Humeur

Wake Up Call

Miroir, mon doux miroir, dis moi qui est le plus beau ?
Ce PSG-Nantes n’était pas qu’un simple match de Ligue 1
coincé au cœur d’un hiver gris. Non. Ce PSG-Nantes raconte ce que nous sommes
et ce que nous ne serons, peut-être, jamais.


D‘entrée, on comprend que le foot n’aura pas vraiment son mot à dire. Nous jouons en marchant, nous empruntons systématiquement les mêmes chemins au moment d’attaquer, nous perdons un nombre de balles absolument hallucinant, nous balbutions, nous bégayons, nous insultons une nouvelle fois le ballon, l’esprit et les tribunes. Silva et Navas sont eux montés au front. Comme d’habitude. Et je sauve Angel, allez. Les autres, tous les autres, ont démontré que Paris n’était rien pour eux. Un hôtel de passe, une récréation lucrative, un showcase aux paillettes délavées. Passons.

Ce soir, nous avons (dé)joué, encore et encore. Cette année, quoi ? Le real au match aller ? Ok. Et après ? L’om ? À la rigueur. Mais sinon, rien. Le vide, les ténèbres, l’ennui, le club med. Et plus ça va, plus nous sombrons. Certes, nos victoires sont plus nombreuses que nos défaites. Pas de quoi non plus épouser Kurzawa ! En ligue 1, nous n’avons que deux ennemis : nous-mêmes et l’arbitrage et son robot merdique. En LDC, nous sommes qualifiés. Bravo. Et peut-être même que nous irons loin en 2020. Allez savoir. Payet, son 90 C et les siens sont bien deuxième à l’heure qu’il est. Tout est possible. Mais pour rêver en grand, il faut d’abord et avant tout jouer au football et sur 90 minutes, nous n’en honorons qu’une quinzaine par match, grand max.

Ce soir, avec pourtant nos deux stars internationales, nous n’avons rien montré. Le but de Mbappé est somptueux, également celui de Neymar refusé par un Var dégueulasse et plus que suspect (messieurs les arbitres, où était l’erreur manifeste ?) mais ils ne disent rien. J’entends déjà les couillons post moderne ricaner et déclarer qu’on a gagné et que tout le reste n’est que littérature, ces petits trous du cul qui n’ouvriront jamais un livre de leur vie. Sur l’After, alors que j’écris ces lignes, un certain Dylan pourrit les deux ratés de Cavani. Derrière, Mohamed, qui sort du Parc, enfonce le clou et termine Edi avec quelques adjectifs vraiment atroces. Il a à un moment cette phrase de vertige: « moi, j’aime avec mes yeux pas avec mon coeur ». Voilà où on en est.

Une équipe molle et prête à toutes les trahisons et les abandons coupables et une nouvelle génération de supporters qui assume sa saloperie libérale. Qui croit vraiment qu’il n’y a que la victoire qui fait loi. Ils sont nés avec la France championne du monde, le Black Friday, la trottinette en libre service. Ils sont heureux tant qu’ils consomment sans frein et que Neymar et Mbappé la foutent au fond. Peu importe la manière, peu importe demain. Épicuriens difformes et incultes, nouveaux barbares qui s’ignorent, footix à l’arrogance coupable. Ils disparaîtront quand l’argent qatari et les victoires iront tapiner ailleurs. Ils préfèrent vendre leur cul que d’élever leur âme. Tant pis pour eux.

J’ai croisé Akhenaton du groupe IAM récemment. Il a eu quelques mots sur Cavani qui m’ont ému. Oui. À l’heure où les soi-disant miens lui crachent à la tronche sans retenue, sans amour, sans reconnaissance. Ces néo-supporters ne jurent que par notre duo magique. Moi, ce soir, j’ai vu un Mbappé faire encore un match médiocre, malgré son pion. Je l’ai encore vu sortir en boudant. Je l’appelle désormais le Carl Lewis du pauvre. Il court vite. Voilà. Neymar a beaucoup raté lui aussi. Mais il a lui aussi marqué. Alors, il ne faut rien dire et se contenter d’applaudir. Ah bon ? Gueye commence vraiment à ressembler à un joueur du PSG du début des années 2000. Cela ne me rassure pas. Meunier et Kurzawa sont fin prêts pour rejoindre n’importe quelle équipe de volley ou de hand. Marquinhos n’est pas un vrai 6 mais apparemment, Tuchel en a décidé autrement… Le gâchis…

Et le voilà, peut-être, notre principal problème. Notre entraîneur. Un coach n’est pas là pour apprendre aux joueurs à faire des passes, des dribbles, des tirs. Il doit déjà incarner le Club. Transmettre un désir ardent. Il doit pousser les onze sur la pelouse à tout donner à chaque match. Et Tuchel n’y parvient pas. C’est une évidence. J’aime bien Thomas mais il n’est pas, plus, l’homme de la situation. Les regards de Leo ce soir en gros plan… Leo ne peut pas accepter, au Parc et à l’extérieur, que nos joueurs insultent avec autant de morgue le jeu. Impossible. Et dès qu’on nous rentre dedans, on plonge, à chaque fois. Ce n’est plus acceptable.

Le même Dylan, toujours dans l’after, traite Herrera de béni-oui-oui, il fanfaronne et dit que ce n’est pas avec ce genre de joueurs qu’on peut espérer un jour atteindre les sommets européens. Mais sans des mecs comme Herrera, nous resterons cette équipe monstrueuse et sans passion. Ce défilé de stars qui naviguent à vue. Aucune exigence, aucune discipline, nos attaquants refusent de défendre. Quel coach peut tolérer ça ? Quel public ? Pas moi. Et je ne pense pas être le seul. J’espère ne pas être le seul. Suis-je le seul ??? Je n’ai évidemment pas de remède miracle. J’avoue qu’un retour de Carlo à Paris me procurerait un plaisir certain. Voire une petite érection. On ne peut pas se faire à l’idée que Paris va jouer ainsi toute l’année. C’est insupportable. C’est ridicule. On a tout pour être les meilleurs ? Sauf l’envie. Qu’avons nous alors, véritablement ? Rien.

Comme les lyonnaises d’Aulas, nous nous voyons trop beaux. La mauvaise blague. Liverpool et quelques autres nous attendent au tournant. Ils ne nous rateront pas. Et nous l’aurons bien cherché. Et si l’on devait tout de même soulever cette putain de coupe aux grandes oreilles en mai prochain en jouant de la sorte, il y aurait comme un goût amer, non ? Sauf pour Dylan et ses semblables. Nous aurions une étoile sur notre maillot. Une étoile que le premier trou noir avalera sans attendre. “Je parie toujours sur la même victoire : La mienne”, “supporter ou parieur ? Surtout vainqueur” proclament fièrement dans nos rues des publicités de paris en ligne. Charon, dont vous ignorez probablement l’existence, vous attend, Dylan, Mohamed et tous les autres.

PSG4LIFE


Jérôme Reijasse

Body Double

Patrick Sebastien a un jour dit “Quoi de plus stupide que les remplaçants d’une équipe de football assis sur un banc sous une cage de verre… Ils peuvent l’attendre longtemps le bus.”


Cette phrase a longtemps tourné dans ma tête, contrairement aux serviettes. D’abord parce que depuis « T’Aime », je porte en haute estime les pensées philosophiques de son auteur. Mais aussi parce que, personnellement ; je n’aimerais pas être remplaçante. Ainsi, je n’ai jamais accepté d’être le body double de Mimie Mathy, ou de coucher avec un homme en couple. Mais la question est : et si cet homme était Idris Elba ? Ou si on me demandait d’être la doublure corps de Sophie Marceau ? Je peux toujours argumenter que ça n’y changerait rien, que c’est un principe. Mais comme l’occasion ne s’est pas présentée, je ne suis sûre de rien. Et puis je ne fais pas partie d’une équipe, et là est toute la différence.

Cette année, une bonne partie des médias s’interroge, voire s’inquiète, à propos du banc parisien. Comment Cavani va vivre d’être relégué au second plan ? Comment Tuchel va gérer la compétition Icardi/Cavani ? Comment va-t-il faire pour faire jouer au milieu Verratti, Gueye, Paredes, Sarrabia, Marquinhos et Draxler ? Comment fera-t-il lorsque Neymar sera revenu ? En résumé : comment des joueurs de premier plan peuvent-ils accepter d’être remplaçants, ou de jouer à un autre poste que le leur : comment garder le banc motivé et serein ?

Ces questions, personnellement, je ne me les pose pas.
Parce qu’en Ligue des Champions, avec toutes les demi-joies des matchs de poule ou des matchs aller, suivies de la souffrance aigüe des contre-performances à répétition, j’ai une mémoire assez rectale de nos dernières années en terme d’effectif sur le terrain.
Le quart de finale aller contre Barcelone en 2013, sans Motta. Le retour, sans Matuidi, suspendu. Le quart retour 2014 contre Chelsea sans Zlatan, le quart de 2015 aller contre Barcelone sans Verratti, sans Motta, sans Zlatan et où Silva se blesse à la 20ème minute. Le retour sans Silva ni Motta. Le quart retour de 2016 contre Manchester sans Verratti, sans David Luiz ni Matuidi. Bon, 2017, je ne peux pas encore en parler, c’est trop douloureux. Et que le nom de cette infamie ait été choisie par les espagnols, et se dise dans leur langue ajoute à la colère. Gardons donc uniquement ces quatre années en exemple.

Chaque année où notre équipe a passé les huitièmes, on s’est retrouvé amputé de titulaires indiscutables mais surtout devenus indispensables. En mode Rocco émasculé. Comment des journalistes peuvent-ils encore discuter le bien fondé d’un banc profond quand on a les ambitions du PSG ?
Les buteurs décisifs des deux derniers vainqueurs de la coupe aux grandes oreilles vérifient aussi cette règle du banc. En 2018, indépendamment du fait que le Real a déjà gagné deux fois de suite et donc engrangé de la confiance, son banc est largement supérieur à celui de Liverpool. A la 61ème minute, alors que les deux clubs sont à égalité (un but de Benzema contre un but de Mané), Zidane fait entrer Gareth Bale qui renverse le match avec deux buts magnifiques ; un retourné puis un tir puissant de loin. Alors que beaucoup le trouvaient inutile, en doublure d’Isco préféré par Zidane, après avoir été blessé presque trois mois entre l’automne et l’hiver, le voilà qui offre une troisième victoire historique au Real.

En 2019, si l’on doit comparer Liverpool et Tottenham, encore une fois le banc le plus profond aura fait pencher la balance du côté de Liverpool. Origi, remplaçant entré à la 58ème, inscrit le seul but du match sur une action de jeu et entérine l’avance donnée par Salah sur penalty.
Mais surtout, si un club doit se doter d’un banc sérieux, c’est Paris. Car après avoir vécu pendant plus d’une décennie la fameuse « crise de novembre », nous voici maintenant avec « les blessures de mars ». Et cette année, mars est arrivé plus tôt que prévu.
Si l’on peut donc questionner la préparation physique et psychologique de nos joueurs, il me semble qu’il ne se pose aucune question sur le besoin de doublures de haut niveau : nous avons besoin d’une doublure d’équipe aussi forte que celle des titulaires.

La question qui se pose alors est plutôt : Tuchel est-il capable de gérer les egos des remplaçants, les frustrations de ceux qui ne commencent pas les matchs, les déceptions de ceux qui sortent trop vite du terrain à leur goût ? Sa proximité avec les joueurs, parfois critiquée, me semble un véritable atout pour leur faire accepter les sacrifices pour l’équipe. Sa propension à faire tourner l’effectif et à donner du temps de jeu à tout le monde peut aussi jouer en sa faveur. Je n’ai pas beaucoup d’inquiétude ici.

Et les discours de Leonardo sur l’implication et l’allégeance réclamées aux joueurs vis à vis du projet et du club, tout comme son expression d’ambitions plus réalistes, doivent permettre de placer toute l’équipe dans le bon sens.
C’est plutôt le niveau d’engagement de nos joueurs qui est en cause. Car à trop laisser passer de matchs ou de mi-temps quand il n’y a pas assez d’enjeu, l’équipe n’engrange plus d’invincibilité sécurisante. Depuis l’avènement de l’ère Qatari, l’équipe n’a jamais été aussi pleine et pourtant aussi fragile.
Là est le véritable enjeu de cette année charnière.

Et n’en déplaise à notre Président Cece – qui a autant d’arguments pour défendre ses positions que de cheveux sur son crâne * – si je nous souhaite de gagner au plus vite la Ligue des Champions, je ne pense pas que cela soit possible après avoir perdu deux huitièmes de suite. Cette année ressemble à une année de transition, pour oublier nos peurs, l’angoisse d’être maudits (le syndrome du supporter parisien), pour laisser à Tuchel le temps de rassurer Leo, ou à Leo de remplacer Tuchel si nous n’atteignons pas au moins une demi.

Il nous faut aller plus loin dans la compétition, caresser la coupe par en-dessous, pour forger l’expérience et exciter la frustration de nos joueurs. Comme l’a fait Liverpool en 2018. Et si notre entraineur a besoin de quelques conseils pour gérer un effectif ou un banc, on a un français assez expert sous la main, notre Dédé national dit l’homme a la chatte en or. Car cette année, notre entraineur ne peut pas avancer qu’il n’a pas la profondeur de banc nécessaire à l’exploit. Nous avons enfin un banc magnifique, un banc fantastique ; un banc cavanesque.


Et comme j’ai commencé avec une très belle citation, j’aimerais finir avec une autre d’une poésie sans égale :
“Quand on voit ce que les pigeons ont fait sur ce banc, il faut remercier Dieu de n’avoir pas donné d’ailes aux vaches.” Régis Hauser.

* petite vengeance gratuite après m’être faite traiter de footix sans raison dans le dernier Podcast du Virage.


Aurelia Grossmann

Peur sur la ville

Et plus particulièrement peur sur le Parc et au PSG
Il ne s’agit pas comme dans le film d’Henri Verneuil d’un tueur en série nommé Minos, mais plutôt d’un syndrome qui rendrait nos joueurs minus…


En effetVoilà plusieurs saisons que nous ont été diagnostiquées deux particularités antinomiques, et pourtant peut-être liées, à notre PSG Qatari. La première est la suffisance, la seconde est la… PEUR.
Voilà à quoi pourrait se résumer nos dernières saisons, et plus le temps passe et plus cela s’imprègne dans notre ADN… La suffisance lorsque l’on va jouer à Dijon en trottinant et sans envie, la suffisance quand après avoir martyrisé comme jamais l’ennemi marseillais en une mi-temps, on ne lui donne pas l’estocade, on n’achève pas la bête, alors que l’on pourrait mettre une vraie humiliation qui resterait dans l’histoire des « classiques ». Et enfin de nouveau la suffisance mercredi soir face à Bruges, surement suite au score trompeur du match aller. Mais voilà Bruges est une équipe qui a des qualités et notre amie désillusion était prête à de nouveau planer sur le Parc un soir de Ligue des Champions, lorsque l’arbitre donna un pénalty aux bleus et noirs. Navas grâce à son arrêt, renvoya désillusion dans les sombres limbes du Parc avec les fantômes espagnols et mancuniens de City et United, toujours prêt à revenir nous hanter…

C’est alors qu’est revenue, presque comme chez elle « La peur », cette trouille qui fait que mentalement tu lâches, que tes passes n’arrivent plus, que tes contrôles se font sur cinq mètres, que tu ne fais plus l’effort, quand tu attends la sentence inéluctable… comme au Camp Nou ou comme l’année dernière contre des diables rouges qui n’avaient pourtant rien d’effrayant…
Déclaration de notre entraineur après la pénible victoire face à Bruges hier soir : « En deuxième mi-temps, on a contrôlé aussi puis on a fait quelques erreurs faciles et on a perdu des ballons. Après le penalty, j’ai eu le sentiment qu’on avait peur de perdre ».

Mais comment ? Comment des joueurs d’un tel niveau peuvent il avoir le mental d’une équipe de poussins complexés fessés cul-nu avec des ronces et qui attendent les yeux imbibés de larmes, le short souillé par une peur colique que l’arbitre abrège leurs souffrances ? Le problème du PSG n’est pas tactique, technique ou physique. Non. Il est mental.

De toute évidence Tuchel n’a pas la solution et cela n’augure rien de bon pour notre printemps européen… Alors que faut-il faire ? Changer d’entraineur ? Mais pour prendre qui ? Les derniers entraineurs à succès sont avant tout des psychologues aimés de leurs joueurs. Chacun peut avoir son opinion mais les Guardiola, Klopp, Zidane, Ancelotti, Mourinho, Simeone, etc… sont tous aimés de leurs joueurs et arrivent à les sublimer le jour J.
Leonardo n’a-t-il pas son rôle aussi à jouer ? On a l’impression que depuis son retour il a pris ses distances avec le terrain. Pour ne pas interférer ? Pour mieux laisser Tuchel se planter ? En tout cas, un coup de gueule du boss serait le bienvenu car j’ai peur d’une fin d’année en roue libre comme la saison dernière.

Alors quelles solutions ? Faire revenir Noah pour chanter Kakabona dans le vestiaire ? Balancer des pincées de sel dans les buts comme Luis ? Retrouver la fameuse sacoche du président Borelli ?
Et pourquoi ne pas faire appel à Denis Troch ? Ancien de la maison et aujourd’hui entraîneur mental pour sportifs. Enormément de champions ont leur psy, que cela soit dans le foot ou d’autres sports.
Avons-nous peur (encore) du ridicule ? Ce ne sera jamais pire que le meilleur souvenir de Neymar sur un terrain.

A ce jour, en tout cas nous savons que nous pouvons perdre contre n’importe quel adversaire (à part l’om). Le déplacement à Brest samedi s’annonce compliqué si nous l’abordons comme celui de Dijon.
La fraicheur automnale et humide du stade Francis Le Blé pourrait bien enrhumer une équipe faisant preuve de suffisance… Un stade à l’ancienne qui sent bon la merguez et les frites, surchauffé par un breizh-public qui n’attend que ça et l’on pourrait bien faire une rechute du syndrome « de l’ancien qui marque contre nous ». Charbonnier si tu nous lis…
Oui mais vous allez me dire le match à Brest on s’en tape comme de notre premier biniou.

Oui. Mais non. Et c’est bien le problème, c’est que le grand public est le premier à prendre à la légère le championnat et même le 1er tour de LDC. Mercredi on était bien loin des grandes soirées européennes du Parc.
Comme le veut la formule, si tu ne respectes pas le football… Or depuis le match de l’om j’ai l’impression que nous le respectons un peu moins. Si tu dois en mettre 8, mets-en 8 (comme contre Dijon, il y a 2 ans…), quelque part j’aurais aimé que l’on respecte un peu plus l’om en deuxième mi-temps.
Espérons que nous irons à Brest sans suffisance et à Madrid sans peur. Cela sera peut-être le début de la guérison.
En attendant soutenons le PSG sans modération !


J.J. Buteau

Raison ou sentiments

Il est le grand absent de ce début de saison. Il est le meilleur buteur
de l’Histoire du PSG. Il est freiné par les blessures depuis plus d’un an.
Il est l’idole incontestée du Parc et des supporters parisiens.
Il n’a plus la jeunesse de Mauro Icardi. Il est amoureux du club.
Autant de contradictions qui font de Cavani un sujet particulièrement sensible actuellement. Ce qui n’est pas une raison de ne pas l’aborder.


Une information dévoilée par Le Parisien a mis sur la table une situation que l’on devinait déjà. Thomas Tuchel ne ferait plus du Matador un élément indispensable lors des matchs importants. Le conditionnel a son importance. Premièrement parce que ce ne serait pas la première fois que le quotidien francilien dirait une connerie. Deuxièmement parce que rien n’est définitif dans le football. Une hécatombe est si vite arrivée qu’on ne peut pas dire avec certitude que Cavani ne sera pas titulaire en Ligue des Champions au printemps prochain (si toutefois Paris voit le printemps, mais ça a l’air bien parti). Rien ne dit non plus qu’il ne crucifiera pas l’OM une nouvelle fois. Mais cette information, aussi lapidaire soit-elle, a le mérite de confirmer une tendance. A ce jour, Mauro Icardi a de l’avance sur le Matador dans l’esprit de Tuchel. Et quand on ose toucher au statut de l’Uruguayen, le débat tourne vite à la foire d’empoigne entre supporters sur les réseaux sociaux.

« On ne touche pas à Cavani ». Voici à peu près le sentiment d’une grande partie des supporters. Une formule qui illustre bien l’attachement au joueur. Cavani est plus qu’un buteur, c’est un symbole. Une icône ! A cet instant le débat n’est pas tactique ou physique, il est sentimental. C’est le cœur des supporters qui parle.
Alors forcément, comme à chaque fois qu’un teuton avec la raie sur le côté essaie de déboulonner un des symboles de la capitale, ça se passe mal. « Tuchel n’est que de passage ». « Qu’il arrête de chialer à chaque conférence de presse ». « Qu’il commence par passer les 1/8èmes »… j’en passe et des meilleures. Ou des pires, selon le point de vue. Remettre en question Edi tient du suicide professionnel. Mais n’écoutant que ma conscience, j’ai osé l’impensable. J’ai critiqué Santo Edinson sur ma page Facebook. Cela pourrait sembler anodin, voire même autorisé.
Pourtant le retour de flamme ne s’est pas fait attendre. A tel point que j’ai dû relire mes propos pour vérifier que je n’avais insulté personne.

Malheureusement pour ma cote de popularité, tout ce que j’ai pu lire depuis mon impensable crime de lèse-majesté n’a fait que confirmer mon opinion. On me parle d’amour du maillot, de symbole, de respect de l’institution, de relation fusionelle avec les supporters, d’Histoire du club. J’entends tous ces arguments. D’ailleurs je ne les conteste même pas. Sauf un. Celui du respect de l’institution ne passe pas. Ce thème, qui a fait son apparition ces dernières années à chaque déconvenue européenne, a pour but de pointer du doigt le comportement de certains joueurs (dont un Brésilien bien connu). Le PSG, tu l’aimes ou tu le quittes ! Et Leonardo est revenu pour remettre tout le monde dans le droit chemin. Fini le Club Med ! Personne ne doit être au dessus du club ! Ni Neymar, ni Tuchel. Ni Cavani. Ni les supporters. Le Paris Saint-Germain est un club de foot avec de très hauts objectifs, pas un fan club de Cavani.

Puisqu’il est bien question de football, parlons football ! Cavani est-il fini ? Certainement pas. Le problème est qu’il a des blessures récurrentes depuis plus d’un an. Et à bientôt 33 ans, on est en droit de se dire que le meilleur est déjà derrière lui. Ce n’est pas lui faire insulte, c’est dans la nature des choses. Il n’a plus la même capacité de récupération, plus la même facilité à enchaîner les efforts qu’à 28 ans. Le nier c’est se voiler la face et mettre des œillères par dessus. Tactiquement ensuite, Edi est un avant-centre qui aime l’espace, qui appelle en profondeur pour enchaîner en une touche. Il a fait des merveilles dans cette configuration. Icardi, à l’inverse, est un joueur de surface qui est capable de proposer un jeu en déviation et en appui de bien meilleure qualité que celui de Cavani. Et ce n’est toujours pas lui faire insulte que de le relever.
Tuchel a donc deux options avec deux profils différents pour un même poste. Reste à savoir qui jouera autour. En règle générale, ça devrait être Neymar et Mbappé ou Di Maria. Trois joueurs ultra décisifs qui ont des automatismes naturels. C’est moins flagrant avec Cavani même si cela n’a jamais été aussi inexistant qu’on a voulu nous le faire croire.

Lors des deux dernières saisons, Edi a fait ce qu’il pouvait pour s’adapter au jeu des phénomènes à ses côtés. On a tous vu que ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux pour lui. Alors que les qualités d’Icardi semblent naturellement fonctionner avec celles de ses compères d’attaque. Et toujours pas l’ombre d’un manque de respect envers le meilleur buteur du club. En revanche, il me semble que le faire jouer alors qu’il n’est pas le plus à même de tenir sa place et de bien combiner avec ses partenaires serait un immense manque de respect envers le club et ses objectifs. Tout ceci n’a rien de personnel, ce n’est qu’un choix tactique argumenté. Personne ne veut la peau de Cavani, pas même Tuchel. Au contraire, il a toujours loué son professionnalisme et en a fait un des cinq joueurs avec qui il s’entretient régulièrement sur des questions importantes. Mais le football de très haut niveau s’accorde mal avec le sentimentalisme d’une partie des supporters. Souvenez-vous de Javier Pastore ! Pour moi c’était un crève-cœur de le voir sur le banc, ou pire, sur le terrain mais incapable de faire basculer un match. Ne pas le titulariser était un choix logique.

Le temps passe. Entrevoir ce qui pourrait être le déclin de Cavani ou en tout cas la fin de son aventure au PSG est forcément triste. Ça sonne le début de la fin d’une époque où notre club a engrangé beaucoup de titres, a connu quelques exploits retentissants mais aussi des échecs cuisants. Il reste une chance pour que Cavani marque encore un peu plus l’Histoire avec Paris. Si ça arrive, je serai le plus heureux des hommes car J’ADORE Edi. Il mérite les plus grands honneurs. Mais si Tuchel doit lui demander de s’assoir sur le banc pour continuer à avancer, qu’il en soit ainsi. Personne n’est au dessus du club.

Découvrez du même auteur "CAVANI, ENTRE MYTHE ET RÉALITÉ" en cliquant ICI

Café Crème et Sombrero

Mille Sabords

Céline – Yann Moix.
Michael Jackson – Christine and the Queens.
Talleyrand – Manuel Valls.
Casimir – Mouloud Achour.
Eugène Saccomano – Stéphane Guy.
Mesdames, Messieurs, c’est désormais irréfutable : Nous déclinons.


En cette époque médiocre et fière de sa propre chute, pourtant, un mince espoir subsiste. Si vous faites silence, vous pourrez peut-être même entendre son souffle, un soir de victoire en terre niçoise. Oui, le PSG est la seule entité sur cette planète à refuser l’évidence de la décadence. Le PSG, celui sur la pelouse hein ! Les tribunes du Parc ayant, dans leur grande majorité, épousé malheureusement et cordialement la médiocrité contemporaine citée plus haut.

Le PSG se bonifie avec le temps. Vendredi soir, nous avons donc fait mentir la fatalité. Pendant 45 minutes, sans notre acronyme offensif inventé par nos chers médias toujours avides de raccourcis débiles, – la MCN, pfff-, après une coupure internationale toujours anesthésiante, juste avant un match qualificatif ou presque en Europe, Paris a honoré le football et Angel, sur son second but, comment dire… Ça vaudrait presque Pauleta sur Barthez au Parc. Sur une passe de Meunier, invisible avant et après ce geste splendide. Dans ce maillot nostalgique (un marseillais aurait écrit vintage…) vraiment réussi.

Le romantisme est un paillasson

Diallo a été sérieux, sobre et serein. Navas impeccable. Paredes a indiqué qu’un jour, peut-être, j’y crois, son vice de mentaliste et ses frappes lointaines permettraient au PSG de scruter le grand horizon sans rougir. J’ai aimé certains de ses regards et quelques uns de ses sourires ce soir. Qu’il n’adressait qu’à lui même. Il se congratulait intérieurement après avoir cassé une ligne ou interrompu une tentative ennemie. Herrera même combat. Discret, travailleur, malin et paternaliste comme il faut avec notre latéral belge dépassé par le niveau depuis de trop longs mois désormais. Silva, bon, il y en a encore, sérieusement, pour douter de son sens de la défense ? Encore un couillon pour le traiter de pleurnichard ? Comme Motta, quand il ne sera plus là, on mesurera le vide. Oui, même toi, le néo supporter trop gâté et trop dans l’éjaculation précoce pour reconnaître les vrais soldats.

Tiens, en passant, croisé un plouc la semaine dernière, encore un, qui n’aimait pas Maradona parce qu’il avait… Triché en marquant de la main… Les tribunes sont aujourd’hui emplies de parieurs, d’accro de la stat, enfants monstrueux de betclic et de Philippe Doucet. Pour eux, le romantisme est un paillasson. Une perte de temps. Bref. Ce vendredi soir, on a bifflé l’adversaire dis-je par texto à Paco. J’ai une petite pensée pour Spi, un ami nicois qu’une obligation professionnelle a empêché de voir son équipe sombrer avant de subir une fureur arbitrale assez incroyable. Spi, n’aie aucun regret. Vous n’avez pas existé en première et en seconde, même si j’ai personnellement craint une égalisation alors que les miens balbutiaient quelques instants leur football (comme d’hab, on mène et on se relâche.

Paris est un bateau pirate

Et puis, Thomas a quand même drôlement coaché ce soir, non ? Kurzawa putain…), nous aurions fini par l’emporter. Vos deux expulsions coup sur coup sont un peu absurdes mais pas tant que ça non plus. Cyprien aurait pu voir rouge dès son tacle dégueulasse sur Sarabia. Et la claque, elle est là. Paredes en profite. Normal. L’arbitre oublie un penalty sur Choupo (encore très combattif et méritant). Presnel manque de se faire péter genou-tibia à la fin. Non, pas de scandale à Nice. Le plus fort a gagné. Marqui a fait une entrée pas top top comme dirait notre Teuton filiforme, Icardi a attendu la 92ème pour la mettre, kylian a marqué en faisant, un peu, encore, sa poker face.

Et Paris repart vainqueur. Et Paris joue au football. Et Paris, oui, oui et oui, ne veut pas adhérer à son époque. Il est capable de tout. Paris échappe aux prévisions, aux envoûtements. Nous déclinons, l’Humanité décline. Si vous croisez un optimiste aujourd’hui, c’est soit un trader, soit un nantais. Paris, lui, reste cette chose insaisissable, paradoxale, adorable et pathétique. À peu près tout ce que l’époque redoute. Paris est un bateau pirate. Larguons les amarres. Oublions Stéphane Guy et tous les autres. Tsunami, vague scélérate, île au trésor ou déserte, requin ou sirène, le PSG est notre aventure loin du monde. On ne coule pas ici ! On craque des fumis rigolards et on en redemande. Vivement le 27.


Jérôme Reijasse

Neymar est devenu Roi

Siffler, c’est un sport réservé à qui a assez mangé pour faire la fine bouche. Né la même année que PSG, je n’en ai toujours pas les moyens.

Dahleb et Safet ont joué longtemps à Paris, mais pas assez pour que ceux qui en appellent à eux pour cingler Neymar les aient vus évoluer. Sachant que le géant Dahleb aurait préféré signer à Strasbourg plutôt qu’à Paris – il l’a révélé, il y a peu. Et que pour être sûr de ne pas venir, Sušić avait signé dans deux clubs italiens en même temps ! Mis sur le banc par Houllier, régulièrement contesté par les médias et le public, qui jurerait que le bougon Yougo n’a pas, chaque année, ou presque, espéré quitter ce vrai-faux club sans cantine.

Jeu de l’esprit : fermer les yeux et imaginer Coutinho ou Dembele entrer hier au Parc, et en sortir, après un tel but.
Non content d’être le seul à avoir joué dignement, et loin encore de son meilleur niveau – il a bien raté quatre ou cinq dribbles, mal estimé trois passes, pas su se mettre au niveau des appels de Choupo (lol), et raté un lob tout fait !!! -, Neymarvellous a attendu que les sifflets aient presque cessé pour aller planter un but…

Signer un match : PSG-Strasbourg du 14/09/2019 est un match signé Neymar.
Un master but dédié au gamin que son ex vient d’avoir, avec un autre à qui, au téléphone, il l’avait promis la veille. 
Et par moi à tous ceux qui lui auront craché à la gueule, ceux qui au lieu de chanter ont sifflé.
Ceux qui (se) racontent des histoires d’amour du maillot – mais lequel ? celui d’automne-hiver pour l’extérieur en coupe de la Ligue ? Le remix customisé de celui de 1983 avec clin d’oeil à Safet-pardon-à-RTL ? Celui qu’embrassait Lorik C. la veille de signer sur le Vieux port ?

De respect pour ce club, dont le proprio est le Qatar, ce bradeur frénétique de Titis, qui achète des stars avant d’avoir un centre d’entraînement digne du rang auquel il aspire et prétend ?


Au Parc des Princes règnent aujourd’hui le pop-corn, les comités d’entreprises, le coca et le pipi tous les quarts d’heures des tout-petits, sans parler des retardataires qui vous obligent à vous lever pour les laisser passer. Même à Boulogne, et de bas en haut. On n’ose allumer une clope, alors un fumigène. Applaudir joyeusement quand un explose en face, à Auteuil, revient à vous faire condamner du regard par une bonne moitié des gens autour de vous. Rire aux banderoles sera bientôt interdit. Les ultras si vertueux, si sensibles, si douillets avec les sorties de Neymar ont tellement bien accepté ce qu’est devenu notre Luna-Parc qu’ils devraient avoir honte de jouer les vierges avec le deuxième anus que l’entertainment nous a tous fait.

Siffler Neymar, c’est comme dénoncer le kebab et la sauce fromagère après avoir laissé pénétrer le Macdo.
On va au Parc aujourd’hui pour se régaler d’un spectacle. Se divertir. S’émerveiller d’entendre le public répondre les noms des joueurs quand le speaker lance les numéros et les prénoms – comme si nous étions encore un « vrai » public populaire et fervent. Se lever quand il y a but pour PSG – tout en scrutant les célébrations. Guetter les écrans géants en espérant s’y voir pour pouvoir grimacer et gesticuler sottement. Tant pis pour nous. Neymar, ainsi que le lieu commun médiatique le commande, « fait le spectacle ». C’est même pour ça que PSG l’a embauché.

Siffler Neymar pour un désir de départ et trois déclarations anecdotiques, c’est le marqueur du supporter parodique, de l’émule fraîchement converti, du yéyé plus barbu que les ayatollahs.
Neymar n’est pas venu à Paris pour nous. Notre amour est en bonus. Il n’a pas eu besoin de nous plaire ou de nous séduire pour se voir offrir un des plus mirobolants salaires de tous les temps.
Au mieux, relativement à nous, il est venu parce que le Parc se cherchait un Prince. N’imaginant pas qu’un autre messie l’y attendrait pour finir de grandir – grâce à lui.

Neymar est évidemment maudit. Donc parisien.
Sera-t-il le Ronnie de Mbappé ? Qui, au soir d’une carrière remplie de si, se souviendra lui aussi avoir porté sur ses épaules un messie peut-être plus petit que lui.
Ces heures de télé plus ou moins novelas qui lui sont consacrées, qu’il pleure, qu’il viole, ou qu’il geigne, ravissent équipementiers et sponsors. Pour QSI, Neymar est de janvier à décembre l’employé du mois. Rien que ça, ça devrait nous rendre indulgents.
Le nombre de gens qui en croquent, de Neymar. Les Eugène Sue 2.0 des Mystères (du mercato) de Paris.


Il manque à Neymar Jr encore une ou deux balafres pour devenir Albator. Secret, mutique et ombrageux. Revanchard taiseux qui va défier les dieux pour se faire aimer d’eux. Pas de nous. Nous, on paye pour faire la claque et se rincer l’œil.
Paraît que Papa Léo, en bout de négo, réclamait en fait 300 millions. Demandez-vous pourquoi.
Il a donné une leçon au Ney, à son clan, au vestiaire. Aux vestiaires du foot européen aussi, volontiers donneurs de leçons aux mains et culs sales. Ponctuée par le délicieux « Ceux qui ne comprennent pas le français n’ont qu’à prendre des cours. » La leçon est terminée. Neymar est au coin… de corner en train saluer après son but.

Avec une équipe moins bonne, il serait Sušić. De mémoire, le même frisson d’espoir s’empare du Parc lorsqu’à 0-0 en fin de match le ballon leur parvient.
Esthétiquement, psychologiquement, moralement, Neymar est parisien.
Je prends les paris. Cavani nous sauvera en quarts. Mbappé nous qualifiera en demies. Mais en finale, la feinte royale, la percée fantastique, la louche suprême et magnifique, ça ne peut venir que de Neymar.
Ou de Verratti.

Ce serait vraiment classe, chic et bien troussé que ce soit cette saison et grandement grâce à lui que la Ligue des Champions soit pour Paris. Nous le méritons. Lui et nous. Nous sommes mûrs. Lui et nous. Il est vexé mais orgueilleux, mal aimé revanchard et justicier blessé, comme il sied à un demi-dieu. Nous sommes courroucés comme des clients déçus. Personne ne nous attend au bout. On ne rit même plus de nous, de nos soucis et de nos gros sous. Pire qu’outsiders. Narrativement, storytellinguement, ça passe crème.

Paris, la ville dont Neymar est devenu le roi. 
Paris, la ville où Neymar est devenu roi. 
Au choix.

Redécouvrez le très beau papier de Gregory consacré à Javier Pastore en cliquant ICI

Gregory Protche

Quand on Ney que l’amour

Je le hais, il nous a manqué de respect, il n’apporte rien sur le terrain, il ne mérite plus de porter notre maillot, il faut le siffler, l’humilier cet hijo de p…
Voilà un résumé de ce que l’on peut lire ou entendre en ce moment.
Mais de quel joueur est-il question ? Fiorèse ? Heinze ? et de toute la farandole de parisiens ayant, plus ou moins, trahi le club en passant à l’OM ?


Non, nous sommes en train de parler d’un des meilleurs joueurs du monde. Figure de proue du projet Qatari depuis deux ans. De celui, dont on voyait le nom sur la tour Eiffel illuminer le tout Paris, de celui dont on espérait tant qu’il nous aiderait à conquérir cette coupe qui se refuse toujours à nous… Ou au moins retrouver le parfum d’un printemps européen…
Mais alors que s’est il passé ? Comment est-ce possible ? Comment peut-on passer en deux ans de sauveur à futur crucifié en puissance ? Comment cette histoire d’amour aurait elle pu finir aussi mal ? Peut-on encore passer de l’appétit au dégoût et du dégoût à l’appétit comme le chantait le beau Serge ?

Commençons par regarder ce qui s’est passé sur le terrain, ce qui est et restera toujours le plus important. Niveau statistiques, rien à lui reprocher. Décisif toutes les 63 minutes avec le PSG ! Mieux que Zlatan, Mbappé et Cavani. 37 matchs pour 24 buts en championnat, 11 buts en 13 matchs de ligue des champions, 7 matchs en coupe nationale pour 6 buts… Je vous fais grâce des passes décisives… Alors quoi ? Pourquoi malgré des gestes d’extraterrestre, des buts, des actions en cascade et autres bonbons, le public n’a jamais soutenu le Ney comme il le méritait ? Surement à cause de plein de petites choses…

D’abord Neymar ce n’est pas qu’un joueur de foot, c’est aussi une marque. Qu’on le veuille ou non, oui, Neymar c’est plus gros que le PSG. Que ce soit en nombre de followers sur les réseaux sociaux ou en nombre de fans tout simplement. C’est factuel. Mais pour certains supporteurs à l’orgueil mal placé, c’est difficile à admettre. Presqu’autant que pour un marseillais d’admettre que l’om de Tapie rimait avec tricherie.

Il est capitaine du brésil, jeune riche beau et il sent bon le sable chaud. La jalousie étant un des défauts majeurs de la nature humaine, le Ney n’avait pas le droit à l’erreur. Et des erreurs il en a faites aussi… Les premiers sifflets qu’il a subits au Parc sont lors d’un match contre Dijon où le roi commis le crime de lèse majesté de ne pas laisser tirer Cavani pour un penalty. El matador lui-même conspué au parc, surement par les mêmes, un an avant…
Début de l’incompréhension entre une petite partie du parc et sa star. Il vient de réaliser un quadruplé, le PSG en passe huit à son adversaire et il se fait siffler par ses propres supporters !

Pendant ces deux ans les médias n’ont cessé d’injecter leur venin, il simule, il fait des roulades, il provoque, chambre, il se soigne au brésil, il fête son anniversaire, puis celui de sa sœur, il regarde le PSG en jouant aux cartes à la TV, il ne se déplace plus du Brésil pour assister à un match de championnat au Parc, son hygiène de vie est déplorable, il est pas gentil, il est tout cacaboudin, pouah, beurk… J’en passe et des moins bonnes.

Si l’on ajoute les commentaires aigris d’adversaires qui n’ont pas le quart de son talent et dont les noms ne méritent même pas d’être cité ici, voire celle de l’entraineur (ancien flop du PSG en tant que joueur, époque Borelli) d’un club, trouvant normal de le brutaliser, et que si il est blessé « c’est bien fait pour lui, gnagnagna ». Et qu’en coupe d’Europe il allait bien se faire découper. On ne le verra pas. Son pied l’aura lâché avant…
Petite parenthèse au passage, ce même personnage pleurnichera quelques mois plus tard en tour préliminaire d’Europa League contre la rudesse de son adversaire lors du derby des saucisses. Faudrait savoir, Thierry l’aurait-il mauvaise ?

Bref, on touche le point central du problème Neymar, c’est-à-dire les blessures… Deux saisons de suite, deux saisons tronquées, comme un geste manqué, à chaque fois au moment où on attend qu’il nous emmène au septième ciel d’un quart de final… La blessure… La panne… La frustration d’une étreinte inachevée…
Sans lui le PSG s’arrête de nouveau à la porte de l’Olympe. Mais est-ce sa faute si sans lui au Parc, le PSG a fait preuve d’une certaine suffisance maladive, puis d’une fébrilité quasi-génétique à cette équipe, qui sera pourtant crucifiée par deux nouveaux joueurs sensés, eux, ne pas être contaminés… À Kehrer la suffisance, à Buffon la fébrilité. Ou l’inverse. À Mbappé la glissade. À Paris la sortie. À ses supporters la frustration d’une fin de saison en roue libre. Jusqu’à cette incroyable finale de Coupe de France contre des rouges et noirs où Neymar marque un but et fait une passe décisive. Pas suffisant pour battre l’historiquement looser breton.

Au comble de cette triste soirée, un abruti insultera nos joueurs pendant l’ascension vers la médaille en chocolat, un seul de nos joueurs régira en retournant un soufflet à l’immonde pourceau.
Epilogue d’une saison pourrie jusqu’au bout puisqu’il devra, de nouveau blessé, regarder le Brésil conquérir sans lui une Copa América d’un bien faible niveau. Rappelons que le sélectionneur avait décidé de lui retirer le brassard avant sa blessure, et qu’il restera au cœur de l’actualité pour une sombre histoire de viol ou plutôt de tentative d’escroquerie…. Manquerait plus qu’un pigeon lui chie sur le crâne et on pourra lui décerner le Pierre Richard d’or de la poisse 2019.

Imaginer qu’au même moment le Messi, je parle de Léo, t’appelle tous les jours pour te rappeler comme la vie était belle en Catalogne. Comme il était aimé par tout le monde. Alors qu’en France, les médias passent leur temps à lui cracher dessus, ses propres supporters le sifflent ou préfèrent acclamer l’improbable mais néanmoins sympathique Choupo-Moting, que son club, le PSG, n’a jamais pris publiquement la parole pour le défendre dans aucune des affaires nommées ci-dessus… Saudade, saudade…

Alors oui Mesdames et Messieurs les jurés, son meilleur souvenir footballistique comme il l’a avoué maladroitement et avec naïveté, c’est ce match contre le PSG ou il a fait ce qui n’avait jamais été fait auparavant. Le match du siècle où il est l’homme du match. Comment lui en vouloir ? Ce serait même juste logique.
Pour tout cela Mesdames et Messieurs les jurés supporters, ne soyons pas des brêles, j’implore votre clémence et déclare l’accusé non coupable, ou alors coupable, mais coupable d’un manque d’amour qu’il n’a pas su nous donner, ou d’un amour trop peu ou trop mal donné.

Tout n’est qu’une question d’amour dans cette affaire, l’amour déçu, la jalousie, la frustration… De l’amour à la haine il n’y a qu’un pas. On a vu souvent rejaillir le feu de l’ancien volcan qu’on croyait trop vieux…. Neymar ne nous a pas quittés. Sachons lui pardonner et faisons du Parc un volcan duquel Neymar nous permettra d’atteindre l’inaccessible étoile.

Découvrez également "NEY SOUS X" par NIRO en cliquant ICI

J.J. Buteau

Insulte-moi si tu peux

Il y a un peu moins d’une semaine, l’équipe de Virage était l’invitée spéciale de l’émission 100% PSG sur l’antenne de France Bleu Paris. Romain faisait partie des participants. En bon habitué des Podcasts du Virage qu’il anime pour nous,
il était à l’aise au micro. Trop peut être ? Voici son Mea Culpa.


L’autre jour le boss Xavier Chevalier nous a emmenés faire la réclame de Virage à la radio et accessoirement parler du Paris Saint Germain. Toujours marrant d’aller chez les pros, moi qui suis plus habitué aux micros sortis au bistrot ou dans le salon, quand ce n’est pas sur la table de la cuisine. Non, là c’est le grand barnum Radio France, quelqu’un pour t’accueillir, un technicien pour le son, une journaliste qui a préparé.
Et tous ces gens sont payés. Ça aussi ça change du podcast.

On était bien avec le boss et Benjamin Navet, entre un flash info trafic et un morceau de Christophe Willem, quand j’ai commis l’irréparable. J’ai mal fini ma phrase. Je voulais dire qu’on pouvait très bien animer une tribune sans insulte raciste ni homophobe – puisque c’était le sujet débattu. Mais j’ai dit sans insulte tout court.

Irréparable : qui ne peut pas être réparé. C’est gravé sur la bande magnétique ou plutôt dans le fichier mp3. Ce mec parle pour Virage et dit qu’il imagine sans problème un stade sans insulte. J’ai honte.

Car l’insulte est une donnée essentielle de l’expérience du stade, fondamentale. et mon propos est justement que perdre le « droit » de traiter les adversaires de pédés n’est pas une perte de liberté d’expression.

Pour alimenter cette réflexion, j’ai une pensée pour celles dont l’honneur est souillé chaque semaine sur et autour de tous les stades du monde entier. Elles sont copieusement insultées, conspuées, affublées de tous les noms et de tous les vices. Les Mères. Les nôtres, les leurs.

Célébrées par d’authentiques barbares, laissant éclater la fureur accumulée toute la semaine. A travailler ou peut-être à ne rien foutre ce qui peut s’avérer tout aussi harassant. La fameuse catharsis sur laquelle communient le prolo, le chômeur et le cadre, le pédé, le Noir, la gouine, le lascar, la bourgeoise et sa belle-soeur. Tou.te.s des sales gosses l’espace de 95 minutes. Elevé.e.s à la Cazarre*: « Fiston, au stade tu peux dire ce que tu veux, insulter qui tu veux mais à l’extérieur tu dis bonjour à la dame ».

Sauf erreur Fils de P…! J’ai N… ta Mère! sont d’amicales paroles qu’il est toujours permis de prononcer sans risquer l’interruption de rencontre.
Sauf erreur, on peut toujours se traiter de Bâtard ! (encore un hommage indirect à ta mère, tiens), on peut débattre du caractère homophobe ou non d’Enculé ! Mais je propose une jurisprudence favorable.
Un ministre décidera-t-il un jour d’interdire de traiter l’adversaire de Paysan ? La base de l’artillerie parisienne à l’égard de la France d’ailleurs. Et ce n’est même pas un gros mot.

On ne fait plus de cri de singe (qui fait des cris de singes ?).
On ne dit plus pédé.
Ok.

Et les banderoles, sont-elles interdites ? Les opposants au contraire les utilisent pour courageusement provoquer la ligue, obliger l’arbitre à chercher le message caché, à traquer l’outrance. Mais cette affaire en a-t-elle généré une seule inspirée et drôle ? Reprendre des paroles de chansons niaises, ça fait un message ? L’art de la banderole n’est pas partagé par tous. Paris est de ces clubs qui ont une histoire de tribune, une vraie, où la banderole est maniée avec virtuosité. Pas nécessairement à base de pénétration anale. Rappelez-vous la fameuse « Une crêperie pour Le Guen » chère à notre auteur Jérome Reijasse, et reprise quelque part – et non sans humour – en « Un Big Mac pour Gignac ».

La classe ce n’est pas les injures racistes ou homophobes. Mais l’insulte bien sentie, subtile et indirecte ou franche et brutale, la vanne vicieuse qui sous-entend, fait mal, fait rire, déstabilise.

Alors laisse-moi pleurer les larmes de mon corps en revivant ces quelques secondes où ma voix m’a trahi, mon esprit s’est embrouillé et mes lèvres ont terminé trop vite la phrase. Surtout ne me parle pas de Freud, lui et moi on est fâchés. Irréparable. Je n’irai plus chez France Bleu. Il est resté très poli mais j’ai bien senti qu’avec le boss ce ne serait plus jamais comme avant. Dans ses yeux j’ai senti le reproche.

Rentre chez-toi, paysan !
Et marche à l’ombre !

* Dans l’épisode #1 du Podcast du Virage


Romain Podding

Neymar hurle, et la caravane passe

C’est désormais acquis, Neymar passera une troisième saison à Paris. Malgré ses souhaits répétés de retrouver Barcelone, le Brésilien s’est heurté à l’intransigeance de Leonardo. Il est certainement le meilleur joueur à avoir joué sous les couleurs parisiennes. Mais est-ce suffisant pour entrer dans l’Histoire du PSG ?


La question peut sembler incongrue car pour marquer les esprits durablement dans le football, très bien jouer est un excellent point de départ. Et Neymar a incontestablement un talent hors du commun. Sa technique, bien sûr, saute aux yeux et peut faire s’embraser le stade. Son sens du spectacle le rapproche de ses légendaires compatriotes : Ronaldinho, Rivelino, Ronaldo, Zico et même le Roi Pelé. Mais il se distingue surtout par son sens tactique, sa vision du jeu et une rapidité d’exécution exceptionnelle. Buteur, passeur, dribbleur, meneur, déflagrateur, enchanteur, Ney est tout cela à la fois. Mais il lui manque un détail pour écrire durablement l’Histoire. Un grand joueur ne peut totalement entrer dans la Légende sans un lien fort avec son public. Et dans ce domaine, Neymar n’égale même pas Francis Llacer.

Il a pourtant eu le privilège de côtoyer des joueurs adulés. Xavi, Iniesta, Puyol, Messi à Barcelone. Et bien sûr Cavani à Paris. Ces grands noms du football ne sont pas seulement d’excellents joueurs qui ont su se rendre indispensables. Ils renvoient aussi une image qui touche les supporters et qui leur a assuré une place éternelle dans le cœur de ceux-ci. Ils ont chacun leurs atouts pour séduire les fans. Combativité, attachement au club, communion avec les Ultras… Même s’il faudrait être naïf pour ne pas y voir une petite dose de communication bien orchestrée (les premières déclarations de Mauro Icardi, Keylor Navas et Sergio Rico depuis leur arrivée à Paris sont des modèles du genre), cela permet de tisser un lien. Le foot est un sport, mais il est aussi une passion totalement déraisonnable pour des centaines de millions de personnes dans le monde. C’est un paramètre important à prendre en compte. Neymar semble l’avoir oublié.

La carrière de ce joueur de seulement 27 ans est déjà jalonnée d’épisodes qui ont contribué à en faire l’archétype du mercenaire. Encore à Santos, il aurait eu un accord avec le Real Madrid pour un transfert. Il aurait même passé sa visite médicale. Mais il s’est finalement engagé avec Barcelone au terme d’un feuilleton nimbé de soupçons de corruption. En 2017, lors de son transfert retentissant à Paris, il remet publiquement en question les compétences de Bartomeu. 2 ans plus tard, Ney est prêt à tout pour retourner dans son ancien club alors qu’il est toujours en conflit juridique avec ses dirigeants à propos d’une prime. Peu importe ce qui a été dit ou ce qui a été fait. L’honneur, le respect des contrats, la reconnaissance, le sens des responsabilités… tous ces beaux principes n’ont pas leur place dans la réflexion des Neymar père et fils. Les principes ne paient pas. Le point commun entre ces différents événements marquants de sa carrière, c’est le silence. Neymar Jr a besoin de conseillers en communication pour faire le choix de ne rien dire. Entretenir le doute, ne surtout fermer aucune porte. Seule entorse à cette règle, le « meilleur souvenir de vestiaire » évoqué cet été devant la presse brésilienne. Le choix de ce souvenir qui a laissé une plaie béante dans nos petits cœurs sensibles ne peut pas être anodin, malgré ce que Neymar père a pu dire pour tenter d’éteindre l’incendie. Sans succès.

Le mélodrame qui s’est joué cet été porte la marque de tout ce que le foot business comporte de dérives. L’histoire ne s’est pas terminée comme l’espérait le Brésilien puisqu’il se voit contraint et forcé de rempiler pour une troisième saison à Paris. Lui qui a voulu provoquer son départ, mécontent du traitement médiatique en France et vexé par les reproches répétés d’une partie des supporters, il se retrouve pris au piège pour la première fois. Il était habitué à mener la danse, mais Leonardo lui a montré qu’il maîtrisait parfaitement la samba. Son retour sur la pelouse du Parc des Princes s’annonce brûlant et il le sait. Doit-on s’attendre à une guerre de tranchées toute la saison ? Espérons que non. Il n’y aurait pas de vainqueur. Mais si Neymar est suffisamment professionnel pour se remettre dans le bon sens et qu’il redevient ce joueur fantastique que l’on connaît, tout le monde en sortira gagnant. Le PSG aura retrouvé un leader technique capable de faire la différence à chaque moment. Et Neymar montrera au FC Barcelone (ou à d’autres prétendants) qu’il est toujours un excellent investissement.

Des performances de haut niveau ne pourraient qu’aider à redorer le blason du Ney. Et je ne vois pas comment on pourrait ne pas le souhaiter. Au risque de me répéter, on parle là d’un des meilleurs joueurs du monde. Parmi les icônes passées par Paris, seuls Ronaldinho, Sušić et peut-être Ibrahimović pouvaient rivaliser en talent pur. Pourtant, la suite de l’histoire semble déjà partiellement écrite. A la fin de la saison, nous aurons très certainement droit au tome 2 des tribulations et états d’âme de Neymar. Une prolongation de contrat semble aussi probable qu’un triplé de Verratti en finale de C1. Son départ, à Barcelone ou ailleurs, sera très difficile à éviter. Le prix du transfert aura baissé car il ne restera que 2 ans de contrat. La marge de négociation de Leonardo sera plus mince, et il faudra se montrer plus souple avec les clubs intéressés tout en préservant les intérêts du club. Une tâche à la portée du directeur sportif.

Puisque la carrière de Neymar n’est qu’une éternelle guerre d’influence avec ses employeurs, puisqu’il a choisi de vivre dans un mercato permanent, ne soyons pas surpris. Neymar est un génie de passage, un magicien itinérant qui ira vendre ses talents ailleurs tôt ou tard. Prenons en notre parti, profitons de sa présence tout en sachant que la rupture arrivera vite. Et quand ce sera le moment de se quitter, pas de larmes, c’était prévu. C’est froid, cynique, mais c’est lui qui l’a voulu. Neymar marquera peut-être l’Histoire du football. Mais je ne crois pas qu’on pourra dire de lui qu’il a marqué l’Histoire du Paris Saint-Germain. ll faudrait une coupe aux grandes oreilles pour infléchir la tendance.

Redécouvrez le portrait du Matador par Café Crème et Sombrero en cliquant ICI

Café Crème et Sombrero

Préparation H

Tout allait bien et soudain… Du jour au lendemain, le football est devenu cette chose suspecte, nauséabonde, dangereuse. Le football est officiellement HOMOPHOBE.
Plus précisément, les supporters sont homophobes. Partout, à chaque match.
C’est en tout cas la Ligue et le gouvernement qui le disent, en boucles.
Relayés par des médias pourtant épuisés par le feuilleton estival Neymar.
Une histoire sans queue ni tête. Un enfumage de plus

Je n’aurais pas voulu croiser Stephane Guy aux heures les plus sombres de l’histoire de notre si beau pays. Nice-om, un mois d’août du nouveau millénaire. Sieur Turpin, choqué par des tifos et chants homophobes, plus probablement pressé d’obéir à la nouvelle trouvaille débile et faux-cul de la bien-pensance organisée et à notre ministre des sports (une fan de l’om, peut-être d’ailleurs ce qui l’incite à déclarer publiquement qu’au vélodrome, elle n’a jamais entendu de chants homophobes, tout comme sa copine Schiappa…) décide d’interrompre le match, avant de prier les équipes de rejoindre les vestiaires. Dix minutes avant de reprendre. La mascarade répétitive, l’hypocrisie en direct, le gimmick sociétal navrant. Lamentable et tellement contemporain…

Après l’infâme Var et son œil de Moscou à géométrie variable, place donc aux interruptions pour tifos et (ou) chants homophobes. Même et surtout si ces manifestations populaires n’ont absolument rien d’homophobe. Un exemple ? « La ligue, la ligue, on t’encule ! ». Homophobe ? La ligue, c’est du féminin non ? J’aimerais comprendre : Ceux qui enculent leurs femmes sont-ils des homophobes ? Ou bien la ligue est elle un homme ? Voilà où on en est et c’est évidemment risible et pathétique. Toutes les banderoles et les chants qui ont provoqué ces arrêts de matchs n’ont pas été conçus pour humilier et insulter la communauté homosexuelle. Tout le monde le sait.

Ce sont des vannes, des provocations absurdes et drôles, des pavés dans une marre croupie. Ce sont avant tout des doigts d’honneur à la ligue et à sa politique anti populaire, qui méprise depuis des années les supporters et ceux qui aiment le foot sans condition ! Cette politique scélérate qui rêve de stades sans prolos, sans racailles, sans testostérone, qui rêve d’un monde où le divertissement rentable aurait tout digéré, même et surtout la réalité. Cette politique qui voit des fascistes, des homophobes, des infréquentables partout. Cette politique qui, quand elle a besoin d’accélérer les mesures libérales, se trouve toujours un nouveau combat sociétal pour endormir les masses… Same old dirty song…

Les ultras lyonnais n’ont vraiment pas manqué de lucidité quand deux de leurs banderoles ont demandé à notre ministre des sports si elle évoquerait avec ses amis qataris les problèmes d’homophobie en 2022. Ah ah ah. À votre avis ? Ils ne veulent taper que sur le peuple. Et donc, Stéphane Guy, en direct, menacerait presque : il parle de match perdu sur tapis vert, d’éradiquer la bêtise dans les stades, il demande au consultant du jour (Sauzée ? Carrière ? Me souviens plus) de se taire pour qu’on puisse bien entendre les « marseille marseille on t’encule ».

Touche-t-il une prime à chaque flag, notre ami commentateur ? Rêve-t-il vraiment à une société pure, heureuse, sans trublions ni provocateurs ? Ignore t’il qu’un monde parfait est une utopie qui n’appartient qu’aux dictateurs les plus fous ? Il s’en fout Stéphane Guy, il adhère très confortablement à son époque. Vu que le football semble être la dernière de ses préoccupations (il en parle tellement mal, les rares fois où il en parle), le clown dépositaire du football circus a choisi de se grimer en flic, en moraliste, en balance zélée. Quand il ne passe pas son temps à prier pour une défaite du PSG.

Il y a deux ans, pendant un dîner avec quelques amis tous supporters du Paris, j’avais déchiré le futur en disant qu’un jour, on interdirait dans les stades les « oh hisse enculé » sur les dégagements de gardiens et les « Marseille Marseille on t’encule ». Mes amis m’avaient ri au nez, accusé une nouvelle fois mes tendances paranoïaques. Je ne pouvais pas les blâmer et je n’avais pas insisté. Aujourd’hui, non, je ne fanfaronne pas. À ce rythme là, Minority Report va vite devenir lui aussi un documentaire. On y est. Quand le mot liberté commence à être dégainé aussi régulièrement, on peut se préparer au pire.

Parce que si l’on écoute bien tous ces courageux Français qui souhaitent éradiquer l’homophobie, on comprend que c’est au nom de la liberté qu’ils menacent, sanctionnent, montrent du doigt. Ils veulent tellement supprimer les injustices, même si elles n’existent pas, qu’ils sont prêts à tout. Vraiment à tout et ils ne le savent même pas encore. Ils sont tellement bons, justes, engagés qu’ils ne voient pas que leur cœur a déjà changé. Ils veulent nettoyer le monde. Ils m’effraient et me débectent.

Suite à ces interruptions de match et à cette cacophonie médiatique et politique, j’ai décidé d’appeler un pote homo pour avoir son avis là-dessus. C’est quand même lui et ses camarades de sodomie qui sont directement concernés, hein ? Étrangement, il s’est montré bien moins autoritaire et intolérant qu’au hasard, Olivier Rouyer. « Thomas, tu en penses quoi de tout ça ? ». Lui : « Oh tu sais. Pour moi, le foot commence dans les douches alors… ». Voilà. Une vanne pour répondre à la connerie téléguidée. L’humour, ultime marqueur de l’intelligence.

Et puis, cette volonté de mettre en avant les communautés est une invention américaine et je ne suis pas américain. La France, c’est 60 et quelques millions de Français. Qu’ils s’enculent ou pas, qu’ils prient ou pas, qu’ils votent ou pas, ce n’est pas mon problème. Un connard dont je tairais le nom dit dans ma télé qu’il va falloir, pour éradiquer cette galopante homophobie dans les tribunes, inciter les gens à… Dénoncer les fauteurs de troubles. Beau. C’est par où la kommandantur, bitte sehr ?

Et le football va encore servir de laboratoire du vide… C’est assez désespérant en fait. Et ridicule. Et, oui, vraiment flippant. Hier, un pote m’envoie une vidéo répugnante montrant, à Strasbourg, un jeune homme en train d’en enculer un autre en pleine rue. À une station de tramway. Ma réaction n’a rien d’homophobe, je le jure monsieur le juge. Et peut-être que ces deux individus étaient des supporters locaux, après tout. Désireux de faire progresser les mentalités… Je serais notre ministre des sports, je la diffuserais dans tous les stades avant chaque rencontre. Histoire d’éduquer les masses et d’assainir les débats. Chiche ?

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Jérôme Reijasse