Vive le PSG Virage Paris

Le PSG est mort, vive le PSG !

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Une fois n’est pas coutume, voici un papier qui ne va pas plaire à tous les supporters du PSG… Comme un but contre son camp, il fait mal. Pourtant le match n’est pas terminé, il y a encore moyen de rattraper l’erreur et de remporter
la victoire avec la beauté du geste et l’esprit du sport.


J’étais supporter du PSG dès 1976, oui, j’étais… supporter du PSG et d’un certain état d’esprit du football, celui d’une époque aujourd’hui révolue. Oui, je ne suis plus supporter. On peut me vouer aux gémonies que cela ne changerait rien. Je ne me reconnais pas dans le PSG d’aujourd’hui, le Quatari SG. Déjà quand Messieurs Lagardère et Tapie mirent les pieds dans le football en tenant dans la main un grand chéquier, les puristes, les poètes du ballon rond comprirent que le football prenait une mauvaise tournure. Nooon, je n’ai pas oubliéééé que ce sont ces millions qui nous ont retiré Luis, le fils prodige. Le foot business commençait à poindre son nez avec ses travers. Par la suite il y eut l’arrêt Bosman, la coupe d’Europe des clubs champions déclinée en Ligue pour favoriser les clubs les plus riches et abolir le tirage au sort intégral, faire disparaitre les résultats surprises et restreindre le football européen à 5 pays, grosso modo. En résumé, l’argent a en partie aboli le charme du football.

Virage PSG
Avec Mouss © Collection personnelle

Elle est belle et bien disparue cette époque où le PSG avait à la fois une âme et des joueurs de grands talents, n’en déplaise à Ibra ou Neymar. Oui, qui n’a pas connu Pantelić, Piazecki, M’Pelé, Humberto, Dahleb, Pilorget, Fernandez, Rocheteau, Surjak, Sušić, Kist, Alves, Weah, Valdo, Ginola, Raì, et j’en oublie forcément, ne peut pas comprendre. Pour moi le PSG c’est Paris ET Saint-Germain, mais c’est aussi le Camp des Loges, pour la mémoire du club, non Ooredoo pour des raisons de marketing. C’est encore Bébel ou Enrico dans les tribunes, de vrais mordus du ballon rond, et des gavroches comme mes potes qui, à la mi-temps, se faufilaient de la tribune Boulogne à la tribune présidentielle sans se faire refouler. Une autre époque vous dis-je. Avec mes camarades nous allions au Parc en métro et revenions chez nous à pieds, de la porte de Saint-Cloud au Marais, qui était un quartier populaire et non Bobo (les temps ont décidément changé). Là, à minuit, on refaisait le match en tapant dans une bouteille en plastique ou une boite en carton au milieu du marché des enfants rouges. Plus tard on se dépêchaît de rentrer pour voir les résumés des matchs que présentait Pierre Cangioni à Téléfoot (mais si mai si…).

Certes, ma nostalgie ne sert pas à grand chose, si ce n’est à rendre hommage à d’illustres inconnus : fils d’ouvriers, fils de concierges, de commerçants qui peuplaient le Marais et d’autres quartiers de Paname et qui se rendaient au Parc les soirs de matchs par amour du foot et par amour du PSG. Cet article c’est aussi pour dire merci et rendre hommage à Francis Borelli, à Moumousse, à Luis, à Doumé, à ceux qui ont fait la beauté et le romantisme du football français. Oui, les mots ne sont pas trop forts. La beauté ! La poésie ! Car, tout comme notre rugby avait le French Flair, notre football avait à cette époque la beauté du geste (l’épopée des verts, celle de Bastia, la bande à Hidalgo, etc…).
Le geste ? Un série de dribbles de Dahleb, une envolée de Doumé, un réflexe de Joël, un retourné de Simba, un baiser de Borelli à la pelouse du Parc, un port de balle altier de Sušić, une frappe pure de Bathenay, un double crocher de Rocheteau, et Toko qui “en a marqué de bien plus beau que ça”… La beauté de la parole associée à la beauté du geste.

Virage PSG
Avec Adams © Collection personnelle

La beauté du geste était également présente au Camp des Loges, je me souviens de Jean-Pierre Adams qui faisait des grimaces en tenant par l’épaule le gamin que j’étais (j’ai la photo), Moutier qui acceptait de discuter avec nous allongés sur l’herbe, ou encore Dahleb qui disait à mon ami Malik “tes parents sont de Malmoe non ? ”, une blague entre Kabyle quoi. La beauté du geste c’était Ginola, qui en bleu au Parc, contre la Bulgarie s’il est besoin de préciser, a préféré centrer plutôt que de gagner du temps, il a joué et on a perdu, perso je ne lui en veut pas, il était dans l’esprit du jeu, bravo l’artiste ! Sincèrement. Enfin la beauté du PSG, c’était Lemoult qui arrivait à l’entrainement en Mob. La décroissance avant l’heure, ha ha ha ! Toute une époque j’vous répète.

Le PSG c’était des hommes de classe : Rocheteau, Pilorget, Brisson, Redon, des gens bien, des footballeurs respectueux de l’adversaire. Une qualité que je n’ai pas vu chez Ibrahimović, star de l’ère Quatari, notamment la fois où il simula un tir par arme à feu sur le banc toulousain. Déplorable image de l’ère du foot business !  Pour ces raisons-là, je considère que le PSG et le football en général sont morts. Quelle indécence de mettre autant de millions d’euros pour gagner le trophée européen ultime. L’éducation, la santé, l’environnement, attendent des mécènes, mais c’est le foot qui les attire.
Dans l’immédiat il y a les souvenirs Hechter, Borelli, Denisot et ils font du bien.
Toutefois, la vie étant un éternel recommencement, une révolution, un cycle, je sens poindre les prémices du renouveau. La Coupe de la Ligue n’existe plus, c’est un bon début. Je gage que la sagesse et la sobriété reviendront dans le sport et le foot en particulier, avec elles, la beauté du geste, l’esprit du sport et le PSG !


Michel Chalvet

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