Thiago s'en va Virage PSG

Thiago s’en va

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Après 8 ans de bons et loyaux services, THIAGO SILVA va quitter le PARIS SAINT-GERMAIN. Même les meilleures choses ont une fin. Personne n’est éternel. Il n’est de bonne compagnie qui ne se quitte. On peut dérouler les lieux communs à l’infini, mais ça risque d’être un peu léger pour compenser l’absence d’un tel MONUMENT.

Thiago s'en va virage psg
Capitaine © Panoramic

Arrivé du Milan AC à l’été 2012, auréolé du titre officieux de « meilleur défenseur du monde » et étiqueté à près de 50 Millions bonus inclus, Thiago Silva n’est pas instantanément tombé amoureux du PSG. Il répétait même régulièrement qu’il n’avait pas choisi de quitter la Lombardie et qu’il se verrait bien y retourner. Un petit coup de saudade bien compréhensible. Paris et la France faisaient alors la connaissance d’un personnage discret, sobre, souriant mais pas trop. Un mec simple, à l’opposé du cliché du Sud Américain fantasque et fêtard. Un petit pas de samba devant les caméras ? Très peu pour lui, ce n’est pas le genre de la maison.

Très rapidement, le Brésilien a montré pourquoi Leonardo avait tant insisté pour le faire venir. S’il ne fait que très peu parler de lui en dehors du terrain, c’est parce que ses performances sur la pelouse parlent d’elles-mêmes. Une fois le coup d’envoi donné, Thiago devient « O Monstro ». Sérénité, efficacité, assurance, anticipation, vision du jeu, qualité de relance exceptionnelle, il a toutes les qualités du défenseur moderne. Les regrets du divin Paolo Maldini lorsque Silva a quitté Milan étaient totalement fondés. Avec des performances de très haut niveau, une autorité naturelle sur sa défense, Carlo Ancelotti n’a pas hésité longtemps avant d’en faire son capitaine. Il en a été de même avec Laurent Blanc, Unaï Emery et Thomas Tuchel. Tous se sont appuyés sur le Brésilien et en ont fait un indispensable. Ou presque.

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Chef de meute © Panoramic

Il y a tout de même eu un épisode plus délicat avec Emery. Au moment d’affronter Barcelone au Parc des Princes, Thiago Silva est blessé au genou et ne peut disputer la rencontre. Le résultat, on le connait : un 4-0 mémorable et un Kimpembe en feu qui a fait rôtir Messi pendant 90 minutes. L’épisode aurait pu être rangé dans la boîte à (bons) souvenirs si le match retour n’avait pas été cette humiliation historique qui nous fait encore cauchemarder. Dans un match où toute l’équipe a sombré, Thiago Silva n’a pas su insuffler un vent de révolte à ses coéquipiers. A l’inverse, il a beaucoup reculé malgré les injonctions de Emery à faire monter le bloc. Alors Thiago Silva, un coupable tout trouvé ?

Pour Emery en tout cas, il semblerait que oui. Il n’hésite pas charger son ancien joueur dans des propos à peine voilés dès qu’on lui remémore cet échec qui a défié toutes les statistiques. Il faut bien expliquer l’inexplicable, surtout quand on s’est fait virer d’Arsenal et que l’on n’a plus de club. Alors c’est Silva qui prend, ainsi que l’arbitre. Concernant ce dernier, il est clair qu’il a des comptes à rendre. Mais Emery devrait peut-être se demander pourquoi Silva n’a pas fait remonter son bloc. On peut se dire qu’en capitaine expérimenté il a peut-être senti que son équipe n’était tout simplement plus capable de se ressaisir. L’autre explication, largement reprise depuis, est la suivante : Silva c’est une pleureuse, il se chie dessus dans les grands matchs. Pardonnez-moi cet écart de langage, j’essayais juste de rester fidèle aux propos.

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Chelsea Forever © Panoramic

Il n’aura fallu qu’un seul match, certes catastrophique, pour salir la réputation du Capitão. Oublié le but de la qualification contre Chelsea. Oubliées ses performances XXL contre Barcelone, Valence, Lyon etc… O Monstro était alors devenu ce petit être émotif et fragile, deux traits de caractère passibles des pires outrages dans le monde du football. Et depuis, on entend que le Brésilien n’est jamais présent dans les grands matchs. Les idées reçues ont la vie dure, car malgré des dizaines de matchs parfaits, cette réputation ne l’a plus quitté. J’y vois surtout un mauvais procès intenté par ceux pour qui le foot n’est qu’un combat, du sang et de la sueur. Mais ce sont aussi des larmes, de l’humanité, des failles. On peut être le meilleur défenseur vu en 50 ans au PSG et ne pas être parfait. Mais réduire le capitaine le plus capé de l’histoire du club à quelques rarissimes contre-performances est d’une malhonnêteté scandaleuse.

Thiago Silva appartient à la race des Seigneurs. Il a sa place aux côtés des Maldini, Nesta, Beckenbauer, Blanc… Des défenseurs terriblement efficaces et d’une élégance rare. De ces joueurs dont on dit qu’ils pourraient jouer en smoking sans même le froisser. Il est de ceux qui tutoient les Dieux du ballon et qui ont rendu le poste de défenseur à la fois beau et captivant, à des années lumières des soutiers et roublards à la Sergio Ramos. Thiago Silva n’est pas du genre à faire une clé de bras à un attaquant, lui. Face à son adversaire direct, quel qu’il soit, il n’y a généralement qu’une option : O Monstro prend la mesure de son client, le jauge puis le met dans la poche de son short. Kylian Mbappé, lorsqu’il était encore à Monaco, a payé pour voir. Il a vu.

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Légende XXL © Panoramic

Thiago Silva est de ces joueurs qu’on ne peut vraiment admirer que dans un stade, les 42 pouces d’un écran plat étant bien trop petits pour comprendre l’étendue de son travail. Ses yeux sont partout, sa voix sur chacun de ses équipiers, à tout instant, car le placement de son latéral en couverture à l’autre bout de l’action sur un corner offensif est défini au millimètre. Il est chiant Thiago. Un duel aérien défensif gagné n’a de sens que si la balle, qu’il récupérera (à chaque fois) est immédiatement transformée en première passe pour la prochaine attaque.

Rien n’est laissé au hasard. Rien ne peut être laissé au hasard. Si le football n’était qu’un métier, sa photo d’employé du mois, jaunie par le temps n’aurait jamais été délogée du tableau devant la cafét’ depuis le premier jour où il arriva au Camp des Loges pour exercer sa profession. Sakho disait de lui qu’il était le meilleur footballeur avec lequel il ait jamais joué. Il est dans tous les cas le meilleur professionnel de ce métier. Les élèves Marquinhos et Kimpembe devront prendre la relève du maître. Une lourde charge à porter, mais ils ont eu le temps d’apprendre en le regardant.

Au crépuscule de ces magnifiques années que l’intéressé aurait voulu prolonger dans une nuit étoilée, Il reste un gout amer, injuste, d’un joueur dont on ne saura apprécier l’immensité que lorsque son absence se fera sentir. L’histoire du PSG s’écrivant à la vitesse folle d’une fusée obsédée par ce qui est devant elle et ne prenant jamais le temps de regarder en arrière le chemin parcouru, le piédestal de Thiago attendra. A moins qu’une dernière fois, un soir d’été, notre meilleur défenseur du monde ne décide de faire ce dont il a le plus pris l’habitude pendant son passage ici : soulever un trophée, et nous faire pleurer.

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Obrigado adeus © Panoramic

Ce texte a été écrit avec le concours de Nicolas Polly


Café Crème et Sombrero

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