En deuil Virage PSG

En Deuil

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Payet et ses nichons gélatine peuvent bien fêter cette victoire au Parc.
Après 9 ans d’humiliations indiscutables, les sudistes ont enfin gagné contre Paris. C’est un trophée de rien, une coupe invisible, une non-ligne
dans un palmarès désespérément vierge depuis des lustres.


Voilà les deux dernières médailles olympiennes en une décennie : Ce 1-0 déjà avalé par l’oubli et notre défaite en finale européenne. Ils ne vivent qu’à travers nous. Par procuration. C’est de bonne guerre. Ils n’ont pas le choix. Hier, Paris n’a pas vraiment joué au football, est tombé comme un puceau dans le piège tendu par les Marseillais : Énervements, bagarres, simulations, provocations, gain de temps sur chaque dégagement, chaque touche, nous n’avons résisté à rien et c’était absolument pathétique. Alvaro aurait traité Neymar de singe. Au carton rouge et à la rage, j’aurai préféré que notre Roi plante deux buts pour faire taire cet Espagnol visiblement élevé dans une ferme où les cochons ne servaient pas qu’à nourrir la famille… Bref, deux matchs, deux défaites, contre un promu médiocre et un ennemi pas beaucoup moins faible. Je ne sais pas si Paris va relever la tête et vite récupérer cette première place en championnat que les plus cons et les plus enfants gâtés de nos supporters lui prédisent chaque année, – comme si les exemples de Montpellier et Monaco n’avaient servi à rien -, ou si Paris va nous offrir une saison catastrophique. Je ne sais pas.

Ce que je sais en revanche, c’est qu’il n’en faudrait pas beaucoup plus pour que je décide d’arrêter de suivre cette Ligue 1 sans âme ni calendrier, sans public ni jeu. Moi, mon oxygène, depuis trois décennies, c’est le championnat. Avant même l’Europe. C’est ce rendez-vous hebdomadaire qui me permettait de tenir, ce phare, au loin, qui rythmait ma vie et m’empêchait de complètement sombrer. Ma meuf m’a plaqué ? Pas grave, y’a PSG-Caen samedi. Une rage de dents ? M’en fous, y’a Saint-Étienne-PSG dimanche. Plus de fric sur mon compte?  M’en branle, y’a PSG-Lorient dans trois jours. Triste constat ? Oui, vous avez probablement raison. On ne voue pas son existence à un Club de football. C’est dérisoire, ridicule, anecdotique, puéril… J’ai écrit un livre là-dessus. Et j’ai bien peur de n’avoir pas changé. Je reste persuadé que sans ces passions inutiles, dévorantes, l’homme n’est presque rien, une boule de chair qui roule vers la mort. Je ne veux pas briller socialement, je ne veux pas réussir, écraser, je veux pouvoir retrouver mon Club chaque semaine et prier pour qu’il terrasse son adversaire. Je veux pouvoir encore encaisser les défaites, célébrer les victoires, multiplier les vannes et les insultes en me disant que, quoiqu’il arrive, ça recommence dans quelques jours.

Et puis, en mars, patatra. Covid, isolement forcé, arrêt des compétitions. Un no man’s land inédit se dévoile en direct. Le football, comme le reste du monde, s’adapte à la pandémie. Il en profite pour vider ses tribunes et passer de trois à cinq changements. Il change, doucement mais sûrement. Je pensais que le manque durant le confinement allait être insupportable. Je craignais le pire. Qu’allez devenir mes weekends sans ballon ? Très vite pourtant, je m’y fais. Et j’étais encore plein d’espoir : Ça va reprendre, comme avant. Ça va revenir. Le final 8 et les deux coupes nationales glanées au forceps ont été des leurres acceptables. Oui, Paris était de retour, oui, le football reprenait ses droits.

La ligue 1 est là. Alors que Paris défie les Boches en finale, les ploucs de France lancent les hostilités. On est un pays de foot ou on ne l’est pas… Très vite, des matchs sont annulés, repoussés. Le calendrier implose avant même de vraiment s’afficher. Un nouveau diffuseur entre dans la danse. 25 balles pour assister à ces rencontres indigentes, à ces tactiques qui n’en sont pas, à cette mascarade que personne ne nous envie. Grâce au match d’hier, je sais désormais que je ne m’abonnerai pas. Et que je ne céderai même pas aux avances de ce décodeur pirate algérien, apporté hier par un ami et qui a pourtant fait ses preuves, malgré quelques bugs en première mi-temps. Non. Je ne veux plus payer pour ce non spectacle, cette parodie de football. Non. Le streaming sera amplement suffisant. Mon rituel n’en est plus un. Il va peut-être falloir que je me trouve une autre addiction, un nouveau dealer.

Ce n’est pas cette défaite contre les bourrelets de Payet qui me rend fataliste. Plutôt ce sentiment que nous sommes en train d’assister à la fin de quelque chose. C’est la première fois en trente piges que je ne regarde plus fébrilement le classement, que je ne me renseigne pas sur les affiches du week-end, que j’ignore même les résultats de nos adversaires. Et je me dis qu’avec cette coupe du monde qui se profile à l’hiver 2022, nous ne parviendrons pas à retrouver notre rythme d’antan. Le Mercato se terminera cette année en octobre. Nous allons jouer nos prochains matchs de championnat amputé d’une bonne partie de nos cadres. Ça ne rime à rien. Tout est dénaturé, poussif, désincarné. L’économie est ce rouleau compresseur qui ne fait pas de sentiment. Il faut jouer, il faut avancer, coûte que coûte. Même si Paris comptait six points sur six aujourd’hui, je préférerai qu’on arrête tout. Que le foot ne reprenne que quand son peuple pourra le rejoindre en tribunes. Sinon, c’est autre chose, du catch, un ballet pour rien, une mascarade avec des chants de supporters diffusés en boucles, fantômes terrifiants, prophètes d’un malheur annoncé.

J’entends déjà les pragmatiques ricaner. Et je les emmerde. Qui peut décemment se satisfaire de ce qu’il voit à la télé depuis la reprise ? Qui peut sérieusement accepter de voir sa passion ainsi galvaudée, piétinée ? Qui ? Franchement. Je n’ai même plus envie de débriefer le match, de me demander si Tuchel est encore l’homme de la situation, si Leo est encore aux commandes, si notre équipe a de quoi lutter pour le titre. Le final 8 a été une sorte de mirage. Cet esprit commando ne pouvait pas durer éternellement. Nos joueurs, de toute façon, ne semblent aimer que les joutes continentales. Le championnat, c’est une obligation, un poids, une perte de temps. Comme ils se trompent. Ce qui est angoissant, c’est de constater que sans nos stars, nous n’avons plus de collectif, plus d’envie, aucun automatisme. Aucune identité de jeu. Nous pourrions jouer trois jours que nous ne marquerions pas. Nous jouons au handball, nous ne déchirons rien, nous ne faisons plus peur.

Mbappé exige déjà un bon de sortie pour l’été prochain. Nous venons apparemment de re-signer Choupo. J’ai l’impression d’être sur un manège fou. Ou sur un radeau, perdu au beau milieu de l’océan. Et que plus rien n’a d’importance. Il aura suffi d’une semaine à Ibiza pour que toutes nos éventuelles certitudes partent en fumée. Et puis il y a tous ces joueurs qui n’en sont plus : Sarabia, Gueye… Le PSG existe-t-il encore ? Pire: Le football est-il encore une réalité ? J’aurai préféré ce matin être en colère, ruminer ma frustration en maudissant Thauvin et sa coupe de Forban. Mais non. Ce matin, je suis triste. Triste comme un homme qui devine que son monde ne se conjuguera bientôt plus qu’au passé.


Jérôme Reijasse

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