Il était une fois la révolution

par

Voilà un petit plus d’un an que Mauricio Pochettino est entraineur du PSG.
Certains aveuglés par leur haine de Thomas Tuchel se réjouissaient de ce cadeau
de Noël. L’allemand était devenu l’homme à abattre, celui qui faisait mal jouer son équipe, celui qui ne gagnerait jamais la Ligue des Champions.
Des mois que médias et supporters veulent sa tête.

Au sein même du club on ne supporte plus ses sorties médiatiques sur ce que l’on pourrait résumer poliment « le manque d’organisation du club ». Bref son bordel permanent avec tous les rapaces et autres nuisibles qui gravitent autour du club ou qui en font même partie. Les luttes d’influence, les amis qui vous veulent du bien, les donneurs de leçons et autres parasites.

Il y a quinze jours j’écrivais les lignes suivantes :

En un an l’ancien capitaine est passé de l’affectueux « Pokette » au familier Momo, pour finir par l’insultant « gros nul ». Le PSG joue mal. C’est un constat. Personne ne peut dire l’inverse. Certainement le niveau de jeu le plus faible de l’ère qatari. Avec pourtant « sur le papier » l’effectif le plus brillant. Au niveau des résultats, « pour l’instant tout va bien ». Revenez dans un mois et cela ne sera peut-être déjà plus le cas. En championnat on devrait être à l’abris d’un nouveau Lille (ou Monaco ou Montpellier…) qui nous a pris notre titre l’année dernière. Cette année l’om ou le nouveau riche niçois me semblent encore un peu loin. Oui je sais tout est possible. Tout est d’autant plus possible sur un match de coupe, et la venue des aiglons de Galtier fin janvier pourrait bien être l’occasion de perdre un deuxième trophée sur les quatre à gagner dans la saison. Après le titre de champion pris par les dogues la saison dernière, ils ont récidivé avec le trophée des champions début aout. Alors bien sur ce n’était plus Galtier l’entraineur, mais il faut reconnaitre que ce coach sait particulièrement bien préparer ses équipes face à nous. Donc méfiance.

Visiblement on ne s’est pas assez méfié… Certes j’ai écrit ce texte au lendemain de cette gifle niçoise, mais les gifles ça réveille. Le match contre Nice est pour moi le non-match de trop. L’olive qui fait déborder la salade. Le cauchemar qui fait rêver moins grand. Beaucoup moins.

Comment après cinq mois de compétition peut-on toujours être aussi insipide, indigent, ennuyeux… Et prévisible. Mais tellement prévisible dans notre jeu. Soit nos joueurs ne savent pas jouer au foot, et ne savent faire que des passes latérales, soit ils ont des consignes pour jouer de cette façon, soit ils n’ont que peu d’envie et de motivation. Dans tous les cas le coupable principal, même s’il n’est pas le seul, est celui qui doit être le guide, celui qui décide, celui qui gère, c’est-à-dire l’entraîneur.

Comme disait un aviateur qui aimait bien dessiner des moutons : « Le chef est celui qui prend tout en charge. Il dit : « J’ai été battu ». Il ne dit pas : « Mes soldats ont été battus ». »

Mon réquisitoire contre Momo comprend de lourdes charges. Lourdes et nombreuses.

Commençons par l’extra sportif. Depuis un an il vit toujours à l’hôtel et sa famille vit toujours à Londres. Il ne parle toujours pas français face aux médias. Les rumeurs de départ sont nombreuses depuis des mois. Et n’ont été que très mollement démentis après des semaines de rumeurs. Certes depuis quelques jours il a enfin emménagé avec son fils (préparateur physique, nous y reviendrons) dans le 8ème arrondissement parait-il, mais n’est-ce pas trop tard ?

Il est vrai qu’au PSG le phénomène n’est pas nouveau, mais que de blessés encore cette saison ! Difficile cependant de critiquer le préparateur physique quand il s’agit de son fils. Vous me trouvez perfide ? Peut-être, nous allons bien voir ces prochains mois si nous allons monter en puissance au printemps puis pour le money-time. Parce qu’aujourd’hui physiquement on n’impressionne pas grand monde.

Lorsque notre coach nous explique il y a 6 mois qu’« On ne peut pas juger un coach qui arrive au milieu de saison » j’ai compris que l’on était pas bien embarqué. Soit il ouvre le parapluie, soit il a un projet de jeu très clair et il faut un peu de temps pour le mettre en place. On sait aujourd’hui que nous n’avons aucun projet de jeu.

Le jeu, parlons-en. Le PSG n’a plus aligné un 11 type consécutivement depuis décembre 2019 ! Difficile d’avoir des automatismes, mais d’un autre côté pour pallier ce manque il faudrait pouvoir s’appuyer sur un système de jeu bien défini qui permettrait à chaque joueur de se fondre dans un collectif et de jouer avec plus d’assurance et de confiance.

Problème, comme dit plus haut, nous n’avons pas de jeu. J’aimerai vraiment connaitre les consignes que reçoivent les joueurs. Pourquoi autant de passes latérales ? Pourquoi aussi peu de prises de risque ? Consciemment ou inconsciemment notre plan de jeu ressemble à donnons le ballon à Messi ou à Mbappé et sur un malentendu… On se croirait revenu plus de 10 ans en arrière, quand la tactique c’était on balance sur Hoarau et on verra bien…Si c’est pour en arriver là on pouvait garder Kombouaré ou rappeler Le Guen. Le problème c’est que les effectifs ne sont pas comparables, nos ex-joueurs des années 90 devaient respectivement faire avec les rats de Colony et/ou sauver le club de la descente.

Notre effectif en début de saison faisait peur à l’Europe entière, nous étions « sur le papier » LE favori de la Ligue des Champions. Même pas si six mois plus tard, c’est nous qui avons peur…

Venons-en au cas Messi qui divise au sein même de Virage. Oui Messi est un mariage de raison et non un mariage d’amour. Est-ce pour cela que cela ne fonctionne pas ? Pas uniquement, même si la vie ne vaut d’être vécue sans amour comme dit la chanson, cela n’est pas la seule explication. Messi est seul, isolé dans le jeu. A part avec Verratti (quand il est là) et Mbappé il n’y a personne pour combiner avec lui. A chaque fois il est obligé de tenter l’exploit. Quand t’a joué pendant des années avec Xavi et Iniesta c’est compliqué de passer à Herrera, Paredes ou Danilo… Certes ce ne sont pas de mauvais joueurs dans l’absolu, mais nous on veut un écrasé parmentier moelleux des trésors de la terre avec sa parisienne farandole rosée et pas du jambon purée. Or notre milieu n’est pas au niveau requis pour espérer réaliser nos rêves.

Soyons clairs, sans Mbappé nous ne serions surement pas premiers et nous serions surement en très grosse difficulté. Kyky une lumière dans la grisaille ? Il est notre phare et pourtant il va partir…

Tout comme le jeune Simons, pourtant notre seul milieu qui sait jouer vers l’avant, combiner avec Messi, casser des lignes comme on dit de nos jours, bref un vrai joueur de foot avec la fougue de sa jeunesse. A Paris on aime les titis et personne ne lui en veut pour son tir aux buts contre Nice. Pourtant il ira surement sur le banc ou en tribune dans les semaines qui arrivent. Quelle gestion catastrophique de nos jeunes.

Mais de manière générale ce club est-il géré par quelqu’un ? La gouvernance. Voilà le gros problème de ce club. Un entraineur dépassé, un directeur sportif qui enchaîne les erreurs, un président absent, un propriétaire invisible.

J’appelle à la barre l’accusé suivant. Notre directeur sportif qui perd de plus en plus de sa superbe au fur et à mesure de ses choix douteux. Qui n’a pas su garder Cavani, Thiago Silva et bientôt Mbappé et Simons… Mais surtout, qui a offert une incompréhensible prolongation au boulet d’or Kurzawa. Pareil pour le beau mais trop peu efficace Draxler. Que dire des huit gardiens sous contrat… Bulka en tant qu’ancien (mais toujours sous contrat jusqu’en 2025) nous passe le bonjour. Manquerait plus qu’on paye son salaire…

Bref Leonardo qui a tant souhaité le départ de Tuchel, Léo qui devait remettre de l’ordre dans la maison. Où en est la politique sportive ? Cela fait longtemps qu’on ne l’a pas entendu.

Nouvel accusé le président. Est-ce que quelqu’un a des nouvelles ? Où en est le projet de former le nouveau Messi ? Quel est le projet sportif du club ? Empiler des stars sans savoir les gérer ? Qui tape du poing sur la table ?

Pour finir le propriétaire. Ah ! Dieu l’émir je t’aimais bien. Merci pour tous ces beaux cadeaux, mais nous ce qu’on veut c’est de l’amour. On voudrait un peu plus de présence. Sentir qu’on est important aussi et pas seulement pour te divertir un coup vite fait de temps en temps.

Je ne voudrai pas non plus dans ce papier aux allures de réquisitoire oublier et exonérer les joueurs de leurs responsabilités. Contre Nice il semblerait que la perspective de jouer un quart de finale de coupe de France contre l’OM dans un Parc des Princes plein ne les a pas beaucoup transcendés. Si une telle carotte ne leur donne pas envie de s’arracher, à quoi bon… Nous voulons des joueurs qui ont faim, pas des joueurs repus. 

Le PSG est malade. Dans ses coulisses, dans son vestiaire, sur le terrain, dans son public. Comme le commun des nouveaux riches, nous nous sommes gavés. Pendant 10 ans nous avons fait ripaille, des joueurs fantastiques, du jeu, des grands matchs européens, dix ans d’humiliation pour les gueux marseillais qui crèvent d’envie et de jalousie, des trophées à en devenir la plus belle vitrine du foot français, et même si nous nous sommes invités au banquet final de la Ligue des Champions, et que nous n’avons pu que sentir de près l’enivrant fumet de l’ambroisie sans pouvoir y gouter, nous savions qu’un jour on y aurait droit, nous aussi. 

Ce jour, s’il doit arriver, ne sera visiblement pas encore pour cette année.

Nasser ne « gomprend bas », c’est pourtant simple, Il serait temps de chasser tous les marchands du temple, de faire la révolution, de faire venir au club des gens qui aiment le PSG autant qu’ils aiment l’argent, des gens qui viennent pour servir le PSG et non s’en servir. Et ceci à tous les niveaux.

Un détail qui n’en est pas un. Va-t-ton encore continuer longtemps avec cet affreux maillot noir ? On dirait que nous portons le deuil de notre fond de jeu. Nous avons le plus beau maillot du monde et les apprentis sorciers de chez Nike ne trouvent rien de mieux que de se concurrencer pour le maillot le plus ignoble. Un grand club c’est d’abord respecter ses couleurs. On ne se respecte déjà pas nous mêmes…

Moi je m’en fous de vendre des maillots roses en chine, je veux une équipe sur le terrain, je veux du jeu, je veux du Hechter, je veux des virages qui soutiennent leur équipe au Parc, je veux de la souffrance et de l’amour, je veux du foot… Pas un défilé de mode ou de « l’Entertainment ».

Pour moi le PSG c’est mon club, pour eux c’est leur Entreprise. On parle petit pont, ils parlent rendement, on parle émotion, ils parlent profits, on parle amour du maillot, ils parlent marketing… Quel est l’objectif premier du propriétaire ? Gagner des trophées ou la rentabilité ?

Bien sûr, je ne suis pas qu’un amoureux romantique, j’ai bien conscience des réalités économiques. Mais ne pourrait-on pas trouver un juste milieu ? Un maillot Hechter en chine se vendra aussi bien si ce n’est mieux. Et au moins le club gagnera en notoriété sur la durée et non juste pour un vulgaire coup de com. 

Demain ce sera le choc tant attendu face au « plus grand club du monde » la maison blanche du roi. La future maison de notre Kyky, avec un milieu de terrain Casimero, Kroos, Modric (Ca fait peur un peu non ?). Si les choses venaient à mal tourner, la fin de saison ne serait alors plus qu’une lente et interminable agonie vers la saison prochaine…

Jean Jaurès disait : « Il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience. »

Il serait bien temps à Doha de prendre conscience de la situation et il sera alors plus que temps de faire la révolution au PSG !


J.J. Buteau

Laisser un commentaire

Découvrez les articles de