l'homme à abattre Virage PSG

L’homme à abattre

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L’état de grâce est déjà terminé pour Pochettino… sa tête est déjà mise à prix
sur les réseaux sociaux… Vive la culture de l’instant présent. Hier c’est déjà trop vieux, demain le sera bientôt… Tous ces gens qui attendent la mise à mort de celui
qu’ils adulaient il y a moins d’un an. Leur prochain héros s’appelle Zizou,
qui un an plus tard deviendra inévitablement le sale marseillais,
qui ne connait rien à la tactique, qui ne donne aucun fond de jeu à l’équipe…

Au risque de radoter, on ne juge pas un entraîneur au bout de six mois… Certes depuis que le foot est foot le coupable est toujours l’entraîneur… fusible facile… cible idéale. Ce n’est pas encore l’hallali pour Mauricio mais la mise à mort semble quand même se préciser. Question habituelle, passera-t-il l’hiver ? Ce club a 50 ans et il n’est toujours pas sage. J’ai cherché dans mes souvenirs, si un entraineur avait un jour fait l’unanimité sur le long terme. Je n’en ai pas trouvé un seul. 

Je n’ai pas connu cette époque mais l’illustre Just Fontaine, l’entraineur de la montée n’a-t-il pas été remercié sans ménagement ? Pour ma part je me souviens des « je t’aime moi non plus » entre Peyroche et Borelli dans la première partie des années 80. Puis Gérard Houllier qui nous mènera à notre premier titre de champion avant de nous emmener aux portes de la descente deux ans plus tard… Arrive ensuite Tomislav Ivić qui avec le même groupe que celui qui se sauve in extremis la saison précédente mènera le championnat en tête. Se faisant doubler en mai de manière plus que suspecte par l’OM de Tapie. Prônant un jeu ultra-défensif, Ivić se fera littéralement laminer toute la saison par l’Equipe et les médias. Le traitement négatif sur un PSG certes défensif mais courageux et ô combien talentueux avec son quatuor Sušić-Calderón-Perez-Xuereb méritait le titre et certainement un autre traitement médiatique, que le dénigrement systématique auquel le PSG aura droit toute l’année. Mais tout a été fait pour que l’OM de Tapie soit champion. Canal+ et autres médias peuvent jubiler. L’OM est champion. Un OM que, curieux hasard, Ivić ne tardera pas à rejoindre bientôt…

Bref, je m’égare. Arrive l’heure de l’ancien sélectionneur Henri Michel. Troisième au Mondial 86, puis cible du célèbre « sac à merde » de Canto, pour finir victime d’un naufrage chypriote un soir d’octobre 1988. Lui aussi souffrira d’un traitement particulier, même si objectivement l’équipe est souvent bien triste à voir cette saison-là. Cette phrase terrible sortie après un nouveau match décevant résume à elle seule son PSG : « mon équipe est molle ». Le Parc se vide, le PSG sombre dans les dettes et l’indifférence. 

Mais Canal+ arrive ! Avec dans ses bagages Artur Jorge. Champion d’Europe avec Porto en 1988 (la fameuse Madjer). Le portugais réussit à ramener le titre à Paris huit ans après ! Pourtant que de critiques il a subi pour un jeu jugé trop défensif, il sera débarqué à son tour, descendu dans le dos comme Jesse James, par le directeur des sports de Canal+ et son célèbre « il manque un sourire au PSG »... Exit la moustache, bienvenue la Chupa Chups ! Luis, l’enfant du club arrive. Comme souvent avec les médias, au début ça se passe bien, et puis… Les relations deviennent plus tendues, les critiques pleuvent à nouveau, le PSG joue bien mais laisse filer le titre à Nantes et surtout de manière incompréhensible à Auxerre l’année suivante. Heureusement le 8 mai 1996 restera à jamais gravé dans l’histoire. Luis termine la saison et part.  Le tandem Ricardo/Bats prends les rênes. Deux joueurs légendaires du club, qui se feront massacrer à leur tour dès leurs débuts…Inexpérience, choix discutables etc…

1998 : Bietry devient calife à la place de Denisot. Il place Giresse entraineur, qu’il lâchera lâchement au bout de 7 matchs… La direction de Canal+ le force à le remplacer par celui qu’il avait grandement participé à faire virer 3 ans plus tôt. Mais le retour d’Artur Jorge sera aussi lunaire qu’éphémère… Le PSG n’est qu’à 4 points de la relégation quand celui qui était l’adjoint de Giresse en début de saison devient numéro 1. Philippe Bergeroo sauvera le club et terminera deuxième la saison suivante ! Mais un type, sérieux, travailleur, sympa et avec l’accent du sud-ouest, ça en énerve quelques-uns… Les critiques sont faciles et gratuites. Les bien-pensants finiront par avoir sa peau… Certains joueurs aussi, qui le trahiront un soir d’humiliation dans les Ardennes… Il n’y aura même pas de bataille, juste la honte.

Luis 2.0, le retour. Cette fois c’est avec Laurent Perpère le bien nommé, mais mal nommé président du PSG que la guerre va se déclarer. Puis ce sera avec certains joueurs, dont le plus célèbre d’entre eux. Un certain Ronaldinho. Ronnie est plus important pour le PSG que Luis a déclaré ce fumeux président. A partir de là le ver est dans le fruit. Canal+ se délectera de cette situation pour moquer le club dont il est le propriétaire… Affligeant. Ce n’est plus un ver, c’est un anaconda. Tout le monde est perdant. Fin de saison, départ du président, de l’entraineur et de la star…

Luis était trop cool d’après certains, il faut un entraineur dur qui les fasse courir. Rigueur et « beaucoup travail » promet Vahid. Une première saison réussie, puis une deuxième qui part dans le n’importe quoi. Rapidement la question est de savoir dans combien de temps son ami de 30 ans, Francis Graille, va lui couper la tête ? Exit le coach dictateur, Vahid était trop dur d’après certains… Bienvenue à Lolo Fournier, plus cool… Enfin un coach apprécié par tous ! Sauf du nouveau président le nuisible et dommageable Pierre Blayau. Il réussira le fabuleux doublé de virer un coach apprécié qui avait des résultats, par un autre détesté, qui nous mènera aux portes de la relégation. A la 17ème place exactement. Chapeau l’artiste.

Entre temps, Colony Capital a remplacé Canal, exit l’intrus Blayau, bienvenue président Cayzac. Enfin un président qui aime le club. Nous sommes donc en décembre 2006, Le Parc et à peu près tout le monde réclame la démission de l’erreur de casting Guy Lacombe. C’est encore un ancien joueur du club, Paul Le Guen qui vient pour nous sauver. Après 3 titres de champion avec Lyon, le breton signe chez les Glasgows Rangers d’où il démissionnera pour venir au chevet du PSG. Nombreux seront ceux qui l’oublieront. Paris se sauve et finit 15ème, la saison suivante sera pire, mais tout le monde sera soulagé de finir 16ème après la 38ème journée. Le Guen aura pris nombre de critiques durant toute la saison, de toutes parts. Médias et supporters le traineront dans la boue. Mais le breton tient bon. Et il finira la saison d’après à la sixième place. Dans la famille ancien joueur, je demande Antoine Kombouaré. Une anonyme treizième place, vaudra au fier Kanak son lot de critiques, comme tous ses prédécesseurs, la saison suivante ne l’épargnera pas non plus malgré une quatrième place. Bye bye Colony, marhba bik QSI. 

Les qataris décident de garder l’entraîneur pour commencer la saison. Mais ils voient grand. Beaucoup plus grand. Et même s’il est champion d’automne l’Antoine devra céder sa place. Cruel ? Peut-être. Mais ô combien logique. Tu n’attires pas des Zlatan et autres Silva avec un coach inconnu dans un club, d’un championnat mineur, qui n’a pas joué la Ligue des Champions depuis des années. Et qui vient de se faire sortir en phase de poule de l’Europa League par Salzbourg…

Benvenuto Carlo et son sapin de Noël. Il a beau avoir un palmarès européen plus fourni que toute l’histoire du foot français, il sera à son tour critiqué comme jamais. Puis viendra Laurent Blanc. Lui aussi sera moqué et critiqué. Certains commencent à comprendre aujourd’hui qu’il est certainement et de loin l’entraineur sous QSI qui nous a donné le plus de bonheur dans le jeu. Un caprice ou un coup de folie feront que lui aussi se fera virer sans ménagement. Surement la plus grosse erreur de QSI.

Unai Emery dont l’état de grâce durera environ un mois. « Il fait de la tactique avec des bouteilles d’eau, c’est autre chose que les tennis-ballon de Laurent Blanc. » Voilà le genre d’inepties que l’on a pu entendre… Emery devenu un génie un soir de 4-0 contre Barcelone. Qui quelques jours plus tard deviendra le dernier dos nulos…

Willkommen Thomas ! Comme toujours au début tout est beau, tout est nouveau… Et puis un acharnement sur Tuchel alors qu’il doit faire avec un groupe qui n’a fait aucune préparation. Deux titres de champion, une finale de Ligue des Champions, tout cela c’est payé, balayé, oublié, je me fous du passé… comme chantait la môme. Il est drôle de constater que l’argument numéro un des anti-Tuchel, qui était de faire jouer Danilo en défense centrale, est un choix qui permet au PSG d’aujourd’hui de remonter les scores pour finir par s’imposer et gagner les 3 points qui permettent pour l’instant à Pochettino de gagner encore du temps…

Ce rapide retour en arrière nous prouve bien que le cycle infernal est en route et que les Qataris ne sont pas plus patients que leurs prédécesseurs. Pourtant changer d’entraîneur serait je pense une nouvelle erreur. Je le disais il y a un an, laissons Tuchel finir la saison. Certes Pochettino n’a jamais été pour moi l’homme de la situation, mais changer en cours de saison, c’est à chaque fois le titre de champion qui s’échappe… Le dernier (double) camouflet n’a pourtant même pas un an. Mais avons-nous retenu la leçon ? Au moment où j’écris ces lignes, Mauricio est toujours là, mais Léonardo vient de prendre sa défense. Voilà qui n’est pas forcement bon signe pour lui…


J.J. Buteau

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