Supras Virage PSG

La Saga Supras

par et

Virage a rencontré 3 anciens présidents des SUPRAS AUTEUIL 91, groupe mythique du VIRAGE AUTEUIL des années 90/2000. Bobine, Boat et Selim nous ont racontés avec ferveur près de 20 ans de vie de groupe, de passion et d’engagement.
Cette interview est un récit fleuve que nous avons décidé de découper en 6 parties. Découvrez ce premier épisode consacré à l’arrivée dans le monde ultra
de chacun de ces 3 personnages aux parcours hors-norme.


Alors que nous allons commencer l’interview, Fabrice alias Bobine sort de son sac un album contenant
des places de matchs et des photos. S’ensuit la conversation suivante avec Christophe, alias Boat, et Selim :

Boat (s’adressant à Bobine en souriant) : Tu as ramené ton classeur.
Bobine : C’est toi le classeur ! (Rires).
Boat : Je n’aime pas les mecs qui n’assument pas. C’est un album de famille ?
Bobine : Des billets de matchs ; on  va me demander des dates, etc… Tout ça, je ne m’en souviens plus.
Selim : C’est vintage l’album.
Bobine : Ça l’est. Je ne peux même plus y décoller les tickets.
Boat : Moi j’adore les couleurs.
Bobine : Ne touche pas le classeur.
Boat : Tu aurais pu mettre des petites fleurs.
Bobine : Ta bouche toi. C’est au millimètre. C’est comme ça que ça marche.
Selim : Ça a toujours été comme ça.

Pourquoi le Paris Saint-Germain ? Comment est née votre histoire avec le club ?

Bobine Supras Virage PSG
Jeune Bobine © Collection personnelle

Bobine : D’abord ma rencontre avec le football, mes premières parties, dans la rue en Seine-Saint-Denis, où j’ai grandi, j’avais 7 ans. C’est là que j’ai rencontré mon meilleur ami François au début des années 80. Il jouait avec des plus grands, des voisins. Il me fait signe pour une partie de foot dans la rue. Une poignée de main et nous n’avons plus quitté notre rue avec comme point de repère une plaque d’égoût pour les poteaux et le trottoir. Pendant des années, nous avons passé des après-midi complètes et des soirées à mettre notre ballon chez les voisins. Je ne savais pas que ce jour, j’avais rencontré mon meilleur ami sur lequel je peux toujours compter 40 ans après ! Je ne savais pas non plus que la balle allait m’emmener dans une aventure humaine hors du commun. On a aussi joué ensemble en club dans le 93. J’étais stoppeur, n°4.

Ensuite le Parc des Princes. Cela a commencé par un match de rugby, France vs Irlande en 1984, une sortie familiale avec mes parents. Ma première écharpe, mon premier drapeau achetées dans la rue. Puis le premier match de foot, très peu de temps après, le match d’ouverture du tournoi du Championnat d’Europe des Nations 1984, autrement dit, l’Euro 84 : France-Danemark, le 12 juin, avec le coup de boule de Manuel Amoros en plein match, souvenez-vous ! (ça commence bien). Au quotidien, des collections en tout genre, des correspondances avec les clubs où vous receviez encore à cette époque des photos dédicacées et je parle bien de la D1. Je demandais aussi à mes parents de faire des détours improbables pendant les vacances et les week-ends dès qu’il y avait un stade ou une boutique à voir. Là j’étais bon en géographie ! Ils étaient mes premiers sponsors dans mes passions et ils se sont vraiment donnés à fond pour me faire plaisir. Un souvenir de football très important, familial celui-ci, durant la Coupe du Monde 86, avec l’apogée des images Panini et le fameux France vs Brésil regardé avec tous les miens, télé presque dans le jardin et saucisses sur le barbec.

Pour le Paris SG, cela vient ensuite. Le père de mon meilleur ami avait une connaissance au Club. Il nous emmène au Parc en latérale très régulièrement. On avait notre rituel, il nous emmenait ensuite manger sur les Champs. J’étais ado, environ 14-15 ans. Mais à 47 ans je m’en souviens encore. Merci Alain. Mon premier match du PSG sera celui contre Toulouse le 10 septembre 1988. Je suis allé voir le Matra Racing contre Marseille en février 89 au Parc en scolaire (le club « Qatar » de l’époque). Se sont enchaînés les matchs de Coupe de France, les Paris SG vs OM, les tournois estivaux de Paris, les matchs de coupe d’Europe (Naples et la Juve). Puis on a grandi… “Andiamo” pour un premier test derrière les buts, en populaire, en Virage. On voyait bien que ça y bougeait bien. On a commencé à Boulogne, pour un PSG vs Nantes en mai 1993 pour 90 Francs. On s’est même barré avant la fin du match et Caldéraro marque à la 90ème. Depuis je ne quitte plus jamais un match avant la fin. On s’est ensuite posé la question avec François, « Tiens, viens on va voir et essayer à Auteuil ». C’était pour le tournoi de Paris le 16 juillet 1993 avec Auxerre, Fluminense et Francfort. Prix du billet : 55 Francs.

Jeune, étais-tu déjà un peu sensible à ce qui se passait en tribune ?

Bobine : Je méconnaissais totalement le milieu, je n’ai pas de souvenir précis. Boulogne était en place et Auteuil émergeait. Cela bougeait, des chants en continu et des animations, des tifos… bref des sensations uniques ! On s’est donc dit qu’on allait lâcher un peu le paternel et qu’on verrait bien. Pas de voiture, RER et métro de la Seine Saint-Denis jusqu’à la Porte de Saint-Cloud. Nous sommes donc allés au Virage, et nous sommes restés tous les deux à Auteuil. On a vite pris notre carte d’adhérent aux Supras, dès la première année. Les SA prédominaient (ndlr : Tigris Mystic 1993, Lutece Falco 1991, deux autres groupes ultras du Virage Auteuil). Nos abonnements étaient en Auteuil jaune, que cela ne tienne, on descendait au niveau bleu. On n’était jamais au poulailler. Franck était Capo des SA et le cœur du Virage, c’était là ! On a fait notre première année d’adhésion en clôturant la saison avec le titre de champion de France 1994, envahissement du terrain et la fête sur les Champs (là, on a failli goûter au premier coup de gourdin par les casqués de la République). L’ambiance était tellement intense et enivrante que tu avais envie de t’investir. Je me dis « Tiens, qu’est-ce qu’on peut faire ?». C’est à ce moment que j’ai fait mes premières photos, c’était pour un essai pour PSG vs Metz le 25 mars 1994 et suivra PSG vs Arsenal (ndlr : 29 mars 1994, demi-finale allé Coupe des Vainqueurs de Coupe, PSG Arsenal, 1-1). Mon avantage était d’avoir un argentique à la maison. Les groupes ne sont pas équipés et le matériel n’est pas aussi démocratisé qu’aujourd’hui.

Boat : Laisse, les gens ils ne vont pas comprendre « argentique ».

Bobine : Il y avait donc un appareil photo et il a été très rapidement en service.

Tu parles de photos, c’est-à-dire que tu t’étais proposé ?

Bobine Supras Virage PSG
Bobine hisse les couleurs © Collection personnelle

Bobine : Je me suis proposé à Franck. Il a un vrai charisme. Tout le monde n’a pas son talent. Tu arrives un peu perdu, tu ne connais personne, tu te places où tu peux et tu observes. Et là il y a un mec au-dessus de tout le monde et lorsqu’il dit un truc, c’est toute une tribune qui suit. Logiquement tu te diriges vers lui à la fin du match.

Boat : … au méga il était bon.

Bobine : Pourtant, c’est lui qui est resté le moins longtemps en terme d’années. Mais il reste une référence.

Tu avais quel âge ?

Bobine : On est en 1994, j’avais 21 ans. Il me dit, mais sans grand intérêt «vas-y, va faire les photos, là-bas… ». C’est ce que je disais quelques lignes plus haut, c’était pour PSG vs Metz. Moi, j’étais sur un nuage. Pour prendre les photos, tu pars en latérale, en tribune Paris ; pour ma part, j’aimais bien la plate-forme béton réservée aux caméras où il n’y a jamais de caméra et où personne n’avait le droit d’aller. On commence à te donner un pass, les portes s’ouvrent avec l’acquiescement du steward, tu te trimballes en coursives et tu vas t’installer en latérale avec une mission : saisir le travail et la représentation de ton groupe et du Virage qui va se présenter à toi. Là, tu te dis « ah ouais, quand même ». Il faut avouer au début, c’est comme ça. Tu ne le diras à personne, bien entendu, mais dans ta tête, c’est comme ça que ça tourne. Tu as l’impression de commencer à faire « partie des murs ». Tu en es fier. Et puis les photos c’est bien, mais c’est un peu statique, et le matos, ce n’était pas encore comme maintenant, c’était réduit. Je me dis « et pourquoi pas une vidéo ». Rebelote, il y avait un camescope à la maison… En 1994/1995, nous avons réalisé la première vidéo ultra parisienne en VHS sur les Supras, avec en toile de fond le Virage Auteuil et aussi à l’extérieur pour certains déplacements : nos « On Tour ». Vintage pour sûr mais un vrai intérêt parce que presque tout le monde pouvait s’y voir.

Vous l’aviez vendue à la table ?

Bobine : Non sur commande car tirée en petite quantité. Mais c’était tout un truc. On ne se rend pas compte. Je ne connaissais rien au montage et à la vidéo. Je collais au mur de ma chambre une feuille A4 pour faire les titres de présentation de chaque match. Tu étais en VHS. Tu contactais une boîte. Tu faisais un master. Tu faisais des photocopies couleur par système D pour la jaquette. Cela coûtait cher et nous n’avions pas une grosse trésorerie.

Bobine, ton surnom vient de la vidéo ?

Bobine : « Tecate », une personne importante aux Supras, pleine d’humour, un vrai déconneur, sur qui on peut toujours compter en toutes circonstances, me dit « tiens, Bobine ». Je me dis « Si ça te fait plaisir, Pourquoi pas ! » Parce qu’un pseudo, tu ne décides pas de toute façon, c’est les autres qui décident pour toi. C’est resté.

Boat, c’est quoi le sens de ton surnom, Selim tu en avais un ?

Selim : Boat, c’est Boat People, parce que c’est un raclo ! Il dormait n’importe où ! On avait tous un surnom, mais je ne vous donnerai pas le mien !

Selim, raconte-nous ton histoire avec le PSG.

Selim : Mon histoire avec le PSG n’est pas liée à une tradition familiale. Mon père aimait tous les sports en général, mais il n’avait pas du tout l’esprit partisan des footeux. J’ai grandi à Strasbourg-Saint-Denis et le week-end au réveil, avec mon frangin, on avalait notre petit-déjeuner et on allait jouer au foot avec les copains dans le quartier toute la journée. Amoureux du foot avant tout. C’est la première partie des années 1990 et l’époque des épopées européennes du PSG et je m’identifie bien sûr aux légendes qui composent ces effectifs : Raì, Valdo, Weah, Ginola, Ricardo et surtout Bernard Lama qui est mon idole absolue. On n’a pas Canal+ à la maison donc on regarde les premières minutes des matchs qui ne sont pas cryptées, quel plaisir ! Et quelle déception quand l’écran se brouille et qu’on essaie de deviner ce qui se passe derrière le brouillard… Ça fait travailler l’imagination au moins ! On se passe en boucle les K7 vidéo des campagnes européennes. Le vrai plaisir visuel finalement c’est les grandes compétitions internationales dont tous les matchs sont diffusés en clair à l’époque. J’ai de vagues souvenirs de la Coupe du Monde 90 et de l’Euro 1992, mais celle que je vis pleinement la première fois est la Coupe du Monde 1994 où je peux enfin regarder tous les matchs. C’est aussi le moment où mon frangin et moi avons enfin nos premiers maillots.

Ton premier maillot, c’était quelle équipe ?

Ginola Supras Virage PSG
Gino et son maillot © Panoramic

Selim : C’était Paris. Ou non, peut-être l’Equipe de France. Oui j’ai un maillot de 1994 de l’Equipe de France. Super maillot. Je l’ai encore, je l’ai filé à mon gamin. Le maillot avec les trois bandes en losange sur les épaules, avec le coq, FFF, il est magnifique. Il n’a pas vieilli. Donc ça c’est mon premier maillot, et puis les maillots du PSG ont suivi. Bref, avec mon frangin on est à fond sur le foot, on suit les matchs et les résultats comme on peut, bien sûr le moment privilégié de la semaine c’est Téléfoot le dimanche matin où on peut enfin voir les buts de nos héros. Je suis en colo au moment où on se fait éliminer par Milan, en 1995 (ndlr : 19 avril 1995, demi-finale de Ligue des Champions, match retour, Milan AC – PSG, 2 – 0). Toute la journée, je suis nerveux, pas de radio, pas de télé, impossible de connaître le résultat et un animateur nous apprend le soir qu’on sort, je ne parle plus à personne pendant deux jours.

Boat : Tu es un sensible en fait.

Selim : Oui, je suis un gamin sensible, tu vois, j’en chiale, je m’en remets pas. Et je ne m’en remets toujours pas en fait. Quand t’es gosse, t’es persuadé que ton équipe est invincible, que ça va passer. La blessure n’est pas refermée quoi, comme la trempe qu’on prend contre la Juve en finale de Supercoupe d’Europe, je les hais toujours pour ce qu’ils nous ont infligé ! Mon premier souvenir du Parc, paradoxalement, ce n’est pas un match, mais un concert. Je suis au collège et un gros festival est organisé en juin 1997, c’est absolument énorme : No one is innocent et FFF l’après-midi avec Marco qui fout le feu sur scène avec le maillot du PSG. NTM qui assure la première partie du Wu Tang, mémorable ! Et le soir, combo Rage Against The Machine puis Prodigy, des groupes à leur apogée dans cette enceinte de légende, c’était dément !

Deux mois plus tard on assiste avec mon frangin, un copain du quartier et son père au tour préliminaire de LDC contre le Steaua (ndlr : 27 août 1997, tour préliminaire Ligue des Champions, match retour, PSG – Steaua Bucarest, 5-0). On débarque en tribune latérale, tribune H rouge, près d’Auteuil. Ça a peut-être été un des matchs les plus furieux à Auteuil. J’ai chaque but en tête. Je les vois encore défiler sur le terrain, le dernier match de Leonardo qui fait un récital sur le côté gauche juste devant nous avec quatre passes décisives. Le temps s’est figé pour ce match, je me souviens de tout, c’est gravé. Mais j’ai aussi passé une grande partie du match à regarder la tribune, envahi et complètement écrasé par la puissance et la ferveur qui s’en dégageait. Je me levais sur les chants pour les reprendre, j’ai saoulé tout le match les gens derrière moi qui me demandaient de m’asseoir.

De là, je suis piqué évidemment, je veux revivre cette émotion. J’ai 14 ans, je joue au foot à Balard avec un pote du collège qui est abonné à Boulogne avec son père. Auteuil est plein, on ne peut pas y aller. Et après les entraînements de foot, je commence à aller au Parc avec lui. Arrivé à la mi-saison, à force discussion, ma famille m’offre un abonnement pour la fin du championnat en R2, ça revenait 35 francs la place, le prix d’un grec de nos jours quoi ! Faut avouer que ma mère n’était pas très rassurée. Elle avait entendu des trucs sur la tribune. Bref, je lui sers la soupe. Elle téléphone quand même au club. Ils lui disent « Ça va un peu mieux qu’à une époque, mais comment vous dire, ce n’est peut-être pas la meilleure idée … ». Finalement, elle est rassurée parce que le père de mon pote est dans la tribune avec nous (ndlr : à l’époque la Tribune Boulogne était divisée en cinq parties, R2 se situait dans la tribune basse, à droite lorsqu’on la regardait depuis le terrain). Je pense que son père était un vieux gars de Boulogne, avec le recul, même si tout ça je ne l’analysais pas à l’époque. Ça faisait longtemps qu’il traînait ses guêtres en R2. Donc j’y vais avec mon pote, après les matchs de foot et les entraînements, je suis content, je vois les matchs, mais je suis loin de la tribune qui me fait rêver. Auteuil est en face, et tout ce que je veux faire, c’est y aller. Mais il n’y a pas de place. Comme je suis abonné uniquement pour le championnat et qu’Auteuil n’est pas full pour les matchs de coupe, je lorgne l’ouverture des billets aux abonnés à chaque fois et me jette dessus. Donc je fais le max de matchs à Auteuil pour les coupes à cette période.

Valdo Maldini Supras Virage PSG
Valdo & Paolo – Milan AC vs PSG 19 avril 1995 © Panoramic

Côté Supras à l’époque ou pas ?

Selim : Oui, tout de suite j’ai été côté Supras. Mais peut-être que c’est parce que j’avais été en tribune G/H, donc juste à côté, et j’avais eu les Supras au-dessus de ma tête pour PSG vs Steaua. Je n’avais regardé que ça, et le bloc Supras avait dégagé une ferveur incroyable pendant ce match. C’est là que je voulais être. Le nom aussi, « Auteuil », c’était le seul groupe qui avait « Auteuil » dans son nom. « Supras Auteuil ». Donc je me mets aux Supras dès que je fais ces matchs de Coupe. A la fin de la saison, je demande mon transfert à Auteuil, qui est accepté, je saute de joie !

Lors de ta période à Boulogne tu as ressenti que tu n’y étais pas à ta place ?

Selim : Je n’ai jamais mis les pieds en bleu et R1 était complètement coupé de R2 même dans les coursives. Il y avait des mecs zarbis en R2 bien sûr, mais la tribune ne chantait pas en chœur des chants de la Waffen SS. Faut pas déconner quand même, et je ne me suis jamais senti en insécurité physique.

Tu étais donc attiré par Auteuil plutôt que Boulogne ?

Selim : De base, bien sûr, puisque je voulais être acteur du match et que la tribune Auteuil était clairement le vecteur d’ambiance du Parc. Même en R2 je reprenais les chants lancés au-dessus par les Boys pendant la plupart du match, mais je sentais bien qu’on n’était pas nombreux dans ce délire et je voulais absolument être au cœur d’un bloc qui soutenait l’équipe tout le match.

Bobine : Mais Auteuil était plus démonstratif de toute façon. Donc forcément si tu ne connais pas, tu vas plutôt à Auteuil. Boulogne, ce n’est pas que c’était vide, mais c’était moins attirant par rapport à l’agitation d’Auteuil sur l’ensemble de ta tribune, et divisé en blocs avec différentes influences. C’était aussi plus ouvert pour les raisons historiques. Les gens se sentaient beaucoup plus libres aussi au Virage.

Selim : Oui, mais mes premiers pas à Boulogne, c’est quand même une période où il y a plus de bruit dans la tribune qu’à la tienne. Les Boys étaient installés et étaient plus dans la démonstration ultra qu’à l’époque où toi tu es arrivé. Tu dis que ce n’était pas encore très démonstratif. Je comprends, mais pour moi ça l’était déjà plus, même si je n’étais pas physiquement dans le secteur qui participait le plus.

Bobine : Nous sommes d’accord.

Selim : Cependant, ça n’avait rien à voir avec une tribune entière ou en tout cas majoritairement orientée vers le soutien vocal et visuel à l’équipe. À Auteuil, c’était trois groupes qui t’en balançaient dans les oreilles pendant tout le match. Moi je voulais passer à la « stéréo ».

Donc tu vas direct aux Supras et tu es intégré ?

Bobine Supras Virage PSG
Suivez le guide © Collection personnelle

Selim : Non, pas direct. Je me carte et je m’installe dans le bloc en m’approchant de plus en plus des premiers rangs où sont installés les capos. Et après il se passe un petit peu de temps. Les Supras à l’époque, organisaient ce qu’on appelait « Les coulisses du Parc ». C’est Bobine qui avait organisé cela. C’était très bien. Du coup tu te cartais chez les Supras, tu prenais ton écharpe en même temps que le cartage, et on te disait « on va t’inviter à visiter les coulisses du Parc ». En gros, à faire un avant-match. Je me dis « ah ouais, c’est cool ». Mais attention, ce n’est pas un truc automatique, c’est « on va t’appeler ». Donc le jour où Bobine m’appelle, et qu’il me dit « C’est Fabrice des Supras, tu as le privilège d’être invité aux Coulisses du Parc », tu te dis « génial ». Il me donne donc rendez-vous. Je suis là, une demi-heure avant, super excité à l’idée de faire un avant match, d’installer tout le matériel, de voir le Parc s’apprêter avant le spectacle du soir. Bobine est venu me chercher à l’entrée. Tu assistes à tout ce qui se passe avant un match, toute la préparation, sortir le matos des locaux dans les coursives, l’installer sur les sièges, installer les bâches, les feuilles d’info, voir les tables de vente de matériels et d’inscription aux déplacements se préparer. Mais il y avait aussi un truc qui m’avait intéressé, c’était qu’il y avait un local dans le Parc. Tous les groupes avaient un local qui était dans les coursives, vraiment dans le béton, dans le dur. Et pendant ces « Coulisses du Parc » il y avait une réunion dans le local Supras où les membres discutaient de la confection d’un matos, et tu avais tout cet aspect débat entre les membres, sur la présentation du matos, « est-ce que ça vous plaît ? est-ce qu’on fait comme ci, est-ce qu’on fait comme ça ? qui vote ? » Ce côté un peu démocratique et surtout de la réflexion, des échanges qui débouchent sur du concret, la sortie d’un matos, m’avait beaucoup plu. On m’avait même demandé mon avis, tu vois, alors que je me cachais dans un coin du local, je ne voulais pas qu’on me remarque, et on nous dit « les deux nouveaux là, qu’est que vous en pensez ? », parce que j’étais avec mon frangin, « qu’est-ce que vous en pensez ? », et nous, « oui, c’est vachement bien, nous on est d’accord de toute manière ! ».

Et toi Christophe ?

Boat : Alors, premier match au Parc, d’où ça vient ? Ce n’est pas familial. Parce qu’à la base j’ai des parents qui n’ont pas le temps de faire ça, ils s’en fichent. C’est avec des potes du quartier. On peut avoir des places gratos. Les souvenirs sont vagues, mais je crois que les premiers matchs c’est pareil, saison 89/90, ce sont des places gratuites en latérale. Tout de suite c’est l’ambiance qui me plaît. Je regarde Boulogne, je regarde ce qui se passe, et je retourne voir deux ou trois matchs comme ça. Un jour il y a une nana avec qui je sortais, dont le frère, qui était beaucoup plus âgé que moi, allait à Boulogne. Il me dit « vas-y viens, on va voir à Boulogne ce qu’il se passe ». Donc premier match en virage, à Boulogne. Je suis tout jeune, je suis un gamin. J’ai 14 ans. A l’entrée, il y a un CRS qui me fouille, moi je n’ai pas l’habitude, je lui dis « non non je n’ai rien », et tac, je me prends une patate de la part du CRS. Bienvenue au Parc. Voilà, sympa. Je m’en rappellerai toujours, ça m’a marqué. Une patate, tac. « Non, tu ne me tutoies pas ! » Bon d’accord, ok. Et puis on rentre dans la tribune, je voulais aller côté Boys parce que ça chantait, et là le grand frère me dit « allez, viens plutôt à droite, ça se bagarre, c’est plus marrant ». Voilà, donc lui il était en haut, côté B1. Bref, je voulais aller du côté où ça chantait, je fais un match avec les Boys. C’était pas mal. Mais comme tu as dit, tu entends des trucs bizarres. Je n’étais pas forcément super à l’aise par rapport à tout ça. Plus tard je continue à aller voir des matchs comme ça. Mes parents n’ont pas de thunes, donc je gratte de l’oseille où je peux, je demande aux potes dans le quartier, 1 franc, enfin bref tu paies ta place comme ça, tu galères, mais tu y vas de temps en temps. Et puis premier abonnement, je crois que c’est 91/92. Je prends la première écharpe du groupe à la table. Je prends la première carte. Première année des Supras. Mais non investi, je suis vraiment de mon côté. Je suis jeune à l’époque, je ne m’investis pas vraiment, je ne suis pas dans ce délire. Donc voilà, Auteuil direct, Supras direct, puisque j’ai commencé à m’investir en 1998.

Bobine : Quand je suis venu te chercher au Lama Fan Club

Boat : C’est ça. Et qu’on s’est mis quasiment sur la gueule.

Bobine : Le Lama Fan Club c’était à la première porte à droite d’Auteuil Bleu à la limite des G, quand tu es face à la tribune.

Boat : C’est ça. En fait j’ai toujours pris mes cartes aux Supras, mais on était entre nous. Alors tu peux l’appeler Lama Fan Club, à une époque c’était Valdo Fan Club, à une époque c’était l’Unité Amok, c’était un petit groupuscule. On traînait à notre porte. Après je faisais déjà beaucoup de déplacements. Mon premier déplacement c’est 92 à Naples. J’étais tout jeune. 93 à Marseille. Je suis né en 76, donc je n’étais pas bien vieux.

Lama Supras Virage PSG
Selim, Boat et Bobine entre amis avec Bernard © Collection personnelle

Tu as donc vu la tête de Basile Boli en direct ?

Boat : Oui, oui, j’ai vu la tête de Basile Boli, les tirs de stylos fusée, mon petit frère se faire défoncer par les flics en tribune à Marseille. On est dans le virage, sous un filet, on prend de la pisse, des mecs qui pissent dans des bouteilles et qui nous les jettent sur les filets. Oui, c’était sympa. Avec des mecs de Boulogne dans un train. Nous on était quoi, 50 gars d’Auteuil, et il y avait 800 types de Boulogne, je ne sais pas d’où ils les avaient sortis, mais c’était 800 types, c’était spécial. En train organisé par le PSG. Donc voilà. Et je commence à m’investir aux Supras, c’est par Tecate, qui me dit « ils sont en galère, ils leur manquent du monde, ils ont besoin de reconstruire un petit peu, vas-y viens ». On s’investit un peu. Puis il y a un déplacement, un OM vs PSG. Tu t’en souviens ou pas ?

Bobine : Yes.

Boat : Donc il y a OM vs PSG. C’est vrai qu’en général les déplacements je ne les faisais pas forcément avec le groupe. Et pour ce genre de match tu as toujours des mecs qui viennent et qui ne sont intéressés que par ce déplacement. Et donc Bobine me parle mal. Voilà quoi, le premier truc c’est qu’on est à deux doigts de se foutre sur la gueule.

Bobine : J’étais surtout énervé. J’en avais marre des mecs qui se pointaient pour partir à Mars une fois par an et que je ne revoyais plus.

Fabrice ne voulait pas que tu ailles à Marseille juste parce que tu ne faisais que ce déplacement-là ?

Boat : Oui, c’est ça l’histoire. Tu te rappelles toi ?

Bobine : Disons que c’est un bon et un mauvais exemple. Le problème c’est que tu besognes toute l’année, et puis tu as, grosso modo, comme tu dis, tous les mecs qui viennent à Marseille. Ce sont des profiteurs pour une grande partie. Ils sont contents de trouver le groupe pour ce qui les arrange. A la fin du match, tu ne les vois pas pour aider et ranger le matos. Ils se barraient rapidement pour aller boire un coup ou pour rentrer chez eux. Tous les groupes connaissent l’histoire, des centaines de personnes se marrent avec toi et te tapent sur l’épaule et dès le coup de sifflet final, tu restes une poignée avec des stewards qui te pressent pour sortir. Pour revenir à « parler mal », c’est compliqué, tu dois diriger, coordonner une équipe dans un certain stress et énervement et parfois ça ne va pas. Tu remets donc les choses ou les gens à leur place, c’est marrant pour personne mais c’est nécessaire. S’il y a une couille, devinez à qui on demande des comptes ? Rien d’extraordinaire à tout cela. Et puis, on a chacun son caractère et on ne réagit pas tous de la même façon.

Tant que tu n’es pas à cette place, tu ne peux pas savoir et tu n’as surtout rien à dire sauf si tu prends les commandes et que tu montres ce que tu sais faire. Va voir dans les autres groupes, à Paname, en France ou à l’étranger, comment ça se passe, c’est la même. Mais parce que l’herbe est plus verte dans le pré d’à côté, on dira « t’as vu, là ça suit, c’est bien ordonné » blah blah, quand cela te tombe dessus, ça te fait chier, c’est normal mais il n’y a rien de personnel, c’est pour le groupe. A ceux qui veulent discuter sur le sujet (en général les forts en gueule mais rien de concret, je cause et après je me barre) allez au salon de thé et prenez des biscuits. Vous mettrez ça sur mon compte. Bref… Je ne sais pas si on s’est embrouillé pour ça, mais c’est ça qui a commencé à me faire chier mais après on s’est bien rattrapé. Je t’ai rappelé, et là tu as enclenché dans le groupe, j’avais, sans le savoir à cette époque, recruté le futur leader et Capo du groupe.

Donc tu fais le déplacement à Marseille, et c’est le début pour toi dans le groupe ?

Boat : Dans le groupe oui, en tant qu’actif.

A partir de là tu rentres et tu restes dans le noyau ?

Boat : Oui, parce que très rapidement je prends le méga.

Boat Supras Virage PSG
Boat harangue les troupes © Collection personnelle

Virage : Tu le prends comment ? C’est Fabrice qui te le donne ?

Bobine : Franck est parti depuis un certain temps maintenant et personne ne l’avait jamais vraiment remplacé. On peut estimer qu’il a été à la base de la plus belle époque en terme d’ambiance à Auteuil. Beaucoup s’y sont essayés de notre côté par la suite mais sans réel succès. Cela correspond à la perte de vitesse du groupe, puis l’émergence d’autres capos et par conséquent d’autres groupes. Pour Boat, je n’ai rien donné du tout. Il a eu l’audace et le courage de s’imposer, année après année, au poste peut-être le plus en vue et le plus risqué.

Quand tu dis la base, il n’avait donc pas que le méga ? Il était à la base du groupe ? Qui étaient à la base d’ailleurs ?

Bobine : Beaucoup de légendes ont circulé et beaucoup de contre-vérités ont été dites. A l’été 1991, Canal+ reprend le club. Une étude très sérieuse sur l’ambiance au Parc des Princes est lancée par le PSG, auprès des abonnés et du public en général. Une chose ressort, les gens en ont assez de l’image médiatique très négative des supporters parisiens (en tous les cas, d’une partie) et voudrait un endroit où ils seraient plus libres, plus détendus pour faire la fête et où tout le monde aurait accès… enfin. Bruno (ndlr : nous ne citerons que les prénoms ou surnom dans cette partie) venait juste de se faire recruter par le club avec différentes missions : animation/promotion/marketing. Il fera beaucoup pour les tribunes et ses supporters. En collaboration avec Pierre et le directeur général Gérard, au vue des résultats de l’étude, le PSG a la volonté de dynamiser Auteuil et permettre à des personnes d’accéder au Virage qui était alors une tribune mixte visiteurs/supporters parisiens sans affiliation particulière. La tribune Auteuil était une tribune dite “morte”. La décision a été prise en quelques jours. Je place une dédicace toutefois aux premiers habitants parisiens d’Auteuil qui avaient un certain goût pour la musique, d’après certains témoignages. Ils ont peut-être alors montré le chemin vers l’ambiance et la fête. C’est alors qu’un abonné se présentera à Pierre avec une idée : créer un groupe de supporters à Auteuil. Il avait alors une trentaine d’abonnés avec lui. Il est arrivé au bon moment avec la bonne idée.

Frédéric sera le premier président des Supras. Avec sa volonté de créer un groupe à Auteuil, il sera, sans le savoir, celui qui posera la première pierre du Virage Auteuil. Il sera accompagné de Jean-Christophe, le trésorier, puis se joignent très rapidement au projet David, qui part ensuite à Boulogne, Gilles en capo alias « Mac Méga », Thierry au secrétariat, autrement dit le lien avec les membres, Xavier alias « Poppies » aux photos, Ouassini alias « The Boss » qui introduit les percussions au Virage et qui reprendra la présidence du groupe jusqu’en 1995, sans oublier Didier alias « le couturier », un esprit créatif, qui bouge dans tous les sens et qui laissera son empreinte avec « Mag Méga » dans les tifos du Virage Auteuil pendant de nombreuses années. Toutes ces personnes arrivent sur quelques mois, donc elles ne sont pas citées nécessairement dans l’ordre d’arrivée si je puis dire. Le  pari de miser sur quelques jeunes était un sacré défi, pour des « gosses » qui allaient avoir en face d’eux le Kop, avec déjà une Histoire, des personnes plus âgées et beaucoup plus expérimentées. Gravir les marches en béton du vaisseau de la Porte de Saint-Cloud, entrer en tribune, regarder à gauche et à droite, constater un terrain en friche avec à la main un petit fût et une paire de baguette dans un seul but : donner vie à ce Virage où les gens se moqueront dans un premier temps et en ayant un Kop en face d’eux, les frères ennemis, une seule chose à dire, chapeau bas messieurs !!! Bravo aux Gars de 1991 ! Vous êtes les fondateurs du Virage Auteuil ! Vous avez mis le Parc en Stéréo. Le noyau était situé dans un premier temps à la fin du tableau d’affichage / début du bâchage du groupe sur le muret (qui deviendra No Man’s Land par la suite) puis les SA investiront, à quelques mètres, le bloc niveau bleu, sur la gauche (quand vous entrez en tribune) entre les deux portes RTL. Les tambours furent installés sur celle située plus vers le centre de la tribune, porte devenue « historique » pour le groupe. De cette façon, le Capo pouvait se coordonner avec le leader des tambours qui profitait de la caisse de résonnance du vomitoire.

The Boss Supras Virage PSG
« The Boss » aux baguettes © Collection personnelle

Le groupe est apolitique et ouvert à tous. Cosmopolite et non-violent. Vous comprendrez alors peut-être mieux le courage et le défi des fondateurs, en démarrant avec cette philosophie positive dans le monde des tribunes. Cela expliquera les « moqueries » (un terme très soft quand on connait le déroulé des évènements) des Kopistes et des Sus-Scrofa (anciens de Boulogne) installés à Auteuil bleu au centre. En 91/92, ils seront 150 cartés. Toutes les personnes au sein du groupe furent surpris par un tel engouement. Premiers fumis et ballons agités, un spectacle pour la retraite de Joël Bats. Monaco sera le premier déplacement des Supras. En 92/93, c’est l’année des tifos et le groupe montent à 250 membres. c’est le premier Tifo « cierges magiques » contre Salonique, suivra Anderlecht, le lettrage PSG contre le Real et les ballons contre la Juve. A ce moment les SA sont plus nombreux, ils sont au micro et au niveau Tifo, les LF sont aux manettes. Lors du dép’ à Anderlecht, ce sera pour certains d’entre nous la découverte du hooliganisme aussi bien du côté parisien que belge. En 93/94, la première bâche « On Tour » sera réalisée par « le Couturier », lors de ses vacances d’été, made in Bretagne, avec du tissu récupéré la saison passée, lors du match contre la Bulgarie (triste souvenir). Confirmation des Tifos par Arsenal entre autres. Nous sommes à 350 cartés et de plus en plus présents en dép’. « Le couturier » a commencé à monter son équipe animation pour rejoindre les Lutèce Falco dans leurs idées artistiques. Arsenal sera un très beau souvenir. Ce tifo européen marquera mes débuts aux Supras en tant que photographe du groupe. Cette équipe incontrôlable se composera pour les principaux de « Gelad », les deux Laurent (dont « Talons aiguilles » toujours parmi nous) et donc du « couturier ». Pour « Talons », je vous laisse le soin de faire le rapport entre un fumi et une chaussure…

On verra apparaître les appellations de Car-Nord et Car-Sud dans les échanges de chants dans les bus en déplacements (Sochaux, Cannes, Auxerre etc…) entre les personnes devant et celles au fond du bus (Franck, Gelad, les deux Laurent, Lakdar, « Tecate », « le Couturier » etc… Car-Sud restera deviendra « Karsud » et sera le pseudo de Franck. Il créera une section indépendante des groupes et présente au centre d’Auteuil bleu par la suite. Des membres des Supras quitteront le groupe pour rejoindre les Karsud. « Le couturier » poursuivra dans l’évènementiel et réalisera, entre autres, les Tifos de la coupe du Monde 98 avec une grosse équipe et plusieurs associés. L’évènementiel a toujours fait partie de sa vie, il en fera son métier. Franck devient le capo en début 93 (après le départ au service militaire de « Mac Méga » fin 92). Il sera en parfait accord en tribune avec les tambours menés à la baguette par « The Boss », des fûts aux couleurs du club et celles de Liverpool (certains étaient sensibles au Spion Kop). C’est par la suite Stéphane alias « l’homme des Bois » ou « Big Mac » qui reprendra avec brio la batterie de tambours à la porte mais pas que, aussi toute la gestion de la Sono du Virage Auteuil. Quel boulot ! Bravo à toi qui a mis à l’unisson le Virage Auteuil ! L’équation d’un groupe n’est pas très compliquée en fait sur le papier : une voix (El Capo), une rythmique (des percussions) et sa proximité au public qu’il convertira parfois en adhérents, tout cela articulé par une réelle organisation au quotidien et beaucoup savent ce que cela coûte. La difficulté réside dans le maintien d’un équilibre et sa constance. Les Lutèce sont venus rejoindre  très rapidement les Supras (avant Noël 91) pour constituer le binôme du Virage. En rouge, il y aura par la suite les Dragon’s (avec Stéphane leur président) et les Tigris (fondés en 93 par Fred, par la suite à la tête de la 3ème génération du Département Supporters). Voilà pour l’architecture du Virage durant les années 90.

Revenons à nos moutons… des percussions donc, un Capo talentueux, ce côté transalpin que Franck importait, des chants en continu, des animations avec les premiers tifos où les gens étaient acteurs, ont été notre apogée. Cela attirait et c’était nouveau ! La saison 94/95 a été une des plus belles pour le groupe (410 membres et 1000 sympathisants estimés). En 95/96, nous chutons. Peut-être avons-nous mal géré notre « succès » ? 180 membres. Toujours présents pour les tifos majeurs. 96/97 marquera l’arrivée de certains Boys et de Girls dans le groupe. Des personnes vraiment de qualité. Mais, nous stagnons… Premier tifo de la saison pour les 5 ans du groupe. Le maillot géant pour Marseille. Un beau projet ! On sortira de l’organisation du club pour faire notre premier bus direction Nantes. Un premier pas vers l’autonomie du groupe. Nous sommes très bons en déplacement mais la qualité des Tifos baisse à domicile. 225 cartés mais pas de quoi s’affoler.

Et Champion de France.

Bobine : Oui en 94 mais pas que, aussi un titre d’invincibilité et la Ligue des Champions. Une très belle époque avec des beaux souvenirs de déplacements européens entre autres et un envahissement de terrain « historique » pour le titre. C’est vrai que le contexte est profitable même si les rapports avec le club étaient en tension permanente (épisodes des banderoles en tribune PSG vs HAC, un an après en mai 1995 qui n’est pas le seul exemple). Une très belle élaboration des tifos par les LF & les SA réalisés en collaboration avec les Dragon’s (Auteuil Rouge).

Quel est d’après toi le premier gros tifo du Virage ?

Bobine : Difficile. Je parlerai peut-être de tifo « référence ». Arsenal (ndlr : 29 mars 1994). C’était mes début en tant que photographe et voir un tifo sur le Virage tout entier de l’extérieur, ça vous saute littéralement à la gueule et ça vous marque comme cette première fois où vous rentrez au Parc et que ce carré vert, tellement lumineux, vous éblouit. Après, il y a ce package de tifos européens du début des années 90, et là c’est chacun ses goûts et ses souvenirs.

Selim : Je n’y suis pas. Pour moi le premier gros tifo collectif de ma génération c’est le magicien. (ndlr : 13 octobre 2000, Division 1, PSG – OM, 2-0). C’est un super souvenir, les trois groupes ont travaillé dessus comme des oufs.

Bobine : C’était un gros Tifo avec une élaboration beaucoup plus complexe et un vrai travail collectif. Un vrai cousu-main. On rentre dans l’ère du savoir-faire. Les gars deviennent de vrais artisans. On ne peut pas oublier Milan (ndlr : 5 avril 1995, demi-finale aller de la Ligue des Champions, PSG-Milan, 0-1). Un tifo feuille simple, mais terriblement efficace. Mais un gros bonus, la société Tifo, basée en Italie, nous décernera le titre de Meilleur Tifo Européen de l’année. On était tellement content de recevoir ce cadre partagé avec les LF. Ce n’est qu’une société. Ce n’est pas le Vatican. Mais pour nous, c’était une société italienne, notre pays de référence.

Supras Virage PSG
Tifo Magicien – PSG vs OM © DR


Benjamin Navet
Xavier Chevalier

Une réflexion au sujet de « La Saga Supras »

Laisser un commentaire

Découvrez les articles de et