Bouquin, dernière partie

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Entre pyrotechnie et déplacements houleux, prise de micro, puis interdiction de stade, la vie de BOUQUIN fut bien remplie au sein KOP OF BOULOGNE et des RANGERS.
Et puis arriva 2010 et le plan Leproux. La fin d’une époque, la fin d’un cycle, la fin d’une histoire, la fin d’une vie en somme. Troisième et dernière partie de son interview.

Pourquoi as-tu arrêté en 1996 ? Es-tu revenu au stade après ?

En 1996 j’arrête car je suis interdit de stade, à cause de fumigènes. Après mon IDS, je ne suis pas revenu tout de suite, la faute à de problèmes auditifs. Et au niveau personnel je n’étais pas dans une bonne période de ma vie. Le procès pour les fumigènes a duré une éternité. J’étais Président des Rangers et comme celui des Boys et des Générations Parisiennes, nos têtes avaient été coupées. Il s’agissait d’un PSG vs Metz. Le match par excellence du craquage. Il a toujours coïncidé avec de superbes incendies. C’est le terme qu’on utilisait pour un craquage massif. Ça s’est un peu perdu comme expression depuis. Celui-là, c’était peut être l’incendie de trop.

ITW Bouquin 3ème partie Virage PSG
Paris en déplacement (c) Collection personnelle

Comment les Boys ont perçu votre départ pour créer les Rangers ?

Relativement bien. Tout simplement parce que les Boys ont changé entre temps aussi. C’était la fin d’une génération. Entre ceux qui étaient déjà partis du côté d’Auteuil, pour fonder les Irréductibles Gaulois et ceux qui, comme moi, ont quitté le groupe pour en créer un autre à Boulogne, ils avaient perdu beaucoup d’unités mais de nouvelles têtes sont arrivées pour nous remplacer. Les deux moteurs de la tribune se devaient de s’entendre.

N’as tu pas eu peur de casser cela en créant les Rangers ?

Non, même si il y a toujours un risque. On a su garder de bons contacts et une bonne entente avec ceux qui étaient en place. En l’occurrence le président des Boys de l’époque c’était Rouquemoute, avec qui je m’entendais très bien. On a toujours été plus ou moins sur la même longueur d’onde pour que la tribune Boulogne soit au top, notamment par rapport à Auteuil qui montait. On devait relever ce challenge ensemble, donc on était obligé de garder une bonne coordination avec les Boys. On faisait les déplacements ensemble. Tu ne peux pas faire des déplacements avec d’autres ultras si tu ne les aimes pas. Et les exemples de lutte fratricide au sein d’une même tribune en France sont nombreux (Saint-Etienne, Marseille…). Quand on faisait un tifo commun, on se réunissait pour le préparer. Ce n’était pas juste les Boys qui décidaient. On donnait notre avis aussi.

ITW Bouquin 3ème partie Virage PSG
La bâche Rangers (c) Collection personnelle

Sur la bâche Rangers, ce qui est rare chez les ultras, il n’y avait pas d’emblème et de logo, pourquoi ?

La bâche Rangers, je l’ai faite avec l’aide de mon meilleur pote, la partie couture étant assurée par ma mère ! Au niveau de la couture je suis un peu nul et même si les Boys avaient tout ce qu’il fallait à leur local, je n’allais pas faire faire notre bâche Rangers par les Boys. Donc on s’est démerdé pour la faire avec nos propres moyens, et à l’époque on n’avait pas de moyen financier. je suis allé acheter le tissu au marché Saint-Pierre, on l’a coupé, j’ai fait le lettrage, et pour tout ce qui était couture, j’ai fait bosser ma mère.

Vous ne vous êtes pas dit qu’il vous fallait un emblème ?

Si, l’emblème on l’avait. On en avait même plusieurs si tu regardes toutes nos écharpes. Les emblèmes, il y en avait au moins trois. A la base, le premier, c’est l’emblème des Rangers Milano; un chat qui tirait la langue manière Rolling Stones, avec un flingue et une étoile de shérif. On l’a simplifié en enlevant le flingue et l’étoile. Le problème est que pour le réaliser à l’époque sur la bâche, j’ai calculé trop court au niveau du tissu. Je l’ai fait longtemps après, séparément. Il fallait raccorder les deux bâches, ce n’était pas très joli. Puis on a refait des bâches en PVC. On repérait des bâches de mairie principalement, qui faisaient de la pub pour un événement. La nuit on allait les récupérer, on les retournait et on y allait à la peinture ! « Rangers Paris », ou « Rangers » tout court. Il y en a deux ou trois où on a fait le logo. Quand j’ai arrêté, le chat est plus ou moins passé en retrait au profit du bouledogue, celui du Kop.

Du coup en tribune vous êtes situés entre les Gavroches et les indépendants. Comment ça se passait la cohabitation ?

Très bien avec les Gavroches, c’était plus un groupe de potes avec des figures de la tribune (Giscard, Scooter et Filtoche). Ils n’étaient pas vraiment dans le délire ultra, drapeaux, torches et tifos mais on pouvait compter sur eux pour aider quand il y avait une chorégraphie dans le bloc. Il y avait quand même quelques spécialistes du chlorate chez eux. Le chlorate, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un savant mélange de chlorate de sodium et de sucre au 2/3 – 1/3. On amenait ça séparément dans des petits sacs en plastique. On faisait le mélange en tribune. Une partie des gars se mettaient devant le tas pour le cacher puis quelqu’un jetait sa clope dedans. Il fallait vite s’écarter car la combustion instantanée donnait de grosses fumées et une chaleur intense ! Ça mettait littéralement le feu en tribune. C’est arrivé plusieurs fois, notamment à Auxerre où je vois encore Guy Roux devant le parcage avec son seau d’eau !!! A l’époque les tribunes d’Auxerre étaient encore partiellement en bois, comme dans le vieux stade de Caen par exemple. Si tu allumais du chlorate, forcément ça brûlait… Nous on en avait rien à péter, pour nous c’était drôle et presque sans risque.

La philosophie des Rangers c’était quoi ?

Une philosophie, hum, c’est un grand mot ! Je dirais plutôt une folie organisée. Basée au début sur le modèle italien avec ses chants, ses tifos et beaucoup de pyro. Mais c’est avant tout une bande de potes qui ne se prenaient pas trop au sérieux mais qui savaient s’investir pour Boulogne.

Tu faisais partie de ces mecs qui ne voyaient rien du match en étant capo ?

Je ne voyais pas les matchs en entier et c’est vrai que j’ai raté quelques buts. Mais en retour j’avais une façon différente de vivre le match. Je le vivais au travers les yeux des autres et voir les explosions de joie quand on marquait, avec les mouvements de foule qui vont avec, c’était jouissif. Et puis je m’adaptais en fonction du contexte de chaque match. C’est un peu le reproche que je ferais aux groupes d’aujourd’hui. Ils ne s’intéressent pas assez au match, ils restent sur leur chant quoiqu’il arrive. Moi, je m’adaptais. Si il y avait un corner j’arrêtais le chant en cours pour en lancer un autre plus spécifique à la situation du match, un chant court et plus puissant.

Par exemple, lors du PSG vs Real de 1993, tu as vu la tête de Kombouaré ?

Oui. J’étais posé sur le panneau d’affichage de l’époque, celui en triangle, avec mon méga. J’ai regardé le coup franc. J’étais de dos par rapport au tireur mais j’ai vu la tête de Kombouaré et le ballon rentrer dans le but. Et là je ne savais plus où j’étais… Sur ce but, il s’est passé quelques-chose que je n’ai jamais revécu de toute ma vie. Ça a été bref mais tellement puissant. Tout le stade s’est levé, a hurlé comme un seul homme. Il y a eu une vibration qui passait de tribune en tribune, un vague gigantesque qui a submergé le Parc tout entier, comme si le béton était vivant. Moi qui était sur le tableau d’affichage, j’ai eu la chaire de poule. C’est un sentiment indescriptible. Ce n’est pas toi qui tremble mais le stade. De toute façon c’est le plus grand match du PSG en Coupe d’Europe.

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Bouquin, micro à la main, dos au match (c) Collection personnelle

Il y a un match qui t’a marqué au Parc, hors-mis ce PSG vs Real ?

Ça va vous paraitre bizarre mais c’est un match face à Saint-Etienne, l’année où on joue le maintien (Ndlr : 10 mai 2008). Ce match m’a marqué car, en dehors du fait que c’était les adieux de Pedro Miguel Pauleta, c’est la seule fois où j’ai vu tout Boulogne à l’unisson. Toutes les mains se levaient, même en rouge. Tous les chants partaient, les tendus d’écharpes étaient juste magnifiques, c’était impressionnant. On jouait tous notre vie sur ce match-là. Ça va de paire avec le match à Sochaux. C’est un seul et même match pour moi. La mobilisation était extraordinaire même si on était persuadé qu’on n’allait pas descendre. Il y avait beaucoup d’anciens du KOB, comme Fabian par exemple, qui n’étaient plus venus depuis longtemps et qui s’étaient donnés RDV à Bonal. Sochaux, c’est tout petit. Dans le centre-ville tu as 3 bars. On était dans les 3 et je passais de l’un à l’autre, pour saluer tout le monde. C’était génial. Sans hésiter un de mes meilleurs déplacements en ligue 1. D’ailleurs dans le même registre, il y a un match que j’aurais adoré faire, c’est le déplacement au Havre pour se sauver également (Ndlr : 4 juin 1988). Francis Borelli avait payé le déplacement aux supporters. Ils étaient près de 1500 à avoir fait le voyage avec la victoire 1-0 et le maintien au bout.

Ton premier déplacement était avec les Boys ?

Oui c’était lors de la saison 88/89 pour un Lille-PSG (septembre 88) et je me souviens que j’avais du apporter une autorisation parentale car je n’étais pas majeur, mais celui qui m’a le plus marqué, c’est le premier déplacement officiel de supporters parisiens à Marseille. (Ndrl : 8 septembre 1990) Il n’y avait qu’un seul bus, affrété par les Boys. Ça coïncidait avec la sortie de la première écharpe tissée du groupe faite en Italie. On l’avait quasiment tous dans le bus ! Bref on est que 50 et on se retrouve placés en tribune Ganay, même si le vélodrome me semble moins impressionnant que ce que j’avais pu voir et entendre sur cette enceinte. On est tout de même entouré de marseillais sans aucune séparation car il n’y avait pas de parcage visiteurs à l’époque. Il y avait juste une compagnie de CRS pour nous encadrer. Je me rappelle les avoir comptés. 10 CRS de chaque côté. On se faisait insulter de partout, par des pères de famille avec leurs gamins, on se prenait des trucs sur la gueule mais rien de bien méchant car personne n’avait visiblement prévu qu’on serait là. J’avais réussi à rentrer une torche et j’avais même brûlé un siège en PVC en l’allumant. La victoire de l’OM avait plus ou moins calmer les esprits mais je n’ose imaginer la fin du match si Paris s’était imposé…

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Paris sous les bombes marseillaises (c) Collection personnelle

Mais il y a un autre déplacement dans le sud qui me tient à coeur, à Martigues en championnat (Ndlr : 5 novembre 1994). La veille du match, on avait rendez vous à la Gare de Lyon en fin de soirée, on était 150 environ, tous mélangés, Boys, Rangers, Indep’… On avait briefé tout le monde pour venir sans signe distinctif. Et bien-sur il y en a un de chez nous qui est venu avec un Bombers Rangers et l’écharpe… ! Je me suis arrangé pour éviter qu’il se prenne une rouste par les anciens. Il a laissé ses affaires à la consigne et il est monté dans le train. Aucun de nous n’avait de billet donc le contrôleur en chef, lui aussi, avait été briefé par la SNCF. Soit le train partait à l’heure prévue et arrivait sans problème à destination, soit il ne partait pas du tout. Le lendemain, on arrive à Marseille et on descend sur le Vieux Port en chantant des trucs bien encourageants pour les locaux. Il est tôt et il n’y pas grand monde dans les rues mais c’est jouissif de voir les regards médusés des badauds. Un mec des Winners (Ndlr : groupe ultra marseillais) déboule avec un ceinturon et se prend une claque… ou deux.

Après avoir paradé quelques temps sur le Vieux Port, on fait la connerie de retourner à la gare Saint-Charles pour prendre le métro. Les RG et les flics nous y attendaient… Résultat on a été parqués pendant plus de 7 heures dans une salle désaffectée qui était un ancien MacDo. C’était irrespirable et on ne pouvait rien faire de plus qu’attendre. On ne savait pas si on allait voir le match et des rumeurs contradictoires circulaient « on allait nous mettre un train à notre disposition » mais sans être certain pour autant de sa destination finale.

Plus le temps passait, plus j’étais pessimiste et craignais un train direct pour Paris. Au final c’est bien à Martigues que nous emmena le fameux train. De la gare on prend des bus pour aller au Stade Francis-Turcan…. Enfin ! Sur place on retrouve un contingent d’Auteuil qui était lui aussi parti en train le matin. En face il y a une cinquantaine de marseillais qui bâchent à notre droite en latérale, trop loin de nous pour qu’il puisse y avoir le moindre contact et c’est sans doute volontaire de leur part. En tribune c’est tendu et les grillages qui nous séparent des locaux sont malmenés après le but de Martigues. Quelques fusées partent en direction du petit groupe de rats sans trop de réussite vu la distance, puis Paris égalise et la frustration accumulée en gare Saint Charles se transforme enfin en joie. Il n’y aura pas d’incident majeur en tribune mais le retour lui, a été très animé ! 

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Paris allume Gerland (c) Collection personnelle

Les bus sont caillassés, plusieurs vitres explosent dans le notre, certains arrivent à descendre pour aller chasser les fautifs dans des cités alentours, mais il fait nuit et c’est le chaos total. Le retour en train s’annonce épique et il le sera ! Le train doit s’arrêter au moins 4 fois, pour des alarmes tirées. À chaque fois une partie d’entre nous descend sur les voies et divers concours de lancé d’objets ont lieu sur tout ce qui bouge… ou pas. Une compagnie de CRS monte même dans le train pour sécuriser le trajet. C’est encore plus tendu mais la fatigue l’emporte… de tous les déplacements et voyages que j’ai fait, c’est la seule fois de ma vie où j’ai réussi à dormir dans un train. Je suis monté dans le filet à bagage du compartiment et j’ai pioncé jusqu’a Paris.

Ton match européen en déplacement préféré ?

Difficile de trancher la aussi, il y a bien entendu la finale de Coupe des Coupes à Bruxelles, parce que c’est le seul titre remporté en Europe. Il est mémorable car on était quand même 15000 parisiens là-bas. Il n’y a que des bons souvenirs, du départ en bus (on avait fait 3 bus avec les Gavroches !) sur le parking du Parc des Princes, à l’avant match bien arrosé dans Bruxelles en passant par la très bonne ambiance dans le stade malgré la séparation Auteuil / Boulogne qui rendait la coordination difficile. Et surtout le retour en car qui est inoubliable. On n’a pas arrêté une seule seconde de chanter et de célébrer cette Coupe d’Europe, c’était vraiment la folie douce. Je m’en rappellerai toute ma vie. Et puis il y a le déplacement au Celtic Park … fait à 4 Rangers (ça aurait pu prêter à confusion là-bas avec un tel nom de groupe mais même pas !) en caisse et sur 4 jours. Avec le ferry puis un arrêt « camping » dans les Highlands, tente installée de nuit sans que l’on voit réellement l’endroit où on se trouvait avec un réveil mouvementé marqué par la charge d’une vache folle et écossaise visiblement pas contente qu’on se soit installés sur ses terres !

Mémorable également à cause de l’ambiance dans un Celtic Park bouillant alors qu’il est pourtant en travaux et seulement rempli au 2/3 de sa capacité. Tu rajoutes la victoire 3-0, le privilège personnel d’avoir lancé un « You’ll Never Walk Alone » avec l’aide de ceux qui connaissaient les paroles chez nous, repris par tout le stade et applaudi par des fans du Celtic extraordinaires qui te payent des pintes avant et même après le match… Franchement Glasgow est vraiment une ville qui respire le foot à chaque coin de rue et il ne faut pas te tromper de quartier si tu portes une écharpe d’un des deux clubs.

Depuis la dissolution des groupes en 2010, es-tu retourné au Parc ?

Oui une seule fois. C’était pour un match de championnat cette année. Mon meilleur pote, qui a fondé les Rangers avec moi, a tellement insisté pour que je viennes que j’ai cédé. C’était une occasion de passer un peu de temps ensemble car je le vois de moins en moins. J’étais quasi persuadé que ce serait une déception et ça n’a pas loupé. En plus on était placé à Boulogne. Quand j’ai vu l’état de la tribune ça m’a définitivement convaincu sur le fait qu’un retour d’une grosse ambiance à Boulogne était une chimère. Et même si il y a un retour d’ambiance ce sera sans moi. Je n’y retournerai pas. Je n’ai plus la motivation, l’énergie et la santé pour ça. Même devant la télé, je ne serre plus les poings sur un but du PSG à l’exception de quelques matchs en Ligue des Champions où l’enjeu est plus important. Quelque-chose s’est cassé et j’ai pris beaucoup de recul.

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(c) collection personnelle

Tu n’as pas peur de passer pour un vieux con aigri ?

Non, je vais faire un parallèle entre la musique et le foot sur cette question. Je ne suis pas fan des comparaisons « Avant / Après » que l’on fait souvent en musique car le « c’était tellement mieux avant » sort trop facilement dans les conversations. C’est juste différent, chaque époque a son charme et chaque génération a ses références. C’est un peu pareil avec le foot et l’ambiance du Parc aujourd’hui. On a eu notre période avec ses moments magnifiques et ses galères à rallonge, maintenant c’est autre-chose et chaque chose à son temps. Mais je regarde encore les matchs, mêmes ceux des féminines ou le Hand quand je peux. J’ai encore ça au fond de moi même si j’ai eu du mal à faire mon deuil de ma vie d’ultra car ça représentait une grande partie de moi.

De toute façon on écoute toujours la musique qu’on a écouté adolescent ?

C’est clair, j’écoute toujours les Pink Floyd, les premiers Marillion ou Boston avec autant de plaisir qu’un bon Muse.

Tu as l’impression d’avoir été un privilégié de connaitre ces années ultras de la fin des années 80 ?

C’était évidemment une chance, un vrai bonheur même, et si c’était à refaire, je le referai. Je changerai quelques détails mais globalement ce serait la même histoire. L’apogée du mouvement à Paris pour moi, c’est la saison 1995-1996. Boulogne est à son top (et Auteuil commence vraiment à prendre de l’importance) même si je n’ai pas la prétention de dire qu’on était les meilleurs. Loin de là. La grotesque dissolution des Boys en 2008 sera un coup presque fatal pour le Kop. Mais je me suis fait une bande de potes que je revois encore aujourd’hui. C’est comme des membres de ta famille. On se fait des finales de coupe ou des déplacements européens ensemble à 5, 10, 15 mecs, ça dépend du lieu et de la motivation. Aujourd’hui Boulogne est plus qu’en sommeil, le Kop s’est endormi avec Yann (Ndlr : Yann Lorence, mort lors d’échauffourées entre Boulogne et Auteuil en 2010 avant PSG vs OM).

Tu le connaissais ?

Oui, c’était un mec en or. Je discutais souvent avec lui avant les matchs ou pendant la mi-temps sous la porte des Gavroches, on refaisait le monde et il m’arrivait souvent d’être en retard à la reprise à cause de nos discussions. Il m’encourageait régulièrement pour continuer à mettre l’ambiance. L’hommage émouvant qu’on lui a rendu contre Bordeaux restera gravé à jamais dans ma mémoire comme sa joie de vivre.

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Bouquin avec l’Alcool Group (c) Collection personnelle

En 2010 tu quittes donc le KOB comme une grande majorité ?

Oui, en tant qu’ultra et supporter actif, le PSG vs Montpellier de 2010 est mon dernier match. J’ai d’ailleurs quitté le Parc avec le micro de la sono ! Mais attention ça ne veut pas dire qu’on existe plus, on est toujours capable de se réunir en nombre sur un match comme pour les 40 ans du KOB à Bordeaux lors de la finale de la Coupe de la Ligue ou plus récemment lors de notre Tournoi de foot annuel.

Comment tu vois le mouvement ultra évoluer ?

En Europe, le mouvement est largement en perte de vitesse. En France, je ne veux pas être méchant, mais il n’y pas grand chose à part Saint Etienne toujours au top et Nantes. Ce qu’ils font depuis quelques saisons avec la Brigade Loire c’est un peu l’exception qui confirme la règle. Le mouvement en Italie est en chute libre, beaucoup de grande tifoseria ont vu leurs groupes majeurs disparaître, la dissolution de la Fossa et des BRN à Milan laisse la Curva Sud sans voix, idem à Rome avec les problèmes liés à la sectorisation des Curva, la disparition de la mythique Fossa Dei Grifoni à Gênes … la liste est encore longue et l’Italie ne s’en est pas vraiment relevée.

En Espagne, à part 4 ou 5 groupes (Ultras Sur, Frente, Ligallo Fondo Norte, Yomus, Riazor Blues) il n’a jamais existé, question de « culture Penya » oblige et les groupes cités disparaissent les uns après les autres. Il y a quelques exceptions comme la Pologne où le mouvement ultra est en pleine bourre. C’est sans doute du à la répression que subissent les supporters. Il y a eu la Tessera en Italie et en France les stades sont des laboratoires de l’Etat pour tout ce qui est répressif. Le seul avenir pour les ultras, c’est peut-être ce qui se passe en Allemagne. C’est trop encadré à mon goût mais c’est sans doute la seule alternative au maintien de la culture ultra. Les instances françaises devraient sans doute s’en inspirer notamment pour tout ce qui touche à la pyrotechnie et les déplacements.

ITW Bouquin 3ème partie Virage PSG
(c) Collection personnelle
Découvrez la première partie en cliquant ICI et la deuxième ICI

Une réflexion au sujet de « Bouquin, dernière partie »

  1. « Et puis je m’adaptais en fonction du contexte de chaque match. C’est un peu le reproche que je ferais aux groupes d’aujourd’hui. Ils ne s’intéressent pas assez au match, ils restent sur leur chant quoiqu’il arrive. Moi, je m’adaptais. »

    +1000 tellement vrai… en esperant que le cup progresse à ce niveau là.

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