Reportage

Le PSG-REAL de Rabiot Jacob

SILENCE ! SILEEEEEEENCE ! RABIOT JACOB, IL VA PARLER !
Le bruit émanant de la table des joueurs s’estompe peu à peu.
Le tintement métallique des fourchettes contre les assiettes
fait place à un silence de plomb.

Leurs yeux se tournent vers moi, et je remarque que ceux de Thiago Silva brillent un peu trop… Saleté d’émotif.

Prenant une grande inspiration, je les interpelle vivement :
« Alors les gars ! On flippe ? On a les genoux qui flanchent ? La sueur vous monte au visage ? coule dans votre dos ? Mais y’a pas de quoi voyons ! »

En réalité, il s’agit d’un sentiment tout à fait normal, l’anxiété étant causée par l’émotion qui nous étreint à une heure où l’indécision domine, puisque l’issue de la partie que nous nous apprêtons à disputer s’avère incertaine. L’endorphine mêlée à la testostérone crée ainsi une réaction chimique qui…

« Kylian, je t’ai pas demandé de faire ton intéressant ! Mes amis n’ayez crainte ! Nous les recevrons dans la bouillante ambiance du Parc, et nous les occirons comme nous avons occis leurs grands rivaux l’an dernier, avec un collectif moins bien huilé, et des joueurs moins talentueux ! Il nous manque Neymar ? La belle affaire, son absence ne nous rendra que plus déterminés, et vous saurez faire preuve d’abnégation pour renvoyer les infâmes madrilènes dans leur pays où l’on ne respecte pas le plus élémentaire bon goût vestimentaire ! »

Un nouveau silence suivit cette exorde. Les joueurs se regardaient, incrédules, les murmures commençaient à se faire entendre, et je sentais bien qu’il fallait à nouveau les rassurer, afin qu’ils croient en eux. C’est alors que la main d’Areola, d’ordinaire si prompte à se lever pour contrer les frappes adverses, se dressa lentement dans les airs, et qu’il posa cette fatidique question :

« Mais… Comment allons-nous faire ? »

Un large sourire s’étala sur mon visage, découvrant des dents d’un blanc immaculé.

« Mon petit Alphonse, je n’attendais que cette question… »

Le match en avant-première de Rabiot les bons tuyaux :

J-2 : L’ensemble des éditorialistes footballistiques l’affirment : l’institution Real est au-dessus de celle du PSG, et l’issue du match ne fait guère de doutes : Paris perdra malgré une victoire 2-1, la faute à un but marqué du pénis par Cristiano Ronaldo dans les arrêts de jeu.

J-1 : La cheville de Kylian Mbappé a été testée le dimanche, et le grand espoir français semble apte à tenir sa place face aux Merengues. Unai Emery, prudent, prend tout de même la précaution de l’emballer dans du papier à bulles jusqu’au coup d’envoi.

-60’ : Annonce de la composition du PSG au Parc : Thiago Silva, capitaine malheureux du match aller, fait son retour dans le XI de départ, aux côtés de Marquinhos. Surprise sur le flanc gauche, où Kimpembe est aligné pour la première fois de la saison, afin de sécuriser l’aile. Motta prend place devant la défense, accompagné de Verratti et Rabiot. Di Maria commencera le match sur l’aile gauche. Dani Alves et Cavani complètent le squad. Sur Canal +, Laurent Paganelli, incrédule, s’exclame « Mais il aligne pas Neymar ? Il est fou Emery ! ».

-20’ : Le corps arbitral fait son apparition, sous les invectives de Nasser Al Khelaifi, qui accuse par avance M. Brych d’un arbitrage trop partial envers les madrilènes.

-10’ : Les supporters parisiens, déjà présents depuis 18h30, sentent venir les premiers signes d’une extinction de voix, et choisissent judicieusement de s’économiser jusqu’au coup d’envoi, de sorte que l’échauffement se fait dans le silence le plus total.

-8’ : Un grand cri retentit dans tout le Parc des Princes, lorsque Nicolas Sarkozy fait un scandale en découvrant qu’Emmanuel Macron est assis à sa place en loges. Le bruit, amplifié par les tribunes silencieuses, déconcentre Marcelo qui ne voit pas arriver le ballon envoyé par Cristiano Ronaldo, et le reçoit dans les testicules. Il s’écroule, et Dani Alves, plein d’espoir, fait signe aux brancardiers de secourir son compatriote.

-2’ : Marcelo pourra bien tenir sa place, une application de compresses de glaçons ayant fait son effet.

-1’ : Alors que le match est sur le point de débuter, Unai Emery fait irruption sur la pelouse avec une grande paire de ciseaux. Il avait oublié de déballer Mbappé de son papier à bulles.

1’ : Le coup d’envoi est donné, directement en touche côté parisien, sur le flanc droit. Dani Alves effectue la remise en jeu, en passant par Marquinhos, qui remet tranquillement à son gardien. C’est alors que se déclenche le pressing madrilène, Cristiano Ronaldo jaillissant devant Alphonse Areola qui, plein de sang-froid, efface le portugais d’un râteau, et s’apprête à relancer.

2’ : Voulant dégager d’un puissant coup de pied, le portier parisien rate le ballon, et s’écroule. Il n’en fallait pas plus à Ronaldo pour se saisir du ballon et marquer dans le but vide. 0-1 (cumul. 1-4).

5’ : Ce coup dur rappelle les heures les plus sombres du PSG, et la remuntada subie l’an dernier, lorsqu’un but casquette avait également été encaissée au bout de deux minutes de jeu. Arnaud Herrmant et Damien Degorre jubilent : leur édito du lendemain s’écrit tout seul.

7’ : Les parisiens retrouvent enfin le contrôle du ballon, et échangent plusieurs passes dans le milieu de terrain, sans toutefois parvenir à trouver le trio offensif. Rabiot combine au niveau du rond central avec Verratti, qui remet en retrait à Motta. Alors que le public peste devant une stratégie jugée petits bras, Motta déclenche instantanément un long ballon pour Mbappé, parti en profondeur et qui laisse sur place toute la défense madrilène pour aller défier Navas. Il pique subtilement son ballon, et trompe le gardien costaricien. 1-1 (cumul. 2-4)

8’ : Les supporters parisiens se rendent compte qu’ils avaient oublié de se remettre à chanter depuis l’échauffement, et une immense clameur envahit le Parc.

9’ : Porté par les chants des tribunes, Thiago Silva se décide à franchir le rond central avec le ballon, et alerte Di Maria sur le côté gauche du terrain. L’argentin dribble avec succès Carvajal, et se retrouve face à la charnière centrale. Cavani appelle le ballon mais Di Maria choisit la frappe pied droit. Dans les bras de Navas.

18’ : Asensio reçoit le ballon, et efface Verratti avant de partir défier Alves en 1 contre 1. Au prix d’une succession de dribbles, le latéral parisien se retrouve à terre, et le prodige espagnol a tout le loisir de centrer pour la tête de Cristiano Ronaldo, qui se dirige vers la lucarne. C’est sans compter sur Areola qui, au prix d’une sublime parade réflexe, parvient à écarter le danger en corner.

19’ : Le coup de pied de coin est joué vite, à deux, et permet à Marcelo de s’infiltrer dans la surface de réparation. Face à Marquinhos, il tente un dribble, s’écroule, et se tient vivement la cheville en frappant le sol avec sa main. L’arbitre n’hésite pas et sort un carton jaune pour simulation, les parisiens vont se dégager.

27’ : Le milieu parisien a du mal à exister, la paire Kovacic-Casemiro étant intenable au pressing. Thiago Motta se fait ainsi déposséder du ballon par le brésilien, qui lance Benzema dans la profondeur. Le français est tout prêt de tromper Areola, mais ne peut résister au superbe retour effectué par Kimpembe, qui lui enlève le ballon du pied au dernier moment.

36’ : Paris progresse par petits bouts, le pressing madrilène commençant à légèrement baisser. Alves tente un débordement et efface Marcelo avant de remettre dans l’axe pour Verratti, aux abords de la surface de réparation. Le petit hibou distille une petite louche qui surprend les centraux madrilènes, mal alignés. Cavani surgit et frappe fort en première intention : poteau rentrant. 2-1 (cumul. 3-4)

39’ : Très excentré sur son côté droit, Vasquez tente un long centre, aisément abordable pour la défense centrale parisienne. Areola tente toutefois une sortie totalement inexplicable, et renvoie la balle des deux poings plein axe, sur Ronaldo. Le portugais tente un lob astucieux, mais le gardien parisien a eu le temps de revenir et de dévier le ballon d’une claquette en corner.

41’ : Le ballon est frappé très fort au premier poteau, sur la tête de Benzema, qui prend parfaitement la balle, mais cette dernière frappe la barre transversale. Le ballon repart dans l’autre sens, en un contre éclair mené par Di Maria, qui sert Mbappé, qui se présente face à Navas, mais qui perd son duel devant le gardien madrilène.

43’ : Le corner est frappé par Di Maria, et atterrit sur Kimpembe, étonnamment seul, qui a le temps de contrôler de la poitrine et de tenter une lourde frappe en pivot qui vient s’écraser sur le poteau.

45’ : Mi-temps au Parc des Princes, dans une ambiance survoltée, le PSG sent qu’il y a la place mais reste à la merci d’un but madrilène.

47’ : Alors que le jeu a repris depuis deux minutes, Kylian Mbappé, désormais côté gauche, tente un sombrero devant Carvajal. L’espagnol n’apprécie pas, et sèche violemment le parisien qui s’écroule en se tenant la cheville. Les caméras de Bein Sport zooment aussitôt sur Nasser El Khelaifi et Unai Emery. Pastore et Draxler partent à l’échauffement.

48’ : Le verdict tombe, Mbappé ne pourra pas reprendre sa place, et doit la laisser à Javier Pastore, acclamé par le Parc à son entrée en jeu.

50’ : L’argentin se distingue immédiatement, en calant un petit pont à Casemiro, avant de tenter une passe compliquée pour Cavani. Le ballon est intercepté par Ramos, qui lance aussitôt Asensio, parti comme une fusée. Alves parvient à s’interposer, et dévie le ballon en corner qui ne donnera rien.

62’ Temps fort pour le Real Madrid, qui met la pression au PSG Vasquez centre dans la boite, le ballon est renvoyé devant le surface pour Casemiro qui tente une frappe contrée par Marquinhos. Le ballon revient sur Kovacic qui décale intelligemment Marcelo qui centre à ras de terre dans une forêt de jambes. Thiago Silva dégage avec autorité en chandelle.

63’ : Le capitaine parisien s’écroule et se tient la cuisse. Unai Emery va devoir procéder à un changement, en faisant glisser Kimpembe dans l’axe, et s’interroge sur l’identité du latéral qui prendra sa place. Jetant un œil sur son banc, il cherche des yeux Yuri Berchiche qu’il ne voit pas, et pour cause : le latéral espagnol est fermement maintenu au sol, enveloppé dans sa parka par Nkunku, grassement payé par Kurzawa.

64’ : Le latéral français rentre finalement sur le terrain, un sourire en coin ornant son visage.

65’ : Le sourire est rapidement effacé par le premier face à face avec Cristiano Ronaldo, qui réussit un petit pont sur Kurzawa avant de pénétrer dans la surface et de buter sur Areola.

72’ : Le PSG prend le jeu à son compte, mais le temps, qui ne joue pas en leur faveur, force les joueurs parisiens à prendre de mauvaises décisions, à l’image de Pastore qui tente une frappe compliquée alors que Cavani appelait le ballon dans la surface.

79’ : Unai Emery reçoit un appel sur son portable. Une voix mystérieuse lui susurre : « il te reste dix minutes pour tout changer. Fais rentrer un attaquant ou un ailier, qui se bat depuis plusieurs mois pour te prouver qu’il a le niveau du PSG ». Le coach parisien est contraint de rappeler à Hatem Ben Arfa, au bout du fil, qu’il n’est pas inscrit sur la liste des joueurs pouvant disputer la ligue des champions.

82’ : Les parisiens tentent le tout pour le tout. Motta sort, remplacé par Lo Celso, qui jouera sur l’aile d’un 4-2-3-1 avec Pastore en meneur de jeu.

83’ : Le changement ne tarde pas à payer, le soyeux argentin distillant les caviars pour ses compatriotes logés sur les ailes. Di Maria reçoit ainsi un bon ballon et centre instantanément pour Cavani, qui voit sa tête repoussée en corner.

84’ : Tiré par Di Maria, le ballon atterrit au premier poteau sur El Matador, mais sa tête est repoussée par Navas… sur Kimpembe qui avait bien suivi et pousse le ballon au fond des filets. 3-1 (cumul. 4-4)

88’ : Ce score inespéré ne tarit pas les intentions madrilènes. Zidane fait rentrer Kroos et Modric à la place de Vasquez et Kovacic, le Real repasse en 4-3-1-2, avec Asensio à la baguette. Celui-ci profite du manque d’impact du milieu parisien pour solliciter un une-deux avec Benzema, et sert Ronaldo sur un plateau qui frappe en force, prenant Areola à contrepied. Tout à sa joie, le portugais ne voit pas le drapeau de l’arbitre assistant qui s’était levé. Son but est annulé pour hors-jeu.

90’ : Paris obtient un coup franc assez excentré au milieu de terrain. Alves le botte, et trouve Marquinhos dans surface, qui remet de la tête pour Lo Celso, qui tente une frappe, contrée par Marcelo. Les parisiens hurlent à la main, et sont entendus par l’arbitre qui accorde un penalty, et exclut le brésilien après lui avoir administré un second carton jaune.

90’+2 : Cavani frappe le penalty en force, mais trouve la barre transversale. Sur le côté du terrain, Olivier Tallaron s’interroge : Neymar n’aurait-il pas dû tirer à la place de Cavani ?

90’+4 : Alors que l’on se dirige tout droit vers les prolongations, le Real fait tourner, mais Varane craque sous la pression de Cavani, en relançant le ballon sur l’aile gauche. Kurzawa le réceptionne et transmet aussitôt à Pastore, qui se défait du marquage de Modric, et adresse un superbe ballon pour Di Maria dans la surface. Plutôt que de frapper, l’argentin remet le ballon à l’entrée de la zone de vérité pour… Kurzawa qui surgit et place une frappe sublime en lucarne. 4-1 (cumul. 5-4).

90’+6 : Le PSG se qualifie pour les ¼ de finale de la Ligue des Champions en éliminant son double tenant du titre. Rudi Garcia envoie aussitôt un SMS à Zidane « Dommage Zizou » et reçoit comme réponse « T ki lol ? ». Aulas tweete : « c’est un grand jour pour le football français de voir que le PSG est capable d’égaler la performance du grand OL en éliminant également un club espagnol. Mais c’est normal, puisque Paris pille le talent du football français ».

90’+25 : Le service de sécurité du Parc des Princes est obligé d’évacuer Unai Emery de la salle de conférence de presse, l’espagnol n’arrêtant pas de faire des doigts d’honneur aux journalistes présents dans la salle.

Abasourdi par mon résumé du match, les joueurs se regardaient entre eux, semblant douter de mes capacités visionnaires. J’enchainais :

« Vous verrez, ça se passera comme ça, et nous ne serons pas éliminés à nouveau par un club espagnol après un scénario ridicule. Cette fois ci, c’est nous qui montreront à l’ogre espingouin de quel bois nous nous chauffons. Allez-y mes petits agneaux, faites en de la pâtée pour chat, et rappelez leur qu’ici c’est Paris ! »

Mon discours avait fait son effet, je voyais les joueurs se lever de table satisfaits, confiants, et déterminés. Seul restait dans la salle Unai Emery, le visage toujours torturé par la peur de revivre une humiliation, et semblant douter de ma conviction.
« Mais RJ… T’es sûr que ça va se passer comme ça, et qu’on va gagner ? Tu l’as vraiment vu ? C’est vrai ton pouvoir de divination ? »

Je laissais un silence dramatique s’installer, et affichait à nouveau un large sourire, avant de répliquer :

« Quelle importance, mon petit Unai ? Le plus important, c’est que, eux, y croient. »


Rabiot Jacob

Collection PSG

Emmanuel, avant d’être collectionneur est un supporter du PSG de longue date. Au fil du temps, sa passion l’a amené à amasser un petit trésor qu’il conserve précieusement dans une pièce de sa maison de Seine-Saint-Denis. Il nous a reçu chaleureusement chez lui, où nous avons eu la chance de découvrir sa MAGNIFIQUE COLLECTION.


Virage : Quand as-tu commencé à collectionner des maillots du PSG ?

C’est venu petit à petit et ça a commencé il y a une dizaine d’années. C’est surtout quand j’ai eu l’opportunité d’avoir ma pièce ici que ça m’a donné envie de me lancer à fond.

Virage : Cette collection, c’est surtout pour toi que tu la construis ?

Oui complètement.

Virage : Les maillots ne sortent jamais de cette pièce ?

Non, mais si il y a des événements intéressants, je peux envisager de les sortir mais ça n’est jamais encore arrivé. J’ai déjà été contacté par des gens pour des petites expositions mais il n’y avait pas toutes les garanties pour sortir les pièces de façon sécurisée.

Virage : Collectionneur depuis donc 2007 mais supporter depuis quand ?

Oh la la, depuis longtemps, depuis l’enfance en fait. A la fin de la période Borelli et Sušić. Premier match au Parc en 1992 en plein dans les années Canal. Premier abonnement en 1996, j’en suis à ma 22ème saison d’affilée en tant qu’abonné. J’ai toujours été côté Auteuil en Virage.

Virage : Je vois ici une carte des Supras, tu as été encarté chez eux ?

Oui je l’ai gardé en souvenir.

Virage : Quel a été le vrai déclic qui t’a amené à collectionner tes premiers maillots ?

J’ai toujours eu la fibre du collectionneur. Au début j’aillais à la petite boutique du club rue Franklin Roosevelt où j’allais acheter des pins, enfin surtout ce que je pouvais m’acheter à l’époque car les maillots c’était trop cher pour moi. Et puis quand j’ai commencé à travailler j’ai pu m’acheter mon premier maillot. C’était celui de Paul Le Guen dédicacé et porté durant la saison 1994/95. J’ai tout de suite été séduit par le côté mystique de l’objet mais le virus m’a pris petit à petit.

Virage : Comment procèdes-tu pour récupérer ces maillots ? Car ce sont tous des maillots portés par les joueurs, donc des pièces difficiles à obtenir.

Ça c’est sur… En fait il faut se faire un réseau de gens sérieux ou de gens qui gravitent autour du club car il y a beaucoup de faux qui trainent sur le net. Et quand j’ai créé mon blog et ma page Facebook ça m’a beaucoup aidé aussi. Mais ça reste compliqué encore plus aujourd’hui. Dans le passé je pouvais en obtenir auprès des joueurs mais c’est rare de nos jours. Le dernier c’était Christophe Jallet. Et puis quand j’étais plus jeune, j’avais le même âge que les joueurs, c’était plus facile de les aborder, j’avais aussi plus le temps d’aller au Camp des Loges. Aujourd’hui c’est plus compliqué de les approcher et surtout je ne me vois pas aller négocier un maillot avec un gamin…

Virage : Je vois ici un maillot de Neymar, j’imagine que ça a du être quelque-chose de l’obtenir ?

Oh oui. Ça a été un coup de chance. Cette saison j’ai réussi à avoir celui de Neymar et de Dani Alves. Deux beaux noms mais je n’ai pas encore pu récupérer le maillot noir, je ne désespère pas de l’avoir avant la fin de la saison.

Virage : Est-ce qu’il y a une pièce qui compte plus pour toi que les autres ?

En dégager une c’est difficile. Je vais te faire mon top 3. Celui là je l’ai depuis peu. Il a été porté par Jean-François Charbonnier au tournoi de Paris, en demi finale contre le Servette de Genève. Avec ce sponsor Carrefour spécialement pour ce tournoi. Plus récent, le Thiago Motta porté à Stamford Bridge lors du 2-2 face à Chelsea. On voit encore les traces de terre… Et celui-ci de 1986, qui date de la coupe d’été qui était l’ancêtre de la coupe de la ligue. Ce qui est marrant sur ce maillot c’est que le PSG était passé chez Adidas à l’époque mais ce maillot est un Coq Sportif… Le club n’avait sans doute pas du recevoir les maillots Adidas à temps. Du coup ils ont floqué le logo Adidas sur des maillots du Coq.

Virage : Est-ce que c’est le design ou l’histoire du maillot qui t’intéresse ?

J’aime beaucoup ceux de la période 90 car c’est l’époque où j’ai commencé à aller au Parc. Ça me rattache à des souvenirs. Par exemple celui porté par Jimmy Algerino lors de la finale à Rotterdam face au Barça. C’était mon premier gros déplacement européen. Après je suis à la recherche de maillots des débuts du club mais ils sont rares. Car si les joueurs aujourd’hui ont 2-3 jeux de maillot par match, dans les années 70 ils en avaient 2-3 pour la saison ! Et à la fin de saison les maillot étaient brûlés.

Virage : Quels sont les prix de vente de ces maillots des débuts ?

Les prix moyens pour les plus beaux, ça peut monter à 2000, 3000€. Mais ça peut vite grimper en fonction de la rareté.

Virage : Dans l’effectif actuel du club, quel maillot aimerais-tu récupérer ?

M’bappe ou Rabiot ce serait sympa. Adrien m’en a offert un dédicacé lors du lancement du nouveau maillot cette année mais c’était un maillot boutique.

Virage : Et pourtant Kylian est un voisin, Bondy ce n’est pas très loin…

C’est vrai, si il nous lit (rires)… Kimpembe ce serait bien aussi. J’aime bien avoir les maillots des jeunes du centre de formation. J’ai celui de Loïc Landre, Neeskens Kebano, même de Nicolas Anelka.

Virage : Tu as combien de maillot aujourd’hui ?

120, 130, je ne les ai pas tous comptés. Mais à terme je vais réduire en quantité pour améliorer en qualité. Je vais revendre pour acheter.

Virage : Tu sais si vous êtes nombreux comme toi, à collectionner des maillots du PSG ?

Quand j’ai démarré on n’était pas beaucoup, 5-6 tout au plus, car le PSG n’avait pas la même renommée qu’aujourd’hui. De nouveaux collectionneurs sont apparus mais est-ce qu’ils vont durer je ne sais pas. D’autres font ça plus pour l’argent que pour la passion.

Virage : Tu sais si tu continueras encore longtemps cette collection ?

Tant qu’il y aura la petite flamme. Et puis mon fils commence aussi à s’y intéresser. J’ai récupéré un maillot de David Luiz qui était son joueur préféré afin qu’il débute sa propre collection.


Xavier Chevalier

“Monsieur” Borelli,
l’hommage du Parc à un Prince

Nous sommes un soir de 1982, au Parc des Princes. Alors que la grande équipe des Verts de Saint-Etienne mène 2-1 contre le PSG, celui qu’on appelait encore l’Ange Vert, justement, Dominique Rocheteau égalise. Le Parc tremble de bonheur et, sous le coup de l’émotion, un petit bonhomme à la veste grise et la mallette bien attaché à son poignet, embrasse la pelouse du Parc. Francis Borelli est le président du PSG depuis 1978. Quatre années qu’il donne tout pour son club.


Quelques minutes plus tard, il se jettera sur Pilorget, auteur du penalty décisif qui permet au Paris Saint-Germain de décrocher le premier trophée de son existence, douze ans après sa fondation. « Le but de Rocheteau, c’est le moment le plus intense de ma vie. Je n’y croyais plus. C’était cuit, pour plaisanter, je disais aux gens à côté de moi : « on ne peut pas ne pas égaliser ! ». Et puis Rocheteau a marqué… C’était la délivrance ! L’explosion de joie ! Impensable… Alors, j’ai embrassé la pelouse, cette terre bénie du Parc, pour remercier le ciel… comme les Musulmans que je voyais en Tunisie, qui embrassaient la terre pour remercier leur Dieu », racontait à l’époque celui qui vu le jour à Sousse. “On pourra toujours se rappeler de bons moments, d’anecdotes, parce que des bons moments avec lui, il y en a des tonnes, déclarait Pilorget, encore lui, en 2007. Que de bons souvenirs, de rigolade, car Francis Borelli, c’était aussi un homme qui aimait la vie et qui aimait rire.”

Monsieur

Sous sa présidence, le PSG va remporter deux coupes de France, mais aussi – et surtout – son premier titre de champion de France en 1986. Mais “Monsieur” Borelli marque surtout son empreinte grâce à son amour pour le PSG. “Le Parc était sa maison, les salariés du PSG ses enfants”, image Mika, le vice-président du Collectif Ultra Paris, qui lui a rendu hommage avant PSG-Bordeaux.

Lors de son décès, l’ancien joueur Philippe Jeannol ne disait pas autre chose sur le site officiel du club : “Je me souviens d’un Président “père de famille”, passionné et proche de ses joueurs. Il voulait faire du PSG un club familial. Le titre de Champion en 1986 a été fantastique pour les joueurs évidemment, mais surtout pour lui. C’était la juste récompense de ses efforts”.

En dehors du tifo lors de l’entrée des joueurs, un cortège avait parcouru un bout du XVIème arrondissement, avec des chants à la gloire de l’homme disparu il y a maintenant dix ans, à l’âge de 75 ans. D’autres animations symboliques étaient également prévues : le protocole aurait dû amener la fille de Francis Borelli à se rendre devant le Tifo d’avant-match. Une gerbe de fleurs aurait dû être déposée par le club sur la pelouse. Mais le PSG n’aurait pas fait les démarches nécessaires auprès de la ligue, selon Mika.

Notre respect éternel

Tant pis. Il n’est pas question de se montrer. Juste de se souvenir. Et, si possible, de faire comprendre aux jeunes générations l’importance du personnage. “Même moi qui ne l’ait pas connu en tant que supporter, tu ne peux que respecter un mec comme ça. C’est un Monsieur. Il a notre respect éternel”, jure le vice-président du collectif, qui pense que “chaque supporter du PSG” devrait vénérer celui qui avait succédé à Daniel Hechter après la triste affaire de la double-billetterie. Lui-même sera condamné à huit mois de prison avec sursis, pour un détournement de 22 millions de francs entre 1986 et 1990, qu’il aurait utilisé pour recruter des joueurs.

À sa mort pourtant, les Supras Auteuil 1991 lui avait écrit une lettre de deuil où ils exhortaient son souvenir : “Vous étiez, et resterez à jamais, pour nous tous le symbole de notre foi, et parfois de notre nostalgie, dans un football sain, pétri de valeurs humaines, de cohérence et d’authenticité”. Francis Borelli avait gagné le respect des joueurs par sa passion et sa gestion.

A 15h45, les chants se font de plus en plus audibles aux abords du Parc des Princes. C’est un groupe de 300 supporters qui se sont réunis derrière une bannière “M. Borelli”, et qui chantent à la gloire d’un grand. Devant eux, sa fille est émue aux larmes. Des membres du groupe y vont également de leur petite larmichette. L’instant est beau, réussit. “Michel Kollar (surnommé l’archiviste du PSG) m’a appelé, m’a demandé si on préparait quelque chose pour les dix ans de la mort de Borelli. Nous, on avait déjà préparé un tifo. Il m’a dit “Si tu veux, je peux te mettre en contact avec sa fille”. On a discuté, j’ai parlé de faire un cortège. Et voilà”, raconte Mika.

La relève Nasser ?

A la 75ème, le nom du président de toujours s’affiche sur les écrans du stade. “C’était un passionné, qui faisait passer le club avant sa famille. Contrairement aux autres présidents après lui, il n’était pas là pour le business”. Même si les affaires ont mené Nasser Al-Khelaïfi à la tête du club parisien, Mika croit que la relève pourrait être assuré, dans un autre style : “Nasser s’il continue à aller dans ce sens, il peut devenir un président emblématique pour les supporters”, assure-t-il.

Mais, pour toujours, Francis Borelli restera unique. En 2008, un tribune a été baptisé à son nom. “On pourra même me traiter de fou, il n’y a que ces couleurs parisiennes qui illuminent mon coeur”, avait-il clamé un jour. Depuis dix ans, une étoile illumine le Parc d’un Prince. Et si les temps changent, les supporters avec, samedi a été la preuve qu’aux grands hommes, le Parc des Princes reste reconnaissant.

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Oh! My Celtic Paradise

Le 12 septembre 2017, je faisais partie du millier de supporters parisiens présents dans le parcage du mythique Celtic Park, situé dans Parkhead, un quartier austère à l’est de l’agglomération de Glasgow. Ville industrielle du sud ouest de l’Ecosse, terre d’ennemis qui pourraient être frères, sainte cité du Old Firm, Rangers contre Celtes, royalistes contre républicains, fidèles contre affranchis de la couronne. Terre de contraste, terre de passions ardentes, terre de football.

Un ticket pour le paradis.
Cela vaut bien un compte rendu, un billet d’humeur, un divin témoignage.



« When you walk through a storm, hold your head up high, and don’t be afraid of the dark. At the end of a storm, there’s a golden sky, and the sweet silver song of a lark. Walk on through the wind, walk on through the rain, though your dreams be tossed and blown. Walk on, walk on, with hope in your heart, and you’ll never walk alone, you’ll never walk alone. Walk on, walk on, with hope in your heart, and you’ll never walk alone, you’ll never walk alone… »

Avant la tempête de Celtic Park, pour finir en beauté le rêve, il faut d’abord commencer par une petite douceur. La belle Edimbourg en est la complice parfaite. Un samedi soir langoureux, un rocher médiéval rougi par les derniers rayons du soleil, un ciel orangé féérique, sublimant des monuments d’un autre siècle, des parcs et des rues partagés entre ombre et lumière, des terrasses animées, des pubs chantant, de la bière à foison. Le temps paraît arrêté. La magie opère. Harry Potter n’y est pour rien.

Puis d’Edimbourg, il faut se rapprocher du rêve. Road to Glasgow. Entre les deux, des champs, des plaines, des vaches, des moutons, de l’herbe, très verte. L’Ecosse est verte, indéniablement. L’Irish Spirit, certainement. Les unionistes n’ont pas vaincu dans ces terres du Royaume, mais le décor est le même qu’en Irlande indépendante. Les hommes s’opposent, mais les paysages se ressemblent. Come on you Bhoys in Green.

Après Edimbourg, Glasgow est un choc. L’effet est inverse. Les commerces et édifices sans âme remplacent les vieilles pierres de la capitale. Les rues du centre sont quadrillées, on se croirait dans un brouillon d’une grande ville sans charme des contrées industrielles de l’Oncle Sam. La vie ici semble rude. Certains regards sont durs. La ville paraît toutefois sur la voie de la modernisation, pour oublier les fastes du passé, quand elle était à la pointe des industries et qu’il ne fallait pas attirer le touriste. Les temps changent.

Le temps, justement, il passe. Le tourisme c’est bien. Le football c’est mieux. Le rêve se rapproche. La morne Glasgow est aussi Green and White. L’attente nous presse, la pression coule, la Guinness est le fil rouge, gardant le lien avec le pays des lutins verts. Est-ce l’impatience ? La Guinness ici semble être altérée, diluée, le goût, et le prix aussi. Quelques Pounds pour ce breuvage sacré, on s’interroge. L’amer noire ne peut être discount. Noir houblon, mais vert pâle.

Cela ne s’invente pas, pour se rendre à Celtic Park, à pied depuis le centre ville, il faut remonter London Road. Comme une ultime provocation ! La route du Paradis n’a rien d’attrayant. On remonte un long boulevard boisé longeant quelques entrepôts et immeubles d’habitation, un grand poste de Police et une résidence pavillonnaire de banlieue dortoir, en partie camouflée derrière une fresque Street Art légèrement déchirée dénonçant le sectarisme local par les slogans suivants « Sectarianism divides ». « Fear. Anger. They all fight, it’s not right, it’s your choice, your voice ». « Respect each other’s view : the green and white. The white and blue ». « Rivals not enemies ».

Football Without The Fans Is Nothing

Enfin, la délivrance. On traverse un large carrefour routier, et nous voici au pied du Celtic Way, menant aux portes de la légende, jusqu’à ce bâtiment de briques rouges, l’arrière de la Main Stand, la tribune présidentielle, orné des lettres « Celtic Football Club » et d’une étoile dorée, vestige d’une Ligue des Champions remportée cinquante ans plus tôt à Lisbonne. Celtic Park est là, devant nous. A son pied, à quelques mètres de l’entrée du Celtic Megastore, trône la statue bronzée de John « Jock » Stein, entraîneur des héros de Lisbonne. Sur le socle de la statue, l’inscription « Football Without The Fans Is Nothing ». Tout est dit. Il faudrait juste ne pas l’oublier.

Le temple du football se suffit à lui-même. Autour, on est plus proche de la désolation. Faisant face au Celtic Way, une imposante Emirates Arena, enceinte multifonctions au design légèrement futuriste, fait un clin d’œil à ces temps modernes où l’ultra consommation s’oppose à l’authentique, au mythique, à l’histoire. Elle dénote dans ce quartier du East End où le temps et les investissements semblent s’être arrêtés il y a bien longtemps. Le sport et son business paraissent ici salutaires à l’économie locale.

En contournant Celtic Park sur sa droite, une fois la tribune visiteur en quart de virage passée, on découvre cette fresque gigantesque décorant l’arrière de la Lisbon Lions Stand. « PARADISE » y est inscrit sur tout le long. Est-ce une promesse ? Ou un aboutissement ? Les plus illustres joueurs du club y figurent en bonne place, ainsi que l’inscription « Where Legends Are Made ». Sa contemplation se fait depuis un terrain vague gravillonné servant de parking les jours de match. A droite, on aperçoit un bout de la North Stand, l’équivalent de notre Tribune Paris. Celle-ci est accolée à un grand cimetière boisé. Le lien avec le Paradis n’a pas été difficile à trouver.

A l’arrière du terrain vague, au bout d’une allée bordée de baraques à frite pas encore ouvertes, une cité à l’allure inoffensive. A proximité, dans un coin de rue, au pied d’un autre bâtiment de briques rouges à l’architecture surprenante, on trouve un kebab, un centre de paris sportifs, un cabinet d’avocats et deux pubs où se réunissent les fans locaux. Nous y entrons. Nous y partageons quelques pintes. Nous attendons dans la sacristie, parmi les fidèles qui affluent en masse, avant que la cathédrale n’ouvre ses portes.

Les conditions météorologiques ont parfois leur mystère. Après quatre jours sous le soleil, si ce n’est quelques crachins éparses, les cieux ont décidé de respecter les coutumes locales, ou du moins nos idées reçues. A deux heures du coup d’envoi, la pluie fit son apparition. Une pluie certes pas très intense, mais une pluie dont vous ne pouvez faire abstraction. Une pluie qui ne vous mouille pas qu’un peu. Une pluie froide. Une pluie annonciatrice d’une soirée tempétueuse. La légende est en marche. Le ciel s’assombrit. On s’y résigne avec un flegme écossais. « When you walk, throw a storm… Walk on through the wind, walk on through the rain … ». Y-aura-t-il un Golden Sky pour les Bhoys au bout du chemin ?

L’entrée au paradis se fait simplement, sans fioriture, sans zèle, sans grande cérémonie. L’émotion reste intérieure. Il est difficile de la partager. L’antre des dieux est typiquement britannique. Des couloirs froids. Des tribunes proches de la pelouse. Vestiges du passé, d’imposants poteaux soutiennent la tribune officielle, celle qui n’a pas été reconstruite lors de l’agrandissement du stade à la fin du siècle dernier. Les travées restent vides jusqu’aux dernières minutes avant le coup d’envoi. Des bannières irlandaises s’exposent aux quatre coins, rappelant les origines du club fondés en 1887 par des migrants ayant traversé la mer d’Irlande.

They Will Never Walk Alone

L’heure du match se rapproche. Des « Celtic, Celtic, Celtic, ... » sont lancés par les ultras écossais, repris par une partie du stade. Leurs homologues parisiens firent écho, « Paris, Paris, Paris… », repris par tout le parcage. Une confrontation vocale plus tard, la sono du stade lance les premières notes. Les écharpes blanches et vertes sont déployées. Le parcage parisien fait silence, respectueusement, religieusement. Il respire la légende. Il se lie aux frissons. Il tente quelques paroles. Les écharpes rouge et bleu se tendent également. Les chœurs écossais se plient au rite. They Will Never Walk Alone. L’instant est magique. On ne peut que succomber. Même si… mais on y reviendra plus tard.

Assez rare outre-Manche pour être signalé, le Celtic Park possède son groupe ultra, la Green Brigade. Petit îlot d’inspiration continentale positionné en quart de virage, bordant avec le parcage visiteur la Lisbon Lions Stand. Outre des chants et gestuelles soutenus et continus pendant tout le match, l’événement justifiait un efficace tifo, à base de feuilles vertes et blanches, soulignant une toile peinte inspirée de La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix, avec ce message qui sonne aujourd’hui comme un voeux pieux : « The Celtic Renaissance ».

Les joueurs rentrent sur le terrain. Retentit l’hymne de la Ligue des Champions. La clameur qui résonnent alors dans le stade est indescriptible. Comme un hurlement bestial surgissant de la foule. Une extase soudaine. Un jouissement collectif. Un appel au surpassement. Le combat va pouvoir commencer. Les parisiens sont prévenus. Les hommes de Brendan Rodgers ne devront rien lâcher. L’actuel coach nord-irlandais du Celtic était précédemment celui des Reds d’Anfield Road. Il maîtrise la culture celte. Nous sommes prêts pour 90 minutes du célèbre Irish Fighting Spirit à la sauce Scottish.

Le scénario sera cruel avec les hommes au maillot rayé. Sans forcer et profitant des approximations de la défense écossaise, nous menons au score rapidement, facilement, puis largement. L’écart de trois buts à la mi-temps n’éteindra pas l’enthousiasme des Hoops. Sous l’impulsion de leurs ultras, la seconde période reprit sous les encouragements, et même quelques brèves envolées vocales mémorables. Sur le terrain, rien n’y fera. La supériorité des hommes en noir est indéniable. Quand la performance sportive tourne à la débâcle, on se raccroche à ce qu’on peut. C’est ainsi que le jeune arrière droit Anthony Ralston, du haut de ses 18 ans impertinents, devint le héro du soir, agressif et rageur à chacune de ses interventions sur l’icône brésilienne. Odieux et rageux pourraient également le qualifier, selon le côté où l’on se place. Ses supporters ont apprécié l’attitude, les vivas de la foule célébrant chacune de ses interventions, l’invitant à encore plus de fougue pour sa prochaine, ce qu’il ne manqua pas…

En souvenir des Lions de Lisbonne

Le score eu tout de même, sur l’ensemble du match, un effet soporifique. Hormis à la Green Brigade, nous eûmes droit à de longs silences du reste des travées. Des hauts et des bas. Un bouffon du royaume, visiblement éméché, nous gratifia même de sa visite, faisant fi de passifs stewards pour fouler de son pas incertain la sainte pelouse. D’abord le bouffon fit sourire. Puis, devenu belliqueux, il enragea le stade. Une tentative de balayette sur le jeune prodige parisien ne fut pas du goût des fans écossais. Un tollé tomba sur lui. Shame On You. Escorté hors du terrain par une dizaine de stewards, certains supporters des Bhoys tentèrent de l’atteindre à coups de poing. Nous passâmes à deux doigts d’un lynchage public. On ne badine pas avec le Fair-Play à Celtic Park. Les bouffons n’y sont pas les bienvenus.

Vingt-deux ans après la victoire 3 – 0 des coéquipiers de Patrice Loko et Pascal Nouma, l’addition fut donc encore plus salée pour cette seconde édition. A Paris, on ne plaisante plus avec le Champions League Project. Le « Oh Ville Lumière » et son tendu d’écharpes peut raisonner dans le parcage parisien sur un air bien connu des locaux. Les fleurs écossaises ont ce soir là fané. Alors on se remémore les heures glorieuses. Cinquantenaire oblige. La 67ème minute du match fut l’occasion d’un bel hommage, des milliers de téléphones portables scintillants en souvenir des Lions de Lisbonne. Quand l’histoire prend le pas sur le présent, l’avenir est incertain.

Les tribunes se vidèrent fortement lors des quinze dernières minutes. Même à Celtic Park on n’échappe pas à ce fléau des stades modernes. Peu furent les fans écossais assis encore sur leur siège lors du coup de sifflet final. Malgré le score, malgré ces passions aseptisées, malgré les différences, certains supporters écossais ne faillirent pas à leur réputation. Après la fin du match, quelques-uns parmi le peu encore présents dans la Lisbon Lions Stand s’approchèrent du parcage parisien pour échanger écharpes, chants et applaudissements avec leurs homologues parisiens. Même si le nombre de fans du Celtic étaient assez restreints, il est soulageant de constater que toutes les coutumes locales n’ont pas disparu, et agréable de voir que beaucoup de glaswégiens présents étaient assez jeunes. La relève a des valeurs.

« I hate Celtic. Thank you for tonight. »

Sortis du stade, retour en centre ville à pied par London Road, la pluie s’étant légèrement calmée. J’y croise des policiers, mi sérieux, mi hilares. L’un d’eux m’apostrophe. Je comprends qu’il me parle de Neymar et de la déculottée que nous venons d’infliger au Celtic. Il est souriant, heureux, moqueur et finit par m’avouer « I’m Rangers fan. I hate Celtic. Thank you for tonight ». Mon sourire n’était pas aussi étincelant que le sien.

Ce soir du 12 septembre 2017, en sortant de Celtic Park, je suis content d’avoir découvert cette ville, ce quartier, ce stade. Je suis soulagé aussi, j’ai réalisé un de mes rêves, j’ai visité un des rares stades où je m’étais promis de venir un jour. Cherry On The Cake, ce fut pour un match du Paris St-Germain. J’aurais juste souhaité que nos joueurs soient moins impitoyables afin que le score soit plus accroché, tout du moins en début de match. Une ouverture du score écossaise ou une égalisation ne m’aurait pas déplu. Vivre l’enfer de Celtic Park. Le You’ll Never Walk Alone fut bien-sûr un beau moment.

Rabat-joie que je suis, je l’ai toutefois trouvé trop automatique, trop aseptisé. Je l’aurais voulu plus passionné, plus spontané. J’aurais aimé l’entendre résonner pendant le match, à la fin, lorsque les Bhoys avaient perdu leurs espoirs tout comme leur fierté. Le You’ll Never Walk Alone sur fond de sono du stade avant le match n’est qu’une promesse. En fin de partie, à 0 – 5, il aurait du être une réalité. Au lieu de cela, la majorité des supporters écossais furent de simples spectateurs et vidèrent les travées avant la fin sans un regard derrière eux. C’était pourtant le moment opportun pour ne pas abandonner et soutenir leur équipe. Au lieu de cela, rien. La claque était trop forte. La promesse s’était évanouie.

« Quand vous marchez, à travers une tempête, gardez la tête haute,
Et n’ayez pas peur de l’obscurité,
A la fin de l’orage, il y a un ciel doré,
Et le doux chant argenté d’une l’alouette,

Marchez à travers le vent,
Marchez à travers la pluie,
Bien que vos rêves soient jetés et soufflés,

Avancez, Avancez avec un espoir dans le coeur,
Et jamais vous ne marcherez seuls,
Jamais, Jamais vous ne marcherez seuls… »

Francis & Xavier #4

Dans cet ultime dialogue, Francis et Xavier développent, non sans divaguer, leurs visions respectives du monde. Ils atteignent ainsi le point focal et transcendantal de toute recherche intérieure : la vérité ; et le bras posé sur le zinc,
ils entrent dans la Matrice…


Francis : Salut Xavier !

Xavier : Salut Francis, ça baigne ? (à voix très basse)

Francis : Bah ouais, et toi ? Pourquoi tu parles tout doucement ?

Xavier : Parce qu’il va nous entendre ! Parle moins fort !

Francis : Qui ça ?

Xavier : Un mec… C’est une histoire de fou, laisse tomber !

Francis : Bah raconte…

Xavier : Attends, c’est beaucoup d’émotion… On va s’en jeter un petit dans le gosier. (Xavier adresse discrètement un signe au barman.)

Francis : Allez, vas-y !

Xavier : Simple, l’autre soir j’étais en train de smurfer sur l’ordinateur.

Francis : Surfer ?

Xavier : Bon, là, j’ai tapé « PSG Xavier Gravelaine » parce que bon je voulais voir un peu ce qui se passait autour de mon héritage, tout ça. C’est important…

Francis : Tu m’étonnes ?

Xavier : Et là, je tombe sur un site qui s’appelle « Virage Paris »… le mec qui fait ça il s’appelle Cavalier.

Francis : Je connais ! Je t’en ai parlé la dernière fois. Il a interviewé pleins de joueurs, même Vincent Guérin.

Xavier : Peut-être, mais bon, j’écoute pas toujours ce que tu dis…

Francis : …

Xavier : Et là, patatra, accroche-toi bien mon Francis, je fais une découverte : y a un mec qui écrit des articles sur nous, dis donc ! T’y crois ça ?!

Francis : C’est pas vrai !

Xavier : Parle moins fort !

Francis : C’est pas banal !

Xavier : Il recopie nos conversations !

Francis : Comment ?

Xavier : Je sais pas…

Francis : Quoi ?

Xavier : Le mec répète tout, mot pour mot ! C’est ça que je comprends pas !

Francis : Nom de Zeus !

Xavier : Bah ouais.

Francis : Mais attends… Il répète tout ? Tout ? Même qu’est ce que je dis au téléphone ?

Xavier : Mais non, tout qu’est ce qu’on dit quand on est ici, au bar… Sûr que c’est un enfoiré qu’est caché là, quelque part, avec son nictaphone.

Francis :…

Xavier : Pour moi, faut pas chercher minuit à quatre heures, je me suis fait espionner. Et j’ai identifié les coupables !

Francis : C’est qui ?!

Xavier : Simple ; ou c’est les Gitans ou c’est les Qataristes !

Francis :… Hein ?

Xavier : Les Gitans à cause d’Andy Delort ou les Qataristes à cause que je suis une légende du PSG, je leur fais de l’ombre…

Francis : T’y vas un peu fort, là.

Xavier : Bah pourquoi ? Vas-y toi, Môssieur Yasser, explique-moi, je suis tout huître !

Francis : A mon avis, c’est plutôt un gars qui imagine nos conversations. C’est tout…

Xavier : Et ben voilà ! N’importe quoi ! Comme d’hab’ ! Et comment qu’il peut savoir qu’est ce qu’on dit EXACTEMENT, au mot près ? Hein ? Le mec, je le connais ni d’élève ni d’avant.

Francis : Ah ouais c’est vrai… Bah, je sais pas…

Xavier : Bien sûr que tu sais pas ! Tu parles en l’air ! Si on t’avait demandé ton avis pour Barca-PSG t’aurais été le genre à dire : « mais oui, bien sûr, on va gagner »,… N’importe quoi ! Un vrai technicien du foot, il sait très bien que c’était perdu. Moi, je l’avais senti par l’avance.

Francis :… Ah oui ?..

Xavier : Et ouais ! Sauf que personne est venu me demander ce qui fallait faire. En même temps, je peux pas être au feu et au moulin, parce que là j’ai beaucoup de travail avec Caen.

Francis : Pour préparer la descente…

Xavier : Attention Francis, commence pas… Et change pas de sujet, on parlait de Barca-PSG.

Francis : Emery, il a du métier quand même. Là, il s’est planté, mais faut pas exagérer… Même si c’est pas sûr qu’il est là la saison prochaine. Après, si y a besoin de quoi ou caisse, moi je suis toujours prêt à donner un coup de main…

Xavier : Que soit-disant le PSG allait mieux en janvier ! Y en avait de belles : et Môssieur Emery ceci et Môssieur Emery cela ! Comme quoi le PSG va très bien avant Barcelone !

Francis : Si, Señor !

Xavier : Tu parles espingoin, toi ?

Francis : Un pochettino…

Xavier : Ça tombe bien parce que j’ai des questions, vu qu’on comprend rien qu’est-ce qui dit en français. : Señor Emery, donde esta el championnat por favor ? In la pochetta ?

Francis : Nó !

Xavier : La quinta del championnat por favor ?

Francis : (Francis tente une imitation d’un accent espagnol) Dossième !

Xavier : E donde esta la liga del champignones ?

Francis : (Tentative complémentaire d’imitation d’un accent espagnol) Eliminassionesse quar dé finalesse…

Xavier : Hé ben voilà mon Francis ! Tout est dit. Ils avaient gagné 4-0 à l’aller, avec la matière en plus, et paf !, les gars y sont rentrés la queue entre les jambes. 6-1 !

Francis : Vrai !

Xavier : Suarez, son but, il marque à la vitesse de l’équerre. Après Kurzawa, laisse tomber. Rabiot, pareil à lui-même… Et pis Cavani, c’est plutôt un bon joueur. Beau but. Je préfère même pas dire qu’est ce que je pense du placement d’Aurier sur le dernier but…

Francis : Cavani, c’est 49 buts cette saison… Il est plus que bon, il est extraordinaire !

Xavier : Ils auraient du se battre ! Si ça avait été moi, ça aurait tourné au pygama ! Je me serais jeté sur tous les ballons ! Comme un mort-dauphin ! Fallait pas se laisser faire ! Voilà mon analyse… J’espère que le mec de Virage va pas la recopier parce qu’elle est profonde quand même. Et normalement, je facture.

Francis : Moi, personne me demande ce que je pense du foot. Pourtant, j’ai beaucoup appris avec Luis.

Xavier : Tu sais mon Francis, on devient pas un des meilleurs présentateurs sportifs de France en quelques semaines, surtout toi. Il faut un talent…

Francis : C’est bien payé en plus…

Xavier : C’est vrai ! Mais le talent ça se paye, et comme je dis toujours : tout travaille mérite sa mère.

Francis :…

Xavier : Mais bon voilà, c’est la vie, hein. C’est fini l’histoire de Barcelone, y a eu plein de choses depuis. Moi, je suis au rythme de l’actu tu sais, je vis à cent à l’heure !

Francis : Comment tu fais ?

Xavier : Grâce à mon téléphone ! Tiens là, regarde : y a des mecs qui font des recherches pour greffer des foies de porc sur les gens. J’aime bien la SVT, j’avais toujours des bonnes notes. Si j’étais pas footballeur, j’aurais devenu prix Nobel, j’aurais cherché des trucs.

Francis : Je connais pas tout ça.

Xavier : Bah ouais, mais moi, je suis dans le présent. Et toi, Francis, t’es encore à l’âge de pierre ! Toi, t’as un 33 10 je suis sûr ! Tu joues au snake !

Francis : Pas du tout, j’ai un Iphone…

Xavier : Ouais bref, je passe du coq à light. Je peux te dire qui s’en passent des choses, crois-moi. Regarde, c’est incroyable quand même toutes ces histoires avec les mecs qui ont des turbans, là…

Francis : Les Hindous ?

Xavier : Mais non… Ils ont des barbes, ils sont méchants. Attends, comment qui s’appellent…

Francis : Les fakirs ?

Xavier : Non… Ah comment qu’on dit ?.. Les salamistes !

Francis : Les salafistes ?

Xavier : C’est ça, les salsifistes…

Francis : …

Xavier : C’est des fous. Maintenant, ils viennent sur le foot. Y avait eu le Stade de France le 13 novembre et puis là y a le bus de Dortmund. Un beau bus de marque allemande comme ça, quel gâchis ! Crois moi que j’aimerais bien le même à Caen… Ils respectent rien, ces gars-là !

Francis : C’est un sujet sensible, Xavier. Faut faire gaffe à qu’est ce qu’on dit. Moi aussi j’ai peur, tu sais. Tout le monde a peur.

Xavier : Moi, j’ai pas peur, je suis un rebelle. Comme dans ma série avec le mec à moto qui a une queue de cheval.

Francis : … Lorenzo Lamas ?

Xavier : J’ai peur de rien !

Francis : Tu sais, dans certains coins du monde, le respect des règles de sécurité, c’est important. Il faut faire avec, apprendre à vivre avec. Et même, je pense, il faut relativiser…

Xavier : Ah ouais ?

Francis : Il faut apprendre à voir la vie du bon côté aussi ! Regarde, par exemple, moi : je suis ruiné, mon hôtel est en faillite, j’ai les chicots de travers et ma femme a pris trente kilos,… et la pire des nouvelles c’est que la vie continue. Donc, j’essaie plutôt de voir la moitié pleine du verre.

Xavier : Ah ouais quand même… C’est bien comment tu parles mon Francis. Moi, je suis un numadiste.

Francis : Un humaniste ?

Xavier : Je suis pour l’ouverture et l’intolérance.

Francis : La tolérance ?

Xavier : En fait, je suis un citoyen du monde au niveau de la Normandie quoi. C’est quelque chose quand même.

Francis : …

Xavier : Enfin bon, on discute, on discute, mais avec toutes ces histoires, là, de Virage, tout ça, bah je suis désolé, mais…

Francis : Mais quoi ?

Xavier : Je t’ai déjà dit, je suis devenu un retable dans l’ouest de la France…

Francis : Et donc ?

Xavier : On peut pas trop nous voir ensemble en fait… enfin tu comprends… les gens ne doivent pas savoir.

Francis : … Sympa…

Xavier : Tu sais, je t’aime bien mon vieux, mais on joue plus dans la même cour. Tu vois ce que je veux dire. Allez, je t’offre le premier verre. Adios ! (Xavier jette un billet sur le bar, adresse une petite tape sur la joue de Francis et sort.)

Serge & Adrien

Barcelone a été un vrai coup de massue pour tout le monde. Chacun d’entre nous avons nos propres stratégies pour gérer l’échec : certains méditent, d’autres se plongent à corps perdu dans leur travail, d’autres encore ruminent, etc… et quelques-uns se perdent… Babtou fragile un jour, babtou fragile toujours.


Dans les environs d’Aulnay sous Bois, un homme râblé avec de grosses cuisses sort d’un 4×4 puissant. Immédiatement, il s’engouffre dans un lieu de restauration rapide spécialisé dans la préparation de viande savoureusement épicée puis grillée à la broche, communément désignée sous le nom de « kebab ».


Serge : Chef !?

Serge : CHEF !

Serge : HOOOOO ! Y A QUÉQU’UN ?

Le restaurateur : Oui oui… Bijour ! Salate, toumate, ougnon ?

Serge : Ouais !

Le restaurateur : Souces ?

Serge : Non.

Le restaurateur : Frites ?

Serge : Ouais, et un Fanta aussi. (Un Beat de Rap hardcore retentit, émanant d’un téléphone intelligent) Allô ? Allô ?

Le restaurateur : Fonta ourange ? En ou djou ?

Serge : Un, chef ! A emporter.. Allô ? Allô ? Mouss, c’est toi ? Hé, c’est qui !?.. Oh Chef ! Tu fais quoi, là ?

Le restaurateur : Quoi ?

Serge : BLINDE EN FRITES !

Le restaurateur : Mi coument ? Boucoup frites !

Serge : Mets bien les frites, c’est tout !.. Allô ?.. Adrien ? C’est toi ? Tranquille, mon frère ?..


Quelque part dans les Yvelines, un homme avec la tête d’une personne des années 1950 a été puni par sa mère. Obligé de consommer dehors ses morceaux de viande frits à l’odeur pestilentielle, il souhaite entrer en communication téléphonique avec un collègue.


Adrien : Serge ? Vous dérangeasse-je ?

Serge : Hein ?

Adrien : Ah putain ! Desolé Serge, j’étais en mode Versailles.

Serge : T’inquiète Khouya, t’es mon gars sûr.

Adrien : Si si, refré !

Serge : OKLM mon frère…

Adrien : Ouais ouais… Thug life !

Serge : Hé ! T’es encore en train de buger là ! Mais à l’envers !

Adrien : Ah ouais, trop golo-ri.

Serge : On dit golri…

Adrien : Ouais golri !

Serge : Tu fais quoi ?

Adrien : Al ?

Serge : Bah oui, maintenant quoi ?

Adrien : T’as vu frère, j’ai réussi à dire al correctement !

Serge : Chauuuuuuud ruya ! Truc de ouf ! C’est vrai que t’as pas mal galéré.

Adrien : Trop content ! Trop content ! Bon al t’as vu je suis en train de m’entraîner à manger du poulet frit !

Serge : Quoi ?.. Attends steuplé. Une seconde… Hé, chef, allez, là !!!! C’est un keugrè ou une oeuvre d’art ?.. De quoi Adrien ? Tu t’entraines à manger quoi ?

Adrien : Du poulet frit mon frère, j’en suis à mon cinquième seau cette semaine !

Serge : Quoi ?! Hé mais c’est mauvais pour la ligne mec !

Adrien : Mais non t’inquiète, je gère !

Serge : Que de la merde ! Tu gères quoi ?

Adrien : La digestion surtout. C’est pas facile… Bon là, j’ai commandé un autre seau pour demain matin. Je vais le féréchau au micro-onde. Maman va légueu mais je suis un nommebo, pas une face de craie à cul faible !

Serge : …

Adrien : Hun hun ! Je me fais respecter maintenant, j’ai la crédibilité !

Serge : Adrien, stop. Stop tout…

Adrien : De quoi ?

Serge : Ho, Chef ! Je vais manger sur place en fait !

Adrien : Serge ?

Serge : Adrien, stop. J’aurais du te le dire direct la fois où t’es venu avec des locks. Déjà là, t’es parti très très loin. ! Même les mecs de CFA ils ont taillé.

Adrien : Comment ça ?

Serge : Reste comme t’es, t’es très bien ruya… Comment dire ? T’as pas besoin de porter des Nike Air ou une banane Lacoste en bandoulière, plus personne fait ça. Tu comprends ?

Adrien : Qu’ouïs-je ?!

Serge : Adrien ?

Adrien : Qu’accoustis-je ?! Sabre de bois !

Serge : …

Adrien : Diable ! Diantre !

Serge : ADRIEN ! Respiiiire !

Adrien : Oh putain ! Qu’est ce qui m’a pris ?

Serge : Arrête de faire ta fiotte comme Laurent Blanc mec !

Adrien : Je comprends pas man, t’es en train de me dire que je suis pas un Bounty Killer de la Street !

Serge : Ecoute Adrien, on est tous qui on est. SAUF MOI ! Moi j’aime pas quand une salope de flic me met son coude sous le nez ! Les mecs savent pas qui je suis !

Adrien : Serge, c’est quoi le lirdé là. Avec ma chaine Tony Pliz j’envoie du lourd dans le togué.

Serge : Où ça ? Au Château de Versailles ?

Adrien : Mais non… partout quoi !

Serge : T’envoie rien du tout ! T’as une tête de boloss ! Même Chantôme fait plus reup que toi ! J’essaie de t’arranger la sauce là ! Je sais plus comment te dire mais… Par exemple, écoute, c’est vrai que j’aime bien le poulet frit et tout, j’aime pleins d’autres trucs aussi… T’es pas obligé de faire livrer des wings chaque fois qu’on fait une soirée. J’aime bien la shisha aussi.

Adrien : Moi aussi, de ouf ! C’est michto !

Serge : C’est michto ? T’as trouvé ça où ?

Adrien : Juste au moment où je commence à bien gérer tu me tacles à la jeuguor. Je croyais qu’on était des gars sûrs l’un pour l’autre.

Serge : Mais, oui, t’es mon gars sûr, frère. Ce que je veux te dire c’est qu’on est pas en NBA. T’as pas besoin de lépar comme Eddie Murphy pour percer dans le foot. C’est difficile de s’adapter quand on vient d’un autre monde mais là tu manques de respect à tous les Bros !

Adrien : Soit plus précis Serge !

Serge : Juste mec arrête tes conneries. Arrête de raconter que t’as un oncle camerounais, personne n’y croit ! Mon avocat que je vois souvent en ce moment me le dit tout le temps : tout le monde veut être à notre place, être nous, des joueurs du PSG ! Et toi, j’sais pas, tu veux être une autre personne !

Adrien : T’es en train de dire quoi sur mes ancêtres là ?

Serge : …

Adrien : Yo Serge, arrête de faire le jbeb ! Pose tes youk sur le terter et dis ce que t’as à dire !

Serge : On dit des yekous !

Adrien : Vas-y mon colon, crache-la ta valda, j’ai les esgourdes en 4G.

Serge : Qu… Les quoi en 4G ?! Tu parles dans quelle langue mec ? Qui êtes-vous ?

Adrien : J’ai lu un livre, « Parle comme un titi parisien du XXIe siècle ». Change pas de sujet, Serge, je suis sérieux !

Serge : Bon Adrien, je suis peut être pas le mec le plus expérimenté sur le sujet mais là il faut que tu prennes du recul… J’arrive pas à croire que c’est moi qu’a dit ça !

Adrien : OK. Et quoi ?

Serge : On a tous eu du mal à digérer l’élimination contre le Barça. Franchement, c’était dur, et je suis passé par tous les états d’esprit. Mais, toi, Adrien, tu dois te reprendre, parce que tu racontes que d’la merde !
(Derrière Adrien, un chien aboie). T’as un chien ?

Adrien : Ouais mec, c’est Tyler Jackson, mon Pit !

Serge : Vas y laisse tomber !

(Serge raccroche)

20 secondes

C’est l’histoire d’un gars qui a vu 20 secondes de Barça/PSG.


Je pense être un homme bon, ou du moins pas trop mauvais.
Comme disait Oxmo, « je dis bonjour, bonsoir au crépuscule, j’ai le sens du respect, je m’excuse si je te bouscule ». Plus largement, j’ai la naïveté de penser que le bien a vocation à attirer le bien, qu’il est plus fort que le mal, que même sous les traits les plus détestables, il y a toujours une once d’humanité chez tout le monde, et que globalement tant qu’il y aura un second tour à des élections, on sera tranquille. (Jordi Alba a beau être une tchouin, je ne le déteste pas au point d’espérer qu’il se fasse renverser par un bus).

Alors je me permets de demander : « putain, qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ce qui s’est déroulé hier soir, retransmis en mondovision pour que la peine n’en soit que plus grande, et le fardeau plus lourd à porter ? »

Rappel des faits : 22h quelque chose, mardi 8 mars 2017.
Après avoir esquivé le match pour assister à un spectacle à Chaillot avec femme et enfant, me reposant sans doute sur la foi inébranlable que j’ai dans mon équipe locale, en visite à Barcelone, je re-navigue à travers Paris en me forçant à ne pas regarder vers les terrasses pleines à chaque feu rouge, j’ai éteint la radio de la voiture, et je crois bien que mon téléphone est toujours en mode avion. Je n’ai fait preuve d’aucune suffisance jusqu’au jour du match, je me suis abstenu de fanfaronner type « on va les éclater même au retour », je me suis tout juste laissé aller à appeler un second match d’anthologie, avec une pluie de buts équitablement partagés.
Arrivé en bas de chez nous, le nain dort, il ne reste qu’un troquet bondé à esquiver pour rallier la maison. Je l’extrais de la voiture, le charge, et sa tête reposée sur mon épaule droite me fait dire avec un clin d’œil à ma femme qu’ainsi je ne pourrai pas voir le score à travers les baies vitrées du bar.
Ouais.

Assister à un attentat silencieux

A quelques mètres de la terrasse, la tension est palpable, je m’étonne même que le match ne soit pas encore terminé, et là, je commets l’irréparable…
Pause d’un instant, zoom et mise au point sur le bandeau du score sur l’écran le plus proche, je me dis qu’on a dû se faire expulser des joueurs, comprends à la seconde que c’est chaud les marrons mais toujours bon, petite vérification de la pendule qui annonce 94 minutes bien tassées, ballon casse-croute renvoyé en dehors de la surface parisienne, éructation d’un buveur de binouse « bien joué Marqui ! », re-ballon dans la boîte, et scène d’horreur en direct, update du score cumulé et frisson dans l’échine, l’impression d’assister à un attentat silencieux.

Mon pas suspendu un court instant reprend, je me dis que le mec devait être hors-jeu, qu’il ne faut pas que le petit se réveille ; je longe le restant de terrasse, juste assez longtemps pour entendre ça et là un fan de Barcelone, et pire, un de Marseille apparemment, se féliciter de la tournure du match, ce qui m’achève : le SIXIEME but du Barça a été validé, et Paris crée la sensation en étant la première équipe au monde à se faire sortir d’une compétition malgré un matelas de quatre buts d’avance.

La frustration est énorme, et la déception immense.

La simulation dégueulasse de Suarez

Au-delà du fait que la Champions League s’arrête pour moi dès le mois de mars, en plus une nouvelle fois contre ces fils de personne de barcelonais que je méprise au plus haut point, c’est le renversement si brutal de l’intense émotion, et génératrice de tant d’espoirs, du match aller qui me chagrine.
Cette impression d’avoir forgé des certitudes sur la bonne formule enfin trouvée par Paris, de la prise de conscience des joueurs, de leurs capacités et de leur force collective, de leur solidarité dans l’effort et de leur pic de forme physique pour voir venir les grosses échéances du printemps…. Tout cela s’est écroulé en quelques secondes.

Plus tôt dans la journée, j’avais mis en balance plein de souvenirs, entre le match à La Corogne, les choix tactiques de Fernandez et la faiblesse d’un latéral russe dont le nom m’échappe. Plus récemment la fin de saison de Lyon où ils ont fini à 8 points derrière Paris alors qu’ils étaient encore leader à huit journées de la fin.
J’imagine que face aux torrents de nouvelles horribles venant quotidiennement des quatre coins du monde, à la permanence d’informations anxiogènes distribuées par tous les supports possibles, je me suis pris à imaginer que l’improbable était néanmoins possible… Et puis j’ai repensé aux 4 passes décisives de Leonardo et au triplé de Rai un soir de fin d’été 97, sans même faire le parallèle avec l’impératif barcelonais d’hier, mais pour me rassurer sur le fait que Paris pouvait être le héros de la soirée, comme il le fut avec tant de panache et de maitrise au match aller.

Je n’ai vu que les buts depuis le coup de sifflet final, commentés par une paire de britanniques qui se demandaient en direct s’il y avait un quelconque contact sur Suarez, accusé plutôt de se « jeter au sol tout seul ». J’ai vu des stats en ligne qui racontent que Paris a fait plein de fautes et peu de passes, tout le contraire de Barcelone. On sait depuis le temps comment un adversaire du Barça au Camp Nou peut se retrouver avec un paquet de biscottes en un rien de temps, cela tient à un pressing haut et constant des locaux sur le corps arbitral, et ça s’est apparemment vérifié encore hier (voir la simulation dégueulasse de Suarez et la décision de péno suite à un signalement de l’arbitre de poteau).

Je ne méprise pas l’amour

Mes oreilles ont sifflé quand j’ai commencé à lire que Piqué avait esquivé un gros rouge au bout de 30 minutes, que Mascherano reconnaissait avoir fait faute sur Di Maria « mais que cela n’avait pas changé l’issue du match », et autres joyeusetés.
Sans même avoir vu le match, je sais et je sens que Cavani a représenté le combat et l’espoir, et que Thiago Silva a failli en tant que leader. Je garderai longtemps en tête ces quelques dernières secondes de direct durant lesquelles, au lieu de remonter sur le dégagement de Marquinhos, ils ont accepté collectivement le fait qu’il devait y avoir une dernière tentative de Barcelone, et les ont fébrilement attendus dans la surface. J’ai appris par la suite que Paris avait fait quatre passes seulement au-delà de la 85ème minute, dont trois sur des réengagements, ce qui dépasse de loin la fébrilité et laisse plutôt penser à une paralysie complète.

Le foot à ça de génial qu’il te permet d’atteindre par instants des états d’intense satisfaction, de plaisir sans filtre, et en plus de boire des pintes avec tes potes, à défaut de pouvoir aller au stade à chaque fois. Il y a trois semaines j’avais oublié pendant quelques instants que mon père se mourait depuis des mois, que j’allais avoir un autre gosse cet été, ou que la vie politique française est une immense farce depuis des années, mais qu’on est tenu d’y participer périodiquement.

A l’inverse d’Oxmo, je ne méprise pas l’amour, mais je dois reconnaître que c’est dur d’aimer encore quand on est déçu à ce point. Tel un amant trompé, je ne chercherai probablement pas à en savoir plus. Je ne regarderai pas le match que j’avais enregistré pour le regarder à froid, mais je le conserverai sans doute sans avoir le courage de l’effacer.
Mon pays est et restera Paris, mais mon pays est dévasté. Puisse ce match aider malgré tout le PSG à régénérer son effectif et favoriser l’émergence de nouveaux leaders, capables de s’assumer et de mener cette équipe vers le sommet. (Marco si tu nous écoutes, quand tu te seras remis…)

PSG-Barcelone

On m’appelle Rabiot les bons tuyaux. Moi mon truc, c’est de sentir comment un match va se dérouler. Rien que pour vous, voilà mes prédictions pour le choc PSG-Barça… Mais attention hein ! Ça reste entre nous !


-60’ : La compo du PSG est tombée. Paris se présente en un ambitieux 4-2-3-1, avec Javier Pastore en n°10, soutenu sur les ailes par Lucas et Draxler. Derrière lui se tiennent Matuidi et Verratti. Trapp garde les cages.

-20’ : A l’échauffement, Layvin Kurzawa croise le regard de Lionel Messi, et tombe en crise de catalepsie à l’idée de se faire manger tout le match. Il faut l’intervention du staff médical du PSG pour remettre l’arrière gauche sur pied. A tout hasard, Ben Arfa se tenait prêt à prendre sa place.

-10’ : La corbeille du Parc se remplit peu à peu. Zlatan Ibrahimovic est présent, mais ne sait pas trop quelle équipe encourager. Il est passé par les deux camps, et les considère tous les deux comme indignes de son niveau.

-2’ : Ronaldinho, qui trainait encore dans Paris depuis le coup d’envoi fictif donné au match contre Monaco (15 jours ne sont pas suffisants pour faire le tour des boîtes parisiennes), a consenti à remettre le couvert pour ce choc et se présente devant le rond central.

1’ : Première incursion barcelonaise dans le camp parisien, avec Lionel Messi, devant un Kurzawa toujours en état de choc. Alors que l’argentin fait une feinte de corps, le parisien se roule en boule et fait le mort. Heureusement pour le PSG, Blaise Matuidi intervient pour dégager le ballon en touche, et secouer Layvin.

5’ : Pastore touche son premier ballon. Unai Emery, le staff médical, le banc des remplaçants, le Parc des Princes, et Thomas Pesquet retiennent leur souffle… Il ne se blesse pas, le jeu peut se poursuivre.

12’ : Après une succession de 142 passes sans que Paris ne touche la balle, les barcelonais se disent que ce serait pas mal d’accélérer le jeu. Iniesta s’engouffre dans l’axe en faisant de Matuidi sa chose, évite le tacle de Verratti, et enroule sa frappe vers la lucarne de Kevin Trapp. Magnifique détente de l’allemand qui détourne en corner.

13’ : Les barcelonais jouent le coup de pied de coin à deux, mais alors qu’il se prépare à déborder, Rakitic voit arriver sur lui Blaise Matuidi, bave aux lèvres et yeux rouges. Paniqué, le croate se fait déposséder du ballon par le français, qui remonte rageusement la ligne de touche. Après un relai efficace avec Draxler, il parvient à centrer pour Edinson Cavani, parti depuis sa propre surface de réparation, et qui parvient à frapper le ballon de la tête au point de penalty. Hors cadre.

21’ : Verratti et Iniesta se livrent un duel à distance depuis le début du match portant sur le nombre de dribbles humiliants qu’ils peuvent placer à leurs adversaires. L’espagnol mène d’une courte tête, 9 à 7.

35’ : Neymar profite d’une montée infructueuse de Meunier pour partir en contre, efface Lucas, revenu défendre puis transmet à Suarez au point de penalty. A la lutte avec Kimpembe, l’uruguayen s’écroule. L’arbitre siffle penalty.

36’ : Une nuée de parisiens se rassemble autour de l’arbitre pour contester la décision, mais rien n’y fait. L’arbitre doit même renvoyer en tribunes Thiago Motta, suspendu pour cette rencontre, et qui était descendu sur la pelouse pour contester, par habitude.

37’ : Alors que Suarez s’avance pour tirer le penalty, il arrête sa course, semble distrait, et rate complètement son tir, qui s’envole dans les nuages. Les images au ralenti montreront clairement Motta, en tribune Auteuil, pantalon baissé pour déconcentrer l’uruguayen.

45’ : C’est la mi-temps, 0-0 à la pause. Sur beIN Sports, Laurent Blanc estime que c’est un bon score, pendant qu’Alexandre Ruiz lui demande poliment de bien vouloir quitter le plateau sur lequel il vient de faire irruption.

46’ : Très timide depuis le début de la rencontre, Julian Draxler se montre enfin, profitant d’une bonne récupération de Marco Verratti qui le lance en profondeur. Après avoir aisément effacé Sergi Roberto, l’international allemand centre fort à ras de terre pour Pastore qui a bien suivi le mouvement, et qui converti l’offrande d’un superbe intérieur du pied droit : 1-0.

47’ : Tout à sa joie, Pastore parcourt le terrain en largeur et veut faire une glissade pour célébrer son but, mais se prend le genou dans une motte de terre et doit être évacué sur civière.

48’ : Hatem Ben Arfa a enlevé son survêtement, et part faire un tour de terrain, en espérant qu’Emery décide de le faire rentrer. Ce faisant, il disparait du champ de vision de l’espagnol, qui se résout plutôt à faire rentrer Rabiot, et passer en 4-3-3.

53’ : Rabiot se distingue d’entrée de jeu en effaçant habilement Rakitic d’un dribble bien senti, mais se fait déposséder du ballon par Busquets, qui transmet aussitôt à Lionel Messi. L’argentin part à 100 à l’heure, laissant Matuidi sur place, dépose Kurzawa d’une superbe roulette avant de feinter une frappe devant Kimpembe et transmettre la balle à Suarez, seul au point de penalty qui marque sans trembler : 1-1

62’ : Coup de massue sur le Parc et sur l’équipe du PSG, qui accuse le coup, et devient de plus en plus fébrile, à l’image de Verratti, qui tente de dribbler Suarez devant sa propre surface et perd le ballon. Le buteur barcelonais efface Marquinhos d’un grand pont mais bute sur Trapp, bien sorti au-devant d’El Pistolero, et qui détourne en corner.

63’ : Trapp reste au sol, et semble blessé. Ben Arfa, qui vient de revenir de son tour de terrain, fait signe à son coach qu’il est disponible au cas où.

64’ : Areola fait finalement son entrée, sous les critiques des commentateurs de beIN Sport qui estiment qu’il a mis un peu trop de temps à enfiler ses gants.

65’ : Corner tiré sortant par Messi, Areola se décide à sortir pour s’imposer dans les airs, détourne parfaitement le ballon avec son poing, mais son genou heurte Iniesta, qui ne semble pas en mesure de reprendre la partie.

66’ : Luis Enrique, qui s’apprête à faire entrer André Gomes, demande à Emery de bien vouloir rappeler Ben Arfa qui s’était proposé, au cas où…

70’ : Fatigué d’entendre Ben Arfa supplier sur le banc de touche, l’entraineur parisien se décide à le faire rentrer à la place de Lucas, qui sort en courant à fond la caisse, pour anticiper le décrassage.

76’ : Première accélération de l’ancien niçois, qui efface habilement Jordi Alba, mais alors qu’il peut donner le ballon à Cavani complètement seul, il s’empale sur Samuel Umtiti, qui avait bien anticipé son dribble.

77’ : Contre éclair emmené par Alba, puis Neymar. Le brésilien efface Meunier d’une feinte de corps et sollicite le une-deux avec Rakitic qui lui remet le ballon en louche, mais au moment de frapper le ballon de la tête, celui-ci colle aux cheveux de Neymar qui a un peu trop forcé sur le gel, ce qui laisse à Areola le temps de se saisir du cuir.

79’ : Débarrassé de la concurrence d’Iniesta, Verratti en profite pour repasser devant lui au challenge du dribble le plus humiliant (13-12 pour le parisien), mais se fait sanctionner par Busquets d’une rugueuse semelle.

80’ : Panique au sein du staff du PSG, Marco Verratti reste à terre après ce contact. L’espagnol prend un carton jaune, et Unai Emery doit expliquer à Ben Arfa, qui se tenait prêt au cas où, que ce n’est plus la peine de demander à remplacer quelqu’un maintenant qu’il est sur le terrain.

81’ : Verratti se relève finalement, et récupère le ballon dans les pieds de Gomes avant d’humilier Sergio Busquets d’un râteau. Il transmet à Ben Arfa, qui trouve Cavani d’une passe lumineuse. L’uruguayen fait un contrôle trop long, mais qui se transforme en grand pont sur Gérard Piqué. Draxler a bien suivi et s’offre un face à face avec Ter Stegen, qu’il conclut d’un ballon piqué : 2-1

83’ : Les barcelonais poussent les parisiens dans leurs retranchements, et tentent de se procurer des occasions devant un bloc très bas. Alors que Rakitic s’apprête à frapper, il voit Matuidi sortir comme un fou sur lui et contrer sa frappe.

84’ : Le ballon repart en louche jusqu’à l’autre bout du terrain, où rôdait Edinson Cavani qui parvient à prendre de vitesse Piqué, mais qui rate complètement son contrôle, laissant le temps à Ter Stegen d’intervenir.

88’ : Panique dans la surface parisienne après le débordement de Messi ! L’argentin efface tour à tour Kurzawa, Kimpembe, Marquinhos, mais bute sur Alphonse Areola qui détourne du pied. Neymar a bien suivi, mais est fauché par Meunier : Penalty.

89’ : Messi transforme sans trembler. Thiago Motta, cette fois-ci positionné en tribune Boulogne, avait pourtant montré ses fesses, mais rien ne pouvait déconcentrer l’argentin : 2-2.

90’ : Sur l’engagement, Paris se projette immédiatement, et une superbe transversale de Verratti trouve Kurzawa qui centre instantanément pour Cavani, à l’entrée de la surface. Celui-ci frappe sans contrôle, le ballon finit en pleine lucarne : 3-2

90’+4 : Alors que les barcelonais font tourner, semblant se contenter de ce résultat en vue du match retour, Blaise Matuidi récupère le ballon après un duel rageur avec Gomes et décale aussitôt Draxler, qui redonne à Matuidi, qui transmet à Verratti, idéalement placé pour une frappe. L’italien préfère glisser à Cavani dans la surface qui frappe de toutes ses forces sur le poteau barcelonais. Mais le ballon revient sur Rabiot, qui tente sa chance, mais la balle rebondit sur Piqué, et manque de lober Ter Stegen, qui repousse comme il peut sur Matuidi qui a bien suivi et frappe. Le ballon, certes ralenti par le pied de Sergi Roberto finit tout doucement sa course au fond des filets. Le but le plus laid de l’histoire de la Ligue des Champions vient d’être marqué mais on s’en fout : 4-2

90’+6 : Coup de sifflet final, Emery est tout de même obligé de rappeler à ses hommes qu’il y aura un match retour.

90’+60 : Un membre du personnel du Parc vient réveiller Zlatan Ibrahimovic, qui s’était endormi, trouvant le match trop terne à son goût.

On y croit, ça parait presque crédible.
Après tout… Pourquoi pas ?

Francis & Xavier #3

Dans ce dialogue entre deux piliers de barre transversale, vous découvrirez, lecteurs, l’exigence philosophique constante vers laquelle Xavier Gravelaine et Francis Llacer tendent quotidiennement. Ces exercices spirituels se résument ainsi : si, comme il l’a dit lui-même, Ben Arfa lit Nietzsche et Socrate, eux picolent.

Francis : Salut Xavier ça roule ?

Xavier : Ouais, salut Francis, ça va, ça va, mais là je suis toujours en pétard, je suis comme une moule de nerfs !

Francis : Bah pourquoi ?

Xavier : Je peux te dire que faut pas me chercher des noix à cause qu’un mec qui roulait dans sa bagnole là, et paf !, il renverse mon VTT, ce connard ! Après, il recule dessus pour se garer !

Francis : Des pertes ?

Xavier : 400 balles chez Decathlon !

Francis : Ah les salauds !

Xavier : Un beau VTT en plus ! Et ça c’est 400 balles QU’ON PEUT PLUS METTRE DANS LE RECRUTEMENT OU LE MARKETING !!!

Francis : …

Xavier : Ça y est, je me remets à m’énerver… Je suis furax ! Allez on se jette un godet.
(Xavier dessine un V avec ses doigts, en direction du bar)

Francis : Qu’est ce que t’as fait alors ?

Xavier : A ton avis ! Ni nul ni deux, je débaroule et là heureusement les gars du centre d’entrainement m’ont retenu parce que j’allais le mettre à l’envers le mec.

Francis : OK ?

Xavier : Là, il commence à me faire : « Tiens, salut Xavier, ça va ? »

Francis : Tu le connais ?

Xavier : Que dalle ! Le mec je l’ai calmé direct ! Je l’ai pris entre quatre vieux et j’ai dit : « On se tutoie pas, j’ai pas gardé les cochons dans la même ferme » Il était séché ! J’ai cru que j’allais l’emplâtrer aussi mais bon j’ai des responsabilités dans la région : je suis devenu un retable…

Lucas, le mec a vingt-cinq piges, il est chauve

Francis : Tu m’étonnes ?

Xavier : Bon bref, je m’emporte et tout mais dans la vie y a plus grave hein… regarde Lucas, le mec a vingt-cinq piges, il est chauve.

Francis : Moi c’était pareil…

Xavier : Et toi, ça va ?

Francis : Ecoute, euh, là en ce moment…
(Xavier l’interrompt brusquement)

Xavier : Tiens, regarde, c’est Emery dans la téloche. C’est dingue, on comprend rien ce qui dit, comme ses choix de jeu, pareil, personne comprend rien.

Francis : Faut pas exagérer…

Xavier : Mais si ! En quelle langue ils parlent tous ? T’imagines les discussions, les transmissions de consigne entre Emery et Aurier ? Faut une thèse en languisme… Quand je pense à la belle époque au PSG, tout le monde se comprenait. Je jouais pas trop mais y avait pas besoin de faire Google Trad chaque fois qu’un mec ouvrait son four.

Francis : C’était une autre époque tu sais. Moi dans mon hôtel, j’ai des employés d’un peu partout, ça se passe bien.

Xavier : C’est pas ce que je te dis. L’équipe, elle s’appelle Paris-Saint-Germain y a que des Brésilos, le directeur du foot c’est un Batave à caravane et l’entraineur, c’est le père de Mafalda : désolé, mais faut m’expliquer.

Francis : Mafalda est argentine…

Xavier : Patrick Kluivert, c’est quoi ça ? (Xavier prononce Patrick Cui-verte)

Francis : … Kluivert ?

Xavier : Bah oui, Patrick Kluivert… Et Jésé, qu’est ce qui fout là ? (Xavier prononce Géçé)

Francis : … Jésé ?

Xavier : Bah oui, Jésé ! Pourquoi tu répètes tout ? T’as bu trop de perroquet ? (Rires gras aux alentours)

Francis : C’est pas ça le problème. C’est pas les joueurs qui viennent d’ailleurs, le problème c’est la cohérence…

Xavier : (Sifflement de Xavier) Ah, bah dis donc, mon Francis, là tu me débouches un pain… C’est vrai ! Pour la renforcer, aux gars, je leur dis qu’ils sont beaux, forts et tout ça, ça aide pour gagner. C’est une technique qui pourrait aider Emery, mais je préfère la garder pour moi. De toute façon il est nul, il va se faire virer.

Francis : Tu parles de confiance là ? Moi je te parle de cohérence…

Xavier : L’autre ! Dis donc, Francis, hein, il cherche la petite bête sur le bocavulaire… t’as fait l’école des polis techniques ? Je crois pas ! Moi ce que je te dis c’est que les gars du PSG ils pourraient être plus sûrs d’eux. Après, cohérence ou confiance ou mon cul sur la commode, c’est pareil !

Francis : Pas la peine d’être grossier, Xavier…

Xavier : Pourquoi ? Tu veux qu’on règle ça dehors, je t’ai dit que j’étais en boule aujourd’hui ! Attention, Francis, moi aussi je sais tacler, hein ! Moi aussi j’ai pris des cartons rouges dans ma carrière !

Francis : C’est bon, arrête…

Xavier : T’as vu ce que je lui ai fait à Papin !

Je connais pas le droit uruguayen,
crois-moi, je connais bien le droit du divorce.

Francis : Laisse tomber… (Francis se dirige vers les toilettes)

Xavier : Ouais c’est ça, va aux toilettes, je m’en fous moi, le mec qui me cherche il me trouve. Quand je perds le contrôle je deviens une machine à tuer ! Faut pas me chauffer !!!

Une voix forte derrière le comptoir : « OH ! T’arrête de gueuler non !, et puis les ardoises c’est terminé, donc on passe en caisse !

Xavier : (Fielleux) Ah oui, Gégé, pas de problème, désolé pour le bruit, hein, j’ai les oreilles un peu bouchées…

Francis : Bah qu’est ce qui se passe ?

Xavier : Rien, le patron est furax parce que t’as pas réglé ton ardoise. Un vieux travers…

Francis : Très drôle… comme si tu n’en as pas.

Xavier : Du coup, ça me retombe sur la gueule. Mais t’es pas le seul, tu sais, à avoir des problèmes avec le fisc : Cavani avec son divorce, il va prendre cher.

Francis : T’es spécialisé en droit uruguayen ?

Xavier : Le voilà qui se fout de ma gueule… et si je te disais que oui, t’aurais bien l’air bien con. Même si je connais pas le droit uruguayen, crois-moi, je connais bien le droit du divorce.

Francis : Sinon, t’as vu en Ligue des champions ? Qu’est ce que tu penses de leur parcours ?

Xavier : Je sais pas mais bon le Barça voilà quoi. Moi ce qui m’a choqué vraiment c’est le match à Montpellier il y a quelques semaines.

Francis : 3-0, ça fait mal. C’est dur.

Xavier : Ah ouais, ça a mis en évidence ce que je dis depuis le début mais que personne m’écoute : le milieu est pas au niveau. Les gars, ils sont pas là. Et Ben Arfa, c’est quoi ce sketch ? On nous dit pas tout.

Francis : Comment ça ?

Xavier : Tiens, écoute ça. Mon avis c’est que Ben Arfa a un deal avec Emery. Il joue pas tant qu’il est pas en forme. Du coup, il reste sur le côté à rien faire.

Francis : J’ai lu ça sur Virage.paris aussi mais c’était dans la bouche de Fabrice Pancarte.

Xavier : Virage quoi ? C’est quoi ces conneries ?

Francis : C’est un site internet. Laisse tomber…

Xavier : Crois moi si on lisait toutes les conneries sur l’internet on passerait son temps à ça.

Francis : Peut-être mais Fabrice Pancarte c’est ce qu’il a dit…

Xavier : Et puis derrière ils font 2-2 face à Yougorets…

Francis : Lugorets…

Xavier : Non on dit Yougorets parce que c’est en Yougoslavie. Et puis, Di Maria qui fait le con avec ses mains à dessiner un coeur… c’était inrécent…

Francis : Tu m’étonnes ?

Xavier : Et puis de toute façon, la Ligue des Champions c’est surcoté.

Francis : Je l’ai joué moi !

Xavier : Bah ouais…