Les histoires d’amour finissent mal
en général

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La prophétie chantée par les Rita Mitsouko est bien partie pour se réaliser au PSG. Kylian Mbappé en a sa claque, il ne souhaite pas prolonger au-delà de juin 2024,
date de fin de son contrat. Mais en amour comme en football,
les ruptures peuvent se faire en plus ou moins bons termes.

Le Paris Saint-Germain est définitivement un club qui ne peut pas vivre sans drame. Depuis la prolongation de Kylian Mbappé en grande pompe fin mai 2022, le club n’a cessé de faire le bonheur de la presse, pour toutes les mauvaises raisons imaginables. Du « pivot gang » au char à voile en passant par les accusations de racisme contre Christophe Galtier ou la manifestation sauvage devant chez Neymar, le PSG a assez de matière pour un soap opera en plusieurs centaines d’épisodes. Sur le terrain, on a rarement vu un jeu aussi peu enthousiasmant, avec une équipe en déliquescence depuis sa piteuse élimination en C1 contre le Bayern, jusqu’à une ultime défaite à domicile contre l’ogre Clermontois en clôture du championnat. Pourtant, ce palpitant feuilleton qui régale tout le monde sauf les supporters parisiens n’a pas encore connu son épilogue. Quel avenir pour Kyky ? C’est la question qui revient sans cesse depuis la fin de la saison. Le prodige de Bondy a fait connaître sa décision de ne pas activer sa clause de prolongation. Il sera donc libre de s’engager avec le club de son choix dès le 1er janvier prochain. A moins d’être transféré avant la fin de ce mercato estival ou qu’il ne prolonge avec Paris.

Du côté de la direction, on hausse le ton. Soit Kylian prolonge, soit il sera vendu cet été. L’hypothèse d’un départ libre n’est pas envisageable. Sauf qu’en réalité, non seulement cette hypothèse est envisageable d’un point de vue juridique, mais c’est certainement celle qui arrange le plus le joueur et le Real Madrid, nouvel élu de son coeur et destination la plus probable pour l’attaquant. Le PSG se montre très offensif dans sa communication et dans ses actes pour mettre Mbappé sous pression. Pas de tournée au Japon (pas certain que ça le dérange beaucoup), et pas de temps de jeu tant que la situation n’évoluera pas. Mais cette sanction ne pourra pas s’appliquer avec la même facilité après le 1er septembre, date de fin du mercato. Le droit du travail (une notion quelque peu floue pour l’Emir Al Thani) sera du côté du joueur et il sera difficile de justifier son absence par un choix sportif. Et heureusement que les clubs doivent encore respecter quelques règles comme celle-ci !

Difficile d’y voir une logique autre que financière

L’autre hypothèse, celle souhaitée par le club, est de réussir à pousser Mbappé mais surtout le Real Madrid à organiser un transfert en bonne et due forme. On peut bien évidemment comprendre que voir son meilleur joueur partir libre serait catastrophique pour le club Rouge et Bleu, aussi bien financièrement qu’en termes d’image. Depuis le rachat par QSI, le PSG s’est toujours montré inflexible face à ses joueurs désireux de voir si l’herbe était plus verte ailleurs. Une revalorisation salariale, un nouveau contrat, et généralement les brebis égarées regagnaient le troupeau. Pas cette fois. La brebis numéro 7 avait déjà tenté une escapade il y a deux ans, sans succès. L’année dernière, elle avait fait durer le suspense jusqu’au bout avant de finalement choisir de rester au bercail, non sans une compensation financière pharaonique. Parce que c’est toujours cela qui compte, au final. Kyky a beau parler du terrain, de ses objectifs, de ses stats, il veut être le meilleur à tous les niveaux et ça vaut aussi pour son compte en banque. Et c’est encore ce qui guide son choix à l’heure actuelle. Entre les primes conséquentes prévues dans son contrat parisien et la perspective d’une grosse prime à la signature à son arrivée à Madrid, il est difficile d’y voir une logique autre que financière.

De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer l’appât du gain du génie français. Le PSG ne ménage pas ses efforts pour alimenter cette version et écorner l’image de son attaquant vedette. Il est vrai que cette volonté d’amasser toujours plus de richesses, surtout quand on n’en manque absolument pas, peut poser question. Mais ça a aussi le mérite de détourner quelque peu l’attention de ce qui me semble être l’élément le plus important de l’histoire : le PSG s’est tiré une balle dans le pied en rendant cette situation possible. Kylian dispose d’une option de prolongation d’un an de son contrat, à sa seule discrétion. Ni Nasser, ni l’Emir n’y peuvent quoi que ce soit. Si le joueur ne veut pas prolonger, il ne prolongera pas. Plus embêtant, s’il ne veut pas être transféré cet été pour partir libre dans un an, c’est son droit. Le club a donc fait l’impossible et offert un pont d’or à son meilleur joueur pour que celui-ci ait finalement toute latitude pour les mettre dans une situation inextricable. Jusqu’à présent, le pouvoir de persuasion des dirigeants parisiens a toujours été supérieur aux états d’âme des joueurs. Mais cette fois, on parle du meilleur joueur du monde dans un club qui a de plus en plus de mal à séduire en raison d’un projet incertain et incohérent. L’autocritique n’est pas une qualité très cultivée au sein de l’organigramme parisien.

 Rien ne sera plus jamais comme avant

A ce stade de la relation, il est difficile d’envisager autre chose qu’une rupture. Le club laissait encore filtrer récemment que si Kylian prolongeait, tout rentrerait dans l’ordre. Ça ne semble plus être l’humeur du jour. Tout est allé trop loin et on se dirige vers un divorce amer où on ne se fait aucun cadeau. L’issue n’est donc pas entre les mains des dirigeants parisiens. La seule façon de sortir de ce traquenard par le haut serait que Florentino Perez soit prêt à mettre immédiatement 150 ou 200M€ sur la table pour un joueur qu’il pourra avoir gratuitement dans un an. On peut aussi se demander quelle bonne raison il aurait  donner autant d’argent à un rival (économique), alors qu’il a juste à attendre et regarder pour lui mettre un genou à terre et l’humilier. La seule raison qui, selon moi, pourrait le pousser à agir cet été est la crainte de voir Mbappé changer d’avis, encore une fois, pour rejoindre un autre club. Quant au joueur, il sait qu’une saison compliquée l’attend s’il décide de rester à Paris jusqu’à la fin de son contrat. Les supporters ne lui feront pas de cadeau, le club non plus, et les médias seront sans arrêt à l’affût du moindre indice, aussi ridicule soit-il. Mais je pense qu’il est prêt à le supporter.

Quel que soit le dénouement de l’histoire, rien ne sera plus jamais comme avant entre Mbappé et le PSG. Pour l’heure, je l’imagine plutôt rester jusqu’en juin prochain. Cela serait la promesse de nombreux épisodes dramatiques. Mais ça nous offrirait aussi un talent hors normes en attaque pour une saison de plus. Alors si Kylian doit encore être Parisien après le 1er septembre, profitons-en au maximum, car on risque d’attendre longtemps avant de revoir un tel phénomène en Rouge et Bleu. Et on peut toujours espérer que son cas servira de leçon à nos dirigeants. Ça au moins, ça ne coûte rien.


Café Crème et Sombrero

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