Raison ou sentiments

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Il est le grand absent de ce début de saison. Il est le meilleur buteur
de l’Histoire du PSG. Il est freiné par les blessures depuis plus d’un an.
Il est l’idole incontestée du Parc et des supporters parisiens.
Il n’a plus la jeunesse de Mauro Icardi. Il est amoureux du club.
Autant de contradictions qui font de Cavani un sujet particulièrement sensible actuellement. Ce qui n’est pas une raison de ne pas l’aborder.


Une information dévoilée par Le Parisien a mis sur la table une situation que l’on devinait déjà. Thomas Tuchel ne ferait plus du Matador un élément indispensable lors des matchs importants. Le conditionnel a son importance. Premièrement parce que ce ne serait pas la première fois que le quotidien francilien dirait une connerie. Deuxièmement parce que rien n’est définitif dans le football. Une hécatombe est si vite arrivée qu’on ne peut pas dire avec certitude que Cavani ne sera pas titulaire en Ligue des Champions au printemps prochain (si toutefois Paris voit le printemps, mais ça a l’air bien parti). Rien ne dit non plus qu’il ne crucifiera pas l’OM une nouvelle fois. Mais cette information, aussi lapidaire soit-elle, a le mérite de confirmer une tendance. A ce jour, Mauro Icardi a de l’avance sur le Matador dans l’esprit de Tuchel. Et quand on ose toucher au statut de l’Uruguayen, le débat tourne vite à la foire d’empoigne entre supporters sur les réseaux sociaux.

« On ne touche pas à Cavani ». Voici à peu près le sentiment d’une grande partie des supporters. Une formule qui illustre bien l’attachement au joueur. Cavani est plus qu’un buteur, c’est un symbole. Une icône ! A cet instant le débat n’est pas tactique ou physique, il est sentimental. C’est le cœur des supporters qui parle.
Alors forcément, comme à chaque fois qu’un teuton avec la raie sur le côté essaie de déboulonner un des symboles de la capitale, ça se passe mal. « Tuchel n’est que de passage ». « Qu’il arrête de chialer à chaque conférence de presse ». « Qu’il commence par passer les 1/8èmes »… j’en passe et des meilleures. Ou des pires, selon le point de vue. Remettre en question Edi tient du suicide professionnel. Mais n’écoutant que ma conscience, j’ai osé l’impensable. J’ai critiqué Santo Edinson sur ma page Facebook. Cela pourrait sembler anodin, voire même autorisé.
Pourtant le retour de flamme ne s’est pas fait attendre. A tel point que j’ai dû relire mes propos pour vérifier que je n’avais insulté personne.

Malheureusement pour ma cote de popularité, tout ce que j’ai pu lire depuis mon impensable crime de lèse-majesté n’a fait que confirmer mon opinion. On me parle d’amour du maillot, de symbole, de respect de l’institution, de relation fusionelle avec les supporters, d’Histoire du club. J’entends tous ces arguments. D’ailleurs je ne les conteste même pas. Sauf un. Celui du respect de l’institution ne passe pas. Ce thème, qui a fait son apparition ces dernières années à chaque déconvenue européenne, a pour but de pointer du doigt le comportement de certains joueurs (dont un Brésilien bien connu). Le PSG, tu l’aimes ou tu le quittes ! Et Leonardo est revenu pour remettre tout le monde dans le droit chemin. Fini le Club Med ! Personne ne doit être au dessus du club ! Ni Neymar, ni Tuchel. Ni Cavani. Ni les supporters. Le Paris Saint-Germain est un club de foot avec de très hauts objectifs, pas un fan club de Cavani.

Puisqu’il est bien question de football, parlons football ! Cavani est-il fini ? Certainement pas. Le problème est qu’il a des blessures récurrentes depuis plus d’un an. Et à bientôt 33 ans, on est en droit de se dire que le meilleur est déjà derrière lui. Ce n’est pas lui faire insulte, c’est dans la nature des choses. Il n’a plus la même capacité de récupération, plus la même facilité à enchaîner les efforts qu’à 28 ans. Le nier c’est se voiler la face et mettre des œillères par dessus. Tactiquement ensuite, Edi est un avant-centre qui aime l’espace, qui appelle en profondeur pour enchaîner en une touche. Il a fait des merveilles dans cette configuration. Icardi, à l’inverse, est un joueur de surface qui est capable de proposer un jeu en déviation et en appui de bien meilleure qualité que celui de Cavani. Et ce n’est toujours pas lui faire insulte que de le relever.
Tuchel a donc deux options avec deux profils différents pour un même poste. Reste à savoir qui jouera autour. En règle générale, ça devrait être Neymar et Mbappé ou Di Maria. Trois joueurs ultra décisifs qui ont des automatismes naturels. C’est moins flagrant avec Cavani même si cela n’a jamais été aussi inexistant qu’on a voulu nous le faire croire.

Lors des deux dernières saisons, Edi a fait ce qu’il pouvait pour s’adapter au jeu des phénomènes à ses côtés. On a tous vu que ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux pour lui. Alors que les qualités d’Icardi semblent naturellement fonctionner avec celles de ses compères d’attaque. Et toujours pas l’ombre d’un manque de respect envers le meilleur buteur du club. En revanche, il me semble que le faire jouer alors qu’il n’est pas le plus à même de tenir sa place et de bien combiner avec ses partenaires serait un immense manque de respect envers le club et ses objectifs. Tout ceci n’a rien de personnel, ce n’est qu’un choix tactique argumenté. Personne ne veut la peau de Cavani, pas même Tuchel. Au contraire, il a toujours loué son professionnalisme et en a fait un des cinq joueurs avec qui il s’entretient régulièrement sur des questions importantes. Mais le football de très haut niveau s’accorde mal avec le sentimentalisme d’une partie des supporters. Souvenez-vous de Javier Pastore ! Pour moi c’était un crève-cœur de le voir sur le banc, ou pire, sur le terrain mais incapable de faire basculer un match. Ne pas le titulariser était un choix logique.

Le temps passe. Entrevoir ce qui pourrait être le déclin de Cavani ou en tout cas la fin de son aventure au PSG est forcément triste. Ça sonne le début de la fin d’une époque où notre club a engrangé beaucoup de titres, a connu quelques exploits retentissants mais aussi des échecs cuisants. Il reste une chance pour que Cavani marque encore un peu plus l’Histoire avec Paris. Si ça arrive, je serai le plus heureux des hommes car J’ADORE Edi. Il mérite les plus grands honneurs. Mais si Tuchel doit lui demander de s’assoir sur le banc pour continuer à avancer, qu’il en soit ainsi. Personne n’est au dessus du club.

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Café Crème et Sombrero

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