Les boules et le sapin

par

Comme Jacky et Benji, j’ai décidé de faire un premier bilan, calmement,
à quelques jours d’un Noël sous Covid et à max 6 à table (ou 11, me souviens plus).


Le PSG a fait un tiers du chemin en Ligue 1. Troisième avec 1 point de retard sur le duo lyonnais-lillois. 4 défaites dont 3 contre l’om, l’ol et Monaco. La chute contre Lens, je ne la compte pas, elle ne dit rien. Nous étions alors friables, rincés, ailleurs. Finale perdue, préparation hyper tronquée, c’était presque écrit. Depuis la reprise nationale, nous avons été globalement médiocres. Poussifs, parfois même chanceux, incapables de conserver un résultat et défensivement approximatifs, quand on ne cède pas tout simplement à une panique des plus embarrassantes. À peine une mi-temps valable en 16 rencontres. Nous avons pourtant réussi à enchaîner je crois 8 victoires d’affilée (si ce n’est pas le chiffre exact, ne venez pas me casser les noix avec vos commentaires de petits comptables, enfants irritants de Philippe Doucet, homme que tout le monde a oublié sauf moi).

Résultat : à un match de la trêve hivernale, contre Strasbourg au Parc, et avec une équipe décimée et qui sera probablement incapable de reproduire la même performance que ce soir à Lille (ne me demandez pas pourquoi !), Paris est certes à la traîne mais pas largué. Les néo-supporters doivent geindre, bien sûr. Ils aimeraient avoir déjà 18 points d’avance. Pour pouvoir se concentrer uniquement sur le Graal européen. Ils sont vulgaires, ces nouveaux fans parisiens. Ils n’ont rien compris. Qu’ils redeviennent supporters de, au choix, Liverpool, Bayern, Madrid, Betclic, bla-bla-bla. Même si la ligue 1 est atroce à mater, elle est notre quotidien, notre maison, notre réalité. Notre colonne vertébrale. La ligue des champions est une récompense, une meuf que tu n’aurais jamais pensé pouvoir un jour serrer. Pour tout le monde. Même le Barca. Elle n’existe pas sans les 38 matchs locaux.

Je ne vois pas comment se débarrasser de cette La palissade. Il faut aimer la Ligue 1. Il faut retrouver ce désir brûlant, quand être champion de France était un exploit. Un tatouage que tu ne recouvrirais jamais (RIP Monsieur Houllier, en passant). Les obsédés de l’Europe, je l’ai déjà écrit mille fois, se branlent sur cette future Ligue fermée continentale. Ils sont prêts à sacrifier les championnats nationaux, froidement, sans aucun remord, pour un super tournoi, club ultra VIP ultra fermé, où des super héros viendraient en direct tutoyer les Cieux du foot. C’est comme ça qu’ils te le vendent en plus !!! Sûrs d’eux mêmes ! Ils ne veulent que le meilleur. Sky is the Limit. Ils s’en moquent de ces pauvres matchs merdiques du week-end. Ils veulent le Chicago Bulls de Michael, les Avengers et les DC comics dans le même film… faut que ça brille ! J’ai payé ! J’en veux pour mon pognon ! Plus besoin des bouseux, des petits, des laborieux, des Nations, ces faiseuses de guerres. On veut le Top ! On veut se gaver.

Le football était cette chose simple, belle, foi de bitume et d’étoiles. Vous allez encore salir. Oui, pourrir le truc pour, si on résume objectivement, quelques dollars de plus. Et rien d’autre. C’est une évidence : la multiplication des matchs va flinguer le désir, à un moment ou à un autre. On pourra alors terminer le foot en le réduisant à un gigantesque tournoi de catch. Soccer Globe Trotters. La vie en mode best-of. C’est écœurant. Pire. C’est d’une tristesse vertigineuse. Quand j’y pense, quand je m’avoue que demain, le foot, c’est comme ça, une lame de lassitude et de peur me traverse la cage thoracique. J’ai perdu la guerre. Yep. Certains amis m’accusent de regretter la souffrance de mes années en tribune, quand Paris n’était que Paris. Qu’ils se trompent. Mes amis ignorent ou ont oublié  peut-être ce que c’était de vivre le football à ce rythme là, à cette époque là. La souffrance n’était rien, même les soirs de bad trip au Parc, quand on perdait contre Sedan, comparée à l’énergie, la folie, l’humour, l’intensité, la violence, la vie, la banalité parfois lumineuse.

Je n’ai rien contre les Avengers. Je les ai tous vus avec mon fils. Mais je demande juste de pouvoir aussi mater un film de Melville, Landis, Spike Lee ou Sacha Guitry. Vous captez le délire ? Un Whooper With cheese, je dis oui. Mais pas tous les jours putain. La coupe du monde à 48. La ou le Var, cette merde. Avec votre vision du foot, Il n’y a jamais Maradona à Naples qui s’empare du scudetto. Il n’y a jamais la chevauchée de Sammy Traoré, il n’y a jamais Parc, le meilleur livre jamais écrit sur le PSG (« Un chef d’œuvre qui emmène très loin, servi par une plume autant poète que viscérale. Si Maradona était un livre… » avait chroniqué l’Equipe à sa sortie. Vous ricanez probablement. Je ne suis qu’un con nostalgique. Peut-être. Vous ne m’empêcherez pas de penser qu’il est toujours difficile de voir une passion ainsi malmenée. Diego est mort. C’était peut-être l’ultime signe. Qui a décrété que le football devait à ce point changer ? Tous ces fanatiques du changement, pour tout, tout le temps… effrayés par la tradition, le symbole, les habitudes, l’ennui et la passion. Le progrès gagne encore. Pour le meilleur, vraiment ?

Ce n’est plus une interminable digression, c’est mon chant du cygne…

Bilan donc. Le championnat, il faudra aller le chercher. Et à l’heure qu’il est, ma bouteille PSG est évidemment plutôt à moitié vide. On ne se refait pas. Si nous devions échouer, Seigneur, couronne Lille et personne d’autre. Galtier, cela ne me poserait aucun problème. J’aime bien le mec. Et si nous nous imposions au final, ce titre aurait à n’en point douter un goût plus savoureux. Nous aurions eu chaud. Nous nous en souviendrions. Mais malgré le grosse prestation collective et technique de ce soir, je ne suis pas dupe. Cette année, on va en chier, nous n’avons pas d’équipe à proprement parler, un entraîneur en roue libre, plus de blessés qu’à Stalingrad en 42, une fatigue récurrente, un virus (Casse toi FDP, sale videur de tribunes de meeeeeeerde), un président invisible et un Leo en mode Marceau (le mime, pas l’actrice).

On sait que nos joueurs s’en tamponnent de la L1. Ça se voit. Cette condescendance est évidemment coupable. Chaque année, qu’on explose les 19 autres ou qu’on rame comme actuellement, on gère, on trottine, on fait circuler. Parfois, on accepte de se donner vraiment à fond. C’est rare. Paris n’est plus une équipe qui accepte d’en baver. C’est regrettable. Elle va pourtant devoir cravacher. Il ne suffira pas d’attendre le printemps… en Ligue des Champions, on se qualifie et on tire le Barca. Cette impression de rediffusion au PSG devient lassante. Mais nous serons en huitièmes. Même dans une poule médiocre, avec un Man U moyen moins, on aurait pu trébucher. Non. On y est. Combien de fois le mot remontada va-t-il être prononcé, écrit, diffusé ? Messi signera t’il au PSG en janvier ? On va tout entendre. Va-t-on recruter ? Faut-il recruter ? Tuchel doit-il fuir en Argentine. En Jamaïque plutôt, pour désamorcer toute blague idiote…

Paris est illisible, chaque jour un peu plus, mais Paris est aujourd’hui  lisible par tous ses ennemis. Ce n’est tout de même pas très rassurant, non ? Tenter de prévoir notre futur relève de la prière. Nous donnons l’impression de naviguer à vue. Même nos adversaires médiatiques parlent d’une possible malédiction. Ce soir, encore trois blessés ! Neymar indispensable et trop solo, Mbappé affole ses statistiques mais moins les cœurs bizarrement, Bernat reviendra après le huitième confinement, minimum, Kehrer est encore là, Icardi a été enlevé par des Martiens, Marco doit pouvoir enchaîner les matchs sinon on est vraiment mal, faut-il inscrire le tacle sacrificiel de Presnel au patrimoine de l’Unesco ? Paris doit profiter de cette coupure pour répondre à toutes ces problématiques. Et à bien d’autres encore. Nous n’avons aucune certitude à l’exception de Navas. Rafinha est dans l’air du temps, il le mérite, mais soyons prudents. Donnons nous du temps. Et puis, ce ne serait même pas du luxe, essayons d’être une… Équipe. Pas forcément tout le temps stratosphérique. Non, non. Mais une équipe. C’est simple le foot, hein ? Défendre et attaquer ensemble. Lever la tête. Ne pas avoir les pieds qui brûlent. Proposer à son camarade de front une possibilité de passe. Ce genre de choses. Et ça, je ne l’ai vu cette année que par séquences. Elles furent plutôt rares.

Angel fait du boudin. Paredes ne décolle pas encore. Il y a Kean. Volontaire. Buteur quand même. Jesé est parti. Enfin, je crois. Voilà le bilan de Paris. Un grand flou avec des couleurs qui déchirent parfois notre brume absurde. Quelques fulgurances. Quinze minutes ici ou là avec de vraies actions collectives. Pas de quoi impressionner grand monde. Paris ne fait plus peur en Ligue 1. Nos joueurs devraient être vexés. Ils préfèrent s’en foutre. En LDC, c’est un autre débat. Le covid a changé la donne : les gros ont du mal, globalement. La machine est grippée. Le temps de réajustement sera plus ou moins long selon les Clubs. J’espère que Paris saura s’y prendre. Cette année peut aussi être une année vierge de tout trophée. De troisième ou quatrième place derrière les deux olympiques et Lille ou Rennes et pourquoi pas Montpellier ! Ça n’arrive pas qu’aux autres. Le croire est votre première erreur. Vous êtes prenables cette année. Si vous ne l’avez pas encore compris, en face, ils ont senti l’odeur de notre sang, je vous l’assure. Et ils vont nous rentrer dedans jusqu’à la fin. Ne serait-ce pas l’année parfaite pour gagner avec… panache ? Pour jouer au… foot sans chouiner (nous ne sommes pas des Lyonnais !). Pour fermer toutes les bouches des jalouses ?

Joyeux Noël au PSG et à son peuple.

PSG4LIFE


Jérôme Reijasse

Laisser un commentaire

Découvrez les articles de