Neymar Virage PSG

Il est des nôtres,
il a pris son coup comme les autres

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Di Maria. Neymar. Peut-être Marco, Rafinha et Navas. Nous irons à Barcelone diminués et l’euphémisme est cruel. Les malédictions n’existent pas et Paris est maudit. Manquerait plus que Mbappé se pète contre Nice. Tant qu’à faire !


Qui avons-nous renié, blasphémé, insulté ? Quels Dieux avons-nous offensés ? Résultat : Paris, à la veille des grandes batailles, monte encore au front avec un rat dans sa cervelle. Nous sommes bien au delà de la paranoïa là, indéniablement. Je n’ai pas honte de l’écrire. Sorcellerie, vaudou, épreuve mythologique ? La jubilation à peine dissimulée quand Sebastien Tarrago, en direct sur l’équipe du soir, annonce le forfait de Neymar après sa blessure à Caen. Les commentaires sur les réseaux des anti- PSG… ils jouissent parce que Neymar a une nouvelle fois chuté. Ils sont soulagés nos ennemis. Nous avons perdu notre Indispensable. C’est de bonne guerre et c’est une guerre sans foi ni loi. La leur, la notre.

Neymar ne sera pas là. Je lis des commentaires de supporters parisiens également, qui traitent Neymar de chèvre, de mec pas sérieux, de boulet… j’imagine des rancuniers qui n’oublieront jamais que le Brésilien voulait revenir chez son pote Messi il n’y a encore pas si longtemps. Il serait temps qu’ils pardonnent. J’ai pardonné : à Neymar d’avoir manqué de foi en Paris. Et à moi de ne pas avoir compris immédiatement que Neymar était viscéralement un joueur fait pour nous : connard, imprévisible, chambreur, branleur, passionné, sanguin, fêtard, intrépide. La seule chose qui nous différencie, nous, les supporters, de Neymar, c’est le génie. Ça me va.

Pascal Dupraz a une nouvelle fois démontré qu’il était moins entraîneur que brigadier chef. Moins Homme que caricature d’homme. Il confessait rêver un jour de coacher Manchester United et le voilà à dresser des veaux. On ne se refait pas… Neymar se blesse et la France applaudit. Il l’a bien cherché, il simule, chiqué, tricheur, bien fait. Mano l’a écrit sur Facebook et il a raison : c’est comme ceux qui disent après un viol qu’elle n’avait pas qu’à s’habiller comme ça. Les bœufs. Les mêmes bœufs qui s’offusquent si on ose vanner Pape Diouf. On n’a pas le droit de blaguer sur un mort mais on peut publiquement se réjouir qu’un génie du ballon rond se pète ? La France ne sera jamais un pays de foot. De footeux et de footix grand max. Et de jalouses.

Je vais vous faire un aveu : si Diego avait joué à l’OM, je l’aurai bien sûr honni mais il m’aurait imposé par ses actions le respect. Diego n’a heureusement JAMAIS joué à l’OM. Neymar, LUI, joue à PARIS. Neymar, le football dans toute sa sauvagerie et son innocence. Il peut être agaçant, frustrant, insupportable même certains soirs lorsqu’il est victime du syndrome E.S.S (entêtement solitaire stérile). Mais il ose, tout le temps. 4 contre 1 ? Il y va, tout le temps (combien sont-ils à avoir systématiquement ce désir d’en découdre ?). Comme Bruce Lee, Neymar aime les bastons inégales. Le défi. Tirer un péno ? Il les tire, tout le temps. Sans jamais trembler. Neymar a la poésie et les burnes, le vice et l’élégance, le talent et l’instinct. Et il joue en rouge et bleu. PSG. Et il va prolonger.

Les aigris de Paname, les mêmes cités plus haut, disent qu’il reste parce que personne ne peut se le payer, que sans le Covid, ce ne serait pas la même chanson. Et que ça n’a rien à voir avec de l’amour, de la fidélité. Et alors ? Tu veux l’épouser Neymar ? Un coming Out pour soulager ta conscience ? Tu fais partie de ceux qui ont aussi reproché à Cavani d’être un mercenaire, hein ? Oh le scoop ! Merci ! Ce sont tous des mercenaires, wake up! !! (Et un mercenaire qui reste 7 piges, qui s’arrache à tous les matchs et qui bat le record de buts du Club, moi, j’en signe tous les jours si je peux). Ils disent encore que Neymar ne vit pas sainement. Que ses nombreuses blessures vont même peut-être gâcher sa carrière. Neymar devrait moins faire la fête. Se coucher plus tôt. Se vider un peu moins les couilles. Neymar ne peut s’en prendre qu’à lui même en somme. Jamais victime. Pas le droit. Trop riche. Trop insolent. Trop individualiste. Tropico.

Yago est une brute parce qu’il est  un joueur médiocre. Comme Alvaro. Je vois son rire gras quand, avec ses potes, il a raconté comment il avait mis Neymar à l’amende et en rematant en boucle l’action scélérate. Le rire du crétin, du bully, du décomplexé. Je ne suis même pas persuadé que c’est le coup de Yago qui blesse Neymar. Ce que je sais, c’est que Yago aurait dû être exclus et que son geste, peu importe les conséquences, est dégainé pour faire mal, rien d’autre. On casse Neymar et on reproche à Neymar d’avoir provoqué ! On reproche à Neymar d’être le foot. Voilà la France. C’est une honte. C’est ridicule. Le mec gagne des millions et il se blesse ! Oh l’enculé. C’est comme ces Catholiques qui reprochent aux pauvres de l’être par manque d’efforts. Dans ma famille, j’ai eu des spécimens du genre. Tu n’as pas fait ce qu’il fallait, méchant Neymar. Et maintenant, tu payes l’addition. On t’avait prévenu ! Putain, les moralistes, les juges, les docteurs, les diététiciens… fermez vos gueules, à jamais, par pitié !

Pourquoi tout le monde aime Messi ? Parce que c’est un génie lui aussi, oui, d’accord. Et ? Parce qu’il est petit, gentil, timide, un seul carton rouge en 8597 matchs, pro à mort. Pareil Ronaldo. Du Walt Disney en terme de story telling comme disent les bobos colonisés moralement par l’Amérique. Neymar… c’est le Grinch et Franco dans les 12 salopards. Le Bon et le Truand. Il laisse le costume de la Brute. Aux autres. À ceux qui ont encore besoin de voir le ballon pour savoir quoi en faire. Que Neymar soit absent mardi en Catalogne n’a rien d’injuste. C’est simplement triste. La fête du foot sans son Roi. C’est tout de suite moins glop, non ?

Neymar est une star internationale. Il maîtrise à merveille la communication d’aujourd’hui. Mais est-il finalement un joueur emblématique de l’époque ? Neymar ne serait-il pas plutôt le dernier des Mohicans. Le dernier représentant d’une race bientôt oubliée ? Je l’ai déjà écrit. Neymar mérite mieux que les Harlem Globe Trotters, des sarcasmes et des béquilles. Même s’il ne soulève jamais les grandes oreilles. Mbappé est là pour battre les records. Neymar, lui, a une autre mission : n’être exactement que lui-même. Il ne refuse pas la possible tragédie. Il n’a pas peur je crois. Il est avec nous. Il n’est désormais plus très loin de Ronnie dans mon Top 5.

PSG4LIFE


Jérôme Reijasse

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