Le magnifique Ginola Virage PSG

Le magnifique

par

Au commencement était Xavier, notre rédac’ chef adoré et vénéré,
c’est donc lui qui eut la brillante idée de faire un papier sur d’anciens joueurs
qui resteront à jamais dans notre histoire, dans notre vie, et qui sous notre maillot resteront éternellement jeunes dans nos esprits d’amoureux transis.

Bref, faire un papier sur un joueur qui nous a marqué
pas seulement par ses statistiques mais qui nous aura marqué d’amour.


Oui je sais on en revient toujours à l’amour, mais y a-t-il d’autre mot pour qualifier ce qui, par exemple, nous pousse à aller au stade par des températures de cryogénisation ? Alors que n’importe quelle personne raisonnable resterait tranquillement dans son canapé, bien au chaud, avec une bonne verveine, une bonne pipe, de bonnes charentaises chauffantes au pied, et devant un écran plasma géant dernier cri pour pouvoir apprécier, gros plans et ralentis, et se délecter des commentaires avisés de Stéphane Guy… Ça ne peut être que l’amour donc… Ou alors peut-être pour réfréner des envies de meurtre qui peuvent nous envahir en écoutant les commentaires du même Stéphane Guy ? De l’amour à la haine c’est bien connu, il n’y a qu’un pas.

C’est alors que notre estimé rédac’ chef, gloire à lui, eu la lumineuse réflexion suivante «  Qui pourrait représenter à lui seul le PSG, à la fois le côté show-biz, la beauté, l’élégance, le talent, susciter l’amour et la haine ? » Mais  « le beau David » bien-sur ! Criais-je tel Archimède son eurêka !!  Devant l’œil pétillant et néanmoins interrogatif de Xavier, paix et prospérité sur lui et sa nombreuse descendance, j’ai cru utile de rajouter, « Non je ne parle pas là du chef-d’œuvre du Maître florentin, mais de notre David à nous ! ». Ce à quoi notre divin rédac’ chef aimé me rétorqua : « je le sais puisque c’est mon idée. » Il est fort le chef.

Mes premiers souvenirs sur le petit gars de Gassin c’est une vignette Panini de la saison 1987. Un tout jeune gamin qui m’est inconnu et qui fait partie de l’équipe du Sporting Club de Toulon. Oui pour les plus jeunes Toulon a bien joué en première division (ancêtre de la ligue 1 Conforama…). Toulon, pour moi c’est… comment vous dire… un club d’artistes et de poètes… Les Luigi Alfano, les Bérenguier, Pardo, Mendy ou autre Casoni… Si on ne fait pas attention en regardant les têtes de ces joueurs sur les vignettes, on pourrait croire que l’on parle de l’équipe du Rugby Club Toulonnais…. Combien de dents, morceaux d’os ou autres bouts de cuir chevelu arrachés doivent encore être sur le bourbier qui servait de pelouse au Stade Mayol.

Le magnifique Ginola Virage PSG
Casoni le toulonnais face au Matra (c) Panoramic

Bref, si je vous dis que le Paga (oui le passe-partout multilingue de Canal +) y a fini sa carrière sous les ordres d’un Rolland Courbis fraichement entraineur, vous commencez un peu à voir l’estime que j’avais pour ce club du sud. Club que ce même Rolland Courbis dût quitter pour aller en prison, pour une sombre histoire de caisses noires et de transferts plus ou moins louches en relation avec un autre club du sud qui joue en bleu et blanc…mais je n’en parlerai pas, ce serait trop facile, surtout qu’il était forcement innocent, comme un autre joueur accusé de dopage à la même époque. Bref, à la manière d’un Galabru dans « Bienvenue chez les chômeurs, consangu… ch’tis » : C’est le sud. Le seul point commun avec eux, était notre haine de l’om. Ça fait peu…

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C’est dans ce cadre que David fait ses premières armes au haut niveau. Honnêtement, très peu de souvenir de lui sous ce maillot. Eté 1988, David signe à Paris. Oui, mais pas dans le bon club. Il signe au Matra Racing. Encore une fois pour les plus jeunes le Matra Racing à l’époque c’était… Comment dire… C’était le club de Lagardère, premier à faire du foot business, achat massif de stars, Enzo Francescoli, Pierre Littbarski, Maxime Bossis, Thierry Tusseau et bien-sur Luis… Notre Luis qui nous a trahi pour ce club sans âme et aux fonds semble-t-il illimités…  Ce club qui décida de venir jouer au Parc des Princes en déclarant qu’ils souhaitait devenir le seul vrai club de foot de la capitale…en rêvant de coupe d’Europe…

Pour faire simple : La rivalité avec l’om n’était pas encore née. L’ennemi c’était le Matra. Les deux dates à cocher sur le calendrier c’était celles des derbys. Un derby parisien. Un vrai. Même si le Matra devait faire dans les 3000 spectateurs de moyenne… La passion ne s’achète pas. Tiens ? Ça ne vous rappelle pas quelque chose tout ça ? Eté 1989 malgré toutes ses stars, le Matra détesté par la France entière n’aura jamais les résultats espérés. Lagardère fermera le robinet et jettera l’éponge. Le beau carrosse redevient citrouille et le Matra redevient le Racing club de Paris et joue le maintien. Les stars se sont envolées, il ne reste plus que les jeunes et certains fidèles du club… Le Racing sauvera ce qui pouvait l’être par un extraordinaire parcours en coupe de France. Bordeaux deuxième du championnat sera éliminé en quart. Puis, en demi-finale le Racing relégable va jouer au vélodrome face à un om champion et qui s’apprête à disputer sa première finale de coupe d’Europe. Tout le monde prévoit un massacre. Mais…

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Flying Olmeta en finale de Coupe face à Montpellier (c) Panoramic

Mais Pascal Olmeta le gardien du Racing, ancien toulonnais et futur gardien de l’om fait le match de sa vie. Le Racing revient deux fois au score et finit par l’emporter 2-3 au vélodrome. Sensation ! Gros bonheur personnel de voir le petit battre le gros. Surtout quand le gros est l’om de Tapie, l’om de la corruption, du dopage et de tout ce que je déteste. Bref, je m’égare… Le Racing, donc, se qualifie pour la finale, face au Montpellier d’Eric Cantona ou autre Vincent Guérin. Malgré un but de David, victoire 2-1 des montpelliérains durant la prolongation sur un coup franc de Laurent Blanc… Eté 1990, le Racing sera relégué sportivement et financièrement…le club plonge dans les profondeurs du football français pour ne plus jamais en revenir…

Résumé de la finale Matra Racing vs. Montpellier, cliquez ICI

David, lui, choisit comme nouveau club Brest. Brest, club plus habitué à la deuxième division qu’à la première, mais qui a fait parler de lui ses premières années pour avoir fait signer simultanément José Luis Brown champion du monde 1986 (et auteur du premier but en finale) auprès de Diego Maradona, et Julio César international brésilien. Sans parler du rocambolesque transfert du buteur paraguayen Roberto Cabanas. En ce début de saison 1991-1992 David a comme coéquipiers offensifs Corentin Martins, ou encore le futur champion du monde Stéphane Guivarc’h, David flambe. Le club Brestois fait face à de gros soucis financiers et au mercato hivernal l’om et le PSG font les yeux doux à la nouvelle pépite bretonne.

Dans mon souvenir (peut-être enjolivé) David le gars du sud, choisit le PSG, déclarant que l’om c’est le passé et que l’avenir du foot français c’est bien le PSG ! Jusqu’ici il faut bien reconnaitre que David a quand même un certain don pour choisir ses clubs… Toulon est rétrogradé administrativement en deuxième division suite aux affaires mentionnées plus haut. Le Matra Racing relégué la même année sportivement et administrativement. Quant au Stade Brestois, le déficit important du club entraînera sa relégation administrative en deuxième division…

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Catch me if you can (c) Panoramic

Décembre 1991 l’histoire d’amour entre les supporters du PSG et David Ginola peut commencer. Elle ne prendra jamais fin, car pour nous deux ce sera pour la vie. Il s’agit de la première saison de l’ère Canal, l’effectif est encore hybride entre la dernière de joueurs « époque  Borelli » : les Joël Bats, Christian Perez ou encore Omar Sène. Des joueurs qui feront la transition plus longtemps entre les deux époques : les Antoine Kombouaré, Daniel Bravo ou autres Amara Simba. Et puis les nouveaux. Les joueurs de niveau international Valdo ou Ricardo ou en devenir comme Paul Le guen ou autre Laurent Fournier. C’est dans ce contexte que David démarre sa carrière parisienne. Très vite il fera l’unanimité chez les supporters. Nous gonflant d’espoir pour les années à venir. Nous ne serons jamais déçus.

Un de ses premiers matchs parisiens se déroulera à Toulon ! Retour aux sources comme pour mieux prendre définitivement un nouveau départ. Le match est diffusé sur Canal +, le stade Mayol donne historiquement lieu à des matchs serrés et j’ai peu de bon souvenir de nos déplacements là-bas. Sauf celui-là. Un vrai bonheur dont je me souviens presque 30 ans plus tard. David ouvre le score de l’intérieur du pied, comme pour tuer définitivement le père diront les psychiatres du dimanche, puis un match maitrisé, un festival de buts pour Paris pour un record à l’époque de la plus grande victoire du PSG à l’extérieur en championnat. Toulon 2 – 5 PSG. Le PSG terminera 3ème du championnat et remplira l’objectif du club, à savoir se qualifier pour une coupe d’Europe. Ce sera la coupe de l’UEFA.

Résumé de SC Toulon vs. PSG, cliquez ICI

Saison 92-93, saison historique à plus d’un titre… Ce titre que l’om nous volera une deuxième fois après celui de 1989, ce sera la dernière fois. Jacques Glassman (joueur de Valenciennes) a osé parler, il a osé briser l’omerta, grâce à lui l’om sera déchu du titre de 1993 et sera rétrogradé en 2ème division un an plus tard. Pour une fois David a fait le bon choix en venant à Paris plutôt qu’à l’om et brise sa malédiction personnelle. Historique personnellement car pour la première fois, je suis majeur, je peux m’abonner au PSG pour ne rater aucun match au Parc. Ce sera Auteuil Rouge. Historique enfin, de part son parcours exceptionnel en coupe d’Europe. Ou chaque tour nous procurera des émotions inoubliables.

David a comme nouveaux coéquipiers Vincent Guérin, l’infatigable milieu de terrain, l’étonnant Bernard Lama, ce gardien que je me souviens avoir vu jouer sans gant quelques années plus tôt du côté de Lille ou de Metz. C’est un bon gardien, qui vient de faire une bonne saison à Lens. Je me demande s’il aura les épaules pour succéder à un monument comme Joël Bats ? Cela va faire bizarre de ne plus voir « Batsman » garder nos cages. Alain Roche jeune grand espoir bordelais qui s’est perdu un an à Marseille avant de revenir au top niveau à Auxerre. Le très bon et solide Jean-Luc Sassus en arrière droit, l’un des meilleurs et plus spectaculaires buteurs du championnat, le messin François Calderaro et enfin le Libérien de Monaco, Mister Geoge Weah. Ginola/Weah ce sera le tandem offensif des plus belles années de ce PSG.

Le magnifique Ginola Virage PSG
Control de la poitrine, marque déposée (c) Panoramic

L’un des premiers matchs de la saison qui m’a marqué cette saison-là est l’éclatante victoire à Strasbourg (0-4). Je me souviens d’un festival Weah (2 buts) et d’un Ginola insaisissable (2 passes décisives). Deuxième souvenir marquant, ce 32ème de finale de coupe de l’UEFA contre les grecs du PAOK Salonique. Paris est devenu une des meilleures équipes françaises, mais que valons-nous au niveau européen ? Deux coups de boules de Mister George sur Corner, l’affaire est bien partie. Le rocambolesque match retour n’ira pas à son terme à cause des supporters grecs. En 16ème ce sera le Napoli qui pleure encore son Pibe de Oro. Mais avant cela en championnat Paris fait plaisir à voir, et David assure le spectacle avec ses dribbles et amortis de poitrine qui deviendront un style, presque une marque déposée. Je n’ai pas le souvenir d’avoir vu un autre joueur aussi doué dans cet exercice. C’est beau et efficace. Le tandem Weah/Ginola fait souffrir les défenses françaises et Naples ni résistera pas non plus. On peut dire que c’est toute une équipe et tout un club qui sont alors guidés par les mêmes objectifs.

En championnat Paris continue son chemin et en coupe d’Europe c’est le plus grand club Belge, Anderlecht, qui passera aussi à la trappe. A mi-saison, le PSG est encore en course dans toutes les compétitions. Des groupes de supporters commencent à s’organiser côté Auteuil. J’hésite à prendre ma carte, mais se carter ce serait aussi peut-être avoir à cautionner des choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord. Je préfère garder mon indépendance mais j’aimerais aussi  marquer mon attachement au club et à ses joueurs qui défendent nos couleurs. C’est alors que dans un coin de la tribune Auteuil se tient le Fan Club David Ginola. Une jolie bâche, à chaque match est déployée. Pour la première fois (et la dernière) j’adhère à un fan club. Bon OK, quand j’étais petit ma mère m’avait inscrit au fan club de Mickey Mouse, mais ça ne compte pas…

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La course folle du Gino face au Real (c) Panoramic

La saison repart de plus belle, Paris reprend bien, même si un nul au Parc contre Toulouse et une défaite à Metz puis à Madrid commencent déjà à énerver certains « supporters »…Mais revenons rapidement sur ce match à Madrid. David, unique buteur parisien ce soir là, y fera un récital et éclaboussera de toute sa classe et de son talent l’Espagne et l’Europe qui découvrent alors un magnifique joueur, malgré la défaite de Paris. Quinze jours ont passé, vous connaissez l’histoire de ce match retour face au Real de Madrid en quart de finale, rentré lui aussi dans l’Histoire du foot français, mais comment ne pas parler de cette demi-volée entrée dans la légende. Ce but du 2 -0 qui nous qualifie, pensons-nous à ce moment-là, David qui court les bras en l’air poursuivi par ses coéquipiers qui viennent s’agglutiner, pour un moment de pur bonheur qui me donne encore la chair de poule presque trois décennies plus tard…

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En championnat et en Coupe de France, Le PSG enchaîne les succès de prestige ! Victoire à Auxerre, à Monaco, au Parc ce sont Bordeaux, Monaco, Nantes et Saint-Etienne en clôture du championnat qui s’inclinent. Pas suffisant, Paris terminera deuxième. Marseille finit premier. Oui mais Marseille a triché. Dans tous les pays du monde dans un cas similaire, le titre revient au second. Mais pour une sombre histoire de conflits d’intérêts, Canal+ refusera de récupérer le titre qui nous était du.

En coupe d’Europe, la demi-finale nous offre des retrouvailles avec la Juventus. C’est la troisième fois que nous croisons les noir et blanc en Europe après 1983 et 1989. À Turin, l’inévitable Mister George ouvre le score grâce à une ouverture de génie de notre David. Les italiens égaliseront à la 89ème minute, Antoine Kombouaré commet une faute stupide à l’entrée de la surface de réparation. Un coup-franc cadeau pour le spécialiste Roberto Baggio. Sanction immédiate. Paris s’incline 2 – 1 . Mais impossible d’en vouloir à casque d’or qui nous aura qualifié au Parc Astrid et au tour précédent contre le Real. Remonter un but au Parc pour aller en finale. Le retour s’annonce sulfureux.

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Air Gino face à la Juventus (c) Panoramic

Ce jour-là, c’était le parfum des grands matchs européens, cette odeur de souffre, cette tension, cette excitation que seule l’Europe procure, avec malheureusement les débordements qui vont parfois avec. Les propriétaires de voitures d’une grande marque italienne qui avaient eu la mauvaise idée de se garer autour du Parc ont retrouvé leur voiture sur le toit… Dans le stade, on en était au début des tifos et avec des potes on avait récupéré un vieux drap sur lequel on avait inscrit en rouge et bleu un grand « MERCI PARIS » en rouge et bleu. La tribune visiteur est à côté du Virage Auteuil, les italiens nous lancent des Lires taillées en pointe, le Parc est plein. Le match peut commencer. Malheureusement, la France qui rêvait d’une finale franco-française en sera privée par deux décisions arbitrales injustes. Côté parisien c’est un penalty évident oublié sur Weah qui mettra fin à ce qui sera à ce moment-là notre plus beau parcours européen. Dans l’autre demi, Auxerre se verra refuser l’accès à la finale à cause d’un but valable refusé.

Reste la coupe de France pour couronner cette magnifique saison d’un trophée. La finale nous oppose au club de Nantes. La revanche dix ans plus tard, de ce qui avait été « la plus belle finale de coupe de France » selon les spécialistes. Cette fois, le spectacle sera différent et les nantais vont complètement péter les plombs et finir à huit ! Peu importe, Paris ramène la coupe à la maison 10 ans plus tard, sur un succès net 3 – 0, et avec en plus un magnifique « maillot Hechter ». Le deuxième but sera marqué par David sur un coup-franc « platinien ». Après un an et demi, David est déjà rentré dans tous les cœurs des parisiens.

Résumé PSG vs. FC Nantes, finale de Coupe, cliquez ICI

Saison 93-94, l’année du titre. Enfin. 8 ans après, le PSG est sacré champion le 30 avril 1994. Je me souviens de la fête après cette victoire contre Toulouse, Valdo et David seront les premiers à venir nous saluer à Auteuil, comment oublier le sourire de notre numéro 11 brandissant une immense cocarde tricolore, les chants, l’envahissement du terrain, la joie partagée. Mais avant d’en arriver là, il a fallu batailler ferme, en France et en Europe. Le début de saison est plutôt bon en dépit de deux défaites à Bordeaux et Marseille. Je me souviens d’un festival offensif au Parc contre Auxerre, avec un but sublime de David. Paris prendra la tête du championnat dès la douzième journée pour ne plus la lâcher. La 38ème et dernière journée sera l’occasion d’un ultime plaisir pour fêter le titre et communiquer entre joueurs et supporters. Festival contre Bordeaux et victoire 4 – 1, David aura comme toujours le bon goût d’y aller de son but.

Côté européen, le sort propose au Real une revanche. Il n’en sera rien. Dans le mythique Santiago Bernabeu, Paris va réaliser un énorme match et l’emporter grâce à un but de Mister George, sur une passe de ….David Ginola bien sur. Une passe… Que dis-je, une offrande, un modèle de débordement où David s’arrache pour centrer du gauche. Encore une fois, David met à terre le plus grand club du monde et impressionne l’Espagne. Il y gagnera pour l’éternité son surnom « d’el Magnifico ». Au retour Paris assure la qualification, puis ce sera Arsenal en demi-finale. Encore une fois Le Parc sera plein à craquer pour le match aller, les anglais ouvrent le score, mais David égalisera (de la tête s’il-vous –plait), provoquant une déflagration sonore et une poussée d’adrénaline qui m’emmènera au bord du malaise… 1-1 La bonne affaire est anglaise. Le retour le confirmera avec une nouvelle élimination aux portes de la finale.

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Gino crucifié face à la Bulgarie (c) Panoramic

Côté palmarès individuel, David sera élu meilleur joueur français de l’année 1993, il recevra aussi le premier Trophée UNFP du meilleur joueur de la saison en 1994. Mais comment parler de cette saison-là sans évoquer l’équipe de France et ce match contre la Bulgarie, où un petit professeur le livrera aux chiens. Comment une personne n’assumant pas son échec, préférera « tuer » un de ses joueurs publiquement, et sans aucune raison valable ? Il ne faut donc avoir aucune fierté pour agir de la sorte ? Je n’ai jamais compris cette injuste exécution publique. Evidement la France profonde, ou profondément bête, crachera toute son imbécilité et sa jalousie, tous les 15 jours. Il est beau, il est bon, il joue au PSG, la victime idéale. Rejeté par tous ces idiots, David devenait encore plus que jamais l’un des nôtres.

Le magnifique Ginola Virage PSG

Saison 94-95, à cause d’un commentaire imbécile, d’un commentateur aigri et jaloux, Canal+ décide de se séparer d’Arthur Jorge. Bienvenue Luis. Tout avait pourtant bien débuté. David hérite du brassard de capitaine. Mais pourtant les relations entre les deux légendes parisiennes va se dégrader tout au long de la saison et va forcer le départ du joueur en fin de saison. Mais revenons au début de la saison, le temps des espoirs et de tous les rêves. Paris débute en douceur le championnat, et ma mémoire n’étant pas infaillible, je ne me souviens pas d’un match mémorable, en revanche en Ligue des Champions, Paris établit un nouveau record. Six matchs, six victoires. Balayés le Bayern, le Spartak Moscou et le Dynamo Kiev. Vivement le printemps et le quart de finale contre le Barça de Maître Johan.

En championnat Paris joue bien et Raì montre enfin tout son potentiel. Associé au talent du tandem Weah/Ginola on assiste encore à du grand spectacle, grâce à ce trio magique. Mais il ne faut pas oublier le milieu composé du merveilleux Valdo entouré des fidèles soldats que sont Le Guen, Guérin ou Fournier, complétés par un Daniel Bravo qui vit une seconde jeunesse à son nouveau poste. Si on y ajoute une charnière centrale Ricardo/Roche devant, peut-être, le meilleur gardien du monde à ce moment-là, on peut regretter que le titre de champion nous échappe. Même si ce sera au profit d’un FC Nantes qui ne connaitra qu’une seule défaite cette saison-là. Record en cours.

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David et Sergi, face à Barcelone (c) Panoramic

Alors comme souvent au PSG, il reste les coupes. Quart de finale aller de Ligue des Champions au Camp Nou et retour d’el Magnifico en terre ibérique. Encore une fois David et Paris sortent un gros match et ramènent un très bon 1-1 de Catalogne. Le retour face à ce qui est à ce moment-là (avec l’AC Milan je pense) la meilleure équipe du monde, s’annonce grandiose. Ce le sera. Le grand Barcelone de Johan Cruijff est tombé au Parc des princes. David sera la priorité de recrutement de la légende hollandaise pour son Barça à l’intersaison suivante. Sachant son départ inéluctable, il faut avouer que voir David dans cette équipe, qui pratiquait alors le football offensif le plus attractif de la planète, cela faisait envie et apparaissait comme une évidence. Mais à l’époque les règlements du football n’autorisent qu’un nombre limité d’étrangers par équipe. Le Barça n’arrivant pas à se séparer de Gheorghe Hagi ou Hristo Stoitchkov, Ginola ne sera jamais Blaugrana.

En demi-finale, c’est donc l’autre géant du moment, l’AC Milan qui vient défier le PSG. Nouveau match de gala. Paris sera supérieur pendant 89 minutes, avec un Ginola qui sera l’homme du match côté parisien. Avec un tir sur la transversale et un penalty évident non sifflé sur lui, cela aurait pu être encore plus grandiose. Que de regrets… A la 89ème minute, les italiens partent en contre, 0-1. Le retour, lui, ne nous donnera jamais l’occasion d’espérer. Pour la troisième année consécutive Paris et David s’arrêtent en demi-finale. Heureusement cette année-là, Paris grave son nom sur la première Coupe de la Ligue. Et remporte une nouvelle Coupe de France.

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Les adieux du Magnifique en 1995 (c) Panoramic

Ce sera donc l’heure du départ. Le moment de dire merci à David pour toutes ces émotions, tout cet amour partagé, ces titres, et ces merveilleux souvenirs. Je sais qu’ils sont des milliers à être devenus supporters grâce à cette époque et aux exploits de David, j’ai du bien-sur passer trop rapidement sur cette période et occulter d’innombrables autres grands moment, car l’objectif est d’écrire un papier et non un livre. Puisque ce ne sera, à regret, pas en Catalogne, ce sera l’Angleterre et Newcastle. Nous sommes devenus nombreux à attendre la cultissime émission de Canal+ « L’Equipe Du Dimanche » tous les dimanches soir, pour voir les exploits britanniques de David. Pour les plus jeunes (encore), il s’agissait de la seule émission où il était possible de voir tous les buts européens du week-end. Saint-James Park, plus de 50000 fans, des buts, des dribbles dont j’ai encore le souvenir, puis ce sera Tottenham et un titre de meilleur joueur anglais de la saison en 1999 ! Aston Villa puis Everton pour un clap de fin.

Personnellement, je n’oublierai jamais cette visite amicale au sein du Virage Auteuil lors de je ne sais plus quel match, je n’oublierai pas non plus que tu as été le seul dans les média à dénoncer la cruauté et l’inhumanité de la mise en place en 2010 du scandaleux et injuste « plan Leproux » qui priva 13000 fidèles de leur passion. Oui après tout ça je pense qu’on peut se tutoyer. Pour terminer avec les souvenirs personnels, je me souviendrai aussi de ce jour de mai 2016 où nous nous sommes salués très amicalement à la sortie de ce petit restaurant italien près de la place de la Madeleine. Deux ou trois jours après tu faisais ton malaise cardiaque, j’ai compris à ce moment-là que David Ginola n’était pas seulement un ancien joueur, mais quelqu’un qui faisait partie de ma vie tout court. La République a son buste de Marianne, si le PSG devait avoir un buste pour le représenter, qui d’autre que David ? Sans bonnet Phrygien mais avec ses cheveux longs, et un maillot rouge et bleu. Beau et jeune pour l’éternité, comme le David de Michel-Ange.

Le magnifique Ginola Virage PSG
David de Paname (c) Panoramic

J.J. Buteau

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