Supras Virage PSG

La Saga Supras #4

par et

Quatrième partie de l’interview des SUPRAS AUTEUIL 91.
On évoque avec eux les combats du groupe et les relations parfois compliquées
avec le club, avec Boulogne et au sein même du Virage Auteuil.

Nous parlions des relations avec les supporters. Parlons des relations avec le club. A partir de quand avez-vous senti l’importance de la parole des Supras auprès de la Direction ?

Bobine : Jusqu’au milieu des années 90, des réunions régulières avec le club se tiennent au siège pendant que des revendications spontanées sortent en tribune. Les premiers tifos sont élaborés, les chants s’étoffent et les groupes écrivent leur histoire en tribune. On continue de jouer au chat et à la souris entre le permis, le toléré et l’interdit. Mais le contexte n’est pas encore très compliqué. Les vrais combats et les négociations difficiles avec le club arriveront plus tard. La situation et l’architecture des tribunes allaient se complexifier. Le club décide d’avoir une politique de sécurité que j’appellerais « du loup dans la bergerie ». Ils veulent acheter une forme de paix sociale. Tout le monde n’allait pas y trouver son compte. C’est une période trouble pour le Virage qui était loin d’être uni et très largement  instrumentalisé. Certains ont collaboré pour sauver leur peau, d’autres ont profité de larges passe-droit obtenus par des personnes qui allaient les évincer quelques années plus tard. Les Supras, eux, il fallait les « sauter ».

Pourquoi vouloir faire sauter les Supras ?

Bobine : Quelque chose que tu ne pourras pas enlever de la tête de certains, un nouveau Virage est né avec les Supras, groupe se revendiquant apolitique et ouvert à tous donc cosmopolite, « The Boss », président des SA, était d’origine algérienne (respecté par ailleurs par certains gars du KOP) et le Virage était et est toujours ni plus ni moins la tribune de tous, des blancs, des noirs et des arabes, symbole de la mixité sociale et raciale. Je n’ai pas besoin de te faire un dessin… La période entre 1996 et 2000 a donc été compliquée, pressions d’un côté et défections de l’autre, qui n’étaient pas pour contribuer à la bonne santé du groupe. Nous n’avions qu’une seule chose à faire : résister et tenir. C’est ce que j’ai essayé de faire avec d’autres pendant une belle période : un septennat. Puis la roue tourne, comme on dit. J’ai fait mon temps, je suis fatigué et usé.

Supras Virage PSG
Bobine et Daniel Bravo pour son départ © Collection personnelle

Les regrets sont néanmoins nombreux, des gars qui ont écrit de très belles pages des SA et pour lesquels j’avais une grande estime sont partis. J’y ai cassé des amitiés. Il n’est pas toujours évident de comprendre les prises de décisions et surtout les réactions d’un président de groupe. Personne n’est à sa place. Je ne veux certainement pas dire par là qu’il a toujours raison, personne n’est doué de la bonne décision ou réaction en toute circonstance. Le climat était très particulier et loin d’être confortable, tu n’y es pas forcement préparé et tu es particulièrement seul (les conseils et appuis des anciens sont inexistants puisqu’ils ne sont pas restés). Néanmoins personne ne m’a forcé à prendre la place. Donc tu assumes, mais je te prie de croire que le plaisir est rare et la question de continuer est quotidienne car tout cela ne te rapporte absolument rien, au contraire cela te coûte beaucoup.

Ensuite, de nouvelles générations arrivent avec de nouveaux talents. J’en profite pour signaler que dans cette interview, beaucoup n’ont pas été cités, mais chaque personne qui est passée au groupe sait ce qu’il a fait, ce qu’il a apporté aux Supras et au Virage. Je citerais en particulier « TGV » et Philippe alias « Fulup » pour le coup, des vrais hommes de l’ombre, mais qui ont tellement fait pour le groupe. Ils ont disparu de la vie du groupe aussi discrètement qu’ils y étaient arrivés, mais on ne les a pas oubliés ! Je passe la main à Boat en mai 2003. Le groupe commence à avoir du répondant en tribune depuis un certain temps maintenant, les mecs commencent à ne plus se laisser faire. La maternelle a grandi, et là vous enchaînerez entre autres avec la signature de la convention entre le club et les supporters.

Selim : C’est beaucoup plus tard, ça c’est la fin du conflit avec Graille-Larrue, à la fin de la saison 2004/2005. (Ndlr : Francis Graille a été Président-Déléguée du PSG du 5 juin 2003 au 2 mai 2005. Jean-Pierre Larrue a été Directeur de la Sûreté et de la Sécurité du PSG du 3 août 2004 au 5 mai 2005.)

Bobine : On commence à être écoutés.

Selim : C’est l’aboutissement d’un travail de longue haleine, c’est vrai. Avant il y a plein de combats comme le maillot. Il y a un truc dont on n’a pas parlé qui est fondamental, parce qu’on a parlé tout à l’heure de l’impulsion de la culture ultra. A mon époque, on regarde aussi beaucoup ce que font les Tigris, parce que les Tigris c’est un groupe moteur, qui est en avance sur son temps. Quand j’arrive, le groupe est en déclin, il y a une génération qui arrive et qui travaille, on s’inspire bien sûr de l’Italie, mais on s’inspire aussi beaucoup des Tigris. Les Tigris et les LF, à l’époque, faut l’avouer, n’ont pas beaucoup d’estime pour nous. Parce que tu as une génération qui vient d’exploser. Le groupe est à la limite de la rupture et de l’arrêt pur et simple, et tu n’as pas de culture ultra bien implantée. Autour du groupe, t’as des mecs qui viennent avec des écharpes aux poignets et nous on va essayer de changer ça. On voit que les Tigris ne sont pas du tout structurés comme ça. Eux ils sont à fond dans la culture ultra. Ils importent vraiment de manière intensive le truc italien. Pendant que les Lutèce, eux, sont à cheval entre le truc italien et anglo-saxon, ça a toujours été un petit peu entre les deux.

Bobine : En quelle année les Tigris sont-ils revenus déjà ?

Boat : 1997.

Selim : Oui, c’est là où vraiment ça explose.

Bobine : Ils font passer la culture ultra au sein du Virage de 50% à 100%, histoire de dire.

Selim : Eux explosent à ce moment-là, et ils créent une émulation. On se dit « putain, c’est un bon groupe, ils sortent du beau matos, ils imposent la culture ultra dans leur bloc, leurs étendards ils sont mieux finis, il y a du détail ». Ça commence à éloigner les mecs qui sont peinturlurés, des écharpes en veux-tu en voilà, ceux qui gueulent quand ça agite des drapeaux. Ils les dégagent de leur bloc à coups de mégaphone. Et nous on va se mettre dans la roue.

A ce moment-là, c’est quoi le look Tigris?

Selim : C’était assez différent Aujourd’hui, le dress-code de base chez les ultras ou les hooligans se ressemble beaucoup, avec des marques hors de prix, tout le monde en Stone Island. Nous, ça n’a jamais été notre délire, le trip poseur. Quand tu vois nos photos de groupe de l’époque, tu vois une bande de jeunes en virée qui passent du bon temps, pas une bande de hools dans une représentation viriliste, les poings en garde, comme c’est devenu la norme même pour des petits groupes de province. T’as des « bandes » à Tours, à Rouen, c’est délirant, pour nous c’était des scènes insignifiantes. Les jeunes ne s’en rendent peut-être pas compte parce que cette époque est dépassée, mais t’avais quand même pas mal de « lensois » à Auteuil, qui se trimbalaient toute la panoplie maillot, survêtement PSG, écharpes aux poignets. Donc le look qui s’est substitué petit à petit, c’était le look ultra de l’époque, jean ou jogging, baskets, sweat capuche, matos de groupe essentiellement. Mais on n’était pas du tout dans la reproduction du look hooligans. Si t’avais mis une bande d’Auteuil et une bande de Boulogne côte à côte, t’aurais fait la différence rien qu’à la dégaine. Chez nous, c’était hyper bigarré. T’avais pas tellement de mecs en Lonsdale à Auteuil par exemple. De nos jours, je ne suis pas sûr que la différence soit aussi évidente, il y a eu une récupération de ces codes vestimentaires casuals par les ultras.

Supras Virage PSG
Savoir-faire Tigris © Panoramic

Du côté des Supras, on a toujours fait cohabiter des mecs issus de cultures différentes : hip hop bien évidemment, mais aussi des rastas, des mecs Rock and Roll, des gars qui écumaient les teufs électro ou des spécialistes du karaoké spécialité variété française ! Les Supras c’est peut-être le groupe qui a fait le plus cohabiter de cultures différentes. C’était très métissé au niveau culturel. T’avais des mecs qui écoutaient Lunatic, d’autres Agnostic Front ou Burning Spear et parfois même les trois à la fois. Pour revenir au sujet, les Tigris créaient beaucoup d’émulation, et avec les Lutèce, ça faisait 3 groupes qui étaient en compétition. On regardait beaucoup ce que faisaient les Tigris, ça nous donnait la motivation pour renouveler le stock de deux mats, éloigner du bloc les mecs qui ne chantaient pas. Il faut comprendre qu’une tribune ça s’éduque et que rien n’arrive spontanément. Pour devenir une tribune à majorité ultra, il a fallu imposer ce modèle. Ce qui paraît naturel aujourd’hui, chanter dans un bloc, agiter des drapeaux tout le match, ça ne l’était pas à l’époque et il a fallu l’imposer. Et les Tigris l’ont imposé avec vigueur en rouge et on a fait pareil dans notre secteur en Auteuil bleu.

Quel a été le premier combat selon vous dans le Virage ?

Selim : C’est le retour en 2001 du maillot Hechter et ce sont les Tigris qui en sont à l’origine. C’était super important, une première pierre dans la symbolique ultra de la défense de l’institution. A l’époque de Boat et Bobine, il y avait bien sûr eu le lobbying pour ne pas quitter le Parc pour le Stade de France au moment de sa construction.

On parle de quel maillot ?

Selim : Celui sans liseré blanc. Epoque Anelka, Luccin, Dalmat… On organise un sit-in devant la boutique des Champs. Ça ne servait à rien de faire des banderoles ou des chants si on n’accompagnait pas la démarche par des actes. Et bloquer l’accès de la boutique sur les Champs, c’est un acte fort. C’est l’époque où le PSG veut commencer à faire un toilettage grossier sur le mode Canal + banlieues friendly. Ils voulaient se servir du club comme vitrine culturelle de l’idéologie diffusée par la chaîne. Les Tigris avaient distribué des tracts dans le Virage avec comme message « maillot Hechter oublié, merci les amnésiques ». On n’avait pas Photoshop à l’époque, c’était très artisanal et malgré ça ils arrivaient à faire des visuels qui avaient de la gueule. Ils avaient un temps d’avance sur les visuels, le matériel… Ils nous ont obligés à bouger notre cul. Soit tu les suivais, soit tu étais enterré.

Revenons sur les années 2000. Les Supras deviennent donc de plus en plus importants.

Selim : Oui car on a beaucoup travaillé pour imposer la culture ultra et marginaliser la culture « Footix » qui existait aussi chez nous. On se déplace partout et plus nombreux. On multiplie les tifos, en commun avec les autres groupes, mais aussi sur notre bloc. On fête en 2001 les dix ans du Groupe et c’est l’occasion pour nous de travailler comme des tarés pendant des semaines pour faire un tifo sur toute la tribune avec des supports inédits. Par exemple, la voile déployée en Auteuil Rouge était entièrement graffée, c’était une première.

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10 ans des Supras © DR

Boat : Les « Footix » faisaient partie de l’histoire du groupe. Notre particularité c’était de rassembler un peu tout le monde. Il y avait des mecs un peu footix qui étaient aussi dans nos cars et c’est avec plaisir qu’on les accueillait. Par contre dans le bloc on avait cette exigence. Tu étais là pour chanter, sinon tu allais un peu plus haut.

Selim : C’est à cette époque et le travail autour de ce tifo de 2001 que va se créer la section la plus importante de l’histoire du Groupe : la Génération Supras. En 2002, elle est officialisée avec des objectifs clairs. Ce n’était pas une section affinitaire, mais une section avec une valeur utilitaire. Elle devait identifier des jeunes présentant un profil qui pouvait correspondre à nos valeurs et les intégrer progressivement dans le groupe en valorisant leur investissement dans les activités essentielles, en particulier leur présence lors des permanences et avant-matchs au Parc pour contribuer à l’activité première du Groupe, c’est-à-dire l’organisation de l’animation en tribune au sens large. La GS a accompli un véritable travail d’éducation des jeunes membres à la tribune et à nos valeurs : dévouement, humilité et fun ! Ce n’est pas un hasard si de nombreux membres de la GS sont toujours présents 20 ans après dans notre communauté. Beaucoup ont imprimé viscéralement la mentalité du Groupe. A cette époque, on a un noyau solide et soudé qui va former la base de ce qu’on appellera la SA Familia, avec un vrai esprit de famille.

Pouvez-vous nous parler de l’arrivée des Authentiks, qui étaient un peu considérés comme vos petits frères ?

Boat : Leur arrivée nous a fait du bien. Ils sont rapidement devenus un bon groupe. Déjà car ça devenait difficile de rentrer à Auteuil. Il y avait une longue liste d’attente. Le seul endroit où il y avait de la place c’était chez eux, côté tribune Paris. Et puis ils étaient bons dans ce qu’ils faisaient. Du coup le Virage plus la Tribune G, c’était vraiment devenu impressionnant.

Selim : On avait rencontré les ATKS, ils nous avaient présenté leur projet. On était évidemment favorables à une extension de la culture ultra du Virage vers la G. Je ne suis pas certain que ça se reproduirait aujourd’hui, à savoir un groupe majeur qui aide un jeune groupe à prendre son essor. On ne les voyait pas du tout comme des « concurrents », bien au contraire. Lors de leur premier match, le PSG ne voulait pas qu’ils déploient leur bâche. Le club ne voulait pas d’un groupe dans la tribune G. Nos gars sont passés par-dessus le grillage en tribune G pour mettre la pression sur les stewards et permettre aux Authentiks de déployer leur bâche. Ça a commencé comme ça. Les ATKS ont très vite progressé et sont devenus un groupe important dans l’ambiance du Parc. Le centre de gravité vocal s’est alors déplacé en partie vers la G et les Supras avaient donc un rôle central à jouer pour coordonner les chants entre la tribune G et le Virage Auteuil. On partageait la même mentalité en mettant au centre l’humilité et le fun. La plupart de leurs membres auraient sans doute été Supras si le Virage avait eu la place de les accueillir. Leur émergence symbolise également en creux la montée en puissance du Virage dans la culture urbaine parisienne, qui ne pouvait plus accueillir tous les gens qui voulaient le rejoindre. Le désir de prendre part à l’ambiance du VA a donc débordé et s’est prolongé en tribune G grâce aux Authentiks. C’était génial de voir la culture ultra s’étendre en quart de virage !

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Band of Bothers © Collection personnelle

Beaucoup de jeunes supporters ne le savent pas, mais dans les années 1990 jusqu’au début des années 2000, la région parisienne compte de nombreux supporters de l’OM, qui ne veulent pas supporter un club de « facho ». C’est le travail entrepris par les groupes du VA et de la G qui a ancré le PSG dans la culture urbaine francilienne à un moment où on ne pouvait pas compter sur les résultats de l’équipe pour populariser le club dans les quartiers notamment. Nos groupes étaient en phase avec la réalité musicale, artistique, culturelle et sociologique de l’époque et cela a contribué à renverser cette tendance et à attirer tous les jeunes franciliens vers le PSG. Les ATKS ont bien sûr pris part à cette lame de fond et ont forgé leur propre identité au fur et à mesure et c’est devenu le fameux Funky Group. Ils ont été fidèles à l’idéal commun qu’on partageait et ont participé à l’aventure jusqu’au bout en 2010, dans les pires moments. Lors de la dissolution des deux groupes en 2010, on a fini par mettre en commun nos forces dans un collectif informel qu’on a appelé alors le Paname United Colors. L’expérience a été éphémère, mais elle a symbolisé la symbiose entre nos deux groupes dans leur disparition. Notre dernier match au Parc contre Montpellier le 15 mai 2010 sonnait un peu comme l’explosion d’une supernova. Les Authentiks, c’était un groupe frère, pour ne pas dire jumeau !

Boat : Pour en revenir aux rapports de force avec le club, le premier Président avec qui on a pu échanger c’est Perpère. Je me souviens de discussion à l’époque ou Luis Fernandez était entraîneur. On avait prévu de chanter contre lui, contre l’avis de la direction, mais on a su imposer notre position. OK il faisait partie de l’histoire du club, mais on estimait qu’il devait démissionner. Ça nous avait amenés à bloquer le car des joueurs avec deux voitures lors d’un entraînement au Parc des Princes. Ça s’est fini dans le parking avec les joueurs et c’était pas loin de partir en vrille avec certains.

Bobine : T’étais venu avec ta Ford et moi ma Fiat. On avait bloqué les 2 entrées du parking souterrain du Parc. Fernandez est descendu du car, mais les joueurs sont restés au fond du bus, ils étaient terrorisés et se demandaient ce qui se passait alors que nous n’étions que deux…(rires)

Boat : On sortait d’une défaite au Portugal. Et je voyais Ronnie qui se marrait dans le car. Je lui ai demandé de descendre… C’est Jérome Leroy qui est venu ensuite et avec qui je me suis « expliqué »… Il a encore voulu faire sa caillera.

Bobine : J’ai eu aussi de « beaux » échanges avec Makélélé plus tard. C’était lors d’un cocktail de début de saison avec les assos officielles. On arrive au Parc pour un entraînement à huis-clos. On se rend compte qu’il n’y a rien de prévu en fait. Il y avait quelques cannettes de soda et les joueurs n’étaient même pas au courant. Ils sortent et nous voient : Malaise ! Je commence à discuter avec Maké. Il me dit direct « Les supporters je n’en ai rien à foutre, il n’y a que le carré vert qui m’intéresse ». No comment. Ça te la coupe…Le capitaine de ton équipe te dit ça ! Tu sors de là, tu n’as même pas envie de t’énerver. Tu es KO technique.

Boat : Toujours sur ces fameux rapports de force, pour te donner une idée de notre pouvoir de nuisance, il y a eu une réunion improvisée sur la pelouse du Parc la saison 2004-2005, peu de temps après la défaite face au CSKA Moscou. C’était chaud avec Jean-Pierre Larrue. Je suis descendu discuter avec Francis Graille, et Larrue était là aussi. Avec les journalistes autour. J’ai dit à Graille qu’il fallait que Larrue se calme et retourne dans sa niche, et qu’on voulait qu’il démissionne. Graille m’a dit qu’il était solidaire de Larrue. Alors je lui ai dit qu’on n’allait pas demander uniquement la tête de Larrue, mais la sienne aussi… « Toi tu vas sauter et toi aussi »… Pareil quand on a sorti les bâches « Avec Nike pas de racisme, tous les enfants à l’usine ».

Selim : Ça faisait partie de tout le processus de « conscientisation », de politique plus active du groupe via nos banderoles. On en a déjà parlé, mais la banderole a fait son effet dans les bureaux. Quand on a obtenu la tête de Larrue et qu’on a entamé la négociation de la convention entre club et supporters, où étaient présents les représentants de Nike, on a compris que ça les avait vraiment fait chier.

Ces messages étaient-ils symptomatiques de l’ADN de votre groupe ?

Selim : Bien entendu. On ne les faisait pas uniquement pour des raisons stratégiques ou emmerder le club. Ça représentait aussi des convictions. Pour Nike typiquement, qu’une multinationale se paie une campagne de marketing pleine de bonne conscience sur le dos du « racisme » alors que son activité économique prospère sur les inégalités entre le Nord et le Sud, ça aiguisait forcément notre impertinence.  Ces banderoles, c’était aussi un levier de négociation. Par exemple, lors de la convention, on avait finalement obtenu l’autorisation d’utiliser gracieusement le logo du PSG sur notre matos sans contrepartie de la part de Nike. La clause était bien rédigée. Par ailleurs, on ne voulait pas remettre en question notre capacité de critique ou de contestation, mais le PSG ne pouvait pas nous donner un blanc-seing sur le défonçage de son sponsor. On s’en était tiré avec une pirouette rédactionnelle qui n’avait aucun fondement juridique et qui nous permettait de sortir des banderoles acides sous réserve qu’elles soient agrémentées d’un « humour de bon aloi »… (rires)

J’avais adoré cette formulation. En tout cas sur Larrue ça allait au-delà des combats traditionnels sur les maillots, sur le prix des places. Avec lui, on nous mettait la laisse autour du cou, des mesures qui allaient à l’encontre de la façon dont on vivait notre mouvement. On a fait des gros sacrifices pour remporter la manche, de nombreux déplacements où nous n’avons pas mis les pieds au stade, bloqués sur le parking car on refusait de donner nos pièces d’identité, de déclarer le trajet du car, ou de communiquer précisément chaque tambour, mégaphone, étendard, bâche qu’on allait rentrer dans le stade. A domicile, c’était interdiction d’avant-matchs, fouilles délirantes de nos locaux. Larrue voulait aussi nous imposer une charte de bonne conduite nous engageant à ne pas faire de vagues ni de banderoles qui iraient contre les sponsors ou qui nuiraient à l’image du club. C’était un combat de bascule, si on le perdait, notre idéal ultra était bon pour les oubliettes, on n’avait plus qu’à se transformer en chorale et à lever le doigt pour demander la permission à chaque fois, c’était in-envisageable.

La période Larrue ça correspond aussi à un moment où la société française change, avec Sarkozy à l’Intérieur. La tribune Auteuil c’était jusqu’à présent un no man’s land, une zone de liberté qui s’affranchissait totalement des lois et du contrôle social. Ce sont les groupes et les supporters qui la peuplent, qui la dominent, et non pas les stewards et encore moins la police. A chaque match à domicile se reconstitue une sorte de zone autonome temporaire qui bouleverse les règles classiques du contrôle social. Hors Larrue, c’est la caricature du colonel qui veut nous mettre au piquet. Au lieu de nous mettre un spécialiste des supporters, ils nous ont mis un condé. Il l’a joué caporal et tout de suite ça s’est passé très mal. Cette période 2004-2005 ça a été la seule période d’unité de tous les groupes, y compris avec Boulogne, pour faire dégager Larrue. Une fois que ce problème a été réglé, on s’est retrouvé en chiens de faïence et la nature a horreur du vide…

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15 ans des Supras © DR

2005-2006 donc, est-ce que cette période correspond à l’apogée du groupe ?

Selim : Oui dans les réalisations positives, dans ce qu’on aimait profondément faire, dans les tifos avec l’apothéose pour nous en novembre 2006 et le tifo des 15 ans qui reste encore une référence, et je suis obligé de rendre hommage à FP qui était notre chef chorégraphe et qui était d’une rigueur sans faille. Il a été le chef d’orchestre de cette chorégraphie grandiose, merci infiniment à lui ! Dans le soutien à l’équipe avec des déplacements où nous organisons plusieurs bus, dans l’occupation du terrain aussi, puisqu’on repeint l’ensemble des coursives aux couleurs des groupes, on s’approprie pleinement notre tribune. A partir de 2002 on a un premier local à la porte de Bagnolet puis après à Saint-Denis et là ça bouleverse la vie du groupe. Bagnolet c’était le carnaval ! On n’avait pas vendu le concept ultra au propriétaire du local, il a résilié le bail après une année. Puis Saint-Denis, ça correspondait plus à ce qu’on était, plus urbain, le nord de Paris, accessible facilement à la plupart des membres. De 2003 à 2010, le local est ouvert tous les jours, c’était un vrai lieu alternatif, de contre-société. C’était devenu notre premier lieu de rassemblement, devant le Parc, on vivait en communauté. Les gens rentraient dans le groupe et s’intégraient par le local, ça a pris de l’ampleur. Ça nous a obligés à nous professionnaliser dans un sens, à faire preuve de rigueur, à dégager les ressources nécessaires pour autofinancer le local. Bobine nous a beaucoup aidés là-dessus. On faisait de la restauration, des activités ou des soirées pour récolter des fonds, des tournois. On se voyait tous les jours. C’est ça qui m’a le plus intéressé à ce moment-là. Créer une communauté autogérée. On avait un espace de liberté qui était fou. Les jeunes de 16 ans, au lieu de zoner dans leur quartier, venaient au local. Et là ça change tout, tu te vois tous les jours donc ça crée de la solidarité et du nombre. Du coup quand ça commence à chauffer, t’es beaucoup plus armé et solidaire pour faire front.

En 2006, on a aussi la création des Microbes dont le projet va consister à investir la porte en Auteuil Jaune (qui est devenue la porte 411 aujourd’hui) pour y prolonger l’ambiance du bloc plus bas. On progressait vers les objectifs que nous nous étions fixés au début des années 2000 d’étendre l’influence du groupe en tribune. Auteuil Jaune, c’était symbolique car c’était historiquement la zone occupée par les viragistes qui participaient moins à l’ambiance de la tribune (les « sapins » dans le jargon) mais le bloc débordait suffisamment pour qu’on puisse désormais investir cet espace avec la quatrième génération de Supras (après celles des années 1991-97 ; 98-2002, et la Géneration Supras depuis 2002). En 2007, suivra la création de la section K-Soce Team. Donc on prend de plus en plus d’ampleur, et à partir de 2007-2008, les conflits avec Boulogne ont resurgi. Pour y faire face, on a dû s’organiser et redéfinir nos priorités. La priorité ce n’était plus l’encouragement à l’équipe, la créativité et l’investissement de temps pour confectionner les tifos, mais la capacité à pouvoir répondre aux attaques en tribune. On a glissé doucement en interdisant les déplacements aux filles et aux mineurs par exemple. On étudiait la topologie de la tribune en déplacement pour savoir où se positionner pour profiter de l’avantage du « terrain ». Ne jamais se retrouver dans une position où les mecs peuvent débouler au-dessus de toi par une entrée et te fondre dessus en t’acculant contre un muret ou une grille. Et t’as le mouvement de balancier, avec des mecs plus âgés qui nous rejoignent, sur des bases moins festives. C’est regrettable, mais on se préparait au pire à chaque déplacement, c’était devenu une routine qui nous conditionnait. La composition du groupe a évolué, on avait du répondant. Les conditions n’étaient plus réunies pour qu’ils puissent imposer leur loi.

Faire la loi, c’est à dire ? Faire la loi au Parc ?

Selim : Oui, nous imposer la couleur des drapeaux qu’on a le droit de sortir ou pas, pas de vert jaune rouge, de Jamaïque, pas de ceci, pas de cela. Les insultes racistes et les coups de pression en déplacement. Ça ne date pas de la fin des années 2000. Certains ont voulu reconstruire l’histoire en faisant croire que c’était un affrontement entre rasés et cailleras, avec la fameuse déclaration honteuse de Leproux sur Auteuil : « Il faut que le Virage Auteuil accepte des gens tout à fait blancs dans leur tribune. ». Mais en réalité, les coups de pression, on a grandi avec dès le départ alors que comme le disait plus tôt Bobine, les Supras, c’était la « maternelle » à la fin des années 90 et même début 2000. On ne représentait absolument pas une menace, mais ça ne les a jamais empêchés de jouer les gros bras. Ils n’ont jamais eu besoin de prétexte pour nous tomber dessus.

Je le répète, je ne me suis jamais senti en insécurité quand j’étais abonné à Boulogne. Une fois arrivé aux Supras par contre, c’était une autre limonade, surtout en déplacement. En 1999, après plusieurs matchs sans avoir bâché à l’extérieur suite à l’explosion du noyau, on fait un car pour Bordeaux. Arrivés là-bas, les Rangers nous débâchent et éclatent Ouassini par terre dans la tribune. A la fin de la saison, le PSG organise un tournoi des associations au Parc, un super cadre. On a une équipe de gamins, on réalise un peu un rêve en jouant sur la pelouse du Parc, et on joue contre les Rangers-Gavroches, des papas, ils font dégénérer le match et nous défoncent sur la pelouse. Cette année-là, il y a eu plein de déplacements où les mecs nous menaçaient : « tu bâches pas ici tu bâches pas là, ça c’est ma place, ce soir vous ne chantez pas ». Des déplacements où les indeps arrachent le méga d’un groupe et insultent tous les mecs d’Auteuil. J’en ai des caisses des anecdotes comme ça. Bref, ils nous faisaient sentir que le PSG était leur terrain de jeu, qu’on était juste tolérés, ou pas, et qu’ils tenaient le manche.

En 2002, t’as le fameux double épisode de l’élection présidentielle où Jean-Marie Le Pen accède au second tour. On joue contre Metz au Parc entre les deux tours et les mecs de Boulogne nous gratifient d’un défilé autour du Parc avant le match aux cris de « Le Pen président » ou « Bleu, blanc, rouge, la France aux Français » sous le regard ahuri des viragistes depuis les coursives de l’avant-match. La semaine suivante, dernier match de la saison et déplacement à Lille la veille du second tour : du délire, c’était tout simplement un meeting politique en tribune. En 2003, la banderole des 10 ans des Tigris (« L’avenir est à nous ») ne leur plaît pas, ils nous tombent sur le râble à Auxerre, cognent sur tout ce qui bouge, les filles et les mineurs sont écrasés contre la barrière, certains font des crises de panique et vomissent. En plus, les Tigris nous laissent nous faire éclater alors qu’ils nous avaient demandé avant le match de faire front ensemble puisque les rumeurs d’une attaque allaient bon train. Donc cette sale soirée a changé beaucoup de choses pour nous et pour le Virage puisqu’elle a semé les germes de la désunion alors qu’on était vraiment sur une trajectoire ascendante. Mais les épreuves te renforcent : aucun groupe n’avait jamais bougé pour nous quand on se faisait attaquer bien avant 2003, et ce soir-là on a définitivement intégré qu’on serait toujours seuls et qu’on ne pourrait compter que sur nous-mêmes quoi qu’il arrive. Sur le long terme, ça nous a endurcis.

On a grandi avec ces humiliations sur la conscience, on a été humbles et patients, et il est arrivé un temps où nous n’avions plus 16 ans et 50 kilos avec des mecs en face de deux fois notre âge et notre poids. On était préparé mentalement et collectivement à l’affrontement. Malgré l’épisode de 2003, les Tigris ont ensuite largement contribué à décomplexer le rapport d’infériorité d’Auteuil vis-à-vis de Boulogne lors de la saison 2005-2006. La saison avait été marquée par des affrontements violents qui n’ont pas toujours tourné à l’avantage de Boulogne, loin de là, mais qui ont tout de même eu pour conclusion l’auto-dissolution des TM à la fin de la saison. A la fin des années 2000, t’as une nouvelle génération d’indépendants à Boulogne, dont certains militent dans les milieux d’extrême droite. Des jeunes qui sont arrivés bien après toi au stade, qui n’ont rien vécu et qui croient que le tampon Kop of Boulogne les autorise à tout, alors que ton groupe a déjà traversé de nombreuses épreuves, a vieilli et s’est endurci. Trop de choses avaient changé pour que ça continue ainsi, ne serait-ce que dans la culture urbaine par rapport aux années 1990. Paris avait changé. Le renouvellement de générations était clairement en faveur d’Auteuil. Les têtes brûlées des années 1980 ou 1990 qui arrivaient à Boulogne, finalement, dans les années 2000, elles atterrissent à Auteuil.

Supras Virage PSG
The message © Collection personnelle

Boat : Je n’ai jamais compris ce concept. Il suffisait d’un PSG-Marseille où il n’y avait pas de marseillais pour qu’ils se mettent à tiser et à chercher des gens avec qui se battre. Et à part Auteuil, il n’y avait personne pour répondre.

Selim : Avec le recul, l’histoire de la montée des tensions entre les deux tribunes n’était pas une fatalité. Dans la première partie des années 2000, avec l’ancrage de la culture ultra dans le Virage, des membres des différents groupes ont envie de prolonger l’expérience « dans la rue », comme on dit, en participant aux rassemblements qui attendaient les supporters adverses autour du Parc pour les affiches ou les matchs de Coupe d’Europe, ou encore en organisant des cortèges à pied dans les villes en déplacement. Beaucoup étaient fiers de savoir que Paris était une ville reconnue sur la scène underground des supporters radicaux et qu’on ne venait pas s’y pavaner sans risque et on savait tous que c’est le Kop qui avait installé cette réputation, on avait grandi avec les images des CRS chassés de la tribune contre Caen en 1993. Si Boulogne avait vu Auteuil comme un potentiel complémentaire au sien, et non comme un concurrent, puis un antagoniste, beaucoup de choses auraient été différentes et Paris aurait été imprenable encore longtemps. Les Karsud avaient démontré qu’il était possible d’être d’Auteuil et d’assurer dans la rue. Le mouvement aurait pu être amplifié moyennant l’abandon du folklore des provocations racistes.

Vous pensez que le PSG a un peu trop laissé faire ?

Selim : Ils avaient les cartes en mains et une vision claire de la détérioration constante de la situation 

Boat : Des leaders de Boulogne ont aussi alerté les autorités. Pendant des réunions, j’ai vu des leaders leur dire « si vous laissez faire on ne pourra plus rien contrôler ». Sans plus d’écoute. Que les autorités aient fait exprès de laisser faire, je n’en suis pas persuadé, mais en tout cas ils se sont servis des événements de 2010 pour arriver à leurs fins. Qui étaient de pacifier les tribunes car c’était une condition siné qua non pour vendre le PSG aux Qataris.

Selim : On ne peut pas dissocier les deux pour moi. Les Qataris n’auraient jamais investi dans le PSG avec des tribunes telles qu’elles étaient à ce moment-là. Les incidents réguliers et le contexte de violence entre les deux tribunes sont bien sûr un élément de l’équation, mais je pense surtout à la présence de groupes hyper forts, structurés comme des syndicats, qui pèsent sur le club et avec lesquels un rapport de forces équilibré existe, une convention solide avec le club qui actait le gel du prix des abonnements, l’utilisation des logos dans la production du matos des associations ou qui préservait notre liberté de parole et notre droit de critiquer les politiques menées par les dirigeants. Le PSG aujourd’hui appartient à un Etat, qui plus est une monarchie alors qu’on est quand même le peuple parisien des sans-culottes qui a décapité son roi sur la place de la Concorde ! On en a déjà parlé, mais l’avalanche de stars planétaires, je la perçois comme un village Potemkine qui cache les esclaves népalais qui crèvent sur les chantiers des stades au Qatar. Notre club est un outil dans l’éventail diplomatique du Qatar et je ne suis pas dupe du trompe l’œil. Comme le dit le proverbe : nulle rose sans épine.

Boat : On se serait pris la tête avec eux sur plein de sujets obligatoirement.

Selim : Et pourtant on a eu des approches. En 2015, quand le club s’est rendu compte à quel point un stade mort même avec les meilleurs joueurs n’était pas bon pour son image, il nous a rencontrés pour discuter de la manière de raviver la flamme au Parc. Après la dissolution et 5 ans de silence radio, ils nous ont proposé de but en blanc 300 places pour la finale de la Coupe de la Ligue. Pour venir chanter. Pour apporter une valeur ajoutée à leurs investissements pharaoniques.

Bobine : Ils nous ont pris pour une boîte à musique, dixit Sélim.

Selim : On leur a répondu qu’on allait venir avec des fumigènes et notre bâche Supras Auteuil. Ils ont préféré faire leur casting ailleurs.

Il y a parmi eux des anciens d’Auteuil et aussi d’anciens Supras ? Etait-ce une forme continuité ?

Boat : Si en quelque sorte.

Et comment le vivez-vous ?

Boat : Bizarrement.

Selim : Mal au départ pour être honnête car on se dit qu’on n’a pas su transmettre nos principes et nos valeurs à tout le monde. Je comprends parfaitement qu’un gamin qui avait 10 ou 12 ans en 2010 puisse triper avec un PSG sous les feux de la rampe et des superbes déplacements en Champions League avec ses potes quand il a 20 ans aujourd’hui. Il n’a pas eu les codes ultra, et je ne parle pas de chanter 90 minutes. J’ai un neveu qui a la vingtaine et qui découvre le Parc et le CUP depuis la saison dernière, c’est normal qu’il soit piqué. Sur mes 13 ans d’abonnement, j’ai vécu seulement deux campagnes de Ligue des Champions avec des déplacements à Rosenborg, Munich, Milan, Chelsea et le sinistre La Corogne en 2001. Pour le reste, les campagnes européennes des années 2000, les destinations étaient moins alléchantes que de nos jours : Rapid Bucarest, Ujpest Budapest ou La Gantoise c’est moins excitant que Liverpool, Naples ou l’Etoile Rouge de Belgrade. En revanche, les mecs qui ont vécu l’âge d’or des ultras à Paris, quels que soient leurs groupes, qui ont renoncé au fond pour se contenter uniquement de la forme, ça reste un mystère pour moi. Après, avec le temps, je m’en suis détaché : qui peint la fleur n’en peut peindre l’odeur. Pour être complet, à un moment, on a peut-être été trop massifs. Quand tu exploses démographiquement, tu as tendance à avoir des divisions en sous-groupe, par affinités, par origine géographique.

Bobine : On a fait une erreur : ne pas donner de cadre aux « sections » du groupe. Cela a causé notre perte.

Supras Virage PSG
K-Soce à la sauce Supras © Collection personnelle

Selim : Je ne suis pas d’accord. On l’a autorisé car c’était une condition de notre survie, on avait besoin de tout le monde pour faire face aux menaces en déplacement, l’équilibre était très difficile à trouver. Ces gars n’ont pas démérité à l’époque, ils ont été au feu pour le groupe et l’ont représenté avec ardeur et courage comme tous les autres. Nos désaccords avec la K-Soce Team et la scission de septembre 2010 n’annulent pas ce qu’ils ont accompli avant. C’est le conflit avec Boulogne qui nous a entraînés dans une spirale incontrôlable et destructrice.


Benjamin Navet
Xavier Chevalier

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