Luis Fernandez

par et

C’est l’hiver, il fait frisquet dehors mais chaud à l’intérieur de la rédaction de RMC Info Sport. C’est l’infâme Julien Cazarre qui nous a arrangé le RDV avec le légendaire N°8 du PSG, le chien fou, le râleur, le tâcleur, le capitaine, le jouooor, l’entrainooor, Luis, le même dont le prénom (Luis, Luis, Luis…) raisonne encore dans les travées du parc des Princes.

Il arrive, fidèle à son image, un taureau, tête en avant, la démarche rapide. Il annonce la couleur : « Les gars, on a 30 min. après je prends l’antenne, alors on y va ! » S’en suit une discussion où il répond à toute vitesse, sans calculer… comme le joueur qu’il était… à l’instinct.

– – – – [ Interview ] – – – –

Virage: Pour commencer on aimerait que vous nous racontiez votre histoire avec Paris, qui a connu plusieurs épisodes. Déjà votre arrivée en tant que joueur.

Luis Fernandez: D’abord j’intègre le centre de formation du PSG, j’arrivais de ma banlieue des Minguettes à Lyon. J’avais fait 2, 3 essais dans des clubs. J’ai eu un avis favorable pour faire un essai au PSG. Et après, tu sais, quand tu as la chance de pouvoir passer un essai, tu fais tout pour le réussir.

Il fallait que je prenne en marquage individuel Maxime Bossis,… Quand tu es jeune, tu joues là où on te le demande.

Virage: C’était un vrai choix pour vous Paris ?

Luis Fernandez: Non. Dans mon enfance aux Minguettes, j’avais un monsieur qui me suivait de près. Il a décidé d’écrire lui même des lettres aux clubs pour moi. Ca a commencé par Avignon, ensuite Nancy, et le troisième c’était le PSG. Et comme je travaillais à l’époque dans une usine, c’était difficile pour moi de sortir, de me libérer. Ca a commencé par Avignon mais ça n’a pas été concluant. Ensuite j’ai été à Nancy, ils étaient favorables, mais j’avais la nationalité espagnole. Et la troisième possibilité c’était le PSG.

Virage: Et à l’époque c’était uniquement 2 étrangers par équipe ?

LuisFernandez2Luis Fernandez: Oui c’était 2 étrangers par club en tant que professionnel, aspirant ou stagiaire. Et finalement le PSG a su me faire signer une licence amateur étrangère. J’ai pu commencer ma formation avec Pierre Alonzo (le père de Jérôme Alonzo) qui était le directeur du centre de formation, et c’est là que l’histoire commence… Et après il faut bosser, montrer de la volonté, surtout quand tu sors de l’usine et que tu as cette chance à saisir. Pour moi c’était une grande fierté d’avoir été recruté par le PSG.

Et puis il y a les concours de circonstance.

Le PSG avait recruté un joueur qui s’appelait João Alves, l’homme aux gants noirs, et il se blesse un soir du côté de Sochaux. L’entraineur c’était Velibor Vasović et c’est à ce moment là qu’il m’a demandé d’intégrer l’équipe première en fonction de mes performances en réserve. Il m’a demandé de débuter comme un attaquant. Je me souviens à Nantes, il me disait qu’il fallait que je prenne en marquage individuel Maxime Bossis, puis après ce serait Battiston… Quand tu es jeune, tu joues là où on te le demande.

Mais mes débuts je les ai fait à Nancy au Parc (en 1978). Et ça s’est bien passé (Victoire 2-1 pour Paris avec un péno provoqué par Luis).

J’étais un adepte de Cruijff, je regardais, je lisais tout ce que Cruijff faisait.

Virage: Quel était votre poste d’origine avant d’arriver à Paris ?

Luis Fernandez: Dans les catégories inférieures je jouais meneur de jeu, N°10. Après j’ai reculé. Mes qualités étaient meilleures dans ce registre de récupérateur, de sentinelle.

Virage: C’est de là qu’est venue l’idée de faire descendre Daniel Bravo quand vous étiez entraîneur du PSG ?

Luis Fernandez: Non, j’avais déjà commencé à le faire à l’AS Cannes avec Johan Micoud, et j’étais un adepte de Cruijff, je regardais, je lisais tout ce que Cruijff faisait. C’était quelqu’un qui parlait remarquablement du football, du jeu avec ses expressions. L’équipe que je suivais le plus c’était le Barça de Cruijff, le football total, un jeu assez spectaculaire. Je me suis rendu compte que son numéro 10 ce n’était pas celui qui jouait devant les attaquants mais devant la défense et c’était Pep Guardiola. Je me suis dis qu’il avait créé quelque chose de nouveau, un nouveau poste. Et on se rend compte aujourd’hui que ce poste de N°6 dans les grands clubs, le Barça, le Real, Manchester City, est devenu primordial. C’est un organisateur. Comme Verratti à Paris.

Virage: Vous vous disiez, à terme je serai entraineur ?

Luis Fernandez: Non. Je ne m’y étais pas préparé. C’est l’époque où Francis Borelli devient président de l’AS Cannes. J’avais déjà vécu beaucoup de choses importantes avec lui au PSG. J’étais devenu capitaine de l’équipe en 1986, j’avais intégré l’équipe de France… Donc à cette époque j’étais en difficulté suite à mon opération du genou, j’étais reparti sur Cannes. J’ai vécu une année comme joueur là bas, j’ai connu une deuxième année en coupe d’Europe, puis la descente en deuxième division, et là Borelli me demande si je suis capable d’entraîner. Je me suis dis pourquoi pas. Ca s’est bien passé, il y avait une très bonne ambiance et j’avais de bonnes relations avec les joueurs. Quand j’ai commencé on était 12ème du championnat et puis on a fini par monter cette année là. L’année d’après on a pu être européen. Et puis le PSG m’a rappelé après le titre de 1994 pour remplacer Artur Jorge.

Virage: C’était une fierté d’avoir été rappelé ?

Luis Fernandez: (un peu hésitant) Oui mais comme je suis un impulsif, je vais très vite et je ne me suis pas posé de question. (il se reprend) Mais je ne regrette pas, j’ai gagné la première coupe de la ligue comme entraineur, une coupe de France, une coupe d’Europe…

Virage: C’est arrivé peut être un peu trop tôt Paris ?

Luis Fernandez: J’en étais à ma 5ème saison avec l’AS Cannes et Paris c’était toujours Paris… Même si il y avait eu ce départ pour le Matra Racing (en 1986), où les gens n’ont pas compris. A l’époque je ne demandais qu’une chose, c’était de jouer. Et comme on m’a refusé une prolongation, j’ai été au bout de mon contrat. De plus j’étais international à l’époque, je ne gagnais quasiment rien en plus, j’étais bien sur content de mon sort, j’étais joueur de première division au PSG, capitaine, champion de France, international. j’ai donc reçu d’autres propositions dont celle de Marseille. Mais je ne voulais pas y aller car je n’avais pas confiance, j’avais aussi Bordeaux, l’Atletcio de Madrid, je pouvais partir mais je voulais rester à Paris. Et il y a eu l’arrivée de Jean Luc Lagardère au Matra. Et ça a été dur pour les supporters mais on ne leur pas bien expliqué la situation…

Ca a toujours été mon club !

Virage: A chacune de vos périodes à Paris on a l’impression que le club n’a pas été très juste avec vous finalement ?

Luis Fernandez: (Il commence à parler de lui à la troisième personne comme pour changer de sujet…) C’est à dire que le personnage est… comment te dire… (longue hésitation, il cherche ses mots) Quand on parle de Luis, c’est une histoire un peu particulière…

Virage: Vous êtes à l’image du PSG en fait, soit on vous déteste, soit on vous adore.

Luis Fernandez: J’ai grandi dans ce PSG, j’ai été formé par le PSG, c’est mon club, ça a toujours été mon club, en tant que joueur et en tant qu’entraineur. A ton égard il y a quelque chose. Je suis toujours resté le même, j’ai un contact assez facile, j’ai pas un esprit tordu. Dans ma façon d’être j’ai toujours pensé club, j’ai toujours aimé mon club, aimé le PSG, et c’est pour ça que je l’ai toujours défendu mais à côté par rapport à l’histoire… (il cherche ses mots une fois de plus, et reprend la troisième personne comme si le PSG et Luis c’était la même chose en fait), la personnalité de Luis tu sais…

Virage: Vous trouvez que la direction actuelle est injuste avec les anciens ?

Luis Fernandez: Injuste, non. Petit à petit ils vont rétablir ce qui est important. Car en France il n’y a pas cette culture football. En France on a l’impression que les anciens dérangent alors qu’ils devraient accompagner l’histoire. Dans les autres pays comme l’Espagne ou l’Italie, les anciens sont dans le staff, l’organigramme. Ils sont proches, ils ont une mission.

Virage: Vous aimeriez apporter quelque chose au club ?

Luis Fernandez: Oui ! Je le revendique, j’ai toujours envie de revenir, d’aider, pas en tant qu’entraîneur mais en tant que conseiller par rapport au bassin parisien, à la région, à repérer, à recruter, à établir une relation avec tous les clubs. Je trouve qu’aujourd’hui, notamment avec l’image Canal, le club ne s’ouvre pas. Du coup les gens te regardent différemment. Tu sais j’ai eu une discussion là dessus avec Nasser et je crois qu’il a compris, je lui ai donné l’exemple de l’Espagne où le président est toujours assis dans le Palco (tribune officielle) à côté du président du club adverse. Même si ils ne s’apprécient pas, même si ils pensent différemment, il y a un respect. Tu envoies un message, une image. C’est classe. Je vois à Lyon des présidents qui sont séparés en tribune. Ils peuvent quand même s’assoir ensemble et discuter, non ?

Virage: Il vous plait le PSG d’aujourd’hui ?

Luis Fernandez: Je trouve que le projet qui a été mis en place, il faut vivre avec, il faut le respecter. Le PSG a été certainement vendu ou donné (!!!) parce qu’il était temps que des repreneurs lui donnent les moyens d’avoir une dimension pour que le club puisse se battre contre les plus forts. Mais ce projet il a besoin de progresser, de s’améliorer. On dit qu’aujourd’hui au Parc il y a moins d’ambiance. C’est vrai. Mais autour du Parc il y a eu 2 morts. J’aime un stade plein avec des tifos, de l’ambiance mais je ne peux pas cautionner la violence. Le sport ça réunit, c’est un spectacle. Imagine toi, il y a des enfants qui viennent et qui sont confrontés à ça, tu es malade ou quoi !!! Le stade c’est fait pour réunir, c’est ça qui en fait sa beauté. C’est ça le sport populaire. Alors oui j’aimerais retrouver les tifos, et c’est possible d’organiser des animations, mais il faut qu’il y ait une discussion avec les supporters… On peut créer des choses, mais il faut le vouloir…

Virage: Vous aimeriez travailler sur la partie formation, vous avez gardé un réseau ?

Luis Fernandez: Je n’ai pas de réseau, mais j’observe, je regarde, je m’intéresse. On dit que les jeunes sont aujourd’hui mal accompagnés, il y a peut être quelque chose à faire. On dit qu’à Paris il devrait y avoir plusieurs clubs. Mais c’est une lutte de pouvoir. En France on veut toujours garder le pouvoir. Et on n’est pas proche du terrain. Alors que le foot tu vis avec, c’est en toi, tu grandis dedans. C’est comme les Enarques, ils ne vont jamais dans la rue, ils ne connaissent pas cet endroit là. En foot c’est pareil, un club c’est une famille, une identité, une histoire. A Nantes, Kita il est arrivé il a voulu tout changer. On ne change pas ! Tu t’appuies sur l’histoire. Vous êtes malade ou quoi ? (bis).

Virage: Est-ce que vous avez l’impression qu’aujourd’hui les Qataris sont conscients de ça ?

Luis Fernandez: Oui, ils apprennent eux aussi. Ils sont de plus en plus proches. Nasser tu sens qu’il comprend ça même si il y a des People en tribune mais c’est aussi ça le spectacle. Il faut être content que les Quataris soient venus.

J’aurais bien aimé avoir un Di Maria à Paris

Virage: Qu’est ce que vous pensez de la situation sportive du PSG ?

Luis Fernandez: Quand tu recrutes, il faut que tu construises un groupe pour 5, 6 ans et le préparer à toutes les situations. En Angleterre par exemple c’est compliqué de gagner même contre Stoke ou Hull. En France à Paris ils ont le talents et les qualités mais ils savent que le niveau du championnat est moins élevé. En terme de motivation tu baisses ton envie, et les joueurs pensent qu’ils peuvent gagner en marchant. Ils sont dans ce schéma là.

Laurent Blanc, que je connais bien, n’a peut être pas le charisme de Mourinho ou d’Ancelotti, mais il est libre d’imposer ses idées, ses choix. Il a mis en place un schéma qui a bien marché l’année dernière (saison 2013-2014) et qui a moins marché cette saison. En tout cas tu dois tout le temps chercher les futurs joueurs pour les saisons à venir, les jeunes talents de 18 ans en Argentine ou ailleurs. Alors oui il faut un réseau. Leonardo, on en a beaucoup parlé mais moi aussi avec 500 millions je t’en trouve des joueurs (…).

Le problème c’est qu’avant les joueurs venaient à Paris pour deux ans pour ensuite aller dans un plus grand club. Il faut maintenant qu’ils viennent ici pour 10 ans ! Comme Ramos, Arbeloa ou Pepe au Real qui sont des tauliers… et après tu fais venir des Kroos, Modrić pour renforcer l’équipe autour des piliers qui représentent l’identité du club.

Virage: Quels joueurs vous aimeriez voir à Paris ?

Luis Fernandez: Messi & Cristiano tu ne peux pas les avoir. J’aurais bien aimé avoir un Di Maria à Paris (visionnaire), un Modrić. Mais il faut tenter des coups quand ils sont encore jeunes.

Virage: C’est une erreur David Luiz pour vous ?

Luis Fernandez: Ce n’est pas une erreur ! C’est un vrai compétiteur, il peut devenir le Puyol du Barça (visionnaire bis). Il peut jouer au milieu mais il faut qu’il soit agressif, méchant, à chaque match des coups de tampons, il faut qu’il arrive à s’imposer, qu’il impose sa marque ! Et pour l’instant il trouve que Paris c’est facile, décontracté… Le problème c’est que vivre à Paris ça…

Virage: (on le coupe) Ah vous allez nous parler de Ronaldinho…

LuisFernandez3Luis Fernandez: Non, parce Ronaldinho contrairement à ce qui a été dit, on en a fait un champion du Monde dès sa première année, la deuxième année il a préféré faire autrement, et je ne lui en veux pas car il était jeune, il avait 20 ans, j’en veux plus au dirigeant Laurent Perpère qui a donné le pouvoir aux joueurs. Quand on commence à leur donner ce pouvoir… Moi en tant que joueur je n’ai jamais eu le pouvoir mais j’ai toujours voulu être le plus fort sur le terrain. Quand on a commencé à donner le pouvoir aux jeunes au PSG, on s’est trompé de politique. Le Guen l’a fait, Perpère aussi, mais on ne donne pas le pouvoir aux joueurs et surtout pas aux jeunes. On les encadre, on leur amène les éléments pour les faire progresser. J’ai du batailler à l’époque des Luccin, Dalmat, Anelka. Je me suis retrouvé dans des situations compliquées.

C’est du passé mais je n’ai jamais accepté qu’on me mette dans un coin. Après avoir gagné la coupe d’Europe et après la Corogne j’ai dit à Denisot, que je partais. Car 6 mois avant je n’ai pas senti une confiance vis à vis de moi.

Virage: Comment avez vous vécu l’intervention de Yannick Noah avant la finale ?

Luis Fernandez: Bien. Le seul problème c’est qu’il s’est occupé de choses qu’on avait prévues de faire avec les joueurs avant le match. Il y a eu certes une plus-value. C’est quelqu’un qui dans l’échange, dans la conversation, a su trouvé des mots. Mais dans la tactique, la compo et le jeu, ce n’est pas lui qui a décidé. Si tu me fais venir pour la coupe Davis, je vais moi aussi les prendre individuellement, trouver les mots qu’il faut pour les piquer, les toucher pour qu’il y ait une réaction…

Virage: Ca reste votre plus grand souvenir cette victoire en coupe d’Europe avec Paris ?

Luis Fernandez: Ca reste un bon souvenir, on avait fait une belle finale même si c’était le Rapid de Vienne. on avait éliminé Parme et le Deportivo La Corogne, on avait fait un parcours exemplaire. Il y avait eu aussi une demi-finale de ligue des Champions contre le Milan AC de Capello avec Savićević qui marque à la fin. Mais on avait battu un record avec 6 matchs et 6 victoires alors c’est pour ça que lorsque que j’en entends sur moi en tant qu’entraineur, j’en sais assez sur mes forces, mes valeurs de gestion, d’entraineur, de travail au quotidien… Après le personnage Luis, en dehors, celui de la Radio, quand je m’exprime avec mon français à moi, C’est mon problème (…).

Mais je préfère des garçons comme lui avec qui tu peux aller à la guerre…

Virage: Est-ce qu’il y a un jouer qui vous donne des regrets ?

Luis Fernandez: Non. Qui ça ?

Virage: En fait, est-ce qu’il y a des joueurs pour lesquels vous vous dites, on est passé à côté ?

Luis Fernandez: Non. Car j’ai eu l’occasion d’en entrainer 2 grands. 2 génies, c’était Weah et Ronnie. Et puis d’avoir entrainé des garçons comme Gabriel Heinze que personne ne connaissait, d’avoir fait venir des garçons comme Arteta, Pochettino, Cristobal, j’étais hyper content. D’avoir gagné la Coupe des Coupes avec Raí, Avec Patrice Loko, Djorkaeff qui était un grand, Le Guen, Guerin, Bravo, Fournier, c’était une bonne génération.

Virage: Celui qui nous a donné le plus de regrets sur votre période, c’est Jerôme Leroy.

Luis Fernandez: Le problème de Jerôme c’est qu’il a été un incompris du football français. Pas par moi car je l’ai fait revenir, je l’ai fait rejouer. Je l’ai toujours aimé, il avait un talent, aujourd’hui il a 40 ans et il joue encore en ligue 2… Il avait du caractère, il n’acceptait pas la défaite, il avait une touche technique, c’était un leader technique, il avait une intelligence dans le jeu, alors oui certains trouvaient qu’il avait mauvais caractère. Mais je préfère des garçons comme lui avec qui tu peux aller à la guerre…

Virage: Il vous faisait penser à vous quand vous étiez jeune ?

Luis Fernandez: Ouais. Mais il était encore plus technique que moi quand il démarrait. Il aurait mérité de jouer en équipe de France. Quand tu vois Dhorasoo qui a joué en équipe de France… Leroy il aurait pu jouer 100 fois… (il se reprend) Non mais j’ai rien contre Dhorasoo, il y en a d’autres qui étaient moins techniques que Jérôme et qui ont joué avec les bleus. Mais c’est un choix d’entraineur, ça se respecte. C’est tout.

Si le Real ne gagnait pas, j’étais leur nouvel entraineur. Mais personne ne le savait.

Virage: Ca vous ferait rêver l’équipe de France ?

Luis Fernandez: Non ça c’est du passé. A une période oui. Quand j’avais été élu meilleur entraineur français (en 1994 avec l’AS Cannes), quand j’étais dans la bonne vague, il faut savoir surfer. Je suis après resté 4 ans à Bilbao, j’ai bien aimé, après 2 ans j’ai fini 2ème du championnat, j’aurais pu partir à Valence qui était un club assez important, j’ai refusé. J’avais aussi signé un pré-contrat avec le Real de Madrid quand ils ont joué la finale de la Coupe D’Europe contre Valence (3-0 en 2000 au Stade de France), et c’était Del Bosque qui était l’entraineur. Si le Real ne gagnait pas, j’étais leur nouvel entraineur. Mais personne ne le savait. Mais le Real a gagné. C’est comme ça, c’est la vie.

Aujourd’hui je suis dans les media, mais j’aimerais bien revenir sur un banc, mais commencer avec les hommes, les choisir, mettre en place un projet de jeu. Je suis pas plus con qu’un autre, j’ai suffisamment fait mes preuves…

Virage: Vous ne pensez pas que vous auriez du mal avec les nouvelles générations ?

Luis Fernandez: Non, car il faut savoir leur parler, trouver le mots, savoir les responsabiliser. Alors c’est sur qu’après j’aimerais mieux les prendre à 16 ans plutôt qu’à 19 ans. Car après ils ont parfois des conseillers qui ne sont pas les bons et c’est dommage car ils ont du talent.

Tu prends Bielsa, c’est un passionné, un gros bosseur, il les a mis dans les meilleures dispositions pour qu’ils puissent progresser et évoluer.

A partir du moment où ils acceptent, ils vont progresser.

Mais si ils mettent une barrière t’es mort.

Virage: Comment a fait Bielsa pour mobiliser des joueurs qui l’année d’avant étaient les mêmes ?

Luis Fernandez: Parce que c’est dans sa nature. Soit ils acceptent et il adhèrent, soient ils dégagent.

Le problème aussi c’est que lorsqu’ils partent à l’étranger ils acceptent ce qu’ils n’acceptent pas ici. Parce qu’ils sont mieux payer, ils font le Jackpot, et en plus ils jouent dans de meilleurs clubs. Regarde un mec comme Modeste à Hoffenheim, il est remarquable le mec. Il fera une bonne carrière. Puis tu en as d’autres qui vont se perdre. Regarde Ben Arfa, parti à Newcastle, puis problème, souci avec son entraineur. Mais pourtant le talent est là, il est revenu en équipe de France mais il n’a pas su saisir sa chance. C’est pour ça que les jeunes il faut les accompagner.

Il faut savoir les protéger. Il ne faut pas qu’ils aient 10 entraineurs autour d’eux pour les conseiller. Il faut que les joueurs te fassent confiance et à Marseille ils font confiance à Bielsa. Sa méthode elle est peut être dure et exigeante mais les joueurs s’aperçoivent qu’en étant à l’écoute, avec les exercices répétitifs à l’entrainement, c’est fatiguant, mais ils arrivent à l’intégrer et à le répéter en match. Et ils se disent, putain ça fonctionne (moins visionnaire)… mais en France c’est difficile à faire, mais ça arrive.

Virage: Vous pensez que Marseille sera Champion ?

Luis Fernandez: Non, ce sera Paris.

OK c’est bon ? Je peux y aller sinon je vais être en retard… Merci les gars !

Luis repart comme il est arrivé, en courant. Finalement il est resté presque une heure avec nous, généreux dans l’effort. Toujours.

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