OH! Capitão Virage PSG

Oh! Capitão

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Paris Saint-Germain – Dijon FCO. Samedi 24 octobre 2020. Les Rouge et Bleu mènent tranquillement 2-0 lorsqu’à la 73ème minute, Marquinhos est remplacé par le jeune Kays Ruiz-Atil. Si insignifiant que cela puisse paraître, l’instant est peut-être historique pour le club de la capitale. Avant de quitter la pelouse, le capitaine parisien donne son brassard à son compatriote, Neymar da Silva Santos Júnior.
Une première qui n’est pas passée totalement inaperçue…

Thiago Silva, O Monstro, nous a quitté il y a quelques semaines. Un coup de blues après 8 années de bons et loyaux services, pendant lesquelles il est devenu rapidement O Capitão. Portant le brassard à 293 reprises, il détient le record de capitanat du Paris Saint-Germain. Souvent débattu, parfois contesté, voire même chahuté, le statut de Thiago n’a finalement jamais été remis en question, du moins pas sur le rectangle vert. Le 14 février 2018, lors d’un déplacement décisif en 8ème de Ligue des Champions sur la pelouse du Santiago Bernabeu, Unai Emery, lui reprochant encore le fiasco de la Remontada, a préféré lui faire part de son désamour en le désignant remplaçant de dernière minute plutôt que de lui retirer le brassard, décision qui aurait été bien plus marquante sur la durée. Qu’elle était loin la tête rageuse et victorieuse de Thiago à la 113ème minute d’un … Chelsea – PSG revanchard, qualifiant les parisiens pour les quarts de finale de l’édition 2015. Un vrai comportement de capitaine, celui qui montre l’exemple et pousse ses coéquipiers à se surpasser, alors que Paris jouait à dix depuis la 30ème minute et l’expulsion sévère de Zlatan Ibrahimović. Menant son équipe à la qualification, Thiago avait su ce soir là porter ses … ! Une défaillance qui lui fut plusieurs fois reprochée dans le reste de son parcours parisien.

Malgré ce reproche récurrent, l’empreinte laissée au club par Capitaine Thiago est considérable. Le remplacer n’est certainement pas chose aisée. Une première qualification en Finale de Ligue des Champions oblige à ne pas tout chambouler afin de continuer sur la même lancée. Ainsi la suite parait logique. Elle est acceptée par tous, joueurs, supporters, médias, sans qu’aucun ne sourcille et ne remette en cause la décision. L’élève pour succéder au maître. Le fils spirituel de Thiago est son successeur naturel : Marcos Aoás Corrêa, dit Marquinhos, 26 ans seulement et déjà bientôt 300 matchs sous la tunique parisienne, et une cinquantaine avec la sélection brésilienne. Les chiffres du joueur en imposent, mais qu’en est-il de l’homme ?

A l’image de son professeur, Marqui, comme tout le monde aime l’appeler, paraît avoir reçu la meilleure éducation. Gentil, courtois, fair-play, peut-être trop, le Marquis de Paris semble avoir toutes les qualités humaines les plus respectables. Mais est-ce suffisant pour être capitaine du Paris Saint-Germain ? A l’image de son prédécesseur, Marquinhos paraît trop lisse pour mener ses coéquipiers vers le sommet en tapant du point sur la table du vestiaire, pour faire basculer le tournant d’un match décisif, pour peser sur les arbitres et imposer le respect aux adversaires. Certes je n’ai jamais mis les pieds dans le-dit vestiaire et je ne peux donc pas objectivement me prononcer sur son attitude réelle, mais je me permets de le supputer à partir de son image publique. Pour être plus direct, je dirai qu’il est dans la continuité direct de Thiago Silva, le moule est parfait, mais le moule est-il celui dont le PSG à besoin ? Le départ de Thiago n’est-il pas justement propice au changement, à la modification de cap, et qui dit cap, dit capitaine. Le choix parait trop évident. Tout le monde l’apprécie. On adore à la fois l’homme et le joueur. Personne ne l’a jamais critiqué ouvertement. Mais n’est-il pas temps de mettre fin au consensus Marquinhos en désignant un nouveau capitaine de navire, un corsaire à l’esprit bien trempé et au caractère imparfait.

OH! Capitão Virage PSG
Capitaine Silva © Panoramic

Avant de rentrer dans le vif du sujet, répondons à cette question pas si évidente : quels critères doit-on prendre en compte pour désigner un capitaine ? La position sur le terrain ? Cela ne me semble pas primordial. L’histoire du joueur au sein du club et son ancienneté ? Evidemment, l’identification du capitaine à son équipe aide à se faire respecter par ses coéquipiers et ses supporters, mais est-ce suffisant ? Son palmarès ? De même, cela permet d’en imposer et de crédibiliser le choix, mais là encore, un capitanat ne peut se baser uniquement sur cette donnée. Son comportement d’homme et de joueur ? Il y a effectivement des traits de caractères indispensables qui semblent déterminants :

– avoir du charisme, être respecté et être un exemple pour ses coéquipiers, notamment en adoptant un comportement irréprochable. Il  ne doit pas être remis en doute et sa légitimité ne peut être contestée.

– avoir une détermination sans faille et un optimisme à tout épreuve. Avoir une force de caractère permettant de se transcender dans les moments les plus difficiles et de motiver ses coéquipiers, les mener naturellement à le suivre, en étant à l’écoute des autres, mais au tout en faisant preuve d’une autorité infaillible dans les mauvais moments. Il se doit d’être à la fois un leader qu’on écoute et un vecteur de solidarité.

– être moteur dans l’équipe, avoir une position centrale. Il doit savoir communiquer à l’intérieur comme à l’extérieur du groupe. Il doit incarner l’équipe et le club.

Voici quelques pistes de ce que doit être un capitaine. Ainsi, à la question, quels sont les critères pour choisir le meilleur, les réponses sont variées mais le profil assez précis. Le premier élément qui me semble toutefois inéluctable est que ça dépend bien sûr de son effectif. Lorsque je regarde le groupe du Paris Saint-Germain pour cette saison 2020-2021, une solution me saute aux yeux. Un vœux pieux. Un corsaire qui ne coche pas toutes les cases énoncées ci-dessus, mais pour qui le brassard pourrait être un tournant dans sa carrière parisienne, et par la même occasion, faire basculer le Paris Saint-Germain dans une autre galaxie.

Oui, Neymar JR [non, les initiales n’ont rien à voir avec Jérôme Reijasse, célèbre auteur de Virage] ne remplit pas toutes ces caractéristiques, mais il en valide beaucoup, et lui donner le brassard pourrait justement l’élever à ce fameux rang de leader mental, en plus d’être le leader technique. Certes, Neymar n’est pas Sergio Ramos, ni Gérard Piqué, ni Manuel Neuer. Loin de faire l’unanimité, il est un « débat » à lui tout seul. D’aucun dirait qu’il est ultra clivant. Il ne laisse personne indifférent. Il est aussi adulé que détesté. Rien que cet article va faire grincer des dents. Mais à bientôt 29 ans, pour sa quatrième saison au club, n’est-ce pas le moment idéal pour le responsabiliser ? Lui faire prendre conscience qu’aussi merveilleux balle au pied qu’il puisse être, son seul talent de génie du ballon rond n’est pas suffisant, qu’il doit franchir un ultime pallier, celui de la maturité et du leadership.

Lui donner le brassard, tout en lui expliquant la démarche afin qu’il ait pleine conscience des enjeux, devrait lui permettre de changer son rapport avec les arbitres, de faire évoluer son comportement avec ses coéquipiers, de modifier son approche des médias, de chambouler son image auprès des supporters, des transformations qui ne peuvent pas être perçues comme des bouleversements inaccessibles, mais qui doivent être l’ultime pas en avant vers un accomplissement absolu.

On lui reproche depuis son arrivée, et souvent à juste titre, de se comporter comme s’il était plus important que l’institution PSG. Mais ne soyons pas de mauvaise foi, n’est-ce pas justement la raison pour laquelle les qatariens sont allés le chercher ? Après trois ans d’hypocrisie quasi générale, n’est-il pas le moment de l’assumer ? Il porte déjà sportivement l’équipe sur ses épaules, les éliminations contre le Real Madrid 2018, puis Manchester 2019, pour lesquelles il était absent, et les qualifications cette saison jusqu’en finale de la Champions’ en sont la preuve par les statistiques, et par la réalité rendue sur le terrain. Est-ce un hasard ? Certainement pas. Neymar a raté sa finale à Lisbonne. Le Paris SG a perdu. Cette saison, Neymar a raté son premier match contre Manchester United. Paris a perdu. CQFD.

L’ultime étape, n’en déplaise à tous ses détracteurs, et ils sont nombreux, au sein même des tribunes du Parc des Princes, Neymar doit incarner aujourd’hui le Paris Saint-Germain. Quoi de mieux pour cela que de le désigner capitaine. Il veut gagner la Ligue des Champions. Il veut le ballon d’Or. Il est le leader technique indiscutable de cette équipe. Il est le leader marketing inégalable même pour l’institution. A part le collectif, quelle individualité actuellement dans l’effectif peut mieux que lui nous faire gagner la C1 ? Aucune autre, pas même le précoce Kyky. Alors faisons de cette encombrante mais génialissime individualité brésilienne un collectif parisien. Donnons lui les clés du camion. Qu’il devienne indissociable du club. Le Paris Saint-Germain et Neymar ne doivent faire plus qu’un. Sans jeu de mot, c’est un pari. Mais n’est-on pas prêt à l’assumer ? C’est un risque, certes. Mais ainsi considéré, ça peut aussi lui permettre de franchir ce seuil qu’il n’a pas encore atteint. Cet ultime échelon vers la trace indélébile dans l’histoire du club.

Une question n’est pas dénuée d’intérêt : Neymar souhaite-t-il être le capitaine de l’équipe ? Je ne sais pas. Je ne crois pas l’avoir déjà entendu répondre à cette question. Une chose est certaine, celui qui est devenu dernièrement le 2ème meilleur buteur de l’histoire de la Seleção [derrière le Roi Pelé qu’il rattrape à grands pas] a déjà porté le brassard du Brésil à plusieurs occasions, même si en sélection A le même Thiago Silva est déjà le préposé. Personne n’a oublié qu’il était également le capitaine naturel de la sélection olympique, en 2016 lors des Jeux de Rio, compétition à la maison que les jeunes auriverde menés par leur grand frère ne laissèrent pas passer, remportant leur premier titre olympique, le seul qui ne garnissait pas la salle des trophées de la fédération brésilienne. Une preuve qu’un Neymar capitaine peut se terminer par un titre remporté pour la première fois, qui plus est dans une équipe où Marquinhos joue en défense centrale…

OH! Capitão Virage PSG
Capitaine Ney © Panoramic

Deuxième question non négligeable : Thomas Tuchel souhaite-t-il désigner Neymar comme nouveau capitaine ? La réponse ayant déjà été tranchée en début de saison, elle semble être à la négative. Mais Thomas Tuchel est-il aujourd’hui l’unique décideur du sportif au sein du club ? Les derniers événements montrent clairement l’orientation de la réponse.

Dans une telle décision, Nasser et Leonardo doivent aussi avoir leur mot à dire. La réponse doit être collégiale. Neymar est au cœur du projet Paris Saint-Germain. En des termes plus directs, on peut même dire qu’il « est le projet ». La volonté paraît claire, construire sur la durée avec lui, en prolongeant son contrat. Quelle meilleure preuve de confiance de la part des dirigeants que de lui donner en même temps le brassard. Cela reviendrait à l’intégrer à 100% dans l’ambitieuse entreprise qu’est la quête de la Ligue des Champions, et la pérennisation des résultats au plus haut niveau continental. Certes, il aurait ainsi une pression énorme, mais n’est-ce pas le moment pour lui de montrer au monde entier qu’il est le joueur et l’homme exceptionnel capable de succéder à Messi et à Cristiano Ronaldo [lesquels sont ou ont été capitaine de leur équipe, du Real et du Barça, excusé du peu], et avant que son Kylian Mbappé préféré ne lui vole définitivement la vedette. Nommer Neymar capitaine, ce serait également envoyer un message fort à tous nos adversaires, et je ne parle pas là que de Dijon …

Le débat est ouvert, ouvrons donc les possibilités. Marquinhos trop lisse, trop « déjà vu ». Neymar trop individuel, trop « m’as tu vu ». Quelles seraient les alternatives possibles au sein de notre effectif actuel ? Au moins trois joueurs paraissent crédibles, pour différentes raisons. Deux d’entre eux ont d’ailleurs déjà porté le brassard parisien. Le troisième est peut-être celui qui réunit le plus de critères :

– A 27 ans, Marco Verratti entame sa 9ème saison à Paris. Il est même devenu le 5ème joueur le plus capé du Paris Saint-Germain [320 matchs au 26/10/2020], devant Bernard Lama et … Thiago Silva. En septembre, à la fin du match à Lens, il prit le brassard quelques minutes. Son statut au club fait de lui un client potentiel, mais son caractère parfois puéril et son comportement imprévisible avec les arbitres semblent l’éloigner de ce rôle de leader incontesté. Neymar a parfois ces mêmes éclats incontrôlés avec le corps arbitral, et une folie provocatrice sur le terrain, mais sa stature est tout autre que celle du petit hibou.

– A 25 ans, son titre de Champion du Monde et sa place de plus en plus affirmée en Equipe de France, Presnel Kimpembe se porte comme un candidat au brassard très crédible. Francilien, Titi du club, fort de caractère et dur sur l’homme, il a la carrure pour devenir à terme l’homme fort de l’effectif, et l’incarnation parfaite du maillot Rouge et Bleu. Dans la lignée de Mamadou Sakho [lequel a part ailleurs été à 17 ans le plus jeune capitaine de l’histoire du PSG, le 20 octobre 2007, lors d’un Valenciennes – PSG qui fut également sa première titularisation en Ligue 1], Presnel Kimpembe a tout pour devenir l’icône du club, mais n’est-ce pas un peu trop tôt ? Lui qui a annoncé vouloir faire toute sa carrière à Paris peut encore attendre un peu avant d’en devenir l’étendard.

– A 33 ans, Keylor Navas a tout pour être le capitaine idoine. Son palmarès, sa confiance, son charisme, sa régularité dans les performances en feraient un capitaine indiscutable. Un gardien peut tout à fait occuper cette fonction, Manuel Neuer ou Hugo Lloris en sont la preuve. Avant lui, à Paris, Bernard Lama a brillamment occupé ce rôle. Il était d’ailleurs le capitaine lors de notre victoire en Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe. Seul bémol au tableau, Navas entame sa deuxième saison à Paris, ce qui, par rapport à tous ceux cités précédemment, Marquinhos, Neymar, Verratti et Kimpembe, le rend moins légitime au niveau de l’ancienneté.

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Capitaine Raì © Panoramic

Vous l’aurez compris, le Paris Saint-Germain ne manque pas de capitaine potentiel, chacun ayant des arguments différents à faire valoir. Des joueurs qui n’ont rien à envier à la liste des capitaines renommés du club, Jean Djorkaeff, Mustapha Dahleb, Dominique Bathenay, Jean-Marc Pilorget, Luis Fernandez, Oumar Sène, Safet Sušić, Paul Le Guen, Alain Roche, Marco Simone, Mauricio Pochettino, Pedro Miguel Pauleta, Claude Makélélé, autant de noms qui ont marqué l’histoire du Paris Saint-Germain, et la liste n’est bien sûr pas exhaustive.

La source des plus grands succès n’est pas une partition individuelle, mais une chorégraphie collective, sublimée par une individualité hors normes, techniquement comme humainement. Le Paris Saint-Germain a déjà eu cette perle rare. Vous l’avez deviné, je parle de celui qui vient juste d’être élu le meilleur joueur de l’histoire pour le cinquantenaire du club, un capitaine qui d’après les supporters, « n’est pas de notre galaxie, mais qui vient du fond de la nuit« , un meneur d’homme extraordinaire, un leader technique et mental comme il en existe peu, un Champion du monde, CAPITAINE RAÌ !!

Depuis notre défaite à Lisbonne en finale de Ligue des Champions, j’entends régulièrement cette question : que manque-t-il au Paris Saint-Germain pour franchir ce dernier palier ? Et si la réponse était sous nos yeux : un numéro 10 brésilien pour Capitaine.


Retrouvez l’article de GREGORY PROTCHE consacré à THIAGO SILVA en cliquant sur l’image ci-dessous

Thiago Silva Virage PSG


Benjamin Navet

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