Numéro 10

par

Sah ! (comme disent les jeunes) quel bonheur, quelle joie, quel plaisir !
Le PSG va sans doute être sacré champion de France pour la 10e fois, rattrapant
le meilleur club français de l’histoire (oui, encore), l’A.S Saint-Étienne.

Bon, en fait, c’est notre 11e titre car celui de 93 nous appartient, non officiellement certes, pour l’éternité. Glassmann, Robert, Valenciennes, les pépètes au fond du jardin, Tapie et ses magouilles. Mais revenons à nos moutons. Quel exploit fabuleux, quelle émot… ah non.

Non, non et non. Le titre de cette année est le plus moche, le plus indigent et le plus insensé de notre histoire. Caché derrière ce très moche Hexagoal qui nous sera bientôt tendu se trouve un désastre, une terre brûlée, une plaine encore fumante de l’incendie qui couve depuis plusieurs années et qui ne semble pas près de s’éteindre quand on entend déjà les noms de Pogba ou de Dembélé résonner dans les travées du Parc avec insistance. Des joueurs avec un état d’esprit aussi friable qu’un Roudor trempé dans du lait. Des starlettes sans caractère, sans âme, si loin de ce dont nous avons besoin.

Jamais le PSG n’a été aussi mauvais, aussi déséquilibré, aussi peu collectif que cette année. Jamais la notion d’équipe n’a autant été dévoyée. Jamais le club n’a semblé autant plonger dans ses travers. Bien sûr, le seul talent de nos « stars » (sic) a fait la différence en championnat. Merci surtout et d’abord à Kylian. Le PSG n’est plus, vive le Mbappé-S-G. Merci pour ta saison stratosphérique. Pour ton envie constante. Ton talent insensé. Et merci à la mauvaise saison des quelques rares adversaires qui auraient pu lutter pour le titre.

Quelle ironie d’être titré si tôt alors que cette année, rien ne va. Oui mais on a Messi, Neymar et Mbappé. D’accord, ça déséquilibre tout le reste de l’équipe, ça ne construit quasiment rien collectivement, ça fait déjouer tout l’effectif, ça cache la misère. Oui mais on a Messi, Neymar et Mbappé, on vend des maillots Third et Fourth par containers entiers et on va aller en vendre un peu plus au Japon pendant l’intersaison. Konichiwa. Joie.

On ne peut pas mentir dans le football

Ça fait quelques années que ces titres m’en touchent une sans remuer l’autre, ça fait bien longtemps que les Rouge et Bleu ne suscitent plus qu’une émotion polie au lieu de la folie. Ça fait des années que chaque saison qui passe ne nous fait pas progresser. En tant que club. En tant qu’équipe. En tant qu’institution.

Quand Liverpool ou City procèdent par petites touches comme le peintre qui termine son chef-d’œuvre, quand on voit leur jeu d’une rare intelligence où chaque élément du collectif bénéficie à l’autre, du titulaire au remplaçant, et qu’on fait le parallèle avec ce que nous avons vu cette saison, c’est déprimant.

Il n’y a plus de collectif au PSG, il n’y a plus de jeu, il y a des joueurs sur un terrain qui tentent de passer la balle à d’autres joueurs sur le terrain en espérant d’eux un exploit individuel. Ce n’est pas du foot. Ce n’est pas une équipe. Ce n’est pas la bonne direction et il est parfaitement logique qu’en ne développant rien collectivement depuis des années, on se retrouve dans cette situation. C’est normal que le Real nous ait mis une branlée au retour. C’est normal qu’on soit éliminés sans honneur. On ne peut pas mentir dans le football. On ne peut pas dévoyer le jeu. On ne peut pas se cacher derrière des trophées à deux jambes. Deux jambes qui, parfois, ne font que marcher sur le terrain.

Pourtant, soyons-en assurés, rien ne changera à moins d’une révolution de palais. Non, je ne demande pas à destituer l’Emir dans un coup d’état. Celui qui prendrait sa place aurait les mêmes idées sur le football. Des idées de nouveau riche qui préfère le clinquant au discret, le flamboyant à l’utile, l’individuel au collectif.

En respectant cette ville, son club

Rien ne va au PSG. De la mentalité et la vision du foot de l’actionnaire au président Je Gombrends pas qui ne se remet pas en question, qui est dépassé de toutes parts, à l’institution qui part en vrille du centre de formation jusqu’à l’équipe fanion, au merchandising tout puissant, à la vision à plus long terme que la ligne de chiffres des ventes de maillots et de goodies dans le monde.

Paris ne Mergitur pas encore mais on n’est pas loin de la ligne de flottaison et ce n’est pas en rajoutant la lourdeur de nouveaux noms ronflants qu’on va Fluctuat plus longtemps. Ce club a perdu son âme, son esprit, ses couleurs et aucun signe ne semble démontrer qu’il va y avoir un changement de cap radical.

Mais on a une dixième titre. Joie. Pochettino va partir. Ça va forcément tout résoudre. Comme après Tuchel. Comme après Emery. Ah, non. Rien n’a changé. Alors bien sûr, Allez Paris, allez Paris, où tu es, nous sommes là, tu ne seras jamais seul car nous deux, c’est pour la vie. Comme toujours. Mais si on pouvait récupérer une âme, un état d’esprit, un collectif et des joueurs impliqués, volontaires, hargneux et altruistes, ça pourrait aider aussi à entrevoir l’avenir en rouge et bleu. Pas en rose fuchsia, ni en lie-de-vin, ni en noir, ni en blanc, ni en orange fluo, ni en rose layette ni en Jordan. En respectant cette ville, son club, son histoire et ses seules couleurs.


Safet Sous X
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