the can be only one virage

There can be only one

par

Écrire quand les cendres de nos espérances ne sont pas encore retombées.
Il s’agit de ça. Il fallait donc perdre pour espérer la gagner un jour.
Peut-être… peut-être que nous n’y parviendrons plus jamais non plus.
Rien n’est promis, à personne. One shot ou répétition générale
avant un sacre européen ? Je ne sais pas. There can be only one…


Il aurait aussi fallu la jouer, un peu, cette finale si particulière, sans public, sans garantie et aux multiples changements stériles, pour avoir le droit d’y croire. Les Allemands ont encore gagné et pour une fois, ils n’ont eu besoin ni d’anschluss ni d’un gardien sous ketamine. Ils ont maîtrisé, ils ont même marché, souvent. Elle était pour eux. Il ne suffisait donc pas de dégainer des mantra pour le soulever, ce trophée si convoité. « C’est pour nous, Paris est une équipe de coupe… ». On a tous jeté une pièce dans la fontaine. Normal. Comme des mômes qui refusent d’envisager autre chose qu’une fin heureuse. Il fallait jouer au football et enlacer un certain réalisme et nous ne l’avons pas fait.

J’avais imaginé tous les scenarii possibles. Enfin, je crois. De notre victoire foudroyante à une énième sodomie arbitrale, une nouvelle gastro des grands soirs. Et même un but de Coman, ancien parisien, et donc possible bourreau, selon notre sainte malédiction des ex revanchards. Je n’avais pas prédit ce scénario inexorable et mou, sans éclat véritable. J’avoue que la foi de Neymar m’avait convaincu ces dernières semaines. Lors des deux rencontres éliminatoires, il a été le chef d’orchestre et le sniper. Notre Roi et notre guide. Alpha, oméga et tutti quanta. À part marquer, il a tout fait. Et avec un sourire qui semblait en dire long sur son appétit. Sans lui, on s’offre assurément un nouveau traumatisme après une défaite ridicule contre Bergame. Ce soir, c’était pour lui. C’était son match. Il y était… Sa finale…

Ce n’était en fait qu’un souhait qui ne s’est pas réalisé. Pas de bol. Là, je saigne, encore, mais seulement quelques gouttelettes. Je suis triste, au cœur de la nuit, seul (mes camarades de débâcle sont repartis, la tête un peu lourde), sur mon canapé, le même qui a connu la remontada, la main de Presnel contre MU, la tactique délirante de Blanc contre City. Et pourtant, la rage et la frustration sont presque déjà un souvenir. Je pourrais décider de revoir en boucle les occasions ratées de Mbappé, qui a encore bien du travail à accomplir avant de vraiment prétendre au trône, l’impuissance de Neymar, les errances coupables de Kehrer, le fantôme de Di Maria. Je pourrais sinon me focaliser sur ce que nous avons bien fait, cette défense presque intraitable, Navas ultime rempart…

Je pourrais encore valser avec le conditionnel : Et si Cavani avait été là, et si Angel l’avait foutu au fond, et si on avait jouer à quatre devant, et si ma tante en avait, et si, et si, et si… Non. Nous avons juste perdu à la loyale, contre plus fort. Pas un colosse non plus, certes. Ce Bayern n’était pas invincible ni flamboyant. Mais ça a suffi et il n’y a rien à dire ou si peu. Peut-être étions nous rincés, peut-être avons nous pêché par vanité… Seuls les joueurs pourront nous l’expliquer. Je n’ai pas envie d’une ovation au Parc pour les remercier de leur parcours. Le covid nous évitera au moins ça. Nous ne sommes pas Saint-Étienne. Nous n’allons pas défiler pour célébrer cet échec ! Nous n’allons pas non plus les accabler, nos perdants pas si magnifiques. À l’heure qu’il est, leurs larmes sont sincères, je n’en doute pas. There can be only one. There can be only one.

Il va falloir réagir sans attendre. Les néo supporters trop gâtés qui ne jurent que par l’Europe ne vont pas être d’accord mais ce n’est pas grave, je ne les apprécie pas plus que ça. Qu’ils boudent et pestent dans leur coin en attendant de voir leur vœu exaucé quand leur putain de ligue européenne fermée sera officiellement créée. En attendant, Il y a Lens samedi soir. Il y a la ligue 1. Avec un Neymar inconsolable, un Mbappé frustré, un Icardi rancunier, un Kehrer suicidaire, un groupe fatigué, un Silva parti, un milieu toujours aussi flou… Avec un Tuchel le cul entre deux glacières. De quoi est il responsable ? Pouvait-il faire autrement notre Teuton à béquilles ? Oui, hurleront les déçus. Bien sûr. Ils réclameront peut-être sa tête. Peut-être l’ont il déjà fait sur Twitter… Leo décidera.

Il va falloir, oui, enchaîner sans état d’âme. Loin de Lisbonne et de ses sirènes vérolées. Avons nous quand même vraiment posé des bases solides après ce mois d’août, ressuscité un esprit collectif, avons nous compris que de jouer ensemble, c’était tout de même préférable, avons nous capté qu’une finale, c’était désormais tangible, avons nous enfin brisé le plafond de verre des quarts de finale ? Ou allons nous tout casser, tout négliger ? Persévérer dans le refus d’apprendre de nos ratés ? Liverpool l’a réussi très récemment. Chute et gloire. En quelques mois. Aurons nous cette fierté là, cette faim, cette constance dans l’effort et le jeu ? N’est pas Liverpool qui veut. Ni le Bayern…

C’est ce qui me dérange le plus dans cette finalement toute petite tragédie, un dimanche soir aux tribunes vides et aux trop nombreuses occasions manquées. Pour rêver de remonter sur le ring continental, une seule solution: Jouer au foot et en Ligue 1. Relever la tête. Même si on passe du caviar au tarama, même si c’est dur, cruel, déjà fini… J’aurai pu ici insulter nos ennemis (je parle de tous ces Français qui ont sauté de joie au coup de sifflet final, de Macron au petit gros sudiste qui casse des télés) mais je ne le ferai pas. C’est de bonne guerre. Si vous aviez assisté à ma joie intense quand Belgrade ou L’Atlético Madrid ont plié l’om. Ou quand le Bayern a fessé Lyon. Quel bonheur ! Il n’y a pas vraiment de coupable ce soir finalement. Pas de victime non plus. Logique respectée (cette expression atroce et impitoyable).

Nous avons assurément grandi. Nous avons payé pour voir. Nous y étions. Et personne d’autre à notre place. C’est cela qu’il faudra retenir. Il ne tient qu’à nous d’y prendre goût. Moins comme un Graal, une obsession presque psychanalytique que comme une possibilité concrète. Il ne tient qu’à nous. Schlafen sie gut chers compagnons de désespoir. Fais les plus beaux rêves mon fils, toi qui a vécu la chose depuis le pays basque, seul devant la télé. Dormez bien Paco, Stéphane, Olivier, Greg, Karim, Patrice, Virage crew et Mano. Et toi, Jean, dont le silence n’est pas que la manifestation d’un orgueil blessé, je le sais. Nos cœurs ont encore tenu. Indispensables, les dépucelages sont rarement des moments glorieux. Voilà. Nous ne sommes plus puceaux en LDC. Pas pour ça qu’on doit se prendre pour des hommes pour autant. Il va nous falloir des heures de pratique pour espérer devenir cet amant incontournable, à la fois torride et technique, imprévisible et toujours dans le tempo. Beau défi, non ? PSG4LIFE


Jérôme Reijasse

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