Que la fête commence

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Les Monégasques doivent sérieusement serrer les miches.
A quelques jours de leur déplacement au Parc, eux qui en ont pris quatre dans la musette contre Lens à Louis II doivent se demander à quel sauce ils vont se faire bouffer par un PSG totalement survolté et inarrêtable en ce début de saison.

Les hommes de Galtier, en mode Bayern à la française, ont déjà planté la bagatelle de 21 pions en quatre matches officiels et semblent partis pour battre tous les records et marcher sur la Ligue 1. On attendait le premier semblant de test à Lille et on a été servis : sept buts dont un après seulement huit secondes de jeu, des occases à la pelle, du mouvement, du rythme, un pressing étouffant, de l’envie, une volonté constante de détruire l’adversaire. S’ils continuent sur ces bases, le challenge officieux fixé par Galtier à ses joueurs de terminer la saison de championnat invaincus ne semble pas si aberrant sur le papier. Ce PSG 2022-2023 fera-t-il aussi fort que les invincibles Gunners de Wenger en 2003-2004 (souvenez-vous, Campbell, Vieira, Pirès, Ljungberg, Fabregas, Wiltord, Henry, formidable équipe) ? Pas impossible, du moins pas inconcevable.

Face au LOSC, on a encore vu le 3-4-3 façon Galette dans toute sa splendeur et toute son efficacité. Les trois de derrière ont fait le boulot avec sérieux (on pourrait toujours juger douteux le placement de Marquinhos sur le but lillois mais il faudrait vraiment faire la fine bouche), le vétéran Ramos se permettant même une petite montée en mode jogging sur le flanc droit en fin de rencontre. Mis en valeur par le nouveau système, les deux pistons ont une nouvelle fois fait étalage de toute leur classe. Nuno Mendes possède un moteur à trois poumons et sa faculté de débordement crée des différences énormes sur son côté gauche. Hakimi a prouvé qu’il était un joueur de stature mondiale qui n’a pas grand chose à envier aux grands spécialistes du poste comme Cancelo, Hernandez ou Alexander-Arnold. Il en est à deux buts en championnat et s’il persiste sur ce rythme il frôlera la dizaine d’ici la fin de l’exercice. Verratti et Vitinha forment un duo qui n’excelle pas forcément à la récupération mais garantit une assise technique exceptionnelle et un lien constant entre le milieu et l’attaque. Et que dire du trio offensif, qui a lacéré la défense nordiste à grands coups de lames ? Neymar-Messi-Mbappé, ça vous chiffre déjà douze buts et huit caviars. Seule ombre au tableau : les seize tirs concédés aux Lillois, total beaucoup trop important quand la différence entre les deux équipes est aussi énorme.

Les statistiques du match contre Lille sont intéressantes et démontrent à quel point le PSG a changé dans sa façon d’évoluer et de penser son football. Loin de monopoliser la chique, les Parisiens n’ont possédé le ballon que 52% du temps et réalisé seulement quarante passes de plus que leurs adversaires. On est loin du tiki-taka à la barcelonaise époque Xavi-Iniesta et du contrôle souvent stérile de la possession à la sauce Pochettino. En un mot, ce PSG ne joue pas à la baballe. Ce qui le caractérise, c’est sa verticalité et son explosivité. Le ballon sort très vite des lignes arrières, se retrouve très rapidement dans les pieds des deux aiguilleurs de l’entre-jeu qui possèdent alors une myriade de possibilités : décaler les pistons qui multiplient les courses et les appels, trouver Messi ou Neymar pour enclencher le mouvement offensif ou chercher directement Mbappé dans la profondeur. Quand l’équipe se projette vers l’avant, elle attaque à sept et peut surprendre l’arrière-garde adverse de mille façons différentes, comme le prouve la grande variété des enchaînements et des combinaisons. La vraie révolution se situe là, dans cette volonté d’avancer constamment, d’aller le plus vite et le plus directement possible vers le but adverse, dans cette volonté constante de percer les lignes.

Le ciel est au grand bleu sur Paris

Au sortir de ce début de saison plus que réussi, il faut absolument s’arrêter sur le cas Neymar. On avait laissé au printemps un joueur qui se perdait dans ses propres dribbles et qui traînait son spleen et ses kilos en trop sur le terrain. Objet de tous les reproches et symbole d’un PSG de fainéants surpayés, on lui a presque montré la porte de sortie (vu son niveau actuel, Chelsea doit se bouffer les doigts de ne pas avoir sorti le chéquier). On le retrouve à l’été plus virevoltant que jamais, affûté, décisif, précis, inspiré, magique à nouveau. Il marque et fait marquer, il élimine, il casse les lignes par sa qualité de passe, bref il brille de mille feux comme le gamin de Santos et le wonderboy du Barça. Félin, racé, insaisissable, à la fois collectif et individualiste à bon escient, il fait honneur à son statut de vedette planétaire. On ne sait pas à quoi est dû ce véritable miracle (la présence de Galtier ? La perspective de la Coupe du Monde ? Une remise en question profonde et intime?), toujours est-il que le Brésilien est ressuscité d’entre les morts, et c’est la meilleure nouvelle de l’été pour le PSG. Car si Mbappé est à coup sûr l’homme sur qui les dirigeants ont fondé leurs espoirs de reconquête et de renouveau, si le kid de Bondy porte sur ses épaules le projet entier du club, Paris ne réussira rien de beau sans un grand Neymar, qui il ne faut pas l’oublier était LA star désignée de l’équipe quand il a signé en 2017. Et si Mbappé semble parti pour battre le record de Cavani, il ne faut pas perdre de vue que Neymar pèse tout de même 115 buts sous le maillot du PSG, dont 20 en 35 matches de C1.

On ne peut pas reprocher grand-chose à ce PSG après quatre matches officiels disputés, si ce n’est peut-être de ne pas donner assez temps de jeu à certaines recrues (on pense au jeune Ekitike, que l’on aimerait bien voir à l’œuvre, mais on comprend que Galtier veuille huiler son trident offensif). Les dirigeants font ce qu’ils peuvent pour se débarrasser des boulets qui plombent le vestiaire et ont déjà réussi à refourguer Wijnaldum (qui s’est fracturé le tibia, la poisse continue), l’énigme Kehrer, en attendant peut-être de voir Paredes rejoindre la Juve, Gueye Everton et Herrera Bilbao (si Galatasaray lâche dix briques pour Icardi, on est preneurs). Reste à savoir quel sera le profil des derniers arrivants, sachant que Rashford ressemble à tout sauf à une bonne idée. Fabian Ruiz est un beau joueur de ballon qui s’intégrera parfaitement, mais l’équipe manque peut-être un poil de densité physique au milieu, même si Renato Sanches et Danilo Pereira peuvent faire le job. Skriniar ferait énormément de bien et apporterait de la concurrence en défense, en compagnie de Mukiele. Devant, il faudrait sans doute ce que n’est plus Icardi, à savoir un attaquant de fixation et de surface, de type Giroud ou Klose. Abondance de biens ne nuit pas. On attend désormais avec impatience le tirage au sort de la Champions League pour savoir à qui les champions de France vont avoir l’honneur de se frotter. Mais une chose est sûre : en ce mois d’août, le ciel est au grand bleu sur Paris.


Denis Ritter

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