Peter Pan F.C.

par

La fin de saison approche à grand pas.
Nombreux sont celles et ceux qui en feront un bilan à charge.
Nous mêmes chez Virage, nous n’avons pas toujours été très tendres
avec notre club de coeur. Et souvent à raison.

Reconnaissons que cette équipe nous a beaucoup déçus. Les promesses de l’aube se sont envolées aussi vite qu’une titularisation de Sergio Ramos, symbole d’un recrutement sur le papier flatteur mais au final oh combien décevant.

Alors oui, nous sommes champions de France. Oui c’est le dixième. Et c’est important. J’espère que le club aura la classe d’ajouter une étoile tricolore au dessus de notre blason, car gagner 10 titres de champion en un peu plus de 50 ans d’existence, C’est quelque-chose. Et ça doit faire plaisir là haut à Guy Crescent, Francis Borelli, Gérard Houllier, Charles Talar, Jean-Pierre Dogliani, Bernard Guignedoux, James et à tous les autres architectes disparus de l’histoire rouge et bleu. Rien que pour eux, merci d’y penser, sérieusement. 

Mais ce titre n’effacera pas les erreurs commises en chemin. Certes rien n’est simple dans le football. Elles le sont encore moins dans le football moderne. On l’a encore constaté samedi soir avec ce match nul poussif dans une ambiance aseptisée. Mais comme dans la vie, les erreurs c’est sensé te faire progresser si tu les acceptes et que tu construits avec. 

Or pour moi le PSG, c’est un enfant qui pour le moment refuse de grandir et d’accepter ses échecs. C’est un club jeune. On le répète à foison et on l’oublie parfois. Il a connu une enfance radieuse jusqu’au milieu des années 90. Puis comme beaucoup est passé dans l’âge bête avant d’atteindre l’adolescence au début des année’s 2010. On est encore en plein dedans. Turbulent, prétentieux, obsédé par son apparence, fuyant la vie d’adulte et ses responsabilités. Le voilà notre club d’ados. Cette saison en est le parfait exemple. 

Qui mieux que Neymar pour symboliser ce syndrome Peter Pan. Un joueur exceptionnel, un enfant roi enfermé dans une tour d’ivoire, coupé du monde par un père omniprésent et cannibale. Il suffit de regarder le documentaire que lui même a produit sur Netlix – à se demander si il ne lance pas son propre SOS – pour comprendre la tristesse de la situation. « Le chaos parfait », le titre a le mérite d’être honnête et objectif. Ney est aujourd’hui un enfant triste, résigné. Mais sincère. Personnellement j’ai du mal à lui en vouloir tellement sa vie est un feuilleton bouffé, voir bouffi par le business et l’image.

Que dire de nos dirigeants. Ils sont pressés, maladroits tout en se donnant les moyens d’être exigeants et impatients. Quitte à oublier certains principes fondamentaux du football. Alors si la progression du club est incroyable et remarquable depuis l’arrivée de QSI, là aussi la marge de manœuvre pour atteindre une certaine maturité est à revoir. La course à la Ligue des Champions les a aveuglé. Ils me font penser à des enfants refusant d’écouter leurs aînés, considérant que le futur c’est eux qui l’écrivent. Que ce qui s’est mis en place avant n’a plus vraiment d’importance. Mais on construit difficilement le futur sans tenir compte du passé. Bleu Blanc Rouge Banc Bleu. Pour commencer. 

Enfin nos ultras. Nos chers Ultras. Lancer une contestation avant le match contre Madrid pourquoi pas. En tant que supporter, je peux comprendre leur position sur certains thèmes qui sont chers à la tifoseria parisienne. Mais refuser de supporter les joueurs, notamment face à Marseille ou le soir du titre, c’est un geste boudeur que je trouve pour le moins exagéré. Surtout dans un stade qui ressemble de plus en plus à un showroom. Oui la saison est décevante, mais je doute, hélas, que ce boycott fasse avancer le débat. C’est se mettre dans une position qui amène à un conflit direct avec le club. Avec des dirigeants qui pourraient être vexés de la situation, ces mêmes dirigeants qui ont accepté le retour de l’ambiance et des ultras dans le Virage. Toutes ces années de lutte pour arriver à une impasse, ce serait d’une certaine façon tuer le père. Et ni vous ni moi ne voulons d’un Parc sans Ultras. Ni QSI d’ailleurs d’après moi. Ce serait la fin d’une cycle, d’une histoire, d’un héritage. Du PSG tout court. 

Chez Virage on est nombreux à être mères ou pères de famille. On connait les affres de la jeunesse car oui, nous fumes jeunes, et nous voyons grandir nos enfants, avec leurs qualités et leurs défauts. Quoiqu’il arrive ce sera toujours l’amour inconditionnel entre eux et nous. On sera toujours là pour eux. Et avec le PSG, j’ose espérer que ce sera de même. Il existe clairement des motifs d’espoir dans l’avenir. Le nouveau centre de formation, plus de confiance accordée aux jeunes du club, un entraineur et un staff qui apporteront un nouveau souffle, des joueurs qui décident de rester pour les bonnes raisons (le football), une direction qui a compris que les batailles du soft power et du marketing sont déjà gagnées et qu’à présent il est temps de se consacrer à l’essentiel : le terrain et le club.

Pour marquer l’histoire, pour un supplément d’âme, pour Paris, pour cette chose impalpable et presque magique qui s’appelle la beauté du sport et l’émotion. 

Pour arrêter de rêver. Pour enfin devenir grands.


Xavier Chevalier

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