Humeur

Vive le PSG Virage Paris

Le PSG est mort, vive le PSG !

Une fois n’est pas coutume, voici un papier qui ne va pas plaire à tous les supporters du PSG… Comme un but contre son camp, il fait mal. Pourtant le match n’est pas terminé, il y a encore moyen de rattraper l’erreur et de remporter
la victoire avec la beauté du geste et l’esprit du sport.


J’étais supporter du PSG dès 1976, oui, j’étais… supporter du PSG et d’un certain état d’esprit du football, celui d’une époque aujourd’hui révolue. Oui, je ne suis plus supporter. On peut me vouer aux gémonies que cela ne changerait rien. Je ne me reconnais pas dans le PSG d’aujourd’hui, le Quatari SG. Déjà quand Messieurs Lagardère et Tapie mirent les pieds dans le football en tenant dans la main un grand chéquier, les puristes, les poètes du ballon rond comprirent que le football prenait une mauvaise tournure. Nooon, je n’ai pas oubliéééé que ce sont ces millions qui nous ont retiré Luis, le fils prodige. Le foot business commençait à poindre son nez avec ses travers. Par la suite il y eut l’arrêt Bosman, la coupe d’Europe des clubs champions déclinée en Ligue pour favoriser les clubs les plus riches et abolir le tirage au sort intégral, faire disparaitre les résultats surprises et restreindre le football européen à 5 pays, grosso modo. En résumé, l’argent a en partie aboli le charme du football.

Virage PSG
Avec Mouss © Collection personnelle

Elle est belle et bien disparue cette époque où le PSG avait à la fois une âme et des joueurs de grands talents, n’en déplaise à Ibra ou Neymar. Oui, qui n’a pas connu Pantelić, Piazecki, M’Pelé, Humberto, Dahleb, Pilorget, Fernandez, Rocheteau, Surjak, Sušić, Kist, Alves, Weah, Valdo, Ginola, Raì, et j’en oublie forcément, ne peut pas comprendre. Pour moi le PSG c’est Paris ET Saint-Germain, mais c’est aussi le Camp des Loges, pour la mémoire du club, non Ooredoo pour des raisons de marketing. C’est encore Bébel ou Enrico dans les tribunes, de vrais mordus du ballon rond, et des gavroches comme mes potes qui, à la mi-temps, se faufilaient de la tribune Boulogne à la tribune présidentielle sans se faire refouler. Une autre époque vous dis-je. Avec mes camarades nous allions au Parc en métro et revenions chez nous à pieds, de la porte de Saint-Cloud au Marais, qui était un quartier populaire et non Bobo (les temps ont décidément changé). Là, à minuit, on refaisait le match en tapant dans une bouteille en plastique ou une boite en carton au milieu du marché des enfants rouges. Plus tard on se dépêchaît de rentrer pour voir les résumés des matchs que présentait Pierre Cangioni à Téléfoot (mais si mai si…).

Certes, ma nostalgie ne sert pas à grand chose, si ce n’est à rendre hommage à d’illustres inconnus : fils d’ouvriers, fils de concierges, de commerçants qui peuplaient le Marais et d’autres quartiers de Paname et qui se rendaient au Parc les soirs de matchs par amour du foot et par amour du PSG. Cet article c’est aussi pour dire merci et rendre hommage à Francis Borelli, à Moumousse, à Luis, à Doumé, à ceux qui ont fait la beauté et le romantisme du football français. Oui, les mots ne sont pas trop forts. La beauté ! La poésie ! Car, tout comme notre rugby avait le French Flair, notre football avait à cette époque la beauté du geste (l’épopée des verts, celle de Bastia, la bande à Hidalgo, etc…).
Le geste ? Un série de dribbles de Dahleb, une envolée de Doumé, un réflexe de Joël, un retourné de Simba, un baiser de Borelli à la pelouse du Parc, un port de balle altier de Sušić, une frappe pure de Bathenay, un double crocher de Rocheteau, et Toko qui “en a marqué de bien plus beau que ça”… La beauté de la parole associée à la beauté du geste.

Virage PSG
Avec Adams © Collection personnelle

La beauté du geste était également présente au Camp des Loges, je me souviens de Jean-Pierre Adams qui faisait des grimaces en tenant par l’épaule le gamin que j’étais (j’ai la photo), Moutier qui acceptait de discuter avec nous allongés sur l’herbe, ou encore Dahleb qui disait à mon ami Malik “tes parents sont de Malmoe non ? ”, une blague entre Kabyle quoi. La beauté du geste c’était Ginola, qui en bleu au Parc, contre la Bulgarie s’il est besoin de préciser, a préféré centrer plutôt que de gagner du temps, il a joué et on a perdu, perso je ne lui en veut pas, il était dans l’esprit du jeu, bravo l’artiste ! Sincèrement. Enfin la beauté du PSG, c’était Lemoult qui arrivait à l’entrainement en Mob. La décroissance avant l’heure, ha ha ha ! Toute une époque j’vous répète.

Le PSG c’était des hommes de classe : Rocheteau, Pilorget, Brisson, Redon, des gens bien, des footballeurs respectueux de l’adversaire. Une qualité que je n’ai pas vu chez Ibrahimović, star de l’ère Quatari, notamment la fois où il simula un tir par arme à feu sur le banc toulousain. Déplorable image de l’ère du foot business !  Pour ces raisons-là, je considère que le PSG et le football en général sont morts. Quelle indécence de mettre autant de millions d’euros pour gagner le trophée européen ultime. L’éducation, la santé, l’environnement, attendent des mécènes, mais c’est le foot qui les attire.
Dans l’immédiat il y a les souvenirs Hechter, Borelli, Denisot et ils font du bien.
Toutefois, la vie étant un éternel recommencement, une révolution, un cycle, je sens poindre les prémices du renouveau. La Coupe de la Ligue n’existe plus, c’est un bon début. Je gage que la sagesse et la sobriété reviendront dans le sport et le foot en particulier, avec elles, la beauté du geste, l’esprit du sport et le PSG !


Michel Chalvet
amour du maillot virage psg

L’amour du maillot

Ah l’amour du maillot… Quel beau « concept » désuet que celui-là.
Car c
’est avec tristesse et amusement que je regarde les dernières infos liées au PSG. Mais il faut l’avouer surtout avec tristesse.


Je vois que notre Mamad, celui qui devait être le Maldini du PSG va peut-être aller à Lyon…Certes Chrystal Palace ce n’est surement pas ce dont il devait rêver quand il a quitté la maison mère pour Liverpool. On pouvait à l’époque s’étonner de le voir partir dans un club qui était alors loin d’avoir retrouvé son niveau d’aujourd’hui. Le banc y était plus confortable diront les plus perfides… Accepter le banc à Liverpool et refuser de se battre pour trouver sa place au PSG, tel était le choix, pour moi incompréhensible, qu’il a fait. A-t-il pensé que les dés étaient pipés ? Le salaire proposé par Paris n’était pas en rapport avec ses aspirations ? Bref, Mamad à Lyon je trouve ça triste… J’espère qu’il trouvera mieux que le club de guignol pour se relancer.

Parlons plutôt de notre club qui a repris le chemin de l’entraînement… 4 joueurs absents ne rejoueront plus jamais avec le maillot parisien. Deux bons espoirs, un belge et une légende. Adil Aouchiche qui clamait, lui aussi, haut et fort son amour du club il y a à peine 6 mois…quelles sont les raisons de ce départ ? Un manque de temps de jeux ? Le gamin a 17 ans…sa future destination nous en apprendra plus sur ses réelles motivations qui l’ont poussé à quitter son club de cœur… En amour les promesses n’engagent que ceux qui y croient.

Son compère de la formation le dénommé Tanguy Kouassi a décidé lui de partir au Bayern de Munich. Sans doute pense-t-il qu’il jouera plus de match en Bavière ? Contrat de 5 ans, avec à la clef surement une grosse prime puisque le joueur arrive gratuitement. Bref ne me parlez plus svp d’amour du maillot ou de reconnaissance envers votre club formateur. Ces considérations d’un autre temps. Bien sur il est difficile de faire des choix à 17 ans, alors on peut toujours dire que l’on peut regarder ce qui s’est passé dans le passé pour apprendre de ses ainés, même si on se croit toujours plus fort que les autres à 17 ans. A 17 ans difficile de dire non à un entourage ou à une grosse somme d’argent. A 17 ans on pense toujours que c’est mieux ailleurs, on est plein d’espoir…Nombreux sont pourtant les anciennes pépites ou simples joueurs à avoir regretté d’avoir quitté le PSG. Mais combien d’anciens joueurs sont dans l’organigramme du club pour inculquer aux nouvelles générations ce qu’est le PSG ? Pourquoi avoir supprimé l’équipe réserve ? Président, où en est le projet de former le nouveau Messi ?

Nous perdons aussi notre belge préféré, j’ai nommé Thomas Meunier, encore un joueur qui part libre… Il n’aura jamais confirmé les espérances nées de sa première saison, il restera comme un bon joueur, même si certaines de ses prestations défensives ne nous manqueront pas. Il n’est pas un défenseur dans l’âme et c’est ce qui à priori l’empêchera de passer au niveau au-dessus. J’attends de voir maintenant s’il « likera » les tifos des supporters de Schalke 04 ou ceux du Bayern ? Je plaisante. La question que l’on doit se poser aujourd’hui, c’est qui ? Qui pour le remplacer ? Dagba semble encore un peu tendre, même si personnellement j’ai beaucoup d’espoir pour lui et j’espère le voir grandir au PSG et y devenir un grand joueur à son poste. Espérons que lui aura plus la tête sur les épaules que d’autres espoirs parisiens à jamais perdus. Nous saurons si le départ de Meunier est une bonne ou une mauvaise chose quand nous connaitrons son remplaçant.

Puisque nous parlons des latéraux et des mauvaises nouvelles, comme toutes personnes saines au moins d’esprit et suivant le PSG, quelle ne fut pas ma surprise, que dis-je ma stupéfaction d’apprendre que le PSG proposait une prolongation à Layin Kurzawa ! Mais comment est-ce possible ? Enfin ce joueur arrivait en fin de contrat et on se propose de rattacher le boulet encore 4 ans ? Et en doublant son salaire ? Avec le Covid et le confinement, le premier avril a-t-il été décalé au mois de juin ?

J’en profite pour faire un aparté sur trois autres joueurs qui nous quitteront à la fin de la saison, mais qui ont accepté de la finir avec nous. Pour L’ami Rico, et le sympathique et improbable Choupo-Moting la décision a dû être simple à prendre. En revanche, quel courage il a fallu pour notre capitaine de ravaler sa fierté pour accepter de continuer jusqu’au bout sous des couleurs qui le rejettent. Lui qui clamait encore il y a peu sa fierté d’être devenu français, son amour pour Paris et le PSG, celui-là même qui défend nos couleurs avec son immense talent depuis 8 ans. Lui qui, à mon sens, vient de réaliser sa meilleure saison. Lui qui, pour moi, et personne n’a su me dire le contraire, est le meilleur défenseur jamais vu dans notre championnat.

Oui Thiago Silva est un monstre, oui nous allons perdre un monument. Et cette fois peu importe qui sera son remplaçant nous serons perdants à coup sûr. Les larmes coulent en pensant à Silva mais mon cœur saigne en pensant à Cavani. Que dire qui n’a pas encore été dit. Cavani, n’en déplaise à l’ami Jérôme Reijasse, m’a fait sauter de joie quand j’ai appris qu’il venait à Paris. Oui il est parti sous les sifflets de Naples, de ces sifflets qui sentent la douleur ressentie par tout un peuple de voir leur idole partir sous un autre maillot pour de l’argent. De ces sifflets qui indiquent à quel point l’amour était fort entre les napolitains et leur buteur. Cette même douleur que nous ressentons aujourd’hui en apprenant qu’il a refusé de finir la saison avec nous. Lui que j’ai toujours défendu pendant sept ans devant la bêtise et la mauvaise foi de certains, lui qui était l’icône du Parc, lui qui était soi-disant le contraire du méchant Neymar ou du mercenaire Mbappé, et bien c’est lui qui nous quitte par la petite porte, avant la fin.

Certains parleront de trahison, non je n’irai pas jusque-là. Par contre je parlerais de déception, oui. Peut importe que cela soit la décision de son nouveau club ou pas, on n’abandonne pas les siens au milieu de la bataille. Je sais, comme le dit Jérôme Reijasse dans son billet sur notre Matador « Il ne sert à rien de pleurer. CAVANI est parti » il faut regarder devant, mais comment imaginer qu’il ne mettra plus jamais notre maillot, qu’il ne viendra plus jamais hurler son « vamos » devant notre tribune le visage déformé par la rage d’avoir marqué ? Mais surtout comment l’imaginer sous un autre maillot…

Aujourd’hui nous sommes champions et il nous reste 3 coupes à aller chercher. Ce sera sans Edi, mais avec Kylian, Angel, Marquiqui, Neymar, Marco, Thiago et les autres que nous irons les chercher. Ce sera avec ou sans l’amour du maillot, mais le plus important n’est-il pas la prochaine histoire à vivre ? Chacun sa route, chacun son chemin, Edi merci pour tout et à jamais parmi notre panthéon avec Pedro, Dominique, David, Mustapha et les autres…

L’illustration maillot est signée Piano Mugshot


J.J. Buteau

Corona C1 Virage PSG

La C1 Corona, faut-il la gagner ?

Nous savions depuis longtemps que cette année 2020, cinquantenaire oblige,
ne serait pas comme les autres. Nous attendions les plus fortes émotions,
nous rêvions des plus fameux trophées, nous imaginions les plus belles célébrations. Depuis plusieurs semaines, nous savons que l’édition Covid 19-20 de la Ligue des Champions ne ressemblerait à aucune autre. Une qualification pour les quarts de finale – enfin – nous a transporté de joie, même à distance.

Puis, la compétition s’est retrouvée confinée, et nous avec, sans que personne ne sache si elle reprendrait un jour. Sa conclusion sera inédite, aoutienne et caniculaire. En cette période étrange, propice aux réflexions inhabituelles, un doute m’habite.
Je me pose cette question invraisemblable :
faut-il la gagner ?


Le Paris Saint-Germain l’attend depuis 50 ans. Sa première participation en Coupe des Clubs Champions, en 1985/1986, fut une brève mise en bouche, éliminé au premier tour. Une décennie plus tard, la seconde apparition fut une extraordinaire épopée, avec une élimination honorable en avril 1995 au stade des demi-finales, contre le Milan AC. Cette année-là nous y avions vraiment cru. Ce fut la première, et peut-être même la seule fois. Depuis 2012 et la prise en main qatarie, nous sommes persuadés que nous allons la gagner un jour, mais nous n’avons à aucun moment approché du Graal. Il s’agit pourtant de notre huitième campagne d’affilée et nous n’avons jamais atteint les demi-finales. 1995 est une exception, notre seule fois à cette hauteur de la compétition. Depuis trois saisons nous n’avons même pas passé les huitièmes, avec les diverses infortunes que tout le monde connait, pas besoin de les rappeler.

Et si 2020 était la bonne année ? Cette saison, fini le syndrome des huitièmes, nous sommes passés sans encombre et le match aller au Borussia n’est plus qu’un vague souvenir sans importance. Voilà que nous nous remettons à rêver à voix haute. Nous n’aurions quasiment jamais été aussi forts, aussi complets dans toutes les lignes, aussi sûrs de nos qualités, aussi aidés par un Neymar motivé et que partiellement blessé. Certes, cinq mois sans compétition officielle sera un handicap face à des adversaires qui auront tous repris la compétition en juin. Mais n’est ce pas quand on ne l’attend pas que l’équipe parisienne est la plus surprenante ? Tout est permis, même les rêves les plus fous. Pourtant, je sens monter en moi une certaine appréhension. Mes certitudes sont ébranlées. La situation me rend perplexe.

Voilà qu’une perspective de victoire suprême m’empêche de dormir. Et si cette Ligue des Champions Corona, il ne fallait pas la gagner ? Je vois déjà les qualificatifs jaillirent dans les journaux. Cette Ligue des Champions remodelée, déportée au mois d’août, allégée de plusieurs matchs, conclue en forme de Final 8 décidé en cours de route, centralisée dans une seule ville, avec des matchs à huis-clos ou à la jauge très réduite, sera une Coupe au rabais. Le mot est lâché. Rabais, ou dévalorisée, déconsidérée, dépréciée, sacrifiée, autant de discrédit qui colleront au vainqueur de cette édition insolite. Nous aimons tellement tendre notre joue pour nous faire baffer, que cette issue me paraît presque évidente. Je perçois déjà la crainte d’être critiqué, de dire que nous ne sommes pas capables de gagner une Ligue des Champions sauf celle qui est galvaudée. L’image est importante de nos jours, nos dirigeants ne vivent même que pour ça. Notre fierté d’enfin remporter cette Coupe tant désirée ne serait-elle pas altérée ? Les critiques de nos opposants, que dis-je, de nos ennemis, seraient acerbes. Une victoire, même la plus belle, ne peut pas être appréciée à sa juste valeur si elle est raillée par tous. Une première fois ça ne se rate pas.

Par définition, nous n’en avons qu’une seule. Si cette première fois était cette contrefaçon de Ligue des Champions, imaginez quel gâchis ce serait.  Quel dommage d’avoir tant attendu, tant voyagé, tant espéré, tant souffert, tant regretté, tant pleuré, tant persévéré, pour gagner une Coupe grippée. Nous aurions vécu une si longue espérance pour vivre les émotions d’une demi-finale, d’une finale, d’une victoire, cela peut bien attendre encore un peu. Un an, ou même quelques saisons de plus, nous ne sommes plus à ça près … Certes, en ce mois d’août 2020, alors que nous aurons été sevrés de notre Paris SG depuis cinq mois, gagner la Ligue des Champions pourrait être une libération, l’apothéose d’une période sombre mais alors révolue.  Honnêtement, ne trouvez-vous pas que cela aura plutôt le goût d’une Coupe Intertoto, pour la version à l’ancienne, ou d’un tournoi estival d’International Champions Cup, pour la version business moderne, plutôt que la vraie saveur de la Ligue des Champions ? Lisbonne en août, c’est pour les touristes, pas pour les héros.

Je me pince, alerté par de tels propos qui sortent de mon cerveau, et je renfile mon écharpe de supporter, laissé depuis trop longtemps inerte sur le dessus de ma commode. Des arguments pour aller chercher la victoire, j’en ai aussi, et pas des moindres. Nous parlons de Ligue des Champions. Peu importe les on-dit et les quolibets qui de toute façon auront cours. Gagner une C1, même dite « au rabais », vaudra toujours mieux que la ligne vierge au palmarès. On peut lire « rabais », on peut ricaner « Intertoto », mais la vérité est que cette Ligue des Champions sera unique. Elle sera celle dont on se souviendra. Peut-être pas pour sa finalité sportive, mais elle restera dans toutes les mémoires, un symbole planétaire qui volera bien au-dessus des simples considérations du ballon rond.

Avec ce format revisité en Final 8 à match simple, la compétition sera légèrement modifiée, mais l’essentiel sera préservé, à savoir l’équité sportive et le respect des clubs engagés. Au contraire de la décision prise pour finir la version handball de cette joute européenne, laquelle est une véritable escroquerie. Le Final Four de mai est déplacé fin décembre 2020, un lundi et un mardi, entre la buche de Noël et les bulles du Jour de l’An, et qui plus est avec les effectifs de la saison prochaine. Le Paris Saint-Germain, qui participera à la fête, verra ainsi deux de ses meilleurs joueurs actuels lui faire face, la pépite norvégienne Sander Sagosen et le gardien espagnol double Champion d’Europe Rodrigo Corrales. Paris, qui devait jouer en mars les huitièmes de finale, a été désigné pour le Final Four administrativement et  à posteriori, exempté des huitièmes et des quarts de finale. Certes les quatre meilleures équipes de groupes ont été qualifiées, mais leurs autres adversaires peuvent se sentir lésés. Celle-là non plus de Ligue des Champions je ne veux surtout pas la gagner, bien que le PSG Handball court aussi après une première C1, et ce depuis plusieurs années. Revenons-en au football, où la quête est la même, mais les échéances plus proches, et l’équité plus juste.

Pour le Paris Saint-Germain, si victoire il y avait, ce serait donc une première C1. En aucun cas il ne s’agirait d’un aboutissement. Il faudrait alors s’en servir de tremplin, comme un déclic, presque une séance d’entraînement, pour mieux la regagner par la suite, dans son format normal. Je vois loin, je vois grand. Avec cette hypothétique double victoire, portant ainsi notre compteur à 2, nous passerions devant l’OM et leur étoile jaunie. Ils ne pourraient alors plus rien dire, ces nostalgiques d’un autre temps, adorateurs de papy Basile et de sa Ligue des Champions obsolète, avec Nanard à la baguette. Pour effacer cette rivalité qui n’a que bien trop durée, il nous faut donc commencer par en gagner une, et peu importe la qualité. L’OM nous l’a bien prouvé, seul le résultat compte, la manière c’est pour les esthètes.

2020, une première qui serait au rabais, finie à la mauvaise Corona, mais qui a y regarder de plus près, sera déjà bien plus dure que celle arrachée par l’OM au siècle dernier. Même avec un Final 8 sur un seul match en quart et en demi, l’épreuve est déjà bien plus garnie. Rien de tout cela n’existait en 1993, un tour préliminaire champêtre, une poule à l’allure désuète, et direction la finale. A la loterie tout est possible, et je n’irai pas jusqu’à dire que les dés étaient pipés. Recentrons-nous sur notre nombril, des sudistes j’ai déjà bien trop parlé, et examinons notre parcours 2019/2020, jusque-là très bien géré.

Si nous remportions cette Ligue des Champions certes rocambolesque, notre victoire ne serait pas usurpée. Notre phase de groupe a été digne des plus grandes écuries. Cinq victoires et un match nul nous ont permis de finir devant le Real Madrid, club pourtant favori. Un 3-0 à l’aller, les espagnols n’ont pas bronché, un 2-2 chez eux et quelques décisions arbitrales douteuses, Paris n’a vraiment pas démérité. Victoire à Istanbul, des belges giflés sur leur terrain, des turcs également corrigés au retour, Paris a sonné le tocsin. L’Europe se met à frémir. Une fausse note dans la Ruhr ne nous aura cette fois pas fait trembler. Le mois de mars a vu scintiller les fumigènes, jusque tard dans la nuit, le parvis d’Auteuil coloré de centaines d’âmes en liesse, devant un stade vide de ses fidèles mais submergé de notre humanité. La malédiction a été vaincue. Le Covid nous a rattrapé. La Confinada a frappé. Les mois ont duré une éternité. Mais août va nous faire vibrer. Un couronnement serait si mérité.

Quelle récompense cela serait pour deux joueurs qui vont nous quitter. La gagner pour Thiago et pour Edi serait un point final fabuleux. L’aboutissement de huit années pour El Monstro et de sept pour son meilleur buteur, une façon de conclure en beauté la première ère qatarie, pour encore mieux commencer la seconde. Une transition entre deux décennies, pour ouvrir celle des années 20 sous les meilleurs auspices. Rêvons plus grand, et pourquoi ne pas imaginer les dix prochaines saisons comme étant la décennie P.S.G. A l’inverse, même si nous ne gagnions que celle-là, et qu’ensuite nous revenions à nos déboires habituels, alors nous en aurions au moins une, et pas n’importe laquelle, Capitaine Thiago Silva soulevant le trophée, Edinson Cavani à ses côtés, l’image serait belle, à perpétuité.

Pour conclure, en survolant tous ces arguments, il parait évident qu’il faut la gagner cette Champions League 2020. Mais je sais d’où vient mon doute. Pourquoi ai-je cette interrogation ? J’entrevois ma plus grosse crainte : ne pas être au stade pour le quart de final libérateur, puis pour la demi-finale victorieuse. Ne pas vivre ces matchs au Parc des Princes. Ne pas suivre l’équipe en déplacement. Et chose impossible, ne pas être présent en tribune pour la première finale de l’histoire du Paris Saint-Germain. Alors imaginer gagner le match et soulever la Coupe en étant bloqué devant la télé, à proximité ou à des milliers de kilomètres, cela n’est tout simplement pas imaginable. Ne pas assister en chair et en os au triomphe suprême. Il y a de quoi être traumatisé à vie. Gagner ta Ligue des Champions, oui je le veux, mais par pitié Corona, ne nous laisse pas sur le côté.


Benjamin Navet

Nouveau tournant Virage PSG

Nouveau Tournant

Selon toute vraisemblance, ce ne sont pas une, mais deux figures emblématiques
de la genèse du projet de QSI au Paris Saint-Germain, qui feront
leurs adieux en août à l’issue de cette saison qui n’en finit plus.


Tout d’abord, suite à la signature du renard argentin Mauro Icardi, Leonardo a implicitement fait comprendre que la passation de témoin était imminente. Edinson Cavani, le meilleur buteur de l’histoire du club va, sauf retournement de situation , quitter la capitale à la fin de la saison. Il a vaillamment lutté pour récupérer sa place de titulaire, et avec brio puisqu’il fut parmi les 11 premiers noms couchés sur la feuille de match contre Dortmund au Parc. Mais ce match est un peu l’arbre qui cache la forêt dans la saison de l’Uruguayen. Une année minée par les blessures et une perte de confiance indéniable pour lui. Une véritable plaie lorsque l’on sait qu’il s’agit du carburant principal de sa réussite devant le but.

Ceci dit, cela mettra fin à cette concurrence malsaine entre un attaquant qui était en prêt mais qui méritait totalement sa place dans le 11, face à une légende du club sur la fin mais qui bénéficiait d’une aura rarement vue au Parc. On peut alors se demander si ce n’est pas un mal pour un bien de se séparer du Matador. Surtout à l’heure où Kylian Mbappé affirme de plus en plus fermement son désir d’évoluer à la pointe de l’attaque francilienne.
Et comment le lui reprocher. Certes sa marge de progression est considérable mais son association à Icardi a été et peut être dévastatrice à l’avenir. Leurs deux profils sont tout à fait complémentaires, et cela permet de ne pas mettre sur le côté un des membres du quatuor offensif. Cependant, un renfort pour le poste de numéro 9 paraît nécessaire tant Eric-Maxim Choupo-Moting a montré des carences, bien qu’il ait été irréprochable.
Le costume à porter est sûrement trop grand pour lui.

LE VIRAGE PRIS PAR LEONARDO

Le virage pris par Leonardo ne se limite pas qu’à la non-prolongation de Cavani. Notre capitaine brésilien, Thiago Silva, fera lui aussi ses bagages pour quitter le club à l’issue de la Ligue des Champions. Huit saisons au club, une place parmi les plus grands défenseurs de l’histoire du club, si ce n’est le plus grand. Si Marquinhos et Kimpembe affichent aujourd’hui un niveau aussi élevé, O Monstro n’y est certainement pas pour rien. Au delà de son aisance et de sa sérénité, il a fait monter en grade une défense qui cherchait de la stabilité et un patron de standing international avant son arrivée.

L’impact de Thiago Silva est largement comparable à celui de Zlatan Ibrahimović. Son manque de leadership dans les matchs couperets en C1 l’est tout autant. Seulement voilà, lui aussi a fait son temps et la décision de Leonardo de ne pas le prolonger est tout à fait logique. Son influence sur l’équipe n’était plus essentielle comme l’a démontré le match retour contre Dortmund par exemple. L’heure de la maturité de la charnière Kimpembe-Marquinhos a peut-être sonné, en tout cas, les clés de l’arrière garde parisienne peuvent leur être transmises en toute confiance. Et surtout on peut se demander si cette non-prolongation n’est pas un signal fort envoyé à Tanguy Kouassi.

NOUS NE SAUTERONS PAS DANS L’INCONNU

Le directeur sportif parisien est en pleine négociation avec son entourage pour signer son premier contrat professionnel au club. Le profil polyvalent du titi parisien attire les convoitises de bon nombre de grandes écuries européennes. Leonardo est conscient qu’il a un joyau entre les mains et là aussi il raisonne à long terme et ne fait pas d’état d’âme pour les gloires passées du club. Tanguy Kouassi l’a montré, il a le potentiel pour évoluer au plus haut niveau, que ce soit dans la charnière ou en sentinelle. De plus, le club étant engagé pour trois compétitions, il aura régulièrement droit à du temps de jeu. Cependant, les prétentions financières et sportives que son entourage et lui semblent avoir, interpellent. Majeur depuis à peine une semaine, il doit veiller à ne pas faire preuve de trop d’impatience. Nombreux sont ceux qui ont échoué en s’exilant très tôt, trop tôt. Il a toute la confiance de Thomas Tuchel, ce dernier l’ayant même aligné titulaire contre Galatasaray en Ligue des Champions. A lui de saisir sa chance comme certains l’ont fait avant lui.

La question qui peut être posée maintenant c’est le remplacement ou non de Thiago Silva. Un défenseur de son calibre et pas à prix d’or, cela ne court pas les rues actuellement. De plus, la priorité du club cet été reste le poste de latéral droit et de latéral gauche. On peut se demander si Kimpembe, Marquinhos, Diallo, Kehrer et Kouassi ce n’est pas léger pour aller voyager dans les hautes sphères. Mais les nombreuses expériences désormais, des deux premiers cités sont rassurantes. Nous ne sauterons pas dans l’inconnu comme essaient de faire avaler certains sensationnalistes. Mais il faudra attendre surtout de Kimpembe, une régularité qui lui fait tant défaut, et le moins de pépins physiques possible. Il reste désormais une saison à finir avec deux finales de coupes nationales et la ligue des champions. Le format inédit de cette dernière raccourcit fortement le chemin jusqu’à la coupe aux grandes oreilles. De plus, les favoris ne sont pas nombreux et la compétition n’a rarement été aussi ouverte.

Quel plus beau cadeau pourrait faire la jeune garde aux glorieux anciens que de graver à jamais leurs noms dans le panthéon du club et du football français ?


Arthur G.
Revenir au parc Virage PSG

Revenir au Parc

Revenir au Parc. Y avoir pensé pendant la semaine, chez soi et au travail,
gardant en bouche la pression de l’avant pour en détacher tous les arômes.
Savourer miette par miette les articles dans la presse, et pimenter ses journées
à se faire une montagne de frayeurs bénignes :
et si Tuchel titularisait Marquinhos en milieu et pas en défense ?


Préparer tous ses ingrédients des heures trop tôt, le matin du match, respecter rigoureusement les étapes de la recette : enfiler les chaussettes porte-bonheur, parce que l’on n’est pas superstitieux du tout mais bon, on ne sait jamais. Retourner chercher l’écharpe, condiment indispensable mais multirécidiviste de la tentative d’évasion par le fond de l’étagère. Et puis, bien sûr, cerise sur le gâteau, ressortir le maillot, le poser sur le dossier d’une chaise pour goûter d’avance ce qu’il donnera quand on l’aura sur le dos. Se délecter de ces rituels, parce que l’on sait que l’on pourra bientôt croquer dans l’ambiance à pleine dents…

Revenir au Parc. S’engager seul dans son train de banlieue, revoir sa gare, sa ville, avec une autre œil, avec l’impression d’être déguisé dans son propre monde. Atteindre la capitale, mais pas encore le but, et poursuivre le voyage en souterrain, enfin. Quitter la lumière du jour, laisser ses yeux embrasser l’obscurité avant de rejoindre le métro et y discerner de loin quelques couleurs Rouge et Bleu. Tenter de lire pour la millième fois la dernière brève sur son téléphone, debout dans la rame, accroché au poteau : quand les yeux déchiffrent, mais le cerveau n’enregistre pas. Relever la tête, et croiser le regard du premier supporter. Juste ça. Se reconnaître entre inconnus, petit clin d’œil discret, se voir juste pour ce que l’on est : des Parisiens.

Revenir au parc virage PSG

Regarder de haut les intrus qui descendent station après station. Loin des yeux, loin du cœur. Atteindre enfin la Porte de Saint Cloud et se laisser gagner par le lent éblouissement : contourner le clocher de Ste Jeanne de Chantal, laid à faire peur, et avoir changé de monde, ça y est. Le stade est là, tapis dans la nuit tombée alors que l’on était sous terre. Le Parc des Princes illumine les cieux, les rues, ce monde-là. L’éclairage transperce les portes d’accès aux tribunes, aveugle les supporters dont il se nourrit par milliers. Se laisser hypnotiser…

Revenir au Parc. Se frayer un chemin dans une foule devenue trop dense, qui bruisse de discussions futiles, agaçantes. Entendre ces supporters d’un jour qui cherchent une porte d’accès diamétralement opposée. Ils n’osent pas demander leur chemin mais en parlent trop fort. Les aider puis repartir, à contre sens du fleuve de langues étrangères, pour gagner sa tribune. Les stadiers annoncent la destination : « Tribune Borelli, en face, Tribune Auteuil, à droite ».

Revenir au parc virage PSG

Piétiner et répondre au téléphone, expliquer en criant pour se faire entendre : oui le retard, non bloqué à un barrage débile, oui, toujours le même, non je ne sais pas quand, oui, non, ça coupe, ne capter qu’un mot sur deux, tant pis, raccrocher. « Tribune Borelli, en face, Tribune Auteuil, à droite ». Courir. Entendre le speaker annoncer les joueurs, dedans, sous la masse de béton. L’entendre de dehors, lui dedans. S’arrêter. Tant pis. Crier. Crier les noms des Parisiens. À se rendre sourd. Crier les noms de SES joueurs. Entendre les tribunes gronder. Ressentir le son. L’écouter et l’entendre et le ressentir, partout. Courir de nouveau, le sang battant aux oreilles. Les tambours.

Revenir au Parc. Abandonner les odeurs grasses de ces food-trucks débiles, tâcher de s’extraire au plus vite de ce que sont devenus les abords du stade. Renifler devant le tourniquet, renifler pendant la palpation, renifler à travers les queues formées aux stands de hot dogs. On a beau dire que l’argent n’a pas d’odeur, cela fait quelques années que la machine à fric PSG pue à plein nez la boutique à touristes. Alors se dépêcher. Tout n’est pas perdu.

Revenir au parc virage PSG

Rejoindre sa tribune. En Rouge. Ceux qui savent comprendront. Auteuil Rouge, là où le but opposé n’est qu’une idée. Là où le terrain est si proche que les jours de pluie, l’herbe mouillée vient vous chatouiller les narines. Auteuil Rouge, déjà remplie à craquer. Auteuil Rouge qui pue la sueur, le sang et les larmes. Ceux qui savent 2008 et Manchester et tant d’autres vies, ils comprendront, parce qu’eux aussi y ont perçu l’odeur âcre de la défaite, ce parfum qui vous colle aux vêtements, vous imprègne les chairs pendant des jours. Et pourtant le besoin de revenir malgré tout.

Revenir au Parc. Debout. Les pieds gelés dans le froid d’hiver, ou le front brûlé par le soleil couchant, peu importe, mais revenir au Parc et rester debout, c’est tout. Vivre un match, enfin, les strapontins frappant les mollets, marquant la chair. Pas une de ces centaines de victoires annoncées, pas une autre partie de football spectacle où l’on s’endort entre chaque but : le quatrième ou le cinquième ? Non, revenir au Parc pour un vrai match. Un combat qui vous prend aux tripes. Et y participer. À la vie à la mort. Un match où le cœur bat si fort qu’il frappe la poitrine. Un match à la gorge arrachée, et aux mains brûlées. Revenir au Parc pour caresser la défaite, la bête ignoble. L’attraper. La maîtriser physiquement, à coup de chants, coup après coup. Et embrasser l’espoir fou d’une victoire arrachée.

Revenir au parc virage PSG

Revenir au Parc passer son bras autour des épaules du gars d’à côté, pogo. Revenir au Parc et le sang qui se glace quand le ballon s’approche de nos buts. Revenir au Parc et les tempes qui tapent de trop crier. Revenir au Parc et les bras qui tirent, lever ce deux-mâts. Revenir au Parc les tympans qui sifflent. Revenir au Parc le souffle qui manque. Revenir au Parc un but. Sauter. Frapper l’air. La musique. Revenir au Parc les écharpes. Taper les mains. Un drapeau. Tomber. Revenir rire. La tête tourne. Crier. Au Parc. Vivre.

Je
Veux
Revenir
Au Parc.


Les illustrations sont tirées de « SUPPORTERS » par Guillaume Warth (Editions Des Ronds Dans l’O)Supporters Guillaume Warth


Arno P-E

la fête est finie virage psg

La fête est finie

Avec le début de la crise sanitaire et la fin du ballon rond de compétition,
on peut se poser cette question qui demeure encore aujourd’hui sans réponse :
« Les gens qui n’aiment pas le foot, que faisiez-vous
de votre temps libre avant l’invasion corona ? »


Aujourd’hui on s’aperçoit à quel point nos rendez-vous footballistiques dépassaient les seules 90 minutes où le PSG éclairait le terrain de sa superbe. Ils rythmaient les doses de kif de toute nos semaines, apportaient une récompense bienvenue qui faisait oublier nos soucis. Et même quand le foot professionnel était sur pause, à l’intersaison ou à l’occasion de la trêve hivernale, on scrutait la rubrique des transferts jusqu’à loucher. On s’enivrait des rumeurs putaclicks en pleine conscience. Ce n’était pas brillant, pourtant ça faisait le taf.

Mais là, en l’absence de perspectives tangibles d’un retour à la normale et de l’achèvement des différentes compétitions où Paris reste en lice : on perd pied. On a beau plonger la tête la première dans la nostalgie des matchs passés, se pencher sur les forces encore en présence en Ligue des Champions ou se faire un récap’ des plus beaux tifos de l’année en Europe, rien n’y fait. On a l’impression d’avoir été dépossédé de notre jouet préféré et surtout, on ne sait pas du tout quand on va nous le rendre. En somme, on se rend compte que le foot est à l’âge adulte ce que le doudou est à l’enfance, une porte blindée, protectrice et essentielle, ouverte à notre imaginaire.

Alors, bien sûr, il est parfaitement compréhensible que le foot soit relégué au rang d’activité non essentielle, à l’heure où le monde tremble devant la peste, à l’heure où certains risquent leur vie pour sauver celles des autres, à l’heure où toutes les certitudes sont à ranger au placard. Mais, affirmons-le ici, haut et fort : ça nous fait bien chier !

L’OMS définit l’addiction comme  « un état de dépendance périodique ou chronique à des substances ou à des comportements ». Le syndrome de dépendance est lui définit par « un ensemble de phénomènes comportementaux, cognitifs et physiologiques dans lesquels l’utilisation d’une substance […] entraîne un désinvestissement progressif des autres activités ». Osons alors poser la question : Le football est-il une drogue ? Nous pensons en tout cas qu’il n’y a aucune honte à considérer que les symptômes de sevrage (de manque), bien qu’ayant un retentissement somatique négligeable dans ce cas, puissent apparaitre chez nous pendant cette période troublante. Ce constat nous permet d’établir ainsi le fait que le foot est bien plus qu’une simple distraction hebdomadaire. En effet, comme toutes drogues à son bénéfice primaire, le foot se trouve être un remède, un bol d’air, qui soulage parfois ceux qui souffrent, autant qu’il peut les enfoncer.

La fête est finie virage PSG

Première constatation, il n’y a plus d’horizon, puisque plus de calendrier, donc fin du temps. On ne peux plus compter les jours au réveil en attendant le prochain match. On a l’impression de jouer les Bill Murray dans le film prémonitoire « Un jour sans fin » de Harold Ramis. Il n’y a plus aucun dribble de Neymar, aucune louche de Verratti pour nous faire oublier la laideur du monde.  Plus d’échappatoire au quotidien, on est maintenant obligé de parler avec notre conjoint, de tout mais surtout de rien.

Plus de Parc des Princes, donc plus de regard de satisfaction à l’arrivée en tribune, à la sortie, dans les transports en commun. Plus de buts annoncés trois fois par le Speaker « Tony » Montana, plus de chanson, plus de tifo (nostalgie papier toilette), plus de fumi, plus de capo qui t’engueule. Se rappeler de ces chants d’ultras à l’extérieur du Parc face à Dortmund et avoir peur qu’ils soient les derniers de notre Histoire.

Plus d’arbitre à insulter, plus d’adversaire à mépriser. Plus de haine gratuite et inutile. Parce qu’on n’aura pas eu l’occasion d’aller chier dans le Vélodrome et de refermer le couvercle une dernière fois. On est devenu civilisé. On applaudit à 20H, mais pas pour la rentrée des joueurs sur la pelouse du Parc.

Et pourtant on aurait pu connaitre l’orgasme. Imaginez : on allait arriver à 9 titres de Champions de France, égaliser l’OM et revenir à 1 longueur du record de Saint-Etienne. Jouer et gagner la dernière Coupe de la Ligue contre la bande du cynique Aulas. On pouvait vivre une magnifique finale de Coupe de France contre les Verts, hommage à notre 1er trophée de 1982, clin d’oeil magnifique pour nos 50 ans. Et puis la Ligue des Champions, enfin.

La fête est finie virage PSG

Malheureusement on ne peut plus croire dans ce club puis être déçu dans la foulée. C’est un adieu au socle de la religion rouge et bleu. Plus de coupables expiatoires à tous nos maux. Plus de quotidien l’Equipe à acheter pour se torcher avec. Plus de zapping entre Canal+ et l’Équipe TV les soirs de match. Se dire que malgré cette épreuve inédite et terrible, le Corona a quand même eu du bon : Stéphane Guy, l’Équipe du Soir et sa clique ne sévissent plus. Pourtant il existe d’autres motifs de satisfaction.

Sauter de joie dans son salon quand on apprend que Bein décide de rediffuser un PSG-Nice de… 2014… (Javier, Ibra, Lucas, Motta, Maxwell, Rabiot, Blaise, Sirigu, Van der Wiel, Alex, Lavezzi, tous ces MIA…). Esquisser un sourire malade quand on retombe sur le même match dans la nuit… Et qu’on le revoit intégralement. Regarder sept fois la première mi-temps de PSG-Dortmund et n’en retirer aucune honte ni lassitude. De façon générale, regarder tous les replays et faire semblant de ne pas connaitre la fin.

Revenir à des joies simples. Jouer tous les jours une heure au foot avec son gamin, avec une balle en mousse dans la cour pour ne pas rendre fous les voisins. Et se prendre pour Javier quand on essaye de le dribbler, lui qui n’en demandait pas tant. Se demander comment on aurait réagi en temps normal en apprenant la mort de Pape Diouf et rougir de honte… Avoir peur pour Payet : ce confinement risque de le transformer en véritable éléphant de mer. Se rappeler que lors de notre dernier match, Neymar avait une coupe de cheveux décente, et qu’on peut y voir une lueur d’espoir.

Alors faut-il préférer avoir peur d’une repli défensif de Kurzawa ou d’un résultat positif au Corona. Difficile à dire. Mais toujours est-il que Paris nous manque, cruellement.

Pour conclure on reprendra les paroles d’Orelsan, qui écrivait dans le titre « Dans la ville, on traîne » tiré de l’album prophétique « La fête est finie » :

« On a traîné dans les rues, tagué sur les murs, skaté dans les parcs, dormi dans les squares, vomi dans les bars, dansé dans les boîtes, fumé dans les squats, chanté dans les stades… J‘ai tellement traîné dans les rues d’Paris*, avec une bouteille où tout l’monde a bu dedans, entre deux mondes en suspens, criminelle, la façon dont j’tuais l’temps… ».

Criminelle ? Peut être. Innocente, sans doute. Inconsciente, certainement. Sans limite, absolument. Comme notre passion pour ce club et ce sport qui, on l’espère, revivront bientôt, comme tout le reste.

*nous avons délibérément adapté les paroles 


La rédaction du Virage

Ultra confiné Virage PSG

Ultra Confiné

Jeudi 12 mars, on est au lendemain « du match ».
PSG/ DORTMUND. Ce match, cette soirée, cette célébration, tout, fait que
le 11 mars 2020 qu’on le veuille ou non, fera partie de l’histoire du PSG,
de notre club, donc de notre histoire !


Nous sommes là, jeudi soir entre « virageux » à quelques minutes d’enregistrer un podcast, nous plaisantons, nous nous sourions, nous nous félicitons comme si nous avions nous-mêmes jouer sur le terrain la veille, nous sommes fiers, heureux, notre bonheur est simple mais tellement intense et vrai… Macron vient d’annoncer que les écoles seraient fermées lundi, que les français devaient rester confinés, que nous étions au début d’une lutte acharnée contre cette saleté de virus, qu’il faudrait se montrer solidaires, courageux, combattifs, soudés… Encore sous l’émotion de la soirée de la veille, les vannes fusent, ça chambre, normal !!!

Et puis dès le lendemain, la réalité nous saisit, chaque heure qui passe annonce des contraintes supplémentaires et les mauvaises nouvelles s’accumulent… On ne rigole plus, les visages se crispent et l’angoisse nous envahit, nous, ultras ou supporters appelez nous comme vous vous voulez, oui l’angoisse car nous sommes aussi des pères de famille, des papas pour beaucoup d’entre nous. Loin de moi l’envie d’être un inconscient puéril et irresponsable, mais la décision d’annuler tous les matchs de Ligue 1 et de Ligue des champions raisonne comme une vraie injustice, une énorme contrariété et une déception immense…

« Non, c’est pas possible », les messages des potes sur WhatsApp se multiplient :

  • La LDC c mort… put…
  • Je vous l’avais dit…
  • Dégoûté…
  • On est maudits les frères…
  • Virus de m…..
  • La seule fois où on peut, où on le sent, où on a l’équipe…
  • Y a que nous pour se faire …comme ça
  • 1 an qu’on attend ça…
  • Non frérot 50 ans qu’on attend ça…

Bref, oui il y a plus grave que le foot, oui la situation est dramatique, oui il faut rester chez nous, oui oui oui et oui…

Ultra confiné Virage PSG

En temps normal, il est déjà impossible d’expliquer que toute notre semaine tourne autour de la préparation du match qui arrive, de la forme des joueurs, des mots et des conf’ de presse de l’entraineur, des publications des joueurs et supporters sur les réseaux, des petites phrases des adversaires voir des mensonges de notre bible du spoooort, comment c’est déjà, mais si le journal rigolo, qui regroupe au quotidien des blagues au lieu d’infos… ah oui l’équipe !!!

En temps normal, comment faire comprendre qu’il est obligatoire d’aller au Parc quoi qu’il arrive, que tu n’abandonnes pas ta famille, que tu voudrais bien dîner avec ta femme et tes enfants mais que tu n’as pas le choix, que même si un des enfants a de la fièvre de rester ou de partir 3h ne changera rien et qu’en rentrant du stade, bah oui il faut que tu revois le match parce que tu es certain que l’arbitre s’est trompé sur un hors- jeu, que la reprise de Cavani aurait mérité mieux, que la passe de Neymar était folle, que les accélérations de KYKY te remontent l’adrénaline, que le milieu a pressé correctement, que derrière on n’a pas trop reculé, que le marquage sur les coups de pied arrêtés a été efficace, que le gardien a été bon sur sa ligne mais aussi rassurant dans les airs, sans oublier d’analyser le match de chacun et enfin naturellement d’écouter le virage pour savoir si ça a chanté, si ça a poussé…

Enfin tout ça, ça va si le PSG a gagné tu vas te coucher tard, mais l’esprit libre, de bonne humeur, tu sais que tu te réveilleras claqué mais avec la tête pleine d’ondes positives pour ta semaine ! Par contre faire tout ce parcours du combattant lorsqu’en plus tu as perdu… Personne ne comprendra… Que tu sois d’une humeur massacrante le matin, que toute ta famille pense que tu as un problème au boulot, mal quelque part, appris une mauvaise nouvelle dans la famille… Non non vous ne comprenez pas, on a perdu hier soir !!! On a fait nul au Parc !!!

Alors là, les noms d’oiseaux peuvent défiler. Et cela depuis des années, depuis 1982 (faites le calcul) je suis donc devenu incollable en ornithologie !!!  Mais là, c’est fini, comment vous faire comprendre que je les regrette amèrement ces mots doux, en fait je voudrais me faire traiter de fou, de malade, d’associable… mais de pouvoir continuer à vivre ma passion ! Et puis, de se lever, de voir dans ton placard, tes écharpes, tes maillots comme ça inutilisés, comme rangés dans un grenier pour ne plus servir qu’à raviver de vieux souvenirs… Quelle tristesse ! Insupportable !

Ultra confiné Virage PSG

Encore une fois, mon papa est médecin, ma maman infirmière, j’ai eu de graves voir de très graves problèmes de santé, je sais la gravité de la maladie, je la comprends et je l’ai vécue, mais justement, vivre ma passion à fond seul ou la partageant avec mes fidèles compagnons, mes frères, ma famille bis et avec  les mecs du virage, même si on se chambre, même si on se moque même si parmi ces milliers de mecs je n’en connais finalement pas beaucoup, mais ils font parti de cette entité dont j’ai besoin pour me sortir des tracas de la vie…

Du coup, inutile de s’apitoyer sur notre sort, de répéter sans cesse les mêmes choses et de vivre en permanence les mêmes frustrations… La situation est celle qu’elle est… Il nous faut tous nous adapter et nous ULTRAS ne faisons pas exception à la règle !!! Cette passion qui nous rend si fort parfois, si unis, si jusqu’au boutistes, cette passion qui nous habite à tel point que rien ni personne ne peut nous empêcher de faire ce que l’on a décidé, cette passion qui peut consoler nos pires peines, cette passion capable de nous offrir les joies les plus immenses, mettons- là au service de ce nouveau combat qui s’invite à notre table, ce nouveau défi : chasser l’ennemi… enfin pour que nos couleurs vivent encoooooore !!!

Donc demain matin, c’est décidé, le « debout » sera un : debout toute la journée on va encore être confinés, mais rien ne nous empêchera d’être unis et tous crier : chez nous il faut rester, chez nous il faut rester popopo po po po popopopo… Et puis on continuera au ptit déj : boire un ptit café ou un thé au lait, mais rester confiné oui c’est ça la vie !!!!

Et puis, devoir partir la bave aux lèvres, en mode commando pour ramener à la maison un paquet de pâtes sans gluten parce qu’il restait que ça… Lever tes enfants qui eux croient qu’ils sont en vacances, leur proposer de tremper une tartine de vache qui rit dans un bol de ricorée, « pourquoi vous n’avez pas vos céréales habituelles et du Nutella sur de la brioche ? Bah parce que Ricorée c’est l’ami du petit déjeuner et que votre arrière-grand-père en prenait en 42 sans se plaindre et puis c’est comme ça… » leur demander de travailler parce que malgré tout ça c’est l’école et s’apercevoir que finalement instit’ c’est un vrai métier et que les : « ça sert à rien de s’habiller puisqu’on sort pas, ça sert à rien de se laver non plus… je comprends rien… j’ai oublié ma trousse, j’ai pas mon livre, mon cahier ? je sais pas où il est moi… 4fois6 bah ça fait 18….on mange quoi ce midi ? et t’avais promis qu’on irait au Futuroscope si le PSG battait Dortmund… ».

Ultra confiné Virage PSG

Bref, le responsable de tout ça et de ton futur pétage de plomb après tout c’est : le virus. Ça y est on l’a notre nouvel ennemi, notre nouveau winners, commando ultra, mtp…bad gone, ultra-marine…

Tu te rends comptes que ce p… de virus est responsable de tous tes maux :

  • Absence de liberté
  • Plus de foot
  • Plus de Parc
  • Plus de potos
  • Plus de passion

OOOOOh faut réagir les gars, on est le virage Auteuil, merde, on est là pour chanter, pour les pousser, pour s’arracher, pour ne jamais rien lâcher, toujours encourager… On ne peut pas se laisser mettre la misère par un virus… Pas après, PSG- La Corogne, pas après avoir perdu le titre devant l’AJ Auxerre après avoir eu 10 points d’avance, pas après avoir fait signer : Bueno, Kennedy, Vampeta, Emilson, Adailton, Souza, Pedron, Coridon, pas après s’être fait volé contre la Juve en demi finale d’UEFA (pénalty sur Mister Georges), pas après avoir confié nos cages à Casagrande, Revault et Edel, pas après avoir formé des stars comme Sankharé, Ngoyi, Dramé, et N’gog, pas après la remontada (ça veut dire viol en catalan pour ceux qui ne parlent pas cette langue morte…), ni après avoir perdu face aux U15 de Man U, pas après avoir réussi à reconquérir notre virage…Non on ne peut définitivement pas renoncer à affronter ce virus, on doit sonner la révolte : CHARGEEEEEEEEEEEEEEZ !!!!!

Les bras en l’air… Allez allez allez… Tout le monde les bras en l’air là.  Virus virus on t’enc… Et corona, et corona, et corona est une sal… Et quand corona se met à s… C’est tout le Parc qui va… Qui ne saute pas est contaminé eh… Eh virus a merda,  virus a merda… Corona hijo de puta… Corona, va niquer ta mèèèèèère et laisse-nous r’tourner au Parc et prendre une bièèèèèèère…  Ensemble nous sommes invincibles, unis par la même intention, que notre indestructible passion, nous aide à chasser ce démon…. Si t’es fier d’être Parisien, reste confiné…

Allez soignants, allez soignants, où tu es nous sommes là, tu ne seras jamais seuls, car nous deux, c’est pour la vie…

Ultra confiné Virage PSG

Qui sommes- nous ? Les gens veulent le savoir… Et nous sommes des Ultras tous confinés, privés de Parc des Princes, dégoutés, mais unis tous ensemble, pour chasser ce virus à tout jamais !!! Vous l’aurez compris, mon discours du jour, n’est pas celui d’un sale gosse privé de goûter qui fait son caprice et décide de faire la tête de façon puérile et stupide !

Non, je suis juste ce que beaucoup considère comme quelqu’un d’étrange, de bas du front, de dangereux, de mal éduqué, de bruyant, de stupide, d’inutiles, d’agressif, de connard comme je l’ai encore entendu en allant chercher le pain il y a 15 jours (oh tous ces connards hier soir, il nous ont fait chier toute la nuit…)bref de peu recommandable… mais je suis en fait un ULTRA passionné, un ULTRA amoureux, un ULTRA investi, un ULTRA combattif, un ULTRA fidèle, un ULTRA respectueux de mes couleurs et de mes compagnons avec qui nous défendons de vraies valeurs comme en témoigne la banderole de soutien déposée cette semaine devant l’hôpital de la Salpêtrière pour soutenir les personnels soignants sans aucune action de communication ou encore l’aide fournie aux sans-abris…

Alors oui la situation est compliquée pour notre pays, mais profitons de ce moment afin de nous unir pour un même combat. Cessons de nous méfier les uns des autres et surtout de juger sans savoir, sans connaître et sans comprendre. Nous sommes ULTRAS passionnés par un club, par un sport et par notre façon de l’exprimer pour donner vie à des tribunes. Mais nous restons des citoyens et prêts à combattre l’ennemi « corona » avec autant de force et de passion que nous supportons notre club et honorons nos couleurs.

Alors « corona » écoute bien, cette chanson elle est pour toi, « corona » écoute bien ce que te disent les Parisiens : corona, corona on t’….

Alors cette situation peut bien durer 1 mois, 2 mois, 1an ou 10 ans, notre passion et notre amour pour notre club n’en seront que renforcés et j’imagine déjà avec un bonheur immense que vous puissiez tous et toutes, amis ou ennemis du sport, du foot, du PSG ou des supporters, un soir, le plus tôt possible chanter avec nous : ce soir nous allons chanter, la victoire, la victoire, ce soir nous allons chanter, la victoire des confinés !!!!

Prenez soin de vous !


Aymeric Le Meignen

Game Over Virage PSG

Game Over

Je suis un pauvre camé. Je me gratte déjà les bras. Je tourne et vire dans mon salon, j’entrevois les prochains week-ends comme de longues gardes à vue, sevrage forcé.
LE FOOT EST MORT. CE SOIR.

Je venais d’embrasser mon fils avant qu’il ne rejoigne le pays des songes quand ma télé s’est mise à parler, froidement, administrativement: « Le foot est mort », comme un Télex. Je retourne les coussins de mon canapé. Peut-être qu’une minuscule boulette d’opium s’y est glissée un soir d’oubli. Non. Rien. Il me faut ma dose ! Pas de PSG/Nice dimanche. Pas de Juve/Ol, pas de clasico. Plus de calendrier. Voilà pourquoi, même si elle me fascine bien sûr, j’ai toujours haï la guerre. La guerre fusille en priorité le football. Elle lui arrache ses joueurs et leur impose un autre front, d’un théâtre l’autre…

Il va bien y avoir un couillon pour me parler de ce match mythique, quand Fridolins et Poilus, le temps d’une trêve, ont tapé la balle entre deux tranchées. J’ai vu le film, lu le livre, merci ! Non. La guerre tue les championnats et les coupes. La guerre brise le rythme du supporter. C’est une salope. Globalement. Et un virus, d’où qu’il vienne, c’est la guerre. Corona. Lave toi les mains. Mets ton masque. Garde tes mômes. Mouche toi dans ton pull. Lèche pas les poignées dans le métro. Reste chez toi. Et oublie que le foot a existé. Garde à vous. Fixe ! 

La violence du truc. 

La Belgique annonce à l’instant qu’elle ferme tous ses restaurants, ses stades, ses bars. Confinement continental. Mondial. Planétaire. Total. Nostradamus était une grosse baltringue comparé à George A. Romero. On est au générique d’un film débile et effrayant. Le foot est mort. Bernat. C’était Bernat, oui, qui a marqué l’ultime but de l’histoire du PSG. La phrase d’un vieillard quand il racontera, dans 40 ans, à sa descendance, la grande épopée du football. Du quoi, papy ? Du football, petit con ! Je suis trop accablé pour accuser qui que ce soit.

Game Over Virage PSG

Pour lister toutes les situations que je pourrais imaginer pour expliquer notre actualité. Vais-je me contenter de la chauve souris ? Vais-je mentionner la CIA, le Mossad, les extraterrestres, les illuminati et tutti quanti ? Vais-je faire confiance à votre President ? Le football est la plus belle des drogues. Il y a le choix, le coffee shop est ouvert quasi H24. Et puis, il y a le foot de mon fils, celui qu’il pratique et celui qu’il s’invente. Ce foot-là est mort lui aussi. J’ai reçu un mail du Club, à peine terminé le long monologue de Manu Premier (pas maté, j’étais devant ma troisième rediffusion de PSG-dortmund). Je ne verrai plus Jules chercher la passe qui pourrait être décisive. Je ne vannerai plus l’équipe adverse les samedis d’aurore, réflexe de stade indélébile, et qui provoquait régulièrement les rires des darons présents à mes côtés.

Le foot est mort. Mon mélodrame. Mais on ne pleure pas le foot quand les cadavres s’empilent, décompte médiatique répugnant et sadique. Comme on comptait les jours de détention pour les otages français, au Liban ou ailleurs quand j’étais môme. Quand les gens meurent, on ne joue pas au football. Principe de précaution, devoir moral tant qu’on y est. On ne demandera alors pas pourquoi la grippe annuelle, qui avale à coup sûr des milliers de Français, n’a jamais poussé au chômage technique les Cavani, Charbonnier ou autre Brandao ni vidé les tribunes, on aurait peur d’être taxé de complotiste. 

Comprenez ! On aime le football parce qu’il ignore la mort, il la rend en tout cas presque acceptable. Ce que nous vivons au Parc, au stade Jules Vernes à Montreuil, dans la cour d’école, dans la rue, devant nos écrans, hier soir et il y a 20 ans, ce que j’ai pu ressentir parfois, tous ces instants puissants, terribles ou délicieux, éternels et anecdotiques, c’est exactement ça, la vie, non ? Cette intensité ne s’explique pas. Il faut l’enlacer et voir. Ou l’ignorer. La juger est une stupidité. Je ne lui demande pas grand chose d’autre, à la vie. Je ne coûte pas cher. Donnez moi quelques livres, des clopes, une vue mer. ET MES MATCHES ! Et je ne fais plus chier personne. 

Game Over Virage PSG

La passion, c’est quand même pas mal. Je déconne. L’époque se méfie des passionnés. Ils sont motivés. Ils sont fidèles. Ils ont la… Foi. 
La foi, cette chose qui amuse les Riches et effraye les autres. L’inverse fonctionne également. Cette idée que, peut-être, l’homme mérite mieux que simplement la réalité. Cette pute qui fait rarement de prisonniers et jamais crédit. Cela ferait une formidable comédie musicale : Un homme qui traverse le monde à la recherche de la dernière équipe de foot. 

Bon, je viens de me relire. J’ai oublié quelques insultes, parfois menti pour la bonne cause. J’ai dessiné le pire. Peut-être que dans deux semaine, le Corona se soignera à coups de doliprane, que nous saurons le nom de notre adversaire en quarts (en putain de quarts !!!) et la date de l’affrontement, et que notre adorable Ligue 1 reprendra ses droits. J’aurai l’air d’un con. D’un paranoïaque et oui, d’un drogué. Mais peut-être que non. Peut-être que tout ça n’est que le début. Le football entrera au musée, un musée que personne ne pourra visiter à cause du virus, Corona ou un autre. Demandez aux scénaristes, ce n’est pas moi qui dirige cette tragédie.

Bernat. Le dernier des hommes. 

Gamin, quand j’avais un dilemme, je me demandais ce qu’aurait fait Gerbier, le héros de L’Armées des Ombres, à ma place. Alors, Gerbier ? Tu dis quoi, là ? « Jérôme, refuse l’évidence ! Relève toi. Organise des parties de foot clandestines. » Résistance ! J’envoie cette nuit ce texto à Xavier: « Nous ne le savons pas encore mais nous avons vu hier l’ultime match du PSG. Je suis honoré de t’avoir connu. » Et je me dis que ça ressemble furieusement à une note de suicidé. Et j’en ris, affalé sur mon canapé. Comme un con. Paris me manque déjà tellement.

Hier soir, nous étions une tribu admirable, invincible. Ce soir, nous sommes un souvenir crépusculaire. Une photo qui déjà jaunit. Demain ?
Seul avantage réel de cet état d’urgence sanitaire : le silence va étouffer Stéphane Guy et l’Equipe engager Michel Cymes pour combler le vide. Je ne sais pas si ma grand-mère avait raison quand elle disait qu’il fallait savoir se contenter de peu. C’est en tout cas ce que je vais faire. Prions.

PSG4LIFE


Jérôme Reijasse

 

Rue du Parc Virage PSG

Rue du Parc

Un feu d’artifice qui explose au loin, les joueurs sur la pelouse et le Parc vide.
L’image est belle, elle m’émeut. Les rumeurs des milliers de supporters
juste à l’extérieur. Ces chants qui ont, muses guerrières,
pactisé avec le vent pour accompagner l’équipe tout au long du match.

La première action avec Edi. La tête de Neymar. L’inspiration de Bernat. Le temps qui ralentit sa course les dernières quinze minutes pour que je puisse repenser à Barcelone, à MU et craindre encore le pire. Mais non. Oui, c’est fini, l’anglais a sifflé : Paris ira en quart. Nos joueurs finissent d’exorciser et gambadent, heureux et soulagés, dans notre si bel antre creux avant d’aller longuement saluer les ultras. C’est alors moins des idoles qui applaudissent leurs fans plutôt que deux commandos de sapeurs qui viennent de conquérir la tranchée et qui trinquent à la victoire et à la vie encore là, secoués par leur assaut décisif.

Ce match n’offre bien sûr aucune garantie. Thomas a titularisé Edi et Paredes. Je l’en remercie sincèrement, -c’était mon vœu le plus cher-, il a fait redescendre marquinhos là où il est vraiment celui qu’il doit être, il a mis Sarabia… C’était, comment dire, presque magique pour moi. Thomas reste illisible. C’est peut-être là sa force finalement. Il enterre Cavani avant d’éteindre Icardi, il est euphorique en interview et il emmène Paris en quart. Je ne sais plus quoi en penser et à l’heure qu’il est, je m’en tape.

Kurzawa s’offre un bain de foule. Les joueurs posent pour l’objectif en imitant la posture d’haaland après un but. Ça chambre, ça prend son pied et ça respire. Comme une équipe de district qui vient de gagner la coupe du tracteur en Limousin. Neymar célèbre son but comme s’il nous offrait le titre. Lui qui sait ce que soulever les grandes oreilles veut dire. Mbappé était rigolard et sautillant sur le banc avant d’entrer.

Rue du Parc Virage PSG

À l’aller, nous avions tout insulté, au retour, dans des conditions presque absurdes, nous avons presque (déchet technique conséquent) tout honoré. Va comprendre ma pauvre Lucette. Nous tomberons peut-être en quart contre Bergame. La valse des corbeaux (Équipe et consorts) pourra alors repartir de plus belle. En attendant, bye bye Lucien et bonjour les quarts. Nous y sommes. Et pas vous. Nananère. Ahahahah. Dans votre fondement tous les rageux et les prophètes de malheur ahahahah. Tous ces scénarii possibles pour la suite ! Lyon bat la Juve sur tapis vert et tire Paris. On tombe sur le Barca. Sur le Real. Sur le Leipzig de Christopher. Tous les matchs à huis clos. On arrive en demi. Et là : décision de l’UEFA. La ligue des champions est annulée. Corona power. Pas de trophée décerné cette année. Paris. À jamais les premiers.

Ce serait cruel, ironique et ce serait historique. Comme le PSG finalement. Le plus drôle étant que cette conclusion est tout à fait envisageable ! Ce n’est même plus de l’anticipation morbide. Corona mon amour. Mais comme déjà écrit, je préfère crever en quarts ! On est en quart. Si on doit tous y passer, très bien ! Atchoum et puis s’en va! Mais ce sera en quart! Alleluia ! Nos amis du quotidien sportif hexagonal vont ils se demander si Paris joue mieux à huis clos ? Ils en sont capables.

Ce soir, l’un d’eux déclare à la télé, après avoir pronostiqué un 3-2 et donc une élimination parisienne, que l’attroupement des supporters parisiens ce soir pourrait forcer les autorités à annuler les matchs pour raisons sanitaires. Ahahahah. Le mec déteste tellement Paname qu’il ne parvient pas à saisir la poésie de cette communion spontanée, virile et admirable. Il préfère penser virus. Il bande mou. Pendant que nous, on a la trique. Au moins jusqu’à dimanche. Paris Viagra, France corona. Merci Messieurs !

NB : Si vous pouviez poursuivre sur votre lancée, moi, perso, je prends…

Rue du Parc Virage PSG
(c) Virage Paris


Jérôme Reijasse

virage PSG Neymar

Oh! Jouez comme des guerriers

Le Paris Saint-Germain est un club extraordinaire, comme il en existe aucun autre
sur la planète football. Unique est son histoire. Singulière est sa destinée.
Chaque saison est constituée d’événements incroyables. Des records qui tombent. Des faits divers inimaginables. Certains l’orientent vers les sommets.
D’autres sont des tragédies. La vie du club de la Capitale est tout
sauf un long fleuve tranquille. C’est pour ça qu’on l’aime.

Le paroxysme semble sans cesse atteint. Rien de pire, ou de plus extravagant, ne pourra nous arriver. Telle est à chaque fois notre pensée. Et pourtant !! L’histoire n’est pas pour nous qu’un éternel recommencement. Elle se complait à être toujours plus une poussée vers l’abracadabrantesque, un pas de plus vers le fabuleux, une chute supplémentaire dans les marches de l’abîme. « Pourvu qu’il ne nous arrive rien » n’a jamais été la maxime des supporters parisiens.

2020, que pouvait-il nous arriver de plus ? D’encore plus ? L’année des 50 ans devait se suffire à elle-même. Evidemment, il fallait s’en douter, ce n’est pas le cas. Elle sera à l’image de ses prédécesseurs. Elle en deviendra peut-être même le summum, qui sait ? Elle ne fait que commencer. Les dieux du football ont tranché. Une épidémie mondiale vient s’inviter à la fête. Un virus portant le nom d’une bière, pour mieux provoquer les supporters. Un Préfet, dénommé cocassement Didier Lallement, qui déclare le match à huis-clos. L’énoncé serait risible, si il n’était pas notre triste réalité.

Aucun spectateur ne pourra pénétrer ce mercredi dans l’enceinte du Parc des Princes. Joueurs du Paris Saint-Germain, vous serez donc seuls et démunis de tout soutien ce 11 mars pour affronter votre destin. Notre destin. Pour vous qualifier, vous ne pourrez pas vous appuyer sur votre fidèle et bruyant public. Vos fervents supporters qui vous suivent chaque semaine seront bloqués loin de la pelouse, là où vous jouerez pour l’histoire. Pour notre histoire. Pour aller chercher la victoire, vous aurez besoin de ce supplément d’âme. De notre âme. Celle qui fait depuis cinq décennies que ce club est remarquable et atypique. La vérité viendra de vos crampons, et de votre seule motivation. De votre implication nous pourrons juger votre respect de notre maillot.

Rentrez dans l’Histoire. Déjouez les éléments. Contrez les vents contraires. Faites de ce cataclysme un simple aléa. Transformez notre traumatisme, de ne pouvoir vous soutenir et vous contempler, en force insubmersible. Jouez avec passion. Jouez avec votre cœur. Jouez avec vos tripes. Jouez pour gagner. Vous connaissez d’ores et déjà la situation. Vous aurez eu deux jours pour vous y préparer. Soyez à la hauteur de l’histoire de notre club. Défendez la fierté de son blason. Soyez les ambassadeurs de ses nobles couleurs.

Sans nous, mais pour nous, vous devez le faire. Vous pouvez le faire. Vous allez le faire. Pour vous, pour nous, faites-le.

Fluctuat Nec Mergitur.

Si vous voulez gagner, jouez comme des guerriers, faîtes les trembler, soyez sans pitié ! Que la force du 8 mai 1996 soit avec vous. Oba kaka bona ! Boya tata yéyé ! Boya tata yo ! Boya tata yéhé ! Yéyéyé yéyéyé yéyéyé yéyéyéyéééé…


Benjamin Navet