J'irai revoir ma westphalie virage PSG

J’irai revoir ma Westphalie

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Le traitement des autorités vis à vis des supporters est toujours aussi scandaleux, pire on a encore franchi une étape et on assiste à une espèce de retour en arrière. Quand je parle de retour en arrière, je fais référence à la triste période de la contestation quand les supporters subissaient une répression démesurée à la limite de la légalité. Vous l’avez compris je reviens ici sur les événements survenus le lors du déplacement à Dortmund, qui ont particulièrement visé les supporters ultras du PSG.


Personnellement je n’ai pas eu à subir ce traitement mais je suis à 100 % solidaire envers ceux qui ont été visés. Il me semble donc important de revenir sur ces mesures et d’essayer d’en analyser modestement les causes pour que nous prenions conscience de la situation. Mais surtout que nous réfléchissions tous à la manière de se déplacer en tant que supporters du PSG, sereinement et tranquillement sans avoir cette espèce d’étiquette qui nous colle depuis trop longtemps à la peau, de vilains mangeurs d’enfants.

Que s’est-il passé exactement ? N’étant pas présent dans les cars ou les divers véhicules bloqués, j’ai donc une vision un peu lointaine des événements et je me base sur ce que j’ai pu lire ou entendre comme nombreux témoignages qui relatent les faits. Je ne suis pas journaliste, je ne vais pas chercher à donner la parole à tous, je vais juste vous dire comment personnellement je ressens les choses par rapport à ces témoignages que je ne mettrai en aucun cas en doute.

Un dispositif avait été mis en place par les autorités allemandes à la frontière entre la Belgique et l’Allemagne pour repérer et contrôler les supporters parisiens. La plupart d’entre eux, considérés comme ultras, avaient fait le choix en toute transparence et en toute sérénité de venir en cars sans se cacher et sans essayer d’éviter les contrôles. Ils étaient donc mis de côté comme c’est souvent le cas dans les déplacements, sur une aire d’autoroute ou dans un endroit dédié. Mais personne ne pouvait douter qu’au-delà de ces contrôles, un traitement particulier allait leur être infligé. En effet, ils ont du se mettre pratiquement nus à l’extérieur, dans le froid. Mais surtout, ils ont été bloqués des heures durant sans aucune justification.

Si j’ai bien compris il y avait quelques motifs du fait que certaines choses étaient effectivement répréhensibles mais n’impliquaient aucunement l’ensemble des supporters présents dans le cars. Comme souvent, c’est la sanction collective, qui ne se fonde sur aucun droit, qui a été appliquée faute de pouvoir identifier les responsables. Loin de moi l’idée de défendre et de dédouaner ceux qui ont pu se rendre coupables de quoi que ce soit, même si pour ma part je ne mettrai jamais au même niveau la « fumette » et la possession d’arme par exemple. Il n’en demeure pas moins que la conséquence a été le blocage de l’ensemble de ces supporters pendant des heures et des heures, dans des conditions inacceptables. La possibilité même d’aller au match n’était même plus assurée. Bien heureusement ils ont fini par être libérés mais très tard, ce qui a posé un problème d’organisation de la tribune visiteuse, et compromis des animations prévues pour ce grand événement qu’était le huitième de finale de Ligue des Champions. Dans un stade mythique à l’ambiance exceptionnelle (on leur a donné une leçon soit dit en passant).

Bien évidemment le premier réflexe que nous avons tous eu, fut de pointer du doigt l’attitude des autorités allemandes. Si je me lance dans ce billet d’humeur ce n’est pas pour me borner à répéter ce que nous avons tous dit et que la presse a plutôt bien relayé. Il s’agit, avec un regard extérieur et sans être dans le secret des dieux, de donner mon point de vue, un point de vue qui se nourrit de mon expérience au sein de diverses associations de supporters et de mon travail avec les instances.

Ces événements soulèvent plusieurs questions. La première question est : quelle est l’application des autorités françaises. En effet comment imaginer qu’elles n’aient pas participé à l’organisation de ce dispositif ou a minima en avoir été informées ? Il existe en France un service qui s’appelle la DNLH qui s’occupe de l’organisation d’un déplacement européen et de la transmission d’informations entre les autorités françaises et celles du pays qui accueille. Ce service est donc sensé participer à la préparation des déplacements des supporters français en lien avec les instances, les clubs des 2 pays et bien-sûr avec les polices des 2 pays (voir celles des pays traversés comme la Belgique dans le cas présent). Donc soit la DNLH n’était au courant de rien, et on peut se poser la question de son rôle et de son autorité en la matière, soit elle était informée et on peut lui reprocher le fait de ne pas avoir aidé le club et ses supporters à anticiper un tel fiasco. Je me dois de dire que la particularité pour nous parisiens, est la présence de la préfecture de Paris qui effectivement a une grande influence sur l’organisation des déplacements. En tout cas il me semble objectif te dire que la responsabilité est engagée.

La deuxième question qui se pose est le rôle du club dans le déplacement des supporters et notamment en Ligue des Champions. Nul besoin d’attendre l’ouverture de la billetterie pour savoir que ces déplacements engendrent une forte demande et que nous ne sommes pas du tout dans la même configuration que des déplacements en France, puisque nous parlons ici de plusieurs milliers de supporters. Qu’on le veuille ou non, l’organisation de ces déplacements demande des moyens conséquents. C’est évidemment un ensemble de moyens qui doivent être mobilisés et c’est bien sûr le service des référents supporters qui est en charge et a la responsabilité de coordonner tout ça, aussi bien du côté du club que des groupes de supporters organisés.

Il est évident que ce service est sous-dimensionné. Deux personnes à plein temps, ou un club comme l’Olympique Lyonnais en compte cinq, et le club de Dortmund, qui nous recevait, plus de 10. Pas besoin de grandes explications pour comprendre qu’un club de la dimension de PSG ne peut décemment pas travailler sereinement avec si peu de monde. Lors d’événements exceptionnels, comme les matchs de Ligue des Champions, de nombreux clubs n’ayant pas autant de référents renforcent leur nombre, non seulement pour le jour du match, mais aussi dans la période de préparation du déplacement. Malheureusement ça n’a pas été le cas pour nous à Paris.

Une autre question qu’on peut se poser est de savoir quel marge de manoeuvre aurait eu le PSG s’il avait été informé du dispositif honteux mis en place. Du fait de ce manque de moyens, comment aurait-il pu en un laps de temps très court palier ou proposer une alternative afin que tout se passe pour le mieux ?

La troisième question qui se pose est comment, nous supporters, avec l’expérience que nous avons accumulée, pouvons avoir la naïveté de croire que tout se passe bien à l’heure actuelle ? Si nous n’avons pas la garantie d’être écouté, force est de constater que nous ne prenons même pas la peine de nous faire entendre par le club et par les autorités pour qu’enfin un semblant d’organisation se mette en place pour anticiper ce genre de situation inacceptable. Avant même de parler de ça, on peut se demander comment les couacs à la billetterie sur les matchs de Ligue des Champions s’accumulent sans que nous anticipions le fait que ça continuera à être le bordel au prochain match ?

Ces trois questions m’amènent à dire qu’il serait très réducteur de faire porter la responsabilité aux autorités allemandes. Les responsabilités sont celles de tous les acteurs. Il me semble donc nécessaire que le débat s’installe et qu’enfin on tire des bilans sereinement et qu’on travaille à améliorer les choses. Car des matchs de Ligue des Champions en déplacement, nous allons en vivre tous les ans, à commencer par le prochain en quarts de finale

« Traitez les supporters comme des animaux et ils se comporteront comme tels. » Philippe Auclair journaliste sportif.


Ignatius Reilly

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