François Brisson Virage PSG

François Brisson

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À l’orée des 50 ans du PSG, il est passionnant d’écouter parler les gens qui ont participé à l’histoire naissante de notre club. François Brisson fait partie de ceux-là,
de ces pionniers. Il est de la première génération sortie du centre de formation fraichement créé par le duo Hechter-Fontaine en 1975. Il a joué son premier match sous nos couleurs à 17 ans seulement. Puis a connu plus tard l’épopée olympique de 1984. Aujourd’hui il se souvient pour nous de sa riche carrière, avec énergie, enthousiasme et détermination. A l’image de son jeu…

Tu as commencé le football à quel âge et pourquoi ce sport en particulier ?

J’ai fait du sport très tôt. Mes parents habitaient Bourg-la-Reine en région parisienne. Ils étaient tous les deux très sportifs. Ma mère avait joué au basket en première division, et mon père jouait au rugby en D2 à Antony. Il nous emmenait mon frère jumeau Gilles et moi à ses matchs les samedis et dimanches. A côté du terrain de rugby, il y avait des terrains de foot. Vers 7-8 ans on a glissé vers ces terrains. De toute façon très vite, j’ai adoré faire du sport. C’était un vrai terrain d’expression. Mon frère et ma soeur aussi. Avec mon frère on a débuté le foot au patronage, pas en club. C’était le mercredi ou le jeudi toute la journée. J’ai touché à d’autres sports comme le handball, le judo, la gym… On était de toute façon très doués en sport naturellement. Et puis il y a eu un truc fondamental, c’est que je suis tombé sur un prof de gym exceptionnel qui s’appelait Christian Denis. Il avait dans les 25 ans. Plus tard il est devenu l’entraîneur national du décathlon français. C’était le prof de sport de mon école primaire et il venait faire les entrainements de foot au patronage. Avec lui tu apprenais vite et facilement.

J’ai donc fait de l’athlétisme et du foot en même temps, jusqu’à mon entrée à 17 ans au PSG. D’ailleurs j’ai fini deuxième aux championnats de France cadets de triple saut, 2 mois avant de rentrer au PSG. Avant ça j’ai joué au foot avec mon frère au club de l’US Bourg-la-Reine / Sceaux. J’ai commencé en pupille. Mon père nous suivait partout. Il avait arrêté le rugby pour s’occuper de ses garçons. Il emmenait les gamins tous les dimanches en voiture pour les matchs. Mais on jouait tous les jours au foot, dans la rue, sur les terrains… Notre enfance c’était le foot de la rue, il n’y avait pas d’ordinateur… J’étais fou de foot. J’étais fan de l’Ajax de Johan Cruyff, qui était mon idole. J’avais été aussi émerveillé par le Brésil de 1970.

Comment as-tu été repéré par le PSG ?

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Les Cadets de Paris en 1974 avec Jean-Marc Pilorget (c) Collection personnelle

Déjà on ne perdait pas beaucoup de matchs avec Bourg-la-Reine. J’avais un double surclassement en cadets. Je suis passé directement en première. Et puis un jour je reçois un courrier comme quoi je suis sélectionné dans l’équipe des cadets des Hauts de Seine. Il n’y avait pas les U15, U17 à l’époque. Puis je suis passé ensuite chez les cadets de Paris. J’ai dû être repéré en Gambardella car on était allé loin en 1974. On était tombé en demi-finale contre les cadets de Lorraine où il y avait Ettore, Zénier, Jeannol, une grosse équipe… En tout cas je n’avais aucun plan de carrière. Le foot pour le grand public, ça passait derrière le rugby et le vélo. Être sportif professionnel, ce n’était pas un statut installé dans la société. A la rigueur prof de gym… C’était une autre époque même si le monde bougeait beaucoup dans les années 70. La mode, la musique, c’était formidable…

Bref je suis convoqué pour deux journées de détection à Saint-Germain en Laye pour le PSG. Je me rappelle, c’était le lundi de Pâques 1975. C’était un beau courrier de René Baule qui a été très important par la suite. C’était le recruteur en chef du PSG. Il m’avait repéré, tout comme Jean-Marc Pilorget qui était aussi avec moi chez les cadets. J’y suis allé tout seul. On avait passé une nuit à l’hôtel. On était une centaine de jeunes et tout ça se passait sous le regard de Just Fontaine, l’entraîneur du PSG. Avec Daniel Hechter, ils avaient eu l’idée de créer le centre de formation du club. Ce stage c’était en fait le premier stage de détection pour le centre de formation. On a été seulement 5 à être retenus dont Pilorget et moi. Mais de toute façon ils nous avaient déjà repérés avant chez le cadets. Pour te dire, je n’ai pas disputé 2 des 3 oppositions qui étaient prévues. Le soir même j’avais eu la réponse. C’est « Justo » qui nous a annoncé notre sélection. Et il nous a invité chez lui ce soir-là à boire du Champagne ! Incroyable !

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Le centre de formation du PSG cuvée 1976 avec à gauche son directeur Pierre Alonzo et son fils Jérôme (futur gardien du PSG) au milieu. De gauche à droite : Alonzo, Barberat, Bensoussan, Pilorget, Justier, Alle, Farina, Brisson, Tanasi, Lequiem, Dossevi en bas. (c) Collection personnelle

Tu suivais déjà le parcours du PSG ?

Oui j’allais au Parc avec mes potes dès 1972. J’étais au premier match de foot au Parc, c’était un France-URSS. Puis j’ai vu les tournois de Paris, avec Cruyff, quand Bianchi se fait casser la jambe avec l’entente Reims-PSG contre Barcelone. Le match de la montée en 1973 avec le but de Dogliani et « Justo » qui s’évanouit, j’y étais aussi ! Tous les gros matchs du Parc j’y étais.

Comment se sont passés tes premiers pas au centre de formation ?

Je suis arrivé en août 1975 mais il n’y avait aucun bâtiment. On était 5 ou 6 avec Jean-Marc Pilorget, Lionel Justier et d’autres. Le centre a ouvert le 4 novembre. Ils ont trouvé une villa sur l’Avenue Hoche à la sortie de Saint Germain en Laye. Elle pouvait accueillir une quinzaine de lits. Mais avant ça, on était logés au foyer des jeunes travailleurs. Presque 3 mois… J’avais 810 francs de salaire. J’étais nourri, logé avec un contrat d’aspirant. Pas de prime à la signature bien sûr. Mais c’était formidable. On était des gamins passionnés de foot. On était fous d’entraînement, on doublait les séances, on se mettait minables. Et il y avait déjà un bon niveau dans l’équipe première. Il y avait Pantelić, Humberto, Jacky Novi, Piasecki, Dogliani, Dahleb, M’Pelé, Adams. C’était des références et puis c’était « costume-cravate ». Les mecs avaient la classe. Ça m’a marqué. Par exemple Carlos Bianchi venait nous chercher au centre de formation en voiture. Jean-Pierre Adams aussi avec sa Mercedes et son Philadelphia Sound, Billy Paul etc… Ils n’étaient pas obligés de le faire mais ils le faisaient.

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Le centre de formation cuvée 1977. De gauche à droite de haut en bas : Leclerc, Corre, Tofollo, Porquet, Perfetti, Bureau, Longatte, Lorant, Valente, Jean, Mongelli, Gonzalez, Cardinet, Merelle, Valente, Reverdy, François Brisson, Morin, Lemoult, Kroener, Gilles Brisson, Buissonneau, René Baule (c) Collection personnelle

Ton frère jumeau est arrivé quand au PSG ?

Il a aussi été repéré par Monsieur Baule. Il est arrivé deux ans après moi. Il était défenseur.

Raconte-nous la fameuse histoire des quatre mousquetaires.

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Les 4 mousquetaires face à Reims : Brisson (17 ans), Justier (19 ans), Pilorget (17 ans), Morin (18 ans) (c) Collection personnelle

C’était la deuxième année du PSG en première division. « Justo » était entraineur. Et ça ne marchait pas trop bien. Hechter n’était pas satisfait. Il n’aimait pas l’attitude et l’envie de certains joueurs. Il était très impliqué dans le club. Il suivait les pros comme les jeunes. Il faisait les stages, il allait dans les buts lors des préparations, venait manger au centre, et il voulait que des jeunes de Paris soient impliqués dans ce projet PSG. On est donc en 1975. Il est décidé d’ouvrir les portes de l’équipe première à des jeunes. Et pourtant il n’y avait que 13 joueurs sur la feuille de match à cette époque. On marchait bien en réserve même si on ne s’entraînait pas trop avec les pros. Arrive donc un match du mois de décembre au Parc des Princes (Ndlr : 21 décembre 1975, PSG – Reims). On est 4 à être convoqués du centre de formation, qui n’avait que 2 mois d’existence ! Thierry Morin, Jean-Marc Pilorget, Lionel Justier et moi. On se retrouve dans l’équipe. J’ai commencé sur la touche, les 3 autres ont joué directement car ils étaient milieux ou défenseurs. Les meilleurs joueurs du PSG jouaient devant. Mais je suis rentré en deuxième mi-temps.

Tu as été surpris de rentrer pour ce match ?

Une fois que tu y es, non. La surprise c’était déjà d’être au PSG alors que je jouais auparavant à Bourg-La-Reine. Mais j’étais passionné. Bien sûr il y avait de la pression, ça restait un grand stade. Mais une fois que tu es habitué au Parc, un terrain vague ou un grand stade c’est la même chose, tu joues !

Tu as eu Jean-Michel Larqué comme entraîneur ensuite. Comment ça s’est passé avec lui.

Très bien. Avant on a eu Velibor Vasović comme entraîneur mais il était dur avec les jeunes. C’était un peu militaire. Ça ne s’est pas très bien passé avec lui. En plus j’étais un peu un écorché vif, dur avec moi même. J’avais tellement envie de jouer, de gagner. En tout cas Jean-Michel avait remarqué mes qualités en arrivant. J’allais vite, j’étais polyvalent. Il a eu l’idée de me faire jouer en 8. Un peu comme Matuidi en plus offensif, ou Rothen, ou Di Maria quand il décroche. J’avais ce profil. Du coup je décrochais derrière « Mouss » Dahleb, j’étais son soutien offensif. On jouait en 4-1-5 en 1977 avec Renaut, Bianchi, M’Pelé, Dahleb et moi devant. Je crois qu’avec Jean Michel j’ai fait 33 matchs en pro. Dont 25 au milieu de terrain. Quand « Mouss » sortait ou se blessait, je montais à l’aile gauche pour servir Bianchi ou M’Pelé.

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Les deux jumeaux, qui est qui ? (c) Collection personnelle

Parlons de Daniel Hechter, c’était quel type de président ?

J’ai adoré ce président. C’était « mon » président. Son départ en 1978 m’a déçu. Il aimait le foot, il aimait les jeunes. Si Jean-Michel et Daniel n’avaient pas quitté le PSG, j’y serais resté par la suite.

Il y a des joueurs qui t’ont marqué lors de tes débuts au PSG ?

Il y en a eu deux. Déjà « Mouss », c’était le joueur dominant de l’équipe. C’était la classe mondiale. Techniquement il faisait des trucs qu’on n’apprenait pas à l’école de foot. Il avait le sens de l’improvisation, il était subtile. Je l’ai vu au Parc faire un amorti sur un dégagement du gardien suivi d’une cuillère et il s’est mis ensuite à jongler. Pourtant il y avait un marquage individuel sur lui. Sur ses dribbles il faisait des changements de pied et il faisait perdre l’équilibre au mec devant lui. Un peu comme Salah Assad ou encore Ben Arfa. Et puis c’était un bosseur.  Dans le comportement il avait de la classe. Un peu comme Zidane. Il ne parlait pas fort, pourtant il était capitaine.

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Le 11 titulaire face à Marseille le 8 janvier 1978 avec les deux jumeaux (c) Collection personnelle

Le deuxième joueur qui m’a marqué c’est Carlos Bianchi. C’était un seigneur. Super sympa, il venait me chercher au centre, pour déconner il m’appelait « Chaton ». Il m’avait pris sous son aile car quand je jouais je le faisais marquer. Pourtant il était le dernier en footing, dernier en vitesse, il n’avait pas le plus grande détente de l’équipe, techniquement il ne pouvait pas dribbler un mec en un contre un. Mais par contre qu’est ce qu’il était malin ! Sur des séances de 50 tirs aux buts, il marquait 45 fois, il y avait 2 poteaux et 3 arrêts de gardien. Il cadrait tout ! Et il était toujours au bon endroit. Quand il y avait poteau, le ballon revenait toujours vers lui, jamais vers toi. Il anticipait, il avait toujours un temps d’avance. Il créait des fausses pistes à faire tomber le défenseurs. Je le regardais faire, son jeu sans ballon, c’était un modèle. Quand tu débordais, tu levais la tête, il était toujours tout seul. Il bernait les défenseurs. Il fallait lui mettre proprement mais il te montrait où et comment il la voulait. Il m’a beaucoup apporté.

Quel match t’a marqué en plus de ton premier en 1975 ?

C’est le match du 8 janvier 1978. Jean-Michel Larqué était l’entraîneur et Daniel Hechter avait été radié du football dans la semaine. C’était un PSG-Marseille. L’OM était premier du championnat, et le PSG en milieu de classement. On éclate Marseille 5-1. J’avais marqué et fait marquer. En plus c’est le premier match que je joue avec mon frère jumeau.  Gilles jouait derrière et moi je jouais au milieu derrière « Mous ». Le Parc était en feu, Paris était fait pour ces matchs de gala. Ce match il était pour Daniel.

Résumé et descriptif du match PSG-OM 1978, cliquez ICI

Qu’est ce qui t’a fait quitter le PSG ?

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Dahleb, M’Pelé et Brisson portent Daniel Hechter en fin de match contre Marseille en 1978 (c) Collection personnelle

Déjà je n’avais pas d’atome crochu avec le président Borelli. En plus il avait fait revenir Vasović après Larqué. J’ai donc demandé à être prêté en 1979. Un peu contre mon gré car c’était mon club. Je pars donc à Laval où je fais une super saison. Je savais que j’avais les qualités pour réussir. D’ailleurs j’avais marqué et on avait gagné contre le PSG. Comme toujours… Au PSG J’avais été baladé à gauche, devant et au milieu. Vasović m’avait dit un jour en causerie devant tous les joueurs « Brisson, toi pas vedette, vedette Bianchi, Dahleb. Toi aller jusqu’à la ligne médiane et donner à vedette… ». Moi qui était un joueur créatif, qui admirait Cruyff, je ne comprenais pas ce discours. Un entraîneur est là pour faire progresser les joueurs, pas pour les brider. Bref après Laval, je reviens au PSG et là, c’est Georges Peyroche qui est entraîneur.  Une saison de perdue. Je ne joue que 18 matchs. Au début de saison je suis pourtant titulaire, mais je ne marque pas. Pendant 3 mois, j’étais à l’hôtel et je ne marquais pas. Et il y avait du monde devant. Rocheteau, Toko, Dahleb, Boubacar, Bureau… Une concurrence de folie. C’était difficile. Et Lens pense à moi. Ils me connaissaient déjà car j’avais fait partie de l’équipe de France Junior pour la Coupe du Monde en 1977.

Au moment de Laval, je faisais aussi partie du Bataillon de Joinville, l’équipe de France militaire. Et en 1975 j’avais joué un match titulaire contre Lens en Coupe de France. On avait gagné 0-4 là bas. J’avais compris qu’il fallait que je fasse ma vie pro ailleurs qu’au PSG. Leur recruteur est venu me rencontrer et ça s’est fait. La première année à Lens a été difficile mais elle l’a été pour tout le groupe. Il y avait Xuereb, Leclerc, Vercruysse, … Une bonne équipe. Puis ensuite on a pris un bon rythme de croisière. De mon côté j’arrivais à maturité. J’étais marié. J’ai eu mon premier enfant en 1983. J’avais digéré, j’avais compris ce que c’était qu’être un joueur de foot professionnel. La saison 1982-1983, Gérard Houiller est arrivé. On était premier à la trêve et on finit 4ème du championnat. On a mis 4-0 au PSG, on a battu Marseille. On ne doutait de rien. C’était un club pour moi. Là j’étais parti… J’ai marqué 17 buts en championnat. Et puis arrive l’aventure des Jeux Olympiques 1984.

Parlons-en à présent. C’était une aventure incroyable ?

Oui. C’était soit l’équipe de France A soit l’équipe Olympique. J’étais un des meilleurs ailiers gauche de France. Mais l’équipe de France A venait de faire une super Coupe du Monde en 1982. C’était un club un peu fermé avec beaucoup de supers joueurs comme Didier Six, Bruno Bellone, qui étaient encore jeunes. J’avais été toutefois sélectionné une fois par Hidalgo en 1983 pour un France Pays-Bas. J’ai joué 20 minutes et on a gagné 1-2 là bas. Parallèlement à ça, Henri Michel venait de finir sa carrière à Nantes. Il était le successeur annoncé d’Hidalgo. On lui a alors confié le poste d’entraîneur de l’équipe de France Olympique. Cette équipe n’existait pas. Elle a été construite pour les J.O. de Los Angeles. Il n’avait pas de moyen mais il a monté cette équipe qui n’a jamais perdu. 12 matchs, aucune défaite. C’était un destin. Il n’y avait pas de limite d’âge chez les joueurs choisis. C’était une vraie équipe de France B. Tu avais Touré, Bijotat, Thouvenel, Bibar, Ayache… On aurait tous pu être dans le groupe des 30 Français. Et cette équipe a marché tout de suite.

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L’équipe olympique médaillée (c) Collection personnelle

On était une génération qui avait la dalle. On en avait plein le cul de ne rien gagner. Séville, les poteaux carrés de Saint-Etienne… Les Anglais, les Italiens et les Allemands se moquaient de nous. Platini a été le guide en montrant qu’on pouvait être Français et gagner le ballon d’or. Qu’on pouvait être champions d’Europe. On s’est tous dit que c’était le moment. Il était temps qu’on remette les pendules à l’heure. C’était à notre tour de « bouffer » ! Notre premier match de qualification se fait en Espagne, et on va faire un hold-up là-bas. On gagne 1-0. On s’est dit que rien ne pouvait nous arriver. Puis on bat la Belgique et on fait un match d’appui contre l’Allemagne en aller-retour. L’aller au Parc on fait 1-1 et tout le monde se dit que c’est fini. On gagne 1-0 là bas ! On est qualifiés. On part aux Etats-Unis avec un groupe de 17 joueurs. On est arrivés à New York puis on a pris un vol pour Baltimore. C’était à l’opposé de Los Angeles. On avait des éliminatoires à disputer avant de rejoindre le village olympique. On devait rencontrer le Qatar, le Chili et la Norvège. Il fallait finir premier de ce groupe. On était en août. Je m’étais préparé comme un malade. On a eu un départ besogneux contre le Qatar. On fait 2-2. J’étais remplaçant. Lors du deuxième match contre la Norvège, Henri Michel me fait jouer et je fais un doublé. Puis on se qualifie en faisant 1-1 face au Chili, et on part pour Los Angeles.

Résumé du match France-Brésil, Finale des J.O. 1984, cliquez ICI

Et là c’est comme si on arrivait à Disneyland. On était vraiment aux J.O. On était dans les locaux de l’université de UCLA. Il y avait les Américains avec nous, les Anglais. On croisait Edwin Moses, Sebastian Coe… On était avec le gratin du sport mondial. On était comme des gamins. J’ai profité des 2-3 jours avant la reprise de la compétition pour aller voir tout l’athlétisme. Et puis on était en forme. Je n’ai pas trouvé l’aventure olympique très difficile sportivement. Les matchs qu’on a joués n’ont pas été les plus difficiles de ma carrière. On s’était construit de la confiance dans les éliminatoires, le groupe se connaissait, on était détendus mais super sérieux les jours de match. On était une équipe pas facile à jouer, une équipe de contre. En premier match, on a passé l’Egypte tranquille.  On gagne 2-0 (Ndlr : Doublé de Xuereb). En demi-finale on joue au Rose Bowl de Pasadena devant 100 000 personnes. On bat la Yougoslavie dans les prolongations (Ndlr : 4-2) et puis il y a le Brésil en finale.

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Le 1er but de la tête en Finale des J.O. 84 (c) Collection personnelle

C’était pour nous. Je savais, de mon expérience avec Bianchi, que si il y en avait une, il ne fallait pas la rater. Je marque le premier but de la tête. C’était un match fermé. On laisse le ballon aux Brésiliens. On les attend, ils nous remuent un peu mais on avait déjà connu ça. On était solides. Il y avait des chiens comme Jean-Claude Lemoult. C’était une équipe soudée. J’étais avec 2 co-équipiers de mes débuts au PSG. Jean-Claude Lemoult et Michel Bensoussan. Et il y avait aussi 2 mecs de Lens, Xuereb et Sénac. Il y avait aussi Philippe Jeannol avec qui j’avais fait la Coupe du Monde Junior de 1977. Le foot c’était un petit monde. C’était un conte de fée ces J.O., même si l’équipe est morte le jour de la finale. On s’est séparés le lendemain en arrivant à Paris. On a repris notre carrière. On s’est revus pour la première fois en 2004, 20 ans après. Incroyable ! C’était pour les 100 ans de la fédération. Sur les 17 on était 15. C’est une des dernières fois que j’ai vu Henri Michel.

Que penses-tu du PSG d’aujourd’hui, tu suis leurs performances ?

Je ne pense pas que ce soit la meilleure équipe de l’histoire du PSG. Mais cette saison, ils ont un grain de folie qu’on avait pas vu avant. Cette équipe est imprévisible. Mais elle n’est pas très équilibrée défensivement. Ils ont moins de personnalité dans la possession contrairement aux saisons passées. Alors c’est sur qu’il n’y a pas beaucoup d’opposition en Ligue 1 par rapport à son potentiel. Mais il me semble qu’avec Zlatan, Thiago Motta, David Luiz, il y avait un potentiel équipe plus ferme et plus mature. Aujourd’hui le PSG, ce n’est plus uniquement une question de Président, de directeur sportif, d’entraîneur… L’avenir du club est entre les mains des joueurs. Ceux qui sont sur le terrain. La question c’est : qu’est ce qu’ils veulent faire ensemble ? La Remontada, c’était une mi-temps, Manchester c’est du passé. On ne parle jamais du 5-0 qu’a pris le Bayern en demi finale ou des deux remontadas qu’a subies le Barça.

Le PSG c’est un élève brillant mais qui n’a pas encore gagné. Ils ne savent pas encore gagner. A un moment il y en a plein le cul ! C’est comme nous en 1984. La motivation ils l’ont, maintenant il leur faut plus il leur faut de la grinta. Est-ce que ces joueurs sont capables de se sublimer, je ne sais pas. Je pense que Neymar oui, il est capable d’être habité par une mission. J’aime beaucoup ce joueur. Mbappé, je ne pense pas, il n’en est pas encore là. Mais il en est capable. Il est encore trop obnubilé par ses stats. Après j’espère que Paris sera capable de gagner cette Ligue des Champions. La France a besoin de cet étendard pour passer un cap. Car l’histoire des clubs français en Europe est nulle. On devrait avoir honte. Une seule Ligue des Champions et une Coupe des Coupes. C’est tout  ! C’est plus facile pour nous de gagner la Coupe du Monde que la Coupe d’Europe. En tout cas j’espère que le sens du détail et l’esprit vont gagner le PSG pour que cette équipe aille au bout. Il est temps que les choses changent. Ça suffit !


Xavier Chevalier

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