PSG : identité exposée !

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Je voudrais dans cet article faire partager quelques réflexions pour approcher
ce qui constitue l’identité positive
de notre Club. Je ne prétends pas y développer autre chose qu’un point de vue engagé et très subjectif,
qui appelle bien sûr au débat !

S’il y a en effet un enjeu qui peut unir tous les supporters parisiens c’est bien il me semble de mettre en exergue ce que le Paris SG peut symboliser de fort en tant qu’institution, et qui justifie donc de s’y attacher bien au-delà des périodes sportives, fastes ou compliquées.  C’est ce qui renvoie à la valeur de notre appartenance commune, une valeur qui peut apporter de la fierté à chaque supporter quel qu’il soit.

Parler d’identité positive demande à voir loin, très loin par-dessus les stars et les titres du PSG actuel ! Le sportif peut certes nous amener de la joie ou de la tristesse, mais réduire la valeur du Club à ses résultats, au-delà d’y amener une base assez précaire (qui se retournerait contre nous quand les résultats suivront moins, et entacherait à coup sûr notre passé… contrasté sportivement !), méconnaitrait tout ce que notre identité peut avoir de plus consistant et valorisant. C’est pourquoi il faut davantage chercher ce qui peut nous rendre fiers d’être du PSG dans ce qui reste vrai dans la durée, qu’on aime et soutient fondamentalement à travers notre Club ! 

Valoriser ainsi ensemble l’identité de notre Club me paraît d’autant plus nécessaire que nous devons composer avec un environnement social et culturel  qui nous est dans l’ensemble défavorable. Défendre le Paris SG, y associer des « valeurs » contraste avec tout ce qui a toujours pu être dit de péjoratif au sujet de notre Club (je différencie bien le Club des joueurs qui eux peuvent, parfois, recevoir des éloges).

Notre club présente même la particularité de subir des  discours négatifs qui se contredisent entre eux ! Sans établir une liste complète, on peut citer quelques exemples : « Le PSG est un club sans identité, qui ne représente rien… le PSG représente les pires travers » ! Ou bien « Le PSG ne suscite pas les passions… le PSG est le club le plus détesté de France » Ou bien également « Le PSG n’est qu’un club de bourges… le PSG est un club de beaufs, de racailles ». Ou bien encore « Le PSG est le club de cette capitale arrogante et méprisable et mérite à ce titre d’être détesté… le PSG ne représente même pas Paris. » Ou bien enfin, il y a encore quelques années « Le PSG c’est les parisiens, on ne peut qu’être contre vu ce que ces gens symbolisent… les parisiens sont plus pour l’OM que pour le PSG, la honte pour le PSG » !

Peu importe ce qui est dit, quand bien même cela s’avère contestable voire foncièrement injuste, du moment que cela atteint le PSG en somme : afficher ostensiblement une attitude hostile à l’égard de notre club trouve souvent  un large écho ! S’il ne s’agit pas d’embellir la réalité de notre Club, et de refuser de considérer certaines critiques, parfois dures mais fondées, il est difficile de ne pas voir que le phénomène relève souvent de la posture systématique !

Parc des princes Virage PSG
Le Prince de la ville © Panoramic

Nous pouvons difficilement échapper à cela : que ce soit  parce que l’on symbolise Paris dans le foot ou le foot à Paris.

– Notre club représente Paris, ce qui nous fait subir tout l’effet de l’antiparisianisme qui imprègne notre pays  et peut se mesurer à Paris-même où beaucoup (pas tous bien sûr),  vont critiquer tout ce qui évoque l’identité parisienne. Une identité à laquelle ils ne veulent surtout pas s’attacher, pour ne pas se défaire de la vision très dure qu’ils en ont (quand ils viennent d’ailleurs), ou dont ils cherchent à se détacher compte tenu de ce qu’elle véhicule de négatif aux yeux de beaucoup, et fait donc assumer (quand ils sont d’ici). Un club qui symbolise une ville qui symbolise le pire aux yeux d’un grand nombre de personnes ne part pas qu’avec des avantages !

– Notre club est basé à Paris. Or on le souligne souvent, Paris n’est pas une ville de foot et ce rejet relatif du foot, autant que le mépris, bien marqué lui,  du supportérisme  qui l’accompagne (qu’on associe à la violence, la bêtise ou la vulgarité) va beaucoup se cristalliser sur le PSG qui incarne « la déviance locale », la plus présente donc pénible, et la moins défendable. Les anti-foot à Paris vont en effet souvent considérer les supporters du PSG comme les pires car au-delà d’abimer l’image de Paris selon eux, ces supporters n’ont même pas l’excuse d’appartenir à une culture différente qui justifierait cette passion et la rendrait un tant soit peu sympathique. Dans le même environnement (parisien au sens large), les supporters du PSG montrent une attitude opposée à la leur (et les contredisent donc) : comment ne pas les considérer dès lors comme les plus dérangeants ? 

Pour résumer, les raisons qui amènent des postures hostiles au PSG peuvent diverger, mais la cible (facile) que nous représentons reste la même !

Notre identité est un sujet qui s’impose d’autant plus que nous nous trouvons  dans une période où le risque est grand qu’on associe exclusivement notre Club à son propriétaire Qatari, à ce qu’il mène dans le club et au moyen du club,  et qu’on nous identifie par voie de conséquence à des choses superficielles au mieux (un club qui cherche à se muer en une marque clinquante et n’existe que par ses stars), très condamnables au pire (un club qui sert de vitrine à un Etat des plus critiquables).

Je dois dire à ce stade que je suis moi-même critique sur l’instrumentalisation que le Qatar fait de notre club. Ce n’est pas parce que beaucoup de supporters adverses prennent une posture facile sur le sujet, pour nous condamner, se légitimer à nous détester en se donnant bonne conscience (certains feraient mieux de balayer devant leurs portes…), que cela occulte le fond du problème à mes yeux. Il ne s’agit pas de se montrer utopiste, mais de considérer un minimum ce dans quoi notre Club se trouve engagé… car cela impacte notre identité et aura une incidence sur ce qu’il restera du PSG dans l’histoire du foot !  

Si je comprends tout à fait qu’on mette ces enjeux « éthiques » de côté, pour juste profiter de ce qu’a « apporté » QSI (je trouve cela très humain et suis sincèrement content pour tous les supporters qui y trouvent leur compte),  je ne peux pour ma part me défaire d’un très grand malaise par rapport à la situation dans laquelle QSI a placé le PSG… et cherche à le relayer, comme d’autres peuvent également le faire à droite à gauche,  pour illustrer que tous les fans du PSG ne sont pas indifférents à ce qu’implique appartenir au Qatar. Un club se définit aussi – c’est ma conviction – par la manière dont les supporters, et non uniquement les ultras, prennent position sur les sujets qui s’y rapportent surtout quand ces sujets sont structurants, et je trouve du coup important que chacun exprime, à sa manière et à son échelle, ce qu’il pense des changements que connait son Club pour les soutenir… ou les désapprouver ! Mais à côté de ce discours critique sur QSI,  je ne cautionne par contre jamais la critique du PSG en tant qu’institution ! Je cherche typiquement à montrer cette dualité par mon attitude (qui vaut ce qu’elle vaut, chacun fait comme il peut et je compose d’une manière qui a ses limites !) : je ne remets pas les pieds au Parc (alors qu’en tant qu’ancien abonné du VA, je ne rêve que de retrouver le virage) et je relativise tous les titres que QSI rend possibles, pour trouver une forme de cohérence dans mon attitude critique, mais je me réclame par contre toujours ouvertement du PSG  et trouve toujours une source de fierté dans cette appartenance. Autrement dit je dissocie le club, qui reste fondamentalement le mien, et l’usage qu’en fait notre propriétaire, que je réprouve sévèrement. 

Nasser leo Carlo Virage PSG
Le bon, la brute et le truand © Icon Sport

Mon idée est donc de soutenir qu’on peut considérer le Paris SG au-delà de ce qui en est dit classiquement pour le rabaisser, et de l’idée dérangeante que la présence et la politique du Qatar en amène, pour souligner une identité de l’institution, synonyme de valeurs positives. Pour cela beaucoup d’arguments peuvent être invoqués, car notre Club se distingue par de nombreux aspects !

Bien sûr, le PSG c’est d’abord un patrimoine : le Parc, le BBRBB, le logo. Ces éléments, qui matérialisent notre identité, nous distinguent, par l’esthétisme qu’on peut y trouver mais surtout car ils sont fondamentalement liés à notre histoire (le BBRBB dessiné par Hechter, qui a joué un rôle majeur pour donner son essor au PSG, le Parc dont la rénovation à la fin des années 60 n’a pas été neutre dans la création du Club). Ce patrimoine assure le lien entre le PSG d’hier et celui d’aujourd’hui, et les nombreuses luttes que nous avons menées en tribunes pour le préserver (le CUP reprend aujourd’hui le flambeau s’agissant du maillot) témoignent de l’attachement que nous lui portons.

Le PSG c’est également des tribunes, qui possèdent elles-mêmes une histoire chargée, ainsi qu’un rapport au mouvement ultra qu’on ne peut éluder. Le supportérisme ultra a impacté pour le meilleur et pour le pire notre identité, et Paris tient en retour une place importante dans l’histoire du mouvement ultra français. Pour ne se concentrer que sur le meilleur, on peut citer avec fierté les pionniers du KOB, et notamment la création des Boys 85 (second groupe à voir le jour en France), l’avènement du VA qui a su amener une autre dimension et une autre ouverture au supportérisme parisien dans une configuration tout sauf simple, l’ambiance de feu des années 2000, y compris dans les pires moments, le combat de plus de six ans que des ultras ont mené pour retrouver le Parc , le CUP qui a redonné une ferveur à la tribune Auteuil… au-delà des divergences et fractures qui ont pu ou peuvent encore nous caractériser (on touche là au pire) cette histoire suscite chez moi fierté et reconnaissance pour tous ceux qui y ont pris leur part !

Le PSG c’est aussi, on ne peut l’occulter, des matchs de légende, et  des joueurs, des dirigeants… ou des supporters qui ont fait honneur à nos couleurs… des figures qui ont beaucoup donné au Club, sous bien des formes, et qui méritent le plus grand des respects.

On pourrait également ajouter que le PSG c’est un sentiment, plus ou moins justifié, d’être maudit qui donne aussi son caractère romantique  à notre appartenance et peut amener une forme d’affection particulière au Club…

Tout cela a déjà été très bien dit, notamment sur Virage,  et tant mieux, j’y souscris entièrement… ce que je propose ici est donc d’y ajouter encore d’autres dimensions, en tout cas de plus encore les mettre en avant pour les faire débattre sur Virage.

Ultras Virage PSG
Mixed Colors © Icon Sport

Je pense qu’on peut tout d’abord mettre en valeur l’identité parisienne que fait émerger le Paris SG, qui s’écarte notablement de l’identité bien caricaturale du «parisien » : appartenant à un petit milieu, snob, individualiste, froid.

Autour du PSG il me semble que se forme au contraire une identité parisienne :

– élargie : le PSG est un moyen au travers duquel de nombreux franciliens, y compris et surtout de banlieue (au sens large) vont se penser et se dire parisiens. S’ajoute à cela le fait que Paris se voit représentée et défendue en tribune par des ultras qui sont en grande partie des banlieusards. Le PSG génère ainsi une appartenance parisienne qui va bien au-delà du périphérique, et en redéfinit largement les contours.

– revendiquée et fière : face à tous ceux qui rabaissent tout ce qui se rapporte de près ou de loin à Paris, le supporter du PSG se réclame ouvertement de la ville lumière. Afficher son appartenance locale, se montrer chauvin, le différencie notamment de tous ces « parisiens » qui s’efforcent de ne pas apparaître comme tels pour ne pas hériter de la mauvaise image qui nous poursuit. (en mettant en avant leurs racines provinciales ou en mettant systématiquement en cause les autres parisiens-pour s’en dissocier-) 

– populaire : puisqu’elle se manifeste au travers du supportérisme, qui appartient indéniablement au registre populaire et se trouve aux antipodes de la culture élitiste et snob. Et évidemment car de nombreux supporters viennent de milieux populaires.

– collective : puisque supporter le PSG revient à donner de l’importance à une appartenance partagée, à se définir en partie au travers d’une identité qui ne renvoie pas qu’à soi.

– fervente : il suffit de regarder du côté du Virage Auteuil, ou de ressortir de vieux clichés du Parc des années 2000 pour s’en rendre compte…

Au-delà de cette identité parisienne  à part qui apparaît au travers du PSG, du phénomène social qu’il engendre, on peut également souligner la mentalité qui caractérise le soutien au Paris SG. 

Notre passion a ceci de spécifique qu’elle prend souvent une dimension assez personnelle et amène de ce fait une identification particulièrement marquée à notre Club. Cela vient du fait, me semble-t-il, que supporter le PSG constitue une attitude minoritaire (même si cela tend à évoluer fort significativement chez les jeunes franciliens), qui nous positionne face à une majorité qui n’approuve pas cette attitude (y compris en IDF, où beaucoup sont au mieux indifférents au pire hostiles à nos couleurs, pour les raisons que j’ai évoquées plus haut). 

Nous ne sommes autrement dit pas, ou pas encore loin de là,  sous l’effet d’une culture locale qui, comme à Marseille ou Sainté par exemple, nous conduirait inévitablement à soutenir le club de la ville (on entend souvent qu’à Marseille on est « obligés » d’aimer l’OM et que l’OM représente une religion qui imprègne tout le monde… autrement dit être de l’OM à Marseille c’est évident : déterminé culturellement et facile socialement). Bien au contraire, la culture qui nous entoure n’est pas faite de représentations positives de notre Club et n’encourage pas à le soutenir.

Cela a comme effet de nous façonner un lien singulier à notre club : soutenir Paris renvoie en effet à un choix, une sensibilité, quelque chose de personnel pour reprendre le terme déjà utilisé… Cela ne correspond à l’inverse pas à une attitude conformiste  (c’est l’effet que génère inévitablement une culture quand elle s’étend à tous : elle agit comme un moule commun). De plus si on s’identifie à notre club, on va également souvent s’y voir identifié puisque nous nous retrouvons souvent entourés de gens qui ne partagent pas notre passion (et qui vont donc nous « associer » à ce club qui nous donne une particularité). Et cela ne peut qu’accentuer le lien… plus on me considère au travers d’une identité… plus elle s’active en moi, je pense que nous sommes beaucoup à avoir pu en faire l’expérience !

Tifo Virage PSG
La fierté des nôtres © Icon Sport

Pour pousser le propos encore un peu plus loin, il me paraît assez évident qu’afficher une passion que même l’environnement local délégitime assez largement demande une réelle  conviction et dénote un attachement certain. Assumer une identité clivante met en effet inévitablement davantage à l’épreuve qu’adopter une identité ultra consensuelle, en ce qu’elle fait affronter plus de critiques et assure moins de soutien. Tant mieux quelque part, cela ne fait que mettre notre passion en exergue ! Ce qui expose plus… demande plus… et rapporte plus… de fierté !

Demander plus… Nous revenons par là même au début de mon propos : être du PSG ne permet pas d’hériter et profiter d’une identité positive (que l’environnement social, culturel ou médiatique local appuierait comme cela peut se constater ailleurs).  Nous ne pouvons nous reposer sur un prêt à penser, sur des discours bien éprouvés qui mettraient le club à l’honneur. Au contraire, cela nous demande un engagement particulier pour construire et entretenir par nous-mêmes une identité positive de notre Club contre les clichés qui nous collent à la peau. Ce qui motive ma démarche ici mais constitue le lot de tout vrai amoureux de nos couleurs !

La probabilité reste relative que ce que je viens d’évoquer évolue structurellement (malgré une popularité en IDF qui connait une forte hausse… disons qu’on est passé du rejet au clivage) car les causes qui nous mettent dans cette position particulière, et qui font qu’on ne valorise pas notre identité sont trop profondes historiquement et culturelles pour qu’il en aille véritablement différemment. 

Sans penser du coup nullement faire évoluer les idées que les autres ont de nous, nous pouvons échanger entre nous de quoi tirer encore plus de sens et de fierté à être du PSG… C’est à cela que je voudrais encourager par ce texte.

Pour terminer je ne peux qu’ajouter que le PSG c’est aussi pour chacun des rencontres et des amitiés qui constituent peut-être la plus belle raison de rester fidèle au fil des années à ce Club. Merci à Momo, Emilie, Pierre, Gio, Nico et Bertrand notamment de constituer pour moi autant de  raisons d’être fier du PSG !


Leno

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