Happy 50 Virage PSG

Oh! Happy Fifty !

par

Un demi, s’il vous plait. Siècle, évidemment. Du Rouge. Du Bleu.
Du blanc, également, pour remercier l’ascendant saint-germanois. « Putain, 50 ans ! » aurait pu dire la marionnette de Jacques aux Guignols, entre deux blagues de Michel. « Désolé«  pour la Ligue des Champions, lui aurait-il répondu. Beaucoup de choses ont été dites, sur les cinquante ans, et sur la finale perdue. Certainement toutes. Sans prétention, mais par amour et dévotion, je rédige aussi mon petit mot sur la carte de célébration. J’en profite pour brosser quelques lignes directrices à ne pas perdre de vue, tout en faisant part de mes plus vifs espoirs.
Bon Anniversaire mon Paris Saint-Germain Football Club !


L‘ami Michel Kollar, historien émérite du club, vient de ressortir de ses cartons l’acte de naissance au Journal Officiel de la République Française. Voici ce qui y est inscrit : « 12 août 1970. Déclaration à la préfecture de police. L’association Paris Football-Club (P.F.C.) change son titre, qui devient Paris Saint-Germain Football-Club. » Alléluia, il est né le Divin Enfant. Les débuts administratifs et sportifs furent laborieux, mais finalement accouchèrent d’un club prodigue, tant attendu à Paris, qui dès l’été 1974 pris son envol pour ne plus jamais regarder en arrière. Sa longévité en Division 1 puis en Ligue 1 est un record national, faisant bien la nique à tous les mécréants qui prétendent qu’il n’existait pas avant l’actuel actionnaire Qatari. D’autres, ou les mêmes d’ailleurs, des rageux de bas étage, remettent en doute sa date de création, arguant que 1904, l’année de naissance du Stade Saint-Germanois, se rapprocherait plus de la vérité. Inutile de rentrer dans ce débat stérile, personne ne calcule son âge en remontant tout en haut de son arbre généalogique. Ceux-là voudraient nous vieillir de 67 ans, afin de dénigrer l’incroyable palmarès que je m’en vais bientôt vous rappeler.

Cinquantenaire. S’il était un homme, on dirait probablement de lui que ses cheveux blancs grisonnant le rendent séduisant, tel Alain Roche [52 ans], Luis Fernandez [60 ans], ou plus anciennement Carlos Bianchi [71 ans]. Indéniablement, il aurait  la classe naturel d’un Marco Simone [51 ans], également son panache, accentué par son esprit sauvage et mystérieux. Fringuant dès sa jeunesse, il n’aurait rien perdu de son élégance, comme peut l’être le magnifique David Ginola [53 ans] toujours aussi séducteur qu’à ses 25 piges, âge auquel il a signé au PSG. On pourrait aussi dire qu’en un demi-siècle, il est presque devenu mâture et accompli, comme notre légendaire capitaine Raï [55 ans], mais qu’il n’a pas encore totalement atteint la pleine sagesse, ses penchants fougueux et rebelles n’ont pas encore disparu, tel notre Léonardo favori, qui vient juste de souffler ses 51 bougies. Comme certains de ceux qui ont porté son maillot, il a donc eu 50 ans en cette année hors du commun, et si je ne me suis pas trompé – Michel Kollar, tu me châtieras -, ils sont quatre à se partager le gâteau : nous citons David Rinçon, que j’avoue ne pas connaître, le camerounais Patrick Mboma, ainsi que Patrice Loko et Franck Gava, quatre attaquants qui ont plus ou moins marqué les esprits du Parc des Princes, lequel en 1970, était en pleine reconstruction.

Vous l’aurez compris, j’apprécie le phénomène de synchronicité, j’ai donc fouiné à la recherche d’autres trésors, guidé par mon instinct, lequel ne manque pas d’intuition. Heureux je fus de dénicher ces deux anecdotes qui ne pouvaient pas mieux tomber : Francis Borelli, notre valeureux et regretté Président, remporta le 15 mai 1982 le premier titre du club, une Coupe de France contre l’AS Saint-Etienne. Monsieur Borelli venait tout juste d’avoir cinquante ans, le 8 avril 1982. Son illustre successeur, Michel Denisot, fêta lui son cinquantenaire entre les deux matchs de demi-finale de Ligue des Champions contre le Milan AC, trois jours avant le match retour le 19 avril 1995. Notre première et unique accession en demi-finale, avant cette année 2020.

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Milan et ses désillusions © Panoramic

12 aout 1970 – 12 août 2020. Vous avouerez que le clin d’œil historique est d’une précision troublante, presque diabolique. 25 ans après une première demi-finale de Ligue des Champions, perdue donc en avril 1995 face à l’ogre milanais, il a fallu attendre le jour anniversaire du club pour réitérer un quart de finale victorieux, contre une équipe novice mais talentueuse, laquelle a joué sa saison européenne au stade San Siro, l’antre du … Milan AC. Notre cadeau ne pouvant être une honteuse disqualification, la porte dorée de la demi-finale s’est rouverte à nous, un quart de siècle plus tard. Espérons que notre prochaine attente pour atteindre de nouveau ce cap sera plus courte. Le défi bergamasque fut une offrande parfaite, un condensé manifeste, et positif, de notre courte mais mouvementée existence. Le second but, libérateur, n’aurait pu être plus beau, plus parisien, plus PSG. Les meilleurs scénaristes l’auraient écrit, ils n’auraient pu mieux l’imaginer : une récupération de ballon par un fier Titi banlieusard, une remontée rapide d’un fougueux argentin tatoué, une récupération bancale mais finalement maitrisée d’un défenseur allemand fébrile, une sublime ouverture millimétrée d’un génie brésilien, une fulgurante course en profondeur puis un centre altruiste d’un précoce héros national, pour une finition assurée par un robuste et inimitable buteur décrié. Le timing était chirurgical, une 93ème minute qui depuis 50 ans nous aura tant fait vibrer, crier, sauter, chanter, ou pleurer. La statue aurait pu être pour le vaillant Cavani, c’est Eric-Maxime qui rentre dans le grand livre de l’Histoire. Sans oublier, deux minutes plus tôt, l’égalisation pleine de caractère d’un futur capitaine courage brésilien, dont l’abnégation et la fidélité n’est déjà plus à prouver.

Un seul regret, ne pas avoir été dans les travées de ce stade de la Luz, comme je le fus en 2004 pour un match de l’Euro portugais entre français et anglais, lequel s’était soldé par un scénario identique. La comparaison me fait encore frissonner. Une ouverture du score des grands-bretons en première période, une défaite inévitable, jusqu’à la 91ème minute et un coup franc du maître Zinédine, lequel doubla la mise sur un tir au but à la … 93ème minute. Ô Grand Créateur du jeu football, que tu es bien sadique avec tes sujets. Vous prendrez bien une demi, finale celle-ci, mais juste passagère, expédiée rapidement contre des novices allemands à qui on a très vite coupé les ailes. Pas de mauvaise surprise. Pas de scénario fracassant, ni de métatarse fracassé. Un 3-0 efficace, et direction l’inconnue, la nouvelle page d’une fresque romanesque déjà bien garnie : la Finale de la Ligue des Champions.

Une première. Entre joie, d’un pallier enfin franchi, et déception, de ne pas avoir concrétiser ce qui il y a encore peu nous paraissait inatteignable. L’espoir, surtout, d’y revenir un jour pour décrocher le Graal. Qui aurait dit, le 29 février dernier, lorsque j’ai quitté les travées du Parc pour une rencontre contre Dijon agréable mais banale où nous avions géré une bonne mayonnaise 4 – 0, que je n’y reviendrai que six mois plus tard, afin de suivre sur un écran géant la première finale de Ligue des Champions du Paris Saint-Germain ! Cette page-là est comme nos précédentes : on aurait voulu l’écrire qu’on n’aurait pas pu l’inventer. Se qualifier et jouer une première finale de Ligue des Champions était finalement une chose trop fade pour le Paris SG. Il fallait qu’elle soit unique. Elle fut sous le sceau du Covid-19, et du huis clos. Autre détail qui me ravit : un tweet de Michel, notre historien toujours aussi efficace, nous apprend que ce jour de première Finale de Ligue des Champions est 50 ans jour pour jour après le premier match officiel du club, le 23 août 1970 en championnat contre Poitiers. Quand je vous dis que cela ne s’invente pas.

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FC Covid 19 © Panoramic

Cet aparté lisboète terminé, revenons-en à nos cinquante ans. L’excellent trublion Julien Cazarre, éminent supporter rouge et bleu, est brillamment revenu pour Virage sur ses cinq matchs favoris, un par décennie, rentrés dans la légende et la postérité  [Podcast dispo sur Virage]. Je pourrai poser ma propre liste, la commenter, la revivre, mais je propose d’élargir la perspective et d’admirer le panorama, celui du parcours incomparable de ce club encore jeune, mais déjà riche d’une belle Histoire. Un palmarès exceptionnel, unique en France, constellé de trophées, truffé de records, agrémenté de séries européennes épiques, parfois admirables, magnifié par cette saison 2019-2020.

Pour se rendre compte du prestige des chiffres annoncés ci-bas, il est important de les mettre en perspective. Si le Paris Saint-Germain fête ses 50 ans, ce qui pour un club de football est presque considéré comme jeunot, ce n’est pas le cas de ses concurrents nationaux, lesquels ont tous connus les prémices du siècle dernier. Jugez par vous même : 71 ans séparent le PSG et l’om, fondé en 1899 … de même, et par ordre d’ancienneté, on peut citer Rennes (1901), Nice (1904), Bordeaux (1910), Monaco (1924), Reims (1931), Saint-Etienne (1933), Nantes (1943), Lille (1944), Lyon (1950), pour ne prendre que les principaux. Et pourtant, malgré ces années de différence, c’est bien le club de la capitale qui trône sur la première marche de toutes les compétitions nationales. Ou presque, ça se joue à une valise enterrée au fond d’un jardin valenciennois.

Le Paris SG est indéniablement le plus grand club sur la scène française. Il ne s’agit pas d’arrogance ou de mauvaise fois provocatrice, mais d’une analyse factuelle et objective. En championnat, il est donc le club présent depuis le plus longtemps, mais il est loin d’être celui ayant participé le plus à cette épreuve. Le top 3 est composé de l’om, 70 participations [notons que le championnat est devenu professionnel en 1932, année de référence pour le comptage], puis de Bordeaux et Saint-Etienne, 67 chacun, d’autres suivent à plus de 60, comme Sochaux, Rennes, Lyon, Monaco, Nice, Metz, Lille… En comparaison, Paris vient de terminer, prématurément, sa 46ème campagne d’affilée. Il en a remporté 9, autant que son rival olympien du sud, et à une longueur des verts foréziens, qui ont remporté quasiment tous leurs championnats dans les années 60 et 70, à une époque où Paris n’existait pas, ou à peine.

Attendez, on me dit dans l’oreillette que le titre de 1993 n’a pas été décerné, l’affaire de la valise enterrée. L’équipe classée première, coupable de corruption, a logiquement été disqualifiée. En revanche, incompréhensiblement, le titre n’aurait pas été attribuée cette saison-là, le second au classement final n’a pas récupéré la première place qui lui revenait de droit, et la consécration qui allait avec. De sombres rumeurs argumentent comme quoi le diffuseur du championnat, également le propriétaire du Paris SG à l’époque, et la Ligue de football professionnel française n’auraient pas voulu se mettre la France à dos, et surtout le peuple olympien, en adjugeant le titre aux parisiens. Une décision ni sportive, ni éthique, ni équitable, ni appliquée habituellement dans de tels cas, dictée uniquement par des considérations mercantiles, qui prive donc le Paris Saint-Germain d’un dixième sacre de Champion de France, soit le record tenu, du moins encore pour quelques mois, par l’AS Saint-Etienne. La première marche est donc à notre portée, si elle ne l’est pas déjà dans l’esprit. Il n’est pas trop tard, d’ailleurs, pour que la Ligue remplisse la case 1993 par un champion de France qui le mérite totalement. Il n’existe pas, pour être champion, de délai de prescription.

Outre la non-attribution de ce titre de 1993, précisons que le Paris Saint-Germain a été doublement pénalisé, puisqu’il n’a pas non plus participé à la Ligue des Champions suivante. Les autorités du football français ont désigné pour jouer la compétition le troisième du championnat, l’AS Monaco, toujours pour les mêmes raisons ubuesques. Ajoutons que par la suite, en avril 1994, les monégasques furent éliminés en demi-finale par le Milan AC, un an donc avant que le Paris SG ne subisse le même sort, par le même adversaire. Personne ne sait ce qu’il serait advenu si Paris avait joué cette épreuve 1994. Aurai-t-il fait mieux que Monaco ? Aurait-il également été le Champion de France 1995 ? Si oui, aurait-il aborder la demi-finale 1995 avec plus d’expérience, et donc plus de chance d’atteindre la finale ? De grandes questions qui resteront à jamais sans réponse, mais une décision de la Ligue qui a certainement eu d’importantes conséquences dans le destin de notre club.

Pour les Coupes nationales, point besoin de quémander notre dû, les comptes sont à jour, et les records nous appartiennent déjà. Treize coupes de France à notre actif, pour dix-huit finales disputées, loin devant les marseillais [10 pour 19 finales], et à des années lumières de Saint-Etienne et Lille [six coupes chacun]. Pour la petite sœur, la défunte Coupe de la Ligue, n’en jetez plus, la jarre est pleine de champagne rouge et bleu. Sur vingt-six éditions, neuf sont revenues aux parisiens pour dix finales jouées, la seule défaite étant sur le papier la finale la plus abordable, contre le FC Gueugnon. La capitale est solidaire avec les forgerons. Je ne ferai pas l’offense de citer le palmarès des autres clubs, la comparaison serait prise pour de la condescendance, et le parisien n’est ni hautain, ni méprisant. Ça se saurait.

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Ducrocq prend la forge © Panoramic

Anecdotique mais bien réel, le Trophée des Champions est aussi une spécialité parisienne. Certes, les titres de Champions et les Coupe de France victorieuses nous ont permis de disputer le plus de finales de ce trophée plus honorifique qu’important, mais une finale, faut-il encore la gagner. Sur treize disputées, nous en avons remportées neuf, soit une de plus que l’Olympique Lyonnais, qui a également joué une finale de moins. Les autres clubs ? Et bien, les autres … rien à signaler.

Il est temps de franchir les frontières, et s’étendre sur la scène européenne. Tout d’abord, une précision gratifiante, le Paris Saint-Germain est le seul représentant français à avoir occupé la première place du classement UEFA, lequel existe pourtant depuis 1960. Cela vint honorer en 1998 l’incroyable parcours européen de cinq demi-finales consécutives, dont les deux dernières aboutirent à deux finales, et une Coupe d’Europe de Vainqueur de Coupe dans la musette, que certains qualifient de sous-coupe. Une soucoupe que nous n’avons en tout cas pas volé, et c’est bien là le principal. Cette série de cinq demi-finales d’affilées est une performance qu’aucun autre club français n’a réussie. Je ne dispose pas de la statistique, mais je peux avancer sans crainte d’erreur que peu de clubs européens en furent également l’auteur. Notons que cet exploit fut réalisé bien avant que le club n’appartienne aux Qataris.

La confrontation avec les autres clubs français est une fois encore avantageuse. A l’aube de cette nouvelle saison 2020-2021, le Paris SG a joué un total de 225 matchs de Coupe d’Europe, dont 115 de Ligue des Champions. L’OL en a joué au total 262, pour 148 de C1, étant ainsi le plus européen des français. Mais si on retire les 36 matchs des lyonnais joués avant 1976, cela fait donc 225 matchs également disputés sur la même période. On se raccroche à ce qu’on peut, ou ce qu’on veut, mais le prorata de l’âge du club semble un paramètre tout à fait pertinent. Il ne s’agit là que de matchs joués, le critère peut donc paraitre peu judicieux, mais les compétitions européennes sont le summum du football, le caviar des supporters, il est donc important pour un club de s’y épanouir, et d’y perdurer. Atteindre les finales et les remporter est tout aussi essentiel me direz-vous, si ce n’est encore plus, mais pérenniser ses performances au fil des années et les répéter régulièrement est également gage de réussite, et de bonne santé, notamment financière.

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L’apprentissage par la défaite © Panoramic

Jouer des finales fait la grandeur d’un club, et crée des souvenirs inoubliables pour ses supporters, ce qui est l’essence même du football professionnel. Bien sûr, une finale, ça ne se joue pas, ça se gagne. Mais est-ce aussi simple ? Le Paris Saint-Germain est le cinquième club français à atteindre la finale de la Ligue des Champions, après Reims, Saint-Etienne, Marseille et Monaco. Bordeaux et Bastia ont eux joué une finale de Coupe UEFA. On comptabilise, seulement, un total de 15 finales françaises, dont 5 pour l’om et 3 pour le PSG, et uniquement deux victoires. Pour cette fameuse C1, Paris ne l’a pas remporté au Stade de la Luz, mais il n’a pas eu à rougir. Il n’est pas si facile de gagner cette compétition, et encore moins pour sa première participation en finale. Pour la seule victoire française, il y à des lustres, l’om a du patienter après sa défaite contre Belgrade et attendre une seconde finale, deux ans plus tard. Tous les espoirs parisiens sont donc permis.

Regardons plus largement les clubs vainqueurs de cette fameuse Ligue des Champions, afin de nous rendre compte de la complexité de l’exercice. En 65 éditions, seulement 22 clubs différents ont remporté le trophée, le Real Madrid en comptabilisant 13 à lui tout seul [sur 16 finales jouées], suivi par le Milan AC [7 victoires sur 10 finales], Liverpool et le Bayern [6 victoires chacun, sur respectivement 9 et 10 finales joués]. Certains clubs mythiques, comme la Juventus de Turin ou le Benfica de Lisbonne, n’ont remporté cette compétition qu’à deux reprises [pour respectivement 9 et 7 finales]. Outre le Paris SG, dix-huit autres clubs ont joué au moins une finale sans jamais remporté ce trophée [l’Atletico Madrid en étant à 3 défaites pour 3 finales]. Donnée statistiquement bien plus marquante, depuis le Borussia Dortmund en 1997, et avant lui l’Etoile Rouge de Belgrade en 1991, aucun club ne jouant pour la première fois la finale ne l’a remporté. Une victoire parisienne à Lisbonne, en plus d’être historique pour le club de la capitale, aurait été un authentique exploit.

Les championnats d’origine des vainqueurs sont également un point déterminant. Dans le très restreint  top 12 des champions d’Europe, correspondant à tous les clubs ayant gagné plus d’une fois la Ligue des Champions, seuls l’Ajax Amsterdam, le Benfica de Lisbonne et le FC Porto ne font pas partie des quatre grands championnats. Hormis Porto en 2004, les autres victoires de ces trois clubs remontent à fort fort longtemps, plusieurs décennies, pour la plupart le Paris SG n’existait pas, ou à peine. N’en déplaise aux vainqueurs ciel et blanc d’un autre temps, la difficulté de la compétition s’est fortement complexifié avec sa nouvelle formule lors de la saison 1997-1998. Depuis ce jour l’appellation Ligue des Champions est d’ailleurs erronée, une véritable publicité mensongère. Prenons l’édition 2019-2020 : sur 79 participants [en prenant en compte les tours de barrages], seulement 54 étaient champions dans leur pays, et sur ces 54, seulement 13 étaient présents en septembre dans la phase de groupe, soit même pas la moitié des équipes. En 8ème de finale, sur les 16 qualifiés, seulement 5 champions nationaux avaient réussi à passer l’hiver. Exceptés le Paris Saint-Germain et l’Olympique Lyonnais, tous les autres faisaient partie des quatre grands championnats. Ces élément m’amènent à dire que la Ligue des Champions n’en a que le nom, cette compétition devrait plus justement se nommer la Super League Européenne. La seule différence avec la Super League souhaitée par certains, cette chimère annoncée depuis des années, est que l’actuelle Ligue des Champions n’est pas une ligue fermée et que certains participants changent chaque année, sauf bien sûr les grosses écuries qui sont quasiment toujours sûr de participer, protégées par les indices UEFA de leur pays qualifiant au moins quatre équipes.

Ajoutons les effets de l’arrêt Bosman, dont la décision en justice date de décembre 1995, et il est indéniable d’annoncer que la mission de remporter la C1 s’est fortement compliquée, comme le prouvent les statistiques des vainqueurs. Depuis la saison 1997-1998, nous comptons seulement 9  vainqueurs différents en 23 éditions, dont 7 trophées pour le Real Madrid, 4 pour le FC Barcelone, 3 pour le Bayern Munich, 2 pour le Milan AC, Liverpool et Manchester United, 1 pour Chelsea, l’Inter de Milan et donc l’erreur qui confirme la règle, le FC Porto. En résumé, cela fait 3 clubs anglais [pour 4 victoires], uniquement 2 clubs espagnols [pour 11 victoires] et 2 italiens [pour 3 victoires, et 0 pour la Juventus de Turin], qu’un seul vainqueur allemand et donc un portugais. A part cette finale de 2004 entre le FC Porto et l’AS Monaco, aucun club en dehors des quatre principaux championnats n’a remporté le trophée, et hormis ces deux-là, le Paris Saint-Germain est le premier à avoir atteint la finale. Et encore, il s’agissait d’une édition allégée des matchs retour, ce qui pu lui faciliter un peu la tâche.

Outre la nationalité, prenons le prisme de l’ancienneté pour mettre en relief l’exploit des parisiens en cet été 2020. L’âge du club est dans ce cas un paramètre à prendre avec des pincettes, la première édition étant en 1956, la plupart des équipes à cette époque-là étaient bien plus anciennes. La notion d’expérience n’est toutefois pas une donnée dénuée d’intérêt. En cette année 2020, le Paris Saint-Germain est seulement le 41ème club à avoir atteint l’ultime match. Pour ne parler que du XXIème siècle, aucun primo-accédant en finale ne l’a remporté. En revanche plusieurs n’en ont jamais rejoué, et reste donc sur un échec, comme le Bayer Leverkusen, les canonniers d’Arsenal ou les Spurs de Tottenham. Espérons que le Paris Saint-Germain réitère prochainement son exploit, et que son expérience acquise sur les rives du Tage lui apporte une issue triomphante.

Beaucoup parlent du PSG comme d’un nouveau riche qui investi des milliards sans résultat en C1. Ce fut encore le cas dernièrement d’un entraîneur portugais olympien. Prenons le Chelsea qu’il a lui même entraîné. Racheté en 2003 par l’oligarque russe Roman Abramovitch, il a attendu 2008 pour atteindre sa première finale de C1, qu’il a perdu, puis 2012 pour enfin la gagner, pour sa deuxième, et à date, dernière participation en finale. Notons que ce cher entraîneur olympien évoqué précédemment était cette saison 2011-2012 le coach des Blues de Chelsea, et qu’il en fut viré en mars pour mauvais résultat, quelques mois avant que son adjoint et successeur Roberto Di Matteo remporte le trophée. Il est préférable parfois de se souvenir de son propre passé avant de faire de la démagogie mal placée. Cette victoire de Chelsea en 2012 n’est pas anecdotique. Avec le Borussia Dortmund en 1997, il s’agit des derniers primo-vainqueurs de la Ligue des Champions. Autrement dit, depuis 24 ans, seuls Dortmund et Chelsea ont remporté pour la première fois cette compétition, tous les autres étant des habitués. Pour surfer sur cette difficulté de remporter cette épreuve, même pour des milliardaires, citons Manchester City, racheté en 2008 par un fond d’investissement d’Abu Dhabi, qui n’a depuis pas fait mieux qu’une demi-finale perdue en 2016. Chelsea et City, deux exemples notables du richissime championnat anglais, qui démontrent bien que même chez les puissants, se faire une place au soleil est une mission quasiment impossible.

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Danse néo-marseillaise © Panoramic

Oh, mon Paris Saint-Germain, ton heure viendra, nous en sommes tous persuadés. Contre vents et marées, tu franchiras les flots les plus tourmentés pour vaincre avec panache et obtenir la gloire que nous méritons tant, fidèles malgré les tempêtes, et toujours présents à tes côtés, pour franchir les futures murailles qui se présenteront face à nous dans notre tumultueux mais passionnant chemin. L’avenir s’annonce radieux, mais il est encore incertain. Notre passé est bien réel, et en cette année 2020, nous nous devons de le célébrer et le choyer comme il se doit. Tu noteras que, volontairement, ma narration a vogué du « tu », Paris Saint-Germain, à « nous », incluant tes supporters dans cette destinée commune, l’un allant naturellement pas sans l’autre, tous les autres, ces dizaines de milliers d’âmes qui respirent Rouge et Bleu.

Remonter le fil de nos cinq décennies serait trop long, et d’excellents ouvrages rivalisent à ce sujet. Je pourrai citer pêle-mêle et dans un ordre incertain quelques personnages qui ont contribués à écrire notre histoire, en plus de ceux précédemment évoqués, Guy Crescent, Henri Patrelle, Pierre Phelipon, Jean Djorkaeff, Just Fontaine, Pierre Alonzo, Thierry Morin, Jean-Marc Pilorget, Daniel Hechter, Georges Peyroche, Eric Renaut, François M’Pelé, Franck Tanasi, Dominique Baratelli, Mustapha Dalheb, Jean-Pierre Dogliani, Dominique Bathenay, Gérard Houiller, Dominique Rocheteau, Jean-Claude Lemoult, Safet Susic, Artur Jorge, Joel Bats, Paul Le Guen, Ricardo, Antoine Kombouaré, George Weah, Valdo, Daniel Bravo, Bernard Lama, Laurent Fournier, Vincent Guérin, Bruno Ngotty, Eric Rabesandratana, Alain Cayzac, Youri Djorkaeff, Francis Llacer, Pierre Ducrocq, Edouard Cissé, Jérôme Leroy, Jimmy Algerino, Laurent Leroy, Laurent Robert, Ronaldinho, Jérôme Alonzo, Gabriel Heinze, Mauricio Pochettino, Juan-Pablo Sorin, Clément Chantôme, Bernard Mendy, Jay-Jay Okocha, Pauleta, Amara Diané, Sylvain Armand, Zoumana Camara, Mamadou Sakho, Guillaume Hoarau, Jérôme Rothen, Javier Pastore, Blaise Matuidi, Adrien Rabiot, Maxwell, Marco Verratti, Edinson Cavani, Thiago Motta, Presnel Kimpembe, Thiago Silva, Angel Di Maria, Thomas Tuchel, Kaylor Navas, Nasser al-Khelaïfi, tous pour différentes raisons, dont celle commune d’avoir marqué le club, et pour certains mon esprit, mais j’en oublierai des centaines, et la liste serait subjectives, évidemment ! Ils sont quasiment cinq cents joueurs à avoir porté au moins une fois le maillot du Paris Saint-Germain en match officiel, les citer tous serait honorable mais fastidieux, et j’ai pour habitude de faire court et condensé.

Je pourrai m’attarder plus particulièrement sur nos différents présidents, propriétaires, actionnaires, mais l’exercice serait tout aussi long et laborieux. Nos détracteurs disent que les victoires actuelles du PSG sont dues à la richesse de son propriétaire. Oui, certes, ça aide. Et alors ? Ça sert à ça un actionnaire. Quelques arguments contrent ce point de vue contestataire. D’autres clubs ont eu leurs années fastes, poussées par des actionnaires ou des présidents riches et puissants, du moins pour leur époque. Ils en ont également profité pour rafler les trophées et les paillettes. Paris n’a pas l’apanage du clinquant et de la suprématie économique. Et même quand Paris a eu ses années fortunées, il lui est arrivé, à de rares fois, d’être battu. Il n’était [ou il n’est] donc pas impossible de battre l’ogre parisien, puisque certains l’ont fait. Justement, lorsqu’on est tout en haut, factuellement le plus fort,  l’exploit est de perdurer, de maintenir sa position de leader, de garder sa motivation, de se remettre en question à chaque début de saison pour aller chercher les trophées, tous les trophées, en jouant à fond sur chaque tableaux et en évitant le moindre faux pas, une seule erreur pouvant être fatale.

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Porno Soft © Panoramic

Il est temps de laisser le passé et de regarder vers l’avenir. Où en sera le Paris Saint-Germain dans cinq ans, dans dix ans ? Bien malin celui qui peut réaliser une projection fiable jusqu’en 2030, mais quelques pistes peuvent être esquissées, malgré plusieurs points d’interrogation. Quid de notre propriétaire Qatari ?, dont la Coupe du Monde arrive à grands pas, décembre 2022 étant après-demain. Son investissement post mondiale sera-t-il le même que ces dernières années, après dix ans de propriété. Le soft power du Qatar a toujours besoin des paillettes de la Tour Eiffel, mais quel sera le niveau de leurs engagements sur la durée ? Les dossiers de prolongation de Neymar et Mbappé, ainsi que leurs éventuels successeurs, seront de bons indices pour prendre la température au baromètre de l’émir. Quoi qu’ils décident, leur héritage sera aussi structurel, notamment concernant notre centre d’entraînement, point noir du club depuis sa création. Quitter le Camp des Loges et la ville de Saint-Germain n’est pas une décision anodine. Pour les supporters romantiques, que certains d’entre nous sommes encore, il s’agit-là d’un dur sacrifice. Difficile à entendre pour nous dont les trois initiales ont autant de valeur l’une que l’autre. Même si la volonté marketing des qatariens fut de faire la place belle au cinq lettres capitales, le Paris ne doit pas effacer le Saint-Germain. Une fois installé au nouveau centre ultra moderne de Poissy, dont je salue par ailleurs la grandiosité du projet, les liens avec la ville de naissance du Roi-Soleil seront très ténus, et il faudra de nombreux effort pour que ceux-ci ne s’effacent pas petit à petit. Le nouveau centre ne sera qu’à sept kilomètres du Camp des Loges, le dépaysement sera limité, mais la symbolique P.S.G. tout de même ébranlée.

Ce n’est pas un plaisir de rappeler dans chacun de mes articles qu’il est important de respecter l’identité du club. Il est néanmoins impératif de le rabâcher sans cesse, afin que nos décideurs n’oublient pas ce principe fondamental, qui parfois semble leur échapper. C’est de notre devoir, amoureux du Paris Saint-Germain, de rester vigilants, afin que la transformation du club reste une évolution, et non pas un effacement. Le Paris Saint-Germain n’est plus aujourd’hui qu’un simple club de football, avec ses joueurs, ses salariés, et ses supporters. La volonté qatarie en a d’abord fait une marque, avec ses followers et ses clients tout autour du globe. La magie de « PARIS », certes. Surfer commercialement dessus, bien entendu. La marque se veut être mondiale, tendance, lifestyle, tout cela peut se comprendre en ces temps consuméristes d’un siècle qui nous dépasse déjà, mais elle ne peut pas oublier l’essentiel, les basiques : même si Paris est ou se veut être la capitale du monde, le Paris Saint-Germain doit rester en premier lieu le club des parisiens et des franciliens. Faire briller les vaisseaux de la Tour Eiffel jusqu’au confins du monde paraît pour certains être une obligation, mais ceux-là ne doivent pas oublier que ces rayons éclairent d’abord Paris et sa région.

Un contrat de partenariat avec l’équipementier Jordan ? Une bonne idée, incontestablement. Mais cela ne doit pas amener à n’importe quels sacrifices. Attention au respect des couleurs, de ces maillots qui sont notre identité. Quel fierté de voir la beauté de ces dernières parures, la tenue third 2019-2020, les deux « Hechter » du cinquantenaire, domicile et extérieur, qui sont un retour aux sources bienvenu. Le problème dans le mot « retour », il insinue qu’il y avait eu un éloignement. Cela est impardonnable. Le respect des couleurs et du design des maillots doivent désormais être une constante inamovible, dont le maintien ne peut être remis en cause par des prétextes commerciaux, ou le délire d’un designer américain. L’un n’empêchant pas l’autre, l’identité pouvant très bien se marier avec le business. Quelle joie de voir notre équipe jouer avec ces maillots lors de nos derniers matchs, aux oubliettes les couleurs inappropriées ou les designs faux-semblants ! Le ressenti est étrange, mais j’avais réellement l’impression de regarder jouer le Paris Saint-Germain, et non pas ce club préfabriqué que l’ont m’a vendu depuis des années. Les artifices ne trompent personne, ils ne servent qu’à amadouer ceux qui demain ne seront plus là. Le maillot fait tout. Il embellit l’ensemble. Il enjolive les joueurs. Il donne une appartenance. Il témoigne du passé. Il montre la direction. Il est le Paris Saint-Germain, tout simplement.

L’ancrage. Voici le mot qui me semble primordial, et auquel nous jugerons in fine l’héritage, permettant de ne pas tout recommencer à zéro, le jour où nos propriétaires partiront. Les consommateurs sont pléthore, mais ce sont les supporters fidèles qu’il faut chérir et choyer. Construire localement, pour vivre mondialement, mais surtout, pour vivre longtemps. L’ancrage, ce sont les gens, à l’évidence, mais aussi la culture, et l’Histoire, celles qui existent, dont il n’est pas besoin d’en inventer les contours pour mieux l’imposer. Les honorer, les faire vivre et les transmettre, voilà quel doit être notre objectif, et notre devoir. Pour rester sur cette même logique, notre joyau, notre pépite, vous l’aurez reconnu, notre maison, le Parc des Princes, doit également le rester pour les prochaines décennies. Ne surtout pas succomber à un relooking extrême, ni à un naming qui seraient malvenus. Evoluer, oui, disparaître, non.

Vous l’aurez compris, le Paris Saint-Germain, à cinquante ans, n’est pas à un tournant de sa vie, mais il doit se servir de son passé si foisonnant pour continuer son chemin et vivre de nouvelles grandes émotions, écrire de nouvelles pages et faire la fierté de ses supporters. La finale de la Ligue des Champions perdue est à la fois l’aboutissement des cinquante premières années, et la base des cinquante prochaines. Je n’oublie rien de notre série débutée en 2013  et qui se compose de quatre quart de finale haletants, puis certes trois 8ème très décevants, c’est un euphémisme, mais qui se ponctue par cette finale de Lisbonne. Je n’oublie rien des humiliations, des baffes, de la honte, parfois, mais je salue aussi le travail, la conviction, la volonté, un peu de chance aussi, des fois, qui nous ont amené à cette finale. Le rêve pu devenir réalité, du moins celui d’être tout près de la consécration. Mais la série est en cours, elle est loin d’être terminée. Déçu, mais pas abattu, tel était mon sentiment à la fin de cette finale, car je sais, j’en suis sûr même, que l’avenir nous réserve encore plein de belles sensations. A commencer par cette saison 2020-2021 qui débute chaotiquement, il ne pouvait pas en être autrement, mais qui s’annonce déjà difficile et donc intense. Du piment, rouge et bleu, voilà ce que nous souhaitons, supporters du Paris Saint-Germain, voilà ce qui nous fait aimer ce club, voilà ce qui nous fait vivre. Excitante, délirante, ou bien même traumatisante, supporter le PSG est une passion débordante, mais qui nous permet de nous sentir vivants.

Un seul mot d’ordre, suivre nos objectifs, qui nous mènerons loin, très loin. Grandir, tout en gardant son identité. Gagner, tout en gardant son honneur et sa fierté. Vaincre, tout en gardant sa passion et l’émotion d’un gamin de dix ans, celui que j’étais la première fois où je suis allé au Parc des Princes, il y a bientôt trente ans de cela … Bon 50 ans mon Paris Saint-Germain Football Club ! Vous en reprendriez bien pour un nouveau demi-siècle ? L’Histoire ne fait que commencer. Une Légende qui chaque jour s’écrit de plus belle, et toujours en lettre capitale.


Benjamin Navet

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