Diego & Gaby Virage PSG

Diego & Gaby

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À évènement exceptionnel, mesure exceptionnelle.
« Même s’il n’a jamais joué à Paris, Diego est parti et vous pouvez écrire un papier sur lui si vous voulez ».
De prime abord je ne me suis pas senti concerné par les paroles de Xavier notre rédacteur en chef à la popularité maradonesque. Les principales raisons étant que d’autres auteurs de Virage sont bien plus affectés et bien plus talentueux que moi pour rendre hommage au Dieu argentin.
Et puis je dois bien vous l’avouer, Diego ça n’a jamais été ma came.


Joueur extraordinaire oui, légende oui. Mais pour moi si je devais choisir dans mon équipe entre Maradona et Platini, je choisirais toujours Platini. Entre un soliste, et un distributeur de caviars je choisirais toujours le deuxième. Je n’ai jamais vu jouer Pelé et Cruyff, mais pour moi ils seront toujours devant également. Le jour de la si mal nommée main de Dieu, j’en ai voulu à Diego. Non pas parce que je préférais les anglais aux argentins, mais parce qu’il avait triché. Et qu’en plus il l’avait nié. Si ce jour-là il avait été voir l’arbitre pour lui dire « oui j’ai mis la main ». Là oui je l’aurais trouvé grand. Alors on me parle de son deuxième but magnifique cinq minutes plus tard. Magnifique oui. But du siècle non. Il ne faut pas oublier que les anglais sont encore sous l’injustice et l’énervement du premier but. Le deuxième existerait-il sans la tricherie du premier ? Ce jour-là le football est perdant. Pourtant Maradona entre parait-il dans la légende du football. Il y rentre de force et par effraction. Moche.

Diego & Gaby Virage PSG
Le gosse et son précieux © Icon Sport

Attention, je ne suis pas en train de vous chanter le stupide et énervant refrain du footballeur qui doit être exemplaire dans sa vie privée, non, Diego a payé assez cher ses écarts, et c’est même cela qui me le rendait plutôt sympathique, Maradona était peut-être un Dieu mais Diego lui était bien humain. Tellement. Il a fait beaucoup d’erreurs, mais au fond de lui il est toujours resté El pibé de oro, ce gamin miséreux et pourtant en or. Bref, vous l’aurez compris je ne fais pas partie de l’Église Maradonienne, ce mouvement religieux voué au culte de Diego, et je ne comprends pas trop pourquoi les médias français en font autant. Evidement en Argentine je trouve cela normal, connaissant leur passion pour le foot et leur amour pour Diego. Autant en France… Si Diego avait été français on l’aurait surement critiqué pour sa main, l’accusant de tricheur, on aurait proposé de laisser notre place au tour suivant et on aurait présenté nos excuses aux britanniques… Thierry Henry si tu nous lis… On l’aurait aussi critiqué pour toujours se rouler par terre, on aurait dit qu’il faisait de la provocation sur chacun de ses dribbles géniaux…. Neymar si tu nous lis… Que pense Thierry Laurey du boucher de Bilbao ? Que Maradona l’a bien cherché ce jour-là ?

Bref, si j’ai décidé de prendre la plume pour nager à contre-courant de tout ce que je lis et entend depuis son décès, ce n’est pas pour me faire des centaines d’ennemis (bon des dizaines ce serait déjà bien…), mais parce que quand je pense Maradona et PSG, je pense Gaby. Je vous arrête tout de suite, je ne pense pas au traître, je pense au premier Gaby argentin à toucher le cœur des supporters parisien. Eté 1987, après la magnifique saison 1986 qui a vu le PSG gagner son premier titre de champion, le PSG fera une saison 1987 très décevante. La saison à venir sera pire, puisque l’on jouera le maintien. Mais ça Gabriel Calderón ne le sait pas encore, et moi non plus. A l’époque je ne le connais pas. Je vois juste qu’il arrive du Betis de Séville et qu’il a gagné la Coupe du Monde junior en 1979 avec un certain Diego Armando Maradona. Plutôt encourageant.

Comme chaque début de saison on espère voir Paris jouer les premiers rôles, comme souvent on sera déçu… Valse des entraineurs, Paris jouera le maintien. Gaby surnagera dans cette saison calamiteuse de par sa régularité et de par sa technique et son touché tout en finesse. Antépénultième journée du championnat. Le PSG est 18ème et va jouer son maintien au stade vélodrome ou l’attend un OM qui joue sa place en coupe d’Europe. A l’époque pas de diffusion télé. Oreille collée sur la radio j’entends le festival de Magic Sušić qui ouvre rapidement le score. Papin égalise, l’OM pousse, je souffre, la défaite pourrait nous envoyer en division 2…Nous sommes dans les dernières minutes… Cri dans le poste, buuuuut au vélodrome !!! Centre de Sušić but de la tête de Calderón ! Paris obtient une victoire décisive pour le maintien. Tapie est fou de rage. Ce sera le début de la rivalité orchestrée par le président marseillais. Si certains veulent une statue pour Diané, il en faudra d’abord une pour Gaby…

Diego & Gaby Virage PSG
Gaby de Paris © Icon Sport

La saison suivante Le PSG jouera le titre avec un jeu défensif, une défense de fer et déjà 4 fantastiques devant ! J’ai nommé La révélation, le feu follet gaucher Christian Pérez, Le buteur Mr Xu, L’éternel papé Safet et notre artiste argentin, oh Gaby, après deux saisons de galères que j’ai aimé cette équipe ! Malheureusement, les magouilles de Tapie voleront le titre à Paris et cette fois c’est une frappe de Sauzée à la dernière minute qui donnera quasiment le titre à l’OM à la 35 ème journée. La saison suivante Le renard Zlatko Vujović vient remplacer Daniel Xuereb à la pointe du quatuor, soutenu par le petit prince du Ray qui sort enfin d’une grosse saison à Nice, Daniel Bravo. Saison mitigée au final. Mais surtout saison de Coupe du Monde, sans la France qui s’est perdue à Chypre et qui sera battue en éliminatoire par la Yougoslavie de notre numéro 10 parisien. Pour ce tournoi je supporterais donc la Yougoslavie de Sušić et Vujović ainsi que l’argentine de Gaby et… Diego.

Les deux pays s’affronteront en quart de finale et c’est l’Albiceleste qui passera aux tirs aux buts. Au tour précédent c’est le Brésil de Ricardo et Valdo qui a subi la « classique » passe de Diego, but de Caniggia. Puis ce fut la terrible demi-finale contre l’Italie à Naples, puis cette finale contre la RFA, surement la finale la plus moche de l’histoire, les larmes de Diego. Quelque part, c’était déjà la fin pour Diego. Son retour à la coupe du monde 1994 ne sera malheureusement qu’un leurre. Gaby lui quittera Paris, qui vivra sa dernière saison sous l’ère Borelli, la Yougoslavie va rentrer dans la guerre et disparaitre. Les années qui suivront on continuera de suivre les frasques de Diego, qu’elles soient amusantes ou consternantes. Oui Diego fera toujours partie de nos vies au cours de ces années, que ce soit pour une déclaration fracassante, ou après un nouveau come-back amaigrissant, un séjour à l’Hopital ou encore via ce petit restaurant argentin ou trône son portrait encadrée dans cette alcôve aux rideaux pourpres, tel un trésor inestimable. Ce portrait de Diego levant la coupe du monde à bout de bras sous le soleil de Mexico. Surement un des plus beaux clichés de l’histoire des coupes du monde. Ce tournoi ou il a véritablement emmené son équipe au sacre, non pas tout seul comme je peux l’entendre (Burruchaga ou Valdano pour ne citer qu’eux, étaient loin d’être des clowns), mais bien en tant que guide et capitaine.

Les choses étant bien faîtes, pendant que j’écrivais ces quelques lignes, le site du PSG publie une Interview de Gaby qui nous parle de son ami Diego. Je lui laisse donc le mot de la fin :

« Il a rendu des millions de gens heureux grâce à son talent. Diego nous a quitté mais Maradona est immortel. »

Diego & Gaby Virage PSG
Gaby & Diego avec l’Albiceleste en 1982 © Icon Sport

J.J. Buteau

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