Dominique Virage PSG

Le PSG est ancré dans ma vie

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Elle était au Parc pour PSG – Videoton le 24 octobre 1984, à Dortmund le 18 février 2020. Au Stade de France, masquée, pour les 2 dernières finales nationales. Qu’est ce qui fait battre le cœur de Dominique ? Le Paris Saint-Germain, essentiellement. Aimer ce club n’est pas une posture pour la jeune retraitée. Aimer, soutenir le PSG,
c’est depuis longtemps le cœur de sa vie.

Je m’appelle Dominique, j’ai 64 ans, j’habite à Franconville dans le Val d’Oise et je vais au Parc depuis bientôt 40 ans. En ce moment, c’est compliqué avec le couvre-feu… Le Parc me manque énormément mais c’est ainsi.

J’en suis à ma 23ème saison en tant qu’abonnée.

La 1ère fois, c’était le 12 décembre 1981. PSG-Metz avec mon meilleur ami Patrick. Il adorait le foot et moi, j’aimais le sport, j’aime tous les sports depuis que je suis toute petite. Je suis fille unique d’un papa qui jouait au football, dans la Sarthe, au plus haut niveau régional. Je vous parle de ça, c’était dans les années cinquante. Il a dû arrêter tôt car ma mère n’aimait pas trop qu’il passe tous ses dimanches au stade.

Dominique Virage PSG
Avec Patrick en tribune © Collection personnelle

Et donc mon père, il voulait un garçon. Il m’a transmis sa passion pour le sport. Je me rappelle que, quand on a eu la télé à la maison, je regardais tous les matches de la Coupe du monde au Mexique (1970) avec lui, même à 2 heures, 3 heures du matin. En fait, on regardait tous les sports. J’ai pendant longtemps enregistré toutes les étapes du Tour de France, que je regardais après le travail. Cela me vient de mon papa. Je regarde aussi assidûment le biathlon, Roland Garros et d’autres sports.

Je pose aussi mes vacances quand il y a les Jeux Olympiques (sourires), les Coupes du monde et l’Euro de foot pour pouvoir les suivre pleinement. J’ai joué un peu au football, avec les garçons lors de tournois, et pendant 20 ans j’ai fait du handball en club, ma 2ème passion après le foot.

Mon père n’est plus de ce monde. Parfois, je me dis que je ne serai jamais allée au Parc avec lui. C’est un regret. Mais il n’aimait pas trop la foule…

PSG-Metz, le 12 décembre 1981, c’est pour moi le 1er match au Parc. J’avais acheté ma place 43 francs. J’avais 25 ans et je me rappelle qu’il faisait froid (sourires). J’ai le souvenir que, peu de temps après, il y a eu la finale de la Coupe de France (PSG – Saint-Etienne 1982). Je l’ai regardée sur une petite télé dans un restaurant avec des amis. J’étais enceinte de 7 mois.

Dominique Virage PSG
© Collection personnelle

Puis il y a eu les débuts du PSG en Coupe d’Europe. Moi je suis retournée au Parc pour plusieurs matches de la saison 1983-84, dont Videoton. Je garde tous les billets bien précieusement chez moi. Je garde tout.

Je suis née à Pantin (93), j’ai grandi à Rueil-Malmaison (92), je vis à Franconville (95), Paris est naturellement devenue « mon » équipe.

J’ai un attachement très, très fort pour le Paris Saint-Germain, que je partage avec mon fils Benjamin. Le PSG fait partie intégrante de ma vie, de notre vie.

Ma plus belle émotion au Parc, je dirais qu’elle arrive au début des années 1990 : le 18 décembre 1992. C’est le cadeau de Noël de mon fils. PSG-OM. Son 1er match au Parc. Il a 10 ans. Ce soir-là, il m’a tellement dit qu’il était heureux, que c’était le plus beau cadeau de sa vie. Je le revois avec ses yeux qui brillent, émerveillé. J’étais très émue. Le voir si heureux, j’en ai les larmes aux yeux quand j’y repense.

Dominique Virage PSG
Avec son fils Benjamin à Rotterdam en 1997 © Collection personnelle

Pour PSG-Bucarest (27/08/1997, 5-0), c’était l’union sacrée. On a soutenu les joueurs dès le départ, c’était fusionnel. Et, je ne sais pas comment le dire mais tous ensemble, avec cette atmosphère, on savait que l’on pouvait vivre quelque chose d’incroyable, de magique.

Je me souviens aussi de PSG-Real (1993). Je venais de rentrer à l’hôpital pour une histoire d’oreille interne. Dans la chambre, Canal+ était sur la télé, ce qui m’a permis de voir le match. On l’a regardé avec mon père. Ce qui est sûr, c’est que si je n’avais pas été hospitalisée en urgence, je n’aurais pas vu PSG-Real. A la sortie de l’hôpital, j’ai pris mon 1er abonnement à la chaîne cryptée.

PSG-Liverpool, PSG-Parme… C’étaient des ambiances incroyables. PSG-Toulouse en 1994 le match du titre reste un joli souvenir. Ce jour-là, toute la journée avec mon fils, on se dit : « On y va ou pas ? ». Et à 19h : on décide d’y aller (sourires). Aussi bizarre que cela puisse être, il restait des places. Il fallait faire la queue, mais il restait des places. 1-0, but de Ricardo et le PSG devient champion de France (pour la 2ème fois).

A l’époque il n’y avait pas Internet. Soit on achetait les places directement au Parc, soit auprès de mon comité d’entreprise ou parfois, on récupérait des places avec le club de Franconville, qui était un club filleul du PSG. J’ai longtemps été dirigeante et au comité directeur du FC Franconville, où sont passés de futurs Parisiens comme Eric Rabésandratana, David N’Gog, plus récemment Timothée Taufflieb.

Un jour en 1997, à force d’aller voir les matches, je dis à mon fils : « Autant s’abonner tu ne penses pas ? Comme ça, quoiqu’il arrive on est sûr d’avoir notre place ». Mon fils avait 15 ans, l’abonnement était à moitié prix pour les mineurs. Nous nous sommes retrouvés en ¼ de virage, en tribune A Bleu Bas, vers le Kop de Boulogne.

Dominique Virage PSG
© Collection personnelle

Le PSG est devenu la passion de toute une vie. Depuis que mon fils Benjamin a 10 ans, nous n’avons plus quitté le Parc des Princes. On est restés ensemble jusqu’en 2002, puis il a rejoint les ultras à Auteuil (Lutece Falco). Moi j’étais toujours à la même place, mais pas seule. Je suis restée avec mes « amis de stade », comme je les appelle (sourires). Ce sont des personnes avec qui nous créons des liens spéciaux, voire amicaux mais que nous ne voyons qu’au Parc les soirs de matches. Jamais en dehors.

J’en suis à un peu plus de 700 matches au Parc. En 2010, avec le Plan Leproux, (mise en place du placement aléatoire en Virage et 1/4 de Virage) mon fils n’a pas pu retourner à Auteuil. Il m’a rejoint en latérale, et on a pu trouver des places côte à côte en Tribune Paris. Nous n’avons pas bougé depuis.

On a repris nos habitudes. Et dans cette nouvelle tribune, on a retrouvé un papa qui vient avec ses 3 filles et qui étaient en Tribune A avec moi depuis 1998. On s’est fait également de nouveaux « amis de stade », qu’on retrouve chaque saison.

Dominique Virage PSG
© Collection personnelle

Je suis assez superstitieuse. Par exemple au Parc, je dois toujours m’assoir à la même place, la mienne. Mais il m’est arrivé que l’on me demande de me décaler d’un siège pour arranger d’autres personnes. Or pour moi c’est quelque chose d’absolument impossible. Non non, ce n’est pas possible… Si je change, on va perdre le match (sourires). Au niveau des bijoux que je porte, il faut aussi que ce soit les mêmes à chaque fois (sourires). Je dois reconnaître aussi que je ne suis pas une supportrice très calme pendant les matches…

J’ai aussi mes petits rituels devant la télé, et avec le virus, c’est de plus en plus souvent … Face à l’Atalanta (Final 8, Ligue des Champions), nous étions 3 à la maison et à la pause, nous perdions. J’ai voulu que nous échangions nos places sur le canapé et le fauteuil. Résultat : on a gagné (sourires).

Une question qui me fait peur aujourd’hui c’est : « Va-t-on pouvoir retourner au Parc ? » Et « Comment ? » Je n’ai pas la réponse, ce que je sais, c’est que le Parc me manque. Vivement que nous puissions tous retourner au Parc pour vibrer à nouveau.

Depuis 3 ans que je suis à la retraite, j’essaie de faire tous les déplacements européens, en tribune visiteurs avec les supporters du PSG. Naples, Istanbul, Liverpool, Manchester United, Glasgow, Madrid, Munich, Dortmund. On part 3-4 jours avec mon fils et on en profite pour visiter. J’ai aimé tous les déplacements.

En Turquie pour Galatasaray-PSG (1/10/2019, 0-1), ils avaient fait sortir les femmes et les enfants de la tribune, juste à la fin du match par précaution au cas où cela dégénère. On était dans une espèce de couloir. Je me disais : « s’il y a un mouvement de foule, on va être placardés dans l’escalier… » C’est la seule fois où j’ai eu un peu peur.

Le 1er déplacement, c’était en 1997 pour la finale de la Coupe des Vainqueurs de Coupe (PSG 0-1 Barcelone). 110 cars du PSG au départ du Parc direction Rotterdam. J’étais avec mon fils, et un ami à lui, Cyril. Malgré la défaite, c’est un super souvenir. Par contre, je revois encore Ronaldo tirer son penalty devant nous. Même aujourd’hui, ça me fait mal. L’image est ancrée.

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Devant le stade du Feyenoord pour la finale de Coupe d’Europe en 1997 © Collection personnelle

Avant qu’il ait le permis, j’allais souvent récupérer mon fils et ses amis en retour de déplacement, la nuit, à 2h, 3h du matin. Par la suite, mon fils s’est beaucoup impliqué dans le mouvement ultra et dans cette passion. Je ne l’ai pas spécialement encouragé, mais pas non plus dissuadé. J’étais même là pour l’aider si besoin.

Parfois, je me dis que j’aurais aimé naitre dans un autre pays pour pouvoir vivre pleinement ma passion. En France, j’ai longtemps ressenti que le regard envers les femmes qui s’intéressent au foot n’était pas forcément bienveillant. Que ce soit en tant que supportrice ou dirigeante. J’ai aussi l’impression qu’on est très critique, pas toujours à fond pour encourager son équipe. Certains sifflent des jeunes de 17 ans qui jouent leur 1er match au Parc. Je trouve ça très dur. Il faut leur laisser le temps.

Le PSG est très ancré dans ma vie. Il y a beaucoup de décisions que j’ai prises par rapport au foot. Les repas de famille les soirs de match ? Ce n’est pas possible. Ma famille, mes amis, tout le monde le sait autour de moi. Chaque année, 6 mois avant la sortie du calendrier, je commence à anticiper, à voir en janvier à quelle période je vais pouvoir partir en vacances. Ma vie, elle s’organise autour du PSG. C’est le calendrier du club qui décide du reste. Entre le PSG Foot et le PSG Handball, où je suis également abonnée, cela fait une centaine de matches dans la saison. C’est vrai que cela prend une certaine place (sourires).

Avec des amies, nous sommes aussi parties 3 fois à Cologne pour le Final4 de Ligue des Champions du PSG Handball, plus des week-ends en province (Final4 Coupe de la Ligue, Trophée des Champions). Ces voyages sont toujours de supers souvenirs.

Dominique Virage PSG
© Collection personelle

Lors de moments difficiles, le PSG m’a beaucoup aidée. Quand j’arrive au Parc, je me sens bien. J’oublie tout. Même à moins 10 degrés, j’y suis toujours. Mais je ne cache pas qu’à la fin d’une saison pleine, je suis quand même contente de faire une pause (sourires). C’est comme si je retrouvais une certaine liberté. Même si je suis aussi contente quand la saison reprend.

Les 2 dernières finales (PSG – Saint-Etienne 24.07.2020, PSG-Lyon 31.07.2020), je tenais à y être mais je n’ai pas pris de plaisir. 4 000 spectateurs dans un stade qui peut en accueillir 80 000, c’était vraiment tristounet. Il n’y avait pas d’ambiance, ce qui est le but d’une supportrice qui va au stade : bouger, chanter, supporter son équipe. Heureusement, on était du bon côté pour la séance de pénos (contre Lyon), et ça c’était agréable à vivre.

Parmi les joueurs que j’aime particulièrement, il y a Safet Susic, Laurent Fournier, Gabriel Heinze, Marco Verratti, et Nikola Karabatic. J’ai une poupluche de Verratti et pendant les matches devant la télé, je parle à la poupluche : « Marco, ça va pas du tout » ou « ce n’est pas possible » quand il conteste les décisions des arbitres et je le traite de « sale gosse ! » (rires)

Je suis très attachée au club, mais aussi aux joueurs. Et je suis toujours touchée quand un joueur nous quitte ou arrête sa carrière, comme par exemple lors du dernier match de Raì et Pauleta. Cette année, ne pas avoir « dit au revoir » à Thiago Silva et Cavani m’a peiné.

Dominique Virage PSG
Avec Joël Bats © Collection personnelle

Emilie Pilet

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