La (pan)demi finale virage PSG

La (Pan)demi-finale

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C’est sympa quand même les appels en visio. Bon à vrai dire je ne comprends pas bien ce que Xavier, notre rédac’ chef aimé de tous, a bien voulu vouloir me faire comprendre en me disant : « mais mon pauvre bougre, j’ai l’impression que le confinement ne te réussit pas ». Le quoi ? « Ne le prends pas mal mais tu devrais, je pense, consulter d’urgence ! Tu me fais peur…» 

Mais enfin ! Je ne me suis jamais senti aussi bien ! Après ce printemps de folie que nous venons de vivre ! et au lendemain de notre qualification pour notre première finale de Ligue des champions ! Quel match ! Quel suspens !
On a fini par les avoir ces Colchoneros ! Mais que ce fut dur hein ?
« …… »


Je vois que t’en es encore bouche bée, bon maintenant surtout ne pas avoir de blessés, il faut envoyer la réserve et les remplaçants à Toulouse ce week-end, comme ils sont déjà condamnés à la Ligue 2 depuis longtemps, ils n’ont plus rien à jouer.Par contre je pense que le match contre Rennes au Parc le week-end suivant, il faudra mettre la grosse équipe.  Ce sera l’ultime répétition avant la finale et le dernier match au Parc de la saison. Tant pis si cela permet à l’om de conserver son avance sur les bretons. « Je crois que tu devrais quand même te reposer un peu » me dit Xavier d’un air grave. Qu’il est bon notre rédac’ chef, mais depuis notre qualification face à Dortmund je le trouve un peu bizarre… Pourtant quel match c’était ! Les larmes de Neymar, la réconciliation de la star brésilienne avec le public ! La fête qui a suivi, j’invente tout ça peut-être ? Des fois j’ai l’impression, avec tout le respect dû à son rang, que Xavier me prend pour un fou. Et la fessée donnée à Marseille au Vélodrome le dimanche suivant ? Je l’invente aussi peut-être ? Le hat-tick de Neymar, le doublé de M’Bappé. « Ecoute…euh comment te dire… je ne me souviens pas de ça, parce que…. » Oh ! mon Dieu ! D’un coup tout s’éclaire ! Comment ai-je pu être aussi maladroit ! Xavier était malade. Frappé d’amnésie. Terrible maladie. Excuse-moi, je ne savais pas, lui dis-je. Attends je vais te raconter ce qui s’est passé, cela t’aidera peut-être à te rappeler, en tout cas cela ne peut pas faire de mal.

Après la qualification face à Dortmund, le tirage nous sort Lyon en quart de finale ! Première manche des trois confrontations face aux Gones, d’abord la finale de la Coupe de la Ligue. Victoire 3 – 1 sans problème. Superbe tête décroisée de Cavani. Neymar et Mbappé iront aussi de leur petit but. Aulas crie au scandale, l’arbitre selon lui a faussé le match en accordant à tort une touche à Meunier qui quatre minutes et vingt-six passes plus tard débouchera au deuxième but de Paris. « Au moins en coupe d’Europe nous aurons un arbitre impartial » osera même plein d’amertume le gâteux président de l’OL. Côté parisien on savoure cette neuvième Coupe de la Ligue. Paris aura donc gagné la première contre Bastia en 1995 et la dernière contre Lyon. Personne ne l’aura autant gagné que nous. Elle nous a souvent sauvé de saisons difficiles comme en 1998 face à Bordeaux (première finale au SDF et surement la plus belle finale) et en 2008 contre les chômeurs consang… ah non merde c’est vrai, contre les Lensois. Elle est nôtre et peut aujourd’hui disparaître.

La (pan)demi finale virage PSG
Le troisième par Kylian en Coupe de la Ligue (c) Panoramic

Alors Xavier ? Toujours rien ne te revient ?  Bon tant pis, je continue, match aller en quart de finale de Ligue des Champions. Je ne m’attarderai pas trop sur cette défaite. Paris passe complètement au travers, personne ne comprend la tactique de Tuchel. Cavani, MBappé, Neymar, Di Maria sur le banc en première mi-temps. Une attaque Choupo, Icardi, Sarabia soutenue en dix à l’ancienne par Draxler. Lyon de son côté aligne son équipe type. Rudi Garcia est un génie adoubé par la presse qui s’acharne avec joie sur notre club et son entraîneur. Le match est un cauchemar. Kurzawa provoque un pénalty et se fait expulser à la vingtième minute. Dix minutes plus tard c’est Navas qui voit rouge en fauchant Traoré dans la surface. Score final 3 – 0. Aulas se déchaîne « On voit tout de suite qu’avec un arbitre au niveau, les choses sont différentes. Attention nous ne sommes pas encore qualifiés, il faut rester prudent mais ce soir le football a gagné sur l’argent. Je m’excuse auprès de mon ami Nasser qui va devoir expliquer comment avec un tel budget, il ne peut faire mieux, j’ai une pensée pour lui ce soir. Il est vrai qu’en demi-finale, une revanche de 2010 face au Bayern de Münich me ferait assez plaisir. Vous avez raison, nous avons de très bons entraîneurs en France, le nôtre est habitué aux finales de coupe d’Europe. Certains préfèrent suivre des modes avec des portugais ou des allemands… »

Des tee-shirts, mugs, écharpes, chaussettes, préservatifs, drapeaux, en hommage à cette victoire fleurissent dans la boutique de l’OL. Une plaque commémorative est inaugurée deux jours plus tard sur la façade du Groupama Stadium. Pendant une semaine nous sommes la risée de la France entière, le succès à Angers le week-end suivant n’y change rien.  À Paris aucune déclaration à la presse. Juste un « je gombrends bas » de Nasser et un « ne vous inquiétez pas, il s’agit d’une saison de transition » non convaincant de Léonardo, malgré le clin d’œil et le pouce levé. Pour le retour au Parc le stade est divisé. Une partie est venue siffler son équipe, l’autre veut y croire. Cette fois, pas de surprise dans la composition. L’atmosphère est plus que tendue. Le parcage visiteur est plein. Paris entame très vite, très fort au bout de 20 minutes Neymar et Bernat ont déjà trompé Lopes. L’ensemble du Parc décide enfin de pousser son équipe, et de la tête Cavani inscrit le troisième but qui nous permet d’égaliser sur les deux matchs. Lyon n’a pas existé dans cette mi-temps. On jubile, lorsqu’une frappe dévissée de Tousart vient trouver la lucarne de Rico à la quarante-septième minute. Mi-temps. Le ciel s’est abattu sur Paris. Il va falloir en mettre deux de plus en deuxième mi-temps.

La (pan)demi finale virage PSG
Le sixième but d’Icardi (c) Panoramic

Lopes fait le match de sa vie, Di Maria trouve la barre, MBappé rate trois face à face mais réussit le quatrième à la soixante-quatorzième minute !!! Suivi cinq minutes plus tard d’un exploit personnel de Neymar ! 5-1 Paris est qualifié, le Parc en feu et fait une ovation à Cavani qui est remplacé par Icardi. Deux minutes plus tard, l’italien sur son premier ballon ajoute un sixième but !! Le Parc est en ébullition !! Paris est en demi. Il reste pourtant quinze minutes et quasiment sur l’engagement Aouar s’avance tranquillement et contre toute attente décoche une frappe qui surprend notre gardien espagnol mal placé et pas sur ses appuis. 6-2 Encore un but lyonnais et Paris est éliminé. Moment de flottement sur le Parc. D’un seul coup Paris ne joue plus. Et à la dernière minute Paredes pressé tente une invraisemblable passe en retrait interceptée par Cornet qui trompe Rico. 6-3 Lyon a souffert mais a su marquer dans les moments clés. Le monde s’écroule…

Xavier tu ne te souviens vraiment pas ? Ce corner à la dernière minute ? Le retourné de Neymar qui nous propulse en demi ? Je vois au regard ahuri et hébété de notre rédac’ chef vénéré que rien ne lui revient. Mais quand même Xavier ! Ce retourné de folie !! Le même que contre Strasbourg en championnat à la première journée ! Même endroit, côté Auteuil, même geste ! Et les mêmes qui l’insultaient à l’époque qui à ce moment-là sont en train de le vénérer, de l’acclamer, de le porter aux nus. 7-3 !!! Le malaise de Jean-Mimi ? La démission de Junhino ? Le tour d’honneur de Nasser torse-nu qui fait voler sa chemise au-dessus de sa tête ? Non ? Toujours rien ? Sur mon écran je vois ce regard perdu, hagard de Xavier dans lequel on lirait presque de la pitié si on ne savait pas pour sa maladie.

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L’égalisation de Mbappé à Madrid (c) Panoramic

Et les deux PSG-Saint-Etienne ? Oubliés aussi ? Même mon excellent papier sur Rocheteau, Bathenay et Matuidi ? Certes le match de championnat n’a rien eu de mémorable entre deux équipes bis et un triste 0-0. Mais la finale quand même ? L’émouvant hommage pour Robert Herbin ? Respecté de la part des deux publics emplis de respect et d’émotion. Bon sur le terrain pas grand-chose à retenir non plus c’est vrai, une victoire facile 3-0. Une treizième Coupe pour nous. Et trois jours plus tard l’Atletico Madrid de Simeone au Parc pour le match aller de demi-finale de Ligue des champions. Match tendu, tactique et encore un 0-0 certes. C’est vrai que si tu ne te rappelles pas du quart retour contre Lyon, la demi aller contre l’Atlético ne risque pas de t’aider à retrouver la mémoire. Par contre, le retour est encore tout frais ! Ah ce 1-1 en Espagne, ce match à l’arrache qui nous envoie en finale ! Mais bon sang c’était hier !! Ce débordement de Neymar, qui sert Cavani qui remet de la tête en retrait sur MBappé qui reprend en demi-volée !! BUUUUUT !! Ah put… Y pas à dire, y a que le foot pour nous faire vivre des émotions pareilles. Que serions-nous si un jour tout cela n’existait plus hein ? T’as raison ne dit rien, je préfère ne pas y penser…

Bon allez Xavier on se dit rendez-vous le 30 mai à Istanbul pour la finale contre les cousins de City hein ?… Franchement, le PSG du Qatar contre le Manchester City des Emirats Arabes Unis en finale de Ligue des champions en Turquie, ça ne s’invente pas !! Bon allez Xavier je te laisse, je dois appeler mon frère pour savoir s’il a pu prendre les places pour la finale. « Ah OK… Oui oui bien sur… Non mais vraiment, sérieusement tu devrais voir quelqu’un je pense…Salut ». Sacré Xavier, c’est lui qui est malade et il s’inquiète pour les autres, que le chef est bon.

« Allo frérot ? Champion mon frère ! Bon alors t’as pris les places pour Istanbul ? »
« Les quoi ? »
« Ben les places pour la finale ! »
« Quelle finale ? »

Non mais ce n’est pas vrai ? Cette quoi cette maladie ? Y a une épidémie ou quoi ?


J.J. Buteau

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