Humeur

Sortir de l’esprit de nantis

La triste soirée d’hier restera une déroute / désillusion historique soulignée par le fait qu’elle se soit déroulée
au Parc dans un contexte pourtant si favorable.


Alors que s’accumulent les commentaires déçus au regard des noms des qualifiés, il est important de rappeler un fait : nous avons été éliminés par l’équipe B d’un second couteau convalescent au sein d’un championnat surfait… Nous n’aurions, ainsi, jamais dépassé le tour suivant que ce soit face à Tottenham, l’Ajax ou Porto.

Silva a, par son attitude (et ses passes latérales) en seconde mi-temps, signifié à ses coéquipiers qu’ils ne devaient pas se livrer.

Cette attitude suicidaire pour une équipe habituée à bousculer ses opposants était la garantie du scénario catastrophe et les entrées trop tardives de Meunier et Paredes ont laissé le capitaine s’enliser dans ce rôle…

Pourquoi ne pas avoir fait preuve de la même nonchalance que lorsque Dembele ouvrait le score avec le Celtic l’année dernière et en marquer 5 ou 6 ? Le niveau affiché en face était pourtant comparable…

Cette incapacité à jauger nos adversaires et à se mettre au niveau du défi démontre les limites du PSG actuel.

Tuchel, bien que principal responsable hier soir à mon sens (par son choix de ne pas insister sur le marquage de Lukaku avec un Marqui redescendu en défense pour l’occasion, son choix de maintenir Kehrer et ses changements trop tardifs) me semble pouvoir tirer les enseignements de cet attitude de nantis qui se manifeste à chaque match à élimination directe jouer par notre club…

C’est une confiance sans doute naïve, mais après les match de City, du Camp Nou, de Münich et de Madrid où les joueurs du PSG se sont présentés en victimes expiatoires alors qu’ils devaient donner une leçon, une remise en cause profonde des principes s’impose et je pense que les valeurs de l’entraîneur allemand semblent correspondre à ce qui est souhaitable : respecter le football et JOUER.

Le match de ce soir signifie, je l’espère, la fin d’un génération de « beaux » loosers au PSG (Nasser, Henrique, Silva, Alves, Buffon, Aréola, Verratti, Cavani, Neymar, Rabiot, Mbappé…) pour retrouver des valeurs de combativité et d’envie collective nécessaire pour retrouver le niveau supérieur !

Jean Miflin

Oh! Mon Parc Des Princes

En marge de la présentation du nouveau sponsor maillot du Paris Saint-Germain, Nasser Al-Khelaïfi a accordé un entretien au journal Le Parisien,
publié le 22 février 2019. En voici un extrait de deux questions-réponses :

(Le Parisien) Quels sont les prochains axes de développement de vos ressources financières ? (NAK) Il reste beaucoup de choses à faire. On travaille sur les droits de naming, sur le nouveau centre d’entraînement. Et on peut trouver d’autres sponsors. (Le Parisien) Le naming du Parc des Princes est-il une piste de réflexion importante ? (NAK) Pourquoi pas ? C’est un sujet sur lequel on réfléchit.
Tous les clubs ont un naming aujourd’hui
.

Inutile d’être un expert en communication pour saisir l’annonce intrinsèque.
Une petite phrase lâchée, mine de rien. Comme une porte entrouverte.
Une perspective effrayante, à laquelle il me semble d’une importance capitale
de fermer dès aujourd’hui toute possibilité.


Nasser Al-Khelaïfi dit vrai, le naming est une forte tendance dans l’économie actuelle du sport en générale et du football en particulier. Devenue une étape indispensable aux Etats-Unis, l’Europe est depuis quelques années fortement sujette à l’appropriation nominative. Les enceintes sportives et les compétitions sont des cibles de choix. Tous les nouveaux stades construits ou rénovés récemment en France, en Angleterre ou en Allemagne y ont eu droit, à Marseille, Lyon, Bordeaux, Nice, Le Mans, Le Havre, la salle de Paris-Bercy, pour ne citer que les plus connus dans notre hexagone. Quasiment tous ces exemples concernent de nouvelles constructions, l’impact du naming sur l’identité et l’histoire du lieu est alors restreint, voire inexistant. Ceci ne serait pas le cas du Parc des Princes.

Il paraît qu’il faut être lucide. Le naming est une rentrée d’argent supplémentaire et à moindres frais dans cette société de consommation qu’est le sport business, celui où le commerce à plus de poids que la tradition. Il faut vivre avec son temps. L’argent d’abord, le respect après, l’histoire au placard. Peu importe ce diktat économique. Il faut savoir poser des limites. Le naming ne peut pas être concevable pour le Parc des Princes. Juste l’envisager est déjà insultant. Ce stade fait partie du patrimoine parisien et français. Il n’est pas une banale enceinte sportive construite il y a peu sur une friche abandonnée en périphérie d’une zone périurbaine à réhabiliter. Son nom n’est pas et ne doit pas être un espace publicitaire.

Oh! Mon Parc des Princes - VIRAGE - PSG
Les Princes de la Ville

Le nom Parc des Princes remonte au 18ème siècle. L’emplacement actuel du stade était alors un vaste bois prolongeant le Bois de Boulogne jusqu’à la Porte de Saint-Cloud. Ce lieu était prisé par le Roi et les Princes pour des promenades et des parties de chasse. C’est à cet endroit que fut inauguré le 18 juillet 1897 un stade vélodrome d’une capacité de 12 000 places, portant le nom de Parc des Princes.

Le 23 avril 1932 il devient une enceinte de plus de 40 000 places et les tribunes, séparées du terrain par une piste cyclable, sont baptisées Tribune Présidentielle, Tribune Paris, Tribune Auteuil et Tribune Boulogne. C’est alors le Racing Club de Paris qui y prend place, partageant l’enceinte après la seconde guerre mondiale avec le Stade Français. En 1967 le stade est amputé de deux tribunes, détruites pour permettre la construction du boulevard périphérique. Notre Parc des Princes tel que nous le connaissons aujourd’hui, œuvre de l’architecte Roger Taillibert, a été inauguré le 25 mai 1972 par un France – URSS Espoirs qualificatif pour les Jeux Olympiques et remporté trois buts à un par les soviétiques.

Cliquez ici pour voir les images de France-URSS de 1972

Petit clin d’œil pervers de l’Histoire, le premier club à gagner un match dans ce nouveau Parc des Princes fut l’Olympique de Marseille, victorieux du Sporting Club de Bastia en Finale de Coupe de France le 4 juin 1972. Le Président de la République Georges Pompidou ayant assisté au match, celui-ci est parfois considéré comme le véritable match inaugural.

Alors que le Paris Football Club est le résident du stade, le Paris Saint-Germain, évoluant en Division 2, y joue son premier match le 11 novembre 1973. La rencontre Paris SG – Red Star n’est alors qu’un simple lever de rideau d’un Paris FC – FC Sochaux de Division 1. A l’intersaison suivante, le Paris Football Club est relégué en Division 2 et le Paris Saint-Germain fait le chemin inverse. Il en profite pour devenir le club résident. Depuis 1974, l’histoire d’amour entre le Parc des Princes, le Paris Saint-Germain et les supporters des rouge et bleu n’a plus jamais cessé. Un nom et un stade plus que centenaire. Une relation bientôt cinquantenaire. Un naming ? Pourquoi faire ?

Une première victoire, et pas des moindres, fut le maintien du Paris Saint-Germain au Parc des Princes, ceci pour les décennies à venir. Il est de toute façon indiscutable que le Paris Saint-Germain ne peut jouer dans un autre stade que dans son jardin, entre la Porte d’Auteuil et la Porte de Saint-Cloud. Sans quoi il ne serait plus réellement le Paris Saint-Germain. Pour abreuver les envies de grandeurs de nos dirigeants, on nous parle de travaux pour augmenter la capacité à 60 000 places. Une première interrogation est de voir comment cela pourra se traduire architecturalement sans dénaturer l’enceinte et son cachet aussi unique qu’exceptionnel. Une seconde interrogation est de savoir comment ces travaux seront financés ? Le naming semble alors une réponse évidente à cette deuxième question. Mon esprit simplet à une autre réponse, encore plus évidente. Si le naming est imaginé pour payer ces travaux d’agrandissement, alors ma réponse est claire et nette : ni l’un, ni l’autre.

Oh! Mon Parc des Princes - VIRAGE - PSG
Le vaisseau amiral

On nous dit dans les médias que ce ne serait pas pour tout de suite, qu’à l’échelle du budget du club cela ne rapporterait pas beaucoup d’argent, une dizaine de millions d’euro maximum. Mais attention, le jour où le Président du PSG nous l’annoncera, il sera trop tard. La désapprobation, c’est maintenant. Connaissez-vous le syndrome de la grenouille cuite à petit feu ? Cette fable stipule que si vous plongez une grenouille dans de l’eau chaude, elle réagirait immédiatement en cherchant à s’échapper. Au contraire, si vous la plongez dans de l’eau froide correspondant à son environnement naturel, et que vous montez la température de l’eau très progressivement jusqu’à ébullition, la grenouille s’habituerait sans réagir et s’ankyloserait jusqu’à finir morte ébouillantée. Attention à ce que les grenouilles rouge et bleu que nous sommes ne finissent pas de la même manière !

La progression de notre club vers les plus hauts sommets ne doit pas nous endormir. Evidemment, sa transformation est normale et son évolution économique est souhaitable. Mais le besoin d’argent, l’ambition ardente et les paillettes parisiennes ne doivent pas engourdir les têtes. Toutes les manœuvres ne doivent pas paraitre normales. Le sentimental que je suis est parfois traité d’aigri, de nostalgique et de conservateur. Je réponds qu’être moderne et vivre avec son temps n’est pas incompatible au respect de certaines valeurs et au principe d’identité.

L’argent justifie les hautes œuvres. Le Fair Play Financier a bon dos. Il faut faire comme tout le monde. C’est dans l’ère du temps. Etre un grand club, respecter son histoire et son identité, n’est ce pas justement de ne pas faire comme tout le monde. Etre l’un des seuls à ne pas succomber au mercantilisme abusif et proclamer « non, nous avons un stade unique, un nom mythique, une identité historique, nous n’associerons pas son nom à une quelconque marque pour seule raison de gagner encore plus d’argent. » Nasser Al-Khelaïfi, ne soyez pas qu’un Président visionnaire, soyez précurseur d’une certaine idée de la grandeur, soyez un Président brillant et remarquable, celui qui aura fait grandir le club sans en brocanter tout son patrimoine.

Oh! Mon Parc des Princes - VIRAGE - PSG
Une arène éternelle

En plus du nom du stade, ou s’arrêterait la porte laissée entrouverte ? Les tribunes mais aussi plein d’autres choses pourraient se voir accoler une dénomination mercantile. Je propose, comme ça, pêle-mêle, de dénommer les joueurs, les transferts, des buts, la pelouse, les vestiaires, les poteaux de corner, et que sais-je encore. Certes cette énumération parait presque ridicule, mais je ne vois là aucun confin infranchissable. La multiplication serait certainement contre-productive, mais admettez que l’exercice n’est pas si improbable que cela. Tout se vend, tout s’achète, ne l’oubliez pas. Un jour ou l’autre, quand les grenouilles seront ébouillantées au fond du seau, le nom du club sera lui aussi marchandé. Les films d’horreur finissent mal, en général.

Imaginez dans un avenir proche, en direct de la tribune de Presse -Total du Parc des Princes – BNP Paribas, un journaliste commenter ainsi le premier match – Axa des deux demi-finales – Crédit Agricole de la Coupe de France – EDF : « C’est la fin de cette première mi-temps – Visa qui a vu l’ouverture du score par le Paris Saint-Germain – Apple, premier but -Engie inscrit par Edinson Cavani – Airbus suite à un corner tiré par Angel Di Maria – Quilmes, depuis le poteau de corner – Samsung, côté – Siemens de la pelouse – Leroy Merlin, au pied de la Tribune Boulogne – Bank of China. On avait entendu à la mi-temps – Facebook, à la sortie du vestiaire – Nestlé, Thomas Tuchel – Volkswagen annoncer cette combinaison – ArcelorMittal. Lors de son transfert – Burger King, l’attaquant parisien avait annoncé qu’il atteindrait la barre des trois cents buts – Leonidas. » Il s’agit bien évidemment d’un extrait de science-fiction, reprenant par inadvertance des noms et des marques existantes.

Notre centre d’entraînement de Saint-Germain en Laye, le camp des Loges, a depuis 2013 était baptisé du nom d’un opérateur de télécommunications qatari. Une première marche franchie, qui ne nous a guère émue. Le prochain centre d’entraînement de Poissy le sera très certainement, et tant mieux si cela peut nous rapporter de l’argent, beaucoup d’argent. Peut être était-ce là le propos de notre Président. Mais peut être voyait-il plus grand ? Concernant notre stade, certains affirment que peu importe le naming, il suffira de ne pas citer le nom de la marque. Les supporters continueront à dire « Parc des Princes », sans rien ajouter. J’ai une autre suggestion à faire, encore plus simple d’utilisation : il suffit de ne pas lui faire de naming. Rien n’oblige à se prostituer. Avoir des limites est aussi une marque de progrès et d’intelligence.
Peuple parisien. Supporters du Paris Saint-Germain. Amoureux du Parc des Princes. Soyons vigilants. Et ne laissons pas notre joyau devenir un banal support publicitaire.

Le Parc des Princes est à nous. Le naming on s’en fout. Merci Président.

Crédits photo (c) Panoramic


Benjamin Navet
Adrien Rabiot Saison 7 Virage

Adrien Rabiot, saison 7, épisode 25

Tant de choses ont été dites et écrites ces derniers mois à propos d’Adrien Rabiot,
de sa situation contractuelle, de sa mère/agent, leurs manières ou leur mentalité. Pourquoi en rajouter me direz-vous ?

Bien évidemment parce qu’on a entendu la terre entière donner son avis sur le joueur et ce qui n’est rien de plus qu’une négociation contractuelle lambda, mais à des niveaux de revenus que personne ne peut s’imaginer, si ce n’est le top 5% du football professionnel européen ou des gars comme Bernard Arnault ou Carlos Ghosn. Le seul qu’on n’ait pas vraiment entendu à ce sujet, c’est le premier intéressé, à savoir le vrai Duc de Boulbi, pas celui qui tape des mecs à Orly avec des flacons de parfum.

De peur de froisser notre grand Gourou rédac’ chef, et de voir s’abattre sur les autres illuminés de notre secte du Virage le discrédit et l’opprobre du monde extérieur, j’ai patiemment attendu que le mercato d’hiver referme pudiquement ses portes sur les doigts d’Antero Henrique, et avec ce petit pisse-froid d’Adrien Rabiot bien au chaud à l’intérieur. Après tout, le temps que ce billet soit mis en ligne, j’aurais pu passer pour un gros sac en découvrant que Tottenham, la Juve ou le Bayern avaient mis la main sur lui, auquel cas ma seule consolation aurait au mieux été qu’encore une fois on ait fucké Barcelone et leur demi-milliard d’euros de masse salariale annuelle. Passons.

J’ai croisé mes doigts à moi depuis le début de saison pour que la nouvelle sorte, Rabiot prolonge pour on s’en fout de combien de temps, mais c’est réglé, il continue l’aventure avec son club de toujours, et a enfin un salaire à la hauteur de ses coéquipiers qui font le même boulot, voire moins. Les persifleurs diront volontiers à la hauteur de son melon, mais on n’est pas là pour parler salade de fruits. Tuchel le clairvoyant en fait dès le début de saison un titulaire systématique, au point qu’il cumule après trois mois le temps de jeu le plus important du groupe pro. Mais les mois passent, et la sanction tombe, Adrien Rabiot n’a pas prolongé son contrat, en conséquence de quoi il est mis en quarantaine. On reviendra là-dessus un peu plus tard.

Rabiot Saison 7 Virage
« Fire moi ce trück de tes chefeux Adri, on dirait Kristopf Dougarry ! »

En l’état, on parle d’un enfant, oui, un jeune adulte si vous préférez, 23 ans et des poussières, qui a entamé, excusez du peu sa SEPTIEME saison avec l’équipe première du PSG. oui, septième.
Plus de deux cents matches joués avec le club parisien déjà. Soit autant que toute la carrière de Lassana Diarra par exemple, qui négocie actuellement son départ à la retraite pour mettre fin à un emploi fictif au sein du même club.
Un gosse passé par toutes les sélections nationales depuis les U16, régulièrement surclassé, et je ne pense pas que ce soit uniquement à cause de ses longues jambes.

Un ado repéré et retenu par le Mister lorsque durant sa première saison au club, il demande de la chair fraiche de la réserve pour boucher les trous à l’entraînement de l’équipe première.
Un grand dadais qui s’est permis très jeune de répondre à Zlatan un aprem de match amical aux Stazunis au motif que ce grand con de suédois l’avait obligé à faire faute et qu’il ferait mieux de fermer sa bouche.

Plus grave, un rescapé, un pauvre mortel à la croissance à peine terminée qui a dû enfiler pendant six mois les maillots violets immondes du Téfécé, et avoir comme seuls partenaires Ali Ahamada, Pantxi Siriex ou encore Etienne Didot. Combien de jeunes auraient plongé face à cette précarité footbalistique? Pas Adrien, qui se rappellera une saison et demie plus tard au bon souvenir de ce qui reste à ce jour comme le seul autre club dans lequel il ait évolué en leur calant un petit doublé des familles. Circulez, loqueteux du football français.

Alors oui, il faut bien lui trouver des défauts à ce gamin, il aime la confrontation, tout autant avec ses adversaires qu’avec son employeur. Depuis qu’il est pro, il a des accords de principe avec la moitié de la planète ballon – l’AS Rome à l’époque de sa première renégociation avec le PSG, ce qui lui vaudra quelques mois au gnouf de la réserve parisienne, peut-être avec Barcelone cette saison (mais qui sait vraiment?).

Il a aussi une fâcheuse tendance à accumuler les retards, ce qui l’a privé de quelques matches, le dernier en date pour le classique au en terres phocéennes, événement auquel nos grands devins de plateaux télé rattachent le début de la fin de l’histoire de Rabiot avec son club. Plus grave encore, il a fait le pire choix de carrière l’été dernier en se trouvant trop beau pour être un simple réserviste de l’EDF, et a choqué la terre entière avec ses états d’âme de mec très sûr de lui. Mais dans les faits, et je m’en réjouis en ce 5 février 2019, Adrien Rabiot est toujours un joueur du Paris Saint-Germain, et je l’espère pour de longues années encore.

J’entends déjà les puristes arriver à toute balle, « eh ho on n’a pas besoin de lui, il chie sur le club, il est où le respect de l’institution, du maillot » tout ça ? Ben justement minou, plusieurs choses :
La première et sans doute la plus importante, lui et sa mère le savent bien, BIEN SÛR qu’on a un besoin de ouf de ce joueur. Pour mille raisons, mais la première tout simplement parce qu’il est là, qu’il existe numériquement, qu’il a un pied gauche 100% soie, et qu’il connait la maison par coeur. Puisque Paris n’a « fait » que Paredes cet hiver (le prochain que j’entends utiliser cette expression, je l’envoie en échange linguistique à Damas), la plus belle prise du mercato consisterait à montrer le chemin de la rédemption à Adrien en le réintégrant au plus vite dans le groupe pro, et pas seulement à l’entrainement.

Rabiot Saison 7 Virage
Bon pied bon oeil, un fer 2 dans un bas de soie

Après tout, un (ex) international français, disponible hors mercato, qui ne couterait pas un euro d’indemnité transfert ni de prime à la signature, ça ne court pas les rues. Entendre sur les plateaux d’émissions sportives les commentateurs oser le « et si Rabiot rejouait avec le PSG? » ça me fait penser à la presse écrite française en décembre dernier qui s’est subitement interrogée sur la possibilité que la police ait usé de la force de manière disproportionnée face aux manifestants (#davduf). Oui il va rejouer, Tuchel l’apprécie, a besoin de lui. Et puis qui est-ce qui va se coltiner les camionneurs de Manchester autrement? On va quand même pas mettre Dani Alves, 37 ans et 1m64 contre les golgots de catcheurs Red Devils?

Ensuite, il ne respecte pas le club, c’est vous qui le dites. Pas d’amour du maillot, à ma connaissance il n’a jamais fait une Kezman en quittant le terrain. Tous ceux qui crient au respect du maillot alors qu’ils sont ok pour en porter un jaune poussin ou pire un survêtement gris et rose acheté sur aliexpress, … Les gens ont bien pardonné un aller/retour de Jerome Leroy à Marseille au début des années 2000, alors pourquoi est-ce qu’Adrien Rabiot n’aurait pas droit à la même mansuétude, pour des faits bien moins graves, en attendant des lendemains plus joyeux? Je me rappelle également une époque où Paname flirtait avec la relégation et des joueurs comme Rothen par exemple annonçaient sans pression qu’ils ne pourraient pas rester en cas de descente… Je n’ai pas le souvenir que ça avait ému les foules à l’époque, alors que c’était autrement plus irrespectueux vis-à-vis du club et de ses supporters, de leur jeter à la gueule qu’il n’avait aucune responsabilité dans la situation sportive du moment et qu’il ne pourrait pas en subir les éventuelles conséquences.

Depuis ses jeunes années, Adrien Rabiot drive sa barque, s’achète la liberté de pouvoir décider fréquemment de son futur, de son éventuelle prochaine destination, dans un monde pro. extrêmement borné, où de nombreuses règles non écrites dictent leur comportement aux joueurs, et les relations entre eux et leur employeur. Ca ne dérange personne que Marco Verratti ait été augmenté 17 fois depuis son arrivée au club, en usant de toutes les ficelles les plus pétées du game, je suis un petit hibou tout triste, Barcelone me veut, mon agent c’est Raiola il sait ce qui est bon pour moi etc… Pour un gars qui est systématiquement absent pour les derniers grands rendez-vous de l’année, il bénéficie tout de même de beaucoup d’égards par rapport à Rabiot, qui je le rappelle à passé la moitié de sa vie au club.

Le jour où l’un d’entre vous se retrouvera autour d’une table à pouvoir négocier une prime à la signature à 7 ou 8 chiffres, on en reparle. Je sais que ça rend les gens dingues de voir un gamin jouer la montre, temporiser ses décisions, rajouter des conditions alors que tout le monde a l’air prêt à signer… Dans le cas d’espèce, nous sommes confrontés à un problème plus large que simplement l’ego quelque peu démesuré d’un gamin de 23 ans qui se demande s’il a encore envie de jouer pour un club avec qui c’est le chaud/froid affectif depuis 6 ans. Ok sa mère agent femme de sa vie casse les nuts. Mais il y a au sein du club un plus gros bourrin encore, nommé Antero Henrique, qui visiblement semble être le problème commun de la famille Rabiot et de Thomas Tuchel, et qui n’a pas l’air de faire quoi que ce soit pour changer cette désagréable impression. A part proposer des joueurs semi inconnus portugais, ou qui se sont déjà foiré dans un grand club, le père Antero ne sert pas à grand chose depuis 18 mois.

En revanche, il les a brisées à un gros paquet de gens, et les DS des plus grands clubs en Europe se plaignent de ses manières de porc. Ca marchait peut-être quand il était à Porto, mais force est de constater que depuis qu’il est à Paname, son meilleur atout reste la vente, pas l’achat. Tuchel fait des pieds et des mains depuis le début de saison pour préparer l’arrivée d’un milieu def. d’expérience, et Henrique s’amuse à clasher les joueurs qu’il a sous la main, et proposer des quilles hors de prix à la place.

Ce dernier mercato a résumé l’apport limité que peut avoir un mercenaire comme Henrique, à plus forte raison dans un environnement où pour la première fois de l’ère QSI, tous les indicateurs ou presque sont au vert, un groupe de plus en plus fort et homogène, drivé par un mentaliste allemand qui semble arriver à faire sauter un par un tous les verrous psychologiques de l’équipe, voire du club. Le seul caillou dans sa chaussure est précisément celui qui l’empêche de façonner un effectif selon ses désirs, alors qu’il était lui-même le choix de Doha, et qu’à ce titre il fait presque figure d’intouchable.

Rabiot Saison 7 Virage
Marco discute revalorisation avec Arsène

Le cas Rabiot est donc le révélateur d’une crise qui couve depuis un moment déjà, à savoir le management improbable/déplorable par Henrique des joueurs sous contrat, et les différences majeures d’appréciation entre lui et Tuchel au sujet de possibles ajouts au groupe existant. Les stars de l’équipe ont l’air d’échanger soit avec Tuchel, soit directement avec Nasser. Sa position étant ultra précaire, la logique voudrait donc que Henrique saute dès les prochains jours, comme sanction de cette inadéquation, et qu’il soit remplacé par quelqu’un qu’on nommera au hasard Arsène Wenger, dans une volonté d’apaisement, et de travail harmonieux en vue des prochaines échéances.

La première d’entre elles étant la qualification en Champions League contre Manchester, ce qui ne pourrait rendre plus heureux un mec comme, disons, Arsène Wenger, ce dernier aura eu la bonne idée de valider à son entrée en fonctions la mise à disposition d’Adrien Rabiot. Celui-ci étant un chouchou historique de Nasser, il n’y a aucune raison pour l’on ne revoie pas le Duc, catogan au vent ces prochaines semaines, portant son maillot frappé du numéro 25.

J’en viens à ce voeu qui je l’espère sera prémonitoire: match retour au Parc contre United, Di Maria est fantomatique depuis 20mn, Tuchel tente un coup tactique en faisant rentrer Rabiot et en le plaçant en soutien de Cavani et Mbappé. 17 minutes plus tard, même Stéphane Guy est obligé d’avouer que cette minasse de 25m de la part d’Adrien Rabiot, il ne l’avait pas vue venir…. Petit à petit, Rabiot reprend sa place au sein du groupe et dans la tête des supporters qui le conspuaient. L’avenir proche nous dira s’il a encore 15 ou 150 matches à jouer avec son club formateur, ce qui est certain en tous cas, c’est que le club doit à tout prix le re-signer, que ce soit pour lui donner envie de rester encore 5 ans, voire toute sa carrière à Paris comme Presnel, ou seulement pour le remettre à sa juste valeur durant la prochaine fenêtre de transferts.

Moi j’ai fait mon choix depuis longtemps, je sais qu’il serait aussi élégant dans un grand club italien, mais je préfère m’imaginer qu’un jour Adrien Rabiot devienne enfin le Steven Gerrard ou le Daniele De Rossi du Paris Saint-Germain.

Crédits photos (c) Panoramic


Jérome Popineau
Adrien Rabiot Virage

Jeanne d’Arc du Parc

Si Adrien Rabiot a été surnommé le Duc pour ses boucles et son port altier, osons un autre parallèle médiéval avec sa mère, Véronique.

Sa progéniture vient de rentrer avec brio dans le club très fermé des plus grands traitres à la cause Parisienne. Considéré par beaucoup comme le futur Roi du milieu il est passé depuis peu dans la catégorie des guillotinables. Au coeur d’un mélodrame qui a duré bien trop longtemps, il a donc fini par signer chez notre ennemi du moment, le Barça (on peut aussi rajouter le Real, le Bayern, Chelsea, United, City… Bref tous les duchés d’Europe).

Ce triste bal, on le doit certes à la mauvaise gestion du PSG, mais aussi à une vision bien trop passionnée de la cause par l’agent/mère du prodige.

Je ne connais pas et ne connaitrai sans doute jamais les raisons qui ont poussé Adrien alias « Adrien le taiseux » a quitté le royaume de France. Mais il me semble assez évident que Madame Rabiot porte une grande part de responsabilité dans ce départ.

Endosser le costume d’agent de joueur professionnel, qui plus est au PSG, n’est pas chose aisée. Ajouter à cela le fait qu’elle soit sa mère, ça sent l’erreur de casting… Sans compter la triste situation du père, paralysé depuis une dizaine d’années suite à un AVC.

Adrien Rabiot Virage

Trop c’est trop. Véronique défend son fils comme une mère, avec tout l’amour qu’elle a pour lui, ce qui est parfaitement louable. Mais l’amour est souvent aveugle. Jugez plutôt : Adrien a refusé de porter les couleurs bleues bientôt double étoilées, lors du Mondial car mis en réserve. Puis il a refusé de prolonger au PSG, son club formateur et finit par signer au Barça, ce même club qui nous a infligé une des plus belles débâcles de l’histoire des joutes européennes. N’en jetez plus. A se demander si le PSG n’aurait pas du envoyer maman Rabiot chez un ophtalmo avant de continuer les discussions.

Véro a beau clamé haut et fort que son fils est libre d’aller où il veut, qu’il a acheté sa liberté, c’est oublier aussi ce que le club a fait pour lui. Le récupérer après un passage difficile à City, le faire progresser et finir par le titulariser rapidement au milieu. Et lui ouvrir les portes de l’équipe de France. Encore une fois je n’ai pas le détail de ce qui s’est passé entre les deux parties, mais le moins que l’on puisse dire c’est que le PSG a investi beaucoup sur ce garçon. Et qu’aujourd’hui il ne recevra rien en retour. RIEN.

Le fait qu’il soit mis aujourd’hui sur la touche ne me choque pas non plus. Qui oserait titulariser un joueur qui ne veut plus jouer, qui a tiré un trait sur son histoire à Paris. Quel entraineur fou prendrait un risque pareil avec les échéances et les enjeux immenses qui attendent le club de la capitale. Sans parler du fait que son son départ met le club en danger et l’oblige à le remplacer dans l’urgence. Adrien continuera malgré tout à percevoir son salaire, à s’entrainer. Il a décidé de partir, qu’il en assume les conséquences sans passer par la case victime. Adrien est un grand garçon, à ma connaissance personne ne l’a forcé à s’en aller. A part peut être sa mère.

Adrien Rabiot Virage

Je doute également que l’argent soit au centre de tout dans cette histoire. Je crois surtout que Véronique s’est simplement braquée. Elle n’a pas su se maitriser face à un Machiavel comme Antero Henrique. Elle n’a pas su non plus gérer les émotions de son fils. Le monde du football est certes cruel, mais ça fait partie du jeu. Savoir gérer une carrière c’est aussi savoir être patient et bien communiquer auprès des media et du public.

Un contre-exemple ? Presnel Kimpembe. Une communication maline, pas de sorties médiatiques inutiles, du travail, de l’abnégation, pas toujours des bons matchs, mais le bonhomme répond toujours présent. Né la même année qu’Adrien, il est déjà père de famille, et il semble bien conseillé. Il peut devenir le futur capitaine du PSG, celui que tout Paris et sa banlieue attend depuis longtemps. Un gars d’ici, un mec qui assume, un patron. Le trône promis au Duc l’attend confortablement, au chaud, quand Thiago Silva partira à la retraite.

Jeanne D’Arc s’est battue corps et âme pour le trône et a fini par être vendue à l’ennemi de la France. Pour finir sur un bûché. Véronique, on ne souhaite pas le même destin à ton fils, mais vous êtes tellement associés l’un à l’autre, que je ne peux m’empêcher de faire ce rapprochement avec la Pucelle d’Orleans. Être pur, vierge, libre, ça n’a pas toujours été suffisant pour finir vainqueur. Sauf dans le contes de fées, ceux que tu racontais sans doute à Adrien, le soir avant qu’il ne s’endorme dans son lit douillet. Alors bonne nuit Adrien. Et Adieu.


Xavier Chevalier
Adrien Rabiot Virage

Adrien Rabiot, parole à la défense

L’affaire Rabiot déchaine les passions et les jugements hâtifs.
En ces temps où il paraît bon de conspuer sans réfléchir, et de souhaiter au joueur
les pires ignominies, tel que la rupture des ligaments croisés, la carrière
d’Hatem Ben Arfa ou, pire, la signature à l’OM, il m’apparait nécessaire de clarifier
les choses, de prendre la parole pour défendre mon avatar.


Qu’il soit bien clair dès le début qu’aucune position dans ce dossier ne peut être tranchée, à l’heure de faire le procès du soldat Rabiot : Non, il n’est pas innocent. Est-il toutefois coupable ? Mérite-t-il d’être envoyé en prison ?

« J’me présente, je m’appelle Adri. J’voudrais bien réussir ma vie, être aimé » (air connu)
On imagine aisément Véronique Rabiot chantonner cette chanson à son fiston, penchée au-dessus du berceau telle une bonne fée des temps moderne. Cette phrase, Adrien semble en avoir fait son mantra, son objectif, sa raison de vivre. Réussir sa vie, sa carrière, son projet professionnel, et surtout être aimé.

En effet, tout, dans le parcours du joueur, démontre un irrésistible besoin de reconnaissance, et d’amour. Est-ce dû à un déficit d’amour paternel, qui n’a pas s’exprimer parfaitement tout au long de sa carrière (on rappellera que Michel Rabiot a subi un AVC il y a une dizaine d’années et est aujourd’hui paralysé) ? Toujours est-il que, très vite, le jeune homme attire l’œil des foules. Prodige de l’équipe de France espoirs, Adrien Rabiot est un pur produit du centre de formation parisien. Un titi dans l’âme et dans le cœur, de la trempe des Sakho, avec une volonté inébranlable, et désireux de faire ses preuves.

Rabiot connaîtra ainsi la réussite à de nombreuses reprises, déjouant souvent l’avis des observateurs avisés du football. Qui n’a pas tremblé en le voyant entrer en jeu à la place d’un Marco Verratti blessé lors du match contre le Real en poules de LDC ? Pourtant, le titi se montrera à la hauteur de l’enjeu, surpassant le remplacé, et asphyxiant le milieu adverse, pourtant futur vainqueur de l’épreuve.

A cet instant, Rabiot sait qu’il a une place spéciale dans le cœur des parisiens, et cette pensée ne le quittera jamais, et ne le quitte toujours pas aujourd’hui. Non, Adrien Rabiot ne se fout pas de la gueule du PSG, il ne manque pas de respect aux fans en ayant tant traîné pour prolonger son contrat. Il se trouve simplement dans l’impossibilité d’annoncer clairement sa décision, de briser le cœur et la confiance de ceux qui l’ont tant choyé. Adrien Rabiot veut juste être aimé. Le plus longtemps possible.

Aujourd’hui, les rumeurs parlent d’un refus de prolonger. Les foudres se déchaînent, Henrique requiert la condamnation à 6 mois de prison ferme.
Pour le condamner, le PSG met en avant le parcours du joueur, et le fait que son club a toujours misé sur lui. On rappellera que le départ de Matuidi étant en partie motivé par le fait que Paris souhaitait permettre le développement d’Adrien Rabiot. Ce dernier a-t-il répondu aux attentes du club ? Pas tout à fait. Citons ainsi son refus de jouer n°6, ses nombreux caprices concernant ses prétentions salariales, et, surtout, ses repoussées incessantes de sa prolongation.

D’ailleurs, pourquoi Rabiot a-t-il tellement hésité à prolonger ? Le deal proposé par le PSG était-il si beau qu’il aurait été fou de le refuser ?
Si le club lui proposait d’incarner une image, un symbole, le titi parisien formé au club et possible futur capitaine, un destin à la Steven Gerrard en somme, il y a une contrepartie à cela. Une contrepartie que connaissent bien les Thiago Silva, Marquinhos et autres Verratti : Quand tu signes avec le PSG, tu ne pars que quand le PSG le décide.

Souvenez-vous des psychodrames estivaux de de nos têtes d’affiches, courtisées par Barcelone ou Madrid, du feuilleton Marco Verratti dans lequel celui-ci s’est décrit comme un prisonnier. Avait-il tout à fait tort ? Il voulait partir, il n’a pas pu pour cause de refus de la direction qui a invoqué le sacro-saint respect du contrat signé, et tant pis pour les désirs du joueur. Nos dirigeant Qataris pratiquent régulièrement la rétention de passeport, force est de constater qu’ils l’ont transposée aux joueurs. Qui peut sérieusement penser qu’un joueur sous contrat pourrait tordre le bras du PSG et obtenir son départ ?

Alors Rabiot a voulu conserver sa liberté, a refusé de s’enchainer à ce club qu’il aime pourtant, il n’est pas possible d’en douter. Aujourd’hui, cet amour lui revient en pleine face parce qu’il n’a pas réussi à l’exprimer parfaitement, parce qu’il a été tiraillé entre l’attachement à nos couleurs et la peur de se voir privé de sortie, si l’aventure tournait court.

Le Duc a été lâche. Il n’a pas su se positionner.
S’il n’est pas exempt de tout reproche, il convient de s’interroger : le mettre en prison comme le suggère Henrique ne risquerait-il pas d’accélérer sa radicalisation ?
Sortir Rabiot des feuilles de matches, c’est à la fois antisportif et totalement inconscient. Aujourd’hui, le PSG ne compte dans ses rangs qu’un seul milieu axial en la personne de Marco Verratti, déjà sous la menace d’un carton jaune en ligue des champions. Ses remplaçants se nomment Draxler, Nkunku (dont le poste a tellement varié qu’il est devenu inclassable) ou Lassana Diarra (on ne tire pas sur l’ambulance).

Sortir Rabiot des feuilles de matches, même pour un mois, c’est s’assurer de l’absence totale de motivation du joueur à chacune de ses entrées en jeu (et oui, bande de mauvaises langues, il y a une différence avec ses entrées en jeu actuelles !)

Non, il ne faut pas se priver de Rabiot, il faut respecter son choix. Parce que pour la première fois de sa carrière, il semble enfin sur le point d’en faire un. Et s’il veut réellement partir à la fin de la saison pour aller ailleurs clamer son désir de jouer n°8 et pas n°6, d’avoir un meilleur salaire, de pouvoir arriver en retard aux rassemblements, le club doit plutôt se réjouir de perdre un élément si perturbateur de son groupe.

D’où vient ce goût âcre dans nos bouches ? Ce goût de regret, de rendez-vous manqué ? Aujourd’hui, les fans du PSG ont la rage contre Rabiot, considéré comme traitre du fait qu’il refuse de prolonger, de rendre au club l’investissement qui a été mis en lui.

En réalité, le problème vient du fait qu’on est à peu près sûrs qu’Adrien Rabiot ne tiendra pas le même discours ni la même attitude ailleurs. De deux choses l’une : soit il se mettra au travail, deviendra une machine à gagner et se pliera à l’institution du club qu’il rejoindra (ce qui achèvera de démontrer que le PSG a du chemin à faire), soit il explosera en plein vol et connaîtra une carrière Benarfesque.

Quelle fin lui souhaiter ? Celle où il connaîtra le plus d’amour. Car visiblement, c’est tout ce qu’il recherche.


Rabiot Jacob

Gazon Magique

Un vrai supporter de club ne peut que détester ces longues trêves internationales, où les Bleus dévorent tout. La Nation’s League, petite compétition en carton qu’on nous vend comme quelque chose de palpitant, matchs amicaux et donc inutiles, la dépression guette. Qu’elles sont interminables ces deux semaines de coupure.
Elles démontrent que la Ligue 1 reste la grande quête, la seule vérité.
Malgré la médiocrité affichée.

Dimanche soir, à la place de la grande affiche virile Canal (Amiens-om dans une semaine…), les équipes de Bolloré nous proposent donc d’assister, et c’est une première, au match PSG-ol, en D1 féminine… Après un tsunami de bandes-annonce toutes plus racoleuses les unes que les autres, après une panenka de Memphis sur Lloris, après une embrouille Neymar-Cavani le long de la ligne de touche, après une semaine hivernale dictée par le vide, me voilà dans mon canapé à attendre le coup de sifflet de Madame l’arbitre. J’annonce par texto à quelques amis que je vais m’imposer cet ersatz de football. Ils se moquent de moi ou affichent leur incompréhension. Je réponds: “Ma vie est officiellement derrière moi, je peux tout me permettre désormais”.

Une chose m’enchante d’entrée : Ces milliers d’ultras parisiens qui ont noirci les tribunes de ce stade dédié au rugby. Ces chants narquois et insistants, ces tifos drôlement agressifs (“Pas le temps pour les regrets, piétinez les !”), je replonge dans mon passé chéri écrasé par le libéralisme décomplexé et je me dis que cette soirée va peut-être ressembler à autre chose qu’à une succession de contrôles approximatifs, de balles en cloche et de commentaires paternalistes déguisés en encouragements égalitaires. Car oui, le football féminin, c’est avant tout une technique fébrile, une volonté de balancer loin devant et une propagande médiatique risible et suspecte.

Bien sûr, on nous vend les femmes comme des joueurs comme les autres depuis quelques années. Mais moi, j’ai regardé les deux dernières coupes du monde féminines quasi intégralement et je sais que c’est un mythe. Je n’aime chez les femmes de football que l’engagement musclé, la naïveté de combat et l’arrogance libérée. Mais sinon… Quelle pauvreté, quelle répétition, quel ennui… Mais parce que onze de ces vingt-deux demoiselles portent mes couleurs, je deviens très vite ce connard qui éructe, gueule, souffle, insulte et encourage devant sa télé.

Rapidement, je comprends qu’il existe au moins une vraie égalité : le PSG, qu’il soit burné ou à nichons, reste ce club haï par Stéphane Guy, qui commente ce moment d’Histoire, et l’arbitrage. Une japonaise lyonnaise manque d’exploser le tibia d’une défenseur (oui, on ne dit pas défenseuse mais bien défenseur parisienne, c’est la consultante canal qui le dit en direct et donc, je m’exécute) en tout début de match, un geste qui méritait un rouge mais l’arbitre préfère laisser jouer, comme si de rien n’était.

Guy en fait des tonnes, comme s’il avait quelque chose à se reprocher, il croit être à l’avant-garde du féminisme, il ne parvient qu’à incarner l’archétype du vieux phallo pensant qu’il suffit de payer le resto pour être lavé de tous ses péchés… Il nous vend la D1 comme si nous n’étions pas déjà abonnés. Il accumule les clichés lourdingues, multiplie les expressions sucrées, convoque même l’esprit de Marlène Schiappa, la grande adepte du sécateur rouillé, il est enfin à sa place, là, ce soir, à commenter un match qui n’en est pas vraiment un. Ce qui ne l’empêche pourtant pas de balancer cette phrase formidable : “C’est un vrai match ce soir, pas comme dimanche dernier”. Irrécupérable.

Paris ouvre le score sur une grossière erreur de la gardienne d’Aulas. On me la vend depuis des lustres comme une gardienne internationalement indiscutable et dès que je la vois jouer, elle se déchire. Allez comprendre… Lyon égalise pas longtemps après sur un coup franc idiot, d’une tête imparable, un coup franc provoqué par Ève Périsset que je trouve très jolie et qui sortira sur blessure en seconde période. Sur le banc parisien, Bernard Mendy. Adjoint d’Echouafni. Il est là, Bernard, avec un bonnet et une grosse doudoune. Cela me suffit à prolonger cette expérience télévisuelle plutôt fade. Pour ne pas dire plus.

Guy en fait des tonnes sur la technique incroyable des lyonnaises, on dirait un mec sur un marché de province, qui doit absolument écouler son stock d’huile d’olive avant la fermeture. Froid dans le dos. Xavier m’apprend qu’une pétition circule demandant son éviction de l’antenne. Je m’empresse de la signer. Guy qui aime dénoncer les dérives du football circus, un circus qui lui permet de vivre grassement, loin des tracas du quotidien. Le clown triste… À un moment, lassé par tant de faiblesses footbalistiques, je zappe sur l’équipe tv et je découvre que Hazard et sa bande sont en train de se faire torcher par les Suisses. La meilleure équipe du Mondial qui ne participera pas au final four de la Nation’s League. La boucle est bouclée.

De retour sur canal, j’entends les ultras, après un bel hommage pyrotechnique aux victimes des attentats, entonner un vibrant “Et les lyonnaises sont des salopes” qui déclenche un fou rire que je ne tente pas de contrôler. Cela ravive ces soirées d’antan au Parc, où les vannes descendues des tribunes suffisaient à mon bonheur, quand, sur la pelouse, le néant et le ridicule régnaient sans partage. Lyon pousse dans les dernières minutes. Se fait même voler un pénalty après un tirage de maillot dans la surface. L’arbitre était peut-être finalement moins partisane qu’incompétente… C’est fini. Match nul. Doux euphémisme.

Les tribunes se vident sans attendre. Canal diffuse, dans la foulée, tous les buts féminins hexagonaux du week-end. Des stades parfois sans tribunes, des pelouses infâmes, des clubs que je ne parviendrais pas à situer sur une carte. Et on nous dit que canal va diffuser la D1, que c’est une très bonne chose, presque une chance… À quel moment peut-on évoquer l’idée de racket ? Abonné historique, je paye plus de quarante euros chaque mois pour la pelote basque, pour le hockey et donc maintenant, pour le football féminin.

On en est là. J’en suis là. Nulle part. Loin, très loin de l’excellence, du frisson, de l’aventure. Sur J+1 (prononcer J+Une ce soir, féminisme de circonstance oblige !), une joueuse de Montpellier est invitée sur le plateau du bordelais narquois. Talons aiguilles, maquillage parfait, elle s’appelle Sakina Karchaoui et réveille ma libido sans prévenir. Misogyne ? Non, simplement hétérosexuel. Vais-je bientôt devoir m’en excuser ? Un petit tour sur Youporn et je pars me coucher. Plus que cinq jours avant la reprise de la Ligue 1 Conforama. Ol-saint-étienne vendredi soir. Vie de merde. Gazon magique.


Jérôme Reijasse

Oh! Rouge et Bleu…

Les Reds de Liverpool. Les Blues de Liverpool. Les Red Devils de Manchester. Les Blues de Manchester. Les Blues de Chelsea. La Casa Blanca de Madrid. Les Blaugrana de Barcelone. Les Rojiblancos de Madrid. Les Bianconeri de Turin. Les Rossoneri de Milan. Les Nerazzurri de Milan. Les Giallorossi de Rome. Les Biancocelesti de Rome. Les All Blacks de Nouvelle-Zélande. Les Bleus de France. Les Verts de Saint-Etienne. Les Sangs et Or de Lens. Les Rouge et Bleu de Paris…


Je suis certain que vous avez trouvé instantanément quelle équipe et quel club se cache derrière chacune de ces associations. Et si je vous demande les Noirs de Paris, que me répondez-vous ?
« C’est un maillot de foot ou de basket ? » est la réponse de certains supporters du Virage Auteuil, en avant match de PSG – Reims le 26 septembre dernier.

Une réponse en forme de questionnement faussement naïf qui aura eu le mérite de créer au sein du microcosme parisien un début de buzz, à défaut de débat. On reproche à ces gardiens du temple d’avoir mal choisi leur moment. Il serait sidérant de chatouiller Sa Majesté des airs et roi du business, présent ce soir-là dans une loge du Parc des Princes. Les alerteurs ont donc été raillés, eux qui auraient égratigné « His Airness » !! Le ballon, je ne parle pas de l’orangé, ne tourne plus rond…

Quel autre timing aurait été meilleur ? Certainement aucun. Une semaine plus tard, le Paris Saint-Germain recevait l’Etoile Rouge de Belgrade pour son premier match de la saison à domicile en Ligue des Champions. Eclipsé par le score fleuve et par les divers incidents autour du match, dans les tribunes ou en dehors du stade, le fait le plus marquant de la rencontre n’a été relevé par aucune voix dissonante. Il y avait pourtant matière à discorde. Les joueurs de la capitale ont joué ce soir-là dans leur antre avec un maillot de couleur noire. Un soir de deuil, assurément, celui du respect des couleurs du Paris SG.

Ce n’était, malheureusement, pas une première fois. Déjà, à l’automne 2015, en Ligue des Champions, les suédois du Malmö FC et les ukrainiens du Shaktar Donetsk avaient affrontée à Paris la bande à Zlatan habillée tout de noir. Il est possible que d’autres matchs au Parc des Princes dont je n’ai pas le souvenir soient concernés par cette tunique sombre, les historiens du PSG nous apporteront peut être la réponse. Quoi qu’il en soit, la répétition interpelle et ne doit pas rester sans réaction.

Revenons en à notre maillot PSG – Jordan Brand de 2018. Je ne serai pas aussi évasif que la banderole du VA et mon intention n’est pas de critiquer la collaboration entre le club à la Tour Eiffel et le Jumpman. L’équipementier à la virgule a parfaitement réussi son brainstorming. L’inattendu coup marketing est indéniablement ingénieux et l’opération commerciale, génératrice de revenus encore plus importants, est une aubaine en ces temps indécis de fair play financier pas très fair play… Ces évidences dans le football moderne ne peuvent et ne sont absolument pas remises en cause. Mon malaise est ailleurs. Le prétexte de subsistance économique ne peut légitimer toutes les manœuvres artistiques. L’automne 2015 s’est passé sans contestation. Excepté le timide message du Virage Auteuil, l’automne 2018 confirme la tendance. L’aberration testée en 2015 semble être bien rentrée dans les mœurs, et même de certains fans du club.

Certes, les puristes et les historiens les mieux avertis répondront que dans les faits les couleurs et le maillot dits historiques ne le sont pas tout le temps. C’est le cas pour la plupart des clubs, dont certains parmi ceux cités dans mon introduction. Pour n’évoquer que le PSG, le maillot Hechter, si cher aux plus fervents supporters, également appelé le maillot B-B-R-B-B, pour « Bleu Blanc Rouge Blanc Bleu », n’est pas le premier maillot domicile du Paris Saint-Germain FC, lequel en 1970 était tout rouge avec le col et les bouts de manches en liserés bleu et blanc pour rappeler le Stade Saint-Germanois. A son arrivée au club en 1973 Daniel Hechter dessina sa merveille, laquelle fut adoptée selon les saisons en maillot domicile ou extérieur.

En 1976 le maillot domicile fut une alternative en inversant les bandes bleu et rouge, lequel fut reconduit en maillot extérieur la saison suivante. Durant les années 80, le maillot domicile n’était plus le BBRBB mais un modèle tout blanc avec sur le côté du blason deux bandes, une rouge et une bleue, lesquelles prirent en 1990 et pour deux saisons la forme d’une Tour Eiffel. Le maillot Hechter fit son retour au Parc des Princes en 1995, avant de disparaître parfois dans d’obscurs dérivés de bandes et de tons au fil des années 2000. La même saison, le maillot extérieur fut une nouvelle adaptation du bijou d’Hechter sous la forme « Blanc Bleu Rouge Bleu Blanc ».

Pour les supporters parisiens du siècle passé, cette œuvre de haute couture BBRBB est le maillot historique, celui qui donne toute sa particularité au club, celui qui reprend les couleurs de Paris et de Saint-Germain, celui qui est tout simplement unique et se reconnait parmi tous les autres maillots du monde. Il en est la signature. Il en est une évidence. Il est non négociable.

Les parisiens n’ont donc pas toujours joué en maillot home BBRBB, toutefois les couleurs du club, bleu et rouge pour la ville de Paris, blanche pour le Stade St-Germanois, furent quasiment toujours conservées. Le respect de son identité doit être impératif lorsqu’on évolue à domicile. D’autant plus quand il s’agit d’une rencontre de Ligue des Champions diffusée en mondovision. Parés d’un maillot noir sans âme ni histoire, quelle sera l’identité des joueurs parisiens lorsqu’ils affronteront prochainement au Parc des Princes les Azzurri du Napoli et les Reds de Liverpool ?

Le jargon marketing endort les esprits avec des sémantiques approximatives. Maillot domicile, maillot extérieur, maillot third, comment doit-on appeler ce maillot noir brandé Jordan avec lequel les parisiens ont affronté Belgrade ? L’étiquette third est trompeuse. Je le qualifierai plutôt de maillot domicile bis. Mes pinaillages vous font sûrement sourire, ils ne sont pourtant pas de minces détails. Nous, amoureux de nos couleurs, avons déjà tiré un trait depuis bien longtemps sur celles du maillot away, laissées de longue date en libre imagination aux designers créatifs, un coup marron, un coup grise, un coup noire ou un coup jaune. Deux maillots par saison ne suffisant plus, les équipementiers ont créé le maillot third, modèle dont l’utilité autre que commerciale n’a jamais été prouvée. A ce rythme et sans préavis, c’est bientôt l’identité du maillot domicile qui disparaitra, dans l’indifférence et l’acceptation générale.

En 2010, pour ses 40 ans, le PSG avait ressorti en maillot domicile une tunique toute rouge, version modernisée de celle de 1970, et le maillot BBRBB pour l’extérieur. Certains affirment déjà sur les réseaux sociaux que le maillot Hechter serait rendu aux amoureux du club pour la prochaine saison ou la suivante, celles du cinquantenaire. Un clin d’œil symbolique comme une offrande historique. Attention que ce geste louable ne soit pas qu’un éphémère contentement. Les nouvelles mauvaises habitudes du pseudo maillot third ne doivent pas prendre le dessus sur les évidences identitaires. La singularité n’est pas un gros mot mais une valeur inestimable qui ne doit pas être ébranlée.

Il est interdit de malmener l’icône absolue du basket-ball, dieu du sport au culte vivace dont les adeptes traitent de tous les noms ceux qui osent s’interroger sur le fondement d’une telle union. Ses admirateurs s’offusquent d’un tel affront. Concernant le Paris Saint-Germain Football Club, dont les couleurs sont délibérément bafouées sous prétexte d’un logo modifié, les voix qui s’élèvent pour les défendre sont bien moins nombreuses. Les rares qui s’y sont essayés ont été traités d’imbéciles. J’accorde le fait qu’il faut être bien bête aujourd’hui pour penser qu’il existe encore une once de respect, de valeurs et d’identité autres que celles dictées par les règles aussi impitoyables qu’insensibles du fair play financier. Ce système dans lequel le supporter affectif et romantique est traité de fanatique. Le compromis ne doit pourtant pas être totalement impossible.

Ouvrons un débat. Evitons la stérilité. Mettons de coté la stupidité. L’authenticité peut rimer avec originalité. Quelles sont les limites acceptables d’un club marketisé ? Quelles sont les valeurs sur lesquelles un supporter ne peut pas transiger ? Quels sont les mesures du respect de l’identité ? A quel moment l’héritage devient une absurdité ?
Bientôt, au delà du maillot, ce seront même les chants les plus anciens qui se feront décolorés.

Ensemble nous sommes invincibles,
Unis par la même passion,
De notre virage terrible,
S’élèvent en chœur nos chansons,
En rouge et bleu allez,
En rouge et bleu allez,

En rouge et bleu allez,
En rouge et bleu allez…

Crédit photo illustration (c) Panoramic


Benjamin Navet

Deux matchs par an

Il en est du PSG comme des grands boxeurs :
taper pendant des mois sur des tocards
pour se frotter au meilleur sur quelques rounds.


Quand on y réfléchit, PSG est quand même dans une situation difficile : gagner tout ce qu’il doit gagner en se frisant les moustaches pour préparer ce qu’il rêve de gagner en suant sang et eau. Rarement voire jamais une équipe a, à ce point, dominé un championnat national (je parle des 5 grands pas de Malmö qui domine le championnat de Suède dans les années 70 ou les années 2010… et encore).

L’exploit de Monaco en 2017 est presque comparable au titre de Leicester l’année précédente en Angleterre.

Coupe de France, Coupe de la Ligue, Trophées des Champions, Championnat de France, c’est comme si Usain Bolt courrait les interclubs en Yvelines : sur une jambe avec des Caterpillars, il gagnerait.

Les matchs de poules de Ligues des Champions ? On remplace les interclubs par le championnat d’Océanie et on enlève les Caterpillars mais ça change pas grand-chose.

A vaincre sans péril….

Donc il restera les fameux 2 matchs (ou 4 ou 6 ou 7) pour lesquels les Qataris défouraillent leurs pétro-dollars depuis 6 ans. Qu’il font subir au PSG une cure de gonflette qui fait tendre la peau au risque de la rupture si on arrête le traitement.

La fameuse malédiction des 8ème commence à tourner à l’obsession. L’obsession d’atteindre en réalité la seule chose que l’on vise. On achète Neymar et MBappé comme on achète du Roderer si on veut séduire une bourgeoise : une volonté = quelque chose à acheter pour la satisfaire.

Donc PSG est condamné à jouer sa saison sur 2 matchs tous les ans…

Mais comment fait-on vivre un club avec 2 matchs par an, comment fait-on vibrer des supporters avec uniquement 2 matchs à enjeu à se mettre sous la dent ? En les faisant vibrer aux arabesques de MBappé et Neymar et aux coups de boutoirs de Cavani ? autant organiser des entrainements payants au Camp des Loges.

Quel saveur a une saison si seuls 2 matchs ont du goût ?

Même ceux qui n’aiment pas le PSG ne trouvent plus grand chose à dire, l’histoire de ce club miraculé et sorti de nulle part ne mérite pas ca.

Quand on est trop fort, on est trop chiant et l’ADN du PSG ce n’est pas d’être chiant, c’est de souffrir, de suer, de se faire insulter, de se faire aimer, de perdre et de savourer chaque victoire comme si c’était la dernière.

Comment se faire insulter, se faire aimer, souffrir avec une équipe pareille….. ? Et avec 2 vrais matchs par an …

Si l’impatience des qataris (« je me suis coupé, va m’acheter une clinique » disait Coluche) n’a d’égale que le déluge de dollars qu’ils balancent, la seule question qui vaille, c’est « quand partiront-ils ? »

Quand PSG retrouvera-t-il son âme ? quand les supporters retrouveront les frissons de venir au Parc pour aider leur équipe à chercher la victoire et pas uniquement assister à une passe à dix ou une entrainement ? quand la défaite fera t-elle ressortir ces effluves tristes mais addictives auxquelles tout supporter du parc doit se shooter un minimum tous les ans ? le sport n’existe pas si il n’est pas incertain.

Le football est politique, il n’est pas géopolitique et à confondre cela nos amis du golfe risque, même si ils gagnent la Ligue des Champions de devenir aquoiboniste.

Chaque supporter et chaque « ennemi » du PSG ne scrute que cela : 2022, quand les Qataris en auront fini de leur lubie footballistique, se barreront ils aussi vite qu’ils sont venus, laisseront-il un champ de ruine et une diaspora de milliardaires ? Si c’est le cas, c’est probable. Fort probable que les fantômes de Reinaldo, Kezman ou autres Everton reviennent hanter les travées du Parc.

Mais le pire n’est jamais sûr et Reinaldo et Kezman ont aussi eu comme semblables Safet S. et Carlos B.

Alors bien sûr quand il vont partir, ce sera peut-être terrible mais putain….qu’est-ce que ce sera bon en fait !!!

Crédit photo (c) Panoramic


Olioud

Ramenez la coupe à la maison

Ca y est. Le mondial est derrière nous. On a kiffé, mais la vérité,
on est vite passé à autre chose, comme tout le monde en fait.

On a pris le temps de digérer les deux étoiles tricolores et on a pu apprécier entre-temps les vacances instagramée de nos joueurs.
Mention spéciale à Presko et son séjour « le ciel, les oiseaux et ta mère » à Miami avec Benjamin et Ousmane. Les producteurs de « Very Bad Trip » ont déjà acheté les droits de ce docu-fiction hallucinogène.

Bref, c’est reparti pour un tour. Le championnat reprend ses droits. Déjà 3 matchs, 3 victoires.
Et la confirmation que la MCN est déjà bien en jambe. A part un cataclysme, difficile aujourd’hui de voir le titre de champion de France échapper aux hommes de capitaine Silva. Tant mieux, on est des cannibales, on bouffe tout le monde. On a été suffisamment affamé pendant des années pour être aujourd’hui rassasié. La peur du manque. Un truc de drogué.

Sauf que niveau stupéfiant, on aimerait bien passer du marocain à la poudre aux étoiles.
Chaque année depuis 7 ans c’est la même rengaine.
Est-ce que le PSG version QSI va enfin tenir son rang en Champions League ?
Pas impossible cette année. Nouvel entraineur, nouvelle tactique, nouvelle mentalité, nouvelles ambitions et un groupe toujours plus uni, marqué par les galères européennes d’un passé trop récent.

Alors, est-ce que les gueules de bois du 6-1 et du non match face au Real sont effacées ? Pas évident. L’aspirine des laboratoires Tuchel sera-t-elle assez puissante ?
Sans l’union sacrée de nos fragiles starlettes ce sera compliqué mais bordel, C’EST NOTRE PROJET !
Il est écrit que notre jour viendra. Qu’on va finir par comprendre. Quitte à devenir comme les autres « grands » clubs : froids, réalistes, efficaces. Fini le romantisme. Javier qui part à la Roma, doit-on y voir un signe ? Aurait il ainsi enterré ce qui nous restait d’humain en même temps que notre image de looser magnifique. Qui sait. Javier était notre pasteur, en nous quittant il continue de nous guider vers la lumière. Amen.

Kylian Mbappé résume à lui seul cette nouvelle dimension. Le mec a fait sa liste des courses il n’y a même pas deux ans : Signer à Paris, être champion de France, du Monde, gagner la C1 puis signer au Real et ramasser le ballon d’or. Il en a déjà coché la moitié. Pas le temps de glander. Effrayant. Extra-terrestre.

Pendant ce temps Neymar, à qui on promettait le meilleur à Paris, vient de vivre sans doute sa plus sale saison de footballeur. Entre blessure et coupe du monde ratée, il a beau avoir été le tube de l’été 2017 à Paris, il a complètement foiré son tour de chant en Russie. N’est pas Patricia Kaas qui veut. Mais on ne pouvait pas rêver mieux. Un Junior le couteau entre le dent, en mode redemption. Collectif et sans chichi.

Edinson Cavani. Que dire. Il va juste prouver humblement qu’il est aujourd’hui le meilleur N°9 du monde. Et puis la moustache à la D’Artagnan qu’il porte depuis son retour nous rappelle un peu plus les 3 mousquetaires qu’il va former avec ses 2 comparses en attaque. Dommage que la France soit devenue une République. Rien que pour lui, on pourrait rétablir la Monarchie et lui donner un titre de noblesse et des terres en Gascogne. Il pourrait y chasser le canard et pêcher la truite tranquillement en buvant du Maté.

Puisqu’on parle de Monarchie, parlons du Duc. Enfin libéré de l’étreinte maternelle, Tanguy Rabiot va t’il finir par quitter le domaine familial pour prendre seul ses quartiers avec son lévrier, sa chicha et sa Playstation. Il sera entouré de sa cour de gars surs parmi lesquels Eric Abidal qui lui servira tous les jours le thé et ses Princes de Lu tout en lui cirant les crampons. Il peut toujours espérer le voir signer chez ces mécréants d’indépendantistes catalans qui lui servent d’employeurs. Le Duc n’en a que faire. Il sait que son destin s’écrit dans la capitale des francs. Et que son règne du milieu ne fait que commencer. Montjoie Saint Denis, gare à toi Didier Des Champs de Mars !

De son côté Marco s’est mis à la cigarette électronique. Première étape d’un long processus qui pourrait lui permettre de faire une saison pleine. L’année prochaine il arrêtera l’alcool. Et dans 3 ans, il attaquera un regime sans gluten. On tient le bon bout.

Et Thiago Silva ? Il a consulté le célèbre Marabout de Chateau Rouge, El Hadj D. C’est Yannick Noah et Claude Makelele qui lui ont filé l’adresse. Le mec est un champion du des-envoutement. Thiago est descendu incognito en métro dans le 18ème, casquette vissée sur la tête. Après la séance il s’est senti tellement bien qu’il n’a pas pu résister à l’envie de s’acheter un épis de maïs grillé. Et pour faire totalement couleur locale il a payé cash à un vendeur à la sauvette trois fausses ceintures Dolce Et Gabana. Pour sa femme et ses gosses. Un autre homme. Un jour quand il partira j’écrirai ses mémoires.

Son pote Dani Alves a décidé de porter le numéro 13. Soucieux de marquer l’histoire du club, il s’est dit qu’avoir le même numéro que Sammy Traore, ça le ferait rentrer définitivement dans la légende. Un grand. Un visionnaire.

Toujours côté droit de l’hémisphère, Thomas Meunier laisse tomber le Point Virgule pour le Camp des Loges et décide enfin de se consacrer à son vrai mêtier. Footballeur. On y gagne au change. Les blagues belges à un moment…

Romantisme encore, on va enfin se débarrasser du duo de mannequins kitchissimes Trapp-Goulart qui part s’installer possiblement dans une ville faite pour eux. Nice People.

Pour finir en musique, avec Alphonse et Gigi on tient derrière notre duo de l’année avec leur tube imparable « il faut laisser le temps au temps ». Pour une fois qu’on a deux talents qui acceptent de partager la même scène. On va pas s’en priver.

Bref je pourrais vous parler aussi des titis en mode bonhomme, du dos de Kurzawa, du spleen de Lo Celso, des doutes de Draxler, des caprices de Di Maria, de la coupe de cheveux de Markiki, des vannes de Presnel avec qui j’ai introduit ce papier car il a tout mon amour, mais la conclusion de tout ça, c’est que plus j’y pense plus j’y crois à cette C1.

Tuchel semble avoir compris pas mal de choses dans la façon de gérer notre groupe de danseuses, et n’oublions pas qu’il est allemand. Allemand putain. Ce peuple qui a mis une raclée au Brésil, qui nous a marché dessus en 1940, 1982, 1986 et 2014. Ces mecs ne doutent de rien. Alors si en plus ils parlent aussi français on est foutu. Thomas, j’ai envie que tu sois notre Hermann Spontz. Tu sais ce général allemand joué par Roland Giraud dans le chef d’oeuvre indépassable « Papy fait de la résistance ». Un général affecté à Paris et logé dans une maison occupée par une famille d’artistes, dont il tombe sous le charme, c’est tout toi. Et c’est peut être à cause de ça qu’ils vont nous ramener (enfin) la coupe à la maison.

Par contre si on pouvait s’épargner les gesticulations de Vegedream… Oxmo, Rohff, Triptik, et Flynt ont déjà tout dit. Merci.

PS : à noter que ce papier a été écrit avant la fin du mercato. L’espoir est donc permis de voir un vrai latéral gauche et un milieu défensif débarquer à Paris avant le 31 aout. Henrique, seras-tu notre génie du mal ?

Crédit photo (c) Panoramic


Xavier Chevalier

Enfin des référents

Mais qui es-tu Référent Supporters ? On tente ici de vous expliquer
les tenants et les aboutissants de ce qui se prépare au PSG.


En plein milieu du mois d’août, l’actualité du PSG se résume souvent au mercato et à la reprise du championnat pour la grande majorité des supporters.
Pourtant un événement important s’est produit, et il devrait ravir les plus impliqués d’entre nous et surtout faciliter grandement la vie de ceux qui veulent suivre notre club dans tous les stades de France et d’Europe : le PSG a enfin un référent supporters, et même deux. Le Parisien en a déjà parlé (cliquez ici).

Plus de deux ans après le vote de la loi* rendant cette fonction obligatoire dans les clubs professionnels le club est enfin en règle. L’article de loi en question s’inspire d’un dispositif demandé par l’UEFA pour les clubs participants aux compétitions européennes dans le cadre du fameux Fair Play Financier (article 35**).

*cliquez ici pour consulter la loi
**Article 35

Mais concrètement, qui connaît cette fonction et le rôle joué par ces référents supporters ?
En réalité, très peu de gens parmi les supporters à travers la France et au sein des clubs des instances et des autorités.
Aujourd’hui les choses commencent à avancer avec par exemple la mise en place d’une formation obligatoire sans compter les efforts de l’ANS.*, du ministère des sports et de la LFP pour informer et communiquer sur le sujet. Pourtant la majorité des clubs français, des groupes de supporters et même des dirigeants n’ont toujours pas une vision claire de ce qu’est sensé faire un référent et par conséquent de ce qu’il peut apporter concrètement.

*Cliquez ici pour découvrir l'ANS

Il est encore difficile de trouver de la documentation en France expliquant ce que les référents doivent faire, en dehors du livret de l’ANS dédié*.
Pour faire simple leur rôle est essentiel : ils doivent être le lien entre tous les supporters, le club et les autorités. De la simple information donnée à un supporter jusqu’à l’organisation d’un déplacement de milliers d’entre eux. Il fait entendre ce que peux demander le club ou faire remonter les problèmes évoqués par les fans… Il doit surtout anticiper les problèmes, désamorcer les situations à risque et faire en sorte que tout se déroule bien.

*Livret de l'ANS

Bref, c’est tout ce qui concerne les supporters qui passe par lui.
Pour ça l’élément essentiel est la confiance. Celle des supporters bien-sûr mais aussi des salariés du club et des autorités. Il n’est pas là pour dire ce que les uns et les autres ont envie d’entendre et surtout il n’est pas là pour appliquer la politique du club. Il n’est pas responsable des dérives des uns et des autres. C’est pourquoi il doit avoir une grande autonomie, notamment du directeur organisation et sécurité (DOS) sans pour autant s’affranchir de l’autorité de la haute direction. Car c’est bien celle-ci qui décide en dernier ressort bien-sûr.

La tâche est donc immense dans un club comme le PSG. D’une tribune active animée par le CUP et des milliers de fans, des supporters qui ont le sentiment d’être délaissés au profit des ultras ou des cibles marketing de pays lointains, des fanclubs à travers la France et le monde, des nouveaux supporters ayant besoin d’être accompagnés, de ceux en situation de handicap qui ont des besoins spécifiques…en passant par les mesures compliquant la vie des supporters imposées par les autorités (auxquelles s’ajoute la spécificité de la préfecture de Paris) ou les instances, jusqu’aux problèmes basiques de billetterie, ils ne seront pas trop de deux pour assumer tout ça. À titre de comparaison certains clubs européens ont plus de 10 personnes ayant une fonction équivalente à celle du référent.
C’est donc une très bonne nouvelle pour le PSG. D’autant plus que les deux personnes nommées ont une grande expérience et ont un réel attachement au club de la capitale :

Malik Nait-Liman a été déterminant pour permettre le retour de supporters actifs au Parc des Princes et en déplacement.
Clément Laborieux a lui été indispensable dans les relations avec le CUP (association de supporters agréée par le ministère des sports qui regroupe les ultras et leurs sympathisants).

Cela vient confirmer que le club continue de se structurer et que le Président assume pleinement son rôle face aux réticences en partie évoquées dans l’article d’Yves Leroy dans Le Parisien (refus de la commission de déontologie de la fonction publique et des mois de blocage).

Crédit photo (c) Panoramic


Ignatius Reilly