront alors, voyant ton baluchon,
Chaud comme la braise, je doute que ça leur plaise,
Quand ils comprendront alors qu’ils touchent le fond,
Réduits à la comédie musicale à chaises,
Où les niaiseux se reposent en baisant notre nom.

Alors fais-toi Blaise là-bas,
Ici, on t’oubliera pas.

La Crème Catalane

C’était en 2003, j’étais en vacances dans le sud de la Catalogne, le Barça tout puissant venait de recruter Ronaldinho, de nous arracher notre idole, notre amoureux, nos espérances, sans penser une seule seconde à notre douleur.

Ce n’était pas des petits maillots blaugrana floqués du nom du fétiche aux dents divines qui étaient accrochés partout le long des boutiques à touristes mais bien ma dépouille, pendue face au soleil torride et mal intentionné de ce petit port ennemi. Je contemplais ce spectacle maudit assis à la table d’un restaurant empestant l’huile d’olive bon marché. En cuisine Ils avaient pris mon cœur pour en faire de la pâte à croquetas. Je les imaginais malaxant avec un petit sourire arrogant la farce de mes espoirs déchus en essayant de viser l’assiette avec de petits crachats réguliers pour dégager à dessein le petit bout de pipas qui se coince toujours sur les lèvres.

Le serveur, sale, en extase venait de me servir ce plat infâme, immangeable vous l’imaginez. D’ailleurs, 15 ans plus tard je ne l’ai toujours pas digéré. Car oui j’ai tout mangé, tout avalé, la farce et les quolibets, sans rien dire, pour leur jeter à la gueule fièrement mon amour de Paris, un amour mange-monde qui se moque de leur torture paysanne. Je me suis juré de me venger de ce moment en débordant d’amour pour mon Club. Ce jour là un proverbe populaire s’est fait homme mais je ne le savais pas encore. « La vengeance est un plat qui se mange froid ». Ce n’est finalement pas un adage mais une prophétie.

Elle se réalise aujourd’hui, j’en tremble. Je réalise le chemin parcouru et je chante. Ne les regardons pas pleurer, ni se débattre, faisons leur bouffer jusqu’a la dernière miette cette recette des Dieux, délectons-nous de ce mets spécial, une pincée de leurs larmes, une larme de leur suffisance perdue, d’un zeste de #neymarada – la vengeance est aussi une justice sauvage – le tout saupoudré de la souffrance des sudistes. Quel régal ! Mettons nous à table et ripaillons ensemble mes frères ! Dégustons ce plat froid qui réchauffe nos cœurs. Barcelona, mès que un club sandwich !