Ibra était grand,
mais Safet ne sera jamais petit

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« Légende du Paris Saint-Germain, où il a joué entre 1982 et 1991, l’actuel entraîneur d’Evian Thonon Gaillard, Safet Sušić suit toujours l’actualité du club de la capitale. »,
lit-on sur un article publié sur Yahoo. On eût pu, à bon droit, traiter « Pape » – ainsi qu’on le surnommait en fin de carrière parisienne, l’époque où ce gredin sans redingote de Tapie, aussi génialement que diaboliquement inspiré, proposa à
notre numéro 10 pour toujours de rallier l’OM, façon Giresse.

Il m’arrive encore de me réveiller en sueur, torturé par cette image inacceptable : LUI entrant au stade Vélodrome sur fond de Jump -, on eût pu donc, à bon droit, traiter Pape de « Divinité du PSG », de « Prince du Parc ». Légende, ça fait ciné, je trouve, icône, ça dévalorise. Dieu, naturellement, ça fait religieux. Ce qui a plus de sens dans un stade. Question de ferveur, d’appartenance – lire à cet égard le Jérôme Reijasse de Parc.
Safet Sušić n’a pas « joué » au PSG. Il a été le PSG.

Ils sont une poignée qui à jamais peuvent prétendre avoir incarné individuellement ce qui fut longtemps – et heureusement – une équipe plus qu’un club.
La liste est à l’avenant, amendable et corrigeable, et respecte scrupuleusement le désordre chronologique du coeur : Mustapha Dahleb, Luis Fernandez, Francis Llacer et Bernard Mendy (si, si), Jérôme Leroy (malgré son passage à Marseille ? Oui, lui, oui), Bernard Lama (plus que Joël Bats, vous dire si on a le panthéisme pas forcément passéiste), Antoine Kombouaré (ne serait-ce que pour son golden goal contre le Real). Raí-Ginola-Weah (car il n’y a qu’associés que les canaliens s’envisagent), Ronaldinho (ce qu’il a enduré sous Luis en fait un Parisien éternel)… Et, ainsi que le hurlait feu Thierry Gilardi – immortalisé (son cri) par Fellowmenal sur Youtube, lequel est subtilement cité par Karim Boukercha, ancien abonné du PSG, dans son film Violence en réunion -, Pedro-Miguel Pauleeettttaaaaa ! Les autres ont « joué » au PSG. Rien à voir.

Cette mise au point faite, continuons la lecture de l’articulet (envoyé par Reijasse, passe décisive, donc) : « L’ex-sélectionneur de la Bosnie s’est même fendu d’une petite blague à l’égard de la star parisienne Zlatan Ibrahimović (34 ans, 5 matchs et 4 buts en L1 cette saison), devenu meilleur buteur de l’histoire du PSG avec 110 buts depuis son doublé face à l’OM (2-1), à l’occasion de la 9e journée de Ligue 1. »
Génial, l’auteur de cette note sur Maxifoot reprise par Yahoo, a trouvé pour qualifier Ibra le mot juste : la star parisienne.

Susic Virage PSG
Le PSG c’est le 10 © Icon Sport

Tout y est. Tout ce qu’il est.
Un club a des stars. Une équipe a des idoles.
Ceux qu’on aime au Parc son ceux qui y sont nés – oui, Pauleta est né à Paris, les Bordelais le savent bien. Pas ceux qui y ont posé un jour leurs valises de… star.

La seule potentielle idole du Parc (ndlr : à l’époque), chacun le sait, c’est l’intermittent Javier Pastore – fragile, présomptueux, insatisfait, toujours en quête d’une invisible pour les autres trajectoires inédite, d’une dernière seconde à étirer avant la passe – qui chez lui part de la cheville -, et, heureusement aussi, toujours capable de foirer par laxisme une remise inutilement ambitieuse dans l’axe de sa défense, de fermer les yeux comme un gosse au moment de faire une tête.
Les indispensables qualités et les plus merveilleux défauts.

Safet Sušić est avec Dalheb et Ronnie le plus grand dribbleur de l’histoire du PSG – Verratti, seul, pourrait transformer ce trio en carré. Ibra le vantard barbare sans club de cœur vient de se manger un de ses inoubliés rateaux-crochets derrière la jambe d’appui :
« Oui, Ibrahimovic est le plus grand joueur du PSG. La raison ? Il mesure 15 centimètres de plus que moi ! »
Ibra est grand, mais Safet Sušić ne sera jamais plus petit.

Article publié dans le GRI GRI INTERNATIONAL le 18 octobre 2015


À paraitre fin mars 2021, par le même auteur : « NUMÉROS 10 » (Solar)

Numéros 10 PSG Virage


Gregory Protche

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