Hugues Renson Virage PSG

Hugues Renson

par et

Peu sont les hommes politiques qui assument à 100% leur amour du football,
voire leur passion pour un club. Hugues Renson fait partie de ceux-là.
Le Vice Président de l’Assemblée Nationale
ne se cache pas. Il est supporter du PSG depuis toujours. Nous l’avons rencontré dans ses bureaux au Palais Bourbon,
où trônent, entre les dossiers, plusieurs livres consacrés au PSG.
Pas de doute, on est bien en territoire connu.

Vous êtes supporter du PSG depuis quand et pourquoi ?

Je suis un supporter inconditionnel du PSG depuis l’enfance. Né en 1978, j’ai eu très tôt l’amour du foot. J’ai suivi le club qui arborait les couleurs de ma ville. J’aimais le PSG, son maillot, ses joueurs : Sušić, Calderón, Tanasi, Jeannol, Bats !  Puis j’ai découvert le Parc des Princes, qui m’a immédiatement saisi. Je me souviens précisément du jour où j’y suis entré, pour la première fois : C’était lors du tournoi de Paris, à l’été 91, pour le début de l’ère Canal+. Le PSG vivait sa première grande transformation, avec de nouvelles recrues symboliques et les premiers gros investissements : Bruno Germain, Bernard Pardo et Laurent Fournier arrivaient de Marseille. Il y avait aussi Valdo, Ricardo, Geraldao… Au fond, j’aime plus le PSG que je n’aime le foot ! J’ai la passion du club, l’amour de son stade et de son ambiance. Il y a au Parc quelque-chose d’assez indéfinissable qui fait vibrer tous ceux qui y pénètrent. Alors oui, je suis devenu accroc, abonné à Auteuil, l’année où les Supras ont été créés, avant de passer, plus tard, à Boulogne alors qu’à l’époque, le mouvement était plutôt inverse ! Et puis ma vie de supporter a évidemment été marquée le 8 mai 1996 pour la finale de Coupe des Coupes. J’avais 18 ans et j’ai fait le déplacement dans un bus de supporters. Inoubliable ! Au fil de ma vie, je n’ai jamais quitté le Parc, même si, avec l’âge, et au fur et à mesure que ma carrière professionnelle avançait, j’ai quitté les virages. Aujourd’hui en tant qu’élu, j’ai le privilège de pouvoir me rendre dans le Carré ! Et je mesure ma chance ! 

Vos premiers souvenirs du club de la capitale ?

Mes premiers souvenirs, ce sont les grandes figures des années 80, et notamment Gabriel Calderón, un artiste argentin que je vénérais. Il y a bien-sûr eu aussi Safet Sušić. A l’époque, les matchs n’étaient pas télévisés. J’ai des souvenirs de multiplexs à la radio : allongé dans ma chambre sur mon lit, écoutant la radio en notant l’évolution du score sur les pages de l’Equipe. C’est aussi l’époque d’Amara Simba, avec cette campagne de publicité, dans tout Paris : « PSG Fais-nous rêver ». Aujourd’hui, je ressens toujours une émotion particulière quand je croise Amara Simba au Parc et que nous nous saluons. Idem avec David Ginola, que j’ai la chance de désormais bien connaitre. Ce sont les stars de ma jeunesse !

Hugues Renson Virage PSG Ngotty PSG Rapid de Vienne 1996
La course folle de Ngotty à Bruxelles en 1996 © Icon Sports

Quand vous arrivez à Boulogne, vous rejoignez les Boys ?

Oui. Même si, comme on le dirait en politique, j’étais plus un sympathisant qu’un membre actif. J’avais la carte des Boys car je trouvais ça sympa d’en avoir une. Mais ce que j’ai surtout découvert, et que j’avais commencé à expérimenter à Auteuil, c’est le kop ! Un virage de supporters, c’est le poumon d’un stade. Il vibre, il respire, il exulte. Le Kop, c’est une organisation, une passion partagée, une solidarité. Il y a une volonté commune de se sentir utile, et de porter son équipe. Bien sûr, il y a des excès, et notamment des excès de langage….  Et je confesse parfois aussi me laisser aller… Encore aujourd’hui, dans le Carré, il m’arrive d’avoir des réactions excessives… Je me lève, je bondis, je crie…. Bref, je vis le match… mais j’essaye de bien me tenir ! 

Horsmis Bruxelles, vous avez fait d’autres déplacements avec les Boys ?

Non. Bruxelles a été mon seul déplacement organisé. Ensuite, j’ai fait un certain nombre de déplacements individuels. Quand le PSG joue à l’extérieur et que je me trouve dans la région, j’aime aller les encourager. 

Qu’est-ce que vous retenez de ces années à Boulogne ?

Déjà une forme d’initiation au supporterisme. Un stade, ce n’est pas une salle de spectacle. Il y a, dans les virages, un vrai espace de socialisation, dont la dimension sociale, culturelle voire patrimoniale ne fait aucun doute. On y retrouve des amis. On y trouve des valeurs. On y est organisé. On y cultive la solidarité et l’entraide. J’ai aussi – comment l’occulter ? – été confronté à certains excès que l’on peut trouver dans une tribune, je pense notamment à des formes de radicalités politiques. La violence n’a pas sa place dans un stade de foot. Mais des groupuscules violents ont longtemps pensé qu’ils y avaient un espace d’expression. Chacun a en mémoire les évènements tragiques de PSG-Caen de 1993 (Ndlr : 28 aout 1993) où un CRS se fait tabasser, en tribune, par quelques excités. Comment ces évènements ont-ils pu advenir ? Ces dérapages, aussi inadmissibles qu’isolés, ont sérieusement et trop longtemps terni l’image de tous les vrais supporters parisiens, qui eux, donnent de leur temps, de leur énergie, de leur argent aussi, pour encourager leur club, pour vivre leur passion, pour exprimer leurs émotions. Fort heureusement, la violence a été éradiquée du Parc des Princes. Le chemin pour y parvenir a été long et difficile. Cela a suscité des incompréhensions, voire des tensions. Mais la situation a été pacifiée. Les supporters peuvent à nouveau faire résonner leur passion. Et c’est tant mieux, parce qu’un stade sans supporter n’est pas vraiment un stade. On le constate avec tristesse en ce moment, à cause de la pandémie… 

Est-ce que que l’on pourrait comparer un discours au perchoir devant l’hémicycle au travail d’un capo en Virage ? Est-ce aussi impressionnant ?

Hugues Renson Virage
Sur la tribune © D.R.

Complètement. Il y a un travail d’animation, de coordination, de surveillance et de régulation, aussi. Quand vous avez des centaines d’yeux qui vous regardent pour savoir quelle est l’attitude à avoir, quelle réaction le collectif doit adopter, oui il y a une similitude. C’est un peu comparable à un chef d’orchestre. Mais il existe en revanche une différence majeure ! Dans l’Hémicycle, le Président de séance a pour mission de faire vivre la pluralité des voix et des sensibilités. Le Virage, lui, est puissant lorsqu’il est uni et qu’il porte d’une seule voix son équipe.

Vous auriez été tenté de devenir Capo ?

Non, j’en aurais été bien incapable ! Même si ça me fascinait, je ne m’y suis jamais vu. Je n’en avais ni l’énergie, ni le courage.

On parlait de politique en tribune. Est-ce que ça a influencé vos orientations ?

Absolument pas. Mon éveil politique a eu lieu assez tôt et il est tout à fait différent et décorrélé de ma passion pour le PSG. Au fond, ce sont les deux passions de ma vie. Parallèles, et tout aussi fortes. Mais elles ne sont jamais rencontrées. Si j’avais dû travailler pour le PSG, j’y aurais mis autant de cœur et de convictions que pour mon engagement politique. En revanche, je suis absolument convaincu d’une chose : plus la politique se retrouve en dehors des stades, mieux on se porte.

En 2010, lors des incidents qui ont amené le plan Leproux, compreniez vous le discours de certains politiques qui voulaient tout bonnement dissoudre le PSG ?

Comment aurais-je pu le comprendre ? Au contraire, j’étais révolté. Vouloir casser un club, un outil de travail, des emplois, un secteur économique, la passion de plusieurs dizaines de milliers de personnes, au motif qu’on ne sait pas traiter efficacement un problème pourtant bien réel, c’était un mélange de facilité, de méconnaissance et de démagogie. Cette idée saugrenue n’a heureusement pas prospéré très longtemps. Mais cela témoigne d’une difficulté, encore d’actualité : il y a une méconnaissance regrettable du monde des tribunes et du football de la part des femmes et des hommes politiques. Avoir un avis péremptoire sur une difficulté, et proposer une solution inapplicable, ça n’a aucun sens. Pour autant, c’est à ce moment-là qu’il y a eu une prise de conscience globale du club, des supporters eux-mêmes, et de l’ensemble de l’éco-système du PSG. On ne pouvait plus continuer comme ça. La sécurité en tribune est non négociable. Je parle comme supporter autant qu’en père de famille et en tant qu’élu. Il faut juste trouver collectivement des solutions intelligentes. 

Quel est votre position quant au monde ultra ? Pensez vous qu’ils soient parfois trop stigmatisés ?

Il existe des raccourcis et des idées reçues, et comme dans tous les domaines, les a priori sont très éloignés de la réalité. Alors oui, comme supporter, ça m’agace. Que les gens qui vont dans les stades, qui ont des relations avec les supporters aient un avis, c’est normal. Ils s’y confrontent. Mais comme souvent, les jugements les plus sévères sont portés par ceux qui ne connaissent pas. En l’espèce, ceux qui se permettent de juger sont ceux qui n’ont jamais mis un pied dans un virage, ni entretenu d’échanges avec les associations de supporters.  Il ne faut pas dire n’importe quoi et se renseigner sur l’éco-système d’un club avant d’en parler. 

Hugues Renson Virage PSG
Une passion incontrôlable ? © Icon Sports

Avez-vous lu le rapport de Marie-George Buffet et de Sacha Houlié (Député LREM) sur le supporterisme en France ?

Bien sûr. C’est un travail très intelligent, qui doit permettre de restaurer la confiance envers les supporters. Marie-George Buffet a été Ministre des Sports et connait parfaitement le sujet. Sacha est un ami très cher, un député engagé qui a de grandes qualités, même s’il a évidemment un immense défaut que vous connaissez (Ndlr: il est supporter de l’OM). On se chambre beaucoup, on ne parle quasiment que de cela quand on se voit. Nous sommes allés ensemble à un PSG-OM. Je l’ai présenté à Nasser. Après 10 min, il y avait 3-0, donc les choses avaient été réglées très vite. Malgré son amour de l’OM, et blague à part, Sacha Houlié connait très bien le sujet. Il partage la même passion et le même regard, bienveillant et compréhensif, sur le supporterisme. Nous avons la volonté d’avancer et de trouver des solutions, adaptées à la réalité avec une double exigence : responsabiliser les acteurs, et notamment les associations et leurs représentants d’un côté, et garantir le respect de la sécurité de l’autre.  

Sur les fumigènes quel est justement votre position ?

A mes yeux, ils sont indispensables à la vie d’un stade. Dans un virage, il y a des chants, des banderoles, des fumis, des mouvements. Tout peut, a priori, poser problème. La question n’est donc pas de vouloir tout interdire. La question, c’est de savoir comment on régule, comment on impose un usage. Cela passe par la responsabilisation. Est-ce qu’interdire les fumis les fait disparaitre des stades ? Ça se saurait ! Plus on interdit des choses, plus les gens les font. Il faut donc réguler. Ça doit pouvoir se faire avec les associations de supporters, les clubs, les pouvoirs publics. Chacun doit agir en responsabilité. 

D’où l’intérêt des associations montées en tribune par les groupes.

Evidemment, les associations sont indispensables. C’est l’erreur fondamentale de la dissolution en 2010. Une association de supporters, c’est un canal de régulation, ce sont des interlocuteurs avec lesquels on peut avoir des discussions, parfois difficiles. Il faut qu’on puisse voir quel est le cadre qu’on pose avec eux pour qu’ils puissent vivre leur passion. Rien n’est pire que d’avoir des mouvements disséminés. Alors oui, il faut des associations. Les représentants des supporters jouent un rôle considérable. Ils ont une responsabilité. Le rapport Buffet/Houlié propose même que ce soit reconnu. 

Vous continuez à fréquenter les tribunes du Parc malgré votre agenda ?

Je ne rate jamais un match et je vais au Parc dès que c’est possible. Compte tenu du COVID, cela fait trop longtemps, malheureusement… Et je ne sais pas si je peux le confesser, mais il m’arrive même de suivre l’évolution des matches lorsque je suis au Perchoir. Il parait que Philippe Séguin les regardait, lorsqu’il présidait l’Assemblée Nationale !

Hugues Renson Virage
En Virage Auteuil © D.R.

Préférez-vous une saison ou Paris écrase la L1 ou très disputée comme cette année, quitte à manquer le titre comme en 2017 ?

Là-dessus, je n’ai aucune pudeur et aucune délicatesse ! Qu’un match soit disputé, c’est très bien. Mais mon souhait, c’est qu’on les gagne tous ! Et largement ! Quand on regarde la saison en cours, même s’il existe des explications à la situation actuelle et au fait que le championnat soit davantage disputé, cela ne me fait pas spécialement plaisir. Avant l’arrivée du nouveau coach, on ne jouait pas bien. Et oui, je préfère que l’on soit très nettement au-dessus. Ensuite, le débat porte sur le niveau de la Ligue 1. Certains disent qu’écraser la Ligue 1 ne permet pas de se préparer suffisamment pour la Ligue des Champions.  Je n’ai pas la réponse… Mais je ne suis pas convaincu que notre championnat soit meilleur cette année, parce qu’il est plus disputé… 

Quel regard portez vous sur le projet QSI à Paris ? Pensez vous qu’ils se soient installés ici pour longtemps ?

Comme beaucoup de supporters, j’ai connu l’avant QSI. J’ai une immense reconnaissance pour les « pères fondateurs », et notamment le Président Borelli. J’ai adoré l’ère Canal+ et la présidence intelligente et transformatrice de Michel Denisot. Puis il y a eu l’épisode Bietry, et des changements incessants de gouvernance, avec des investissements pour le moins incertains. Dans ces moments durs, j’étais tout autant supporter. Mais ce qui est sûr, c’est que lorsque les résultats sont médiocres, qu’il y a une mauvaise ambiance dans le club comme dans le stade, que les joueurs qui arborent vos couleurs sont de dimension modeste, c’est plus dur à vivre. L’arrivée de QSI a été une grande opportunité pour le club, pour la ville de Paris, et pour l’ensemble du foot français. Le PSG existait avant, contrairement à ce qu’avait dit Zlatan ! Mais le PSG a changé d’ère. Bien sûr, les observateurs, voire les détracteurs, vous parleront de plein de choses : « c’est un investissement intéressé », « c’est de la diplomatie qui se sert du foot » etc… Mais voyons, regardons les faits ! Le travail qui est accompli est absolument remarquable. Notre club est désormais de dimension planétaire. Dans tous les domaines : sportif, image, marketing. On a franchi un cap qu’on aurait pas franchi sans ce propriétaire. A l’époque, les rubriques mercato nous annonçaient la signature de Daniel Kenedy ou Vampeta ! Maintenant, elles se demandent si on va pouvoir réussir à signer Messi, ou surtout Dybala, qui est un de mes joueurs préférés et dont l’arrivée serait merveilleuse ! Alors oui, je préfère être dans cette nouvelle situation. Nasser est, par ailleurs, un excellent président. Intelligent, cultivé, ambitieux. Il est très efficace à Paris, et très utile au foot français en règle générale. L’arrivée de Leonardo, figure du Club, nous a aussi permis de franchir un palier. Je ne crois pas que l’on ait déjà eu à Paris un tel niveau de professionnalisme et de rigueur. 

Est-ce que c’est facile d’assumer le fait d’être supporter du PSG quand on occupe vos fonctions ? Est-ce que vous n’avez pas peur qu’on vous traite d’opportuniste ?

Assumer d’être supporter du PSG ? Ah ça oui, assurément ! Et je l’assume d’autant plus que je le suis de longue date… Mais vous avez raison, il peut y avoir chez certains une dose d’opportunisme ! C’est amusant de venir dans la corbeille du Parc en période électorale ! On y trouve plein de supporters occasionnels ! Faire semblant de supporter notre club en période électorale, c’est un peu un passage obligé…  Comme si assister à un match allait inciter les supporters à voter dans tel ou tel sens. Ceci dit, et même si on ne partage pas les mêmes idées, il existe des politiques qui aiment vraiment le club. Pour Nicolas Sarkozy, c’est indiscutable. Manuel Valls aussi, même s’il préfèrera toujours le Barça. Anne Hidalgo, aussi, aime profondément le PSG. Elle vient au Parc comme Maire de Paris, mais elle aime le foot et elle est profondément attachée au club, au stade, aux joueurs. Elle s’entend très bien avec Luis Fernandez. Au fond, nous sommes quelques-uns à partager la même passion. C’est en cela que le foot est fédérateur. Vous en connaissez beaucoup de sujets qui peuvent fédérer comme ça autant d’acteurs si différents ? Pour en revenir à la question d’assumer, la seule chose sur laquelle je m’impose une discipline, c’est que je ne peux pas tout me permettre. Par exemple l’été dernier, quand les marseillais sont allés fêter notre défaite contre le Bayern sur la Canebière, là vraiment j’ai dû contrôler ma réaction. Si je m’étais laissé aller à un tweet, il m’aurait été reproché. L’exposition publique que j’ai m’oblige à poser un cadre que je ne poserai probablement pas si je n’étais pas élu. Je suis par exemple très heureux de l’arrivée de Pochettino et je l’ai exprimé. Mais je m’étais gardé d’exprimer mon avis sur la gestion de Thomas Tuchel. 

L’arrêt de la L1 en France la saison dernière pour cause de Covid, est-il le signe que le foot reste considéré comme accessoire par les politiques ?

Je l’ai regretté. Les choses ont été faites trop brutalement et sans concertation. Mais l’urgence de la situation et l’inconnue dans laquelle nous étions plongés le justifiaient probablement. Tout a été arrêté. L’école, l’économie, la culture etc… Pour le football comme pour tous les autres secteurs de la vie du pays, ça a été compliqué. Les dispositifs de soutien à l’activité ont bénéficié aux clubs de foot, de telle sorte que la casse a été limitée. Des clubs de petite ou moyenne taille, vont probablement s’en sortir. Pour ceux dont les recettes reposent davantage sur la billetterie, le merchandising, le sponsoring ou les droits télé, ce sera financièrement très compliqué et les actionnaires vont devoir se montrer solides. Pour le foot comme pour bien d’autres secteurs d’activité, il faudra du temps pour se relever. Mettre sous cloche, pourquoi pas. Mais attention à ne pas casser les outils…

Hugues Renson Virage PSG Mbappe Macron
Sport et politique © Icon Sports

Existe-t-il beaucoup de supporters de foot chez les hommes et femmes politiques à l’Assemblée ?

Oui bien sûr, comme dans toute la société française ! Ça parle foot dans les couloirs comme dans n’importe quelle entreprise. Il y a beaucoup de passionnés. Je suis d’ailleurs à l’initiative de la création d’une association informelle de députés supporters du PSG. (Ndlr : PSG députés). On est une soixantaine. On a pu organiser le visionnage de Ligue des Champions dans les bureaux de l’Assemblée sur des temps partagés. Ce qui est amusant, c’est qu’il n’y a pas que des franciliens ou des parisiens. La passion du PSG existe partout, même si certains ont peut-être plus de mal à assumer leur passion sur les territoires qu’ils représentent. Notre association est trans-partisane. Il y a toutes les mouvances et tous les territoires. Il existe aussi une association de fans de l’OM, qui existe et qui est présidée par Eric Diard qui est élu Les Républicains de Marseille, et qui, je regrette de le dire, est très sympa aussi ! On se chambre pas mal. C’est amusant de voir comment le foot atténue toutes les oppositions, même dans les moments les plus crispés et intenses du débat politique. 

Est-ce que vous organisez des visionnage de Clasico avec eux ?

On ne l’a pas fait et je pense qu’il est préférable de ne pas le faire ! Un Clasico exacerbe les tensions ! Je ne suis pas sûr que regarder un PSG-OM à l’Assemblée soit une bonne idée. 

Est-ce qu’occuper un jour des fonctions au PSG pourrait être une mission qui vous intéresserait ?

Je ne sais pas si je pourrais y être utile. Et par ailleurs, je ne suis pas sûr que travailler au service d’une passion soit toujours une si bonne chose que cela !  Mais, si un jour, cela se présentait, j’en serais follement heureux. J’ai même souvent dit à des amis que si le PSG m’appelait, je lâcherais tout. Et ce n’est pas un appel du pied ! Aujourd’hui, à la place qui est la mienne, je peux déjà me montrer utile. 

Vous êtes élu LREM. Vous côtoyez le président Macron. Est-ce un vrai fan de foot ?

Il connait très bien le foot sans aucun doute, et il l’aime. Mais nous avons une divergence fondamentale… Nous sommes de la génération pour laquelle le club qui dominait le foot français, c’était l’OM, le grand OM. Moi j’ai choisi Paris. Lui a plutôt suivi la tendance (rires) ! Mais oui, c’est un vrai passionné.

Hugues Renson Virage PSG Neymar
Quand Neymar retournait le Parc des Princes © Icon Sports

Est-ce que Kylian Mbappé ferait un bon homme politique ?

Il en fait ! De plus en plus, d’ailleurs… Il a une maturité assez exceptionnelle. Et je crois qu’il a pris conscience que sa voix pouvait porter. Il s’est engagé sur le Black Lives Matter. Il a eu une attitude remarquable lors de PSG-Basaksehir. Il prend de plus en plus de positions. Et je trouve que c’est très bien. Quand on a des convictions, et quand on a une aura aussi large, il est normal de vouloir les faire partager. Mais il lui arrive aussi de jouer du rapport de forces, comme il l’avait fait à l’occasion des Trophées UNFP en réclamant plus de responsabilité. Sortie publique que je n’avais que très modérément appréciée…

Votre avis sur le départ de Thiago Silva et Edinson Cavani ?

Ce sont deux très grands joueurs qui auront marqué l’histoire du Club. Je regrette beaucoup le départ de Thiago Silva. Il aura réussi, au fil du temps, à construire un lien indéfectible avec le club et les supporters. Et je suis convaincu qu’il reviendra un jour au PSG, dans l’encadrement ou la direction. Concernant Edinson Cavani, je ne peux pas être objectif… Je suis un fan absolu ! Et j’ai beaucoup regretté les conditions de son départ… Pour tout ce qu’il a accompli avec le club, pour ses 200 buts, j’ai trouvé que cela avait été trop brutal. Il a tout donné, sous notre maillot. Et j’aime ça. Et contrairement à ce qui est dit ici ou là, ça existe encore, des joueurs qui ont un amour du club et des supporters. Je pense à Marco Verratti. Je ne suis pas sûr qu’il connaisse un autre club que le PSG et c’est tant mieux. C’est probablement ce qui m’avait déçu avec Zlatan… Considérer que le club n’existait pas avant lui, c’est une profonde erreur… Le PSG existait avant. Et il existera longtemps après. 

Pensez-vous que Neymar est en train de construire ce lien avec Paris ?

Sans aucun doute. Neymar est une légende, un joueur phénoménal. Sa relation avec le club est passionnelle. Elle se construit avec le temps. Mais l’épreuve qu’il a subie, en se faisant conspuer par le stade, a paradoxalement renforcé, je le crois, ses relations avec le PSG et avec les supporters. Il a démontré sa volonté de réussir à Paris, et de faire taire tous ses détracteurs…  De mon point de vue, les ultras étaient allés trop loin avec lui. Sa réponse est venue sur le terrain avec ce somptueux retourné lors de PSG-Strasbourg (Ndlr : 14 Septembre 2019). Pour moi, c’est le point de départ de son histoire avec le PSG. Il doit s’inscrire dans la durée à Paris. Et avec Neymar, on gagnera la Ligue des Champions. 


Xavier Chevalier
Romain Podding

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