Mevlut Erding

par et

Le natif de Saint-Claude est resté de 2009 à 2012 au PARIS SAINT-GERMAIN.
Il a connu l’avant et l’après QSI et a gardé, malgré la distance qui le sépare aujourd’hui de Paris, un attachement sans faille au club de la capitale. Il a accepté de répondre
à nos questions de chez lui à Istanbul où il vient de connaitre
la montée en première division avec son club de Ümraniyespor !


Mevlut, comment commences-tu le foot, comment rentre-t-il dans ta vie ?

Alors le foot déjà ce n’est pas un sport de famille. Mais je suis quelqu’un qui suivait le championnat turc tout petit et j’étais fan de foot, j’ai une très grande famille d’une dizaine de personne et j’étais le plus petit, J’ai appris à jouer au foot dans la rue, ensuite j’ai joué dans le club de ma ville à Saint-Claude dans le Jura. En Franche-Comté la grande équipe c’était Besançon et un jour on joue contre eux et je marque 4 buts. Ce jour-là il y avait des recruteurs de Sochaux qui étaient venus voir des joueurs de Besançon, mais après le match ils viennent me voir et me proposent de faire un essai à Sochaux.

J’ai dit oui bien sûr, pour moi c’était un rêve. Sochaux était à l’époque en Ligue 2 mais allait monter en Ligue 1, j’avais 13 ans. Ça commence comme ça, puis ensuite j’intègre le centre de formation de Sochaux après avoir fait plusieurs tests et essais. Je passe 5 années au centre de formation, c’est là que je deviens supporter du Paris-Saint-Germain parce qu’on est dans les années 2000, il y a Ronaldinho et ce sont quand même de belles années du PSG qui joue la Ligue des Champions. Il y a Anelka qui arrive. Et puis c’était un club qui me faisait rêver, le Parc de Princes ça me faisait rêver. Au centre de formation on avait tous un club de cœur, c’était soit l’OM, soit le Paris-Saint-Germain. Moi mon cœur il avait chaviré pour le Paris-Saint-Germain.

Face à Mamad’ avec les Lionceaux © Icon Sport

Et ça chambrait beaucoup entre jeunes du centre ?

Ah oui bien sûr, je me souviens de PSG-OM ou d’OM-PSG, où c’était une autre ambiance que les classiques d’aujourd’hui. On avait une salle où on mettait une grande TV en plein milieu. Les chaises à gauche c’était pour l’OM, les chaises à droite pour le PSG. On regardait comme ça les matchs et quand il y avait des buts on se lançait les chaises. Et ce sont ces années-là où je suis devenu fan du PSG.

Tu as des origines turques, tu suivais leur championnat, il y a bien un club dont tu suivais les résultats et dont tu étais fan ?

Alors oui, je me souviens quand j’étais petit de Galatasaray qui a gagné la coupe de l’UEFA (Ligue Europa aujourd’hui NDLR) en 2000. Petit j’étais supporter de Galatasaray mais après j’ai joué à Fenerbahçe. Et quand tu joues à Fenerbahçe, naturellement tu deviens supporter de ce club. C’est un club qui est immense en Turquie. Galatasaray c’est un très grand club, mais je me suis rendu-compte que Fenerbahçe c’était vraiment un énorme club aussi.

Quand tu as signé au « Fener », tu n’as pas trop dit que tu supportais Galatasaray je suppose ?

Non, mais comme je te disais quand tu joues pour Fenerbahçe tu deviens supporter de ce club. C’est naturel, au stade ce sont des clameurs exceptionnelles, c’est un club vraiment extraordinaire en Turquie. C’est le club qui m’a voulu aussi. Après quand je te dis que je suivais Galatasaray c’est quand j’avais 10 ou 12 ans.

Aujourd’hui tu dirais que tu es autant supporter de Paris que du « Fener » ?

Exactement. En Turquie je suis fan de Fenerbahçe. En France je suis complètement fan du Paris-Saint-Germain. Je suis tous les matchs, j’ai envoyé un message à Leonardo pour le féliciter quand Messi est arrivé, il m’a répondu « merci Mev’ », mais c’était incroyable ce transfert, c’était inimaginable ! On en a parlé, on a rigolé, c’est un club avec qui j’ai encore beaucoup de contacts aujourd’hui. C’est un club que j’aime trop. Trop. Si j’allais au Parc j’irais derrière les buts, dans le Virage, clairement.

Est-ce qu’il y a un joueur qui t’as marqué dans ton enfance ? A Sochaux ? Un joueur dont tu as été fan à Paris ?

Quand j’étais à Sochaux, j’étais amoureux de… Pauleta. C’était l’attaquant pas rapide, pas trop technique, pas trop grand, mais quelle classe ! Quel buteur ! Quel joueur ! Quelle prestance. Plus tôt quand j’étais plus petit, c’était Raí. Il m’a marqué, je me souviens du jour où il a pleuré devant la tribune Auteuil, j’ai pleuré aussi. Tu vois l’amour que j’ai pour PSG, c’est ça.

Soir de dernière au Parc © Christian Gavelle

Tu parlais de Pauleta est-ce que c’est quelqu’un dont tu as essayé de t’inspirer dans ton jeu ?

Bien sûr ! Pendant ma première saison au PSG je ne regardais que ses vidéos. Il est parti du club quand moi je suis arrivé. Je me disais que j’étais plus puissant mais que je n’avais pas la finition de Pauleta. Donc ce que je faisais, c’est que je regardais ses vidéos et je m’inspirais de lui, de ses matchs, de ses déplacements. Parce qu’il ne frappait pas fort, mais placé. Il marquait de la tête pourtant il n’était pas très grand, mais toujours bien placé, il se faisait oublier par la défense. C’est un attaquant qui couterait au moins 50 millions d’Euros aujourd’hui. Tu le mets en pointe dans une équipe comme le PSG, il te met 35 buts par saison même à 33, 34 ans. A l’époque il n’avait pas les mêmes joueurs autour, mais il mettait 15 buts par saison. C’est mon point de vue, parce qu’il sent le but, il est fait pour ça. Icardi par exemple c’est différent, bon il y a Neymar, Mbappé, il n’y aurait pas de place pour Pauleta en titulaire, mais tu le fais rentrer 5 minutes il met son but.

Tu l’as déjà rencontré ?

Bien sûr, j’ai joué contre lui, je l’ai rencontré. C’est un homme extraordinaire, c’est un modèle de buteurs. C’est un attaquant dont il faut regarder ses déplacements, que les plus jeunes aillent sur Youtube regarder ses buts, tout simplement.

Etais-tu déjà allé au Parc en tant que spectateur avant de venir à Paris ?

Avec Sochaux j’ai joué au Parc des Princes. J’ai souvent perdu. Mais… quand je suis rentré dans le stade, que j’ai vu les tribunes, l’ambiance, Auteuil, Boulogne… Je me suis dit : « Moi c’est ici que je dois jouer. » Et j’ai travaillé pour ça.

Cela a été un vrai moteur de jouer au Parc ?

J’ai eu beaucoup de sollicitations après de belles saisons à Sochaux. A l’époque le PSG ce n’était pas le club d’aujourd’hui, j’avais des clubs beaucoup plus huppés que le PSG. Mais j’étais amoureux de Paris donc…

Le Parc avec l’ambiance des supporters de l’époque a joué un vrai rôle dans ton choix ?

C’est clair, le stade aussi, il est différent, il fait du bruit ! Je ne sais pas comment dire, la façon dont il est fait, il est unique quoi. C’est un chef-d’œuvre le Parc de Princes.

L’Aigle du Bosphore © Icon Sport

Quand on t’écoute, on se dit « Mevlut, il aurait pu être ultra s’il avait grandi en Ile -de-France ? »

Exactement, si je n’avais pas été footballeur j’aurais été ultra, présent à tous les matchs. Mais je n’aurai pas sifflé Messi par rapport à son passé, à ce qu’il a fait. Ce qu’il a fait il n’y en a qu’un ou deux qui l’ont fait dans le monde du football. On parle d’un phénomène extraordinaire.

Si tu te retrouvais en face d’une personne qui le siffle, tu lui dirais quoi pour le convaincre que c’est une bêtise ?

Le match où il est conspué je l’ai regardé à la maison, je ne te cache pas que j’ai eu les larmes aux yeux. J’ai appelé mon agent et je lui ai dit « Mais comment on peut siffler Messi ? » J’avais de la pitié, j’avais de la peine, j’étais dégouté. Il ne le montre pas, mais au fond de lui, se faire siffler, ça a du lui faire mal car il a quitté Barcelone où il a tout fait. Arriver au PSG, bien sûr c’est aussi pour avoir un bon contrat, mais siffler Messi pour moi, comme a dit Ronaldinho, « après ça tu ne peux plus applaudir personne d’autre. »

Kylian Mbappé ?

Kylian Mbappé c’est extraordinaire, je suis complètement fan. C’est incroyable ce qu’il fait. J’espère qu’il va rester à Paris, qu’il va nous faire rêver. Aujourd’hui au top niveau t’as Benzema et Mbappé.

Mais ce serait bien qu’ils ne jouent pas ensemble la saison prochaine…

Mais en Equipe de France oui, ils sont français ! C’est une chance pour l’Equipe de France !

Aux côtés de Mat Bodmer © Icon Sport

Revenons un peu sur ta carrière à Paris, le jour où tu apprends que le PSG s’intéresse à toi, tu te dis, j’y vais, y a même pas à discuter ?

C’est simple, il restait un mois et demi de compétition et le PSG m’a contacté, entre-temps j’ai eu plein d’autres contacts, il y avait Fenerbahçe en Turquie, en France il y avait Lyon et Marseille. C’était le grand Lyon, époque Juninho. Je n’ai pas hésité une seule seconde, je n’ai même pas parlé contrat, j’ai dit « j’accepte le PSG ». Le contrat on verra après.

Qui t’as contacté au PSG ?

Alain Roche.

Cela s’est tout de suite bien passé ?

Tout de suite, j’ai eu Antoine Kombouaré au téléphone, car il savait un mois avant qu’il allait signer au PSG. Il m’a dit qu’il me voulait. Je lui ai dit que je n’avais qu’une parole, que je voulais jouer à Paris, que j’avais d’autres contacts mais même si on me donnait le triple mon choix c’était le PSG.

Premier match au Parc c’est contre le Mans, tu marques un super but d’attaquant, il se passe quoi dans ta tête à ce moment-là ? Joie, mais est-ce que cela ne t’a pas aussi mis un peu la pression pour la suite ?

Pas du tout, d’ailleurs je fais une super saison. Mais ce but là ça m’a … Comment vous dire… Pour moi c’est le plus beau but de ma carrière. Pourquoi je dis ça ? Parce que quand j’ai marqué Je me souviens au stade il devait y avoir environ 30000 supporters (30558 officiellement NDLR), le stade n’était pas plein. Quand je marque je n’entends plus un bruit, j’étais ailleurs, je n’ai pas entendu les supporters, je n’ai rien entendu, j’étais dans un autre monde, je me suis envolé en fait.

Face au Virage © Icon Sport

Et après quand tu marquais au Parc tu arrivais quand même un peu plus à en profiter ?

Oui oui oui, en fait durant mon enfance quand je voyais les joueurs comme Ronaldinho aller derrière les buts, j’aimais trop ça ! Aller derrière les buts, devant les supporters et célébrer les buts avec eux, parce que j’avais tellement vu ça à la TV, j’aimais tellement ce club, ça me faisait trop rêver ça. J’aimais trop faire ça.

Avec ton fameux tee-shirt (ou il était inscrit PARIS EST MAGIQUE, NDLR), est ce que tu l’avais à chaque fois sous ton maillot ?

Mevlut est magique © Icon Sport

Non, je l’ai dévoilé une fois ce tee-shirt, c’était contre Marseille. Ce match-là je me suis dit j’allais marquer et je l’ai fait, parce que c’était un classico et je me souviendrais toujours, j’ai demandé à l’intendant ce tee-shirt. Je l’ai mis deux fois. Ce match-là et la finale de la coupe de France qu’on a gagné contre Monaco. Je n’ai pas marqué mais on a gagné la coupe de France. Je l’avais mis, je l’ai montré et je le garde toujours ! C’est magnifique pour moi.

Ce clasico dont tu parles où l’on gagne 2-1, pareil ça doit être une explosion de joie particulière de marquer contre l’OM ?

Bien sûr, et après toute la semaine t’es un peu la star de Paris ! Je n’oublierai pas, après le match Antoine Kombouaré vient me voir et il me dit « Alors quel effet ça fait de marquer contre l’OM ? » Je lui ai dit, « coach c’est magnifique, c’est gravé dans ma mémoire, je n’oublierai jamais. »

Revivez la victoire parisienne contre l'OM et le but de Mevlut en CLIQUANT ICI

Quand tu croises des supporters, ils te parlent encore de tout ça ?

Oui bien sûr. En fait même si j’ai passé une troisième année où je n’ai pas joué et que cela s’est mal passé j’ai toujours été apprécié par les supporters. J’ai toujours mouillé le maillot, j’avais de l’amour pour ce maillot, pour lequel j’ai tout donné. Après les qataris sont arrivés, tout a changé, mais moi j’ai toujours tout donné pour ce club.

Comme tu le disais tu aurais pu aller dans des clubs plus huppés, à l’image de Jérôme Rothen quand il était à Monaco et qu’il aurait pu aller à Chelsea mais il a choisi Paris parce que c’était son club. Est-ce que ce genre de choix existe encore dans le football moderne ?

C’est vrai, c’est un peu différent aujourd’hui quand même, c’est le financier qui parle. Kylian Mbappé par exemple c’est différent parce qu’il a envie de gagner la Ligue des Champions avec le PSG. Après il faut le convaincre de rester. On a déjà fait beaucoup pour le convaincre avec Messi, Neymar, Donnarumma, mais il n’est toujours pas convaincu. C’est à Messi de le convaincre, à Neymar de le convaincre, c’est de l’égo. Il faut plus de caractère dans cette équipe je trouve.

On y reviendra, je voulais savoir s’il y avait un match plus qu’un autre qui t’aurait marqué dans ta carrière au Paris-Saint-Germain ?

Quand je mets un triplé contre mon club formateur. On gagne 4 à 1, j’étais à la fois heureux et triste pour Sochaux. C’est le club qui me forme, c’est le club qui me fait signer au PSG et c’est contre eux que je mets mon triplé. J’étais en même temps déçu et heureux pour moi. C’est un match qui m’a marqué.

On voulait te reparler de la coupe de France 2010 gagnée face à Monaco, c’est un moment très fort dans ta carrière je suppose, on a le souvenir de toi sur le but victorieux d’Hoarau, où tu fais un 100 mètres pour rejoindre Hoarau, est-ce que ce moment ce n’était pas comme celui dont tu parlais tout à l’heure après un but, ce moment de lévitation, tu t’en souviens ?

En fait, quand je signe au PSG, la première saison on est mal classé, mais je finis meilleur buteur du club et on gagne la coupe de France, donc en fait ce n’est pas une saison complètement ratée. On parle du PSG de l’époque. Guillaume Hoarau c’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup, de par son jeu, sa générosité, son humour, et quand il marque, honnêtement c’est comme si c’était moi qui avait marqué. On a gagné la coupe de France !

Avec la Coupe, Jaja et ses cheveux © Icon Sport

Oui et face à un gros Monaco mené par un certain Nenê.

Bien sûr. Et je vais te dire un truc, le PSG va gagner la Ligue des Champions, le PSG c’est un club, déjà quand il n’était pas le grand PSG, il gagnait la coupe de France, la Coupe de la Ligue, tu vois ce que je veux dire. Le PSG c’est un club de coupes, alors aujourd’hui il gagne le championnat, mais le PSG c’est un club de coupes. Cette Ligue des champions on va la gagner !

Toi t’en es persuadé ?

Mais c’est sûr, c’est certain ! Vous croyez que les Qataris ils vont lâcher le PSG avant d’avoir gagné la Ligue des Champions ? Ce n’est pas possible. C’est impossible. C’est la vérité. Quand Benzema dit « l’équipe que je craignais le plus c’était le PSG », toutes les équipes craignaient le PSG. Le Real nous a battu, mais si le PSG passe face au Real, toutes les équipes auraient dit « on craint le PSG ».

Oui mais on est un club imprévisible…

Imaginez si on était passé face au Real, imaginez la motivation des Messi, Neymar, Mbappé, cela aurait été un autre PSG.

Mais justement tu ne trouves pas que c’est du gâchis cette élimination ? Comment tu l’as vécu ?

Dégouté…Parce qu’on mène au score, on a tout pour se qualifier et ensuite… En fait, je trouve qu’on manque de leader. Un leader ça peut être un gardien comme Navas, un joueur comme Tiago Silva ou Ibrahimovic. Avec des joueurs comme ça tu ne perds pas contre le Real.

Mais ils sont tous partis… ou ils n’ont pas joué…

Oui mais tu vois Neymar, c’est un joueur extraordinaire, mais il n’y a personne pour lui parler, pour lui dire les choses. Ce qu’il fait c’est extraordinaire, il passe 7 fois sur 10 mais avec un Ibrahimovic il serait beaucoup plus régulier.

A ton époque c’étaient qui vraiment les leaders dans l’équipe ?

Claude Makélélé ! Il y avait aussi Grégory Coupet et même Mamad, tu sais même à son âge Mamadou Sakho c’était un leader.

Est-ce que Mbappé peut devenir ce leader d’après toi ?

Il peut le devenir, mais j’ai peur des réactions de Neymar et Messi, J’ai peur de ça. Parce qu’il sent, il sait comme vous et moi que ça manque de leader, il veut être ce leader. Au dernier match il ne voulait pas sortir parce qu’il veut être ce leader. Mais en même temps il est jeune et il ne veut pas vexer Neymar et Messi, il les respecte. Mais il veut leur montrer « je suis le leader ». Pour moi MBappé sera un plus grand joueur que Ronaldo et Messi.

Un Tango à Paris © Icon Sport

Que retiens-tu du duo que tu formais avec Guillaume Hoarau, comment ça marchait entre vous ?

On était complémentaire, on jouait en 4-4-2 avec lui et moi devant. Ça se passait bien, il était généreux et c’était un super mec. On s’appréciait sur le terrain et en dehors. C’était un beau PSG, une belle époque. On avait Sessegnon à droite, Giuly, Makélélé et Jéremy Clément au milieu, on avait une ambiance extraordinaire. Clément Chantôme qui est un super mec ! 

Après les Qataris arrivent, je me souviens d’un de tes derniers matchs à Toulouse où tu marques un super but sur une passe de Pastore. Tu avais déjà décidé de partir à ce moment-là ? (NDLR Mevlut rentre à la 88ème, marque à la 90ème et fait une passe décisive à Menez à la 93ème, Victoire du PSG 1-3)

Ça c’est un truc de malade parce que je suis allé voir le coach (NDLR Antoine Kombouaré) et je lui dis que je ne faisais pas le déplacement parce que je partais le lundi suivant. Ensuite Leonardo m’appelle, il me dit « qu’est-ce que tu fais ? Tu viens. Tu es dans le groupe et tu ne vas nulle part. Je veux tout le monde dans le groupe ». Le groupe avait déjà pris le bus pour aller au Bourget. Leonardo me dit « tu viens tout de suite au Bourget ! ». Moi j’habitais à Boulogne, je lui dis « mais comment je fais ? » Il me dit « tu te débrouilles je ne veux rien savoir ! » J’ai pris ma Porsche, je me suis fait flasher 3 fois sur la route et je suis arrivé au Bourget en même temps que le bus des joueurs ! Je me suis garé sur une place n’importe comment juste devant le Bourget. Et ce match là je fais une passe décisive à Jérémy Menez, je marque et on gagne le match. Et à la fin du match Leonardo me dit « Tu ne vas nulle part ! ». Le lendemain retour au Bourget tout le monde rentre en bus sauf moi qui reprend ma voiture. C’est un truc de malade ce qui m’est arrivé.

Doucement, ça coûte cher et c’est fragile © Icon Sport

Cela ne t’a pas donné envie de rester ?

Mais je suis resté. En fait Kombouaré m’avait dit, « moi je ne compte plus sur toi », c’était un peu de dur de la part d’Antoine de me dire ça, parce que Leo c’est quelqu’un qui a l’habitude des très grands clubs, et ce n’est pas le mec qui va te dire « je ne compte plus sur toi ». Un  entraineur ne te dit pas ça. Il te dit, écoute viens et puis on verra. Quand il m’a dit ça cela m’a vexé. Je lui ai dit, « coach à ce moment-là ne me prenez pas c’est mieux. » Ça s’est passé comme ça. Et le coach après m’a dit « OK je ne te prends pas », moi je suis parti et sur la route c’est Leo qui m’a appelé, j’étais déjà chez moi.

Et ensuite tu finiras par partir, qu’est ce qui s’est passé ?

Après je ne rentrais plus dans le groupe, Rennes avait un beau projet aussi, je suis resté quasiment 3 ans au PSG. J’ai quitté le PSG à contre-cœur. Mais quand tu vois Ibrahimovic qui arrive à ton poste, c’est naturel je n’avais pas son niveau.

Oui, ça fait relativiser.

Moi au PSG j’ai donné tout ce que je pouvais. A Sochaux j’ai donné tout ce que je pouvais. J’étais un joueur qui ne pouvait pas marquer 35 buts par saison, je suis un joueur qui pouvait marquer 15 buts, une douzaine. Pour être champion et gagner la Ligue des Champions, t’as besoin d’un joueur qui marque 35 buts par saison comme Ibrahimovitch.

Rester comme doublure ce n’était pas intéressant ? Tu avais envie de jouer ?

Tu ne joues pas c’est difficile. Doublure ce n’est pas moi, tu ne rentres mêmes pas dans le groupe.

Question subsidiaire, est-il vrai que Christophe Jallet a eu des cheveux ?

Mais oui c’est vrai (rire), mais c’était de la paille. Je lui disais tout le temps. Des fois je prenais le briquet, et je lui disais « Allez Christophe, laisse-moi bruler tes cheveux, tout va prendre d’un coup », il me disait « arrête Mev’, arrête ». Je vous jure que si je brulais un peu ça prenait tout d’un coup tellement c’était de la paille. Non mais Christophe ça lui va tellement mieux d’être chauve.

C’est clair, t’es resté en contact avec lui et d’autres joueurs ?

Un petit peu, plusieurs quand j’étais invité sur les plateaux ou par visio, on rigolait bien. On a un peu perdu contact, mais je suis en contact avec Matthieu (Bodmer NDLR) souvent, avec Clément Chantôme, Ludo (Giuly NDLR) je suis souvent en contact, y en a pas mal.

Le temps de l’amour © Icon Sport

Il y a un esprit qui est resté après ces années où tu étais à Paris ?

Bien sûr, il y a eu un avant Qatari et un après, moi je peux vous raconter les 2 et même le pendant. Les joueurs qui sont là aujourd’hui ne peuvent pas vous parler de l’avant. Il n’y en a aucun.

Tu joues toujours actuellement au Ümraniyespor en ligue 2 turque ? Le club monte cette saison en Première division ?

Oui ! C’est fait, on monte en première division depuis ce week-end, par contre je vous fais une petite annonce, je pense arrêter ma carrière de joueur à la fin de la saison.

Ça y est la décision est prise ? Finir sur une montée ce serait beau !

Oui c’est magnifique. Ma décision n’est pas prise à 100%, à moins d’une surprise. Rien n’est encore complètement décidé. Mais j’ai 35 ans, je vais sur 36 je pense que c’est l’occasion.

Pas trop dur ?

C’est toujours dur d’arrêter le foot, moi j’ai fait ça toute ma vie. Depuis 30 ans… Mais il y a d’autres horizons qui s’ouvrent à moi, donc je vais les utiliser.

Dans le football ?

Oui j’ai des projets dans le football.

Entraîneur ?

J’ai plusieurs projets, soit être adjoint, soit être Directeur Sportif dans un club en Turquie. Comme en Turquie j’ai une certaine côte, je vais voir ce qui est le mieux pour moi. Mais je veux rester dans le football. Après mon rêve ultime ce serait bien sûr de travailler un jour au PSG. En tant que quoi ? Je ne sais pas ? Entraîneur des jeunes, ce serait extraordinaire pour moi.

Tu vas passer les diplômes ?

Oui si je compte devenir entraineur, je vais passer les diplômes.

On ne le sait pas assez mais il y a beaucoup d’anciens qui travaillent pour le club.

Ben écoute, j’espère qu’ils feront appel à moi, j’en profite pour passer un petit message (rires).

Superbad © Icon Sport

T’as encore des contacts au club ?

J’ai le numéro de Leonardo, mais je ne vais pas l’embêter non plus. Il a d’autres problèmes en ce moment.

En tout cas tu pourrais apporter toute ton expérience, et tu as en plus connu le club avant les qataris, mais aussi après.

Oui après le parcours que j’ai eu je pense que je pourrai apporter mon expérience aux jeunes.

Tu te vois rester en Turquie ou rentrer en France ?

Le PSG c’est le rêve ultime, pourquoi pas aller au PSG puis ensuite revenir en Turquie.

Tu te sens bien en Turquie ?

Je me sens super bien, Istanbul c’est magnifique.

Quelle image a le PSG en Turquie ?

Aujourd’hui le PSG a la même image que le Real Madrid, Manchester City, Chelsea… De toute façon quand t’as Mbappé, Messi, Neymar dans la même équipe… Tous les matchs du PSG sont diffusés en Turquie.

C’est le cas depuis l’arrivée de Messi ou déjà avant ?

Déjà avant ! Même quand moi je jouais ! La Turquie est un pays de football et quand un joueur turc joue au PSG, même le PSG d’avant, c’est super suivi. Tout le monde dans la rue aujourd’hui me pose des questions sur le PSG. « T’as joué au PSG, comment c’était » ! Même 10 ans après, tout le monde sait que j’ai joué au PSG.


J.J. Buteau
Xavier Chevalier

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