Je gombrends pas

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Et si nous avions tout faux depuis 2012 ? Et si QSI s’était planté dans les grandes largeurs ? Et si le PSG n’était plus qu’une coquille vide, valant 4 milliards certes mais dont la colonne vertébrale avait été vidée de toute sa moelle ?

Un premier indice flagrant : plus de 10 ans après son rachat, le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi ne parle toujours pas français ou un français vraiment, euh, très relatif. Je ne gombrends pas. Tout comme nombre de nos joueurs, aussi émérites soient-ils, n’ont pas parlé français durant leur séjour au club. Ce devrait être pourtant la première des règles quand on arrive dans un club, faire les efforts nécessaires pour comprendre, connaître et parler la langue du pays qui vous accueille.

Mais quand le mauvais exemple est donné de plus haut, ça n’incite pas à cet effort. Comme si l’on n’était que de passage. Qu’en 9 ans, Angel di Maria n’ait pas parlé français, que Neymar 5 ans après son arrivée et d’autres présents depuis plusieurs années ne le parlent pas un français correct est un signe, un signe fort que les choses ne vont pas dans le bon sens.

Si les premières années de QSI étaient prometteuses (l’apport mental et sportif de Zlatan, la classe et le génie de Pastore et j’en passe), tout est parti ensuite en sucette. Des joueurs essentiels pour la colonne vertébrale d’une équipe n’ont jamais été remplacés et l’ensemble s’est écroulé, tel un pantin dont on aurait coupé les fils. Tiago Motta, Matuidi, Zlatan ont laissé un immense vide que certains ont tenté de combler seul. Impossible. Pas cohérent. Le football est une expression collective. Et le sera toujours.

Je n’accable pas là le joueur le plus cher de tous les temps. Je pourrais mais je ne le ferai pas. Car si Neymar n’a pas apporté ce que l’on attendait de lui, ou vraiment très épisodiquement mais c’est loin d’être suffisant, ce n’est pas de sa faute. J’en ai longtemps voulu à Neymar pour la déliquescence lente de notre jeu depuis son arrivée mais en fait, il n’est pas fautif. On lui a donné les clés, des droits qu’aucun autre joueur n’a eu avant lui mais on ne lui a pas imposé de devoirs.

garde la tête hors de l’eau depuis trois ans

La venue de Neymar aurait dû bonifier le jeu de l’équipe, hausser le niveau de tous. Au lieu de ça, on l’a laissé faire ce qu’il voulait, on a laissé l’individu devenir plus important que le collectif. Jamais on ne lui a demandé, car il n’y pensait pas lui-même, à faire évoluer son jeu. À moins porter le ballon. Pas une révolution, on ne va pas lui demander de devenir un porteur d’eau, une évolution. Une adaptation.

Ce fut l’immense force de Raí qui, après avoir galéré la première année, a eu l’intelligence de modifier certains aspects de son jeu, de son talent pour s’adapter à un terrain nouveau, à une nouvelle manière de jouer. Neymar n’a jamais bonifié le collectif, Neymar a fait du Neymar, d’abord au détriment de Cavani puis de l’ensemble de l’équipe puis de l’ensemble de notre jeu. Quand on le voit gueuler sur Vitinha lors du match contre Monaco alors qu’il a passé son match à marcher et ne pas faire les efforts collectifs pour les 10 autres joueurs sur le terrain, c’est symptomatique.

Quant à Messi, génie parmi les génies, bien-sûr qu’il peut faire la différence à tout moment comme ce week-end mais on ne m’ôtera pas de l’esprit que jamais, il n’a voulu quitter Barcelone, comme Neymar, et qu’on ne peut tirer le meilleur de joueurs qui viennent à reculons. Et j’aurai toujours cette petite question en tête : combien de jeunes joueurs de grand talent aurait-on pu accueillir, faire grandir en même temps qu’ils font grandir l’équipe, pour les mêmes sommes ? Combien d’avenirs du football avons-nous perdu en faisant All In sur Neymar et sur Messi ? On ne le saura jamais. C’est un choix stratégique. On ne peut pas dire qu’il soit payant jusqu’ici. Seul Mbappé fut un coup de maître et il nous porte et nous garde la tête hors de l’eau depuis trois ans. Quand il partira à la fin de la saison, lassé de tout, on pleurera tous mais il aura raison.

C’est triste pour ce club

Tous les entraîneurs qui se sont succédés ont échoué à un moment ou un autre et on continue dans le même sens. Tous ces entraîneurs, ou quasiment, ont réussi de grandes choses après leur passage au PSG mais on poursuit dans la même veine, on s’injecte le même poison et on continue à s’étonner des effets. Je gombrends pas.

Je ne le souhaite pas un instant mais il est probable que le PSG sorte de la Champions League après sa double confrontation avec le Bayern. Ce serait en tout cas la logique sportive actuelle. La différence de qualité de jeu est abyssale. Le nôtre s’effrite comme un château de sable quand la marée l’attaque. Et ce n’est pas la faute de Galtier. Comme ce n’était pas la faute de Pochettino. Comme ce n’était pas la faute de Tuchel. Comme ce n’était pas la faute d’Emery. Ancelotti aussi, pas la moitié d’une buse, fut le premier à s’y casser les dents.

S’il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark, il y a quelque chose de bancal au royaume du PSG. Depuis trop longtemps. Peu à peu, tout s’affaisse, tout s’effondre lentement, inexorablement. Nous n’en sommes vraiment pas loin. C’est triste pour ce club. Mais c’est peut-être inéluctable dans ce football-spectacle du XXIe siècle. Pardonnez mon romantisme, pardonnez les frissons qui me parcourent encore en repensant au Steaua, au Real, à Bruxelles, à ce qu’était le Parc. C’est en moi pour toujours et voir ce club s’éloigner, devenir un mirage, c’est dur de s’y résoudre. Mais malheureusement, ça n’est plus impossible. Le bling bling c’est fini, paraît-il, mais on essaye de resigner Messi. Je gombrends pas. Nous essorons un énième entraîneur de talent mais ce sera de sa faute. Je gombrends pas. Nous vendons plein de maillots Third et Fourth mais nous n’avons plus d’indentité. Je gombrends toujours pas. Et tant que nous n’aurons pas un président qui aura la capacité de dire à notre actionnaire du désert que non, c’est pas comme ça le football, je ne gombrendrai pas.


Safet Sous X

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