Que reste-t-il du PSG ?

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Non, franchement, loin de toute provocation et onze ans après l’arrivée de QSI,
que reste-t-il encore de ce club né un jour de 1970 de la volonté
d’avoir une grande équipe à Paris ?

Que reste-t-il de ces couleurs, le rouge et le bleu, galvaudées à chaque saison pour vendre du maillot rose, noir, jaune, orange fluo jusqu’en Chine ? Que reste-t-il de parisien au PSG ? Que reste-t-il de la hargne farouche, de l’amour du maillot de Luis Fernandez, de l’abnégation d’un Jean-Marc Pilorget, de la volonté d’un Pauleta you d’un Cavani ?

Que reste-t-il de cet esprit originel qui faisait de cette équipe, depuis 1981 et son premier titre, une équipe à part ? Que reste-t-il de l’esprit parisien après 11 ans de régence qatarie ? Que reste-t-il de ce club quand ses propriétaires proposent 38 millions d’euros (quelle honte) pour racheter le Parc des Princes et après cet affront (car c’en est un à la mémoire de ce lieu unique) quand ils se positionnent pour racheter le Stade de France ?

Que reste-t-il de ce qui nous unissait quand à la fois l’esprit, les couleurs et le lieu vont probablement disparaître ? Le Paris Saint-Germain n’est-il plus qu’une marque ? Le Paris Saint-Germain n’est-il plus qu’une vitrine pour du soft-power ? Le Paris Saint-Germain n’est-il plus qu’une coquille vide ?

Car à force de réduire tout ce qui nous unit à la portion congrue, n’est-ce pas l’âme du club qui, lentement, peu à peu, irrémédiablement, se dissipe ? C’est pour moi une grande tristesse que d’écrire ces quelques lignes.

Depuis le tout début des années 80, le Paris Saint-Germain était mon club, ma maîtresse, mon phare. Mais depuis quelques années, le phare s’est éteint et le naufrage est annoncé. Le Paris Saint-Germain n’est plus un club, n’est même plus une équipe, n’est plus un collectif, à force de privilégier l’individualisme, les trophées sur pattes au détriment de ce qui fait la beauté de ce sport, la volonté collective.

Depuis 2017, ce club, mon club a pris ce tournant. C’est bien beau de faire venir des joueurs exceptionnels mais si on leur accorde des droits sans leur demander des devoirs, ça ne peut pas marcher. En six ans, ce que que QSI avait construit de 2011 à 2017 s’est lentement effacé. Le club a oublié les fondamentaux de ce sport : il est collectif.

Une coque trouée qui prend l’eau

Mais peut-être qu’avoir à sa tête un joueur de tennis, sport individuel, n’aide pas. Mais peut-être qu’avoir un dirigeant qui ne sait pas, ne peut pas, qui ne gombrends pas, qui ne sait pas dire non à son actionnaire princier qui ne jure que par l’or et par ce qui brille, comme son palais à Doha, comme ses voitures, comme ses montres, ne pouvait mener qu’à ce désastre.

On a bien rigolé quand les Américains sont arrivés à Bordeaux sans rien connaître des spécificités du football européen. C’est pourtant ce qui nous arrive aussi. C’est ce qui tue ce club à petit feu. Pas de cap, si ce n’est faire de l’image, pas de stratégie si ce n’est voir le nombre de ventes de maillots augmenter dans le monde.

Le Paris Saint-Germain est un navire sans capitaine, sans gouvernail, sans quille et désormais sans voiles. C’est un bateau ivre qui zigzague et change de route continuellement, au gré des courants. C’est une coque balayée par des rapides tumultueux. Une coque trouée qui prend l’eau de toutes parts.

Que reste-t-il du PSG, de l’institution quand Léo Messi se tire sans autorisation en Arabie Saoudite après un match si pourri qu’on en a même oublié qu’il était sur le terrain ? Que reste-t-il du Paris Saint-Germain initial ? Que reste-t-il de parisien quand le Parc des Princes est offert aux touristes de passage, quand les rares vrais supporters sont pris pour des consommateurs, quand on leur impose de ne pas se lever, de ne pas s’habiller d’une certaine manière ?

Doit-on vraiment accepter que le PSG se transforme en Chelsea, en Arsenal, clubs touristiques dont l’âme s’est perdue dans le business au point d’en oublier d’où ils viennent ? Que reste-t-il des Titis parisiens, de l’esprit d’un Mamadou Sakho, d’un Llacer ?

J’ai bien une réponse mais je n’ose pas la donner car j’aime trop ce club pour l’accepter. Et pourtant, ça fait déjà quelques années que je ne vibre plus, que je ne suis pas loin de m’en foutre, que l’indifférence prend le pas sur la passion. Le PSG n’est plus et ses supporters les plus fidèles n’attendent plus que le dernier clou dans le cercueil. Quand le Paris Saint-Germain sera devenu le Doha Saint-Denis.


Safet Sous X

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