Souvenirs

Looking For Nico

1998, génération Footix. La France se découvre un amour pour le football à mesure que Zinédine Zidane piétine l’Arabie Saoudite, dégomme le Brésil
de ses deux plus beaux coups de boule et marche sur l’eau.

1998 Je me découvre un amour immodéré non pas pour le football mais pour un seul et unique club : le Paris Saint-Germain. Alors oui, peut-être que le PSG est cette année-là premier au classement UEFA mais dans la caboche d’un gamin âgé de pas encore dix ans, ça ne compte pas. Non.

En ce samedi soir de l’automne 1998, je suis à table, chez mes grands-parents, 15 rue Léo-Lagrange, 56530 Quéven. Mamy a fait comme d’habitude : pâtes-steack haché (au beurre salé, s’il vous plaît), papy a encore dû râler parce que la moutarde n’était pas posée sur la nappe en toile cirée de la salle à manger. Surtout, à la fin du repas, papy quitte la maison. Qu’il passe ses matinées à chasser ou ses après-midi à taper les cartes dans son ancien bistrot j’avais l’habitude… Qu’il sorte ce soir, c’est impensable. Il me propose de le suivre chez « Papy Jean » (ou je l’implore, sans doute), quelques maisons plus bas, juste à côté de l’école primaire Saint-Méen que nous avons tous fréquenté. Papy Jean est l’ancien boulanger de ce qui n’est pas encore la banlieue pavillonnaire de Lorient. Surtout, Papy Jean a Canal +, et ce soir « y’a du foot ».

Francine, l’épouse dévouée de Papy Jean m’offre mon premier Citror alors que les compositions des deux équipes s’affichent. Je dois avouer que je m’en fous un peu du foot. Le petit gros du fond de la classe est toujours sélectionné en dernier à l’heure du chou-fleur. Je suis un meilleur poteau que gardien de but. Tout bascule quand apparaît le visage d’un homme rasé de frais. Petit épi rebelle, toison pileuse qui dépasse du superbe maillot Hechter : Nicolas Ouédec. Les grands-pères parlent du gamin du village, celui qui a marqué ses premiers buts en poussins à quelques encablures du Rallye Super, liquette rouge sur les épaules, du temps où l’aïeul était président du Cercle Sportif Quévenois Je serai fan du PSG, papy.

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Patrice Loko en liquette rouge et bleu et dreads (c) Panoramic

Après ce match de Division 1 quelconque, face à une équipe quelconque, je suis toujours aussi nul balle au pied mais j’ai enfin ma propre identité. C’est génial. D’autant que la grande majorité de mes petits camarades adulent un club du Sud. Mon esprit de contradiction va pouvoir s’exprimer à merveille. Et tant pis si Nicolas Ouédec ne passe que six mois au club. Tant pis s’il ne marque qu’un but pour l’équipe de la Ville Lumière. Tant pis si son principal fait d’armes a eu lieu contre « mon » équipe quelques années plus tôt, avec ses acolytes Reynald et Patrice. Je fais les carreaux de la BX de mes parents pour cinq francs. L’aspirateur ? Cinq francs. L’extérieur ? Cinq francs. Si on rajoute la R19, ça fait quand même trente francs à claquer en cartes Panini. Je suis dans tous mes états lorsque j’apprends que Patrice Loko signe au FC Lorient. Je vais pouvoir le voir jouer si mes parents veulent bien m’amener au Stade du Moustoir (ça n’arrivera pas). Lui aussi a porté le plus beau chandail du monde. Un jour, les Merlus passent juste devant la maison, le temps d’un footing. Je reconnais les petites locks. J’enfourche mon vélo pour essayer de le rattraper. Malheureusement je suis toujours aussi peu sportif.

29 février 2000, Ernest Corvenne, mon éminent grand-père, le boucher, le tenancier de bar, le président du CSQ, le puits de culture, le premier téléphone de Quéven, passe l’arme à gauche. J’ai onze ans et je ne retiens aucune larme. Les obsèques sont célébrées quelques jours plus tard et je me rend compte du nombre de personnes pour qui il comptait. Dans mes souvenirs, la queue pour bénir le cercueil est tellement longue qu’elle va jusqu’à la « Gina », la femme-fontaine de bronze que le maire socialiste a fait poser en face du clocher. Peut-être bien que les parents de Nicolas sont de la fête.

« Ni fleurs ni couronnes », avait demandé le vieux teigneux. Pourtant, le cortège en dégueule. Je suis furieux. Je n’ai que onze ans.

Le 16 décembre 2000, j’atteins la douzaine. Micheline Corvenne m’offre ce que je veux : le maillot de Nicolas Anelka. Enfin… un maillot du PSG floqué Nicolas Anelka avec le bon vieux lettrage « 3D » de la Coupe de la Ligue. Mon premier maillot du PSG et pas n’importe lequel, non, déjà celui d’un joueur qui échoue dans la capitale. Comme l’immense Nicolas Ouédec avant lui. Montpellier, Lausanne puis la Chine, bien avant Pocho, en précurseur, en pionnier « à jamais le premier ».

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Le bal des nantais (c) Panoramic

Passent sept années sans saveur, faites de doutes et d’échecs, comme tout bon ado. Mes parents m’offrent de belles vacances que je déteste, comme tout bon ado. En 2004, nous revenons des Pays-Bas. À Dunkerque ils me lâchent une poignée d’euros, comme tous bons parents. Je les claque immédiatement dans un France Football. Le PSG vient de relancer la filière nantaise. Armand, Ateba et Yepes débarquent. Ça y est ! On va de nouveau avoir une « vraie » équipe. Paris va marcher sur la Ligue 1 ! Non. On va simplement concéder un nombre record de pénalties. Les défenseurs prendront des rouges plus vite que « papy Nénesse » comme on en parle encore au village. L’ADN. Ce putain d’ADN. Cette sempiternelle scoumoune.

En 2007 je parviens enfin à mes fins : je vais étudier à Paris ! PARIS ! PARIS ! PARIS ! J’ai 19 ans encore peur de me rendre au Parc des Princes. C’est un nid de fachos ou de racailles. Il y a eu et aura encore des morts.

Et pour la première fois, mardi 18 mars 2008, je pose les pieds en Borelli. Une purge de Coupe de France contre Bastia. Everton, dramatique, est remplacé par Maxime Partouche, acclamé pendant vingt minutes par Boulogne et Auteuil. Strabisme divergent, priapisme. Je tombe une nouvelle fois amoureux d’un « beautiful loser ».

Résumé de PSG vs. Bastia cliquez ICI

Je dois remettre les pieds dans ce stade. Je dois en connaître les composantes. Je dois en comprendre la faune. Je dois y appartenir. Ça tombe très bien, j’étudie le journalisme : je dois apprendre à ne plus avoir peur, je dois apprendre à me fondre dans la masse… et à porter mes couilles en toutes circonstances. Un formateur issu de la chaîne cryptée me chahute lors d’un cours. Les supporters du PSG sont des fachos et des décérébrés, la banderole « Bienvenue chez les Chtis » en atteste. Il nous « commande » des reportages. Rendez-vous en Boulogne, connard.

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« Toujours vaincre » (c) Panoramic

Le Franprix, le « petit Parc », les flashs de Label 5. Me voici au contact des ex-Boys, du Borsalino et de la tête de mort. Des Bac +5 aux Licence 4 qui se rendent chaque semaine aux jeux du cirque. Du sang et de la sueur et des larmes : le virus est inoculé et je postillonne partout. Embarque mes amis, mes exs, mes occasionnelles. Pas politisé pour un sou je traîne mes Dunks en « Boubou », me déplace à Marcel-Picot au lendemain du décès de Yann Lorence. Un match nul. Complètement nul.

Commémorer le décès de Julien Quemener, doubler le 289 en moonwalk pour rentrer m’enquiller du rhum dans ma jolie banlieue ouest. Paris est à moi. Je suis dévoué à Paris. « Paris c’est nous. »

En tribune, je ne suis personne et j’apprends à débarquer au boulot sans voix le lundi matin, gage d’un week-end réussi. Alors que les tensions sont toujours plus fortes entre les virages, c’est un type d’Auteuil qui me dégote trois billets lors d’un nouveau déplacement. Mon track-top Adidas se souvient encore du grillage, comme je me souviens du balourd torse nu, Tour Eiffel rouge et bleue tatouée là où la bière et les hamburgers font des ravages. Je découvre un amour inconditionnel. Celui qui fait lâcher un billet pour des « frangins » en rade à la buvette. Bientôt, il me fera traverser la France et la perfide Albion avec des inconnus chargés d’herbe. Tout ça pour humilier Chelsea en tribune… et pleurer à cause de Demba Ba (et ou d’Edinson Cavani, vous choisirez).

En attendant, j’émigre à Montréal, regarde un ou deux matches sur un mauvais stream diffusé avenue du Parc, siffle de la Molson Dry ou de la Pabst Blue Ribbon devant TV5 Monde. Je m’offre, à mon retour, un maillot de Christophe Jallet ; frétille devant la signature de Biševac, Matuidi et Menez – encore un Breton. J’achète encore France Football.

Nous sommes en 2011 et, hasard (?) du calendrier, je passe une semaine par mois à Montpellier, me régale de la générale contre l’ETG de Dupraz. Je vois la clique à Giroud remporter le titre au nez et à la barbe du plus grand club du monde. Putain d’ADN.

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Jérémy, un soir de mai 2013 (c) Panoramic

Un an plus tard, je suis encore en larmes. Jérémy Menez m’offre le plus beau des cadeaux, Mamadou Sakho pose instinctivement devant le parcage. Écharpe tendue, grand angle. Postérité. Les genoux râpent le parquet flottant de mon appartement. Je pleure – de joie cette fois. Libéré, délivré. Enfin.

Depuis, j’aime toujours Paris. N’en déplaise à Dutronc fils. N’en déplaise aux ultras des réseaux sociaux ou des fascistes qui instrumentalisent le football avec leurs moustaches en rutilisme apparent, aux zouaves en surpoids qui jouent du « one-one » comme moi du pipeau, aux marseillais de Manchester (ou l’inverse).

On a notre ADN. Notre sang. Ma fille, née un sombre soir n’a rien d’un ange et son prénom -Gabrielle – lui donne plutôt le caractère d’un Allemand devenu Sud-Américain que celui de l’annonciateur. Les langes ont laissé place à une dégénérée qui hurle trois fois par jour « Kylian Mbappe » et « Presnel Kimpembe ».

Papa, maman, désolé : si elle porte Augustine pour troisième prénom, ce n’est pas pour la vieille tante, c’est pour l’éminent numéro 10 nigérian. Aussi vrai que si une cigogne m’apporte un fils, il y aura du Ernest et du Nicolas dedans.

Aussi vrai que Presko et Kyky n’étaient alors que des protozoaires quand j’ai rencontré « Nico ». Aussi vrai que nous, admirateurs, supporters, ultras, hooligans parisiens, savons que nous tous, c’est pour la vie. Aussi vrai que le FPF me les brise menu, aussi vrai que je suis trop vieux (et trop papa) pour être de la caste supporteriste supérieure. Je continuerai à croire en mon club comme d’autres croient en un dieu.

Moquez-vous, acharnez-vous. Nous sommes nés et avons évolués dans l’adversité. Jacobins et souvent philistins nous sommes les Parisiens. ET NOUS CHANTONS EN CHŒUR.


Justin Daniel Freeman

Francis Borelli

FRANCIS BORELLI, je l’ai toujours appelé Monsieur Borelli, c’était MON PRESIDENT,
le président du PARIS SAINT-GERMAIN. Aujourd’hui, je me permets de l’appeler Francis car j’ai UNE TENDRESSE INFINIE pour cet homme-là.
Par rapport à tout ce qu’il a fait pour le club et pour moi. Les 2 sont indissociables.

LUI rendre hommage, c’est quelque chose qui me tient à cœur. Francis Borelli est une personne importante dans ma vie professionnelle, dans ma vie d’homme aussi. Il m’a beaucoup apporté sur le plan humain. Il m’a ouvert les yeux sur pas mal de choses.
L’image forte, que les gens retiennent, c’est Francis qui embrasse la pelouse. Dominique Rocheteau égalise (dans les arrêtes de jeu) et là, il se passe quelque chose de magique. C’est sa pelouse qu’il embrasse, dans son stade. Et le public envahit le terrain.

15 mai 1982 : finale de la Coupe de France face à Saint-Etienne (Ndlr : 2-2, 6 tab 5). Ce match était hors-norme. Le plus fou que j’ai jamais joué. Après le penalty*, c’est l’explosion dans le stade. Francis Borelli est la 1ère personne à me sauter dans les bras. Il court vers moi, m’embrasse et me dit : « Merci ». Je lui dis : « Merci ». On s’est dit merci, juste ça. Ce sont des choses qui restent.

Ce 1er trophée, je crois que c’est sa plus grande émotion avec Paris.

Pour visionner le résumé du match ASSE vs. PSG de 1982 cliquez ICI

Cette image de Francis avec sa sacoche, qui ne le quittait jamais, son baisenville, elle est éternelle. Francis était quelqu’un de superstitieux, très très superstitieux. Qu’y avait-il dans sa sacoche ? On ne sait pas, peut-être des grigris. Sûrement. Il avait besoin de choses qui le rassurent.

Donc ça, c’est l’image que les gens retiennent. J’ai côtoyé Francis pendant plus de 10 ans. Il a été un grand président. La chose qui m’a le plus marqué, c’est l’homme. Un homme qui aimait le foot et un homme qui aimait ses joueurs. Ce côté humain, je ne l’ai pas découvert car je le savais mais il est véritablement apparu au grand jour quand j’ai eu mon accident de voiture**. C’était pendant les vacances d’hiver (18 décembre 1983), Francis Borelli était sur le point de partir au Brésil, il a annulé ses vacances. Il a fait venir un avion à Salon de Provence pour me rapatrier à Paris. Je suis resté 18 mois sans jouer.

Francis Borelli Virage PSG
(c) Panoramic

Dans ma chambre à l’hôpital, les médecins ont dit à mes parents que, peut-être, je ne remarcherai pas. Francis m’a toujours fait sentir que j’appartenais au PSG, à l’équipe. Chaque fois qu’il organisait quelque chose avec le club, il n’oubliait jamais de me faire venir. Comme pour me dire : « Tu es avec nous. On est avec toi ». Il a été d’une présence insoupçonnable. Pendant des semaines, des mois, son soutien a été infaillible. Il venait me voir à l’hôpital, il me téléphonait et puis je le voyais quand j’ai pu revenir au Parc.

Je me rappelle d’une discussion, en février 1985. Je n’avais pas encore rejoué. J’enchaînais les séances de kinés. Il me dit : « Jean-Marc, pour la saison prochaine, je pense que je vais prendre un défenseur central.» Ce qui pouvait se comprendre. Il me dit ça et là, je m’en rappellerai toujours, je l’ai regardé, je lui ai dit : « Président, si vous prenez quelqu’un, vous allez le payer à ne pas jouer car c’est moi qui vais jouer ». Il me regarde, il me dit : « Tu es sérieux ? » J’avais encore des séquelles. « Oui, Président, je suis sérieux ». Il n’a pris personne. Cette saison-là, on a été champion (1986). J’ai joué tous les matches. Il me connaissait, il savait que je n’avais pas dit cela en rigolant. Il m’a fait confiance.

Francis Borelli Virage PSG
(c) Panoramic

Francis, c’était avant tout un homme de cœur, un homme de parole même si parfois un peu bluffeur, voire très bluffeur quand il s’agissait de négocier les contrats (sourires). Cela faisait partie de sa personnalité. Il essayait toujours de négocier, à l’extrême. Il était capable de perdre un temps fou pour ce genre de choses.

Pour les prolongations, il nous disait de passer dans ses bureaux, rue Bergère à Paris. Il prenait une feuille de papier, il la pliait en quatre. Dans un coin, il écrivait des noms de joueurs, avec leur salaire à côté. Il disait : « lui, tu as vu ce qu’il gagne, je ne peux pas te donner ça… Et lui tu as vu ? Là non plus je ne peux pas… » C’était théâtral. Mais au final, on y arrivait toujours. Je ne voulais pas me fâcher avec lui.

En 1986, face à l’offre du Matra pour Luis Fernandez : le président qu’il était n’a rien pu faire. Ce fut un crève-cœur pour lui, comme pour Luis. Après le titre (champion de France), on est allés dîner au Pavillon d’Armenonville. J’ai le souvenir de Luis qui me pleure sur l’épaule. Il me dit : « Je veux rester mais je ne peux pas. Je ne veux pas partir mais là je n’ai pas le choix. C’est trop important pour la suite, pour ma famille ». Financièrement, le PSG ne pouvait pas rivaliser.

Francis avait un rituel. On jouait le samedi soir, donc décrassage le dimanche matin. Il venait avec ses potes à l’entraînement. On faisait des 4-4 avec lui et ses amis, c’était marrant. Il y avait à peu près tout le comité directeur du PSG qui jouait. Pour lui, perdre son match le dimanche, c’était presque pire que si on perdait le samedi en championnat (sourires).

C’était un bon joueur et il avait une particularité, c’est le seul qui jouait les 2 mi-temps du même côté : devant la tribune officielle. Il ne jouait jamais de l’autre côté (sourires). Il jouait numéro 10. Je ne sais pas s’il avait une idole ? Ses idoles, c’était ses joueurs. Il aimait vraiment ses joueurs.

Il était tout le temps avec nous, avant le match, après le match. Parfois le coach nous parlait et puis Francis arrivait dans le vestiaire, il prenait la parole. Il pouvait nous dire des choses, pas complètement à l’opposé, mais qui allaient à l’encontre du coach (sourires). Il avait un côté ingérable. Mais tout ce qu’il disait, ça sortait du cœur.

Avant tout, c’est quelqu’un qui aimait les gens. Il aimait bien prendre les joueurs en aparté. Il savait trouver les mots, un peu comme un coach mental.

Je crois que j’aurais aimé être son coach. Il y aurait eu des moments d’engueulades, de stress, de conflits… Cela n’aurait pas été inintéressant. Ça m’aurait plu.

Un jour, il me dit : « Il y a des joueurs qui t’ont impressionné cette année qu’on pourrait peut-être récupérer ? » Je lui dis : « Il y en a un, je n’arrive jamais à défendre sur lui. Il me fait la misère à chaque fois, c’est Oumar Sene », Il était avant-centre à Laval. L’été suivant, il signait au PSG. Ça aussi, c’était Francis. Quant à Safet Sušić, quand il vient le chercher (1982), personne ne le connaît. Il jouait à Sarajevo. Il sentait bien les coups, il connaissait le foot.

Francis Borelli Virage PSG
« Magic » Sušić (c) Panoramic

Dernière chose marquante. Pas gaie, mais marquante. A ses obsèques. Son fils Michel m’a demandé de porter le cercueil. Il y avait aussi Luis (Fernandez), Charles Talar son complice de toujours. Le fait que son fils me le demande, c’est quelque chose qui m’a touché.

Quand il a quitté Paris (1991), cela a été un déchirement. Il aimait ce club passionnément. Le PSG, c’était sa famille. Il avait sa famille, qui d’ailleurs était très très importante pour lui, et qui l’a suivi dans toutes ses années PSG. Et Paris a été l’histoire de sa vie.

Une tribune du Parc porte son nom. Cela me paraît normal par rapport à ce qu’il a fait pour ce club. Il ne faut pas oublier le passé. Il fait partie de gens qui ont fait grandir le club. Même si la vie est différente aujourd’hui, il ne faut pas trop s’éloigner de sa mentalité à lui. Il ne faut pas perdre de vue ce qu’il a fait et comment il était.

Les 3 mots qui me viennent quand je pense à Monsieur Borelli : générosité, amour, et profondément humain.

Francis, merci pour tout.

*Jean-Marc Pilorget inscrit le 6è et dernier penalty, victorieux pour le Paris Saint-Germain, vainqueur de sa 1ère Coupe de France
**Victime d’un grave accident de voiture, Jean-Marc Pilorget rate l’EURO 84 et reste éloigné des terrains durant 18 mois


Jean-Marc Pilorget

Pilorget, la résurrection

De son air détaché mais néanmoins fier comme Artaban,
notre redac’ chef
adoré nous balance comme ça,
« Jean-Marc Pilorget devrait nous écrire un billet sur le site prochainement
et cela de manière régulière… »
.
QUOUUUA ? LE Jean-Marc Pilorget ? On parle bien du recordman du nombre de matchs joués sous nos couleurs adorées ? « Oui, lui-même ».


Pour les plus jeunes, que vous ne connaissiez pas Artaban, bon passons, mais Monsieur Jean-Marc Pilorget vous n’avez aucune excuse.
Alors si vous allez, de suite, confus et honteux sur le net, je suppose qu’on vous parlera surement de son record de matchs avec le PSG, de son penalty victorieux en 1982, (contre le Saint-Etienne du roi Platini) qui permettait de déflorer le palmarès du club.
Une première Coupe à 12 ans, dont une des plus belles (LA plus belle ?) finales de Coupe de France, cela marque les esprits et c’est bien normal.

Mais pour moi Pilorget c’est d’abord cet article dans un programme de match avec cette photo en noir et blanc qui le présentait, lui en compagnie de Justier et François Brisson, comme les futurs mousquetaires du PSG. Un peu les Kimpembé, Rabiot, Nkunku d’aujourd’hui… Ou pas.

Et c’est ensuite et surtout ce terrible accident de voiture quelques mois avant l’EURO 84 en France auquel il aurait du participer et qui sera gagné par la France du roi Platoche. Ce maudit accident qui aurait pu lui couter la vie, ou l’handicaper à vie. Mais après 18 mois , une éternité dans une carrière, il est prêt à redémarrer la saison avec son club, où le nouvel entraineur, Gérard Houllier, n’hésitera pas à lui faire une confiance méritée comme titulaire.

Pilorget Virage PSG
Young Jean-Marc (c) Panoramic

Tout ceci pour nous amener à LA rencontre qui restera à jamais gravée dans ma mémoire dès qu’on me parle de notre légendaire numéro 4.
Ce match marquant (dans mon souvenir) le retour de Pilorget au Parc après son terrible accident. Un an et demi après…
Je vais vous parler d’un PSG-Bordeaux, mais pas n’importe lequel, pas celui de 1999 ou le Parc chantait aussi « allez Bordeaux » mais pour d’autres raisons que ce soir de juillet 1985.

Pour visionner le résumé du match PSG vs. BORDEAUX du 30 juillet 1985 cliquez ICI

En effet, à l’époque, Il arrive souvent que des Bordelais se retrouvent un peu partout dans le Parc, et même à Auteuil. Comme c’est le cas d’ailleurs pour ce match.
Nous sommes le 30 juillet 1985, les Boulogne Boys naîtront officiellement quelques semaines plus tard et les seuls supporters organisés sont à Boulogne et nulle part ailleurs.
Fait très rare à l’époque, surtout en pleine période estivale, le Parc est plein, moi je suis en Auteuil rouge, ce match compte pour la quatrième journée du championnat, mais c’est déjà le sommet du championnat.

Pilorget Virage PSG
Jean & Joël face à face en 1985 (c) Panoramic

D’un côté Bordeaux, qui est l’équipe au top en France, championne en titre, des internationaux à tous les postes (de mémoire l’équipe devait ressembler à quelque-chose comme :

Dropsy (un des meilleurs gardiens d’Europe)
Thouvenel (le mec jouait avec des lunettes ! Et pourtant c’était un des meilleurs en France à son poste)
Battiston (a survécu à Schumacher (non pas le skieur), pour devenir titulaire en équipe de France)
Specht (champion avec Strasbourg, loin d’être une saucisse…Ok c’est nul, on ne peut pas toujours être au top)
Tusseau (un jeune défenseur ultra prometteur, le plus cher de l’époque)
Girard (le boucher gardois, violent et mauvais joueur, oui c’est bien lui qui est devenu l’entraineur que vous avez détesté particulièrement en 2012)
Rohr (si le boucher cité précédemment ne vous avait pas cassé la jambe, le teuton dégarni s’en chargeait avec un sourire sadique)
Tigana (aujourd’hui on dit Ngolo Kante. Deuxième au ballon d’or en 1984 derrière sa Majesté Platini)
Giresse (la classe, le talent, deuxième au ballon d’or en 1982)
Lacombe (meilleur buteur français de l’histoire en ligue 1)
Reinders (prototype de l’avant centre allemand de 2 mètres, pas mauvais de la tête, bourrin, grosse moustache et nuque longue)
Entraineur : Jacquet, ancien grand joueur stéphanois (futur sélectionneur de l’équipe de France –dernier match France 3-0 Brésil – 1998)

Pilorget Virage PSG
Bordeaux vs. Juventus en 1985 (c) Panoramic

Des Girondins qui manqueront de peu la consécration européenne cette année-là en Coupe des Champions (ancêtre de la Ligue des Champions), éliminés en demi-finale par la Juventus de Turin de Platini (et oui encore lui). Malgré la défaite 3-0 en Italie à l’aller, presque tout un pays (médias compris, les temps changent..) croit à l’exploit au retour. Bordeaux l’emportera 2-0 au retour au terme d’un match qui restera dans l’histoire des perdants magnifiques du foot français, un match qu’ils auraient du remporter plus largement… pour se retrouver en finale contre Liverpool.

Qui sait alors, peut-être que la tragédie du Heysel n’aurait jamais eu lieu… Bref on ne le saura jamais et je m’éloigne du sujet…
Pour finir de présenter ce Bordeaux, ils gagneront cette année la Coupe de France en finale contre le petit OM à peine remonté de deuxième division. Une coupe om Bordeaux nous aura éliminés de très peu en demi-finale. Ah ce penalty de Rocheteau sur le poteau…
Bref vous l’avez compris, on peut parler d’ogre bordelais qui se déplace au Parc. Le match parfait pour savoir ce que ce Paris là a dans le ventre.

En face, un PSG très séduisant et leader du championnat, qui a gagné ses trois premiers matchs (10 buts marqués, 3 encaissés)
La compo du PSG est celle qui nous mènera à notre tout premier titre de champion, après avoir battu le record d’invincibilité en première division.
Cette équipe qui sentimentalement restera pour moi à jamais la plus belle.
Je ne vous ferai pas l’affront de vous la présenter, tout le monde doit la connaitre. Même les plus jeunes. Après tout google est votre ami.
Non ? Bon OK si vous insistez…

Pilorget Virage PSG
Luis Attaque ! (c) Panoramic

Bats (le meilleur gardien du monde qui éliminera cette même année un des plus beaux Brésil en Coupe du monde)
Bibard (solide défenseur en provenance de Nantes, l’un des meilleurs clubs français)
Pilorget (enfant du club, enfin de retour sur les terrains)
Jeannol (un défenseur qui vient de Nancy où il a du travailler ses coup-francs avec maître Platini ? et oui encore lui)
Lowitz (il éclatera cette saison)
Poullain (merveilleux milieu de terrain qui aurait mérité lui aussi une autre carrière internationale, mais les places étaient chères)
Luis (capitaine métamorphosé, élu je crois, meilleur joueur du championnat cette année là)
Sušić (génial meneur de jeu, est-il utile de présenter la légende ?)
Vermeulen (Hollandais trop souvent blessé dans mon souvenir, mais qui répondra toujours présent quand il jouera)
Jacques (attaquant qui lui aussi apportera sa contribution au titre)
Rocheteau (LE meilleur attaquant du club, avec les monstres que sont Pauleta, Ibra, Cavani) , dribbleur, buteur, également meilleur buteur du championnat, une star, une icône)
Entraîneur : Houllier, prof d’anglais en provenance de Lens (futur sélectionneur de l’équipe de France – dernier match France 1-2 Bulgarie – 1993)

Pilorget Virage PSG
Le PSG Champion de France 1986 (c) Panoramic

Tout cela pour vous dire simplement que dans ce match de titans, je me souviens d’un grand match, et d’un PSG qui va s’imposer 1–0, mais peu d’autres souvenirs du match en lui-même, à part le but du match. L’action du but est claire dans ma tête comme si c’était hier.
Début du match, après quelques minutes, centre de la gauche de Vermeulen et qui est là au deuxième poteau pour envoyer le ballon de la tête dans le but de Dropsy ? Jean-Marc Pilorget ! Le Parc explose.
L’enfant du club qui marque le but du match pour son retour 18 mois après son accident de voiture.

On sent que tout le monde est tellement heureux pour lui. Ce n’est plus un clin d’œil du destin, c’est presque beau comme un conte de fée, ils se marièrent et eurent beaucoup d’autres matchs et d’émotions.
Ce match en tout cas restera un des plus marquants de cette saison et fera partie de ceux qui enverront le PSG vers ce premier titre tant attendu.
L’histoire est belle et a donc marqué à jamais le gamin de 10 ans que j’étais.
Monsieur Pilorget, bienvenu chez Virage.


J.J. Buteau

Paris un jour, Paris toujours

En cette période post-traumatique pour bon nombre de supporters parisiens, certains préférant quitter le navire, d’autres remettre en cause leur foi ou leur réabonnement, j’ai personnellement choisi de sourire. Je souris à la vie, la mienne, dont le destin m’a mené ici, écrire quelques lignes sur ce club qui est bien plus que cela. Il n’y a pas que le football dans la vie. Il y a aussi le PARIS SAINT-GERMAIN.


Alors je souris, devant cette photo de Bruno Ngotty, levant les bras après un boulet de canon, au soir du 8 mai 1996, vêtu d’un maillot magnifique, d’un bleu blanc rouge blanc bleu unique, et sans sponsor ce jour-là, une tunique qui devrait être la seule représentante de nos couleurs à domicile. Je souris aussi devant ce tir, enfin, de Marco Verratti, en dehors de la surface de réparation qui plus est, finissant au fond des filets, premier but d’une demi facilement victorieuse, exploit banalisé d’une série de cinq d’affilée.

J’ai souri, et plus encore, en voyant Choupo propulser le ballon au fond des filets du Parc des Princes, pour la première fois et pour un but si important, le premier du match pour le Titre. J’étais fier de mes encouragements pour ce joueur moqué et décrié, limité il est vrai mais joueur du PSG qui mérite mon respect. Quelques minutes plus tard, j’ai été estomaqué par son geste incontrôlé et incompréhensible, retirant une finition remarquable à un Christopher Nkunku qui en avait pourtant bien besoin, et nous aussi. Ces deux actions, intervenues en quelques minutes, résument pour moi parfaitement l’histoire du Paris St-Germain. On se demande toujours ce qui va encore arriver de meilleur et de pire, et nous ne sommes jamais déçus. Le meilleur et le pire finissent toujours par arriver. Toujours peur qu’il n’arrive rien. Mais il arrive toujours quelque chose de plus. Comme si Choupo ne suffisait pas, une poignée de secondes plus tard, nous vîmes un but extra des strasbourgeois …

Je souris car après tout ces moments, de joie et de bonheur, ou parfois de souffrance et de pleurs, on pourrait mourir tranquille, comme l’a jadis dit Thierry. Mais le plus beau, j’en suis certain, est encore à venir. Alors je souris à ces instants restant à vivre, en Rouge et Bleu, évidemment. Les sourires étant communicatifs, j’ai donc envie de vous partager, certains de ces instants magiques, qui un jour m’ont fait vibrer.

Je pourrai ne vous citer qu’un joueur, qu’une action ou qu’un match en particulier. Cruel exercice. Impossible à réaliser. Une belle histoire est rarement un coup d’un soir. Mon premier, celui du 18 décembre 1992, une première claque, les premiers tacles, première défaite, première rencontre des marseillais, 32 autres depuis, domicile ou extérieure, je vous promets, je les ai comptés, et un bilan fortement rééquilibré ! Parmi ces classiques, beaucoup pourraient être cités dans le panthéon du Paris SG, mais cela serait trop long, et maintes fois visités. Je pourrais donc explorer bien d’autres contrées. Celles de l’Europe fréquemment traversée. En terre batave, pour une finale qui ne fut pas un doublé. Des neiges alpines, en route pour un baptême en terre Rossoneri, joué avec un maillot gris Opel Corsa, un premier but contre nous de notre Léo, et une égalisation de Nico Anelka.

Paris Un jour, Paris toujours Virage PSG
PSG vs. Derry City / 28 septembre 2006 (c) Panoramic

Croiser les chats de l’Acropole, un soir de Saint-Valentin, ça valait bien un but de Sammy, un second de Bernard Mendy, et une titularisation pour notre précoce Titi, Mamad’ Sakho a grandi depuis. De tels périples, par dizaine, je pourrai vous en narrer. En terre espagnole, anglaise, ou bien encore outre-rhin, maintes fois j’y ai tremblé. Mais aucun, non aucun, n’a jamais pu rivaliser avec cette rencontre du troisième type.

Un jour de septembre 2006, au nord de la province d’Ulster. Le Bogside et son Brandywell, ses fresques et ses Candy Stripes. La chaleur de ses pubs, la ferveur de ses cœurs. L’amitié créée, des corps et des âmes fraternisant entre des pintes et un ballon. Jusqu’au bout d’une nuit intense, la lune ne nous a pas couché. Le match retour fut du même ton. Chaleureux et merveilleux. Au Quigley’s de Saint-Eustache, les riverains s’en souviennent. Notre belle Tour Eiffel fut aussi de la partie. A son pied nous passâmes tout l’après-midi, échangeant nos bières et nos drapeaux, chantant tous pour des couleurs que nous avions mélangées. En tribune ce fut la même, comme une parenthèse enchantée. Ce soir là les grilles et les filets auraient dû être prohibés. Le Parc des Princes comme on l’aime, fier et coloré, dans ses travées et dans ses chants, accueillant comme il se doit, nos amis nord-irlandais. Céad míle fáilte.

Pour découvrir l'aventure de DERRY CITY contre le PSG cliquez ICI

We love you Paris, we do, we love you Paris, we do, we love you Paris, we do, oh Paris we love you !

Je pourrai vous énoncer toutes ses finales nationales. Depuis 98, à aucune je n’ai séché. Certaines furent triomphales. D’autres de vraies calamités. Toutes ne furent pas un récital. Mais toutes pourraient être récitées. Le Stade de France ne mérite toutefois pas d’avoir cette félicité, d’accueillir dans mon récit, ce match si particulier. Si je dois n’en citer qu’un, ça ne peut être qu’à la maison. Dans notre jardin adoré, où nous chantons à l’unisson. Des cris, des pleurs, beaucoup de tension. Les souvenirs y sont légions. Des tours d’honneurs en fin de saison, des larmes versées sur le gazon. Raï a eu son Monaco, Pedro a eu son Sainté, pour ne citer que deux exemples où tous nous finîmes prosternés.

Des ambiances survoltées, des tifos à foison, des tribunes embrasées, et un tambour qui fut le mien, mon retentissant compagnon, que j’ai dû laisser, plein de chagrin, un soir de mai, à l’abandon. Des espoirs et des regrets, j’en ai plein mes filets. Des frissons et des hurlements, à ne plus savoir quand c’était, autant de retournements, et de scénarii alambiqués. Mon premier de Ligue des Champions, un quart de finale validé. Raï et Guérin en tête de proue, au bout de ma paire de jumelles, achetées spécialement pour cette occasion, mirifique, exceptionnelle, pouvoir admirer ce soir là tous les étoiles du Parc briller.

Paris Un jour, Paris Toujours Virage PSG
Capitaine Roche (c) Panoramic

Des exploits sportifs à la pelle, qui m’amène à vous conter, ce joueur si particulier, qui pour moi a beaucoup compté. Ceux qui me connaissent aujourd’hui, vous citeront Javier sans se tromper. Ce n’est sûrement pas sans raison, qu’ainsi au Parc certains m’ont surnommé. Mais pour cet exercice, plus loin je vais remonter, jusqu’à mes prémices dans ce stade vénéré. Comme gravé dans la roche, il reste à ce jour, et ce plus de vingt ans après, le seul et unique joueur que j’ai eu de floqué sur un de mes maillots du Paris SG. Défenseur élégant, il fut mon modèle, lorsque adolescent, je chaussais mes crampons. Deux destins liés, puisque nous arrivâmes au Parc la même année. Lui au milieu d’une génération qui sera couronnée, moi au sein de tribunes bouillantes et déchaînées. Palmarès éloquent, il fut même capitaine, et contribua sans doute à forger ma passion. Rouge et Bleu, dans notre sang et dans nos veines, nous sommes tous deux les mêmes, parfois aigris, mais toujours fidèles.

Avant de conclure, et de ne choisir qu’un instant, une action particulière doit attirer mon attention. Je n’en évoquerai pas qu’une seule, mais la même à répétition. Celle qui a la dernière seconde, fait chavirer nos émotions. Dans le malheur ou dans la gloire, l’issue n’est finalement qu’une illusion. Peu importe de quel côté tombe le hasard, l’histoire est plus belle si l’on ne connait pas à l’avance sa conclusion. Citons ainsi quelques exemples qui nous laissèrent en suspension, d’un ballon flottant dans l’air, puis transperçant la ligne de front. Ainsi en septembre 2000, Laurent Leroy fit sensation, lorsqu’à la 90ème, il broya l’ennemie teuton. A cet instant nous étions loin d’une de nos pires désillusion.

Paris Un jour, Paris Toujours Virage PSG
Francis The Great (c) Panoramic

Un soir de Coupe trois ans plus tôt où nous sombrèrent à Clermont. Menant 4 – 1 à la 68ème, sur ce terrain de Nationale 2, nous ne pûmes échapper à la prolongation. Bien sûr cela vous évoquera une certaine remontada, que je vis dans un parcage qui chantait « Bye Bye Barcelona ». J’y osa à la 88ème déclarer que le compte n’y était pas, mais les jeunes parisiens impertinents me regardèrent tous en se moquant de moi. Un autre soir au Vélodrome, Edi exécuta sa mission, lorsque d’un coup-franc sous la barre, il mystifia Steve Mandanda. Revenons 20 ans plus tôt, au Parc des Princes, un soir de mai. Tout au bout de la dernière journée, à la minute 89, Vincent Guérin, comme de coutume, nous qualifia pour la C1. Accroché à mon transistor, en Tribune Paris du Parc des Princes, je me souviens de ce moment, certes un peu flou, mais toujours vibrant.

Rentrons maintenant dans le solennel. Je n’ai pas vécu cette belle époque, je n’étais pas encore né, arrivé sur cette terre quelques semaines seulement après notre premier trophée. Ce n’est que dans les archives, que j’ai vu cet homme aux cheveux blancs, se mettre à genoux sur notre sainte pelouse, et avec passion l’embrasser. Alors si je ne devais retenir, qu’un seul match parmi ces ans, dans ce joyau qu’est ce navire, habituellement si bruyant, ce serait dans mes souvenirs, un court mais très vif instant, deux minutes pour une éternité, un silence si pesant, pour un homme passionné, et un grand Président. Au milieu d’un Virage paré de noir, en lettre blanche était inscrite, une épitaphe « Adieu Francis », que tout le peuple brandit fièrement. Puis dignement, les acclamations résonnèrent, pour laisser place au ballon rond, aux Rouge et Bleu chers à Francis, lui qui les aimait tellement.

Paris un jour. Paris toujours. Paris d’amour. Paris velours. Paris glamour. Paris basse-cour. Paris paillette. Paris ginguette. Paris d’ici. Paris d’ailleurs. Paris dorée. Paris bonheur. Paris Boulogne. Paris pavé. Paris Auteuil. Paris coloré. Paris Borelli. Paris lumière. Paris Paris, Paris SG.

Crédit photo Homepage : Merry Moraux 


Benjamin Navet

Les Rats Devils

La chamaillerie, le chambrage et la mauvaise foi sont des facteurs indispensables
à la communication entre supporters de foot, n’en déplaise
à madame la Ministre des Sports (et des moule-bites) Roxana Mărăcineanu.
Il y a une vie en dehors de la piscine et la joute verbale n’est pas née avec nos clàsicos.

Je ne sais pas ce qui est le plus gênant dans le fait que madame la ministre s’offusque des chants parisiens à l’encontre des ra… des joueurs marseillais, si c’est le fait qu’elle nous prouve qu’elle met les pieds dans un stade pour la première fois ou bien que par la naïveté de ses propos elle parvient à unir tous les supporters parisiens, marseillais, lyonnais ou encore berrichons contre elle.

La défaite d’un club rival est toujours l’occasion de chambrer ses supporters le lundi matin à la machine à café, le lundi midi à la machine à café, le lundi soir à la machine à café etc,  etc, etc… parfois même, la défaite d’un club que l’on ne supporte pas a plus de saveur qu’une victoire de notre propre club.

Et s’il y a bien des supporters qui ont compris ça, ce sont les marseillais, la remontada et la victoire de Manchester au Parc auront fait exploser les ventes de maillots contrefaits dans la région PACA. En effet quand tu ne prends plus de plaisir chez toi, t’es quand même heureux de savoir que c’est aussi la merde chez les autres.

Je dois avouer que cette défaite contre Manchester a provoqué chez les supporters marseillais une forme de joie, de soulagement, qui m’a permis de comprendre comment supporter leur club était devenu aussi honteux que compliqué pour eux. Le « Champions’ Project » ressemble de plus en plus au rachat des girondins de bordeaux qu’à autre chose : parcours en Europa League digne de leur campagne en Ligue des Champions à 6 défaites, farandoles de défaites en championnat sur son coulis d’éliminations en coupe nationales, et enfin : la double confrontation face au Paris Saint-Germain où comme d’habitude tout cela s’est terminé en bon vieux porno des années 70.

Et malgré ça, malgré tout ça, les humiliations, les souillures multiples, nos amis phocéens ont encore l’énergie de chanter leur amour pour leur club : Manchester United.
Et c’est là où je me dois d’intervenir en vous rappelant que vous supportez l’om, et même si ce petit arrangement avec votre mémoire et votre fierté rend votre fonction de supporter un peu moins pathétique à vos yeux (mais un peu plus aux miens, on va pas se mentir) il n’est pour autant pas le reflet de la réalité.

C’est pourquoi il me paraissait judicieux pour votre santé mentale, et pour mon moral, de refaire un petit point sur vos défaites de la saison 2018/2019. Bon, clairement on ne va pas toutes se les faire car vous en êtes à 17 je crois (série en cours) et le rédacteur en chef de Virage refuse de me payer aux nombres de signes (ndlr : il refuse de me payer tout court).

Les Rats Devils Virage PSG
(c) Theo Giacometti

Dans la série « les actes fondateurs d’une saison haute en couleurs », démarrons avec le premier match de la saison : om / Béziers
L’Avenir sportif Béziers est un club français de football basé à Béziers et fondé en 2007 par la fusion de l’Avenir sportif Saint-Chinian, du Football Club Béziers Méditerranée et du Béziers-Méditerranée Football Cheminots.
Le slogan de la ville est : « une envie de Béziers ? »

En ce jour de juillet 2018, le club champion de France de ligue 2 en 1995 (ndlr : malgré ce titre le club restera quand même en ligue 2) affronte l’actuel 19ème de ligue 2 et s’incline 2 buts à 1.

Rudi Garcia dont la calvitie commence à se voir depuis l’espace déclarera : « on ne se focalisait pas sur le résultat même si ça fait jamais plaisir de perdre ».
Cette citation sera le sujet d’un devoir de philosophie pour les étudiantes en CAP couture de l’école Jean Pierre Foucaud du 3ème arrondissement de la déchèterie phocéenne.

Ps : les esprits chagrins pointeront du doigt ma mauvaise foi en prétextant le caractère amical et préparatoire de la rencontre, ce à quoi j’opposerai un argument dont l’objectivité et la longévité démontre une véracité inattaquable : « MARSEILLE ON T’ENCULE ».

Les Rats Devils - VIRAGE PSG
(c) Panoramic

Marseille, c’est le soleil, les apéros, l’hospitalité, mais il n’y a pas qu’en terme d’alcoolémie et dérouillées nationales que l’om et ses supporters se montrent performants. L’om c’est aussi de l’humiliation sur la scène européenne (enfin la petite scène, celle du jeudi, avec tous les pays où tu peux encore refourguer tes billets de 50 francs, un peu comme le groupe de métal de ton pote qui t’explique qu’ils font les Vieilles Charrues mais pas à Carhaix, nan eux ils jouent sur une scène annexe à Limoges).

Permettez-moi de vous présenter l’Apollon Limassol,
L’Apollon Limassol Football Club est un club de football chypriote basé à Limassol. (Le fait d’arme du club sont Les koupepias, feuilles de vigne farcies avec du porc haché et du riz)
Dans un stade vélodrome condamné au huis clos, Limassol terrasse le champion d’Europe 93, 3 buts à 1 ce 13 décembre 2018. (Ndlr : après l’achat de ce trophée, le club traversera une disette de 17 ans sans titre)

À la fin du match Rudi Garcia, le moniteur en charge des ateliers foot au sein du club, déclare : « je ne veux pas blâmer les joueurs qui se sont battus. On a égalisé à dix contre onze, on a tapé le poteau à 1-1 et on ne peut pas occulter le fait qu’on ait joué à dix de manière injuste au bout de la 5ème minute. Ne pas dire ça, c’est ne pas être objectif. Après cet énorme fait de jeu, les joueurs ont plutôt fait ce qu’il fallait pour revenir dans le match et essayer de ne pas le perdre. Et pardon de le dire, mais un poteau ça devrait compter un peu, pas un but complet mais un peu”.

On soupçonnera une commotion cérébrale suite à cette sortie qualifiée de « lunaire » par la presse. Heureusement tout semblait fonctionner normalement d’un point de vue neurologique pour l’ex coach dijonnais, hormis la dégradation de son patrimoine capillaire.

Les Rats Devils - VIRAGE PSG
(c) Panoramic

On l’a tous remarqué, l’om c’est une équipe de coupes, pas seulement achetées hein. Cette année encore le club dont les intendants sentent la friture de mars à novembre a écrit une superbe page de sa légende, et de la coupe de France.

Mesdames, Messieurs, merci de faire du bruit pour Andrézieuuuuux !
L’Association sportive forézienne Andrézieux-Bouthéon, ou ASF Andrézieux-Bouthéon, est un club français de football fondé en 1947 et basé à Andrézieux-Bouthéon, ville située dans l’agglomération de Saint-Étienne (Loire). L’équipe première de l’ASF évolue pour la saison 2018-2019 dans le Championnat de France de football de National 2.

L’om, incapable de répondre au défi tactique imposé par cette équipe de charcutiers, de dépeceurs de poules et autres garagistes spécialisés en customisation de 103 SP, sera balayé 2 buts à 0, la honte et le ridicule devenant ce jour les principaux sponsors du club.

le président du club basé en région PACA déclarera après cette humiliation: « Ce que j’ai vu ce soir était inadmissible. On dira que c’est le charme de la Coupe de France. Ça n’en a que le nom. C’est un cauchemar. On doit faire preuve d’autres valeurs, d’un peu de fierté, d’orgueil, ce que je n’ai pas vu, gardez Strootman, la tête de ma mère j’vous l’donne ».

Les Rats Devils - VIRAGE PSG
(c) Panoramic

Je voulais revenir aussi avec vous sur une énième défaite pour le club jadis présidé par l’employeur de Monsieur Fratani (saint homme) qui a eu lieu face à l’Eintracht Francfort.

L’Eintracht Francfort (en allemand : Eintracht Frankfurt) est un club omnisports allemand basé à Francfort-sur-le-Main.
Sa section la plus connue est celle de football. Le mot allemand Eintracht signifie « Concorde » ou « Entente ».
Pour la petite histoire, un des volets de la saga de films d’horreur SAW a été tourné au sein même de la ville, l’épisode 6 (on parle d’ailleurs souvent du SAW 6 de Francfort).

Le 29 novembre 2018, les « ciel et blanc » ont été biflés 4 buts à 0 (ndlr : une bifle est une gifle donnée avec un sexe masculin, de préférence le sien).
Bouna Sarr, l’un des deux buteurs marseillais du soir avec Gustavo aka Moustache (ndlr : contre leur camp), et dont le seul fait d’arme à ce jour est une photo de vacances avec un testicule à l’air, déclarera :
« C’est sûr, cette année c’était une campagne européenne sans, avec beaucoup de difficultés et d’attentes par rapport à la saison dernière. Il va falloir passer à autre chose, se concentrer sur le championnat. (…) Il y a énormément de déception, on voit que même à l’extérieur, il y a nos supporters qui viennent nous soutenir. On a toujours un soutien de leur part, on est déçus de ne pas avoir pu leur rendre dans cette campagne européenne, j’ai vraiment l’impression de faire partie d’une équipe de travailleuses du sexe ».

Rudi Garcia imposera, lors du trajet retour, une pause sur une aire d’autoroute de la ville de Sarrebruck. Il chassera à coups de pied, après l’avoir orné d’une perruque rose, l’attaquant Kostas Mitroglou, hors du bus, en lui hurlant je cite : « va nous faire des passes correctes avec les routiers bulgares du parking, ça va gonfler tes stats ! ».

Les Rats Devils - VIRAGE PSG
(c) Panoramic

Toutes les bonnes choses ayant une fin (sauf la banane qui en a deux), nous allons refermer notre dossier « la défaite, élément principal de l’alimentation des rats ».
Aujourd’hui, la double confrontation contre le plus grand club français : LE PARIS SAINT GERMAIN.

Le Paris Saint Germain en chiffres c’est quoi ? Sur la scène nationale c’est :
7 titres de champions
12 coupes de France
8 coupes de la ligue
8 trophées des champions
Et un titre de champion de France de ligue 2 (ce n’est pas beaucoup je vous le concède, c’était en 1971 et nous ne sommes jamais redescendus depuis, CQFD)

En Europe c’est moins la joie, mais Notre Histoire Deviendra Légende, donc cool.
On jouera quand même 5 demi-finales, de 1993 à 1997, dont 2 deviendront des finales (1996 et 1997) et une : une victoire (1996)
Je vous rappelle qu’à l’époque la Coupe des Coupes était le trophée international le plus prestigieux, loin devant la Coupe du Monde ou encore la Ligue des Champions.
(Ndlr : je vous épargne notre dérouillé en Super Coupe d’Europe face à la Juventus, parce qu’on n’est pas là pour parler de nous, mais de vous, vous les rats.)

Donc, en cette saison 2018/2019, le PSG aura battu deux fois le club dont la schizophrénie n’est plus à démontrer (ndlr : on peut voir dans les rues de la ville, à la gestion des ordures douteuse, de nombreux supporters phocéens arborer les couleurs du Barca ou de Manchester en revendiquant des succès qui, pardon hein, comme la ligue des champions 93 et quelques titres nationaux, ne semblent pas leur revenir).

0/2 chez les rats, avec la fantaisie pour le PSG de démarrer le match avec Éric Maxime Choupo-Moting en pointe. À la fin du match Thomas Tuchel déclarera :
« les joueurs voulaient jouer le match en jean, mais on a trouvé que ce serait plus marrant de jouer avec Choupo ».
Le match retour fût beaucoup plus folklorique. En effet les présences de l’humoriste italien Balotelli, de l’handballeur international Steve Mandanda pimentèrent la rencontre.

L’italien à sa sortie du terrain montrera fièrement l’étoile achetée par son club en 1993 (ndlr : face au Milan, club pour lequel Pipo Mario a joué), il déclarera : « chier pas marqué, prévu bonne célébration maillot united ».
(ndlr : après le match Manchester / PSG, il s’était réjoui de la défaite des Red Devils, puis au retour il était content pour eux. Un neurologue fût alors diligenté par son club pour comprendre ce phénomène. Le neurologue expliquera dans son compte rendu que nous avons pu nous procurer: « vous voyez ma bite ? Ben elle a un QI supérieur à celui de monsieur Balotelli ». CQFD).

Sur l’action qui amène le coup franc de DI Maria, Steve Mandanda aurait hurlé en sortant : « J’AAAAAIIIIIIII !!!!!!!!!!!!!! »
On connait la suite, Di maria assis sur le ballon pouffe en voyant entrer Pelé, Pelé ravale un sanglot en voyant passer le ballon qu’il n’a pas encore pu toucher. Il a depuis engagé une procédure administrative pour changer de nom de famille, à la demande de Pelé lui-même.

En conférence de presse d’après match Rudi Garcia, le GO de cette gentille troupe de farfadets déclarera : « ma calvitie ne doit pas vous faire oublier qu’on vous a battu avec Manchester ! ahahahaha !!! ».
Suite à cette déclaration il sera, dès l’arrivée de son blablacar à Marseille, interné à l’hôpital de la Timone. Il y est toujours suivi par Gabriel, le docteur dans « Plus belle la vie ».

Voilà les rats, on pourrait en écrire des pages sur vos défaites et vos succès fantasmés. Pour vous donner un peu d’espoir, je finirai en citant le célèbre patron d’un abattoir dans la région PACA aux débuts des années 90, Eric Di Méco : « On ne les battra plus jamais, c’est terminé ».
Sachez néanmoins que si cela devait arriver un jour, il y a quelque chose qui ne changera jamais, pour des décennies et des décennies, j’y veillerai personnellement tant que Dieu me prêtera vie et Nasser sa carte bleue :


Arnaud Samson

Car nous deux c’est pour la vie…

Mbappe glisse, Bernat reprend sur le poteau…
le scénario que je crains depuis trois semaines me semble de plus en plus évident. Après le but à la première minute, la boulette de Buffon, je sens venir de nouveau
le but bidon à la dernière minute, c’est écrit, je le sens, je le sais…


C‘est irrationnel mais je connais mon PSG par coeur. Frappe déviée, corner pour Manchester United… j’annonce à mon voisin le troisième but.
Finalement pas besoin du corner, la VAR s’en chargera.
Depuis cet instant tout le monde s’en donne à coeur joie pour cracher sur tout ce qui est rouge et bleu. Un déferlement de haine ou de satisfaction… On le sait, on n’a pas le droit à l’erreur, c’est le prix à payer.
Bien-sûr il y a des choses à changer, des décisions à prendre.

Mais quand je lis et entends que les critiques les plus virulentes viennent de supporters du PSG ou supposés comme tels…
J’espère que certains s’expriment sous le coup de la déception….
Ils ne veulent plus supporter le club ? Ok très bien, barrez-vous on ne vous retient pas. Ça fait 20 ans que tu supportes le club ? Pas grave. T’as le coeur qui saigne ? Ok mais le sang qui y coule n’est pas rouge et bleu.
Supporter le PSG uniquement dans les victoires c’est tellement facile…

Mais supporter le PSG c’est aussi Vidéoton, Vitkovice, jouer l’OM de Tapie en sachant que l’arbitre va te voler, perdre le titre à la dernière minute au Vélodrome sur une frappe déviée, 5 minutes après un face à face manqué (déjà).
C’est perdre une finale de Coupe de la Ligue contre un club de D2, c’est le cauchemar de la Corogne. Clermont, la boulette de Landreau à Kiev, celle de Coupet contre Lille, les mains de Pichot… etc…

Ne pas oublier qu’avant le graal de 1996, il y a eu le penalty « oublié » sur Weah contre la Juve en 1993.
Le choix incompréhensible de l’entraineur (déjà) de faire jouer un Rai non acclimaté et non un Weah en pleine bourre à Arsenal l’année d’après.
C’est prendre un contre de Boban à la dernière minute et avoir oublié ses couilles (déjà) pour le retour à Milan en 1995.
Sans parler des années sans titre et sans coupe d’Europe…

Je vous fait grâce des éliminations en Ligue des Champions de l’ère Qatari et de la saison 2008… Je ne parlerai pas non plus du pire avec l’ignoble plan Leproux.

Si effectivement tu n’es pas prêt à vivre tous ça, ne viens plus au Parc, ne supporte plus ce club, tu ne nous manqueras pas.

C’est dans des moments comme aujourd’hui qu’il faut soutenir son club, même si on se sent trahi, même si on souffre, même si on a la rage, il faut se relever et continuer.
Et le jour où l’on gagnera la C1, car ce jour viendra, la victoire n’en sera que plus belle.


J.J. Buteau

En léger différé #5

5ème et dernier épisode des souvenirs de Karim Boukercha
au Parc des Princes de l’avant QSI.
Encore un match de gala en Coupe de France
contre Évian Thonon Gaillard.

Les gens dans tes contrées doivent être impatients… Comme t’as pu voir, on a joué un match contre Monaco. Qu’on a perdu avec gros Edel. Eh bien, quatre jours après nous affrontions Evian en Coupe de France. Encore un dimanche comme pour Aubervilliers. Mais cette fois à 17H45. Avec encore personne ou presque dans les tribunes. Le match fut anecdotique alors je te le raconterai même pas. Et si, au moment où j’écris ce mail, le PSG joue contre Vesoul c’est que Paris a gagné. D’ailleurs, à l’instant, Ludovic Guily vient d’en inscrire un, seul face au but. Sur un terrain synthétique enneigé, là-bas dans leur province ; que nous retransmet Eurosport. 

En léger différé #5 Virage

Pour Evian, comme je te le disais, nous étions peu. Pas d’ado-fille enlacés, mais encore l’handicapé à casquette. (Son ami arrivera à la fin du match cette fois). Un abonné assidu à polaire PSG blanc, qui nous est plutôt sympathique. Une poignée de Brigade Paris, et, comble de l’étrange, après les deux stadiers de PSG – Auber, deux improbables jumelles antillaises dans d’énormes doudounes à capuche. L’énigme fut alors « mais par quel raisonnement improbable ont-elles bien pu finir là ? ». Elles ne bougeaient à rien. Ni aux buts de Paris, ni à celui d’Evian… Pas un mot entre elles. Sauf quelques bribes à la mi-temps pour sortir leurs sandwichs enroulés d’aluminium. 

En léger différé #5 Virage

Les théories allaient bon train. Elles téléguideraient Guillaume Hoarau à distance. Elles auraient un enfant dans l’équipe d’Evian, mais n’oseraient dire mot par peur de se faire rouer de coups par Jérôme. Ou bien… auraient-elles gagné quelques places et naturellement, vu que Evian, elles n’auraient pu les revendre. En attendant d’obtenir une réponse, je me mis en tête moi aussi d’acheter un sandwich. (En plein match, vu que Evian.) Et figure toi que je ne me lançais pas là dans une affaire normale. Aucune des buvettes n’était ouverte. Nous étions tous sans vivre ! Même les stadiers ne savaient pas où il y avait à manger et se disaient affamés… Un d’eux me confia avoir vaguement entendu qu’il y en aurait peut-être une ouverte, mais où ? Si je la trouvais, il faudrait que je lui dise. Car « on a faim par ici, hein. Tu promets que tu me le diras, hein !? ». J’hochais la tête et repartis. Commença alors une étrange ballade dans les coursives du stade vide. Un peu comme cette fois où j’avais perdu ma carte et où j’eu la chance de vivre un but de l’extérieur du Parc, à sauter en l’air et crier avec les vendeurs de places et quelques mecs en retard. Courant tous pour rejoindre notre tribune. Il y avait encore Pauleta…

En G, après avoir crapahuté partout dans les étages, je trouvais enfin la buvette. Elle allait fermer. Et il ne lui restait que quelques frites et quelques saucisses du jour de Monaco. Il ne savait pas pourquoi toutes les autres étaient fermées et lui non plus d’ailleurs n’aurait pas du être ouvert. S’il avait été le patron, il aurait pu me dire pourquoi, finalement, il était là. Mais il n’était qu’un employé. Et pour les jumelles Antillaise. Savait-il… Je préférais partir. Quelque chose me disait qu’il aurait tout à fait pu m’éliminer sans même savoir pourquoi. Et me donner à manger à la tribune G. Karim Boukercha, mangé avec des frites, un 28 Février lors de PSG – Marseille.

En léger différé #5 Virage

Surtout que ce dimanche était un sacré jour de football pour moi. Ce match à enjeu au Parc, et juste derrière l’Algérie contre la Côte d’Ivoire de Drogba Didier. Il a fallu que je cours pour arriver juste à temps au café où je vois avec mon père tous les matchs des Algériens. Ce fut un sacré moment. Qui serait bien trop long à te raconter maintenant. Juste peut-être qu’à chaque but marqué tout le café se sautait dans les bras et que Morad, mon voisin, avait essuyé, la veille, une salve de gaz lacrymogène. Alors du coup, nous, qu’il avait serrés à chaque fois qu’il lui fut possible, on pleurait un peu sans trop savoir pourquoi. C’est que tout à la fin qu’il expliqua, pour sa veste. Puis l’Algérie a gagné au courage. Revenant au score par deux fois. Dont une à une minute de la fin. Le destin s’amusant qu’un hors-jeu soit sifflé pour empêcher que tout ça ne se détermine aux penaltys. C’était vraiment un bon moment de football et de vie… Sans savoir que derrière il y aura l’Egypte, la défaite, l’arbitre béninois et les trois expulsions. Mais comme tu le sais, moi, le résultat, au fond…  

Résumé Algérie vs. Côte d'Ivoire / CAN 2010 cliquez ici

En léger différé #5 Virage

Et au Parc aussi, c’était toujours un beau moment de vie. Il restait seulement quelques minutes d’arrêt de jeu à Evian pour revenir à 2-2, et à nous pour savoir pourquoi ces deux fameuses Big Mamas antillaises étaient bien venues faire là. Elles partaient et nous n’allions jamais savoir… Alors, je leur dis : « Vous devriez attendre, nous allons sûrement marquer. » Elles n’ont pas répondu ou peut-être d’un minime bougement de tête, mais elles doutaient. Quelque chose dans ma voix disait vrai. Elles restaient là debout à regarder. Et d’un coup elles explosèrent ! Guillaume Hoarau venait de marquer de l’intérieur du pied. Ça siffla. Elles repartirent heureuses avec le même sourire sur le même visage. Et nous aussi… 
Voilà. Dimanche 24 Janvier, Paris a battu Evian 3 buts à 1. Et l’Algérie élimina la Côte d’Ivoire de la CAN 3 buts à 2 après prolongation… La prochaine fois, je t’enverrai le penalty de l’Egypte face à l’Algérie et je te conterai l’aventure PSG – Lorient. Début d’une formidable odyssée, je l’espère.

Réédition de l’article paru le 11 février 2010 et avec l’aimable autorisation du Gri Gri International

Crédits photos (c) Panoramic & Karim Boukercha


Karim Boukercha
Peguy Luyindula Virage PSG

En léger différé #4

13.000 personnes au Parc un soir de Janvier. C’était il y a 9 ans. Il avait neigé. On rencontrait Aubervilliers. Ni Auteuil, ni Boulogne ne savaient ce qui les attendait
en fin de saison. C’était il y a une éternité. Karim était là.


Le foot a repris un dimanche 10 Janvier 2010. Je ne sais quelle température il fait sur ta plage, mais tout le sol autour du Parc était blanc neige. Quand on est arrivé, il n’y avait personne ou presque. À l’auto-radio ils avaient annoncé six milles personnes, mais dans le journal du lendemain j’ai su que nous étions 13 000. 13 000 sur 50 000… La faute à l’argent. Car oui, la fédération n’avait aucun poids face à cette vieille chamelle d’Eurosport et ses droits de diffusion. On a eu beau l’implorer, et même la menacer d’équipe B, cette sous chaîne avait bel et bien décidé que, coûte que coûte, nous serions ici, ce glacial soir d’hiver.

Alors nous voici contre Aubervilliers dans ce Parc désert. La coupe de France ça s’appelle. Dans notre tribune nous étions 16. Disons 10 de la Brigade Paris et leur tambour qui raisonne. Moi, Jerome, Vincent. Un handicapé et son ami, trois vieux et trois autres mecs. 21 en fait… Pour le reste Auteuil assez complet. Boulogne éparse. Et des grappes un peu partout. On a du offrir pas mal de places à Aubervilliers car la tribune visiteurs était comme pleine. Même si d’où j’étais on aurait cru des figurants ou des planches peintes.

On ne pourra dire cette fois que les banlieusards ont foutu le bordel. Personne bougeait. Faut dire que dès la dixième Peguy en mit un. J’ai pu en filmer la fin. Puis Erding dix minutes derrière. Et puis encore Peguy. Ça refroidit c’est vrai. Pourtant Steve Marlet était sur le terrain. Tu dois l’avoir dans tes grimoires, il aurait joué en ligue 1 puis en Angleterre. Maintenant il est à Aubervilliers et c’est un peu avec lui qu’ils ont essayé de nous déstabiliser par presse interposée toute la semaine dernière. »Incertain », il était… Et si en fait il jouait !? On était inquiet… Mais Steve n’a pas brillé.

Antoine Kombouaré Virage PSG
Casque d’or à casquette

Aubervilliers a joué crispé. À la fois trop respectueux et trop agressif. Une équipe de CFA2. Deux occasions en début de deuxième quand même. Ils seraient alors revenus à 3-2. Mais non, car Antoine avait bien prévenu. « Je déteste les professionnels qui se l’a racontent. J’ai dit à mes joueurs de faire un match plein et ce soir je suis fier d’eux, on a été rigoureux… Il fallait les respecter. » C’est ce qu’il put dire une fois qu’on a eu mis le cinquième… Rigoureux, nous on a pas été mieux. Mécaniques. Seul peut-être le quatrième but a été un peu joli.

Moi j’errais dans la tribune avec le nouveau numérique à Boukercha, d’où je regardais Boulogne faire des batailles de boule de neige. Entre eux, puis contre le virage d’en face en brandissant des drapeaux Français, et un peu sur la police en faction au bord du terrain. Le mec qui entonne les chants au mégaphone a même fini par chanter des trucs à lui pendant que tout Auteuil se retournait pour onduler bras dessus, bras dessous. Personne le reprenait mais ça n’avait pas l’air de gêner.

Nous divaguions tous dans le froid, comme si ce match avait lieu sur une télé sans son, au fond de la pièce… C’était génial, je ne me rappelle pas de tout mais j’étais heureux. Avec mes gants, je me souviens avoir envoyé quelques textos à Morad présent en présidentielle. « Pas mal çui-là » sur le quatrième…. « Çui-la » pour souligner qu’il y en avait plein, des buts. Et « Il a été gentil Maurice, il a pas fait de Panenka » pour le dernier sur pénalty… C’est pour ça qu’il m’a répondu « PD » en lettre majuscule. Il a joué dans cette équipe d’Aubervilliers, il en connait les types.

Jean-Eudes Maurice Virage PSG
Haïti Bob

Et puis j’ai vu cette fille de seize ans passer le match dans les bras de son ado, dos au spectacle. On devrait tous en avoir une comme ça, ça serait une bonne idée. Nous pourrions ainsi être Mi insulte, mi tendresse. Sankharé a heurté la barre puis raté un immanquable… Quelques changements, quelques cartons jaune… Giuly qui court seul sur les Village People à la mi-temps. Et Jérôme qui crie « T’es nuuuuuul le 13 !!!! » avec en fond Boulogne scandant « Colony démission !!! Colony démission ! »… Le speaker au micro et au tout début un énorme écureuil immense, en mascotte Caisse d’Epargne…

C’est tout ça qu’il s’est passé ce dimanche rare. Jusqu’à ce que deux stadiers gigantesques affublés du même trois-quart rouge horrible soient venus nous demander d’évacuer les lieux… car notre tribune ce soir n’a jamais été ouverte. C’est bien ça qu’ils ont dit… Jamais ouverte. Moi : « Oui, mais la porte là-bas est ouverte… » Eux : « Oui mais celle-là fermée… » Deux pareils inexpressifs, comme à la fin de Crésus avec Fernandel… « On est resté tout le match… L’autre là-bas il a un tambour, ça fait deux heures qu’il tape dessus… Vous nous avez pas vus ? » Aucune réponse… Toute façon, ça venait de siffler… Ils sont partis. Paris. Voilà mon ami… tu peux courir avertir tes contrées, qu’hier Paris a battu Aubervilliers 5-0. Au prochain tour nous jouerons contre Evian. Ils sont en National. Passionnant. La coupe de France ça s’appelle…

Réédition de l’article paru le 18 janvier 2010 et avec l’aimable autorisation du Gri Gri International

Crédits photos (c) Panoramic

PSG Aubervilliers 2010 Virage
La banlieue influence Paname

 

Karim Boukercha
Claude Makelele PSG Virage

En léger différé #3

C’était en décembre 2009. A une époque où notre milieu se composait
du vieux Claude et du jeune Clément. Une éternité pour certains,
une cicatrice pas vraiment refermée pour d’autres.
On vous fait revivre ces moments de gène
avec les récits d’époque de Karim Boukercha.

De ce match contre Lens rien à ajouter à rien. Dans le grand froid où ni nous, ni les joueurs n’avions envie d’être. Quelle sale horreur, dans les tribunes à me demander pourquoi. Pourquoi être là ? Ce mercredi soir avec ces gens à regarder ces mecs là. Aucune sensation, les pieds, les orteils, intenable…

C’est sur le chemin du retour dans la voiture que j’ai su… Sur les quais un peu avant la tour Eiffel, quand Jérôme continuait de raconter ce qu’il avait vu du match depuis la tribune présidentielle. Ses mots allaient vite. Et par pleins de phrases. « ... Non mais je vous jure, les mecs en ont rien à foutre, ils sont au téléphone !… J’étais entre Emmanuel Chain et Alexandre Devoise… Une horreur ! Avec des petites couvertures qu’on te met sur les jambes… et tous les cadres sup’ qui se plaignent s’ils en ont pas… Non, mais rien que pour ça, je veux jamais devenir riche, pour pas ressembler à ces mecs-là ! Ah non jamais putain !… C’est quoi le but ! ? Pourquoi y viennent ? Ils regardent même pas le match ! Et à la mi temps, ils ont beau être riches, ils se précipitent en loge comme des rats pour être sûrs de bouffer au buffet ; du foie gras dégueulasse et du champagne moisi... »

Claude Makelele PSG Virage
Le but du vieux

Sur les petits écrans en bout de siège, il a vu les deux pénalties non sifflés sur Peguy… « L’arbitre est sorti juste en dessous moi, j’lui ai crié : Eh gros cul tu les a pas vu les pénalty !!! »
Il a croisé et serré la main de Domenech aussi, puis raté le président car il était parti pisser. « Ouais, mais je m’en fous toute façon… Ah non mais j’te jure Karim, tu me dis tu payes dans ma tribune ou tu viens gratuit en présidentielle, je paye tout de suite !« . Il enchaina sur le but de Makelelé. « Vous allez voir le ralenti ! Il a même pas fait exprès ! Y’a que nous pour marquer des buts comme ça. Les otaries putains ! »

Claude Makelele PSG Virage
Claude et ses Claudettes

Puis sur Gervais Martel*, « Il était à quelques mètres de moi quand j’ai gueulé PAYSANS !!! J’l’avais même pas reconnu au début. Me suis dit c’est qui ce gros poivrot qui me regarde comme ça là ? On dirait Gervais Martel ! C’était bien lui putain ! J’ai tenu le regard ! Il s’en souviendra, la haine qu’il avait ! » Finissant sur l’égalisation, trois minutes plus tard. « Comme d’habitude ! On sait pas fermer un match ! Ils ont pas de couilles… Ils s’en branlent, c’est pas des joueurs ! Comme à chaque fois qu’on a l’occasion de remonter à la tête du classement ! Avec l’autre connard de Maoulida et ses banderoles de R’n’b de merde… des mots pour sa meuf, petite tapette ! Rentre danser le zouk avec Gervais Martel« .

PSG LENS 2009 Virage
La banderole cht’i, ou quand t’as plus de place pour caser un sponsor maillot

Les banderoles R’n’b de merde, ou bien même le zouk avec Gervais, c’est peut être pas de lui…
Mais de toute façon, sur ces choses-là, on se contredit pas. Les pensées s’emmêlent… Nos joueurs sont des vieux bourgeois dilettantes… ou des jeunes black qui se regardent courir… Sankharé ressemble à un Simpson, Maurice à Puff Daddy… Makelele fait peine à voir. On imagine Giuly tellement partout ailleurs, même dans un club échangiste, plutôt que sur un terrain de foot… Ceará va mourir. Chantôme joue toujours en arrière et Erding a du mal. Sessegnon diva… Hoarau… Rothen… Kezman… Antoine… Diané… Pancrate… Et le PSG roulait, roulait, roulait…

PSG LENS 2009 Virage
Mevlut fait la cour à Vedran

Mercredi 16 Décembre 2009, Paris a fait match nul 1 partout avec Lens. Dans le journal du même jour, notre goal Apoula Edel est soupçonné de s’appeler Ambroise et d’avoir beaucoup plus que son âge. Paris, mon feuilleton… je t’aime.

* Gervais Martel, le président du Football Club de Lens. « Les sang et or » puisque c’est comme ça qu’on les appelle.

Réédition de l’article paru le 22 décembre 2009 et avec l’aimable autorisation du Gri Gri International

Crédits photos (c) Panoramic


Karim Boukercha

It’s time to say goodbye to Napoli

Cette semaine, je l’ai attendue comme un dément.
Un personnage de Dostoievski, dans sa cave, qui tourne et tourne et tourne.
En attendant Naples et marseille. Il n’y avait plus que ça. Pour vous, les sociabilisants, les vivants, les bien portants, il existe la vie, le travail, l’espoir, les projets.

Pour moi, juste ces deux matchs. C’est ainsi. Le football peut parfois devenir la seule lumière.
La dernière drogue avant le néant. Naples d’abord. Mercredi, asphyxie, accélérations cardiaques, plein de clopes, chiottes et chiottes encore. Lecture de deux SAS. Et attente. Attente. Attente.
21 heures putain !!! Nos soldats défilent à l’écran. J’y ai pensé toute la journée.

Vais-je encore apercevoir dès la présentation des équipes en gros plan pendant les hymnes ces tronches de bileux, de flippés, de joueurs rattrapés par la gastro des grands soirs ? Rabiot blanc comme une merde de laitier ? Le PSG va-t-il une énième fois foirer le match crucial ? Trébucher en Europe ? Se retrouver en culottes courtes devant des millions de téléspectateurs ? Comme une malédiction. Quelque chose de (presque) déjà écrit ?

J’ai entendu toute la semaine les médias évoquer le contre-exploit en cas de défaite au Parc, j’ai croisé des gens qui parlaient de Naples comme de Guingamp, une formalité en somme, j’ai lu que les professionnels du pari en ligne donnaient Paris gagnant pépère. Froid dans le dos. L’arrogance des néo supporters de la Capitale trop habitués à écraser leur championnat, trop installés dans leur confort de nouveau riche, de futur blasé et/ou déserteur, quand le Qatar aura trouvé une nouvelle marotte soft power (2022?). Les fous, les naïfs, les cons !

Malgré l’égalisation jouissive et sur le fil de Di Maria, que dire ? Oui, cette malédiction est réelle. Paris a récidivé. Pas de pressing, boulevards, pas de milieu, pas les efforts, pas vraiment la technique. Pas envie ? Impossible, évidemment, nos stars savent que ces soirs-là sont les soirs qui comptent (en banque) vraiment. Et pourtant, depuis ma télé, ça peut ressembler à ça. Une certaine nonchalance, une équipe de joggers avec walkman. Contre les Italiens, je ne vois pas Paris avoir peur, être véritablement dépassé, comme il a pu l’être ces dernières années en C1. Non. Ils trottent, tranquilles presque. Ou alors, pire encore ! Nos joueurs se la racontent ! Ils pensent VRAIMENT que Naples, c’est Guingamp. Boum ! 0-1. Areola avance et recule sans musique et prend un lob. Voilà. C’est reparti. Mbappé rate un un contre un qu’un Ballon d’Or ne devrait pas rater pour être certain de gagner sa breloque dorée.

On n’y parvient pas, on est souvent moche. On est décevant, prévisible, agaçant, irritant, têtes à claques, paresseux, grosses chevilles et petites idées… Le PSG n’aurait jamais retrouvé le soldat Ryan. Le PSG a perdu son chemin sur la pelouse du Parc et avait oublié la boussole au vestiaire. Il faudra désormais ne pas perdre à Naples et gagner les deux dernières rencontres. Tout se complique. Ça en excite certains chez Virage. Jean Cécé jubile par texto. Il dit que c’est ainsi qu’on se dessine la route vers la finale. Avec des poules à la grenade tranchée par tranchée. Il a peut-être raison. Mais moi, au coup de sifflet final, je les maudis encore, dans mon salon, je les maudis en boucles. Ils ont si peu fait, nos héros, ils ont été si pâles, si médiocres. Je zappe un peu partout. Sur l’Équipe, ça ricane. Oui, certaines choses ne changeront jamais. Paris est incorrigible et l’Équipe indécrottable.

Je suis pourtant dès le lendemain matin positivement excité. marseille ! Deux fois. Contre la Lazio jeudi en Europa League (la coupe que Thauvin ne veut plus jouer) et puis chez eux, dimanche…
Les Ritals ouvrent l’om pendant 90 minutes, c’est absolument délicieux (le troisième but…). Il n’y a rien à dire. Fessée au vélodrome. Les joueurs sudistes ont beau prévenir sans attendre après la douche aux micros que dimanche, ils seront au rendez-vous, on voit déjà dans leurs yeux quelque chose qui ressemble à de la… Trouille, oui, c’est à peu près ça. Du fatalisme aussi. Garcia parle du public fabuleux et si fidèle, pas de cojones mais pas loin. Halloween avant l’heure. Il se déguise en espérant faire peur. Alors qu’il le sait, Rudy, dimanche, c’est Paris qui décidera du résultat. Lui et personne d’autre. Naples a tout fait pour écrire son Histoire mercredi. L’om, elle, pourra, au mieux, être un témoin assisté.

On y est. J’y suis ! Y seront-ils ? En championnat, il est bien sûr plus difficile de craindre le pire. L’angoisse d’avant Naples traverse mon cerveau a quelques reprises avant le coup d’envoi mais rien ne se fige. Ce soir, je redoute plus un arbitrage orienté et un manque d’engagement coupable de la part de nos joueurs. Quand j’apprends la composition des nôtres vers 20 heures (je m’étais imposé un black out toute la journée pour ménager ma haine et mon stress), je balance entre ricanements nerveux, textos affolés et incompréhension complète. Un petit vertige s’empare de moi, je dodeline sur mon canapé.

Je tente d’analyser les choix de Thomas. Il fait visiblement tourner. Choupo devant, sabre au clair. Un enfant en défense. Kylian et Adrien sur le banc. Le message semble clair : l’om, c’est la L1, il y a Naples dans deux semaines, 30 points sur 30, on ne prend aucun risque. Je me dis que Kylian paye sa petite prestation de mercredi. Je comprends mais je flippe quand même. Je ne veux pas perdre ce soir. Il ne faut pas.

Ça commence. Je tente évidemment l’expérience sur Canal + décalé, où Cazarre, son pote Toen et Laurent Weil commenteront en direct le clasico, en mode supporters. L’idée est admirable, excitante même. Ne plus se taper Guy et son pote de dézinguage systématique du PSG, entendre Cazarre bombarder de vannes alors que Paris crucifie pour la 369ème fois Marseille de suite ! Ouiiiiii. Mais en fait, non. L’idée était bonne, oui. Pas la réalisation. Virer Weil, l’homme qui JAMAIS n’osa démonter un film ! Et qui, ici, ne sert qu’à canaliser les débats. Un éducateur social en plein Kop de Boulogne en somme. Incongru, voire parfois même embarrassant. Il aurait fallu supprimer l’incrustation en bas à droite de l’écran. Simplement entendre la voix des deux protagonistes, comme dans un match lambda.

Bon, au final, Cazarre a tout niqué mais en même temps, il n’avait presque personne en face de lui. Et le football est (était) la chose la mieux filmée au monde. Faut arrêter de vouloir toujours balancer de nouvelles formes. Le football a-t-il vraiment besoin d’évoluer ? VAR, coupe du monde à 1200 participants, Chapron qui propose dans son livre plein de nouvelles lois du jeu, toutes plus connes les unes que les autres ! Il a fait quoi le foot pour se prendre des velléités de lifting intégral dans la gueule à longueurs de temps ?

Bref. Je finis donc le match avec Guy et Beye, en deuil après le deuxième but de Draxler dans un vélodrome qui a encore une fois démontré qu’il ne savait faire du bruit que les soirs de victoires. Garcia a gesticulé, Tuchel tirait la tronche, Guy a bien essayé de coacher marseille tout du long, rien n’y a fait. Paris a décidé du score final et Paris a gagné. En étant plutôt insipide, encore paresseux, dilettantes. Kylian était en fait puni. Il était arrivé en retard à la causerie. M’a rappelé ma scolarité. Anecdotique. Mais là, j’ai aimé un peu plus Tuchel. Punir le môme sacré le jour du clasico. Pas mal. Et quel camouflet pour la grande soirée de Canal… L’aurait-il fait le jour du match retour à Naples ? Pas sûr me dit un ami. Moi, j’aime à penser que si. La punition levée, Kylian est rentré et a marqué, après deux ballons touchés, peut-être même qu’un seul et trois minutes à peine sur la pelouse. J’ai encore plus aimé la polémique sur le but soi-disant refusé aux sudistes. Le faux bloc de Strootman et la simulation de Marquinhos. Ahahahahahahah. Encore !!!

Ils en sont là, les finalistes malheureux de l’Europa et Poulidor de la C1. Garcia a une nouvelle fois était frileux, petit épicier, à espérer un miracle, une improbable chatte. Aucun attaquant véritable au commencement. Payet et Thauvin, les deux doublures bleues, en stars de kermesse. 0-2. Terminé. Ménès s’énerve contre l’arbitrage. Contre l’injustice carrément ! Ce qui le classe directement entre Jean Moulin et Tartuffe. Ils ne parlent que de ça. Et évidemment, de la discipline selon Tuchel. Ils se demandent si le PSG est en train de devenir une vraie institution. Moi, je me demande juste quel modèle de télévision va briser Mohamed Henni, ce supporter marseillais qui aime Youtube et l’humour de répétition, dans sa prochaine vidéo ? Ça fait quoi ? Sept ans que Paris piétine l’om. Pfff. Canal parle de défaite encourageante. Je leur laisse. Je me contenterai de cette victoire sans panache et de Kehrer tentant d’attraper les couilles d’un marseillais, Ocampos il me semble, en bord de ligne pour l’empêcher de déborder. Neymar a subi quelques jets d’objets à chaque corner. Il y a eu un tifo bébête de jalousie sur notre C1 mais rien de grave.

Au moment où Paris est devenue cette équipe de Harlem Globe Trotters, marseille n’a plus qu’à faire comme tout le monde: Acheter son ticket et faire la queue. De voir Mbappé faire des selfies avec des mecs en tribune latérale fans de l’om, c’est ça, la réalité. Les enfants aiment les champions du monde et les marseillais sont des enfants. Une bonne fessée deux fois par an ne peut que leur faire du bien.

PROCHAIN ÉPISODE: Paris va-t-il honorer la malédiction la semaine prochaine à Naples? Rabiot arrivera-t-il en retard à son enterrement? Kylian mérite-t-il le Ballon d’or, de diamant, de saphir et de rubis? marseille va-t-il revendre Mitroglou pour racheter Mamadou Niang? Thomas Tuchel évite-il systématiquement la station de métro Stalingrad les veilles de match? Prend-il au moins le métro? À suivre…

Crédit photo (c) Panoramic


Jérôme Reijasse