The New Hibou Virage PSG

The New Hibou

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Confinement oblige, plus de match, donc plus d’interview d’avant-match « l’important c’est les trois points », plus de réaction d’après match « le PSG c’est avant tout un collectif ». Ne demeurent que des interviews creuses, des promesses faciles parce que lancées à des kilomètres de toute réalité footballistique.

Mais sur Virage, c’est la liberté de mouvement. Alors autant inventer. Autant caler notre vérité par-dessus les mots du Hibou. Il a raconté son quotidien sur PSGtv, déclaré qu’il bossait plus que jamais… Qui peut vérifier ça ? Tant pis :
imaginons-la nous-même, la vraie fausse journée de Marco Verratti.
Et qui sait : peut-être qu’on tombera juste ?

Marco ne fait pas de bruit. La lumière du soleil dessine sur les murs de la chambre des lignes de feu qui rampent vers le lit. Marco attend, et regarde. Il ne veut pas la réveiller. Les enfants dorment encore, la rue dort encore et elle dort encore, ses épaules nues découvertes par la couette blanche. Ses cheveux emmêlés sur l’oreiller. Incroyable. Elle, elle ne veut pas qu’il la regarde comme ça, avant qu’elle se soit apprêtée un peu. Lui sourit. Ces images volées avant son éveil brillent. Pures, vraies, Marco les range en mémoire comme autant de diamants, chaque matin. Il ne lui en parle pas. Ce sont ses trésors à lui. Il l’admire comme elle est vraiment, alors que les rais de lumière viennent l’illuminer.

« Tu ne veux vraiment pas tirer les rideaux Marco ? Chaque matin ça me réveille ! »

Il l’embrasse. Non, il ne veut vraiment pas tirer les rideaux, vraiment pas. Il se lève enfin, et vole un dernier coup d’œil, comme elle se traine vers la salle de bains. Les pieds lourds, une main enfouie dans sa tignasse. Une petite culotte blanche, un débardeur ramolli par trop de lavages, elle dit que c’est son préféré parce qu’il est trop confortable, et lui ne croit pas avoir jamais imaginé de scène aussi érotique.

« Marco, stronzo, va nous faire du café au lieu de me reluquer les fesses ! Je suis moche là, c’est le matin. »

Il sourit. Oui c’est le matin, et il va préparer le café. Marco ne sait pas depuis quand il aime le matin. C’était horrible le matin, avant. La machine à expresso va réveiller les petits, mais c’est pour la bonne cause. Et puis lui, il est déjà réveillé depuis une bonne heure alors ça va. Tant que le torréfacteur livre encore son mélange spécial, on devrait pouvoir survivre ! C’est fou comme ça a été difficile de trouver un torréfacteur correct. On pourrait croire les Parisiens civilisés, mais non. Il en a vécu des petits déjeuners en mode gueule de bois, où il lui aurait fallu un vrai ristretto pour lui décoller la langue du palais. Bon… Plutôt deux ristretti, soyons honnête !

Marco repose le verre de jus d’orange… Ça fait combien de temps qu’il n’a plus subi de mâtinée post fiesta ? Il y a eu l’élimination de Dortmund. Là, ça a été une vraie grosse soirée. Mais bon, il savait déjà que l’épidémie débarquait en France. Comme il avait vu comment ça se passait au pays, il s’était un peu confiné avant et était resté raisonnable cette nuit. À moitié raisonnable on va dire, mais le lendemain ça allait. L’anniversaire de Neymar ? Ah oui ! Toujours un sacré moment cet anniversaire. Sauf que cette année, avec la Ligue des Champions, il n’était pas rentré trop tard.

Impossible de trouver la dernière mine intersidérale qu’il s’était mise. Et pourtant, la Madone en soit témoin, il en a connu des nuits glorieuses, suivies de réveils un peu compliqués. C’était le bon temps, le temps d’avant que les bambini débarquent. D’ailleurs les voilà : des oursons attirés par l’odeur du miel. Marco se prépare aux câlins-grognons. C’est le rituel, et les enfants s’y prêtent avec une mauvaise humeur assez peu crédible : pas de petit déjeuner si on n’a pas fait de câlin-grognon.

Les grains sont moulus, mais il attend pour lancer les cafés : la douche coule encore, il l’entend. Les enfants se disputent un fond de paquet de céréales (il y a deux autres paquets d’avance dans le placard, hein), et lui il imagine l’eau qui ruisselle sur ses seins à elle. Deux questions : comment peut-on s’insulter à coup de monosyllabes, et pourquoi a-t-il un sourire niais sur le visage ? Définitivement pas assez de caféine dans le sang pour pouvoir apporter une réponse valable à ça.

Il récupère les bols vides alors que la smala part mettre le bazar dans une chambre. Elle arrive enfin, pas encore tout à fait sèche. Les tasses sont brûlantes. Elle lui adresse une grimace de remerciement et pose ses lèvres contre sa joue. « Grazie Marco ». Elle s’assied et s’empare d’une tartine. On parlera plus tard. Lui réfléchit. Depuis quand vit-il ces matins ? Dans un film, il y aurait eu un flashback sur l’événement charnière. Ce moment clef où tout change. LA prise de décision, avec un grand « LA ».

Marco repense à cette nuit où les flics l’ont arrêté sur l’autoroute. Aux discussions avec le coach le lendemain. On aurait dit qu’il se faisait sermonner par son père… Ça ne l’avait pas dérangé. Il savait qu’il avait déconné, et il respecte les coaches. Sa mamma lui a au moins appris ça. Oui, il se souvient des promesses faites cette fois-là. La honte, et la tristesse d’avoir déçu, encore. Alors il avait promis. Dernière fois. Vraiment. Juré. Et il se souvient avoir recommencé, après. Encore… Comme à chaque fois, jusqu’à… Mais jusqu’à quoi ?

Il la regarde. Comment peut-elle ingurgiter autant de beurre et avoir un ventre aussi plat ? Mystère de la création… Il goute le nectar brûlant et se souvient aussi de toutes les autres fois qui avaient précédé. Les journées à Marbella, quand il se réveillait vers quinze ou seize heures du matin. Une dinguerie ! Il se souvient des entraînements avec Gasset. Qu’est-ce qu’ils ont pu se marrer dans les vestiaires, alors qu’ils rentraient direct de boîte de nuit, et qu’ils ne se couchaient qu’après ! Il se souvient de ce réveil où son partenaire lui avait vomi dessus pendant la nuit, sans qu’il s’en rende compte. Dio mio, ça puait tellement qu’il avait fallu jeter le matelas. Comment il s’appelait déjà ce mec ? Merde, c’était énorme ça. Et un peu inconscient. Mais il n’a jamais eu peur. Il s’est blessé, oui, il a eu des accidents de voiture, aussi, mais jamais rien de grave. Même si parfois c’est pas passé loin, faut bien le dire. Marco se gratte derrière la tête. Une bonne étoile. Ou alors les hiboux ont neuf vies, comme les chats.

« Toi, tu prépares encore une bêtise ! Allez, file, je range, va la faire ailleurs ta petite idiozia. »

Il enlace sa taille alors qu’elle lui adresse un clin d’œil. Il sent les muscles de son dos sous ses doigts. Elle fait semblant de le repousser et l’embrasse, et c’est doux, ce baiser au café. C’est doux ce ventre contre le sien. Il ne s’y fera jamais. Et pourtant, c’est pas faute d’avoir mené des enquêtes approfondies et des tests comparatifs. Même il dottore Raoult il serait jaloux du protocole. Il y en a eu des soirées en double aveugle, tiens ! Allez… Comme elle le chasse, Marco quitte la cuisine. Mieux vaut aller se préparer, c’est bientôt l’heure du tapis de course.

Un tapis de course. Encore un truc dingue. Si on lui avait dit qu’il achèterait un tapis, franchement, oui, il l’aurait cru. Il en a acheté des conneries faut dire, alors une de plus, pourquoi pas. Qu’il l’utilise, ça déjà, il aurait moins été affirmatif. Mais alors qu’en plus il aime ça… Marco se marre en se brossant les dents. À quel moment de sa vie on commence à aimer faire du tapis de course ?

Non, il n’y a pas eu de déclic. Mais aujourd’hui, alors que les jours filent uniformément, Marco regarde ses propres abdos. Ils sont sculptés comme jamais. Il sait quelles sont ses statistiques, sur son tapis de vieux. La V.M.A., le seuil, et l’endurance. Il est plus haut. Il court plus vite, et plus longtemps. Quand sur le réseau, les potes racontent les kilos pris en blaguant, lui il ne dit rien. Alors bien sûr il faudra retrouver le ballon, les sensations du jeu. N’empêche que ce matin, Marco est prêt. Tous les matins, il est prêt. Il attend. Pas d’impatience. Il sait. La compétition, il peut la reprendre demain s’il le faut. Jamais il ne s’est senti comme ça. Même à 18 ans quand rien n’importait, quand il pouvait tenter n’importe quoi. Là, c’est nouveau. Il a le contrôle.

« Non mais c’est pas possible ça… Marco ! Viens voir ce que TES ragazzi ont encore fait ! »

Ouille, jamais bon quand tout à coup ce sont SES enfants à lui. On laissera les grandes réflexions à plus tard. « Arrivo amore ».

Amore… Pas de jour où tout bascule, non. N’empêche que tout a changé. « Arrivo ! ». Amore


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Arno P-E

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