San Marco Virage PSG

San Marco

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Et c’est parti pour un deuxième opus sur les joueurs qui m’ont marqués d’amour,
pour qui notre maillot allait si bien, des joueurs beaux à voir et qui nous ont procuré des émotions inoubliables, à vous filer la chaire de poule rien qu’en y repensant…

Je n’ai pas pris beaucoup de risque en choisissant David Ginola pour premier choix, j’étais sûr de faire l’unanimité, et c’était l’évidence même. Cette fois ci, cela sera peut-être moins le cas… Quoique. Après il ne s’agit pas d’un classement de valeur, car on sait bien que quand on aime… Et puis comment peut-on faire des podiums et autres classements quand vous avez connu dans votre histoire des Raì, Sušić ou Dahleb pour ne citer que ceux qui sont les plus souvent nommés, à juste titre. Non, il s’agit juste d’une envie de se remémorer des moments de bonheurs passés, de manière aléatoire, en fonction de mes humeurs. Aujourd’hui, je vais vous parler d’un petit magicien italien prénommé Marco. AH ah ah je vois déjà les plus jeunes penser à notre cher petit hiboux (suis-je taquin), et bien non je pense plutôt à une chauve-souris… J’ai nommé Marco Simone, la recrue phare de l’été 1997

Attaquant du Milan AC, le club qui domine le football mondial depuis presque 10 ans. Vainqueur de Ligue des Champions, quadruple champion d’Italie, élu meilleur joueur italien en 1995. Je vous fais grâce des différentes Super Coupes d’Europe et continentales glanées également avec les rossoneri. Grand ami de George Weah, c’est donc un géant de 170 centimètres qui débarque à Paris. Bien sûr, les premiers esprits grincheux feront remarquer qu’il est souvent remplaçant au Milan. En même temps être remplaçant dans le plus grand club du monde de l’époque, c’est déjà une belle performance… Pour rappel, juste au niveau offensif, on a quand même du George Weah, du Paulo Di Canio, du Roberto Baggio, Gianluigi Lentini (Enorme espoir italien), du Paulo Futre, du Zvonimir Boban, du Locatelli,  de l’Eranio, du Donadoni  ou du Dejan Savićević … Arrêtez n’en jetez plus… Alors bienvenue à Paris Marco et en voiture Simone !

À son arrivée Marco séduit tout le monde sur et hors du terrain. A l’inverse de la majorité des autres joueurs du club, il décide de vivre en plein cœur de Paris. Sur le terrain la saison commence plutôt bien. Une victoire au Parc contre Châteauroux pour la première journée, puis pour la deuxième journée, un difficile déplacement à Auxerre. Le math est diffusé sur Canal+, on attend beaucoup de ce PSG, comme à chaque début de saison, on attend de voir à l’œuvre les Gava, Maurice, Rabésandratana et autre Revault appelé à être le digne successeur de Bernard Lama. Mais surtout on attend de voir LA star Marco Simone, et voir son entente avec Maurice (grand espoir français qui devait être le successeur de Papin ou autre Bernard Lacombe.) Raì et Léonardo.

Début du match, Gava néo-parisien se fait descendre par Lamouchi dans la surface, l’arbitre étrangement ne bronche pas. Et c’est l’AJA qui ouvrira le score. A la mi-temps les bourguignons mènent 2 à 0. Déception. Puis en début de deuxième mi-temps, ouverture de Le guen pour Marco qui dans un pur « style Simone »  trompe le gardien. 2 – 1 l’espoir revient. Marco récupère le ballon dans les filets et se dépêche de l’emmener au centre du terrain. Marco veut gagner. Paris veut gagner. Maurice pour le 2-2 puis Raì de la tête sur corner, le PSG s’impose 2-3 à Auxerre. Dans le vestiaire Marco confie au journaliste de Canal sa joie de gagner à l’Abbé Deschamps, car comme lui on dit ses coéquipiers « ma c’est toujoul très dour dé gagner içi ».

Marco Simone Virage PSG
Catch Me If You Can Léonardo – PSG-STEAUA

La lune de miel se continue avec un nouveau but contre l’AS Cannes la journée suivante, Paris est parti pour une grande saison, et puis et puis… match préliminaire de la Ligue des Champions, courte défaite 3 – 2 à Bucarest… Rien d’insurmontable. Mais…. On apprend quelques jours plus tard que Laurent Fournier était suspendu, il n’aurait pas dû jouer ce match. Paris a match perdu 3-0 sur tapis vert. Adieu les millions de la Ligue des Champions. Coup terrible pour les finances du club. Et puis, et puis… Ce match retour de dingue, cette ambiance de folie ce troisième but encore une fois tellement marqué du sceau Simone. Paris crée l’exploit pour un des plus grands exploits du foot français.

Ce début de saison si prometteur, comme souvent tournera au vinaigre avec l’arrivée de l’automne… Marco va participer au jubilé de la légende italienne Marco Baresi et se blesse. Pendant son absence de plusieurs semaines Paris va souffrir. Paris arrive 4ème à la trêve et est éliminé de la Ligue des Champions… à la différence de but, en faveur de la Juve (sans être dans le même groupe…Le règlement changera la saison suivante je crois). La deuxième partie de saison, alternera les bons moments et les désillusions… Mais comme toujours les coupes seront là pour donner un côté historique à cette saison. Cette saison qui sera la dernière du Président Denisot, du duo Ricardo/Bats et du Capitaine Raì… Cette saison qui verra donc la fin du chapitre des formidables années 90.

Finale de la coupe de la Ligue. La première au Stade de France. PSG–Bordeaux. Probablement la plus belle de cette épreuve en attendant peut-être le PSG-Lyon prévue post-covid…. Micoud ouvre le score en première mi-temps. Puis à dix minutes de la fin Paris obtient un penalty par Ducrocq. Raì n’en a jamais raté. Il ne rate jamais. Et pourtant…son tir est repoussé par Ramé, Loko a suivi et talonne intelligemment en retrait sur Simone qui égalise ! Dernière minute. Corner tiré par Gava, Ramé repousse des deux poings et à 30 mètres reprise de volée du gauche de Marco qui va foudroyer la barre transversale ! Cela aurait pu être le but de l’année ! Ce sera finalement prolongation et tir au but, la coupe ira à Paris !

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Raì félicité par toute l’équipe face à Bordeaux

Un mois plus tard, même endroit pour la première finale de Coupe de France au SDF. Cette fois les adversaires seront les chômeurs, consanguins et péd… ah oui non, les Lensois, champions de France ! Encore un but de Marco avec sa célébration christique, les bras en croix, pour crucifier les sang et or. Encore une coupe à Paris, la vitrine restera fermée pendant cinq longues saison… Saison 1998-1999, ou Le menhir breton est enfin calife à la place du calife. Mais fera n’importe quoi et boira le calice jusqu’à la lie. Et Pierre Lescure-Pilate s’en lavera les mains. Et oui, pour notre plus grand malheur, le rêve de Charles Biétry s’est enfin réalisé, il est devenu président du PSG à la place de son ancien ami de 30 ans, devenu son pire ennemi par jalousie. Donc par bêtise. Pendant sept ans, dès qu’il le pourra, le commentateur de Canal a passé son temps à critiquer le PSG, à tout faire pour donner une mauvaise image du PSG de Denisot. Il arrivera même à avoir la peau d’Artur Jorge, pourtant champion de France. L’imbus bedonnant et grisonnant distillera son venin dès qu’il le pourra. Et il finira donc par obtenir son Graal ! A peine arrivé, sa priorité sera de virer tous les joueurs trop « marqués Denisot ». Il rêve d’un PSG breton et voudrait avoir comme entraineur Joel Muller (Metz) ou Christian Gourcuff (Lorient)… Heureusement certaines personnes lui rappelleront qu’ici c’est Paris.

Bref malgré un budget transfert de 300 millions, le donneur de leçon breton initiera la pire saison que le PSG n’avait connu depuis bien longtemps. Jay-Jay Okocha, sa recrue phare pour 100 millions (record de l’époque) sera une déception par rapport à l’investissement, et que dire des fiascos que seront Casagrande, Laspalles, Carotti, Lachuer, Ouedec…Dès son arrivée il se brouille avec Marco, dernière star du club version Denisot, leader du vestiaire et chouchou du public. Les supporters se rangent derrière Simone dans le conflit qui oppose le président à l’Italien. Dès l’ouverture du championnat le Parc, et moi le premier, chantera des « Biétry démissions ». Marco est « des nôtres », pas Biétry. Pierre Lescure, patron de Canal avouera s’être amusé de la situation. Voir Biétry qui pendant des années aura tout fait pour avoir une place qui sera au final le plus gros échec de sa vie. Ultime affront, l’entraineur Alain Giresse, qu’il va rapidement virer, sera remplacé par… Artur Jorge. Choix imposé par la direction de Canal… Diminué, l’entraineur portugais ne pourra rien pour éviter la descente aux enfers…. Biétry partira en décembre. Le PSG est onzième et on parle relégation. La coupe d’Europe est déjà finie, humilié et sorti par le terrible Maccabi Haïfa…

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17 ans plus tard dans une interview Marco déclarera « Biétry a brisé mon rêve de finir à Paris. Je n’ai pas un bon souvenir de cette personne ». Nous non plus. En moins de six mois Charles Biétry aura détruit ce qu’avait construit en sept ans Michel Denisot. Cette saison-là, nous aurons eu deux présidents et trois entraineurs. Record à battre il me semble ? C’est Philippe Bergeroo qui finira la saison comme entraineur et nous sauvera de la descente en terminant neuvième mais seulement à 4 points du premier relégable ! Mais revenons à trois journées de la fin. L’om vient en leader au Parc, les marseillais sont persuadés de nous envoyer en deuxième division et de prendre un avantage décisif pour le titre sur son adversaire direct Bordeaux qui a un déplacement compliqué à Lens. L’avant match est plus que tendu. Des marseillais descendent sur la pelouse pour provoquer les parisiens, certains parisiens descendront également du Virage pour répondre physiquement et violemment aux marseillais. Les CRS prendront le relais. « CRS avec nous » « CRS avec nous ». A l’époque les visiteurs sont dans le quart de virage à côté d’Auteuil. La haine est palpable, les insultes sont incessantes. Place au combat. Mort aux vaincus.

Côté terrain, le traitre Florian Maurice ouvre le score pour les visiteurs dès la 20 ème minute.  PSG 0 – 1 OM. Le scénario cauchemardesque se déroule devant nos yeux pendant tout le match. A Lens, Bordeaux est mené au score… Il ne reste plus que cinq minutes à jouer… Paris brûle-t-il ? Avec casque d’or nous avions eu un héros non prévu six ans plus tôt qui avait fait exploser le Parc, et voilà qu’à son tour, Simone se transforme en vengeur diabolique, avec cette frappe soudaine, imprévue, qui ira se loger dans le petit filet de Porato. A cet instant, le temps s’est arrêté. Le Parc n’a pas exulté non, le mot n’est pas assez fort, nous étions plus proche d’un état d’épectase. Je n’oublierai jamais la folie dans la tribune après ce but, des mois que l’on souffrait d’une saison pourrie, en subissant en parallèle un om qui faisait la course en tête…  Et puis surtout. Surtout, à part un match de Coupe de France alors que l’om était en deuxième division en 1995, nous n’avions plus battu l’om au Parc depuis 9 ans, et ce petit coup de tête de Zlatko Vujović qui avait fait chavirer le Parc en son temps… Sušić, Bats, Calderón, Reynaud, Charbonnier, Bosser… Un autre temps…

Imaginez-vous 9 ans de haine, de souffrance, de rage, d’humiliation, de frustration, d’injustice… tout cela a explosé de 40000 poitrines, ce fut une véritable déflagration. Marco qui enlève son maillot pour aller chambrer les marseillais et montrer son tatouage de Batman, oui, à ce moment-là Marco tu étais bien notre super-héros, et tu venais d’écrire un nouveau chapitre dans notre histoire, tu rentrais dans la légende. La plupart des supporters autour de moi n’étaient pas encore revenus du nuage de bonheur dans lequel tu nous avais envoyé, que l’improbable Bruno Rodriguez dribblait Porato et glissait le ballon au fond, pour achever la bête olympienne et la priver du titre, Bordeaux s’imposant de son côté à Lens dans les derniers instants. Oui car c’est bien ce soir-là que l’om a perdu le titre de 1999 et non pas 15 jours plus tard et ce PSG-Bordeaux de la dernière journée, qui fait toujours baver de rage Courbis et cela pas plus tard qu’hier sur RMC !

Marco Simone Virage PSG
La chauve-souris prend son envol face à l’om

La saison avait été dantesque, mais venait d’être sauvée en une soirée grâce à ce but de Marco qui fait encore pleurer aujourd’hui sur la Canebière et qui me file encore des frissons quand j’y repense. Peu importe ce qui s’est passé avant ou ce qui se passera après, cet instantané, ou après avoir insulté la tribune des marseillais, tu retournes te placer dans ton camp, les bras tendus qui battent comme une chauve-souris, le regard noir plein de rage, avec ces cheveux longs mouillés et cette barbichette faisant penser à un héros, mélange de petits animaux canidés indomptables, entre le chat Potté et Errol Flynn. Le site du PSG pour nos 50 ans vient de proposer un vote pour le plus grand match de l’histoire. Ce PSG-om fait partie des 5 nominés, avec celui de Bucarest. Présent dans deux des cinq matchs les plus grands de l’histoire. What else ?

Alors bien sûr, après, après… Il y a cette déclaration « En France, je ne pourrais jamais jouer ailleurs qu’à Paris ». C’est le cœur qui parlait. Mais Monaco est-il vraiment en France ? Et puis soyons honnêtes, regardons juste quelques noms de l’effectif offensif de Monaco cette saison-là : Lamouchi, Giuly, Gallardo, Pršo ou encore David Trezeguet… Qui n’aurait pas eu envie d’y jouer ? Monaco sera champion, Paris sera son dauphin. Heureusement la vie a fait que j’étais à l’autre bout du monde quand tu reviendras au Parc avec le maillot rouge et blanc la saison suivante. Je ne verrai donc jamais ce match ou parait-il certains supporters te siffleront à chaque ballon touché. « L’amour supporte mieux l’absence ou la mort que le doute ou la trahison », disait Pierre Maurois. Pour moi, tes vraies couleurs seront toujours rouges et bleus, et ton image sera pour l’éternité celle de Batman planant sur le Parc, comme ces soirs de glorieuses victoires contre Marseille ou Bucarest.

Grazie mille San Marco.


J.J. Buteau

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