Giscard, 1ère partie

par

Abonné depuis 1977 au Parc, fondateur des GAVROCHES, un surnom présidentiel
et une passion indélébile, tatouée jusque dans sa chair,
GISCARD n’a plus rien à prouver. Il respire, il vit, il incarne le PSG à lui tout seul.
On a rencontré cette grande figure des Virages parisiens.
Quand l’histoire devient légende.


Comment commence ta passion pour le PSG ?

Au début ce n’était pas une passion pour le PSG. J’ai joué au football quand j’étais gamin, mais le PSG n’existait pas. Je suis né en 1962. A 6 ans mon père m’a inscrit au Red Star car il allait voir des matchs là-bas. J’ai même été une fois ramasseur de balle au Stade Bauer. Je m’en rappelle comme si c’était hier. Ça devait être vers 1968-1969.

Tu étais du nord de Paris ?

J’habitais pas loin de Porte de Clignancourt, Paris 18ème. Puis un jour, mon père a été invité en porte I rouge au Parc, une fois le PSG en 1ère division. Ça devait être vers 1974. C’était super bien placé, proche du terrain. Je l’ai accompagné. On voyait très bien le match, et j’ai vu des mecs à Boulogne, pas nombreux mais qui chantaient avec 3-4 drapeaux. Il y avait peu de monde au Parc à l’époque, max 15000, sauf quand Saint-Etienne ou Nantes venaient car le titre se jouait toujours entre ces deux-là. Bref je vois ces mecs et ça m’a attiré. Je me suis dit que la prochaine fois que je retournerai au Parc, j’essaierai d’aller là-bas.

C’était facile d’avoir des places ?

Tu pouvais aller rue Bergère (Ndlr : Où étaient situés les bureaux de Francis Borelli) mais je ne connaissais pas trop où c’était. Ils vendaient aussi des places dans les cafés. Mon père allait justement dans un café du 18ème où ils en vendaient. Il m’a donc réservé des places à Boulogne pour ce match. Puis je me suis abonné en 1977. Déjà… J’ai 16 ans.

ITW Giscard Virage PSG
Giscard (en vert) sur le Ferry (c) Collection personnelle

Pourquoi t’abonner ?

Car l’ambiance m’avait plu, même si il n’y avait que deux chants « Allez Paris… », et car j’étais un gros fan de football anglais. Des potes me filaient des cassettes vidéos des matchs en Angleterre. On profitait même de Noël pour aller voir des matchs à Londres. On prenait les Eurolines et on logeait chez des amis là-bas. On allait voir Chelsea car c’était le seul stade où on pouvait avoir des places. Arsenal c’était toujours complet… On allait à la boutique de l’ancien Stamford Bridge et on trouvait toujours des places. Et aussi ces fameuses VHS avec les matchs. Bref ça chantait et je me disais que ça ne tiendrait jamais pareil au Parc.

A Paris, ça bougeait quand il y avait de belles actions mais dès que le match s’enterrait, c’était mort, c’était comme ça en France. En tout cas ça me motivait. J’habitais à côté du marché Saint-Pierre vers Montmartre. J’ai acheté des tissus et des manches à balais. Une amie à mes parents étaient couturière. Elle m’a confectionné des drapeaux bleu-blanc-rouge-blanc-bleu. Je suis allé au stade avec, on ne te fouillait pas à l’époque. A tel point qu’une fois je suis même rentré avec une batterie et des klaxons de bagnole pour les mettre sur le tableau d’affichage et faire du bruit. Personne ne t’emmerdait ! Bref je venais avec mes 3-4 drapeaux, j’en gardais un à la fin du match et je confiais les autres à des mecs autour, et je leur disais « Tu reviens au prochain match ? Si oui, tu ramènes le drapeau ! ». Au fur et à mesure, les mecs se prenaient au jeu et ça finissait par faire pas mal de drapeaux.

J’ai essayé alors de ramener des chants d’Angleterre. Certains étaient trop compliqués pour nous, mais on a lancé celui avec les lettres, P.A.R.I.S, il faisait ça aussi à Chelsea. Ce n’était pas facile de lancer des chants, les gens se foutaient de ta gueule. Heureusement j’avais une grande gueule et les mecs autour de moi me suivaient. Surtout qu’on avait pas de méga. On faisait tout à la voix. Bref ça prenait, en plus des drapeaux et des cornes de brume qu’on achetait un peu partout.

Il n’y a alors encore aucune association organisée ou groupe à Boulogne ?

Non rien. Il y avait les punks qui venaient mater les matchs avec nous, avec leur colle à rustine. Ils n’étaient pas méchants mais ça te prenait la tête cette odeur de colle. En tout cas il n’y avait aucune structure, aucun rapport avec le club. C’est à partir de 1978 qu’il y a eu la création du Kop de Boulogne. On s’est inspiré du Kop à Liverpool pour le nom. C’est venu de là. Avec des potes on se retrouvait rue Marbeuf après les matchs, on mangeait une pizza, on refaisait le monde, mais il n’y avait pas d’association encore.

As-tu participé à la création des Boulogne Boys en 1985 ?

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Giscard avec le masque d’époque (c) Virage

Celui qui a créé les Boys c’est Franck Delobel, que je connaissais déjà depuis 2-3 ans. Je faisais alors partie des figures de la tribune. J’avais déjà mon surnom de Giscard. Ça vient d’avant 1981 quand Giscard était Président de la République, avant qu’on fasse le KOB. Le Président de la République remettait la Coupe de France au Capitaine vainqueur. J’avais acheté un masque de lui à la Samaritaine. Et comme je travaillais dans la tôlerie, j’avais confectionné une coupe en alluminium avec les rubans et les auto-collants PSG. A chaque match de Coupe je venais avec. Je transpirais vachement sous mon masque donc au bout d’un moment je l’enlevais pour respirer. Les mecs autour de moi, quand il voyait mon visage, se disaient « Comment il s’appelle déjà lui  ? Hé Giscard !!! ». Le surnom est venu comme ça. Bref Delobel, a voulu monter les Boys. Il avait plus la culture italienne, les tifos. Moi c’était l’Angleterre. A nous deux ça aurait pu faire un truc super fort. Mais le problème c’est que les anciens de tribune ne connaissaient pas Franck et n’avaient pas trop confiance en lui. Ils trouvaient que Boulogne Boys ça faisait trop anglais, pas assez parisien. Et là j’ai proposé de monter un groupe avec un nom bien parisien. Là, ils étaient OK. Ça s’est fait 2-3 mois après la création des Boys. On a monté les Gavroches de Paris. Tu ne pouvais pas faire plus parisien comme nom.

Tu avais des joueurs que tu suivais plus que d’autres au PSG ?

Doumé Baratelli ! Puis Pilorget. Et puis plus tard Luis. Mais Baratelli c’est en grande partie grâce à lui qu’on gagne notre premier trophée en 1982. Il a fait des séries d’arrêts importants en Coupe de France.

Tu y étais à la finale en 1982 contre Saint-Etienne ?

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Défilé sur les Champs (c) Collection personnelle

Oui, pfff… J’en rêvais de ce titre depuis que j’étais abonné. J’avais deux rêves. Gagner un titre et jouer au moins un match de Coupe d’Europe ! Juste un ! Tu vois… Le fait de gagner la finale te permettait en plus de participer à la Coupe d’Europe ! C’était coup double. Bref la veille de la finale je n’ai pas dormi. J’étais avec des potes. Je voulais arriver tôt à la finale. J’ai pas trop picolé, parce que je n’ai jamais été trop alcool. Le matin on avait fait un petit foot à Bagatelle, le midi on a mangé dans un restau près du Parc. On était là 5 heures avant le début du match, devant les portes en attendant que ça ouvre. Du jamais vu ! Sauf que pour la finale ils avaient décidé de mettre les parisiens côté Auteuil, pour nous montrer qu’on était pas chez nous ! À l’époque, à Auteuil ils n’y avait personne. Les stéphanois étaient à Boulogne. Ça nous faisait un peu chier quand même. Bref tout Auteuil s’est rempli en à peine une demi-heure. On était tous là ! Je me suis dit que ça commençait à bouger à Paris, car toute la tribune était pro PSG. Mais il fallait gagner car si Saint-Etienne menait durant le match, le public se serait retourner. Saint-Etienne, c’était des dieux à l’époque. Paris était le petit Poucet, personne ne nous voyait gagner contre le grand Saint-Etienne. Les verts ont mené longtemps au score. Il n’y avait pas de tableau d’affichage avec le temps, donc à la fin du match, tout le stade chantait « On a gagné, on a gagné » ! ». Ce n’était pas possible. On avait les boules. Il y avait des mecs derrière moi qui disaient « De toute façon Platini ne fera pas le tour du Parc avec la Coupe, sinon on descend sur le terrain ! Il ne fera pas chez nous ! ». Et puis égalisation à la dernière seconde, séance des penalties, envahissement de terrain…

Tu as fait partie de ceux qui ont été sur la pelouse ?

Oui, j’avais un grand drapeau avec moi. J’avais trouvé un nouveau système pour le tenir. J’avais acheté des cannes à pêche télescopiques et je prenais du tissu léger comme de la voile de bateau. Il était donc facile à replier et à ranger. Je suis donc sur la pelouse avec ce drapeau, je n’avais plus de voix… Avec tout le stade qui chantait « Les flics au boulot, les flics au boulot ! ». Je ne sais pas si on peut retrouver des images de ça. Car à l’époque les cassettes VHS ne duraient pas assez longtemps, pas plus de deux heures. Du coup il y a peu de gens qui ont enregistré le match en entier ! C’est collector, à part l’INA je ne vois pas qui a ce match en intégralité… Donc après le match, on va sur les Champs, on défile en allé retour, on a fait un foot sous l’Arc de Triomphe. J’avais prévenu mes parents que si on gagnait, il ne fallait pas m’attendre. On avait pas de portable et si tu trouvais une cabine téléphonique, il y avait 15 mecs devant. Bref je leur avais dit de m’attendre pour midi. Ma mère s’inquiétait pour moi, mon père non. Je suis arrivé pile à midi pour Téléfoot avec Pierre Cangioni.

Revenons sur la création des Gavroches, tu fais ça donc en 1985 avec qui ?

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Giscard (à droite avec le chapeau) escorte le Président Borelli entouré de Doumé Baretelli et Georges Peyroche sur les Champs en 1982 (c) Collection personnelle

Avec Florian. Il a été Président. Puis j’ai pris le relais quelques temps après. C’était du taf. On voulait avoir un vrai rapport avec le club et le Président Borelli. Ce n’était pas comme maintenant où il y a beaucoup de barrières à passer. Borelli, on demandait à le voir auprès de sa secrétaire et elle nous disait quand il était disponible. On le voyait à son bureau au Parc. On lui expliquait ce qu’on voulait faire. Borelli était prêt à nous aider, à nous financer, mais il fallait des associations, il ne pouvait pas donner de l’argent comme ça. On lui a demandé de faire de grands drapeaux dont celui « Notre histoire deviendra légende » , à avoir des mégaphones, pour pouvoir lancer les chants mais surtout pour expliquer aux gens comment allaient se passer les animations, à ne pas craquer des fumis pendant le dépliage des drapeaux etc… A cette époque la tribune haute de Boulogne était découpée en trois groupes : à gauche les Boys, au milieu nous, et à droite les Firebirds. On lançait les chants, Flo ou moi, ou c’était les Boys. Tout le monde suivait. Puis ensuite chacun a lancé ses chants.

Quel était l’état d’esprit chez les Gavroches ?

On ne voulait pas faire un tribune entière Gavroches. L’idée était qu’on devait tous se connaitre. On ne voulait pas être plus de 200. On se connaissait tellement bien qu’on faisait les mariages de certains, les baptêmes… On venait avec des fumis ou des banderoles dans les Eglises. Lors du mariage de Philippe, un des anciens présidents, on est venu sans le prévenir avec la banderole Gavroches, accompagnée de fumis. Ça a fait une de ses fumées lors de la haie d’honneur, ça rentrait dans l’église, le curé gueulait ! Pareil, si un mec était dans la galère on l’aidait. C’était soudé, c’était la famille.

Vous vous considériez comme des Ultras ?

Non, car c’était plus un concept italien. Nous c’était anglais.

Vous aviez donc de bonnes relations entre les groupes et avec le Président ?

Oui, Borelli était très à l’écoute. Il nous devançait même parfois quand il y avait eu des bagarres ou des problèmes en tribune. Il nous contactait directement. Il nous invitait à venir déjeuner dans un restaurant près du Parc. Un truc de fruits de mer. Il nous disait « Alors mes enfants – il nous appelait comme ça – ce qui s’est passé au Parc ça ne donne pas une bonne image du club, il faut arrêter tout de suite, je ne veux pas de ça. Si vous avez un problème vous venez me voir, ou si vous avez besoin de tifos, on vous aidera si on peut le faire ! ».

C’était un homme de parole ?

Ah ouais. C’était un vrai pied noir. S’il te tapait dans la main, c’est juré, tu pouvais être sur qu’il allait le faire. Même si le club n’avait pas les moyens de nous aider, il payait de sa poche. J’ai appris même plus tard que lorsque les joueurs étaient hospitalisés, il envoyait des fleurs ou les faisait apporter à l’anniversaire de chaque femme de joueur, il faisait même livrer des fleurs à leur maison… C’était comme ça, pour lui c’était sa famille, son club. Pareil pour le sportif. Il allait voir ses défenseurs, leur demandait quel attaquant leur posait le plus de problème et il essayait de l’embaucher. Il était malin. Très malin.

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Le 11 titulaire de Boulogne (Giscard, en bas, 2ème en partant de la droite) lors du Challenge Tourtel (c) Collection personnelle

Tu faisais aussi les déplacements un fois l’association montée ?

Oui, c’était plus facile pour affréter nos propres cars. On allait voir les compagnies et on les rassurait sur le fait que ça se passerait bien avec les gars. Ensuite il fallait négocier avec les clubs adverses pour avoir nos places en tribune, sauf qu’à l’époque tu n’avais pas de parcage visiteurs. On se retrouvait souvent avec les supporters adverses, mais ça se passait bien en général. Donc à chaque début de championnat je regardais le calendrier et je commençais à me renseigner sur les prix de location pour proposer un tarif global aux membres du groupe. Les gars avaient mon téléphone fixe, car pas de portable évidemment. Ça arrivait que je reçoive des coups de téléphone la veille du match à 2 heures du mat pour savoir si il restait des places dans le bus ! Je faisais tout… Et comme tout le monde me connaissait… En plus des bus, il fallait prévoir les boissons et les casse-dalles. J’amenais tout au bus avec ma bagnole qui tapait le cul par terre tellement elle était chargée ! On vendait tout ça mais il n’y avait pas de bénéfice. Tout l’argent récolté servait pour le déplacement d’après ou pour faire des écharpes qu’on donnait à tout le monde. Comme ça tout le monde était heureux. Mais c’était du boulot !

Il y a des déplacements que tu affectionnais plus que d’autres ?

Auxerre c’était bien car ce n’était pas loin. Et puis les mecs étaient dégoutés quand on arrivait dans leur ville. Ils avaient le droit à leur « Paysans, paysans, paysans »

Mais je n’avais pas de préférence. J’aimais faire les déplacements car on ne savait jamais ce qu’il allait de passer. On venait déjà pour voir notre club gagner, pour l’ambiance qu’il y avait dans un car. Alors si tu perdais, ce n’était pas ça, tu préférais dormir… Mais je me rappelle d’un match à Turin (Ndlr : 1er novembre 1989), en coupe d’Europe au Studio Communal. La police italienne nous avait dit en arrivant à Turin de ne rien mettre autour du bus qui puisse ressembler à quelque-chose de parisien. Au match allé le car de la Juve s’était fait fusillé car il était passé près de Boulogne. Les joueurs avaient été à plat ventre dans le car… La presse italienne en avait parlé. Donc les italiens voulaient se venger. A l’arrivée à la gare, la police ne trouve rien de plus intelligent que de mettre 3 cars de police devant notre bus et 3 derrière ! Toutes sirènes dehors. On est arrivé dans le stade, on sort et on s’installe avec nos écharpes en chantant. Et là tout le stade se lève et ils brandissent leurs écharpes. Bon OK…

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Giscard au 1er rang avec le chapeau dans le KOB (c) Collection personnelle
Cliquez ICI pour visionner le match Juventus vs PSG de 1989

Le match se finit, (Ndlr : 2-1) on y a cru, on ne passe pas (Ndlr 0-1 à l’aller), on retourne vers notre bus qui était entouré de bagnoles de flics pour nous protéger. On nous a dit que ça craignait dehors. On les entendait crier « Juvé, Juvé !!! ». Mais il y avait des travaux dans le stade et le chauffeur du bus a niqué le carter d’huile en sortant du bus. Ça fuyait. On ne pouvait plus partir. Ils ont appelé l’ambassade de France pour trouver des solutions. Ils ont affrété un autre bus mais les flics s’étaient barrés car on est resté près de 3 heures à poireauter. Ils nous ont même mis sur la pelouse en attendant. On s’est fait un petit foot… On a même enlevé une banderole qu’on n’aimait pas où il était inscrit « Juventus Club Paris », on savait que c’était des mecs qui venaient comme nous de Paris, pour supporter la Juve.  Ils l’avaient laissé dans le stade… Quand on est reparti, finalement les supporters de la Juve étaient partis. Mais on a vu des barres de fer, des pavés, des bouteilles, il y en avait partout ! Tout ça c’était pour nous ! Putain. Heureusement qu’il y a eu ce carter d’huile sinon je ne sais pas si je serais encore là aujourd’hui. Ça faisait flipper. On était que 50.

Je me souviens aussi d’un autre déplacement à Derry (Ndlr : 14 septembre 2006). Pareil, le bus s’arrête dans la ville et les flics nous disent de pas trop trainer. On devait aller du centre-ville au stade à pied. Et s’arrêter dans un pub près du stade pour boire un coup. Sur tout le trajet, les mecs nous arrêtaient et nous tirer par le bras pour nous payer un verre dans leur salon ! Chez eux, dans le canapé ! Ils nous servaient des bières ! Parfois on tombait sur d’autres parisiens qui étaient déjà là dans le salon ! Quand on est arrivé au pub on était déjà bien chauds. Et dans le pub, il y avait plein de mecs de Derry. Un coup, ils lançaient leurs chants, un coup c’était nous, on est resté là jusqu’à une demi heure du coup d’envoi. On pensait les éclater mais on a fait un match nul de merde. Mais l’ambiance était tellement géniale dans ce stade… Il y avait un grand cimetière sur une butte en face du stade. Les gens étaient rentrés dans le cimetière en masse pour regarder le match. Ils avaient fait monter des gamins sur des bus impériaux pour qu’ils puissent aussi voir le match. Paris, c’était gros pour eux. Après le match on a proposé à 3-4 mecs de Derry de prendre leur téléphone et leur adresse au match retour. Ils savaient que ce serait peut être la seule fois de leur vie où ils iraient à Paris. J’ai pris 2 jours pour leur faire la visite de la capitale à leur arrivée. On était une quinzaine. On a été à Pigalle, la Tour Eiffel, les petits bistrots sympas du 18ème que je connaissais. J’ai jamais re-vécu ça, à part à Glasgow pour le match contre le Celtic il y a 2 ans.

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Souvenir de Derry (c) Collection personnelle

Je m’attendais à quelque-chose de fort. Ça a été même plus fort qu’à Liverpool l’année dernière, que j’ai trouvé un peu fade. A l’entrée des joueurs on a lancé « Oh ville lumière » mais ils ont aussi leur « You’ll never walk alone ». Tout le stade s’est mis à le chanter avec les écharpes. Sans se parler, on s’est tous regardés, et on s’est tous tus par respect en gardant nos écharpes brandies. Tout le stade, des populaires aux loges, était couvert d’écharpes du Celtic. On ne voyait même pas la tête des gens. Ça m’a fait un coup ! J’ai failli en pleurer. On était pas loin d’un passage pour la circulation des handicapés ou pour l’évacuation des blessés. J’ai vu passer un gamin handicapés avec son père. Je l’ai appelé pour lui donner un pins du PSG. J’en ai toujours sur moi en Coupe d’Europe. Le père me remercie. A la mi-temps il reviennent et ils me donnent un drapeau du Celtic. J’avais l’air con avec mon pins alors je lui ai filé mon écharpe et je lui ai mise autour du cou. Le mec à la fin du match, m’a encore remercié. Des vieux nous disaient « ça fait 25 ans qu’on s’est pas fait balader comme ça chez nous par une autre équipe. Même pas le Barça. Et vous avez des supporters en or. Vous avez respecté notre chant. Tous les supporters adverses ne font pas ça. ». Quand ils ont fini le « You’ll never walk alone » au début match, ils se sont retournés vers nous en chantant « Paris, Paris ! »… On avait presque les boules pour eux, ce public méritait d’aller plus loin dans la compétition.


Xavier Chevalier

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