L’amour par procuration

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À jamais les premiers me rétorquent systématiquement mes contacts virtuels sudistes lorsqu’il s’agit de commenter les victoires parisiennes.

C’est de bonne guerre. Mais il y a une chose factuelle qu’aucun souvenir ne pourra jamais dépasser : le football se vit d’abord au présent. l’OM, ce sera bientôt Reims ou Saint-Étienne, des antiquaires en dépôt de bilan ou des visiteurs d’un musée poussiéreux. Pendant ce temps-là, nous, nous vivons, nous prions, nous tremblons, nous célébrons, nous communions en direct, sans rétroviseur ni aigreur. Avec passion.

Je ne vous cache pas que j’aime parfois regarder Marseille chuter dans ma télé (cette défaite contre Annecy, quel délice !). Mais Paris reste ma seule obsession. Mon amour l’emporte sur toute haine. En face, c’est bien sûr une toute autre histoire. Plus de Coupe de France depuis 1989, plus de titre de champion depuis quoi ? 14 ans ? C’est le grand désert. Le mythe entretenu pour ne pas s’avouer la vérité. L’OM est un club moyen, qui, quand il parvient à se qualifier en LDC, se fait corriger.

À jamais les premiers, oui, si vous voulez, pas de problème. Et quand vous ne dégainez pas ce totem d’immunité, vous accusez Paris de gagner grâce à son fric. Il est vrai que le milliardaire McCourt est une toute petite teub face au pognon qatari. Mais Lille a été champion, Montpellier. Et Brest avec ses 11 points d’avance ? C’est le fric ça aussi ? Come on. Le plus drôle, c’est de savoir que tous les ultras marseillais rêvent d’un prince saoudien pour l’OM. Ils veulent ce qu’ils haïssent. C’est pathétique. Bref.

La vie n’est pas un manège avec des tours bonus. Elle tourne, elle tourne puis s’arrête. Pour toujours. Je plains sincèrement le gras Mohamed Henni par exemple, qui symbolise à lui seul la schizophrénie phocéenne. Il est condamné à espérer des défaites de l’OM pour exploser sa télé et ainsi s’assurer que ses sponsors continuent à l’engraisser. Et il passe plus de temps à maudire Paris qu’à encourager les siens. Je trouve ça très triste. La haine, oui, est à la portée de n’importe quel plouc en pantacour footix. L’amour, c’est un tout autre combat. Moi, je crèverai en gueulant « Ici C’est Paris ». Henni, lui, « Paris on t’encu*** ». Vie par procuration en somme.

Oui, c’est d’une tristesse infinie. Je dis souvent à Jules qu’il doit profiter de ces années victorieuses et continentales. Il est né avec QSI. Confort. Il a lu Parc sans que je ne lui demande rien. Il sait que ça peut vite virer à l’enfer. En tout cas à la frustration récurrente. Mais je ne suis pas inquiet. Il est prêt. Quand je lui dis que dans l’absolu, je m’en tape de gagner ou pas la LDC, il rigole. Lui en rêve. Je ne lui souhaite rien d’autre. Moi, je signe pour douze nouvelles saisons sans défaite au vélodrome. C’est que de l’amour on vous dit. PSG4LIFE


Jérôme Reijasse

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